Soudaine passion de la presse pour le sort d’une confrère

/?updatedthumbnail10

  • Soudaine passion de la presse pour le sort d’une confrère

    https://la-physis.fr/posts/soudaine-passion-de-la-presse/?updatedthumbnail10

    Un événement du week-end a retenu toute l’attention de la presse française : il s’agit du départ d’Aude Rossigneux du Média, site d’information et d’émissions culturelles et politiques indépendant. Cette affaire aura sans doute suscité davantage d’intérêt que son lancement le 15 janvier, et le déchaînement de la corporation en atteste.

    Prenons les choses dans l’ordre. Samedi a 24 février 2018 à 18h16, le site « électron libre » publie une lettre d’Aude Rossigneux annonçant son « licenciement » du Média. Le chapô de l’article dénonce une « éviction sans ménagement qui n’a rien à envier à ce qui se fait chez d’autres entreprises de média » et va jusqu’à questionner l’ « indépendance » du site d’informations. S’ensuit la lettre elle-même, écrite sous le coup de l’émotion et pleine de ressentiments, pas vraiment étayée mais pathétique à souhait pour les journalistes en quête de sensationnalisme. Et les mots d’Aude - « brutalité (x3) », « violence », « burn-out » - d’être repris partout et avec une rapidité rarement égalée dans les rédactions un samedi soir. Alors, on doute, parce que c’est leur but. Et puis on réfléchit. On connaît leurs méthodes. On découvre que le site « électron libre » est sous le contrôle d’un certain Emmanuel Torregano, dont une des préoccupations récurrentes sur Twitter [1] [2] [3] consiste à railler Aude Lancelin, dégagée de l’Obs pour raisons politiques, à cause de sa critique des médias et de leur dépendance vis-à-vis de leur actionnariat.

    Dans un communiqué destiné aux socios le 26 février, les conditions du départ d’Aude sont révélées précisément, la chronologie est minutieusement détaillée. On apprend qu’elle n’a pas été licenciée. La nature de sa collaboration devait changer suite à une rupture de sa période d’essai, deux émissions lui avaient été proposées à la place, elle devait commencer l’une d’elles en mars. Il n’avait jamais été question qu’elle parte. Ses allégations sur les nombreux « arrêts de travail » censés démontrer l’ambiance de travail difficile étaient mensongères. Tout le scénario du « licenciement brutal » (Le Parisien, BFMTV, Le Monde…) est invalidé. Pour ceux qui ont accès à l’information, le récit journalistique du week-end s’en trouve ridiculisé, et le retour de boomerang aura fait pas mal de dégâts. Mais peu importe : pour la majorité, c’est elle qui décide de l’ordre du jour, elle qui cadre le débat, et quand le but est de salir on s’embarrasse pas trop avec la vérité.