• Le gouvernement veut le droit de vote « inconditionnel » des personnes handicapées
    http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2018/07/15/97001-20180715FILWWW00006-le-gouvernement-s-engage-pour-le-droit-de-vote-in

    La secrétaire d’État chargée des Personnes handicapées, Sophie Cluzel, s’engage aujourd’hui pour le droit de vote « inconditionnel » des personnes handicapées, promettant qu’ils n’auront bientôt plus à « craindre de se voir retirer » ce droit.

    « Gvt échangerait volontiers réduction AAH contre droit de vote inconditionnel. »

    • Je vais tâcher de prendre de très profondes respirations avant de commenter cet article.

      La secrétaire d’État chargée des Personnes handicapées, Sophie Cluzel, s’engage aujourd’hui pour le droit de vote « inconditionnel » des personnes handicapées, promettant qu’ils n’auront bientôt plus à « craindre de se voir retirer » ce droit. « En France, aujourd’hui, près de 350.000 personnes handicapées mentales ou psychiques n’ont pas le droit de vote car un juge des tutelles les a déclarées inaptes à participer à la vie citoyenne », déplore la ministre dans une tribune publiée dans le Journal du dimanche.

      En attendant les exercices de respirations, je note d’emblée dans cette déclaration de la ministre une façon très malhonnête de présenter le travail des juges des tutelles. Ces juges seraient méchants et méchantes de procéder de la sorte. Ben c’est juste admirablement plus compliqué que cela et pour y avair été confronté très récemment, quand on est devant un juge des tutelles pour un de ses proches, le droit de vote c’est juste le cadet de nos soucis.

      Et un peu d electure pour la ministre à propos des juges des tutelles : https://seenthis.net/messages/669342

      Pour le reste, je me calme un peu et ensuite je tâche de commenter cette affaire sans m’énerver (ça va pas être facile !)

    • Le gouvernement veut le droit de vote « inconditionnel » des personnes handicapées

      Le gouvernement s’achète une bonne image à peu de frais, celle de défenseur des droits des personnes handicapées, droit dont le gouvernement se contrefout, il n’y a qu’à voir sur le terrain la désertion grandissante de l’engagement de l’état justement. On note également comme a précision qu’il s’agit de handicap mental saute de temps en temps, ce qui permet de laisser planer le doute sur le droit de vote d’une personne en fauteuil, aveugle, sourde, ou souffrant de tout autre handicap. Cet oubli n’est pas anodin, il permet d’augmenter artificiellement le mérite du gouvernement.

      La secrétaire d’État chargée des Personnes handicapées, Sophie Cluzel, s’engage aujourd’hui pour le droit de vote « inconditionnel » des personnes handicapées, promettant qu’ils n’auront bientôt plus à « craindre de se voir retirer » ce droit. « En France, aujourd’hui, près de 350.000 personnes handicapées mentales ou psychiques n’ont pas le droit de vote car un juge des tutelles les a déclarées inaptes à participer à la vie citoyenne », déplore la ministre dans une tribune publiée dans le Journal du dimanche.

      Présenté comme cela, on comprend que l’ennemi des personnes handicapées c’est le ou la juge des tutelles. C’est d’autant plus adroit que rarement les personnes handicapées et leur proches vivent bien leur passage devant le juge des tutelles. C’est un moment douloureux pour toutes et tous, nul ne peut a priori se réjouir d’avoir un jour à se rendre chez un ou une juge des tutelles pour demander ou se faire imposer une mesure de protection pour son enfant ou son proche. De la part de l’exécutif, on ne se réjouira pas d’une telle marque de dédain vis-à-vis de la justice et de ses juges.

      Naturellement c’est nettement plus compliqué que cela. Je renvoie qui veut approfondir le sujet à cet excellent article de Pascale Robert-Diard dans Le Monde à propos des juges des tutelles (si une âme charitable, et abonnée, pouvait en faire le copié-collé ici ce serait drôlement bath)

      http://www.lemonde.fr/police-justice/article/2018/02/01/aux-tutelles-face-a-la-mort-civile_5250125_1653578.html

      En effet, en vertu de l’article 5 du code électoral, un juge peut suspendre le droit de vote aux majeurs sous tutelle, une situation qui peut concerner, par exemple, des personnes handicapées ayant une incapacité à s’exprimer.

      Ne dit-on pas s’exprimer par le vote. Donc au gouvernement, ils et elles n’ont rien de plus pressant à faire que de rendre un droit à des personnes qui ne peuvent pas en faire usage, précisément parce que ces personnes sont dans l’incapacité (épouvantable, quand on y pense) de s’exprimer.

      Posons-nous la question pratiquement. Une personne qui serait dans cette incapacité de s’exprimer devra-t-elle, seule dans l’isoloir, insérer le bulletin de vote de son absence de choix, et quelle est alors la probabilité pour que ce vote ne soit pas nul, parce que son enveloppe contient plusieurs bulletins, voire tous, ou que la personne handicapée mentale dans l’incapacité de s’exprimer a par ailleurs inscrit ou dessiné quoi que ce soit sur ce bulletin, se soit mouchée avec ou que sais-je encore ?

      Du coup il faudra que la personne handicapée mentale dans l’incapacité de s’exprimer soit accompagnée dans l’isoloir, je ne suis pas juriste mais je présume qu’il existe un article de loi électorale qui doit s’y opposer. Donc il faudra présenter une carte de besoin d’accompagnement pour accompagner cet électeur ou cette électrice fragiles. Et du coup qui vote ?

      Avant 2009, l’avis du juge était obligatoire, mais une réforme avait alors inversé la logique en consacrant le droit de vote, sauf avis contraire du juge. La secrétaire d’État avait déjà assuré, en février, qu’elle souhaitait aller plus loin, en supprimant cette possibilité pour le juge.

      Là encore on voit bien comment c’est abonder dans le sens d’un portrait peu flatteur du ou de la juge, celui de privatrice de liberté. S’agissant des tutelles ou des curatelles c’est effectivement réducteur d’autant que tutelles et curatelles sont surtout destinées à protéger la personne mise sous un telle mesure que justement on appelle mesure de protection.

      Le 9 juillet devant le Congrès réuni à Versailles, « le président de la République a pris un engagement » : le « retour vers la citoyenneté pleine et entière des personnes sous tutelle », se réjouit Mme Cluzel, y voyant « une grande victoire » pour les personnes handicapées « qui se battent depuis plus de trente ans pour faire reconnaître le caractère inconditionnel » de ce droit et n’auront désormais « plus à craindre » d’en être privées.

      Ici encore on peut s’interroger sur l’absence de précision (mentales) pour les personnes seulement qualifiées d’handicapées. Je ne sais pas si les personnes handicapées mentales se battent elles-mêmes pour un droit ou si ce sont leurs proches qui se battent pour un tel droit, je pense que ce sont plutôt les proches et les connaissant un peu, pour en faire partie, ce n’est pas tant pour le droit de vote de nos enfants ou parents handicapés mentaux que nous nous battons mais bien davatange pour leur vie dans des conditions dignes et respectueuses de leur handicap mental, et nous ne sommes pas dupes que cette mesure annoncée avec grand fracas (devant le Congrés qund on y pense) a surtout la vertu de faire oublier que, nul doute, le budget de l’Etat précisément pour assurer ces conditions de vie et d’éducation sera rogné, nécessité budgétaire oblige, celui-là et tous les budgets qui coûtent un pognon de dingue.

      « La volonté et la possibilité d’exprimer ses choix ne dépendent pas d’un niveau d’indépendance économique, culturelle ou sociale ni d’un niveau de connaissance mais relèvent de la qualité intrinsèque de l’être humain. On ne naît pas égaux devant les lois de la vie, mais les lois de la République doivent nous permettre de le devenir et de le rester », écrit-elle.

      Ce discours pseudo républicain aux accents pincés de voix radiophoniques de la quatrième république est grandiloquent, on dirait du Malraux, c’est de la poudre aux yeux, une écran de fumée qui cache la montagne de l’incurie de l’état français en la matière.

      Par ailleurs, les personnes handicapées mentales et leurs proches en ont plein le cul de servir si souvent de valeur refuge de la république, ces personnes et leurs proches savent au contraire à quel point ce mensonge républicain est transparent, ils et elles font l’expérience quotidienne de cette transparence toxique.

      #peigne-culs (finalement je n’ai pas attendu d’être calme)

    • Le gouvernement sucre la prime d’activité aux travailleurs invalides - Capital.fr
      https://www.capital.fr/votre-argent/le-gouvernement-sucre-la-prime-dactivite-aux-travailleurs-invalides-1297533

      Un nouveau mode de calcul de la prime d’activité est appliqué depuis le 1er juillet. Les travailleurs qui touchent une pension d’invalidité en subissent les conséquences de plein fouet.

      Invalide certes, c’est pas tout à fait pareil que handicapé. Mais avec le droit de vote inconditionnel bon sang ! Faudrait pas mégoter sur les « valeurs » de la République (avec les trémolos dans la voix).

  • http://www.lemonde.fr/police-justice/article/2018/02/01/aux-tutelles-face-a-la-mort-civile_5250125_1653578.html

    En France, on évalue à près de 700 000 le nombre de « majeurs protégés ». L’expression est pudique. Elle ne dit pas le désarroi, la vieillesse et ses naufrages, la vulnérabilité et la cruelle lucidité, la révolte impuissante, la soumission poignante, le chagrin des proches, les déchirements fratricides, l’argent qui empoisonne tout quand il y en a beaucoup et ronge quand il manque. Pour cela, il faut pousser la double porte capitonnée des cabinets des juges des tutelles et s’arrimer bien fort, parce que ça secoue.

    Encore un article parfait de Pascale Robert-Diard sur un sujet tellement complexe.