bémols | tracé provisoire

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  • bémols
    Une armure contre l’industrie
    http://pifarely.net/wordpress/?p=5339
    Armure : nom féminin, réunion en tête de la portée, après la clef et avant le chiffre de mesure, des accidents qui expriment les altérations constitutives du ton du morceau. Les signes ainsi placés ont une action permanente, qui subsiste, sauf les altérations accidentelles, jusqu’à un changement d’armure. Elle est composée soit exclusivement de dièses, soit exclusivement de bémols.

    On revient sur le Centre national de la musique, c’est non seulement urgent, essentiel, mais indispensable face à ce qui s’annonce, encore une fois, comme une belle entreprise de communication (lire : désinformation), après lecture de Culture Box, comme de Libération et d’autres… Il est facile, en effet, de maintenir aujourd’hui la confusion entre les intérêts de l’industrie du disque, dont on nous rebat les oreilles, notamment en s’appuyant sur l’Hadopi, et la question de la création et de la diffusion de la musique vivante. L’appel des 333, qui a réuni 2777 signatures, est relayé à présent par un nouveau texte contre le CNM, qu’on reproduit en bas de page, ainsi que par l’ouverture d’un blog http://cnm-contrenousmusiciens.blogspot.fr.

    Essai de clarification.
    L’accord cadre créant le Centre National de la Musique signé en janvier par le gouvernement Fillon, promettait un organisme public chagé de soutenir la création sur le modèle du Centre national du Cinéma (CNC).

    Le cinéma fonctionne sur un « modèle économique » sans rapport avec la musique, aussi bien sur le plan des sommes engagées, que sur celui de la « chaîne » production-fabrication-distribution. En ce sens, on s’accorde à parler d’industrie, l’artisanat (production n’engageant que très peu de monde et de moyens) étant assez rare. En outre, ce modèle s’appuie sur la production d’un objet, physique ou dématérialisé, destiné à la vente. La première manifestation de la musique, historiquement comme dans l’esprit des musiciens, se trouve être la prestation en publique, qui n’a donc pas grand-chose à voir avec le modèle du cinéma.

    A l’inverse, l’immense majorité des musiciens (compositeurs, interprètes, ensembles et groupes), dans tous les domaines, se trouve être organisée en tout petits modules — individus ou groupes isolés ou constitués en petites associations. L’organisation de type « industrielle » — boites de production, majors, labels indépendants ayant suffisamment de moyens pour produire de A à Z, tourneurs) ne concerne qu’un nombre limité d’acteurs, essentiellement dans le domaine de la chanson.

    Sa mission devait être, selon les mots de Frédéric Mitterrand, de fédérer une filière « historiquement morcelée » et de « défendre les intérêts communs » de ses différentes composantes en France comme à l’étranger.

    Rien ne permet de constituer le monde de la musique en « filière », la continuité n’étant pas établie, ni parfois souhaitée entre la scène et le « disque ». D’autre part, la multiplicité des pratiques, des usages, des publics et donc des économies particulières donnent à la musique enregistrée de toutes aussi multiples fonctions. Dans certains cas, il s’agira de vendre le maximum de disques, physiques ou dématérialisés ; dans d’autres cas, l’enregistrement sera destiné à un public relativement restreint, ce qui ne laissera pas espérer une quelconque rentabilité ; enfin, le CD ou le téléchargement, parfois gratuits, viendront en complément de ce qui reste le premier objet et (de loin) la première source de revenus du musicien : la scène. Ce monde n’est donc pas « historiquement morcelé » , mais simplement multiple, avec des intérêts complémentaires, mais pas nécessairement communs.

    Il est donc non seulement important, mais encore vital de comprendre l’inadéquation de ce projet à la réalité que vivent les acteurs de la musique, quelles que soient les déclarations sur « la création et la diversité » — surtout quand on lit chez la ministre, en deux phrases : « Je souhaite aujourd’hui mettre sur pied une véritable politique de soutien au secteur musical, pour notamment encourager la diversité de la création et de la diffusion. Les industries musicales ont subi de plein fouet la révolution numérique, donc l’Etat doit se préoccuper de l’avenir de la musique et l’aider à se conforter avec des outils et des modes de financement qui sont adaptés et pérennes. » , ce qui mélange des objectifs et des besoins différents, voire divergents.

    Je me souviens d’une intervention de François Hollande il y a quelques années à Avignon, dans une rencontre sur le spectacle vivant, passant avec brio en une demi-phrase du théâtre à l’industrie audio-visuelle, sans doute plus facile à appréhender d’un point de vue comptable.

    DP