#MatonQuiPleure | L’envolée

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  • Les matons n’en sont pas à leur premier mouvement… chaque année quasiment, ils tentent le coup. Ils obtiennent toujours quelque chose. Bien sur ils ne gagnent jamais la considération d’une société qui, malgré sa paranoïa et ses penchants sécuritaires, continue à les mépriser. Ces #porte_clefs à perpétuité rappellent en effet par leur simple présence, qu’il y a des prisons, ces non lieux que tout le monde s’efforce d’oublier. Bien sur, ils ne gagnent rien pour les prisonniers ou pour améliorer les « conditions de détentions ». Bien sur, ce qu’ils gagnent, ils le gagnent toujours CONTRE les prisonniers : suppression de parloirs, de cantines, multiplication des fouilles, plus de moyens de contrôle, arsenal…
    http://lenvolee.net/matonquipleure
    Nous reviendrons dans le prochain numéro du journal sur ce mouvement de janvier 2018 encore en cours ; et surtout sur ce qu’il implique et entraîne à l’intérieur pour les prisonniers. En attendant nous vous proposons la lecture d’un texte d’août 2013 paru dans le numéro 36 du journal, qui revenait sur ce que nous avions baptisé « le printemps français des matons » et qui pointait l’émergence d’un nouveau syndicat que l’on a vu depuis s’exposer longuement à l’antenne (SPS).
    #lenvolée


    http://berth.canalblog.com/archives/2013/10/18/28207222.html
    #Berth #matons #prison

    • Près de 4 000 agressions physiques contre des surveillants ont été comptabilisées en 2017. Un peu moins de onze par jour. Comme 4 000 gouttes d’eau. La dernière vient de faire déborder le vase. Des surveillants fâchés, excédés, ou simplement inquiets, choisissent de bloquer les prisons. Pas mécontents de se saisir d’événements somme toute ordinaires en détention pour faire valoir leurs revendications. Pourquoi pas, c’est de bonne guerre. C’est donc un peu la guerre. Et n’invite aucunement à la considération.

      Il nous importe, nous qui sommes « du côté de ceux qu’on enferme » 1 de préciser ce que blocage veut dire : la suppression des parloirs, de la distribution du courrier, des extractions vers l’hôpital ou le palais de justice, de l’entretien avec l’avocat...

      Autant d’événements majeurs qui viennent jalonner la vie morne du prisonnier pour lui faire entrevoir une lueur d’espoir, une chaleur amicale, un soin, un aménagement de peine… Les surveillants aspirent à la considération. De laquelle font-ils preuve ?

      FO Pénitentiaire en titrant par exemple, « Prisons, l’état d’urgence », rejoint parfaitement le constat que nous pouvons faire, mais le syndicat se trompe de colère. Verrait-on un berger, victime d’un coup de corne, s’en prendre méchamment à tout le troupeau ? Et pour quel résultat ? Bloquer les prisons ressemble à s’y méprendre à une punition collective. Interdite.

      Le personnel tire sa considération de son environnement : la place que la société, à travers notamment ses institutions, lui assigne. En construisant des établissements surdimensionnés, sécuritaires et inhumains, la puissance publique lui offre un outil de travail inadapté, propre à nourrir les difficultés du quotidien. Parlementaires et magistrats, en tolérant depuis 1875 la sur occupation des cellules, ne disqualifient pas simplement la vie ordinaire des captifs, ils multiplient à l’envie l’exposition des personnels à des situations problématiques.

      En persévérant dans la punition, leur « passion contemporaine », selon Didier Fassin, les responsables politiques ne semblent trouver de salut que dans l’annonce en boucle de la construction de nouvelles prisons. Coûteux, déraisonnable, inefficace. Tel directeur d’établissement nous disait que dans sa prison légèrement sous-occupée, il avait procédé à la fermeture des quartiers disciplinaire et d’isolement, lieux de suicides et de conflits.

      Le personnel tire la considération qu’on lui doit de sa maturité, du regard bienveillant qu’il doit conserver, malgré tout, pour la personne qu’il doit contraindre. Certains y parviennent et les personnes détenues ne s’y trompent pas. Certains autres, dans leur comportement autoritaire, violent parfois, odieux aussi à l’égard des familles, ruinent le capital de considération dont ils pourraient bénéficier. Et que dire de ces solidarités épouvantables qui voient manifester des personnels en faveur de l’un des leurs, pris la #violence aux poings et renvoyé devant un tribunal 2.

      Notre culture ambiante disqualifie à ce point les auteurs d’infractions que la maltraitance à leur endroit apparaît légitime. Personne n’en sort grandi. Et sûrement pas celles et ceux à qui nous déléguons le soin de les prendre en charge. La boucle est ainsi bouclée.

      Bernard Bolze

      -- Publié le 22 janvier 2018.

      https://www.prison-insider.com/ressources/analyses/ledito/l-edito-de-prison-insider-janvier-2018
      #prison_insider