Je ne fais pas une vraie #dépression - La Presse+
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Je me permets un parallèle, pour reprendre une question à laquelle on a beaucoup réfléchi, collectivement, récemment : un peu comme le système de justice persiste à juger les agressions de nature sexuelle avec les mêmes critères et procédures que les autres crimes en dépit du caractère visiblement inique de ces méthodes (où l’accusé peut rester confortablement assis dans son box pendant qu’on crucifie les victimes devant le tribunal), le monde du travail continue souvent à jauger la maladie mentale à travers un filtre qui ne lui convient pas : celui des maladies physiques. Je disais tout à l’heure que j’avais le cerveau foulé, c’était la meilleure métaphore que j’aie pu trouver et elle dénote bien notre façon de voir à tous.
En réalité, si mon cerveau était foulé comme une cheville, il serait plus facile de mettre une date sur mon retour au travail et de mesurer adéquatement mon degré d’invalidité.
Mon processus de guérison progresserait graduellement et ne serait pas affecté par le fait que le reste de ma vie soit en train de s’écrouler. Il n’y aurait ni rechutes ni faux espoirs. Mais ce n’est pas comme ça que la dépression en particulier fonctionne. Elle ne m’empêche pas de parler. Elle ne m’empêche pas d’avoir de bonnes journées. Elle ne m’empêche pas de désirer réellement m’en sortir et d’avoir parfois envie de revivre et de voir du monde. Sauf qu’à chaque fois, elle trouve le moyen de revenir à la charge et de me tuer.