Agressions sexuelles : pour atteindre Weinstein, le proc attaque son studio

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  • Agressions sexuelles : pour atteindre Weinstein, le proc attaque son studio
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    C’est tout le sens de cette procédure du procureur de New York : montrer que toute la Weinstein Company, du sol au plafond, était au courant des agissements du mogul. Voire, pour certains salariés, complices. Les 38 pages de l’assignation racontent un « environnement de travail toxique pour les femmes » et décrivent, au sein de l’entreprise, de nombreux incidents et agressions verbales ou physiques, des intimidations, menaces, harcèlement, des propos sexistes ou homophobes, des séances d’exhibitionnisme devant des employées, du chantage pour obtenir des faveurs sexuelles, avec la menace de représailles en cas de refus… A chaque fois ou presque, précise le document, la direction des ressources humaines a été saisie (mails, témoignages ou documents internes à l’appui), mais n’a pas donné suite. Ni enquête, ni sanction, ni mesures de protection. Et dans certains cas, un règlement financier avec clause de confidentialité, et départ de la salariée.
    « Rabatteuses »

    Mais la direction ne faisait pas que fermer les yeux : l’enquête du bureau du procureur met au jour l’organisation quasi industrielle du système sordide mis en place autour de Weinstein pour satisfaire son appétit sexuel. Des groupes d’assistantes qui jouent les « rabatteuses »pendant des événements ou soirées mondaines pour identifier des actrices aspirantes ou des femmes intéressées par une collaboration professionnelle avec TWC, et les amadouer. D’autres, qui actualisent une liste de noms de femmes acceptant des rapports sexuels avec Weinstein, les « FOH » (« friends of Harvey »), classées par ville, avec leurs coordonnées. Des équipes qui ménagent, dans son emploi du temps, des créneaux pour ses rendez-vous sexuels (appelés « personals » en interne). Et qui préparent des pièces dans les bureaux de TWC pour ceux-ci (et nettoient après). D’autres employés, enfin, qui lui fournissent, avec la carte de crédit de l’entreprise, de quoi se faire des injections contre le dysfonctionnement érectile. Selon l’assignation, une salariée a perçu un bonus sur son salaire pour lui avoir procuré ce traitement… Les cadeaux offerts aux « amies » de Weinstein (fleurs, robes, lingerie), et les chambres d’hôtels où avaient lieu certains rendez-vous, étaient payés avec l’argent de l’entreprise, et comptabilisés comme « frais professionnels ».

    Quant aux cadres, « ils étaient suffisamment au courant de l’existence des "personals" pour savoir que ceux-ci duraient généralement entre vingt-cinq minutes et une heure, affirme le document. Apprenant que Harvey Weinstein était avec une "amie", certains cadres, contactant ses assistants pendant ses "personals", demandaient souvent à quelle heure le rendez-vous avait débuté pour estimer à quelle heure il se finirait ».

    #fraternité #culture_du_viol #prédation