Alors quand mercredi, l’État par l’intermédiaire de son ministre en chef a déclaré qu’on avait gagné, qu’une putain de chape de béton n’écrasera pas le bocage nantais j’ai chialé. Pour tous les moments qu’on a vécus j’ai chialé. Quand j’ai lu le communiqué commun du mouvement anti aéroport j’ai chialé. J’ai chialé parce que je me suis rappelé que moi l’anar, l’autonome le casse couilles, le radical, je me suis retrouvé au coude à coude avec des militants d’Attac ou des amis de la terre, avec des gens avec qui je partageais pas le même imaginaire ni les mêmes aspirations avant cette lutte. Et en lisant le communiqué, j’ai vu qu’à la zad c’était pareil. Que des gens super différents avaient réussi à causer, à se mettre autour d’une table et à offrir un projet commun.
Alors quand j’ai pensé à vous Antoine, Pierre, Lucie, Judith, Audrey, Karim, Léa, Luc, Vincent, Thomas, Robin, Gilles, Alain, tous les gens qui venaient à toutes la AGs sans parler parce qu’il y avait trop de grandes gueules, tous les gens que je croisais sans connaître leur nom mais avec qui j’avais des discussions passionnantes, tous les gens avec qui j’ai tenu des banderoles, écris des tracts, avec qui j’y ai cru, bah j’ai chialé comme un gosse. Tous les gens qui m’ont rappellé encore une fois qu’ensemble on est plus fort.
Et quand j’ai pensé à Jean-Pierre, j’ai doublement chialé. Jean-Pierre Petit, la pierre angulaire du collectif. Le mec qui était toujours là. Toujours présent, son éternel chapeau feutre vissé sur la tête. Jean-Pierre et toutes ses contradictions.