Comment les sites internet d’extrême-droite discréditent le travail des médias

/le-zoom-de-la-redaction-07-fevrier-2017

    • La retranscription :

      *Charles Maurras*
      Marigues (Bouches-du-Rhône), 20 avril 1868 – Saint-Symphorien-lès-Tours (Indre-et-Loire), 16 novembre 1952

      Figure emblématique et controversée, Charles Mauras mêle à travers son intinéraire les lettres et la politique puisque cet écrivain reconnu tant en France qu’à l’étranger fut aussi le théoricien politique du « nationalisme intégral » et un polémiste redouté qui s’exprima quotidiennement dans son journal L’Action française. Il nait en Provence dans un milieu plutôt modeste. Le décès de son père en 1874 est le premier drame de ses jeunes années, suivi de deux à l’adolescence : la surdité et la perte de la foi. Le jeu élève brillant doit quitter le collège d’Aix et abandonner son projet de faire l’École navale. Il se voit alors comme un « fruit desséché, noué pour toujours ». Pourtant, fort de l’aide de l’abbé Penon auquel le lie une amitié profonde, il décroche son bachot en 1885.

      En décembre 1885, Maurras émigre à Paris avec les siens pour se faire un nom dans la presse. Ses articles pour les Annales de philosophie chrétienne ou La Réforme sociale l’imposent comme un critique prometteur. Il s’emploie également, sur un mode autodidacte, à approfondire sa culture philosophique. Le jeune homme souffre cependant de son isolement jusqu’à la rencontre, en 1889, de Frédéric Amouretti avec qui il partage une passoin pour le félibrage. Maurras lit et fréquente aussi deux écrivains majeurs du temps, Maurice Barrès et Anatole France. Le premier, son ainé de six ans, a repéré sa recension de Sous l’oeil des barbares. Le second, d’une autre génération (né en 1844), le prend sous son aile à l’heure où ils ont en partage le goût d’une langue française classique et le scepticisme religieux.

      En 1891, au lendemain d’une crise boulangiste qu’il a suivie de loin tout en marquant une sympathie pour le nationalisme naissant, Maurras se lance avec Amouretti dans un projet littéraire à dimension politique, la création d’une école romane inspirée de l’oeuvre du poète Jean Moréas (Cf Célébration nationales 2010 p85). Célébrant la Méditerranée, la romanité et l’hellénisme, l’école romane est inséparable d’une volonté de reviviscence du félibrige jugé somnolant malgré Mistral : l’heure est la « Déclaration des jeunes félibres ». La voie est ouverte vers le « nationalisme integral » qui articule nationalisme et fédéralisme. Il y manque la clé de voûte monarchiste que le jeune journaliste ramène de son séjour athénien en 1896 : « il nous fallait enfin rétablir ce régime si nous ne voulions être les derniers des Français. Pour que vécût la France, il fallait que revînt le roi. »

      La doctrine maurrassienne a donc pris forme avant l’affaire Dreyfus où il s’engage. Antidreyfusard, il déconce « le syndicat de la trahison » que symbolise « l’Anti-France », celle des « quatre États confédérés » (juifs, francs maçons, protestants et métèques). Maurras ambitionne également de refonder le nationalisme sur la base de la squelettique Action française créée en 1898. Dix ans plus tard, le jeune écrivain journaliste est devenu le chef de file d’une école dont il est le maître incontesté. L’Enquête sur la monarchie (1901) marque les esprits au plan doctrinal. Viennent ensuite les structurees, ligue et Institut. Puis en 1908, le journal L’Action française. Maurras y est très attaché. Jusqu’en 1944 il y passe ses soirées et ses nuits, écrivant son article quotidien, largement lu et commenté. Adversaire du régime républicain, Maurras en a été le procureur impitoyable, sauf pendant le premier conflit mondial où il a multiplié les appels à la mobilisation pour obtenir la victoire sur une « Allemagne éternelle » détestée. Le début des années vingt marque l’apogée de l’influence culturelle de l’Action française mais la condamnation pontificale de 1926 lui porte un coup sérieux. Maurras rebondit au tournant des années trente sur fond de crises et de scandales (Stavisky) qui débouchent sur l’émeute du 6 février 1934. L’épisode met en cause la fonction de chef politique d’un maître dont de jeunes militants attirés par le fascisme, déplorent l’écart entre la virulence des discours et l’inéfficacité des actions conduites contre le régime. En 1940, Maurras rallie le maréchal Pétain, « divine surprise » à l’heure de la défaite. Resté aussi antiallemand et antinazi que par le passé, il n’en est pas moins un pétainiste convaincu et avalise l’ensemble de la politique conduite par l’État français. Au temps de l’épuration, Maurras incarne pour ses adversaires la figure du « mauvais maître » et est condamné à la réclusion à perpétuité et à la dégradation nationale. interné à Clairvaux de 1947 à 1951, Maurras, qui n’a jamais admis sa condamnation, noircit des milliers de pages et oeuvre à la révision de son procès. Bénéficient d’une grâce médicale en mars 1952, il est assigné à résidence à la clinique Saint-Grégoire de Tours où il décède le 16 novembre 1952 muni des derniers sacrements.

      Olivier Dard
      professeur d’histoire contemporaine à l’université Paris-Sorbonne

    • Et la notice de Chardonne

      https://twitter.com/PhMarliere/status/959477403843268608

      *Jacques Chardonne*

      Barbezieux (Charente), 2janvier 1884 – La Frette-sur-Seine (Val-d’Oise), 29 mai 1968

      Qui lit encore Chardonne ? Plus grand monde, tant le goût de l’action, du sensationnel, de la superficialité prévalent dans la littérature actuelle ou ce qui en tient lieu. On pourrait cependant, pour parodier le titre d’un de ses livres, avancer que Chardonne, c’est beaucoup plus que Chardonne. Au-delà de l’image décriée du bourgeois profincial, conservateur voire réactionnaire, un auteur délectable. Un styliste délicat, doté d’un rare sens des nuances.

      Les « hussards » le considéraint comme un maître. Jean Rostand le tenait pour « le plus grand prosateur de notre temps ». François Mitterand lui-même partageait cette opinion et admirait son compatriote charentais.

      Chardonne était issu, côté parternel, d’une famille de riches négociants en cognac. Il resta toujours fidèle à sa province et à son milieu. Nombre de ses personnages appartiennent à la grande bourgeoisie d’affaires. Ils évoluent dans l’univers qui fut celui de l’enfance du romancier, tempéré et rassurant. Secret et mystérieux toutefois. En témoigne Le Bonheur de Barbezieux (1938), au titre éloquent.

      Son thème principal d’inspiration est l’amour. Il en décortique les manifestations, les avatars, l’évolution, depuis L’Épithalame, publié en 1921. Non l’amour-passion des romantiques avec sa fatalité et ses excès. Pour lui, il n’est d’amour que conjugal. Et heureux. Encore ce bonheur est-il « traversé de fièvres qui ressembleraient à de la souffrance, sans quoi le bonheur ne serait que la mort. Cet état de vibration, c’est la vie. »

      Sa grande affaire fut donc d’analyser ces infimes « vibrations » qui président à l’évolution de l’amour et à ses métamorphoses. Son essai L’amour, c’est beaucoup plus que l’amour, qu’il considérait comme « le plus secret de [s]es livres, pourtant plein d’aveux », plaide pour la tranquilité du sentiment. Notion qu’il développe dans son oeuvre abondante de romancier. Laquelle y gagne en homogénéité.

      Lui reprochera-t-on une certaine pusillanimité devant les risque que fait encourir la passion ? Ce serait faire peu de cas d’une sensibilité vibrante qui n’en ignore rien, mais fait, en définitive, le choix de la quiétude. « J’ai vu des hommes et des femmes fidèles, des ménages heureux. Le plus souvent [...] la personne des époux disparaît : ils cessent de se voir et ne savent plus rien l’un de l’autre. » Cette dissolution dans une sorte de vide qui s’apparente au nirvana a quelque chose de bouddhique...

      Sa prose est à l’image de ses idées. D’une pureté, d’une limpidité toutes classiques. Légère, élégante, peuplée de métaphores, mais sans aucune rhétorique clinquante. Délibérément exempte d’effets. Un parti pris affirmé dans ce conseil à Roger Nimier : « Si on a trop d’esprit, l’éteindre. »

      Jacques Aboucaya
      écrivain et journaliste

    • D’après Claude Lorne sur le site d’extrême droite Polémia, Jacques Aboucaya aurait pour pseudo P.-L. Moudenc et « jusqu’à ces derniers mois critique littéraire de l’hebdomadaire Rivarol » et aussi « Jacques Aboucaya, célinien averti et biographe du polémiste Albert Paraz » (19/02/2012)

      à propos de Polémia : https://www.franceinter.fr/emissions/le-zoom-de-la-redaction/le-zoom-de-la-redaction-07-fevrier-2017

      https://framapic.org/TKCBfrqfShg6/DLlFepS9xkjz.jpeg