« Black Mirror » ou l’ambiguïté du pire.
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Dans cette hypothèse, bien adaptée aux traits souvent sadomasochistes (moralement) des scénarios de Black Mirror, l’acceptation du mal technologique ne serait pas inconscience mais perversité. Le voyeurisme de l’épisode S01E03 « Retour sur image/The Entire History of You », dans lequel chacun dispose d’un greffon (le « grain », derrière l’oreille) qui lui permet de revisualiser les scènes de son passé, est largement jouissif et fantasmatique, pour les personnages comme pour le spectateur.
Ainsi, ce que démontre la série – loin du simplisme dystopique qui limiterait la réflexion – se rapporte à la 1re « Loi de Kranzberg » : une technologie n’est ni bonne, ni mauvaise, ni neutre. « Ni neutre » signifie que sa puissance impose une prise de conscience éthique, un projet qui prenne la mesure de cette puissance comme nouvelle donne, sans se limiter à la répétition des systèmes de valeur déjà installés. Relèvent de cette approche par exemple les armements nucléaires, l’Internet, l’intelligence artificielle, les technologies de transformation génétique, et bien d’autres.
La philosophie contemporaine de la technologie montrant dans un premier temps que le pire n’est pas du tout inévitable, n’en déplaise au moralisme technophobe, une éthique contemporaine de la technologie peut explorer ensuite, à travers des fictions souvent, ce qui est inacceptable ou pas, et plus ambigu encore : ce qui est déjà tacitement accepté.
Les 6 lois de Kranzberg sur la technologie
▻https://siecledigital.fr/2017/12/04/6-lois-scientifiques-technologie-comprendre-ecosysteme
by gabriel under codex informatica, développement durable, loi
Voici ces lois, dont la plus célèbre est la première :
La technologie n’est ni bonne ni mauvaise et elle n’est pas neutre.
L’invention est la mère de la nécessité.
La technologie vient par paquets, petits et grands.
Même si la technologie pourrait bien être un élément primordial dans de nombreuses questions d’intérêt public, les facteurs non techniques l’emportent dans les décisions de politique technologique.
Toute l’histoire est pertinente, mais l’histoire de la technologie est la plus pertinente.
La technologie est une activité très humaine – et telle est donc l’histoire de la technologie.