Suppression des devoirs à la maison

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  • Suppression des devoirs à la maison
    http://dcalin.fr/textoff/devoirs_1956.html

    1- Suppression des devoirs à la maison ou en étude
    Principes

    Des études récentes sur les problèmes relatifs à l’efficacité du travail scolaire dans ses rapports avec la santé des enfants ont mis en évidence l’excès du travail écrit généralement exigé des élèves. En effet, le développement normal physiologique et intellectuel d’un enfant de moins de onze ans s’accomode mal d’une journée de travail trop longue. Six heures de classe bien employées constituent un maximum au-delà duquel un supplément de travail soutenu ne peut qu’apporter une fatigue préjudiciable à la santé physique et à l’équilibre nerveux des enfants. Enfin le travail écrit fait hors de la classe, hors de la présence du maître et dans des conditions matérielles et psychologiques souvent mauvaises, ne présente qu’un intérêt éducatif limité.

    En conséquence, aucun devoir écrit, soit obligatoire, soit facultatif, ne sera demandé aux élèves hors de la classe. Cette prescription a un caractère impératif et les inspecteurs départementaux de l’enseignement du premier degré sont invités à veiller à son application stricte.

    Circulaire du 29 décembre #1956

    #était-ce_mieux_avant
    @heautontimoroumenos

    • Abrogée par la circulaire de simplification administrative n° 2009-185 du 7 décembre 2009.

      Avec la liste de plus d’un millier de circulaires abrogées :
      http://www.education.gouv.fr/cid50060/meng0926957c.html

      Dans un souci de simplification administrative, la présente circulaire porte abrogation de plus d’un millier de circulaires, instructions, notes de service ou notes, devenues obsolètes. Vous en trouverez la liste en annexe.
      Cette mesure a pour effet de réduire de moitié le nombre de circulaires de nos deux départements ministériels figurant au Recueil des Lois et Règlements.
      Pour l’avenir, nous invitons chaque direction ou service de l’administration centrale à procéder, de façon systématique, à la faveur de toute nouvelle publication de texte, aux abrogations rendues nécessaires par l’adoption de nouvelles règles. Cette démarche a pour objectif d’améliorer la sécurité juridique et l’accessibilité du droit, conformément au principe d’égalité devant la loi.

      Le ministre de l’Éducation nationale, porte-parole du Gouvernement,
      Luc Chatel
      La ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche
      Valérie Pécresse

    • En effet, en note, D. Calin précise son abrogation :

      « Les circulaires du 28 janvier 1958, n° 64-496 du 17 décembre 1964, n° 71-38 du 28 janvier 1971 rappellent cette première circulaire interdisant les devoirs écrits à la maison. En 1996, le Ministre F. Bayrou rappellera l’interdiction à nouveau. Sans plus de succès : à l’école primaire près de 70 % des enseignants déclarent donner tous les jours du travail à leurs élèves. »

      Les circulaires du 28 janvier 1958 et n° 71-38 du 28 janvier 1971 ont été abrogées par la circulaire n° 94-226 du 6 septembre 1994, en même temps que la présente circulaire. Je ne suis pas certain du statut exact de la circulaire n° 64-496 du 17 décembre 1964, mais elle semble toujours en vigueur.

      Donc qu’en est-il de la question des devoirs en primaire aujourd’hui ? La question est posée sur le site de Service-Public.fr (https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F21842) et la réponse est :

      Un enseignant ne peut pas donner à ses élèves un travail écrit à faire en dehors de la classe.
      Il peut donner :
      un travail oral (lecture ou recherche par exemple),
      ou des leçons à apprendre.

      La source de la réponse sur le site du Ministère est la page “Les Parents à l’École” (http://www.education.gouv.fr/cid50506/les-parents-a-l-ecole.html#Devoirs%20%C3%A0%20la%20maison) qui donne exactement la même indication.

      Je n’ai pas trouvé de circulaire bien précise depuis les abrogations mentionnées plus haut, et pour cause, le Café Pédagogique pointait ce flou réglementaire en 2012, et à ma connaissance rien n’a changé depuis :

      Malgré tous ces rappels, ce qui est plus nouveau dans le rapport c’est que les inspecteurs ne sont pas certains qu’ils soient réellement interdits ! "Les devoirs à la maison sont-ils toujours interdits ? Sur le plan réglementaire, la réponse est pour le moins ambiguë", note le rapport. "En effet, la circulaire de septembre 1994 a abrogé les circulaires antérieures qui interdisaient les devoirs à la maison. Elle n’a maintenu cette interdiction qu’au motif qu’il existait, sur le temps scolaire, un temps réservé aux études dirigées et aux devoirs. Or ce temps, qui n’était pas déterminé dans les programmes de 2002, a complètement disparu des horaires et des programmes de 2008. Faut-il ou non en déduire que les devoirs qui pouvaient être faits sur le temps d’étude dirigée inclus dans la journée scolaire peuvent l’être sur le temps d’étude qui suit la journée scolaire ? Peut-on faire des devoirs durant les études dirigées ? Sur le plan réglementaire, la réponse doit également être clarifiée".

      La circulaire de 2008 « relative à la mise en place de l’accompagnement éducatif à compter de la rentrée 2008 dans les écoles élémentaires de l’éducation prioritaire » prévoit qu’il est possible d’apporter aux élèves « une aide au travail scolaire » qui leur permet « d’apprendre leurs leçons ou d’approfondir le travail de la classe ». Enfin un guide pratique réalisé par le ministère pour les parents parle bien d’aide aux devoirs. A partir de là comment ne pas penser que l’institution, sans le dire, encourage les devoirs à la maison ?

      (Source : http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2012/06/12062012Article634750759882820126.aspx)

      #éducation #devoirs_à_la_maison #relations_école_familles

    • Sur le fond du problème :
      – Des devoirs, la plupart du temps écrits, sont donnés par l’écrasante majorité des collègues. Certains surchargent les gosses, ne voient pas où est le problème et ne se posent aucune question.
      – À leur décharge, si certaines familles se plaignent de voir leurs gamins assommés de devoirs, il faut bien reconnaître que la plupart des familles sont rassurées par la présence de devoirs écrits à l’ancienne. La pression est forte sur les collègues qui en donnent peu ou pas car alors les familles s’inquiètent (“les enfants sont mal préparés au collège”, “les enfants ne peuvent pas progresser, ne sont pas assez poussés”) ou pallient avec des devoirs soient donnés par les parents eux-mêmes, ou trouvés sur internet, ce qui peut s’avérer plus contre-productif que de donner soi-même des exercices écrits cohérents avec les apprentissages en classe. L’automédication progresse aussi dans l’enseignement, pour ce que j’en vois plutôt pour le pire que pour le meilleur, mais j’ai peut-être un point de vue corporatiste :)
      – Le fait de donner ou non des devoirs est un des facteurs d’évaluation de l’enseignant.e par les familles. Ne pas en donner inquiète et peut pousser les familles vers le secteur privé, au moins celui de l’aide au devoir.
      – Les études montrent que les devoirs sont source d’inégalités, ou plus exactement qu’ils renforcent la corrélation entre réussite scolaire et milieu social.
      – Comme indiqué par D. Calin, les devoirs écrits sont contreproductifs en terme d’efficacité, de fatigue, mais aussi de plaisir : combien d’enfant sont dégoutés de l’École, des apprentissages, du plaisir d’apprendre en raison de la quantité, de la nature et/ou des modalités des devoirs ?

      Pourtant, j’en donne en suivant à la lettre les préconisations ci-dessus (travail oral), parce que les devoirs font pour moi la différence sur deux points cruciaux des générations d’élèves d’aujourd’hui : la concentration et la mémorisation.
      Donc s’offrir le soir, à l’oral, un court temps de (re)mémorisation de quelque chose déjà vu et fait en classe me paraît à la fois efficace et pertinent tout en limitant les effets de sur-fatigue et de renforcement des inégalités…
      C’est mon petit arrangement à moi… du coup, en dépit de mes explications, je sais que des familles renforcent en donnant du travail en plus… souvent contre-productif… quant il ne vient pas faire désapprendre ce qui est appris en classe…

    • Merci beaucoup @Pierre_Coutil. Toute cette lecture a été fort instructive (même si au collège, nous ne rencontrons pas le(s) même(s) problème(s) ).
      Nous avons maintenant le dispositif « devoirs faits » relativement efficace chez nous, ce qui évite dans une certaine mesure l’appel au privé et permet.
      Une question : la (nécessaire) mémorisation est-elle vraiment efficace pour certains élèves en surcharge cognitive à la fin de la journée ?

    • L’idée est qu’il y ait un temps de coupure entre le temps de classe et le temps de devoir.
      L’idée aussi est que ce temps de mémorisation est court et spécifique.
      Par exemple, relire les 2 à 5 mots à apprendre, étudiés et décortiqués en classe, avant de se coucher est une bonne idée.
      Faire faire 20mn de copie à son gamin entre 18h40 et 19h00, non. Lui faire faire 20mn de calcul mental avant de le coucher non plus. Mais tenter 5 calculs quotidiens à l’oral entre la sortie du bain et le repas, oui.
      Bref, on voit là que tout cela est très dépendant du temps familial, de sa fluidité, de la disponibilité parentale et donc très lié aux inégalités sociales.
      Reprendre 10mn de lecture après l’école et après un temps de décompression (gouter, activité périscolaire, activité sportive…), pour ce que j’ai pu observer la différence, toute chose étant égale par ailleurs.
      Ce n’est pas magique, c’est juste qu’on offre à l’enfant un temps de mémorisation supplémentaire, souvent dans une relation duelle, à un moment où il peut y avoir une disponibilité. C’est pourquoi ce doit être court.
      C’est pourquoi aussi les opérations « Devoirs faits » comme tout dispositif similaire dépend énormément des modalités proposées… et le plus souvent elles ne sont pas bonnes. Horaires n’ayant pas permis une coupure, personnel non-formé qui, du coup, monte en exigence, faute de comprendre l’attendu, etc.