Lui, il dit être venu afin de pouvoir regarder les accusés dans les yeux et leur demander s’ils savaient qu’ils hébergeaient des terroristes. Son témoignage a suscité un échange surréaliste avec les prévenus qui avait jusque là gardé le silence face aux récits des victimes. Aux questions de Billal, Jawad Bendaoud répond : « Même si je vais en prison, je veux que tu saches que je savais pas ». Youssef Aït Boulhacen, recroquevillé derrière sa capuche pour ne pas qu’on le dessine, crie « On ne choisi pas sa famille ! Je ne savais pas. » Billal est presque le seul à s’adresser directement aux accusés. Pendant quelques minutes, c’est tout le dispositif et le rituel du tribunal qui a semblé s’effacer pour laisser place à une confrontation sans médiation, entre personnes égales. Billal, fût d’ailleurs la seule victime à demander la relaxe de Jawad Bendaoud, convaincu que ce dernier ne savait pas qu’il hébergeait les tueurs du Bataclan.