« En arrière-plan du débat sur l’héritage de la colonisation, l’imaginaire linguistique qu’elle a construit
Le débat actuel qui réexamine l’héritage de la colonisation oublie souvent l’imaginaire linguistique qu’elle a construit. Il charrie pourtant bien des stéréotypes, le plus connu étant peut-être le parler " petit-nègre ", popularisé par le célèbre " y a bon Banania ". On connaît moins les différents relais qui ont construit ce stéréotype, avec lequel ceux qui se sont lancés dans ce que l’on a appelé l’" aventure coloniale " ont débarqué sur ce continent, et parmi ces relais toute une littérature d’aventures, qui a rempli d’images la bibliothèque intérieure de ces " fous d’Afrique ", comme les appelle le journaliste Jean de La Guérivière : " En avisant un Noir de forte encolure qui, assis sur une de ses cantines renversées, fume nonchalamment un brûle-gueule noirci, il lui dit en style télégraphique - car ses lectures lui ont enseigné que les Noirs ne parlent qu’au mode infinitif - "Toi porter mes bagages à la douane, moi payer toi". " (Maurice Delafosse, Broussard ou les états d’âme d’un colonial.)
Table
Abstract
Prémisses
Le « petit-nègre » et ses débuts
« Bécassine », « Les Pieds-Nickélés » et « Bab-Azoum » (1909-1920)
« Zig et Puce » de Saint-Ogan, le pionnier (1927-1933)
« Tintin au Congo » d’Hergé (1ère éd. : 1930-31 ; 2e éd. : 1946)
« Tintin au Congo » : de la 1ère à la 2ème édition
« Petit-nègre » en sourdine et langues africaines ou pseudo-africaines
Rob-Vel et Jijé : les premiers « Spirou » (1939-1943) et « Jojo » (1937-1939)
Le « petit-nègre » dans le « Spirou » d’après-guerre : Franquin, Greg, Fournier, Tome et Janry (1946-1993)
« Blondin et Cirage » : Jijé et Hubinon (1951-1954)
« Les Pieds Nickelés » d’après la Seconde Guerre Mondiale (Pellos et les autres : 1959-1977)
Hergé : « Coke en stock » (1ère éd. : 1959 ; 2e éd. : 1967)
Le « petit-nègre » dans les Bd de sujet militaire : « La Patrouille du Caporal Samba » (2003) et « Boule de Neige, Tirailleur Sénégalais » (1940)