Actualités des médias et des nouvelles technologies

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  • L’État refuse de donner 41.000 euros pour sauver Point de Contact, maillon crucial dans la lutte contre la pédocriminalité en ligne

    Malgré ses discours pour défendre les mineurs en ligne, le gouvernement ne semble pas décidé à aider à hauteur de 41.000 euros un acteur clé sur ce sujet. L’association Point de Contact, qui remonte le plus de contenus pédocriminels auprès de Pharos, s’attelle depuis 25 ans à nettoyer le web des contenus illicites. Faute de subvention, il compte déposer le bilan.

    41 000 euros. C’est la somme qui manque à Point de Contact, l’un des acteurs les plus actifs en France dans la lutte contre les contenus illicites en ligne, pour poursuivre sa mission. Depuis 25 ans, cette petite équipe de six personnes épluche des dizaines de milliers de contenus signalés par les internautes, les catégorise, et les fait si besoin retirer du Web et remonter aux autorités. Un travail de fourmi pour tenter de « nettoyer » , ou du moins éponger, le web des contenus problématiques, notamment pédocriminels, haineux, et sexistes. Mais l’association n’est pas parvenue à obtenir cette somme demandée à l’Etat. Son président, Jean-Christophe Le Toquin, a donc annoncé le 29 février sur les réseaux sociaux avoir pris rendez-vous avec le tribunal pour déposer le bilan.

    « Compte tenu de la somme dérisoire que nous demandons, ce n’est pas un problème d’argent, mais un problème de fond » , tranche-t-il.
    . . . . . . .

    Source et suite : https://www.latribune.fr/technos-medias/internet/l-etat-refuse-de-donner-41-000-euros-pour-sauver-point-de-contact-maillon-

    #pédocriminalité #pédophilie #web #haine #sexisme #violophilie #impunité #violences_sexuelles #violence #internet #réseaux_sociaux

  • Tremble cybermonde ! La vilaine #IA_open_source #chatGPT permettrait de générer du code malveillant et menacerait la suprématie de Google :

    https://www.01net.com/actualites/chatgpt-mauvaise-nouvelle-les-cybercriminels-ont-aussi-commence-a-lutiliser.h

    C’est une tendance inquiétante : les pirates se sont aussi emparés de ChatGPT et certains s’en servent pour créer e-mails de phishing et malwares en quelques secondes. Le début d’une nouvelle ère ? 

    Article source : https://research.checkpoint.com/2023/opwnai-cybercriminals-starting-to-use-chatgpt/#single-post

    At the end of November 2022, OpenAI released ChatGPT, the new interface for its Large Language Model (LLM), which instantly created a flurry of interest in AI and its possible uses. However, ChatGPT has also added some spice to the modern cyber threat landscape as it quickly became apparent that code generation can help less-skilled threat actors effortlessly launch cyberattacks.

    https://www.latribune.fr/technos-medias/internet/intelligence-artificielle-chatgpt-va-t-il-remplacer-google-947188.html

    Le chatbot conçu par OpenAI est capable de sonder le Web pour répondre à des questions complexes sous une forme synthétique et digeste. Une petite révolution qui pourrait bien radicalement transformer la façon dont on accède à l’information sur Internet et remettre en cause le monopole jusqu’ici incontesté de Google dans la recherche en ligne.

    https://justpaste.it/88xhw

  • Twitter : un individu tente de faire chanter Elon Musk avec une gigantesque fuite de données – La Tribune
    https://www.latribune.fr/technos-medias/internet/twitter-un-individu-tente-de-faire-chanter-elon-musk-avec-une-gigantesque-

    Un hacker a mis en vente les données de 400 millions de comptes Twitter, parmi lesquelles leurs numéros de téléphone et leurs adresses e-mail. Si un doute subsiste sur les propos du vendeur, plusieurs détails laissent penser qu’il ne mentirait pas. Il appelle Elon Musk à acheter lui-même la base de données pour s’éviter des ennuis, mais ce dernier n’a pour l’instant pas commenté l’incident.

    Nouveau problème à gérer pour Elon Musk ? Une annonce publiée le 23 décembre sur le plus populaire des forums de vente de données devrait attirer son attention. Un utilisateur, sous le pseudonyme Ryushi, affirme détenir les données de 400 millions de comptes Twitter. Il s’agirait d’un mélange de données publiques (noms d’utilisateur, dates de création du compte...) et privées (adresses email et leurs numéros de téléphone).

    Sans donner de prix, le malfrat compte vendre la base de données à un acheteur unique, et il suggère d’un ton menaçant à Elon Musk de devenir l’acquéreur afin d’éviter les ennuis. En jeu : la réputation du réseau social, mais aussi une potentielle amende de la part du régulateur européen. Le milliardaire propriétaire du réseau social, pourtant d’habitude prompt à répondre au moindre commentaire sur sa plateforme, ne s’est pour l’instant pas prononcé sur le sujet, malgré plusieurs prises à parti.
    […]
    En effet Ryushi affirme avoir récupéré les données au début de l’année 2022, grâce à une vulnérabilité qui a déjà fait parler d’elle. En juillet, un autre individu avait mis à la vente une base de données similaire, mais avec « seulement » 5,4 millions de comptes, pour 30.000 dollars. A l’intérieur se trouvait essentiellement des données publiques, mais aussi un certain nombre de numéros de téléphone et d’adresses email.

    Les données, datées de décembre 2021, avaient été collectées grâce à une faille de l’API de Twitter -l’outil qui permet aux sites et autres logiciels de récupérer les données publiques du réseau social (par exemple, à des fins publicitaires, ou pour intégrer des tweets). Mais un bug de fonctionnement permettait aux hackers, en envoyant des numéros de téléphones et des adresses email aléatoires à l’API, de récupérer l’identifiant Twitter associé. Grâce à cet identifiant (qui prend la forme d’une suite de chiffres), les malfrats pouvaient ensuite récupérer toutes sortes d’informations publiques sur le compte, en utilisant l’API. Autrement dit, l’API ne donnait pas directement de données privées, mais permettait de les découvrir indirectement. La faille avait été remontée à Twitter par un hacker éthique via le programme de bug bounty de Hacker One, et corrigée dans la foulée.

    Un mois après la vente des données, le réseau social avait confirmé l’existence de la faille et son lien avec la base de données. Finalement, la base des 5,4 millions de comptes a été publiée gratuitement en septembre par un autre individu, puis à nouveau fin novembre. Le Bleeping Computer révélait alors que plusieurs acteurs malveillants avaient exploité la faille pour voler des informations privées, et Ryushi serait probablement l’un d’entre eux. D’après Alon Gal, seules 50 des 1.000 entrées de l’échantillon se trouvaient dans la base des 5,4 millions de données. De quoi faire craquer un acheteur ?

  • Twitter : Elon Musk « déclare la guerre » à Apple – La Tribune
    https://www.latribune.fr/technos-medias/internet/twitter-elon-musk-declare-la-guerre-a-apple-942523.htm

    Dans une succession de tweets, Elon Musk a accusé Apple d’avoir stoppé l’essentiel de ses campagnes publicitaires sur Twitter et d’avoir menacé de retirer le réseau social de l’App Store, ce qui pourrait mettre l’entreprise en danger de mort. Apple n’a pas confirmé. Craignant une expulsion pour non-respect des conditions d’utilisation, notamment en matière de modération et de cybersécurité, le milliardaire tente de se dédouaner de toute responsabilité en mettant la pression sur Apple. Ce faisant, il déplace ce potentiel bannissement sur un terrain économique -en dénonçant l’exorbitante commission prélevée par la firme- et surtout politique -sa croisade pour la liberté d’expression. Décryptage.

    Un long, spectaculaire et dévastateur tremblement de terre pour Twitter. Voilà comment on pourrait résumer le premier mois d’Elon Musk à la tête du réseau social. Et ce n’est pas terminé, loin de là : l’entrepreneur milliardaire, également patron de Tesla et SpaceX, a carrément débuté son deuxième mois, ce lundi 28 novembre, par une fracassante « déclaration de guerre » adressée à l’entreprise la plus puissante du monde, Apple.

    Dans une série de 8 tweets publiés en une heure à peine, Elon Musk a d’abord accusé la firme à la pomme d’avoir stoppé l’essentiel de ses campagnes publicitaires sur Twitter. « Détestent-ils la liberté d’expression en Amérique ? » a-t-il demandé, avant d’interpeller carrément le PDG d’Apple, Tim Cook, avec un « Qu’est-ce qu’il se passe, @TimCook ? ». Puis il a cité deux tweets d’opposants notoires d’Apple, dont le studio de jeux vidéo Epic Games, en demandant à sa communauté : « qui d’autre Apple a-t-il censuré ? ». Enfin, Elon Musk a publié un sondage demandant la transparence d’Apple sur ses décisions, avant de l’accuser d’avoir également « menacé de retirer Twitter de son App Store, mais sans dire pourquoi ». Et de conclure par une mise en cause de la politique tarifaire d’Apple sur l’App Store, puis par un meme faisant office de déclaration de guerre.

    [image Twitter, apparemment disparue actuellement]

    Pourquoi Elon Musk part en croisade contre Apple
    A l’heure où nous publions ces lignes, Apple n’avait pas commenté les accusations d’Elon Musk. Mais il n’a fallu que quelques jours pour que la relation entre Twitter et le fabricant des iPhone en arrive à un tel point de rupture. Vendredi 25 novembre, Liz Wheeler, une célèbre commentatrice politique américaine, ouvertement conservatrice, a partagé son inquiétude de voir Twitter être retiré de l’App Store d’Apple et du Google Play Store de Google, par lesquels doivent passer toutes les applications dans le monde. Car sous Elon Musk, qui a renvoyé l’essentiel des modérateurs et milite pour une liberté d’expression totale donc dérégulée, Twitter pourrait devenir comme Gab ou Parler, deux réseaux sociaux d’extrême droite qui ont été déréférencés des magasins applicatifs parce qu’Apple et Google jugeaient qu’ils faisaient l’apologie de la violence et de la haine. Twitter pourrait également provoquer de l’inquiétude chez Apple pour des raisons de cybersécurité, suite au renvoi de l’essentiel des forces vives de l’entreprise : plus de 80% des effectifs ont été licenciés en un mois, et de nombreux experts informatiques craignent que cette fuite des compétences entraîne une fragilisation technique de Twitter.

    « Si Apple et Google virent Twitter de leur magasin applicatif, @ElonMusk devrait produire son propre smartphone. La moitié du pays serait ravie de jeter les iPhone et Android biaisés et sur écoute. L’homme envoie des roquettes sur Mars, un petit smartphone de rien du tout devrait être facile, non ? », a donc tweeté Liz Wheeler. Et Elon Musk de lui répondre : « J’espère vraiment qu’on n’en arrivera pas là, mais oui, s’il n’y a pas d’autre choix, je ferai un téléphone alternatif  ».

    Cette déclaration, dont on ne sait pas à quel point elle a été motivée par d’éventuels contacts entre Apple et Twitter, a mis le feu aux poudres. Dans le week-end, Elon Musk a enfoncé le clou, en ciblant cette fois la politique tarifaire d’Apple et de Google. En cause : la commission de 30% que les deux géants s’octroient sur tous les achats effectués dans les applications. Ce qui inclut donc l’abonnement Twitter Blue cher à Elon Musk, soit 8 dollars par mois pour obtenir une certification de son compte et des avantages associés. Cela signifie donc qu’Apple et Google prendront 2,4 dollars sur chaque abonnement Twitter Blue. Non négligeable pour Twitter.

    Une suppression de l’App Store serait catastrophique pour Twitter
    Si Apple estimait que Twitter n’est plus assez sécurisé et/ou modéré pour figurer dans son App Store, alors cette décision serait catastrophique pour l’entreprise. Le réseau social aux 250 millions d’utilisateurs actifs par jour -et plus de 500 millions par mois dans le monde- se verrait privé d’un coup d’une grande partie de ses utilisateurs : aux Etats-Unis, la part de marché d’Apple dans les smartphones a dépassé les 50% pour la première fois en 2022. Dans le monde entier, Apple équipe 28% des smartphones, contre 71% pour Google (son système d’exploitation Android fait marcher tous les smartphones du marché sauf les iPhone). Apple est donc moins puissant que Google dans les smartphones, mais il est particulièrement performant chez les personnalités, les politiques, les urbains et les cadres, des publics sur-représentés sur le réseau social.

    Bref, sortir de l’App Store pourrait précipiter la chute de Twitter. Certes, les utilisateurs pourraient toujours utiliser le service sur ordinateur ou tablette, via un navigateur web ou mobile. Mais ils n’auraient plus accès à l’application. Or, avoir une application est indispensable sur mobile car les deux tiers du trafic internet mondial se fait désormais sur mobile. La question de la survie de Twitter sans une présence sur le magasin applicatif d’Apple -sans compter le potentiel effet boomerang avec Google- se pose donc sérieusement.

    Elon Musk veut forcer une remise à plat des pratiques tarifaires d’Apple et de Google
    En déclarant la guerre à Apple, Elon Musk place donc au cœur de l’actualité les pratiques tarifaires jugées de plus en plus intolérables des deux géants du Net. Comme Apple et Google disposent d’un duopole de fait sur mobile car leur système d’exploitation équipe 99% des smartphones dans le monde, leurs « stores » sont donc la porte d’entrée incontournable pour toutes les applications. Sans présence sur leur Store, pas d’accès au consommateur.

    Alors, Apple et Google n’hésitent pas à faire payer cher le droit de passage : ils prélèvent entre 15% et 30% de tous les achats réalisés dans les applications. Pour Twitter, ce sera certainement 30%, car les 15% sont réservés aux applis dans leur première année et qui réalisent moins d’un million de dollars de revenus via l’App Store, ce qui ne sera vraisemblablement pas le cas de l’abonnement Twitter. Autrement dit, les applications peuvent devoir reverser quasiment un tiers de leur chiffre d’affaires à Apple et Google, juste pour avoir le droit de figurer sur leur magasin applicatif.

    Cette situation provoque la fureur de la plupart des développeurs d’applications quand ils atteignent une taille importante. Car si être sur l’App Store et le Google Play Store est synonyme d’accès au public donc indispensable pour gagner de l’argent -surtout quand Apple et Google choisissent de mettre en avant une appli-, les services les plus populaires vivent cette situation comme une extorsion. « Apple est l’entreprise la plus aimée des consommateurs et la plus détestée des développeurs », expliquait à La Tribune Benoist Grossmann, le co-président du lobby français de défense des startups France Digitale.

    Depuis début 2021, l’association professionnelle est partie en guerre, comme d’autres dont la Coalition for App Fairness (coalition pour l’équité des applications) contre cette situation. Leur but : imposer, par la justice et par la régulation, la fin de pratiques commerciales qu’ils jugent déloyales et injustifiées. C’était tout l’enjeu du procès entre Apple et Epic Games, le célèbre studio de jeux vidéo derrière Fortnite. Après des années de procédures, ce dernier a obtenu en 2021 par la justice qu’Apple n’impose plus aux développeurs d’utiliser son propre système de paiement pour les achats in-app. La décision a fait jurisprudence et a été intégrée dans le Digital Markets Act (DMA), le nouveau règlement européen censé lutter contre les abus de position dominante des géants du numérique.

    Mais ni la justice, ni le DMA, ni aucun régulateur, n’ont abordé la question du montant de la commission qu’Apple et Google imposent aux applications. Jusqu’à présent, tous ont considéré que chaque entreprise est libre de fixer les prix qu’elle souhaite pour ses services. Ils préfèrent concentrer leurs efforts sur des régulations censées éviter que des entreprises se retrouvent dans une position de monopole qui leur permet de pratiquer des prix trop élevés sans subir de sanction du marché. Mais les régulateurs semblent avoir abandonné l’idée d’intervenir sur les prix des services en situation actuelle de monopole.

    Musk déplace le bannissement potentiel de Twitter sur le terrain politique et économique
    C’est ce combat qu’Elon Musk pose sur la table. En retweetant Epic Games, le nouveau patron de Twitter vient de s’imposer en nouvelle égérie de la contestation anti-Apple. Il déplace aussi et surtout le potentiel bannissement de Twitter, qui serait concrètement la conséquence de ses propres actions -renvoi de l’essentiel des équipes de modération et risque de cybersécurité- sur un autre terrain, économique et politique, qui lui offre la possibilité de se défausser de toute responsabilité.

    Elon Musk en fait ainsi à la fois un combat économique légitime -la « rente » des app stores fait scandale depuis des années- et aussi un combat politique contre la « censure » qui serait pratiquée par Apple et Google. Cet argument résiste mal à l’analyse des faits, mais il porte dans une partie de l’opinion. Par exemple, le réseau social d’extrême droite Parler, qui avait été supprimé de l’App Store en 2020, a pu le réintégrer en 2021 après avoir mis en place une équipe de modération pourtant très cosmétique, mais qui suffisait pour respecter les conditions d’utilisation pas très contraignantes d’Apple en matière de modération.

    Avec le rachat de Twitter, Elon Musk s’est engagé dans un combat avant tout idéologique, dont personne devrait sortir grandi. Ni Twitter -être exclu de l’App Store revient à mourir, d’autres applis en ont fait les frais-, ni la démocratie -de plus en plus polarisée en deux camps irréconciliables-, ni Apple qui verrait sa réputation ternie s’il bannit Twitter de son App Store.

    • Musk devrait regarder ce qui est arrivé à Facebook (6 à 7 fois la valorisation de Twitter) : quand Apple a mis en place l’App Tracking Transparency (ATT) qui menaçait directement les revenus de Facebook, mi-2021, Zuckerberg a tenté de faire croire qu’il menait une croisade pour le bien de l’humanité et contre les méchants de chez Apple. Puis finalement finito presto : Facebook préfère carrément changer de business modèle et tenter d’imposer son propre écosystème indépendant avec son propre matériel de VR.

    • Nouvelle purge chez Twitter : Elon Musk veut-il tuer le réseau social ? – La Tribune 18 Nov 2022, 11:05
      https://www.latribune.fr/technos-medias/internet/nouvelle-purge-chez-twitter-elon-musk-veut-il-tuer-le-reseau-social-941250

      Ambiance crépusculaire chez Twitter et sur le réseau social : après avoir renvoyé sans ménagement plus de 3.700 personnes en début de mois, Elon Musk a lancé un ultimatum aux 3.000 employés restants, au point que, d’après les médias américains, entre plusieurs centaines et 1.500 personnes auraient claqué la porte. Ce qui pose la question de la survie même de Twitter, et de la volonté d’Elon Musk de couler sa propre entreprise.

      Vingt jours seulement après la reprise de Twitter par le milliardaire Elon Musk, le réseau social est à feu et à sang et continue de se vider de ses forces vives. Jeudi 17 novembre, le nouveau patron a lancé un ultimatum aux rescapés de l’énorme première vague de licenciements, qui avait frappé 3.700 personnes au début du mois, soit plus de la moitié des effectifs. Dans un courriel, le nouveau dirigeant a demandé individuellement aux employés de choisir entre se donner « à fond, inconditionnellement », et partir, en cliquant sur « Oui » ou « Non ». Une manière d’épurer l’entreprise de toute force de contestation, dans la lignée du renvoi, en début de semaine, de dizaines d’employés - et certains de manière publique - qui avaient osé critiquer son leadership.

      Les équipes avaient jusqu’à 17 h pour répondre. D’après la presse américaine, entre plusieurs centaines et 1.500 employés ont cliqué sur le bouton « Non ». Soit, dans le pire des cas, la moitié des effectifs restants, ce qui signifie que Twitter pourrait ne compter aujourd’hui que 1.500 employés, contre plus de 7.000 au début du mois ! Les démissionnaires se voient proposer une indemnité correspondant à trois mois de salaire. De leur côté, ceux qui ont répondu par l’affirmative s’engagent donc à « travailler de longues heures à haute intensité » pour « bâtir un Twitter 2.0 révolutionnaire »... Mais la purge est d’une telle violence que la question se pose : Elon Musk veut-il tuer Twitter ?

      Elon Musk veut-il tuer Twitter ?
      D’après des messages d’employés sur le Slack d’entreprise (la messagerie interne), beaucoup d’ingénieurs ont décidé de partir, ce qui réduit l’effectif de certaines équipes qui gèrent des systèmes critiques à seulement un ou deux employés (!). Désormais, l’inquiétude porte donc sur la capacité même du réseau social à fonctionner normalement et de manière sécurisée.

      Au point que les hashtags #TwitterDown ou #RIPTwitter s’imposent en "tendances" dans les discussions du jour. De nombreux utilisateurs sont persuadés que Twitter vit ses derniers instants, et certaines entreprises et organisations gouvernementales américaines basculent ouvertement vers une autre plateforme de communication.

      Elon Musk lui-même, fidèle à son habitude d’agir comme un troll, entretient l’idée de la mort de Twitter. Dans ce message posté en fin de soirée mercredi, le fondateur de Tesla et SpaceX se met en scène à l’enterrement de Twitter en train se réjouir sur sa tombe. Il a ensuite posté un emoji de tête de mort.


      Twitter Musk

      « Médiocre gamin dans un corps d’homme, milliardaire sans valeur, parasite suprême... »
      De leur côté, de nombreux anciens employés et utilisateurs du réseau social étalent leur écœurement devant l’extrême brutalité d’Elon Musk. Beaucoup de démissionnaires du jour ont décidé d’annoncer leur départ sur Twitter. Les messages consultés par La Tribune oscillent entre la tristesse et la reconnaissance d’avoir travaillé pour une entreprise unique au monde et qui était, jusqu’au rachat, réputée pour la qualité de ses conditions de travail, et la colère et la déception de voir le réseau social aux 320 millions d’utilisateurs « saccagé par un fou ».

      Jeudi soir, des insultes anti-Elon Musk ont même été projetées sur la façade du siège social de Twitter à San Francisco, juste à côté du logo. On peut y voir défiler une succession d’insultes dont l’inventivité est digne de la série télévisée Veep :
      « Elon Musk : mediocre manchild, pressurized privilege, petty racist, megalomaniac, worthless billionaire, bankruptcy baby, apartheid profiteer, petulant pimple, supreme parasite, dictators asskisser, lawless oligarch, insecure coloniser, cruel hoarder, space Karen »

      Que l’on peut traduire par : « Elon Musk : médiocre gamin dans un corps d’homme, privilège pressurisé, raciste insignifiant, mégalomane, milliardaire sans valeur, bébé de la faillite, profiteur de l’apartheid, bouton pétulant, parasite suprême, lécheur de fesses de dictateurs, oligarque sans foi ni loi, colonisateur fragile, accapareur cruel, Karen de l’espace » [!]

      Twitter HQ going scorched earth tonight
      pic.twitter.com/z7Sz9XUoXH


      -- Lauren McKenzie (@TheMcKenziest) November 18, 2022

      De leur côté, des dizaines d’employés actuels et surtout passés se sont retrouvés jeudi soir dans un "Spaces", les salons audio de la plateforme, pour se soutenir et évoquer de bons souvenirs, dans une ambiance crépusculaire. Des salariés qui ont choisi de rester ont évoqué leur attachement indéfectible au réseau social et leur désir de le voir survivre et même renaître, même sans y croire réellement. « Bravo à tous les travailleurs de Twitter. Vous avez bâti un lieu de connexion vital et vous méritiez tellement mieux. (...) Merci », a pour sa part tweeté l’élue démocrate Alexandria Ocasio-Cortez.

      Vingt jours de décisions surréalistes
      Même si la mort de Twitter devient une sérieuse possibilité, le réseau social n’en est pas encore là. Mais en vingt jours à peine, Elon Musk a renvoyé plus de la moitié des effectifs de l’entreprise, lancé puis stoppé, puis relancé, puis à nouveau stoppé son abonnement Twitter Blue qui s’est révélé intenable en à peine quelques jours en raison du déferlement des faux comptes, et surtout, il a fait fuir en masse les annonceurs alors qu’ils pèsent aujourd’hui plus de 90% du chiffre d’affaires de la plateforme.

      Plus grave, on peine à discerner une stratégie derrière le chaos. Sa vision d’une "application pour tout", sur le modèle du chinois WeChat, paraît totalement déconnectée de la réalité. Et son engagement politique pour une liberté d’expression absolue a déjà étalé ses limites avec le fiasco Twitter Blue. Elon Musk semble précipiter Twitter dans le mur et en appeler à d’inévitables conflits avec les régulateurs.

      Et après son dernier coup d’éclat avec l’ultimatum aux employés, Elon Musk a tweeté : « Et... on vient d’atteindre un nouveau record d’utilisation de Twitter, lol. »

      Puis d’ajouter malicieusement « let that sink in », une référence à la photo qu’il avait postée lors de son premier jour chez Twitter, où il était arrivé dans les locaux de l’entreprise un évier dans les bras. On peut traduire cette expression de deux façons : soit « laissons ça infuser », c’est-à-dire que les actions de Musk, aussi brutales et incohérentes soient-elles, auraient pour seul effet de booster l’utilisation réelle de Twitter pour mieux la monétiser dans un second temps ; soit « laissons ça couler », donc qu’Elon Musk ne fait que provoquer la chute de Twitter.

  • La méthode Musk peut-elle mener Twitter à la faillite ?

    Quand bien même le milliardaire et ses co-investisseurs laisseraient Twitter glisser jusqu’à sa faillite avant d’avoir remboursé leur dette, alors le réseau social pourrait être repris par les banques qui lui ont prêté de l’argent. Mais preuve qu’elles ne souhaitent pas se trouver dans cette situation, une partie d’entre elles ont déjà mis à la vente une partie du prêt, pour un prix allant jusqu’à 60 centimes par dollar. Autrement dit, elles sont déjà prêtes à perdre dès aujourd’hui 40% de leur mise pour éviter d’être à bord du navire dans le cas où il coulerait.

    #twitter #techno

    https://www.latribune.fr/technos-medias/internet/la-methode-musk-peut-elle-mener-twitter-a-la-faillite-940660.html

    • Il a toujours travaillé sur le fil de la ligne rouge
      Sa philo ça doit être gros risque, gros gain.
      Il veut refaire wechat apparement.
      C’est un très gros pari qui demande beaucoup de changements pour twitter. Il sait qu’il va y avoir beaucoup de départs mais à la limite ça l’arrange parce qu’il pourra renouveler une bonne partie de son équipe par une autre qui aura la même vision que lui.
      Une fois que ce sera fait...
      Si la nouvelle équipe arrive à recréer techniquement wechat,
      S’il arrive à l’imposer dans la vie courant comme en Chine,
      C’est un jackpot incroyable.
      A terme il pourrait même avoir la puissance de créer une monnaie tellement ça pourrait être puissant (si personne ne l’arrête d’ici là...zuckerber l’aurait mauvaise lol)
      Par contre ouais...ça peut totalement se péter la gueule....mais comme tout ce qu’il a fait jusque là...
      La vraie différence c’est que jusque là ses employés le prenait pour une demi dieu « un peu » excentrique et il leur demandait de se saigner pour la cause.
      Je sais pas s’il a pris ça en compte dans le cas de twitter...parce qu’ils ont l’air d’avoir plus de recul...ou pas, peut être qu’il y a une frange de fanatiques de la liberté d’expression au sein de l’équipe actuel (liberté qui n’a rien à voir avec wechat mais bon...c’est comme ça qu’il le vend..)

  • Hécatombe dans la Tech : plus de 130.000 licenciements en 2022 Sylvain Rolland - La Tribune
    https://www.latribune.fr/technos-medias/internet/hecatombe-dans-la-tech-plus-de-130-000-licenciements-en-2022-940762.html

    Après des licenciements chez Meta (Facebook), Snap, Twitter, Stripe, Uber ou encore #Salesforce, Amazon pourrait lui aussi renvoyer plus de 10.000 salariés dans le monde, d’après la presse américaine. Si le plan social du géant du e-commerce était confirmé, plus de 130.000 emplois auront été supprimés dans le secteur de la tech en 2022.

    A eux seuls, les cinq Gafam - Google, Apple, Facebook devenu Meta, Amazon et Microsoft - ont perdu 1.500 milliards de dollars de valorisation cette année. (Crédits : DADO RUVIC)
    A chaque semaine son plan social massif dans la tech. Au début du mois, le nouveau Twitter dirigé par Elon Musk annonçait 3.700 licenciements dans le monde, soit plus de 50% des effectifs de l’entreprise. La semaine suivante, Meta ( #Facebook, #Instagram, #WhatsApp) lui a emboîté le pas avec 11.000 suppressions d’emplois (13% des effectifs). Cette semaine, c’est au tour d’Amazon de se joindre au cortège macabre : d’après le New York Times , le numéro un mondial du commerce et ligne et du cloud s’apprête à se séparer de 10.000 employés. A qui le tour la semaine prochaine ?

    Plus de 131.000 licenciements dans la tech en 2022
    Si les plans sociaux des géants de la tech font les gros titres, le phénomène touche tout le monde, jusqu’à la petite startup. Au 15 novembre, plus de 121.400 emplois ont été supprimés dans 789 entreprises tech, d’après le décompte du site Layoffs.fyi https://layoffs.fyi . Dès qu’Amazon confirmera son plan social, ce total dépassera les 131.400 suppressions d’emplois, pour 790 entreprises. Ce chiffre est même certainement sous-évalué, puisqu’il se base uniquement sur des chiffres annoncés par les entreprises, certaines n’ayant certainement pas communiqué sur leurs réductions d’effectifs.

    A titre de comparaison, le record de suppressions d’emplois lors de l’éclatement de la bulle internet de 2000-2001 est largement dépassé : cette première grosse crise du secteur technologique avait engendré le licenciement de 107.000 personnes. Toutefois, la taille du secteur en 2022 n’a rien de comparable. Comme les chiffres sur la situation de l’emploi mondial dans la tech en 2001 manquent, il faut prendre la comparaison avec des pincettes , et ne pas oublier que 131.400 emplois en 2022 représentent une part beaucoup plus faible du total des emplois tech que les 107.000 poste supprimés de 2001.

    Cette année, les entreprises qui ont le plus licencié sont Meta (11.000 emplois) puis Amazon (10.000), #Uber (7.300 en mai), #Gettir (4480 en mai), #Booking.com (3.775 en juillet) et Twitter (3.700 en novembre). D’après le décompte, 34 entreprises ont effectué des plans sociaux d’au moins 1.000 salariés, dont #Shopify (1.000), #Stripe (1.000), #Yelp (1.000), #Lyft (1.682), #Airbnb (1.900) ou encore #Salesforce (2.000). Près de 400 grosses startups ont supprimé entre 100 et 1.000 postes.

    Proportionnellement au nombre d’employés, plus de 300 entreprises ont perdu au moins 30% de leur force de travail cette année. Parmi les géants de la tech, #Twitter (50%), #Groupon (44%) ou encore #Magic_Leap (1.000 suppressions soit 50%) sont les plus touchés. Au niveau des secteurs, tous sont touchés mais ceux de la crypto et de la finance ont particulièrement dégusté : 30% des emplois supprimés pour #Crypto.com, 27% pour #Bitpanda, 25% pour #Blockchain.com et 20% pour #Coinbase, entre autres, du côté des crypto ; 90% pour #ScaleFactor, 50% pour #Renmoney, 42% pour #Fundbox, 27% pour #Bolt, 23% pour #Robinhood, 10% pour #Klarna, entre autres, du côté des #fintech. Les startups dans la #foodtech, l’éducation, la santé, les transports ou le marketing ont aussi été très impactées.

    La tech avait aussi du gras à couper *
    Cet hiver de la tech -cune référence à la série Game of thrones et son fameux "winter is coming"c-, est la preuve que le secteur n’est pas insensible à la conjoncture de l’économie mondiale. Si les startups ont été les grandes gagnantes de la crise du Covid-19, qui a accéléré la transformation numérique de tous les secteurs d’activité, comme le reste de l’économie, les voilà rattrapées par le retour de l’inflation, l’explosion des taux d’intérêts, la crise de l’énergie et de ravitaillement en matières premières, ou encore les conséquences de la guerre en Ukraine.

    Alors que les valorisations des entreprises tech avaient explosé depuis 2020, les géants du secteur subissent depuis quelques mois une forte correction en Bourse. A eux seuls, les cinq #Gafam - #Google, #Apple, #Facebook devenu #Meta, #Amazon et #Microsoft - ont perdu 1.500 milliards de dollars de valorisation cette année. Par effet ricochet, la valorisation des #startups, qui avait atteint des niveaux délirants, chute lors des levées de fonds, entraînant des difficultés nouvelles pour les entrepreneurs. De leur côté, les fonds d’investissement réalisent moins de deals, prennent davantage de temps pour clôturer ceux qu’ils mènent à bien, et se montrent plus frileux, d’autant plus que leurs propres investisseurs tendent à privilégier des investissements moins risqués que la tech avec le relèvement des taux d’intérêts.

    Pour certaines entreprises, notamment les très grosses startups et les géants comme Amazon, Meta ou Snap (1.200 employés licenciés soit 20%), la correction paraît particulièrement violente. Mais c’est aussi parce qu’il y avait du gras à couper. Chez #Snap comme chez #Meta, les dirigeants ont taillé dans les divisions annexes pour se concentrer sur le cœur du business.

    De son côté, Amazon, par exemple, avait embauché à tour de bras pendant la pandémie pour répondre à l’explosion de la demande : son personnel mondial a doublé entre début 2020 et début 2022. D’après le New York Times, les postes visés par les réductions d’effectifs seront situés dans le département Amazon Devices (les appareils électroniques équipés de l’assistant vocal #Alexa ou encore les liseuses #Kindle ), dans la division de vente au détail, ainsi que dans les ressources humaines.

    • Amazon : 18 000 licenciements annoncés
      https://journal.lutte-ouvriere.org/2023/01/11/amazon-18-000-licenciements-annonces_467573.html

      Après le milliardaire de Tesla, Elon Musk, #Jeff_Bezos a lui aussi subi une dégringolade du cours de ses actions et perd 100 milliards de dollars depuis le 1er janvier. Résultat : il vient lui aussi d’annoncer un plan de 18 000 #licenciements dans le monde.

      Il a suffi de l’annonce d’une légère baisse de ses activités, et donc ensuite d’une possible légère baisse des #dividendes, pour assister à cette dégringolade de plus de moitié du cours des actions d’Amazon en un an, soit 1000 milliards de dollars de capitalisation. Dans ces circonstances, Bezos recourt à l’annonce de licenciements massifs, qui devrait faire revenir vers lui l’argent des « investisseurs ».

      Les problèmes des salariés jetés à la rue ne sont pas un paramètre qui compte dans les calculs financiers des milliardaires. C’est le travail des centaines de milliers de salariés du groupe, mal payés, avec de conditions de travail exténuantes, qui fait monter jusqu’au ciel la fortune de Bezos, devenu l’homme le plus riche du monde. Aujourd’hui ceux qu’il menace de licenciement ont toutes les raisons de faire payer ce capitaliste qui possède encore en propre près de 100 milliards de dollars.

    • Elon Musk avait annoncé qu’il projetait Twitter comme une « app universelle » qui irait bien au-delà du simple réseau social. Pour aller vers cet idéal, le milliardaire a déposé une demande auprès des autorités américaines afin de transformer Twitter en système de paiement similaire à PayPal. Il ouvre ainsi la plateforme à un nouveau modèle économique, mais doit gérer dans le même temps les inquiétudes des annonceurs, sur qui le modèle actuel repose. Explications.

      Le Free Speech a bon dos.

  • Bleu, S3ns : pourquoi les offres Cloud de confiance seront certainement soumises au Cloud Act ETX Studio - La Tribune
    https://www.latribune.fr/technos-medias/internet/bleu-s3ns-pourquoi-les-offres-cloud-de-confiance-seront-certainement-soumi

    Une étude commandée à un cabinet d’avocats américain par le ministère de la Justice des Pays-Bas sur le Cloud Act, conclut que les entités européennes peuvent êtres soumises à cette loi extraterritoriale même si leur siège social n’est pas aux Etats-Unis. Elle précise même que le Cloud Act s’applique aussi quand un fournisseur de cloud européen utilise du hardware ou un logiciel américain, ce qui est le principe même des futures offres de « Cloud de confiance » Bleu (les technologies de Microsoft proposées par Orange et Capgemini) et S3ns (celles de Google avec Thales). L’étude, dont les analyses sont validées par plusieurs experts du droit du numérique consultés par La Tribune, contredit donc la communication du gouvernement français ainsi que celles de Bleu et de S3ns. Elle pointe surtout un risque pour les opérateurs d’importance vitale (OIV), les opérateurs de services essentiels (OSE) et les administrations invités à souscrire sans attendre à ces offres.

    Nouvelle claque pour le gouvernement français et sa stratégie très controversée de « Cloud de confiance ». Suffit-il de posséder un siège social en France ou en Europe et de couper tout lien capitalistique avec les Etats-Unis pour être protégé contre le Cloud Act, même en vendant une offre basée sur des technologies américaines ? Non, tranche une étude réalisée par le bureau européen du cabinet d’avocats américain Greenberg Traurig LLP, https://www.ncsc.nl/documenten/publicaties/2022/augustus/16/cloud-act-memo pour le compte du ministère de la Justice et de la Sécurité des Pays-Bas, et rendue publique le 26 juillet dernier.

    Le gouvernement néerlandais souhaitait savoir si le Cloud Act, une législation extra-territoriale adoptée en 2018 pour légaliser la collecte de données à l’étranger au nom de la protection des Etats-Unis, s’appliquait seulement aux entités américaines présentes en Europe, comme on le présente souvent, ou s’il pouvait oui ou non aussi toucher les entreprises 100% européennes, c’est-à-dire dont le siège social est situé dans l’Union européenne.

    Le Cloud Act peut s’appliquer aux entreprises qui vendent des logiciels américains
    La réponse du cabinet américain Greenberg Trauring LTT -qu’on ne peut accuser de servir un agenda pro-européen- est très claire :  « Les entités européennes peuvent être à la portée du Cloud Act, même si [elles] sont situées en dehors les Etats Unis » , tranche le document en première page. https://www.ncsc.nl/documenten/publicaties/2022/augustus/16/cloud-act-memo

    Les avocats précisent toutefois qu’il est possible pour les entreprises européennes de minimiser ce risque en établissant une « muraille de Chine » avec les Etats-Unis, notamment en n’employant aucun Américain ou n’avoir aucun client américain. Ceux-ci peuvent être des chevaux de Troie pouvant justifier une intervention au titre du Cloud Act.

    Mais d’après les auteurs de l’étude, même ce bouclier anti-Cloud Act est insuffisant si l’entité utilise des technologies américaines. « Le Cloud Act peut accéder aux données via des sous-traitants/fournisseurs de matériel et de logiciels, de/vers les fournisseurs de cloud » , affirme le rapport.

    Or, ce sera précisément le mode de fonctionnement de Bleu, coentreprise entre Orange et Capgemini, et de S3ns, détenue par Thales. Bleu commercialisera sous licence les offres cloud logicielles de Microsoft Azure (notamment la suite Office 365), tandis que S3ns proposera celles de Google Cloud. Ces deux offres se présentent comme souveraines : elles affirment qu’elles seront étanches au Cloud Act américain car le service sera hébergé par des datacenters situés en France, et sera commercialisé par une entreprise de droit français, coupé de tout lien capitalistique avec les Etats-Unis.

    Ces précautions, accompagnées d’autres mesures de sécurité, sont effectivement suffisantes pour la plupart des entreprises. Mais probablement pas pour Bleu et S3ns, car Microsoft et Google sont pour elles des fournisseurs de logiciels dont elles commercialisent les services. Contacté par La Tribune, le cabinet Greenberg Trauring LTT confirme également qu’il suffit, d’après lui, de vendre des logiciels américains, même si l’entreprise est française, pour tomber sous le coup du Cloud Act.

    Cette déduction apparaît logique : dans l’économie numérique, l’hébergement des données n’est qu’une commodité. La valeur réside dans l’infrastructure logicielle qui fait tourner les clouds, ainsi que dans les logiciels qui utilisent les données. Pour justifier l’application du Cloud Act à une entité étrangère comme Bleu ou S3ns, les Etats-Unis doivent montrer que celle-ci a « suffisamment de contacts avec les Etats-Unis » , et pour de nombreux experts juridiques, la commercialisation de technologies américaines sous licence leur offre une raison suffisante.

    Une « muraille de Chine » en théorie possible mais extrêmement complexe et coûteuse
    Le gouvernement français n’ayant pas demandé ou rendu publique une étude approfondie sur la portée réelle du Cloud Act sur les futures solutions « Cloud de confiance », les conclusions du rapport de Greenberg Trauring doivent être prises avec des pincettes.

    La Tribune a donc demandé à d’autres avocats experts du droit du numérique, d’analyser la portée du Cloud Act sur les offres Cloud de confiance.  « La seule voie possible pour Bleu et S3ns, c’est de cloisonner l’offre de telle façon à ce qu’il y ait pas d’accès possible à une personne sous juridiction américaine », explique Olivier Iteanu, avocat spécialiste du droit du numérique. « Cela signifie qu’il ne peut pas y avoir de clients américains et surtout, pas un seul employé américain dans la structure, sinon le Cloud Act s’applique », met-il en garde.

    L’avocat rappelle la genèse du Cloud Act, après le scandale Snowden en 2013 qui a révélé au monde l’ampleur de la surveillance de masse opérée par les services de renseignement américains, au nom de leur souveraineté nationale.  « Les Etats-Unis ont besoin de légaliser les pratiques de surveillance de masse, de façon à ne pas soumettre les entreprises et les personnes qui coopèrent avec eux, à des actions judiciaires a posteriori. Ils ont donc prévu un très large éventail d’actions pour le Cloud Act. Il est mensonger de dire qu’il ne s’applique qu’aux entreprises américaines à l’étranger et pas aux entreprises locales ».

    Sonia Cissé, avocate associée en droit des technologies au sein du cabinet Linklaters, affirme « partager l’analyse du cabinet Greenberg Trauring » sur le fait que « les offres Cloud de confiance peuvent être soumises au Cloud Act ». Elle insiste elle-aussi sur la nécessité d’ériger une « muraille de Chine » pour se protéger au maximum des possibles intrusions américaines.

    « En plus d’empêcher tout Américain, y compris pour du support technique ou de la sauvegarde de données, d’accéder à la plateforme, il faudra mettre en place une totale ségrégation des données. Cela nécessite un cumul de mesures très lourdes, complexes et extrêmement coûteuses : c’est une muraille de Chine technique et organisationnelle, impliquant la gouvernance même des structures ainsi que les ressources humaines et la communication entre entités, qu’il faudra mettre en place et surveiller en permanence », décline-t-elle, tout en pointant les « nombreuses zones de flou » qui demeurent encore du côté de l’organisation de Bleu et de S3ns.

    Backdoors et loi FISA, les autres gros risques des offres « Cloud de confiance »
    Si le gouvernement, Bleu et S3ns se sont montrés très légers en affirmant avant même la création des offres Cloud de confiance qu’elles seront labellisées par l’Anssi -ce qui n’est pas garanti- et immunes au Cloud Act en dépit d’une analyse juridique approfondie, que dire des deux autres éléphants dans la pièce eux aussi magistralement ignorés : le risque accru de backdoors -logiciels espions infiltrés dans le code-, et celui d’une autre loi extraterritoriale américaine, FISA.

    Ainsi, FISA -pour Foreign Intelligence Surveillance Act - s’applique uniquement aux citoyens étrangers. Cette loi permet aux agences de renseignement américaines de demander aux fournisseurs de cloud l’installation de dispositifs permanents qui permettent de scanner toutes les données qu’ils gèrent en dehors des Etats-Unis. Cette surveillance peut se faire avec du matériel d’inspection des paquets en profondeur (DPI), ou de manière invisible au niveau de l’infrastructure logicielle du cloud, c’est-à-dire en utilisant les fournisseurs de la technologie. Or, Bleu et S3ns devraient ne pas avoir accès au code source des logiciels de Microsoft et de Google, qui sont leur secret industriel le plus précieux. Et même s’ils y avaient accès, encore faudrait-il qu’ils repèrent la porte dérobée imposée par les services de renseignement.

    Ces portes dérobées, ou backdoors, peuvent aussi être illégales. C’est l’autre gros risque, pour les données des opérateurs d’importance vitale, d’utiliser des services étrangers. Or, les logiciels de Microsoft et de Google sont bien connus des services américains de renseignement, et il est certainement plus facile pour eux d’entrer dans un logiciel américain qu’ils connaissent que dans une autre solution bénéficiant des plus hauts niveaux de sécurité.

    #extraterritorialité #Backdoors #surveillance #vie_privée #donnée_personnelles #nsa #bigdata #FISA #cloud #Bleu #S3ns #Cloud_Act #Logiciels #Microsoft #Orange #Capgemini #OIV #OSE

  • Elon Musk arrive à ses fins et rachète Twitter : Joe Biden inquiet du pouvoir des réseaux sociaux
    https://www.latribune.fr/technos-medias/internet/elon-musk-arrive-a-ses-fins-et-rachete-twitter-joe-biden-inquiet-du-pouvoir-des-reseahttps://static.latribune.fr/full_width/1903228/elon-musk-twitter.jpgux-sociaux-915357.html

    C’est plié. Moins de deux semaines après avoir annoncé convoiter Twitter, Elon Musk a passé ce lundi un accord avec le conseil d’administration de l’entreprise pour racheter le réseau social au prix de 54,20 dollars l’action, soit 44 milliards de dollars environ. Objectif du milliardaire américain également le patron de Tesla et de SpaceX : défendre la liberté d’expression.

    « La liberté d’expression est le fondement d’une démocratie qui fonctionne, et Twitter est la place publique numérique où sont débattues les questions vitales pour l’avenir de l’humanité », a déclaré Elon Musk dans un communiqué.

    Ce changement de propriétaire est une étape décisive pour cette entreprise lancée il y a 16 ans et qui, forte de ses 83 millions d’utilisateurs, s’est imposée comme l’une des places publiques les plus influentes du monde. La transaction a été approuvée par le conseil d’administration qui était initialement contre un rachat par Elon Musk. Mais la menace d’une OPA hostile sans recours à un chevalier blanc les a convaincus de discuter avec le milliardaire.

    « Musk n’a pas seulement acheté un nouveau jouet très cher, mais une communauté mondiale qui comprend 330 millions d’utilisateurs réguliers. Contrôler une plateforme aussi importante donne des responsabilités tout aussi importantes », a commenté Jessica Gonzalez, co-directrice de l’ONG Free Press.

    Elle lui reproche notamment de se servir de Twitter pour attaquer les personnes qu’il n’aime pas, souvent de façon « infantile », encouragé et aidé par sa « meute de fans fidèles ».

    « J’espère que même mes pires critiques resteront sur Twitter, c’est ce que signifie la liberté d’expression », a tweeté lundi Elon Musk, avant l’annonce.

    « Je veux rendre Twitter meilleur que jamais en l’améliorant avec de nouvelles fonctionnalités, rendre les algorithmes open source pour augmenter la confiance, vaincre les robots qui font du spam et authentifier tous les humains » a indiqué Elon Musk dans le communiqué, précisant vouloir « débloquer le potentiel » du réseau en « travaillant avec l’entreprise et la communauté ».

    Ces dernières semaines, il a déjà suggéré l’ajout d’un bouton « modifier » pour corriger un tweet après publication et des changements dans la formule d’abonnement payante, Twitter Blue.

    #Twitter #Elon_Musk

  • Anonymat sur les réseaux sociaux : les contre-vérités de Jean Castex et Eric Dupond-Moretti
    https://www.latribune.fr/technos-medias/internet/anonymat-sur-les-reseaux-sociaux-les-contre-verites-de-jean-castex-et-eric

    Le Premier ministre, Jean Castex, et son ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti, sont tous deux hostiles à l’anonymat sur les réseaux sociaux, qu’ils souhaitent interdire pour "lever l’impunité en ligne". Mais les deux ministres confondent le pseudonymat et l’anonymat, oublient que des lois existent déjà pour punir les propos illicites sur Internet, et ignorent qu’il est tout à fait possible, et assez facile, de retrouver leurs auteurs. Le vrai problème est le temps de la réponse judiciaire, ce qui soulève la question des moyens mis à sa disposition. Explications.

    Le remaniement d’Emmanuel Macron est-il synonyme de retour en arrière sur les sujets numériques ? Au-delà du fait que le chef de l’Etat n’ait pas jugé bon de créer un véritable ministère du Numérique, les positions du nouveau Premier ministre, Jean Castex, et de son ministre de la Justice et Garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti, sur les réseaux sociaux et l’anonymat en ligne, montrent que leur maîtrise de ce sujet est très approximative.

    Pour Jean Castex, l’anonymat sur les réseaux sociaux est « quelque chose de choquant ", " un sujet dont il va falloir qu’on s’empare ", a-t-il déclaré mi-juillet au Parisien. N’hésitant pas à basculer directement dans le point Godwin -une comparaison avec le nazisme-, le Premier ministre estime que " si on se cache, les conditions du débat sont faussées. [...]. On peut vous traiter de tous les noms, de tous les vices, en se cachant derrière des pseudonymes. Dans ces conditions, les réseaux sociaux, c’est le régime de Vichy : personne ne sait qui c’est ! ", s’est-il enflammé. Quelques jours plus tard, rebelote de la part, cette fois, du nouveau ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti. Lors de son audition devant l’Assemblée nationale, le 20 juillet, le Garde des Sceaux a révélé l’étendue de son ignorance sur le sujet. " Est-ce que technologiquement on peut intervenir pour interdire l’anonymat sur les réseaux sociaux ? Si vous pouvez m’aider à résoudre cette question, je suis preneur ", a-t-il demandé, après avoir fait part de son expérience avec un cyber-harceleur qui serait prétendument protégé par son anonymat. Eric Dupond-Moretti n’en est pas à sa première sortie sur…

    #paywall

  • L’application #StopCovid, un ratage spectaculaire
    https://www.latribune.fr/technos-medias/internet/l-application-stopcovid-un-ratage-spectaculaire-850914.html

    Inefficace car pas assez téléchargée, inopérable avec les autres applications européennes, beaucoup plus gourmande en données personnelles qu’annoncé -ce qui fragilise son socle juridique-, et entachée d’un « soupçon de favoritisme » par l’association anti-corruption Anticor qui a alerté le Parquet national financier... Très controversée, l’application de traçage numérique des contacts StopCovid enchaîne les déconvenues depuis son lancement le 2 juin. Faut-il arrêter le massacre ?

  • Amazon mis en cause par ses propres employés, notamment pour son empreinte carbone
    https://www.lemonde.fr/pixels/article/2020/01/27/amazon-mis-en-cause-publiquement-par-ses-propres-employes_6027316_4408996.ht

    Plus de 300 employés d’Amazon ont signé de leur nom dimanche 26 janvier des critiques contre la grande entreprise américaine spécialiste de la distribution, notamment sa politique environnementale, en guise de défiance du règlement intérieur qui suppose une autorisation préalable de la hiérarchie. La publication de ces témoignages sur le site Medium a été organisée par le groupe Amazon Employees for Climate Justice (AECJ), qui pousse l’entreprise à aller plus loin dans son plan de mitigation annoncé à (...)

    #Amazon #écologie #conditions #travailleurs #AmazonEmployeesforClimateJustice-AECJ #AWS

    • Plus de 350 employés Amazon critiquent sa politique environnementale
      https://www.latribune.fr/technos-medias/internet/plus-de-350-employes-amazon-critiquent-sa-politique-environnementale-83806

      Plus de 350 salariés Amazon ont signé dimanche une liste de critiques à l’encontre du géant de l’e-commerce, notamment à l’égard de sa politique environnementale. Un règlement récemment adopté au sein de l’entreprise interdit aux employés de s’exprimer publiquement sur les activités du groupe.

      Protestation chez Amazon. Plus de 350 salariés du géant de l’e-commerce ont signé dimanche des critiques contre leur employeur, notamment à l’égard de sa politique environnementale. Détail qui n’en est pas un : tous ont signé de leur propre nom, en guise de défiance du règlement intérieur qui suppose une autorisation préalable de la hiérarchie.
      […]
      Le 19 septembre, Jeff Bezos, fondateur de l’entreprise et accessoirement l’homme le plus riche du monde, a pris des engagements publiquement en matière d’environnement promettant notamment qu’Amazon atteindra la neutralité carbone en 2040. C’est insuffisant selon l’AECJ, qui réclame d’y arriver dès 2030.

      Mark Hiew, directeur marketing chez Amazon juge que « ce n’est pas le moment de réduire des gens au silence. Nous avons besoin de règles qui encouragent un discours plus ouvert, plus de solutions et une action plus déterminée et concertée sur le changement climatique et ses causes ».

      Amazon n’a pas répondu à une demande de réaction de l’AFP mais, un article du Washington Post (propriété de Jeff Bezos et qui se fait beaucoup l’écho de l’AECJ) cite un porte-parole Drew Herdener, qui explique qu’Amazon encourage les employés à s’exprimer mais en interne par le biais de différentes plateformes à leur disposition.

  • Le sulfureux Travis Kalanick va quitter le conseil d’administration d’Uber
    https://www.latribune.fr/technos-medias/internet/le-sulfureux-travis-kalanick-va-quitter-le-conseil-d-administration-d-uber


    Reuters

    L’ancien patron et co-fondateur d’Uber, Travis Kalanick, va démissionner du conseil d’administration de l’entreprise le 31 décembre, a annoncé mardi la plateforme de réservation de voitures dans un communiqué.

    Accusé d’avoir encouragé des pratiques managériales douteuses et brutales, sur fond de sexisme et de harcèlement au travail, M. Kalanick avait déjà dû abandonner son rôle de directeur général du groupe en juin 2017.

    « Uber a fait partie de ma vie ces 10 dernières années. Alors que la décennie s’achève, cela m’a semblé être le bon moment pour moi pour me concentrer sur mes activités actuelles et mes initiatives philanthropiques », a déclaré M. Kalanick cité dans le communiqué.
    En mars 2018, M. Kalanick avait annoncé la création d’un fonds d’investissement destiné à financer des projets à but lucratif et non lucratif. Baptisé « 10100 » ("ten-one-hundred"), ce fonds a vocation à investir dans les secteurs de l’immobilier, du commerce en ligne et dans des projets innovants en Chine et en Inde. Les projets à but non lucratif sont également menés à travers ce fonds, dans les domaines de l’éducation et de l’avenir des villes.

    #philantrope, mon c…

    • Le revend… une misère.

      Acheté pour un milliard de dollars en 2013, Tumblr a été revendu pour une somme dérisoire (2% de son prix d’achat)
      https://www.lemonde.fr/pixels/article/2019/08/13/la-plate-forme-tumblr-vendue-au-proprietaire-de-wordpress-com_5499009_440899

      En 2013, Yahoo ! avait dû sortir un milliard de dollars (900 millions d’euros environ) pour en faire l’acquisition. L’ancien géant du Web a depuis été racheté par Verizon. Qui a aujourd’hui décidé de se séparer de Tumblr au profit d’Automattic, l’entreprise propriétaire de WordPress.com, la célèbre plate-forme de blogs.
      Si le prix de la transaction n’a pas été rendu public, il serait dérisoire par rapport à la valeur de Tumblr en 2013, selon le site américain Axios, qui évoque une somme inférieure à 20 millions de dollars.

    • Pourquoi Verizon se sépare du site de blogging Tumblr
      https://www.latribune.fr/technos-medias/internet/pourquoi-verizon-se-separe-du-site-de-blogging-tumblr-825715.html

      Verizon, qui restructure sa branche médias, a décidé de vendre Tumblr à l’entreprise américaine Automattic, propriétaire de Wordpress.com. Si Tumblr a été adoubé lors de sa création à New-York en 2007, le site de blogging navigue depuis en eaux troubles et n’a jamais été monétisé.

      Verizon fait le ménage. Le géant américain des télécoms a annoncé lundi 12 août la vente du site de blogging Tumblr à Automattic, l’entreprise américaine qui distribue Wordpress.com. Le montant officiel n’a pas été communiqué. Il s’agirait d’un « montant symbolique » pour Verizon, selon le Wall Street Journal. Le site Axios indique pour sa part une fourchette allant de 10 à 20 millions de dollars.

      « Tumblr est l’une des marques les plus emblématiques du Web », a déclaré dans un communiqué de presse Matt Mullenweg, Pdg d’Automattic. « C’est une plateforme essentielle pour partager des idées et des expériences (...) »
      Automattic y verrait une utilisation complémentaire de ses services pour les internautes, selon le Wall Street Journal. L’entreprise américaine réfléchirait à des partages de services et fonctionnalités entre Tumblr et WordPress.com. Automattic va ainsi reprendre 200 salariés de Tumblr.

      Lancée en 2007, la plateforme héberge aujourd’hui plus de 475 millions de blogs dans le monde entier. Elle permet en effet de partager gratuitement des textes, des vidéos, des photos ou encore du son. L’entreprise américaine a surtout popularisé sur Internet les GIF, ces images qui se répètent en boucle et qui ont contribué à la viralité de Tumblr.

      Si Tumblr parvient toujours à fédérer une large communauté active, la plateforme a perdu de sa superbe. Le site revendique 22 millions de publications par jour - contre 100 millions en 2014. À ses débuts à New York, la plateforme indépendante misait sur une interface simplifiée permettant de créer un blog en deux clics, et un design léché. Elle a rapidement été délaissée au profit de services concurrents, comme Instagram et Snapchat.

      Tumblr a commencé à naviguer en eaux troubles lors de son rachat en 2013 par Yahoo ! - portail internet déjà vieillissant - pour 1,1 milliard de dollars. La plateforme n’a pas échappé au défi des réseaux sociaux : générer des revenus. Or, elle n’a jamais réussi à monétiser ses contenus en dépit de sa large audience. Conséquence : Tumblr a été déprécié d’environ 712 millions de dollars sous les ailes de Yahoo !

      En 2017, Tumblr est devenu propriété de Verizon, lorsque ce dernier a mis la main sur Yahoo ! La plateforme figurait depuis dans la filiale Verizon Media Group (anciennement baptisée Oath), qui regroupe les anciennes propriétés de Yahoo ! et AOL, telles que le HuffPost, TechCrunch, ou encore le média féministe Makers et le site people Build.

      Actuellement en pleine restructuration, cette branche souhaite se concentrer sur une nouvelle stratégie d’abonnement et de contenus originaux. Verizon Media Group a généré un chiffre d’affaires de 1,8 milliard de dollars au deuxième trimestre, en baisse de 2,9% sur un an. C’est pourquoi il souhaite se recentrer entre autres sur l’actualité, le sport, le divertissement. En janvier dernier, le Wall Street Journal dévoilait que la branche média de Verizon souhaitait licencier 7% de ses effectifs, soit environ 800 personnes.

  • Pourquoi la loi Avia sur la haine en ligne fait l’unanimité contre elle
    https://www.latribune.fr/technos-medias/internet/pourquoi-la-loi-avia-sur-la-haine-en-ligne-fait-l-unanimite-contre-elle-82

    Qu’il s’agisse des fédérations professionnelles du numérique, des observateurs de la société numérique, ou des défenseurs des libertés, les acteurs du numérique français sont vent debout contre la loi Avia sur la haine en ligne, actuellement débattue à l’Assemblée nationale. Explications.

    Tout le monde s’accorde sur la nécessité de la loi Avia : il faut agir contre la haine en ligne et le cyberharcèlement. Oui, mais comment ? C’est là que le bât blesse, car plus les contours du futur texte se dévoilent, plus les acteurs du numérique français, de tous bords politiques et représentant des intérêts différents, se braquent contre le projet du gouvernement.
    Ce que prévoit la loi Avia

    La mesure phare de la proposition de loi de la députée LREM Laetitia Avia prévoyait à l’origine d’obliger les plateformes Internet à retirer en moins de 24 heures les contenus haineux signalés par les autorités ou par le public. Par contenus haineux, le texte entendait au départ les contenus comportant manifestement une incitation à la haine à raison de la race, de la religion, du sexe, de l’orientation sexuelle ou du handicap.

    Mais après son passage au Conseil d’Etat et en commission des lois, des députés ont élargi sa protée en proposant une série d’amendements. Les députés proposent ainsi d’étendre l’obligation de retrait en moins de 24 heures pour des infractions comme le harcèlement sexuel, la traite des êtres humains, le proxénétisme, la mise à disposition de mineurs à contenus pornographiques ou encore l’apologie du terrorisme. Les réseaux sociaux ne sont également plus les seules plateformes concernées : un amendement veut aussi soumettre à la loi les moteurs de recherche, pour déréférencer le contenu problématique.
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    Un texte « fourre-tout », trop de « contenus gris » à gérer

    D’une manière générale, les grandes entreprises du numérique et de l’internet affichent leur soutien au renforcement de la lutte contre la haine en ligne, et au principe d’un renforcement de la réglementation en la matière. Mais l’obligation de retrait de contenu en moins de 24 heures inquiète bon nombre de professionnels, dans la mesure où elle obligera les plateformes à décider très rapidement par elles-mêmes si tel ou tel contenu contrevient à la loi, au risque de générer une cascade de polémiques et de conflits juridiques.

    « Le texte s’est trop élargi, il devient fourre-tout. On se retrouve aujourd’hui avec des choses qui relèvent de la haine en ligne et des choses qui relèvent de la morale publique, comme le proxénétisme et la pornographie. Est-ce le rôle des plateformes de définir la morale publique et de pratiquer une forme de censure ? » s’interroge Loïc Rivière, le directeur général de Tech in France, qui représente les intérêts des plateformes.

    Ainsi, les trois organisations professionnelles du secteur -Syntec Numérique qui revendique 2.000 adhérents parmi les entreprises de l’informatique et du conseil en technologies, Tech in France qui groupe les intérêts de 400 entreprises du numérique, et l’Asic qui réunit des grands acteurs de l’Internet- ont publié une mise en garde commune contre « l’inefficacité » de la future loi si son périmètre reste aussi large.

    Selon eux, le texte « risque paradoxalement d’offrir moins de protection aux citoyens qui en ont pourtant le plus besoin » :

    "Le volume de contenus « gris » à traiter" en 24 heures, c’est-à-dire du contenu à la frontière, qui nécessite un examen approfondi pour savoir s’il doit être retiré ou pas, serait tellement important que les plateformes n’auraient pas les moyens de les traiter, devenant ainsi inefficaces", déplore Loïc Rivière.

    Le texte commun aux trois organisations professionnelles demande davantage de « proportionnalité », avec une « gradation » en fonction de la gravité des messages concernés.

    "On attribue aux réseaux sociaux et aux moteurs de recherche un rôle de régulation des contenus et de référencement des contenus « acceptables » qui sort de leurs obligations sociétales peuvent s’apparenter à de la censure, et pose des problèmes de légitimité", ajoute le dirigeant.

    Flou juridique et atteintes aux libertés pour les défenseurs des droits de l’internaute

    Pour Salwa Toko, la présidente du Conseil national du numérique (instance consultative qui rassemble à la fois acteurs associatifs et professionnels de l’internet), le texte ne parvient pas à bien clarifier quels contenus les plateformes doivent accepter, et quels contenus elles doivent refuser.

    La proposition de loi « ne donne pas une définition juridique et bien précise », souligne-t-elle. Elle rejoint les acteurs professionnels sur l’avis que ce n’est pas à Facebook, Twitter, YouTube ou Google de déterminer ce qui censurable et ce qui ne l’est pas.

    « Nous regrettons que le pouvoir judiciaire ne soit pas plus mis en avant et ne soit pas plus renforcé. On se demande s’il n’y a pas là un glissement de responsabilité étatique qui est en train de se mettre en place, au profit des acteurs économiques » que sont les grandes plateformes internet, a-t-elle ajouté.

    Ne pas supprimer un contenu haineux pourra leur valoir une amende (jusqu’à 1,25 million d’euros, en l’état actuel du texte), mais censurer à tort tel ou tel militant, acteur public ou simple internaute provoquera de rudes polémiques, voire même des poursuites.

    Pour les défenseurs des libertés, notamment La Quadrature du Net, les plateformes seront en fait poussées à « sur-modérer », c’est-à-dire à censurer des contenus contestables « par précaution », simplement pour ne pas prendre le risque de se voir infliger l’amende. Avec un risque d’instrumentalisation par le pouvoir politique. Occupés à trier les contenus de la zone grise, c’est-à-dire les contenus choquants, contestables mais pas forcément illégaux, les plateformes pourraient censurer d’office tout contenu signalé par une autorité officielle, comme la police, craint l’association.

    Les plateformes « n’auront d’autres choix que de réaliser un examen sommaire, ou un retrait quasi-automatique, des contenus signalés par leurs partenaires jugés les plus fiables » dont l’OCLCTIC, le service de la police spécialisé contre les infractions en ligne, estime la Quadrature du Net."En pratique, cela permettra au gouvernement d’usurper l’autorité judiciaire, qualifiant lui-même les infractions contre lesquelles il prétend lutter et imposant cette qualification aux plateformes", avertit-elle.

    #Loi_Avia #Médias_sociaux #Régulation