“Taxer les lectures de manifestations littéraires, c’est une histoire de cornecul”

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  • “Taxer les lectures de manifestations littéraires, c’est une histoire de cornecul”
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    La taxation semblerait défendable uniquement dans le cas de véritables spectacles portés par des comédiens et une production, « lorsque par exemple Édouard Baer lit Modiano en faisant une série de dates dans un théâtre puis une tournée ». Il faut vraiment faire la distinction entre les opérateurs de la vie littéraire et ceux du spectacle. Ils agissent dans des économies et des logiques de production bien différentes - ce qui n’empêche d’ailleurs pas certaines complémentarité.

    « Quand La Grande Sophie et Delphine de Vigan expérimentent une lecture musicale pour le festival littéraire Tandem à Nevers puis la présentent à la Maison de la Poésie, nous jouons le rôle de laboratoire créatif, d’incubateur. Il se trouve qu’à la suite de cela, un producteur intervient pour que cela devienne un spectacle en finançant un temps de résidence puis en organisant une véritable tournée. On bascule alors dans une autre économie qui peut assumer une redevance sur les recettes. Au fond, on revient dans le périmètre qui est celui des adaptations scéniques et pour lequel agissait la SACD avant l’arrivée maladroite de la SCELF sur ce champ. »

    Au cours des dix dernières années, note Bertrand Morisset, les coûts ont été démultipliés pour les organisateurs d’événements – notamment pour ce qui touche à la sécurité. « La prise de conscience et le soutien qu’apportera le CNL en sont une preuve. » Est-il raisonnable, ou pertinent, d’ajouter un coût qui n’a aucune consistance économique ? « Qu’on nous lâche : laissez-nous faire des salons magnifiques, qui mettront les auteurs en contact avec leurs lecteurs, et les inciteront à produire un nouveau livre, plus beau, plus inspiré. »

    Et de poursuivre : « Quand on en arrive à se demander combien on pourrait taxer une manifestation, pour une lecture faite par un auteur, c’est une histoire de cornecul, de cornegidouille. Qu’on réfléchisse plutôt à la manière de lever 50 millions € pour que les festivals rémunèrent plus encore les auteurs et les éditeurs. Que les visiteurs viennent gratuitement, assister à de belles rencontres, qui raviveront l’envie de lire, le goût des livres. »

    Le temps et l’énergie investis dans les négociations aujourd’hui, démontre l’absurdité de toute cette démarche. « Nous sommes, nous organisateurs, responsables redevables de l’argent public, donc des impôts des français, qu’on nous confie. Et notre mission est de transmettre ce plaisir que donnent les auteurs. Qu’on exonère tout le monde, durant cinq ans, et ensuite, réfléchissons ensemble... »

    #Edition #Lecture_publique #SCELF