Le dernier des paysans - CQFD, mensuel de critique et d’expérimentation sociales

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  • Le dernier des paysans par Jean-Claude Leyraud
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    Là où la ville pousse ses tentacules péri-urbains, l’agriculture doit disparaître ou se mouler dans des activités d’entertainment pour citadins déracinés et nostalgiques en mal de « nature » mise en boîte. Où spéculation immobilière, développement durable et électorat FN font bon ménage…

    La zone péri-urbaine d’Avignon progresse rapidement. Les gens qui vivaient dans un rayon de dix kilomètres autour de la cité ont vu en quelques années leur lieu de vie se transformer en cité-dortoir. Nombreux sont ceux qui sont allés habiter un peu plus loin, prolongeant le phénomène.

    Ainsi, en moins de dix ans, le village de Vedène est devenu une petite ville de dix mille habitants. Les nouveaux venus, comme les anciens, prenant brutalement conscience de la catastrophe en cours, n’ont rien trouvé de mieux que de voter Marine Le Pen, la plaçant en tête (30 %) au premier tour de la présidentielle. Dans cette commune, le bétonnage s’est fait aux dépens des terres agricoles, au point qu’il ne reste guère qu’une exploitation agricole conséquente, le Domaine de Flory. Et bien sûr ce dernier « espace de respiration » – comme disent les autorités – est menacé d’asphyxie : il y a six ans, l’ancienne municipalité a conclu un accord avec la Communauté d’agglomération du grand Avignon (la Coga) pour un projet d’éco-quartier, « développement durable » oblige, qui s’étendrait sur vingt-quatre hectares, avec à la clé une première tranche de trois cent cinquante logements (neuf cents sont prévus à terme), dont une part de logements sociaux, une zone commerciale, un centre aéré – pour ceux qui, décidément, manqueraient d’air –, et l’infrastructure routière qui va avec. Pascal, jeune agriculteur qui a repris l’exploitation familiale, n’en veut pas, de ce projet.