« Sur 80 résidents, 40 sont infectés » (ex. donné sur 1 Ehpad). Mais « Il faut agir vite » ne signifie pas ici tenter de sauver les pers. âgées infectées mais les aider à mourir ds la dignité, car non seulement elles sont abandonnées à une mort quasi certaine, ...mais les conditions de leur fin de vie sont indignes (pas d’Hypnovel ni de morphine, personne pr prescrire...). Même situation inhumaine ds les centres d’accueil de pers. lourdement handicapées.
Les vieux, les handis lourds, les malades psy, les sans-abris 1ers à l’abandon...
« A l’hôpital, il y a dix jours nous avions de la place et on pouvait si besoin hospitaliser les plus fragiles. Maintenant, c’est difficile. On évalue, on arrive encore à prendre les patients qui s’aggravent dans notre service de gériatrie, et on n’a pas encore beaucoup de décès, mais cela arrive », raconte la gériatre. A Bicêtre, il y a 38 lits de gériatrie, bientôt 5 de plus. Ce week-end, 34 étaient occupés par des personnes âgées infectées.
Cela va déborder. Et les digues sont à construire au plus vite. « Il faut trier les infos, il faut des médicaments, il faut surtout gérer les choses du quotidien, poursuit la Dr Ravier-Lebrun qui s’appuie sur ce qui s’est passé dans l’est de la France. L’expérience de nos collègues de Strasbourg nous a montré qu’ils n’ont pas pu hospitaliser les résidents, et que donc certains allaient mourir dans leur Ehpad. C’est ce qui se va se passer en Ile-de-France. Il faut de toutes urgences s’y préparer, trouver des volontaires pour aller, la nuit, dans ces établissements. Aider les gens à mourir. On doit bien ça à ces personnes seules, sans proches, ni famille. » Elle ajoute : « C’est très dur pour le personnel. Beaucoup d’entre eux sont angoissés, en arrêt de travail. Dans les 19 Ehpad, il manque de tout. Ou presque. Ainsi, dans l’un, c’est la directrice qui s’occupe de la lingerie, l’employée étant malade. Dans un autre, sur 80 résidents, 40 sont infectés. » Elle se souvient : « Et dire qu’il y a quinze jours, il n’y avait pas un cas. On va vers une #hécatombe. Tous ne vont pas mourir, il faut le dire aussi, ce n’est pas parce que vous êtes vieux, dans un Ehpad et infecté, que vous allez forcément mourir. »
« Les familles sont à bout »
Comme se sentent les résidents ? « Ils sont parfois très angoissés ou assez détachés, cela dépend, raconte la Dr Ravier-Lebrun. Mais les familles sont à bout, angoissées, elles sont à l’extérieur, elles ne peuvent pas venir le soir. On essaye de monter des Skype, là aussi on a besoin de bénévoles. »
Le défi est immense. A cela vient s’ajouter une lourdeur typiquement française : l’Hypnovel (ou Midazolam, un médicament qui permet d’accompagner le plus doucement possible une agonie), n’est pas disponible pour les Ehpad, la réglementation tardant à évoluer en dépit d’affaires récentes (1). « Il y a d’autres protocoles certes, avec des produits comme le Rivotril et le Valium, et à présent on fait avec. Mais encore faut-il qu’il y ait des médecins qui puissent faire la prescription puis l’injection, puis accompagner. »