• Pourquoi l’usage des pesticides persiste malgré leur dangerosité ?
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    Le premier frein est économique : beaucoup d’agriculteurs craignent de perdre en rentabilité en abandonnant les pesticides. Un souci d’autant plus compréhensible que leurs revenus sont déjà souvent très bas. Pourtant, comme l’a montré un rapport d’experts remis fin 2017 au gouvernement, l’équation n’est pas toujours si simple.

    Dans certaines exploitations, l’expérience a montré que les pesticides pouvaient être supprimés sans baisse de rendement – c’est particulièrement vrai pour les désherbants. En s’appuyant sur l’expérience du réseau de fermes expérimentales Dephy, les auteurs du rapport soulignent que les agriculteurs peuvent maintenir leur rendement (dans 94 % des cas) et leur revenu (78 %) en utilisant un tiers de pesticides en moins que la moyenne.
    Beaucoup d’agriculteurs vaporisent des insecticides en prévision, comme une « assurance-récolte »

    Les auteurs reconnaissent toutefois que la réduction des pesticides peut s’avérer beaucoup plus difficile pour certaines cultures (le blé, par exemple) et pour faire face à certains risques, comme l’émergence de nouveaux nuisibles, qui « rend parfois nécessaire le traitement ». En plus de cela, beaucoup d’agriculteurs vaporisent des insecticides en prévision d’une possible contamination, comme une « assurance-récolte »… même si cela s’avère in fine inutile dans la plupart des cas. Pour contrer ce comportement, une solution consisterait à mettre en place de véritables assurances, comme cela s’est fait en Italie en 2014.

    La structure même du marché des pesticides pose aussi problème : beaucoup des coopératives et entreprises de négoce qui conseillent les agriculteurs sont dans une forme de conflit d’intérêts, puisqu’ils vendent aussi eux-mêmes des pesticides. Ils ont donc intérêt à les maintenir une dépendance à ces produits. Pour faire face à ce problème, le gouvernement envisage d’interdire prochainement la confusion entre ces deux activités.

    La clé de la réduction de l’utilisation des pesticides réside toutefois dans la mise au point de solutions de substitution efficaces. Par exemple, les insecticides chimiques peuvent être remplacés par des filets de protection, des produits de confusion sexuelle ou des pièges à hormones.

    Selon les spécialistes, c’est du côté des désherbants, comme le glyphosate, que l’étendue des alternatives est aujourd’hui suffisamment crédible pour envisager une réduction drastique de leur usage. Du grattoir à la désherbeuse mécanique, en passant par la projection de vapeur ou l’usage d’herbicides naturels, de nombreuses solutions sont déjà utilisées au quotidien par les communes françaises depuis qu’elles ont cessé d’utiliser du glyphosate, début 2017.

    Une leçon politique plus générale : il ne suffit pas de dénoncer et éventuellement interidre, il faut proposer des alternatives.

    #Pesticides #Perturbateurs_endocriniens #Economie #Agriculture