• #Décryptage du #pacte européen sur la migration et l’asile

    Le pacte UE sur la migration et l’asile est un éventail de mesures législatives et opérationnelles adopté par le Parlement européen le 10 avril 2024 puis par le Conseil de l’Union européenne le 14 mai 2024, qui vise à instaurer une réforme globale de la politique européenne en la matière.

    Il est présenté comme « un ensemble de règles qui contribueront à gérer les arrivées de manière ordonnée, à créer des procédures efficaces et uniformes et à répartir équitablement la charge entre les États membres »[1].

    Alors que des discussions avaient déjà été entamées lors de la précédente législature pour répondre à la « crise de l’accueil » de 2015, des désaccords majeurs entre les États membres avaient conduit à des projets de réformes non aboutis. Un nouveau projet était ainsi présenté à l’automne 2020 par la Commission européenne (ci-après Commission) dans une Europe en pleine crise politique sur les questions migratoires. Il fut l’objet d’intenses négociations aboutissant finalement à un accord le 20 décembre 2023 entre le Conseil et le Parlement européen sur une dizaine de textes.

    Ces trois années de négociations ont vu la question migratoire largement instrumentalisée au service des ambitions politiciennes des un∙e∙s et des autres, dans des débats devenant le théâtre des luttes intestines entre États membres. L’ensemble législatif finalement adopté se caractérise par une lourdeur procédurale qui cristallise les divergences entre États membres et pose la question de l’applicabilité concrète de ses dispositions. A défaut d’une évaluation préalable des dispositifs existants et d’une étude d’impact, pourtant sollicitée par le Parlement, les textes ont été construits en totale déconnexion avec les réalités migratoires.

    En effet, sur le fond, loin d’instaurer un bouleversement du système actuel, les mesures adoptées s’inscrivent dans la continuité de logiques déjà largement éprouvées. Elles sont fondées sur une approche répressive et sécuritaire au service de l’endiguement et des expulsions, au détriment d’une politique d’accueil qui s’attacherait à garantir et à protéger la dignité et les droits fondamentaux des personnes extra-communautaires. Cette approche des mouvements migratoires accroît les risques sur les routes sans pour autant empêcher les mobilités ni protéger réellement les droits des personnes. Encore une fois, des moyens très importants sont consacrés à financer l’édification de barrières physiques, juridiques et technologiques ainsi que la construction de camps sur les routes migratoires. Ces budgets pourraient utilement être redéployés pour permettre un accès inconditionnel au territoire européen pour les personnes bloquées à ses frontières extérieures afin que leurs situations soient examinées avec attention et impartialité ou encore pour permettre un accueil digne sur le territoire des États membres et assurer le respect effectif des droits de tou∙te∙s. Pourtant, les mesures du pacte risquent au contraire d’entrainer une multiplication des drames humanitaires et des violations des droits et libertés fondamentales des personnes exilées.

    Ce document de décryptage propose de contribuer à la compréhension des principaux enjeux des réformes européennes récemment adoptées et à faire connaître les analyses et positions de La Cimade et des réseaux auxquels elle participe sur ces sujets.

    https://www.lacimade.org/publication/decryptage-du-pacte-europeen-sur-la-migration-et-lasile

    #migrations #asile #réfugiés #pacte_européen #Cimade #La_Cimade

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    ajouté à la métaliste sur #Pacte_européen_sur_la_migration_et_l’asile :
    https://seenthis.net/messages/1019088

  • Personnes mortes ou disparues aux frontières Guide de l’association #Caminando_Fronteras pour les familles des victimes aux frontières (Espagne)

    Ce guide vise à soutenir les familles et à faciliter les opérations de recherche des victimes des frontières. Il fournit des conseils, des avertissements et des stratégies pour surmonter les difficultés que les familles rencontrent tout au long du processus.

    Ce guide, élaboré par l’association espagnole Caminando Fronteras qui travaille depuis des années sur la question des personnes mortes ou disparues aux frontières, vise à soutenir les familles et à faciliter les opérations de recherche des victimes des frontières. Il fournit des conseils, des avertissements et des stratégies pour surmonter les difficultés que les familles rencontrent tout au long du processus.

    Le document est disponible en français, espagnol et anglais.

    L’association a également réalisé, en français et en arabe, une courte vidéo afin de diffuser les principaux conseils aux familles souhaitant entamer des recherches suite à la disparition de leur proche.

    https://www.youtube.com/watch?v=boDe-1-mjDc&embeds_referring_euri=https%3A%2F%2Fwww.lacimade.org%2F

    Pour plus d’information visitez le site internet de Caminando où se trouve le guide et d’autres informations : https://caminandofronteras.org/fr/guide-recherche-personnes-disparues-frontiere

    https://www.lacimade.org/publication/personnes-mortes-ou-disparues-aux-frontieres-guide-de-lassociation-caminan

    #manuel #guide #guidelines #morts_aux_frontières #mourir_aux_frontières #frontières #migrations #asile #réfugiés #La_Cimade

    • Guide Morts et #disparitions dans l’Archipel des #Comores

      La Cimade et ses partenaires publient un guide d’information pour accompagner les personnes à la recherche d’un proche mort ou disparu en mer dans l’archipel des Comores.

      En Méditerranée, les naufrages et les noyades des personnes en exil sont régulièrement médiatisés mais ces drames surviennent également dans d’autres régions migratoires, notamment dans le Sahara (Niger) et dans l’Océan Indien.

      L’archipel des Comores a ainsi longtemps été considéré comme le plus grand « cimetière marin » avant que les drames se succèdent en Méditerranée, avec une estimation du Sénat français (2012) de 7 à 10 000 personnes mortes ou disparues depuis 1995. Si depuis 2015, les incidents de kwassa-kwassa semblent avoir été moins nombreux que par le passé, 2020 montre une recrudescence inquiétante du nombre de décès et de disparition en mer. Le dernier naufrage en date du 24 septembre a fait dix mort·e·s dont un enfant de 7 ans. Cet énième drame s’ajoute aux autres, survenus dans une indifférence intolérable.

      Dans l’archipel des Comores, comme dans d’autres régions du monde, de nombreuses personnes migrantes qui décèdent sur leur parcours migratoire demeurent « non-identifiées ». Derrière chaque personne disparue, il y a une mère, un père, un·e conjoint·e, des enfants, des cousins, des amis, qui trop souvent restent dans l’incertitude et l’impossibilité de faire leur deuil dignement.

      https://www.lacimade.org/publication/guide-morts-et-disparitions-dans-larchipel-des-comores
      #disparus

    • The #Mytilini_Declaration for the Dignified Treatment of all Missing and Deceased Persons and their Families as a Consequence of Migrant Journeys

      On the 11 May 2018, following two days of discussions between experts from across the world, the Mytilini Declaration was agreed. We believe this is a landmark in establishing the rights of and duties toward all those who experience suffering because of the death or disappearance of their loved ones as a result of migrant journeys and we now call upon all countries and international bodies to ensure that these rights are respected and that the standards contained in the Declaration are implemented as a matter of urgency.

      http://lastrights.net/LR_resources/html/LR_mytilini.html

    • Web guide d’information pour les familles de personnes mortes ou disparues en #Méditerranée_centrale

      Plus de 18 000 personnes migrantes ont perdu la vie ou ont été portées disparues en Méditerranée entre 2010 et 2018 selon le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés. La plupart d’entre elles restent « non identifiées » et leur famille demeure dans l’attente, l’angoisse et l’espoir.

      Ce web guide vise à donner des conseils aux familles à la recherche d’un proche disparu en Méditerranée, ainsi qu’aux personnes ou associations qui les accompagnent. Il a été conçu comme un guide sur les démarches réalisables en l’absence actuelle de procédures claires, systématiques et pertinentes. Ce format intuitif et ergonomique vise à permettre aux familles et aux associations qui leur viennent en aide d’accéder plus facilement aux informations utiles à la recherche des personnes disparues en mer depuis différents pays. Il ne prétend pas pouvoir résoudre les situations. Malheureusement, à l’heure actuelle, encore trop d’actions entreprises par les familles n’aboutissent pas.

      Les démarches décrites concernent la Méditerranée centrale et l’Italie, mais certaines peuvent être réalisées quel que soit le lieu de la disparition sur le parcours migratoire.

      https://boats4people.org/morts-et-disparus-en-mer-guide-dinformation-pour-les-familles-et-leurs-soutiens/web-guide-dinformation-pour-les-familles-de-personnes-mortes-ou-dispar

      https://boats4people.org/guide/fr/#Accueil

      #Méditerranée

    • Personnes décédées et disparues aux frontières : des outils et des mobilisations !

      Depuis plus plusieurs années, des familles et leurs soutiens appellent à une journée de mobilisation « Commémor’action » le 6 février. A cette occasion, ainsi qu’à celle de la sortie en anglais de son outil « Foire aux questions (FAQ) sur les procédures françaises en cas de décès d’une personne exilée, La Cimade revient sur quelques exemples d’initiatives, d’outils et de mobilisations des familles et de la société civile pour soutenir les proches des victimes, demander justice et commémorer celles et ceux qui ont perdu la vie en migration

      https://www.lacimade.org/personnes-decedees-et-disparues-aux-frontieres-des-mobilisations-commemora

    • La #FAQ procédure : mieux comprendre la procédure française en cas de décès d’une personne exilée pour faciliter l’accompagnement des proches et les familles

      La Cimade publie une Foire aux questions (FAQ) sur la procédure française en cas de décès d’une personne exilée. Cette FAQ est destinée aux personnes et organisations accompagnant des familles ou des proches de personnes exilées décédées sur le territoire français.

      Depuis 20 ans, les politiques des États se durcissent en matière de mobilité : difficultés à accéder à un visa pour une partie de la population mondiale, contrôles renforcés aux frontières à travers le développement de l’agence européenne Frontex, des outils de surveillance aux frontières, ou encore la coopération entre les États de chaque côté des frontières pour tenter d’empêcher les personnes de circuler. Ces différents moyens de mise à l’écart poussent les personnes qui souhaitent partir sur des routes de plus en plus longues et dangereuses, n’ayant, par ailleurs, d’autres choix que de s’en remettre à différents passeurs le long de leur parcours afin de tenter de franchir ces frontières de plus en plus complexes.

      C’est notamment dans ces tentatives de franchissement que des personnes perdent la vie. En Méditerranée, les naufrages et les noyades des personnes en exil sont régulièrement médiatisés. Ces drames surviennent également dans d’autres régions, notamment dans le Sahara (Niger), à la frontière orientale de l’Union européenne (UE) ou encore aux frontières françaises.

      https://www.lacimade.org/publication/la-faq-procedure-mieux-comprendre-la-procedure-francaise-en-cas-de-deces-d
      #France

  • Contrôles migratoires à la frontière franco-espagnole : entre violations des droits et luttes solidaires

    La présente note propose de contribuer à la compréhension du traitement des personnes en migration aux frontières françaises avec l’Espagne. Elle vise à documenter et mettre en lumière tant les pratiques illégales des autorités françaises que leurs conséquences en termes de #violences et de violations des droits fondamentaux. Par ailleurs, elle s’attache à rendre compte des initiatives des acteur·rices locaux·les qui se mobilisent pour construire un #accueil digne. Les informations collectées proviennent des constats issus de 12 déplacements à cette frontière, de rencontres avec les solidaires et les autorités, ainsi que de quatre missions d’observations collectives des pratiques des forces de l’ordre et de recueil des témoignages des personnes refoulées, menées entre 2019 et 2022 par l’Association nationale d’assistance aux frontières pour les étrangers (Anafé) et la Coordination d’actions aux frontières intérieures (CAFI) qui réunit les associations Amnesty International France, La Cimade, Médecins du Monde, Médecins Sans Frontières et Secours Catholique-Caritas France.

    https://www.lacimade.org/publication/controles-migratoires-a-la-frontiere-franco-espagnole-entre-violations-des
    #France #Espagne #Pyrénées #frontières #asile #migrations #réfugiés #contrôles_frontaliers #rapport #violence #solidarité #accueil #accueil_solidaire

  • RAPPORT 2022 SUR LES CENTRES ET LOCAUX DE RÉTENTION ADMINISTRATIVE

    Rapport commun sur les centres de rétention administrative : Chiffres clés, bilan et analyse de la situation des personnes enfermées dans les centres et locaux de rétention administrative (#CRA et #LRA).

    Fortes de leur travail quotidien d’accompagnement juridique des personnes étrangères dans les centres de rétention administrative (#CRA), nos cinq associations (Forum réfugiés, France terre d’asile, le Groupe SOS Solidarités – Assfam, La Cimade et Solidarité Mayotte) sont en première ligne pour constater et rendre compte des situations dans ces lieux de #privation_de_liberté.

    En 2022, 43.565 personnes ont été enfermées, au mépris de leurs droits, dans les centres de rétention de l’hexagone et d’outre-mer.

    https://www.lacimade.org/publication/rapport-2022-sur-les-centres-et-locaux-de-retention-administrative
    #rétention #France #rapport #2022 #La_Cimade #Cimade #détention_administrative #chiffres #statistiques #migrations #asile #réfugiés #enfermement #centres_de_rétention_administrative #lieux_de_rétention_administrative

  • #Gérald_Darmanin veut rendre « impossible » la vie des étrangers soumis à une obligation de quitter le territoire

    Les circonstances de la mort de la petite #Lola et le profil de la suspecte, de nationalité algérienne et sous le coup d’une #obligation_de_quitter_le_territoire_français (#OQTF), ont suscité de vives critiques à droite et à l’extrême droite. Si les parents de l’enfant ont regretté les tentatives de récupération politique de ce terrible drame, les discussions politiques se poursuivent. Ce jeudi, le ministre de l’intérieur a annoncé l’intention du gouvernement de rendre « impossible » la vie des étrangers faisant l’objet d’une OQTF.

    « Nous avons un travail à faire pour rendre impossible la vie des OQTF en France » dans le futur projet de #loi sur l’immigration, a déclaré Gérald Darmanin sur France Inter, en soulignant comme exemple le fait qu’« aujourd’hui quelqu’un qui fait l’objet d’une OQTF peut encore avoir un #logement_social ». « Un étranger arrivé légalement sur le sol [français] et qui perd son statut, devenant irrégulier, ne doit plus pouvoir garder son logement social », a insisté l’entourage du ministre.

    « Un droit trop complexe » pour expulser

    La #mesure_d’expulsion, dite OQTF, fait l’objet de polémiques récurrentes, notamment sur son taux d’application réel que le gouvernement veut augmenter à l’aide de la loi. Cette polémique a été ravivée depuis le meurtre sauvage de Lola. Sur ce sujet, le ministre de l’Intérieur a déploré un « droit trop complexe pour expulser un étranger en situation irrégulière, avec jusqu’à douze recours administratifs et judiciaires ».

    Selon lui, « plus de la moitié » des 120.000 OQTF prises ne sont pas exécutoires à cause de #recours_administratifs. Le projet de loi à venir prévoit de diviser par trois ce nombre possible de recours, de douze à quatre, a expliqué Gérard Darmanin, en prévoyant sur ce sujet « un grand débat parlementaire très compliqué ». Le gouvernement envisage par ailleurs de « lever les protections pour un certain nombre d’étrangers », a dit le ministre en citant la nécessité de mettre fin au système de #double_peine, qui voit un étranger condamné devoir purger sa peine sur le territoire avant son expulsion.

    Une situation « déjà » impossible

    La suppression de cette mesure permettrait selon lui « d’expulser 4.000 étrangers délinquants supplémentaires par année ». Rendre la vie « impossible » aux étrangers en situation irrégulière, « c’est déjà le cas actuellement », dénonce Mélanie Louis, responsable des questions d’expulsions à l’association La Cimade, pour qui les mesures du projet de loi vont faire rompre la France avec « l’Etat de droit ».

    Selon Mélanie Louis, il est d’ailleurs « complètement faux » qu’une personne sous le coup d’une OQTF ait droit à un logement social en France : « ces personnes bénéficient simplement du droit, inconditionnel, à une place d’#hébergement_d’urgence via le 115 [le numéro d’urgence dédié aux sans-abri], mais dans aucun cas à un HLM ».

    « 100 % d’application » pour les expulsions

    Jeudi soir, le président Emmanuel Macron a dit vouloir « réformer en profondeur les règles, nos lois, pour simplifier les procédures » d’expulsion, à l’occasion d’une nouvelle #loi_sur_l’asile_et_l’immigration qui doit être présentée « On va durcir les règles » pour « aller à ces 100 % » d’application des obligations de quitter le territoire français, des #procédures_d’expulsion dont moins de 10 % seulement sont exécutées. « au premier semestre de l’année prochaine ».

    « On va durcir les règles » pour « aller à ces 100 % » d’application des obligations de quitter le territoire français, des procédures d’expulsion dont moins de 10 % seulement sont exécutées.

    https://www.20minutes.fr/politique/4007487-20221027-darmanin-veut-rendre-impossible-vie-etrangers-soumis-obli

    #Darmanin #Gérard_Darmanin_comme_Theresa_May #hostile_environment #environnement_hostile #asile #migrations #réfugiés #instrumentalisation #sans-papiers #rendre_la_vie_impossible #expulsions #renvois #durcissement

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  • Note d’analyse : La mise en œuvre du #fonds_fiduciaire_d’urgence au #Mali, #Niger et #Sénégal

    Cette note d’analyse actualise le rapport conjoint « Chronique d’un chantage » (https://seenthis.net/messages/652123), publié en 2017 avec le #collectif_Loujna-Tounkaranké et le réseau euro-africain Migreurop, qui dénonçait l’utilisation politique du #FFU.

    Le #fonds_fiduciaire d’urgence en faveur de la stabilité et de la lutte contre les causes profondes de la migration irrégulière et du phénomène des personnes déplacées en Afrique (FFU) de l’Union européenne (UE) a été créé lors du Sommet UE-Afrique sur les migrations de la Valette (Malte) en 2015 en réaction à l’augmentation des arrivées de personnes migrantes sur les côtes européennes.

    Les informations ont été collectées et des entretiens menés avec des acteurs de mise en œuvre dans ces trois pays.

    La Cimade, l’Association malienne des expulsés (AME), Alternative espaces citoyens Niger (AEC) et le Réseau migration et développement du Sénégal (REMIDEV) travaillent depuis de nombreuses années sur la coopération UE-Afrique en matière migratoire et ont choisi les projets en fonction de la pertinence des thématiques et des données disponibles. Certains projets ont dû être écartés (projets régionaux, projets liés à la coopération policière et militaire) par manque d’accès à l’information.

    https://www.lacimade.org/publication/note-analyse-ffu

    Pour télécharger le rapport :
    https://www.lacimade.org/wp-content/uploads/2020/11/LaCim.CollNotes2-UFF-10F-.pdf

    Analyse détaillée sur le Mali :
    https://www.lacimade.org/note-analyse-ffu-mali

    Analyse détaillée sur le Niger :
    https://www.lacimade.org/note-analyse-ffu-niger

    #externalisation #asile #migrations #réfugiés #rapport #La_Cimade #Cimade

    ping @isskein @_kg_ @rhoumour @karine4

    • La mise en œuvre du fonds fiduciaire d’urgence au Niger

      Analyse détaillé de la mise en œuvre du fonds fiduciaire d’urgence de l’UE au Niger à travers deux projets FFU particulièrement emblématiques en complément de la note d’analyse « La mise en œuvre du fonds fiduciaire d’urgence au Mali, Niger et Sénégal : outil de développement ou de contrôle des migrations ? ».

      Contexte de la mise en œuvre du FFU au Niger

      Un pays d’accueil de toutes formes de mobilités

      Le Niger est régulièrement évoqué comme un pays de transit des personnes migrantes vers les pays du Nord de l’Afrique et vers l’Europe. C’est notamment sur cette base que la coopération avec l’Union européenne (UE) sur les questions migratoires s’est développée. Pourtant, le Niger est avant tout depuis plusieurs années un pays « où se superposent toutes les formes de mobilités, volontaires comme forcées[1] ». Près de 500 000 personnes y sont en effet sous la protection du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR)[2] : des personnes réfugiées fuyant le conflit au Mali depuis 2012, des personnes fuyant le Nigéria ou la zone frontalière avec ce pays en raison des exactions de Boko Haram (réfugié·e·s nigérian·ne·s, personnes nigériennes de retour ou déplacées internes) ainsi que des personnes, en majorité soudanaises, en demande d’asile. Le pays accueille aussi des personnes de retour de Libye et des personnes expulsées d’Algérie (plus de 25 000 en 2019 dont 10 000 ressortissant·e·s nigérien·ne·s)[3].

      Coopération avec l’Union européenne sur les questions de migrations

      La coopération de l’UE avec le Niger sur les questions de migrations n’est pas nouvelle. Elle s’est particulièrement intensifiée à partir de 2015 suite à une augmentation des arrivées de personnes migrantes sur les côtes européennes depuis la Libye, cette année-là. L’UE rencontrant des difficultés à mener des projets destinés à contenir les personnes migrantes en Libye du fait du contexte chaotique depuis la chute de Kadhafi, elle s’est tournée vers le Niger. L’agenda européen en matière de migration adopté en mai 2015 prévoyait déjà plusieurs mesures concernant le Niger. Il a ensuite été un pays clé du Sommet UE-Afrique de La Valette (Malte) sur les migrations en novembre 2015 où les chefs d’État européens et africains ont développé un plan d’action conjoint sur les migrations, et un des principaux bénéficiaires du Fonds fiduciaire d’urgence pour l’Afrique (FFU) adopté à cette occasion.

      La loi 2015-036 sur le trafic illicite des migrants

      C’est dans ce contexte que le Niger a adopté la loi 2015-036 sur le trafic illicite des migrants en mai 2015, quelques mois avant le Sommet UE-Afrique de la Valette, durant lequel le Niger a présenté un plan spécifique de « lutte contre les migrations irrégulières ». Cette loi criminalise l’aide à l’entrée ou la sortie illégale du Niger et l’aide au maintien sur le territoire de personnes en situation irrégulière.

      Elle a été appliquée durement plusieurs mois après son adoption (été 2016), notamment dans la région d’#Agadez, et sans information préalable et préparation des populations concernées et des instances étatiques régionales. Les transporteurs (chauffeurs de bus ou d’autres véhicules privés) se dirigeant vers le Nord en dehors des convois officiels ont été particulièrement visé. Les véhicules ont été saisis et les chauffeurs déférés en justice sur la base d’une suspicion d’entrée irrégulière à venir en Algérie ou en Libye[4]. Elle a également visé les hébergeurs, les intermédiaires mais aussi les vendeurs de cartes téléphone ou d’eau…

      À Agadez, les revenus liés à la migration étaient une ressource importante pour l’économie locale. L’application de la loi a été très mal perçue par la population. Le transport des personnes dans cette région est une activité majoritairement exercée par des membres des communautés touarègue et Toubou, disposant d’agences de voyage créées à l’époque où l’économie du tourisme était encore florissante, puis reconverties dans le transport des personnes migrantes depuis la fin de la rébellion touarègue au milieu des années 1990. Cette activité était parfaitement légale et s’exerçait majoritairement avec des permis estampillés dans les mairies et escortes militaires[5]. La loi 2015-036 a interdit cette activité du jour au lendemain et criminalisé les transporteurs. Ces conséquences ont été telles sur l’économie d’Agadez et une partie de sa population qu’elles ont fait craindre pour la stabilité de celle-ci. C’est la Haute autorité à la consolidation de la paix (HACP) créé en 1995 pour la mise en œuvre des accords de pays après la rébellion touarègue, qui a alerté sur ces enjeux.
      La mise en œuvre du FFU au Niger

      Le Niger est l’un des premiers pays bénéficiaires du FFU et a bénéficié des tous premiers projets signés en 2016. Il est aussi concerné par certains projets régionaux. 12 projets nationaux sont mis en œuvre au Niger (pour un montant total de 253 millions d’euros).

      A l’image de l’ensemble des projets du FFU, la majorité (6) est gérée par des coopérations européennes ou par des organisations internationales (OIM et HCR) (3). Seuls deux projets sont gérés par un acteur nigérien (la HACP), et un par un consortium d’ONG. Cette gestion pose question, notamment en ce qui concerne la pertinence des projets comme réponses aux besoins des États bénéficiaires et leur appropriation[6]. Au Niger, un responsable de la HACP souligne que les fonds du FFU « ne vont pas aux pays bénéficiaires », ce qui revient à « affaiblir l’État qui perd en crédibilité[7] ». Dans le même sens, le bilan migration 2018-2019 du gouvernement du Niger indique que certains projets « exécutés au compte du Niger par les partenaires ne correspondent pas toujours aux besoins réels des populations au niveau des collectivités », notamment car ils ne tiennent pas compte des « plans de développement communaux et régionaux », ce qui « fait courir (…) le risque d’un déphasage par rapport aux besoins réels des populations[8] ».

      En termes d’objectifs, bien que le FFU soit principalement financé par le Fonds européen de développement (FED), une grande partie des projets pour la région Sahel (48% des fonds, 1,6 milliards d’euros) sont affectés à des projets « directement liés à la migration[9] », contrairement aux principes de l’aide au développement[10]. Le Niger reçoit la plus grosse part (24% du budget) et fait figure de pays pilote en matière de lutte contre le trafic de personnes ou les migrations « irrégulières ».

      Ainsi, concernant les objectifs des 12 projets nationaux, trois projets concernent directement la « gestion » de la migration à travers le développement local (coopération allemande – GIZ), le renforcement de la chaîne pénale (AFD) et la création d’une équipe conjointe d’investigation (ECI) « pour la lutte contre les réseaux criminels liés à l’immigration irrégulière, la traite des êtres humains et le trafic des migrants » (coopération espagnole – FIIAPP) ; deux projets de l’Organisation internationale des migrations (OIM) concernent l’assistance aux personnes migrantes et leur retour « volontaire ».

      Par ailleurs, sur la quinzaine de projets régionaux concernant le Niger, sept projets portent sur l’appui au G5 Sahel[11] (cinq projets pour 177 millions d’euros) et aux forces de police ; deux projets financent l’assistance et le retour des personnes migrantes détenues en Libye ; et un seul porte sur la mobilité légale (initiative Erasmus+ d’échanges entre étudiant·e·s universitaires avec l’Europe).

      Le projet PAIERA (Plan d’actions à impact économique rapide à Agadez) – projet terminé

      Ce projet d’un montant de 8 millions d’euros est devenu un projet phare du FFU au Niger, mis en exergue dans la communication de l’UE pour ses « success stories ». Pourtant, celui-ci a été élaboré et mis en œuvre de manière très différente des autres projets.

      Preuve du manque de prise en compte des besoins des pays concernés et de leur contexte dans l’élaboration des projets (cf. note d’analyse), celui-ci n’était pas prévu initialement. Il est un des très rares projets émanant des autorités nationales et géré directement par un organisme d’un État bénéficiaire. Ce sont en effet les autorités nigériennes, notamment la HACP, qui ont sollicité l’UE. Révélant d’une part, la capacité des autorités nigériennes à négocier avec l’UE, mais surtout l’urgence de la situation, qui a contraint l’UE à valider un tel projet, non prévu.

      Face au mécontentement de la population et aux tensions à Agadez, il vise à compenser les conséquences économiques et politiques de l’application de la loi 2015-036 en offrant « des opportunités d’emploi et d’insertion socioprofessionnelle aux acteurs économiques qui bénéficient directement ou indirectement des retombées financières liées aux migrant·e·s ».

      Le projet est géré par la HACP et par Karkara, une des plus importantes ONG de développement nigérienne. Sa mise en œuvre a été compliquée. La sélection des bénéficiaires a été longue et contestée, certaines personnes dénonçant le faible nombre de personnes retenues, leur profil et des montants alloués insuffisants. Dès la première phase de sélection, des personnes ont été exclues, notamment celles estimées être des « trafiquants » (généralement les propriétaires de véhicules ou de maisons). Il a été jugé que d’une part, elles n’avaient pas besoin du soutien du projet car elles « gagnaient beaucoup d’argent », et d’autres part qu’il n’était pas éthique de les soutenir puisqu’elles seraient des « criminelles »[12]. Par ailleurs, les montants alloués par personne se sont très vite avérés insuffisants. Des pourparlers ont été menés pendant plusieurs mois entre la HACP, Karkara et l’UE afin d’augmenter les montants pour certaines catégories de personnes. Au final, il a été convenu que les projets des ménages vulnérables pourraient atteindre 500 000 à 600 000 CFA (1000€) et ceux des acteurs de la migration jusqu’à 1,5 millions de CFA (2 287€).

      Au total, sur les 23 mois du projet, 6 565 personnes ont été recensées, 1 447 écartées, 2 345 ont déposé un dossier (constituant un projet de reconversion professionnelle) parmi lesquelles seules 371 personnes ont reçu une aide, soit à peine 6%.

      Le projet a aussi financé des activités génératrices de revenus à haute intensité de main-d’œuvre (comme la réhabilitation de la veille ville, la création de petites infrastructures dans les communes, etc.). 1 713 personnes en ont bénéficié en percevant un petit salaire (1 000 à 2 500 CFA/jour soit 1,50 à 3,80€) durant la réalisation de ces activités (en moyenne 45 à 90 jours).

      Selon les acteurs, l’évaluation finale réalisée en décembre 2019 (et dont le rapport était en cours début 2020), serait très positive. 80% des bénéficiaires auraient trouvé une occupation loin de la migration et seraient devenus autonomes financièrement.

      Mais, si le projet a eu un impact sur la stabilisation de la région d’Agadez et a permis des créations d’emplois en dehors de la migration, les emplois créés restent peu qualifiés et précaires (vendeurs de crédits de téléphone, taxi-moto, etc.). Par ailleurs, leur nombre demeure faible (371) au regard des sommes investies (8 millions d’euros) et des objectifs initiaux (65 000 emplois étaient prévus dans la fiche projet). Au final, le projet apporte une aide individuelle de court terme qui ne crée pas de valeur ou de débouchés économiques globaux pour la région comme cela pourrait être pensé dans un projet de développement à la hauteur du budget dédié.

      Le projet Mécanisme de réponse et de ressource pour les migrants (MRRM) – OIM

      Le développement impressionnant de l’OIM au Niger et de ses activités de soutien aux retours « volontaires » est sans doute un des principaux résultats du FFU au Niger. Présente depuis 2006 au Niger, l’OIM est passée d’un bureau de 39 personnes en 2015 à plus de 500 personnes en 2020 selon la Cheffe de mission. Le projet « Mécanisme de réponse et de ressources pour les migrants (MRRM) » a été un des premiers validés pour la fenêtre Sahel et Lac Tchad en janvier 2016. Il correspond à la mise en œuvre d’une « approche globale » proposée par l’OIM dès juin 2015[13] et qui a donné lieu à l’Initiative conjointe UE-OIM pour la protection et la réintégration financée à hauteur de 638 000 000€ dans le cadre du FFU et mise en œuvre dans 27 pays d’Afrique dont le Niger. Bien que déjà développée sur le continent africain, notamment en Tunisie, cette approche est pour la première fois mise en œuvre dans sa forme la plus poussée. Le Niger est ainsi « pionnier dans cette approche » et est considéré comme « une bonne pratique » pour l’OIM[14]. Le financement de cette « approche globale » est justifié dans la fiche projet FFU quasiment uniquement sur le fait que le Niger soit un pays de transit.

      Au Niger, le MRRM est une réponse à « la crise migratoire » reposant sur 5 piliers[16] :

      Le « sauvetage humanitaire » : il se déroule essentiellement dans la zone frontalière avec l’Algérie, autour d’Assamaka. Il concerne les personnes expulsées par les autorités algériennes – en dehors de tout cadre légal – et abandonnées à la frontière en plein désert (à environ 12 kilomètres d’Assamaka). Les personnes secourues sont accueillies dans un centre de transit temporaire de l’OIM à Assamaka où elles reçoivent des premières aides (nourriture, soins médicaux d’urgence). Puis l’OIM assure le transfert jusqu’à son centre de transit à Agadez des personnes qui acceptent de retourner dans leur pays d’origine. Les autres sont livrées à elles-mêmes, certaines choisiraient de tenter de repartir en Algérie. Selon l’OIM, 80 à 90% des personnes iraient au moins jusqu’à Arlit (entre Assamaka et Agadez). On retrouve ici une des composantes majeures de l’OIM au Niger : la conditionnalité de l’aide à un retour « volontaire ». L’OIM mène aussi des opérations avec la protection civile nigérienne autour de Dirkou (route de la Libye) lorsqu’elle reçoit une alerte. En 2019, environ 1000 personnes ont été assistées[17].
      L’assistance directe : elle est fournie dans les centres de transit de l’OIM (Niamey, Agadez, Dirkou, Arlit). En 2019, 18 534 personnes ont été assistées dans le centre de transit d’Agadez, dont environ 17 000 sont retournées dans leur pays « volontairement », soit 92% des personnes assistées. Le nombre de personnes migrantes « en transit » assistées par l’OIM serait marginal, l’organisation assiste essentiellement de personnes de retour de Libye ou expulsées d’Algérie. Pourtant, l’identification, le référencement et les mesures de protection des personnes en demande d’asile, et des personnes vulnérables ou victimes de violations des droits humains n’est pas (ou peu) faite. Un seul protocole semble mis en place pour les victimes de traite. Il n’existe pas de procédure systématique d’identification des personnes souhaitant demander l’asile. L’OIM ne réfère au HCR que les personnes déclarant spontanément lors du premier entretien être déjà reconnues réfugié·e·s dans un autre pays ou vouloir demander l’asile. Ainsi, seuls 23 « cas » ont été transmis au HCR en 2018, et 60 à 80 en 2019 sur les 18 534 personnes assistées. En ce sens, l’utilisation du terme « protection » ne recouvre que les besoins primaires des personnes.
      L’aide au retour volontaire et à la réintégration (AVRR) : Le Niger est devenu en peu de temps le premier pays au monde d’où partent les retours volontaires de l’OIM[18]. Ces retours concernant essentiellement des personnes de retour ou refoulées de Libye (2016-2017) ou expulsées d’Algérie (depuis fin 2017) ou, plus rarement, des personnes en transit bloquées au Niger, le caractère volontaire de ces retours peut être questionné, d’autant qu’il est la condition sine qua none pour avoir accès au centre de l’OIM à Agadez et à ses services. Comme le soulignait en 2018 le Rapporteur spécial sur les droits de l’Homme des migrants « lorsqu’il n’existe aucune solution valable susceptible de remplacer l’aide au retour volontaire (par exemple, des mesures visant à faciliter l’obtention d’un permis de séjour temporaire ou permanent, assorties d’un appui administratif, logistique et financier approprié), le retour peut difficilement être qualifié de volontaire[19] ».
      La sensibilisation à la migration « sûre et informée » : L’OIM déploie des campagnes de communication sur « la migration sûre et informée » ou « les risques de la migration irrégulière », notamment à Agadez à travers une cinquantaine de « mobilisateurs communautaires ». L’OIM utilise également les réseaux sociaux et d’autres outils comme des panneaux d’affichage dans les lieux stratégiques et une caravane de sensibilisation a eu lieu en avril 2019 baptisée In da na sa’ni (« Si seulement jamais su » en langue haussa)[20]. Des cartes avec un numéro vert sont aussi distribuées, mais l’assistance proposée sera un retour « volontaire ».
      Le suivi des flux migratoires (displacement tracking mechanism – DTM) à certains « points de suivi des flux ».

      Ainsi, le FFU au Niger a contribué à financer et à mettre en œuvre des politiques migratoires sécuritaire tournées vers le contrôle des frontières, la coopération policière et « la lutte contre les migrations irrégulières ». Sous couvert d’humanitarisme, les personnes se retrouvent bloquées le long des routes, contraintes à emprunter des routes toujours plus dangereuses et risquées au lieu de prendre des transports officiels, et sont éloignées des frontières européennes à travers les retours « volontaires » assistés de l’OIM.

      Sources :

      [1] Florence Boyer et Harouna Mounkaila, « Européanisation des politiques migratoires au Sahel, Le Niger dans l’imbroglio sécuritaire », L’Etat réhabilité en Afrique. Réinventer les politiques publiques à l’ère néolibérale, 2018.

      [2] HCR, portail opérationnel crises des réfugiés, Niger, 30/04/2020

      [3] Entretien avec l’OIM Niamey du 07/02/2020

      [4] La Cimade – Migreurop – Loujna-Tounkaranké, Chronique d’un chantage, Coopération UE-Afrique, Décryptage des instruments financiers et politiques de l’Union européenne, 2017

      [5] International Crisis Group, Garder le trafic sous contrôle dans le Nord du Niger, 06/01/2020

      [6] La Cimade, Chronique d’un chantage, op. cit

      [7] Entretien avec la HACP au Niger du 04/02/2020

      [8] Secrétariat permanent du Cadre de concertation sur la migration, Bilan migration Niger 2018-2019, 2020

      [9] Altai Consulting, EUTF Monitoring and Learning system SLC yearly 2019 report, 2020

      [10] Site de l’OCDE, Aide publique au développement, novembre 2020.

      [11] Cadre de coordination en matière de sécurité et développement réunissant le Burkina Faso, la Mauritanie, le Mali, le Niger et le Tchad.

      [12] Entretien avec Karkara Agadez, 12/02/2020

      [13] OIM, Addressing Complex Migration Flows in the Mediterranean : IOM Response Plan, 06/2015

      [14] Entretien avec l’OIM Niamey du 07/02/2020

      [15] OIM, État de la migration dans le monde 2020

      [16] Entretien avec l’OIM Agadez du 10/02/2020

      [17] Entretien avec l’OIM Niamey du 07/02/2020

      [18] OIM, 2019 return and reintegration key highlights, 2020

      [19] Conseil des droits de l’Homme des Nations unies, Rapport du Rapporteur spécial sur les droits de l’homme des migrants sur sa visite au Niger, A/HRC/41/38/Add.1, 2019

      [20] OIM, « Une caravane de sensibilisation part pour un périple d’un mois à travers le Niger », 04/05/2019

      https://www.lacimade.org/note-analyse-ffu-niger

    • La mise en œuvre du fonds fiduciaire d’urgence au #Mali

      Analyse détaillé de la mise en œuvre du fonds fiduciaire d’urgence de l’UE au Mali à travers deux projets FFU particulièrement emblématiques en complément de la note d’analyse « La mise en œuvre du fonds fiduciaire d’urgence au Mali, Niger et Sénégal : outil de développement ou de contrôle des migrations ? ».

      Contexte de la mise en œuvre du FFU au Mali

      Le contexte sécuritaire au Mali est particulièrement dégradé. Depuis 2012, le pays est en proie à un conflit interne qui déstabilise l’État en perte de contrôle sur son territoire et complexifie notamment l’accès des organisations humanitaires à certaines régions. La situation sécuritaire reste particulièrement problématique dans le nord et le centre du pays, à travers la présence de milices et de groupes armés non-étatiques. Cette situation a favorisé la résurgence de conflits communautaires qui ont fait des centaines de mort·e·s en 2019. Ce conflit a entraîné d’importants déplacements de populations vers les pays voisins ou à l’intérieur du pays (164 500 réfugié·e·s et 844 400 déplacé·e·s en 2019[1]).

      Pays à forte émigration, en particulier vers la sous-région, le Mali est aussi ciblé par l’UE comme pays de retour. Tout d’abord des populations réfugiées, selon le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), 76 000 personnes ont été rapatriées depuis le Niger, le Burkina Faso, la Mauritanie et l’Algérie[2]. Par ailleurs, le Mali a accueilli en 2019, selon l’Organisation internationale des migrations (OIM), 5 622 personnes de retour « volontaire » de Libye, mais aussi du Niger (personnes expulsées d’Algérie) et de Mauritanie (personnes expulsées d’Espagne).

      Le Mali a lancé en 2015 une politique nationale migratoire (PONAM) mais sa mise en œuvre tarde, faute de financement. Cette politique se focalise sur la protection des Malien·ne·s de l’extérieur, l’information sur les risques de la migration irrégulière, la réinsertion des Malien·ne·s de retour (volontaire ou non) et la valorisation de la diaspora. Néanmoins, elle ne prévoit aucune mesure visant à garantir l’accueil et la protection des droits des personnes en situation de migration au Mali. En 2019, le Mali a également inauguré une brigade de répression du trafic de migrants et de la traite des êtres humains.

      La coopération de l’Union européenne avec le Mali sur les questions migratoires

      L’Union européenne (UE) est très impliquée au Mali, au même titre que la France, dans le règlement du conflit au Nord. Elle appuie la mise en œuvre de l’accord d’Alger (2015) et y intervient à travers deux missions civiles (EUTM-European training mission, ciblant les forces armées et EUCAP Mali – mission civile de formation des forces de sécurité intérieure). L’UE et la France appuient aussi le G5 Sahel[3] qui, en 2017 s’est doté d’une force conjointe transfrontalière de lutte contre le terrorisme, le crime organisé transfrontalier et le trafic d’êtres humains. Le portefeuille de l’UE était de 948,5 millions d’euros en 2017[4]. La France y intervient également militairement à travers l’opération « Barkhane ».

      En matière migratoire, l’UE a soutenu la création du CIGEM (Centre d’information et de gestions des migrations) en 2008 à hauteur de 12 millions d’euros contre 8 prévus initialement à travers le 9ème Fonds européen de développement (FED)[5]. Elle a aussi appuyé la définition et la mise en œuvre de PONAM, toujours sur le financement du FED. Depuis 2015, l’UE a intensifié la coopération en matière migratoire avec certains pays d’Afrique, dont le Mali qui fait partie des cinq pays prioritaires pour la mise en œuvre d’un « nouveau cadre de partenariat en matière de migration »[6]. En ce sens, le Mali est un des pays bénéficiaires du Fonds fiduciaire d’urgence pour l’Afrique en faveur de la stabilité et de la lutte contre les causes profondes de la migration irrégulière et du phénomène des personnes déplacées en Afrique (FFU) adopté à l’occasion du Sommet UE-Afrique sur les migration de La Valette (Malte) en 2015[7].

      La mise en œuvre du FFU au Mali

      Au Mali, l’élaboration des projets s’est déroulée en deux temps. Tout d’abord, les projets ont été écrits directement depuis Bruxelles et répartis entre les États membres. Puis, une équipe de consultant·e·s s’est rendue à Bamako pour recenser les besoins du gouvernement. Les discussions se seraient faites par ministère et non au global avec le gouvernement, ce qui, selon certains acteurs, a donné lieu à une concurrence effrénée entre ministères. Selon le Haut conseil des Maliens de l’extérieur (HCME), « le Mali a présenté des projets au FFU. Il y a eu 8 réunions sur cette question. Des propositions chiffrées ont été faites pour le développement local, la réinsertion, etc. mais (…) au final, des négociations parallèles ont eu lieu avec certains départements (sécurité, territoire pour état-civil) et l’UE a choisi ces projets[8] ».

      Cette manière d’élaborer les projets est problématique en termes de prise en compte des besoins des pays bénéficiaires et de leur implication. La PONAM, par exemple, dont la mise en œuvre n’est pas encore entièrement financée, aurait pu constituer une stratégie ou une référence pour la sélection de projets portant sur la migration, ce qui n’a pas été le cas. Un seul projet soutient directement la mise en œuvre de cette politique nationale, mais il n’n’apparaît pas dans le portefeuille du Mali car il est porté par un autre pays, le Maroc (projet coopération sud-sud).

      Pour quelques projets, des unités de gestion de projet ont été mises en place, permettant aux coopérations de déléguer la gestion à une équipe internationale et locale, sous la responsabilité d’un ministère national. Ce n’est pas le cas de tous les projets et en particulier ceux de coopération militaire et policière, gérés par les États membres.

      Le Mali s’est vu attribuer 12 projets nationaux, pour un montant total de 214,5 millions d’euros[9] dont huit sont confiés à des coopérations des États membres de l’UE et un à l’OIM. Seuls trois sont mis en œuvre par des ONG ou le secteur privé et aucun par une organisation locale. Cette gestion pose question, notamment en ce qui concerne la pertinence des projets comme réponses aux besoins des États bénéficiaires et leur appropriation[10].

      Huit projets sont orientés vers le soutien à l’économie, la création d’emplois et la résilience des communautés (projet d’assistance humanitaire essentiellement)
      Deux soutiennent les forces de sécurité intérieures,
      Un projet sur la gestion de la gouvernance des migrations, le retour et la réintégration au Mali,
      Et un projet pour le renforcement de l’état civil au Mali.

      A ces projets, s’ajoutent des projets régionaux :

      Huit portent sur l’appui au G5 Sahel (cinq projets pour 177 millions d’euros), et aux forces de police.
      Huit autres portent sur le redressement économique, le soutien aux entreprises et l’assistance aux personnes déplacées ou réfugiées.
      un projet finance l’assistance au retour et à la réintégration des personnes migrantes
      et un seul projet porte sur la mobilité légale (Initiative Erasmus+ d’échanges entre étudiant·e·s universitaires avec l’Europe.

      Il apparaît clairement que les projets soutenus par le FFU au Mali ont été orientés vers le développement et la sécurité en raison du conflit au Nord Mali. Au final, très peu de projets sont directement liés aux migrations si ce n’est réintégrer les personnes de retour et favoriser les investissements de la diaspora.

      Projet de renforcement de la gestion et de la gouvernance des migrations et le retour et la réintégration durable au Mali – T05-EUTF-SAH-ML-07

      Ce projet de 15 000 000€ est mis en œuvre par la coopération espagnole (AECID) et l’OIM. Il a pour objectif de « contribuer au renforcement de la gestion et de la gouvernance des migrations et assurer la protection, le retour et la réintégration durable des migrants au Mali ». En clair, il vise à soutenir la « réintégration » des Malien·ne·s de retour dans leur pays (OIM) et à « sensibiliser sur les risques de l’émigration irrégulière » (AECID). C’est un des 18 projets de l’OIM financés par le FFU et mis en œuvre dans 27 pays d’Afrique pour soutenir les retours « volontaires » et la réintégration des personnes migrantes dans leur pays de retour.

      Dans la fiche projet, le Mali est ciblé comme pays de départ, l’UE ayant établi qu’en 2015 « les migrants originaires d’Afrique de l’Ouest occupent une part croissante des flux migratoires ». Il est aussi présenté comme un pays de retour (forcé ou volontaire) des personnes migrantes maliennes (estimées à 90 000 de 2002 à 2014). Le Mali est enfin présenté comme « stratégique » en termes de « sensibilisation aux risques de la migration irrégulière » au sein de la CEDEAO, représentant « 70% des mouvements migratoires de la région, liés pour la plupart à la recherche d’emploi ».

      Le projet devait initialement assurer l’assistance à 1 600 personnes en transit, soutenir 4 000 « retours volontaires » de l’OIM et la réintégration de 1 900 personnes, et sensibiliser 200 communautés et 70 000 migrants·e·s en transit. Ces objectifs ont été largement dépassés à l’heure actuelle à tel point qu’une rallonge d’un an a été accordée par l’UE à l’OIM. Selon l’OIM à Bamako, 180 personnes sont accueillies tous les trois jours à la Cité d’accueil des Maliens de l’extérieur (centre de transit à Bamako). Cela représente 8 000 à 8 500 personnes par an, soit 18 000 personnes depuis le début du projet en 2017 dont 50% arrivent de Libye et 50% du Niger.

      Concernant l’aide à la réintégration, le projet reçoit certaines critiques notamment du HCME qui souligne les inégalités qu’il créé parmi les personnes de retour. Ainsi, en cas de retour collectif, toutes les personnes sont accueillies durant 72h au centre de transit de Bamako géré par le HCME et la direction générale des Maliens de l’extérieur (DGME). L’OIM y intervient pour l’enregistrement. Les personnes de retour dans le cadre du programme de l’OIM reçoivent un pécule de 52 000 FCFA (79€) pour rejoindre leur région d’origine. Les autres reçoivent de la DGME un pécule de 10 000 FCFA (15€), somme parfois insuffisante pour prendre le transport en charge jusqu’à la ville d’origine.

      Le HCME souligne également que la « réintégration » n’est pas à la hauteur des attentes. Auparavant, une aide financière et matérielle était donnée aux personnes de retour en fonction d’un projet formulé. Or, elle a été arrêtée et l’aide à la réintégration consiste uniquement à une formation en gestion de sa microentreprise, pour à peine 6% des personnes de retour sous financement OIM. Par ailleurs, les personnes ne bénéficient d’aucun suivi ni soutien par la suite.

      Enfin, ce programme fait concurrence à un autre projet de la DGME financé sur le budget spécial d’investissement qui, pour éviter les doublons, s’adresse aux personnes qui n’entrent pas dans les critères du programme de l’OIM et leur propose une aide à la création d’activité économique. Or ces personnes ne sont pas forcément en capacité de présenter des projets (projets à hauteur de 3 à 5 millions de FCFA (soit 4 573€ à 7 622€). Ainsi, selon le HCME, seuls 130 projets individuels ou collectifs ont été financés depuis 2017.

      Concernant l’assistance aux personnes en transit au Mali, le projet prévoyait la construction de trois centres de transit au Mali (Bamako, Gao et Kayes). Or, un centre de transit, dédié à l’accueil des personnes de retour, existait déjà à Bamako (la Cité), construit par le HCME dans ses locaux et géré conjointement avec la DGME. Les centres de Gao et Kayes semblent par ailleurs être l’objet de controverse. Un existe déjà à Gao à travers les locaux et la prise en charge de la protection civile. Quant à Kayes, la construction d’un centre est jugée peu pertinente, les personnes de retour dans la région se rendant directement dans leur famille. Néanmoins, la délégation de l’UE au Mali maintient construire des centres de transit, tandis que l’OIM affirme construire des bureaux régionaux pour la DGME malienne[11].

      Le volet « sensibilisation » est indépendante de la partie « retour ». Confié à la coopération espagnole (AECID), il est géré par une unité de gestion du projet sous la tutelle du ministère des Maliens de l’extérieur. 27 agents de terrain (12 à Bamako, 7 Sikasso, 7 à Kayes) sont chargés de mettre en œuvre des activités de sensibilisation notamment dans les lycées. Selon AECID, le projet ciblait 70 000 jeunes (alors que la fiche projet mentionne 70 000 « migrants en transit »), objectif déjà atteint. Par ailleurs, l’unité de gestion du projet gère directement des formations auprès d’acteurs institutionnels (agents aux frontières, douanes, journalistes, spots radio grand public, etc.). Les organisations de la société civile maliennes sont également mises à contribution à travers un fonds d’appui. Le programme est également censé promouvoir les « opportunités de migration régulière » dans l’espace CEDEAO, mais celles-ci sont uniquement utilisées comme une alternative à la migration irrégulière – sous-entendu vers l’Europe.

      La pertinence de ce projet peut être questionnée. Il n’y pas d’indicateurs de résultats, mais uniquement d’activité, ainsi son évaluation porte uniquement sur la réalisation de telle ou telle activité sans analyser l’impact de celle-ci ou ce qu’elle a pu apporter comme changement. Alors que l’impact des campagnes de sensibilisation menées dans différents pays de départ et de transit depuis des années reste toujours à démontrer[12], ce projet une fois encore finance cette sensibilisation sans savoir si elles ont un réel impact sur la migration dite irrégulière.

      Projet d’appui à la filière de l’anacarde au Mali – PAFAM – T05-EUTF-SAH-ML-02

      Ce projet d’un montant de 13 000 000 €, vise à « contribuer à la lutte contre la pauvreté et au développement durable de la population du Mali par la mise en valeur de la chaine de valeur de l’anacarde (noix de cajou) ». Il est mis en œuvre par la coopération espagnole (AECID).

      Selon le coordinateur international de l’unité de gestion du projet, celui-ci a été demandé par le gouvernement malien afin de poursuivre un projet similaire déjà mené par AECID en 2010 avant le FFU bien que de ce dernier, n’a pas été pérennisé du fait de la fermeture de l’usine créée[13]. Les objectifs « d’augmentation des opportunités économiques et d’emploi et d’amélioration de la sécurité alimentaire » poursuivis par le projet, sont justifiés par le fait qu’ils permettront « d’atténuer les causes de l’émigration par le biais de l’amélioration de la production, la transformation et la commercialisation de l’anacarde ».

      En réalité le lien de ce projet avec la migration est assez faible, si ce n’est les zones de mise en œuvre, Kayes étant la plus importante région d’origine des ressortissant·e·s malien·ne·s en France et étant également une zone de production de la noix de cajou. Le projet se base ainsi sur le lien préconçu entre pauvreté et migration qui reste peu démontré à ce jour, voire remis en cause. En effet, comme le souligne le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), les études montrent que « les progrès réalisés en matière de développement (…) favorisent les migrations », ainsi, « la plupart des pays africains [auraient] tout juste atteint les niveaux de croissance et de développement auxquels l’émigration commence à s’intensifier[14] ». Le faible lien avec les migrations, conjugué au fait que le projet a été approuvé parmi les premiers en 2016, laisse supposer que ce projet était déjà validé sur d’autres instruments financiers de l’UE et intégré dans le FFU.

      Pour répondre aux objectifs du FFU, les « personnes de retour » ont été intégrées parmi les bénéficiaires. Néanmoins début 2020, l’équipe de gestion du projet était toujours en cours de réflexion pour mettre en œuvre cet aspect du projet. En effet, il ne s’agit pas du public habituel des acteurs de mise en œuvre, qui n’ont pas, par ailleurs, d’expérience spécifique sur l’identification et l’accompagnement des personnes migrantes, notamment de retour.

      Un des indicateurs du projet prévoit également la réduction de 100% du nombre de personnes émigrantes (émigration saisonnière ou de longue durée), tout comme l’augmentation de la population de retour grâce à la création d’opportunités d’emplois. Des indicateurs qui semblent bien difficiles à atteindre d’autant que l’équipe de coordination ne semble pas disposer de données de départ sur le nombre de personnes émigrant par manque d’opportunités économiques.

      La mise en œuvre du FFU au Mali illustre son utilisation comme un outil de financement de la coopération des États membres de l’UE et de leurs priorités politiques. Au Mali, la plupart des projets sont orientés vers la stabilisation du pays et le rétablissement de la sécurité pour « créer des pôles de développement » et soutenir l’État malien dans la reprise du contrôle du territoire et la lutte anti-terrorisme. Côté migrations, les seules actions financées sont principalement l’aide au retour « volontaire » et à la réintégration des personnes de retour à travers l’OIM, et ce, malgré l’existence de programmes gouvernementaux.

      Sources :

      [1] UNHCR, Global report 2019

      [2] Cluster protection Mali, Rapport sur les mouvements de population, 31 décembre 2019

      [3] Cadre de coordination en matière de sécurité et développement regroupant le Burkina Faso, la Mauritanie, le Mali, le Niger et le Tchad.

      [4] https://eeas.europa.eu/sites/eeas/files/delegation_ue_mali_10.2017.pdf

      [5] Voir également sur ce sujet : La Cimade, Prisonniers du désert, 2010

      [6] Commission européenne, Communication relative à la mise en place d’un nouveau cadre de partenariat avec les pays tiers dans le cadre de l’agenda européen en matière de migration, 7 juin 2016.

      [7] La Cimade – Loujna-Tounkaranké – Migreurop, Chronique d’un chantage, 2017

      [8] Entretien avec le HCME du 03/03/2020

      [9] Site internet du FFU : https://ec.europa.eu/trustfundforafrica/region/sahel-lake-chad/mali

      [10] La Cimade, Chronique d’un chantage, op. cit

      [11] Entretiens avec la Délégation de l’UE au Mali du 04/03/2020 et avec l’OIM Bamako du 05/03/2020

      [12] OIM, Evaluating the impact of information campaigns in the field of migration, a systematic review of the evidence, and practical guidance, Central Mediterranean Route Thematic Report Series, Issue n°1

      [13] Foreingpolicy.com, “Europe slams its gates – a foreign policy special investigation”, “The paradox of prosperity”, 2017

      [14] PNUD, Au-delà des barrières : voix des migrants africains irréguliers en Europe, 2019

      https://www.lacimade.org/note-analyse-ffu-mali

  • RAPPORT NATIONAL 2019 SUR LES CENTRES ET LOCAUX DE RÉTENTION

    Dans leur rapport 2019 rendu public le 22 septembre 2020, ASSFAM-Groupe SOS Solidarités, France terre d’asile, Forum Réfugiés-Cosi, La Cimade et Solidarité Mayotte mettent en lumière une réalité alarmante dans les centres et locaux de rétention où elles interviennent. Ce rapport téléchargeable ici réunit des chiffres, des analyses et des fiches sur chaque centre de rétention en France métropolitaine et en outre-mer.

    La politique de l’administration s’inscrit dans une volonté d’enfermer toujours plus et toujours plus longtemps. Les deux lois adoptées en 2018 ont permis d’étendre le champ des personnes pouvant être enfermées, notamment avec la possibilité d’enfermer les personnes « dublinées » avant l’accord de l’État membre responsable, et allonge la #durée_légale de rétention à 90 jours.

    https://www.lacimade.org/publication/rapport-national-2019-sur-les-centres-et-locaux-de-retention

    #rapport #Cimade #La_Cimade #rétention #détention_administrative #CRA #2019 #France #enfermement #Dublin #dublinés #migrations #asile #réfugiés #déboutés

  • « Partons tous ! » Ces Algériens en fuite vers l’Espagne | Ignacio Cembrero
    https://orientxxi.info/magazine/partons-tous-ces-algeriens-en-fuite-vers-l-espagne,4122

    L’émigration algérienne s’est accélérée ces dernières semaines, signe de la crise profonde de la société et du ras-le-bol de la jeunesse. Elle vise désormais l’Espagne, grâce à des embarcations motorisées extrêmement rapides. Ce nouveau mode de transport traduit le rôle croissant des organisations criminelles dans ce trafic d’êtres humains. Source : Orient XXI

    • « L’accroissement de l’émigration irrégulière s’explique par la ‟mal-vie” [expression utilisée en dialecte algérien], la paupérisation croissante, la gestion chaotique de la pandémie, les restrictions individuelles et collectives et le refus du régime d’engager des réformes qui consacrent les légitimes revendications du Hirak », souligne, de son côté, le chercheur Raouf Farrah. « Des pans entiers de la population ont un profond sentiment d’injustice, de hogra [humiliation], surtout parmi les jeunes », ajoute-t-il. « La harga [émigration clandestine] est alors la seule stratégie d’exit », conclut Farrah.

    • harraga : mot originaire de l’arabe maghrébin ﺣﺮﺍﻗـة ḥarrāga, ḥarrāg, « qui brulent » (les papiers) présent aussi en espagnol sous cette forme ; migrant clandestin qui prend la mer depuis l’Afrique du nord, la Mauritanie, le Sénégal avec des pateras (embarcations de fortunes) pour rejoindre les côtes andalouses, Gibraltar, la Sicile, les Canaries, les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla, l’ile de Lampedusa ou encore Malte. Terme très présent dans le vocabulaire journalistique nord-africain.
      https://elharraga.wordpress.com
      Traversée interdite : les harragas face à la forteresse Europe
      https://www.lacimade.org/publication/traversee-interdite-les-harragas-face-a-la-forteresse-europe
      https://www.elwatan.com/regions/ouest/tiaret/tiaret-le-cri-de-detresse-des-familles-de-harraga-04-02-2020

      Dix jours après l’inhumation du jeune Zakaria Ouilem, 28 ans, après que son corps ait été repêché en mer sur les côtes algéroises, beaucoup de familles tiaréties des 19 #harraga – partis tenter la traversée le 16 décembre dernier –, restent sur le qui-vive et viennent de lancer un cri de détresse aux responsables concernés. Plutôt des cris de douleur provenant de proches et de parents de #harragas, dont les corps n’ont pas encore été retrouvés mis à part celui de Zakaria et celui d’une femme qui fait l’objet d’expertise grâce à l’ADN.

    • Les garde-côtes algériens ont repêché dix corps et intercepté près de 500 migrants qui se trouvaient à bord de plusieurs embarcations clandestines au large des côtes algériennes entre les 15 et 19 septembre, selon un récent bilan des autorités.
      https://www.infomigrants.net/fr/post/27483/algerie-10-corps-de-migrants-retrouves-noyes-500-autres-interceptes-en

      Dix corps sans vie et 485 interpellations en mer en cinq jours : c’est un lourd bilan qu’a communiqué le ministère de la Défense algérien, lundi 21 septembre. Les garde-côtes ont arraisonné ces migrants clandestins entre les 15 et 19 septembre derniers, au large des côtes orientales et occidentales de l’Algérie, lors de 42 opérations distinctes, précise le ministère dans un communiqué.

      Malgré la dangerosité de la traversée de la Méditerranée et une loi algérienne prévoyant des peines allant jusqu’à six mois d’emprisonnement pour les clandestins, les candidats à l’exil n’ont jamais été aussi nombreux ces dernières années. Chômage, aspiration à une vie meilleure, violences familiales ou encore mal-logement : les causes du départ sont multiples pour les « harraga » algériens. Ce terme se réfère à la pratique des jeunes clandestins qui brûlent souvent leurs papiers en arrivant à destination, afin d’éviter d’être rapatriés.

      >> À (re)lire : Les Algériens, toujours plus nombreux à arriver en Espagne

      Selon les derniers chiffres de l’agence européenne de contrôle des frontières Frontex, 5 225 Algériens ont emprunté la route de la Méditerranée occidentale et 865 celle de la Méditerranée centrale durant les huit premiers mois de l’année 2020. Mais ces statistiques sont largement sous-estimées, selon certains spécialistes des questions d’immigration clandestine.

      C’est le cas de Kouceila Zerguine, un avocat basé à Annaba, une ville côtière du nord-est de l’Algérie, qui estimait déjà en juin dernier que les chiffres réels du nombre de migrants clandestins doivent être « multipliés par 20 » pour prendre en compte ceux qui ont réussi leur traversée.

      >> À (re)lire : Immigration clandestine : qu’est-ce qui pousse les maghrébins à reprendre la route de l’exil ?

      Lors d’une récente visite de la ministre italienne de l’Intérieur, Luciana Lamorgese, les autorités algériennes ont réaffirmé que leur pays « assume ses responsabilités et prend les décisions qui s’imposent à ce sujet ».

  • Rapport #2018 sur les centres et locaux de rétention administrative

    24 centres de rétention sont passés au crible : #statistiques précises, témoignages et spécificités locales. Analyses et #chiffres inédits pour décrypter une politique migratoire menée au détriment des #droits_fondamentaux des personnes étrangères.

    Rapport commun sur les centres de rétention administrative par ASSFAM Groupe SOS Solidarités, Forum réfugiés-Cosi, France terre d’asile, La Cimade, Ordre de Malte France et Solidarité Mayotte.

    Les six associations intervenant dans les centres de rétention administrative présentent leur neuvième rapport commun sur ces lieux anxiogènes marqués par la violence, résultat d’un durcissement de la politique d’éloignement.

    L’année 2018 a été marquée par une utilisation importante de l’#enfermement des personnes étrangères en centres de rétention administrative, y compris les plus vulnérables. Ainsi, plus de 45000 personnes ont été placées dans des lieux de rétention administrative, en métropole et en outre-mer. Le gouvernement a également décidé d’accroître très fortement la capacité de ces lieux de privation de liberté avec 480 places supplémentaires en métropole (de 1069 à 1549) par le moyen d’ouvertures de #LRA, de réouvertures de #CRA, d’extensions des centres déjà existants.

    Cette #politique_d’enfermement s’est encore renforcée à travers l’adoption de la loi du 10 septembre 2018 qui a instauré au 1er janvier 2019 le doublement de la durée maximale de rétention, passée de 45 à 90 jours. Aucun gouvernement français n’avait jusque-là proposé une telle durée de privation de liberté pour tenter d’éloigner des personnes étrangères.

    Dans ce rapport, nos associations font le constat alarmant d’une forte dégradation du respect des droits des personnes enfermées. Nos associations en appellent donc au gouvernement pour que cessent le recours prioritaire à l’enfermement dans la politique d’éloignement des personnes étrangères et la violation des droits qui s’attachent, en toute circonstance, à la privation de liberté.


    https://www.lacimade.org/publication/rapport-2018-centres-locaux-retention-administrative
    #rétention #détention_administrative #France #migrations #asile #réfugiés #rapport

    • Les centres de rétention administratives fonctionnent à plein régime

      Dans un rapport publié ce mardi, six associations dont la Cimade et France Terre d’Asile s’inquiètent du nombre élevé d’étrangers placés en rétention en 2018

      Les centres de rétention ont été « utilisés à plein régime » en 2018, indiquent six associations dans un rapport présenté ce mardi.
      Selon leurs chiffres, 45.851 personnes ont été placées en rétention l’an dernier, contre 46.800 en 2017. La durée moyenne de rétention a en revanche augmenté.
      « La grande promiscuité, conjuguée à l’enfermement de personnes en grande précarité ou affectées de troubles psychologiques pour certaines, ont abouti à des tensions très fortes », soulignent les auteurs du document.

      Elles tirent la sonnette d’alarme. Dans un rapport publié ce mardi, six associations (Assfam-Groupe SOS, Forum Réfugiés-Cosi, France Terre d’Asile, Cimade, Ordre de Malte, Solidarité Mayotte) estiment que les centres de rétention ont été « utilisés à plein régime » en 2018. Selon leurs chiffres, 45.851 personnes ont été placées en rétention l’an dernier, dont 26.614 en métropole, contre 46.800 en 2017. Mais la durée moyenne de rétention a augmenté. Elles s’inquiètent notamment d’« une détérioration des droits » des étrangers enfermés dans ces lieux dans l’attente de leur éventuelle expulsion.

      Lors d’une conférence de presse, David Rohi, en charge des questions de rétention à la Cimade, a notamment dénoncé une « une banalisation de l’enfermement qui s’est fortement aggravée depuis l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron ». Le rapport de 132 pages pointe un « usage quasi systématique de la rétention par de nombreuses préfectures ». « La France demeure le pays européen qui a le plus recours à l’enfermement des personnes étrangères en vue de les éloigner », est-il écrit.
      « Remplir davantage les CRA »

      Ces associations rappellent que le gouvernement a décidé l’an dernier « d’accroître très fortement la capacité de ces lieux de privation de liberté » avec 480 places supplémentaires en métropole (portées à 1.549). Un tel développement « n’avait plus été constaté depuis plus d’une décennie », assurent-elles. Selon elles, « les préfets ont reçu pour instruction de remplir davantage » les centres de rétention administrative (CRA) et « cet usage intensif de la rétention s’est encore accentué au second semestre et a généré des conséquences graves pour les personnes enfermées ».

      « Cette année, des révoltes inédites ont eu lieu dans les CRA : des émeutes, des feux de lits, des grèves de la faim, des automutilations et même un suicide », énumère David Rohi. Il s’agit, dit-il, « d’actes de désespoir » provoqué par un « sentiment d’injustice extrêmement fort ». Il appelle par conséquent le gouvernement « à changer de politique d’enfermement ».

      « On enferme et puis on voit ensuite »

      Par ailleurs, les auteurs du rapport remarquent que la durée moyenne de rétention a « sensiblement » augmenté l’an dernier, à 14,6 jours, et que le « nombre de personnes enfermées durant plus de 30 jours a explosé, passant de 2.468 en 2016 à 4.432 en 2018 ». Les associations redoutent une aggravation de cette tendance en 2019 avec l’entrée en vigueur, le 1er janvier, de la loi asile-immigration, qui a doublé de 45 à 90 jours la durée maximale de la rétention.

      Directeur général de France Terre d’Asile, Pierre Henry est un peu pessimiste. Le « diagnostic ne s’arrange pas », observe-t-il. « On enferme et puis on voit ensuite », complète Céline Guyot d’Assfam-Groupe SOS. Les associations s’inquiètent également du « nombre élevé de familles avec enfants enfermées en rétention » au cours de l’année 2018 : 1.221 enfants à Mayotte et 114 familles comptant 208 enfants en métropole. Pour Laetitia N’Diaye de l’Ordre de Malte, « les enfants sont traumatisés par cet univers carcéral : troubles du sommeil, angoisses fortes, mutisme, perte d’appétit… »

      https://m.20minutes.fr/amp/a/2532871
      #machine_à_enfermer

    • Centres de rétention pour migrants : les associations dénoncent une « #banalisation de l’enfermement »

      Les conditions de vie dans ces centres, où sont enfermés des étrangers que la France ne veut pas garder sur son territoire, se dégradent, selon le rapport annuel de plusieurs associations, dont la Cimade, présenté mardi.

      En France, plus de 45 000 migrants ont été enfermés dans des centres ou des locaux de rétention administrative en 2018. Un chiffre stable par rapport à 2017, selon le rapport annuel de plusieurs associations, dont la Cimade, présenté mardi 4 juin. Les associations dénoncent une « banalisation de l’enfermement » dans ces lieux de rétention et constatent « une forte dégradation du respect des droits des personnes enfermées ».

      En France métropolitaine, près de 40% des personnes enfermées ont ainsi été libérées par des juges, en raison du non-respect de leurs droits par les autorités. « L’usage quasi systématique de la rétention par de nombreuses préfectures s’accompagne trop souvent d’un défaut d’examen approfondi des situations personnelles », explique le rapport.
      Un « déficit » de protection des femmes

      En 2018, près de 500 places supplémentaires ont été créées en France métropolitaine. Un développement inédit depuis une décennie, qui s’accompagne d’un allongement de la durée de rétention. En moyenne, une personne enfermée dans un centre reste près de 15 jours contre 12,8 jours en 2017. Le rapport dénonce également le doublement de la durée maximale de rétention, passée de 45 à 90 jours depuis le mois de janvier, ainsi que les procédures abusives d’enfermement.

      Stress, pression, sentiment d’injustice, violences : les conditions de rétention sont de plus en plus difficiles, précise le rapport. Certains migrants enfermés ont manifesté, selon les associations, de fortes atteintes sur le plan psychologique. La rétention reste majoritairement masculine, 93% d’hommes et 7% de femmes. Les associations pointent du doigt « un déficit de protection des femmes victimes de la traite des êtres humains. » Certaines femmes ont été ou en sont victimes au moment de leur placement en rétention en centre. Quand elles manifestent « leur volonté de sortir du réseau, leur situation administrative prévaut trop souvent sur leur statut de victimes », explique le rapport.

      https://mobile.francetvinfo.fr/monde/europe/migrants/centres-de-retention-pour-migrants-les-associations-denoncent-un

  • Bonjour à tout·es.

    Craignant qu’un jour, peut-être, qui sait, on ne sait jamais dans la vie, mes commentaires au post de @ninachani vont disparaître car elle décide d’effacer son message... J’ai décidé, aujourd’hui, de copier-coller ici tous les message (yes, je suis folle !) et d’alimenter donc un post qui est le mien et que je peux donc mieux « contrôler ».
    Cela ouvre évidemment le débat (qui probablement est déjà en cours) sur l’archivage et le stockage, les sauvegardes possibles des informations qui circulent sur @seenthis.

    Il s’agit de la longue compilation sur #Briançon et les #réfugiés, que pas mal de seenthisiens suivent.

    J’alimenterais désormais cet argument à partir de ce post.
    A bon entendeur... pour celles et ceux qui aimerait continuer à suivre la situation de cette portion de la #frontière_sud-alpine.

    • « Peut-être qu’au printemps, on retrouvera des corps sous la neige » - Libération

      De 1 500 à 2 000 migrants arrivés d’Italie ont tenté une dangereuse traversée des Alpes depuis trois mois. Traqués par les autorités, ils voient les villageois s’organiser pour leur venir en aide.
      Col de Montgenèvre, à 1 850 mètres d’altitude sur la frontière franco-italienne, samedi soir. Le thermomètre affiche -8 degrés sous abri, il y a près de 80 centimètres de neige fraîche. Joël (1), accompagnateur en montagne, court aux quatre coins de la station de ski située sur le côté français du col. Il croise deux migrants, des jeunes Africains égarés dans une rue, les met au chaud dans son minibus, puis repart. Dans la nuit, un hélicoptère tourne sans discontinuer au-dessus du col : la police de l’air et des frontières ? Depuis des mois, les forces de l’ordre sont à cran sur les cols des Hautes-Alpes. Elles tentent d’intercepter les migrants afin de les reconduire à la frontière où, majeurs ou non, ils sont déposés sur le bord de la route quelles que soient les conditions climatiques.
      Joël trouve trois autres migrants planqués dans la neige, apeurés, grelottant, baskets légères et jeans trempés raidis par le gel, puis sept autres encore, dont plusieurs frigorifiés. La « maraude » du montagnard lui aura permis ce soir de récupérer onze jeunes Africains. Peu loquaces, hébétés, ils disent avoir marché plusieurs heures depuis l’Italie pour contourner le poste frontière de Montgenèvre. Ils arrivent du Sénégal, du Cameroun ou du Mali, tous sont passés par la Libye et ont traversé la Méditerranée.

      Miraculé.
      Joël les descend dans la vallée, à Briançon, sous-préfecture située à 10 kilomètres de là. Ils sont pris en charge par les bénévoles du centre d’hébergement d’urgence géré par l’association Collectif refuge solidarité : bains d’eau chaude pour les pieds, vêtements secs, soupe fumante… Autour de ce refuge, où se succèdent jour après jour des dizaines de migrants, gravitent une centaine de bénévoles, citoyens de la vallée, qui se relaient auprès de ces jeunes hommes, africains dans leur immense majorité. Ces trois derniers mois, ils sont sans doute de 1 500 à 2 000 à avoir transité par Briançon, tous arrivés par la montagne, estime Marie Dorléans, du collectif local Tous migrants.

      Si ce samedi soir tout s’est passé sans drame au col de Montgenèvre (qui reste ouvert tout l’hiver), ce n’est pas le cas dimanche matin du côté du col frontalier de l’Echelle, à quelques kilomètres de là (fermé tout l’hiver en raison de la neige). D’autres maraudeurs, membres comme Joël, du même réseau informel d’une quarantaine de montagnards professionnels et amateurs, découvrent sous le col un jeune Africain originaire de Guinée-Conakry, Moussa. Il est à bout de forces, affalé dans la neige à près de 1 700 mètres d’altitude. Il a perdu ses chaussures : ses pieds sont insensibles, gelés. Il a quitté l’Italie avant l’aube. C’est un miraculé. Les maraudeurs appellent le secours en montagne qui l’héliporte très vite vers l’hôpital de Briançon. Anne Moutte, l’une des accompagnatrices du réseau, multiplie les maraudes depuis un an : « Les soirs où nous ne sortons pas, nous ne dormons pas bien. Peut-être qu’au printemps, on retrouvera des corps sous la neige. Ces jeunes n’ont aucune idée des risques de la montagne, des effets du froid. Ils ne font pas demi-tour. »

      Cache-cache.
      A Névache, le premier village au pied du col de l’Echelle, il y a des mois que l’on vit au rythme de l’arrivée des migrants. Lucie (1) fait partie d’un groupe d’une trentaine de villageois qui se sont organisés spontanément pour les accueillir, en toute discrétion et avec une efficacité remarquable. D’une voix décidée, elle explique : « Ils arrivent en pleine nuit au village, affamés, frigorifiés, épuisés, blessés parfois. On ne va pas les laisser repartir dans la nuit et le froid à travers la montagne ! On les nourrit, on les réchauffe, on leur donne un lit. C’est du simple bon sens, ça coule de source. Notre seul but, c’est qu’il n’y ait pas de morts ni de gelés près de chez nous. »

      Les migrants redoutent les gendarmes qui les reconduisent en Italie. Alors, Lucie et le réseau névachais les gardent le temps qu’ils se retapent et les aident ensuite à gagner la vallée. A pied, en voiture, un cache-cache stressant avec les gendarmes, avec lesquels les rapports sont très tendus. A Névache comme à Briançon, les fouilles de véhicules sont devenues ces derniers mois la règle et les bénévoles surpris avec des migrants à bord de leur voiture sont convoqués pour des auditions, sous la charge « d’aide à la circulation de personnes en situation irrégulière ». Anne Moutte, l’accompagnatrice maraudeuse, s’emporte : « C’est l’Etat, le préfet et les forces de l’ordre qui se rendent coupables de non-assistance à personne en danger ! »

      A lire aussi Migrants : de plus en plus dur

      « Cimetière ».
      Ce week-end, le collectif Tous migrants organisait à Briancon des « états généraux des migrants ». Des débats, des échanges avec le journaliste Edwy Plenel, l’agriculteur activiste de la Roya Cédric Herrou, des chercheurs, des élus, des militants. Marie Dorléans, présidente de Tous migrants, résume : « Nous voulons nourrir le débat sur notre devoir d’hospitalité, sur une autre politique migratoire, mais nous avons aussi un devoir face à une urgence humanitaire. Nous avons tous peur d’un drame sur nos cols. La militarisation massive de la frontière conduit les migrants à des prises de risques inconsidérées. » Ce sont les professionnels de la montagne, accompagnateurs, guides, pisteurs, moniteurs qui ont porté ce dernier message.

      Constitués en un collectif « SOS Alpes solidaires », ils ont regroupé 300 personnes symboliquement encordées sur les pentes du col de l’Echelle dimanche pour lancer un appel solennel : « La Méditerranée ne stoppe pas des personnes qui fuient leur pays. La montagne ne les stoppera pas non plus, surtout qu’ils en ignorent les dangers. Nous refusons que les Alpes deviennent leur cimetière. » Stéphanie Besson, l’un des piliers de l’appel, enfonce le clou : « Nous demandons à l’Etat de nous laisser faire notre devoir de citoyens. Qu’il cesse de nous empêcher de venir au secours de personnes en danger. Que nos cols soient démilitarisés si l’on ne veut pas y laisser mourir ou geler les migrants. » Quelques minutes plus tard, l’hélicoptère du secours en montagne survole la manifestation avec à son bord le jeune Moussa miraculé du jour. Sauvé par des montagnards solidaires et déterminés.

      (1) Les prénoms ont été changés.

      https://www.liberation.fr/france/2017/12/17/peut-etre-qu-au-printemps-on-retrouvera-des-corps-sous-la-neige_1617327/?redirected=1

    • Dans les Alpes, auprès des migrants, «  on va redescendre des cadavres, un de ces jours  »

      Au #col_de_l'Echelle, des habitants viennent en aide aux migrants qui traversent la frontière enneigée au péril de leur vie. Maryline Baumard

      A Névache, la lumière reste allumée longtemps dans les chalets. Les nuits sans lune, elle guide le voyageur vers la maison des veilleurs qui, pour être sûrs de ne pas rater le bruit des coups sur la porte, ne dorment que d’un oeil. Nichée au pied du col de l’Echelle, dans les Hautes-Alpes, à 1 700 mètres d’altitude, cette bourgade de quelque 360 âmes est comme un phare pour le voyageur qui débarque de Bardonnèche, la petite ville italienne de l’autre côté du massif. Ceux que Bernard Leger, 82 ans, appelle « les visiteurs inattendus » .

      Tout au fond, la vallée de la Clarée, aux confins de la France, on est un peu comme sur une île. Autour, l’océan n’est pas bleu mais blanc ; pas liquide, mais neigeux. Mais pour « Jean Gab » (Jean-Gabriel Ravary) ou les autres, « tout ça c’est pareil » , la vague de neige est la soeur de celle qui engloutit les canots de la Méditerranée ; le montagnard, le frère du marin. « On a le même devoir de sauvetage chevillé au corps » , affirme ce guide de haute montagne. Alors, avec une vingtaine d’hommes et de femmes, il recueille les naufragés de la frontière. Gelés, choqués.

      « On leur donne des vêtements, de l’eau, de la nourriture et un lit au chaud, ajoute Bernard Leger. Le lendemain, ils sont encore en état de choc, muets de fatigue. » Avec son « commando humanitaire », cet ancien commandant d’un régiment de chasseurs alpins prépare ensuite la descente vers Briançon, pour rallier la base arrière et « faire de la place aux suivants » . Avec plus de 2 000 migrants accueillis dans la ville depuis juillet, le col de l’Echelle a retrouvé sa vocation séculaire de point de passage entre l’Italie et la France.

      « La mort a tourné autour de nous »

      De plus en plus souvent, ça se gâte avant d’atteindre Névache pour ces jeunes Africains ignorants de la montagne. Chef des urgences de l’hôpital de Briançon, un service qui en a déjà soigné 300 depuis l’été, Yann Fillet est monté deux fois au col le 10 décembre avec le peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM). La seconde fois, en pleine nuit, le médecin a cru halluciner quand il a aperçu « un des gamins pieds nus dehors alors que le thermomètre affichait - 10° » .

      Désormais, cela ne fait plus de doute pour lui, « on va redescendre des cadavres un de ces jours » . D’autres estiment qu’il y en a déjà sous la neige. Des morts de froid et d’épuisement. En ce lundi matin 11 décembre, la salle de surveillance des urgences sur laquelle M. Fillet veille compte six rescapés. Choqués mais saufs. « La mort a tourné autour de nous. Ça ne se raconte même pas, mais j’en ai encore froid dans le dos », susurre Madou, le regard vide. « Sans le villageois venu à notre secours, on ne serait plus là » , complète celui qui dit avoir prié pour cette venue, « et comme dans le canot sur la Méditerranée, Dieu nous a entendus » .

      Pour ceux que les dieux n’entendraient pas, des « virées » secondent la veille des Névachais. C’est Alain Mouchet, accompagnateur en montagne, qui en gère le planning.

      « J’ai trente-cinq bénévoles, explique-t-il. On monte le soir et on attend en silence, cachés, en faisant tout pour que les exilés ne nous prennent pas pour des gendarmes. »

      Le 19 août, Moussa et Ibrahim, deux jeunes Guinéens, sont tombés dans le ravin pour fuir les forces de l’ordre. Une chute de quarante mètres pour Ibrahim, évacué alors à l’hôpital de Grenoble, et désormais en rééducation à Briançon. Lundi, sur son lit de rééducation, l’exilé était triste. Sa voix est tellement affectée par son traumatisme crânien que sa mère venait de pleurer au téléphone, inquiète de ce que l’Europe avait fait de son fils.

      Le jeu du chat et de la souris

      En vertu des accords bilatéraux signés avec l’Italie, les majeurs se voient notifié un refus d’admission sur le territoire. En dépit de la Convention internationale des droits de l’enfant, de nombreux mineurs sont aussi remis de l’autre côté. Avant de recommencer le passage, au risque de se perdre, parce qu’en haut le panneau France a été enlevé, ce qui conduit un certain nombre de migrants vers d’autres passages plus élevés que le col de l’Echelle. Plus dangereux.

      « L’un d’eux a passé cinq jours dans la montagne. Aujourd’hui encore, il est traumatisé de ce qu’il y a vécu, mais ne raconte toujours pas », résume Léna Carlier, bénévole de 18 ans en parallèle de son service civique à la maison des jeunes et de la culture (MJC).

      A-t-il subi des violences policières ? Tout le monde se le demande, car « ici, il y a deux catégories de forces de l’ordre. Ceux qui secourent en montagne et qui sont avant tout montagnards, et ceux qui font du zèle », disent les bénévoles.

      Ici, les citoyens solidaires sont nombreux à avoir été entendus par la gendarmerie pour avoir descendu un migrant de la montagne, l’avoir aidé à continuer sa route. Pourtant, tous s’estiment dans la légalité puisqu’ « ils transportent des demandeurs d’asile qui en plus sont très souvent mineurs » .

      Entre ces centaines de bénévoles et les forces de l’ordre, c’est pourtant le jeu du chat et de la souris, « alors qu’on devrait travailler la main dans la main » , regrette Alain Mouchet. Un sujet dont Bernard Leger et Jean-Gabriel Ravary aimeraient bien parler avec la nouvelle préfète, tout juste nommée.

      « Pas question de laisser qui que ce soit à la rue »

      Cette pression n’empêche pas 150 foyers de s’être portés volontaires pour héberger les plus fragiles. Moussa, le copain d’Ibrahim, vit depuis l’été chez un « couple solidaire » en attendant que son ami remarche. C’était sa seule solution puisque le conseil départemental l’a, comme bien d’autres, décrété majeur - un recours a été déposé. Les moins affectés, ceux pour qui quelques jours de répit suffisent, sont installés à la maison commune du Collectif réfugiés solidaires, la CRS, avant d’acheter un billet de train ou de profiter d’un covoiturage solidaire pour continuer leur route. A la CRS, on est nourri, soigné, vêtu et écouté.

      C’est la municipalité qui a ouvert ce lieu, estimant qu’il n’était « pas question de laisser qui que ce soit à la rue » , comme le rappelle l’ex-PS Gérard Fromm, maire de Briançon, qui a su convaincre la communauté de commune et son conseil municipal. Désormais, sur la toile cirée de la pièce commune, on se réhydrate à coups de thé brûlant, en jouant ou en devisant.

      Francine Daerden, la soixantaine, ne fait que passer mardi soir 12 décembre pour déposer des gâteaux et mélanger la marmite du dîner du soir, qui réchauffe doucement, préparée par une autre citoyenne. « Ici, chacun participe selon ses envies et ses compétences », indique Michel Rousseau, membre de l’association Tous migrants. Il dispose d’une liste de 450 bénévoles impliqués dans cet accueil qui prolonge en bas ce qui est fait au nom de l’urgence sur les cimes. Car à Briançon aussi règne l’« esprit veilleur » et Michel, Béatrice ou Alain accompagnent les exilés dans leurs premiers pas en France.

      Mercredi 13 décembre, à la CRS, Fofana cherchait un pull au vestiaire des dons, avant de rejoindre Chez Marcel, le squat communautaire installé par des jeunes du coin pour permettre un hébergement de plus longue durée. C’est là que Justin va attendre d’être autorisé à déposer sa demande d’asile en France. Un lieu à l’esprit un peu différent, aux relents plus anarchistes, sans doute, mais qui complète bien la Briançon solidaire.

      Un énorme mouvement citoyen

      Dans cette ville de 12 000 habitants, la MJC, qui jouxte la CRS, est pour quelque chose dans le pullulement des solidarités. C’est sans doute la seule de France à avoir géré un centre pour les exilés venus de la « jungle » de Calais. Luc Marchello, son directeur, a compris dès la première heure la nécessité d’un accueil citoyen. Dès l’automne 2015, il lançait un appel qui, plusieurs mois après, a éclos en un énorme mouvement citoyen.

      Parce qu’à Briançon, où se côtoient 35 nationalités, on s’occupe de l’étranger depuis des décennies. En montagnard peut-être, en humain tout simplement puisque la Mission d’accueil des personnes étrangères (MAPEmonde) de la MJC existe depuis quinze ans. Et pour certainement longtemps encore.

      De l’autre côté de la frontière, en effet, dans la petite gare de Bardonnèche, ils étaient quatre, mardi matin, à se réchauffer, avec la France pour horizon. Ibrahim a poussé sa valise jaune dans un recoin et rajuste sa chemise blanche sous sa petite veste noire d’été. Alfa somnole, avachi sur le radiateur, pieds nus dans ses chaussures. En Italie depuis quatre mois, mis dehors de son centre pour migrants près de Rome pour n’avoir pas pointé, il a pris le bus pour Paris, et en a été descendu tôt le matin à la frontière par la police française. Une grande fatigue règne sur la petite gare. Une rage aussi. Celle d’être si près de la France.

      http://www.lemonde.fr/immigration-et-diversite/article/2017/12/16/dans-les-alpes-on-va-redescendre-des-cadavres-un-de-ces-jours_5230716_165420

    • Migrants : « On ne peut pas accepter qu’il y ait des gens qui meurent dans nos montagnes »

      Parce qu’ils ne veulent pas laisser des personnes mourir de froid en traversant la frontière franco-italienne, collectifs et associations, dont « Tous Migrants », ont organisé ce week-end une cordée solidaire. Lors de cette cordée symbolique, ils ont secouru un jeune homme transi de froid, bloqué dans un couloir d’avalanche. #Etienne_Trautmann, qui a appelé les secours et filmé l’hélitreuillage raconte à « l’Obs » comment il a réussi porter secours à Moussa, 22 ans. Tout en insistant : « Je ne me sens pas le héros de ce secours, pour moi le vrai héros c’est Moussa, qui a bravé tous les dangers pour trouver une terre d’accueil plus hospitalière ». Voici son témoignage.

      http://tempsreel.nouvelobs.com/videos/vlz5k3.DGT/migrants-on-ne-peut-pas-accepter-qu-il-y-ait-des-gens-qui-meure

      Transcription d’une partie de l’interview de Etienne Trautmann :

      Etienne Trautmann (dans la vidéo son affiliation est la suivante "Collectif citoyens solidaires professionnels de la montagne) :
      « Nous on ne peut pas accepter qu’il y ait des gens qui meurent dans nos montagnes. Actuellement l’Etat, et je pèse mes mots, essaie de faire en sorte que la solidarité soit un délit. Nous, professionnels de la montagne on dit qu’on ne peut pas accepter cela. On essaie de nous mettre hors-la-loi en arrêtant des gens qui vont faire preuve de solidarité en prenant par exemple en stop des jeunes qui sont frigorifiés, qui ont besoin d’aide, et ça, nous, on ne peut pas l’accepter. Il y a des gendarmes qui interviennent, notamment dans la Vallée de la Clarée, et qui sont clairement là pour attraper les migrants. Il y a 2-3 semaines quand je suis passé, ils étaient dans une petite piste à la sortie d’un pont, et ils essaient d’attraper les jeunes à ce moment-là. Les informations tournent vite. D’une part ils passent par des cols extrêmement dangereux et par exemple ils traversent les rivières, non pas par les ponts, ils traversent avec leurs chaussures… Les pieds mouillés comme cela, je leur donne un quart d’heure avant que les gelures apparaissent et qu’on arrive après à l’amputation. C’est pas possible. »
      Sur le secours de Moussa : "J’ai essayé de lui dire qu’il était en sécurité là où il était, qu’il était pris en charge, qu’il allait pouvoir manger, qu’on allait pouvoir s’occuper de lui. Quand je vous en parle, c’est pas évident, parce qu’en disant cela je sais que je mentais, parce que clairement, car aujourd’hui pour un réfugié, et notamment de 22 ans, majeur, pour lui le parcours de l’enfer, il continue. Il vient de Guinée-Conakry, j’imagine qu’il a dû être confronté à toutes les horreurs qu’on peut trouver en Libye, certainement emprisonné, travailleur de force, la traversée de la Méditerranée certainement dans de mauvaises conditions… Et son parcours de l’enfer il continue ici en France, aujourd’hui. Et il va continuer. On est confronté à une valeur d’humanité, de fraternité, c’est des valeurs qu’en allant à l’école… c’est ces valeurs républicaines qu’on m’a transmises. Et aujourd’hui on me dit « non », mais mes enfants sont à l’école et devant le fronton de la mairie juste à côté c’est ces valeurs qui sont marquées : liberté, égalité, fraternité."

    • Sulle Alpi, da Bardonecchia alla Francia: la marcia drammatica dei migranti per superare il confine

      –-> avec vidéo:

      Per impervi sentieri di montagna, con abiti poco adatti. La pericolosa impresa tentata da tanti ragazzi africani.

      L’accesso alla Francia passa sempre di più da Bardonecchia: con i riflettori puntati su Ventimiglia, e sul Brennero, il viaggio della disperazione dei migranti passa anche tra i monti del Piemonte dove, anche col il gelo, tentano una drammatica marcia verso lo stato transalpino giungendo in valle da Torino e avventurandosi per impervi sentieri che li portino al di là delle Alpi.

      Minute 2’43, témoignage d’un migrant:

      «Quando vai alla frontiera, è impossibile. Non puoi passare. Né a Chiasso né a Ventimiglia. Tutto è impossibile.»


      http://www.corriere.it/video-articoli/2017/12/23/nel-gelo-alpi-la-francia-marcia-drammatica-migranti-superare-confine/afd9df66-e7ff-11e7-ac5e-f4b084532223.shtml

    • Posté par Valerio Cataldi sur FB :

      Bubbaka ha 17 anni e corre come un fulmine.
      Corre nella neve che gli arriva alla vita e gli strappa le scarpe da ginnastica dai piedi. Quando cade chiede aiuto a sua madre, poi si rialza e riparte.
      Bubbaka viene dal Mali. Vuole andare in Francia e nessuno lo potrà fermare. Non lo hanno fermato il deserto, i miliziani libici, il mediterraneo. Neanche la Gendarmerie che lo riporta indietro a Bardonecchia, in Italia.
      Non lo ferma neanche la neve.

      https://www.facebook.com/valerio.cataldi.35/posts/10214953897031357?comment_id=10214954554047782&notif_id=1514213178803818&n

      Lien vers le reportage sur le site de la télé italienne :
      http://www.tg2.rai.it/dl/RaiTV/programmi/media/ContentItem-d37b0006-8998-4c51-8222-bf1e31179170-tg2.html

    • Dall’Italia alla Francia. Oltre il muro di neve, in fuga dalla Gendarmerie

      Profughi e attivisti superano a piedi i passi di montagna sfidando le autorità francesi. Almeno 1.500 persone sono già transitate da Bardonecchia.

      Laurent ha un nome francese, un passaporto in lingua francese, si è formato alla scuola statale con libri francesi, ha la erre moscia dei francesi, per anni è stato sfruttato da un datore di lavoro francese, è cristiano, anzi «catholique», ma non può mettere piede in Francia. Perché non è francese. «E perché sono nero», dice mentre dall’alto del suo metro e novanta lancia la sfida agli ultimi ostacoli: le gallerie scavate a picconate cento anni fa e che preannunciano l’abitato di Nevache, 349 abitanti, due metri di neve, e una certa allergia tutta transalpina per i gendarmi che vanno a caccia di migranti da rispedire in Italia.

      La solidarietà dei montanari

      I montanari hanno costruito una rete informale di solidarietà che coinvolge più di 1.300 persone in tutta la regione di Briançon. Cattolici, protestanti, attivisti sociali, militanti No Tav di Italia e Francia. Da queste parti la gente guarda con rispetto a chi se la cava tra i monti, con la stessa ammirazione con cui si osserverebbe un Ulisse sopravvissuto a mille trappole. Scampato ai negrieri del deserto, ai torturatori libici, al gommone che si sgonfiava mentre il Mediterraneo si prendeva i suoi compagni di viaggio, Laurent è in fondo un Ulisse nero. Uno dei molti. Ma il gigante africano adesso trema perché le carezze della neve gli stanno facendo più male delle tempeste di sabbia. È ivoriano Laurent, di quell’Africa dove quella di Parigi è l’unica lingua ufficiale, ma che Parigi vuole tenere alla larga risarcendo anni di colonialismo importando caffé a buon mercato.

      Già passati in più di 1.500

      Dall’inizio dell’anno, secondo diverse associazioni di volontariato francesi, sono passate più di 1.500 persone, soprattutto uomini originari del Mali, della Guinea e della Costa d’Avorio. Molti i minorenni. Da Bardonecchia i ragazzi del Soccorso alpino hanno battuto una parte del tracciato dopo la grande nevicata di due settimane fa. La carrozzabile che d’inverno viene chiusa, è praticabile per i primi chilometri. Poi, in territorio francese, cominciano i perigli.

      Qualche giorno fa ne hanno tratti in salvo sei. Si erano smarriti nei boschi. «Quando hanno capito che li stavamo riportando in Italia – spiegano i soccorritori – non ne hanno voluto sapere, allora li abbiamo seguiti fino alla galleria, in territorio francese, dove ad attenderli c’era già la gendarmeria nazionale». Una scorta che farebbe andare fuori dai gangheri la polizia d’Oltralpe.

      Alla media di una decina al giorno, Natale compreso, arrivano tutti a Bardonecchia. Ogni sera alle 23,20 la campanellina della stazione ferroviaria più occidentale d’Italia annuncia l’ultimo convoglio regionale da Torino. I volontari lo aspettano come sempre sul primo binario. Ci sono gli operatori di «Rainbow4Africa» e i volontari del soccorso alpino, che hanno messo a disposizione una stanza, coperte, un bagno, cibo e soprattutto tutte le avvertenze per convincerli a desistere.

      Tutti in marcia alle 2 del mattino

      Come seguissero una tabella di marcia non scritta, quasi tutti, dalle due del mattino provano a inoltrarsi lungo il sentiero per il Col de l’Échelle, quel Colle della Scala che già dal nome dovrebbe invitare a girare i tacchi in giorni di neve. Altri preferiscono rischiare di più salendo l’impervia via del Monginevro, scarsamente presidiata dai gendarmi di montagna.

      Con scarponi e gambe buone si potrebbe leggere il primo cartello di «Bienvenue en France» dopo due ore al massimo di cammino. I dieci chilometri di salita sono difficili, ma non da arrampicata, poi altri quattro di discesa in Francia. Il termometro di notte a meno 8 e l’equipaggiamento più da traversata verso Lampedusa in estate che da sci di fondo, sono il nemico più insidioso.

      La prima ora di ascesa passa di solito tra denti che battono e caviglie che si piegano scivolando sulla salita ghiacciata. Poi, dove neanche le motoslitte arrivano, ogni passo è un calvario. Centottanta centimetri di neve vuol dire affondarci dentro. Risucchiati dalla paura e da una coltre che di amichevole ha solo l’aspetto.

      «Mi stavo nascondendo dietro a un cespuglio, ma i francesi mi hanno preso», racconta Shabir mentre dichiara la resa. Il pachistano dalla lingua sciolta dice che è finita. A lui la montagna non fa paura, e neanche la neve. Era abituato agli spietati inverni delle Torri di Trango, nel Baltistan, «a quattro ore di cammino dal K2». Il tempo di un panino al burro, un thé caldo, e i francesi lo hanno ricacciato dalla parte del traforo con il tricolore che voleva lasciarsi alle spalle. Gli sarebbe piaciuto vedere Parigi prima di tentare l’ultima impresa. «Non arriverò mai a Liverpool. Non ce l’ho fatta». E c’è una sola spiegazione: «Allah, vuole che io resti in Italia». Non ha la faccia stanca e non trema di freddo. Se ne andrà ad Ancona, dov’era sbarcato da un traghetto greco nascosto sotto al container di un rimorchio. «A Senigallia ho un amico che mi ha offerto un buon lavoro: 10 euro al giorno per distribuire volantini pubblicitari, e di notte venderò fiori oppure farò il guardiano».
      Tanti sogni infranti a un passo dal traguardo

      Altri due pachistani sono sfuggiti ai gendarmi che aspettano in fondo al pendio, dietro al costone che segna l’ultimo ostacolo naturale prima del traguardo. Non tutti, in verità, hanno in mente di fermarsi in Francia. Non i due iraniani, respinti al Brennero e a Ventimiglia e diretti in Germania. Non l’iracheno, che con il suo sguardo torvo non riesce a impietosire i doganieri neanche quando finge d’essere un profugo siriano. Lui vuole andare in Spagna dove sua sorella è alle ultime settimane di gravidanza. Laurent, intanto, guarda in fondo all’ultima galleria. Prima di lui erano partiti dall’Italia nove ragazzi. Avranno avuto mezz’ora di vantaggio. «Se la polizia li ha presi – riflette – allora saranno impegnati con loro e magari non mi vedranno. Se non li ha presi, allora potrebbero vedere me, oppure potrei avere fortuna come loro». Aspettare, però, vorrebbe dire stramazzare a terra. Un giovane della Guinea Conakry qualche giorno fa è stato ritrovato in un canalone senza scarpe. Non fosse stato per i montanari di Nevache sarebbe morto proprio a un passo dal traguardo.

      Laurent lo ha saputo dal passaparola via Whatsapp. «Piuttosto che tornare indietro, meglio finire arrestato dai francesi», dice sollevando il braccio nel segno dell’addio. Se in Costa d’Avorio esistesse un club di alpinismo, Laurent oggi sarebbe un eroe nazionale. A mani nude, con delle Adidas di pezza ai piedi, jeans e un piumino di un paio di taglie più piccolo, ha scavallato la dorsale che sfiora quota duemila ed è sceso giù in Francia in una notte sola. Un’impresa che dalle sue parti passerebbe alla storia: «Ma non sfamerebbe i miei bambini».

      https://www.avvenire.it/attualita/pagine/oltre-il-muro-di-neve-in-fuga-dalla-gendarmerie

    • Il 7 gennaio camminata da Claviere a Montgenèvre

      Il gruppo Briser les Frontières ha organizzato per domenica 7 gennaio una camminata da Claviere a Montgenèvre dal titolo Marcher pour Briser les Frontières

      Camminata contro le frontiere, per muoversi liberamente!
      Da Claviere a Montgenèvre.

      Domenica 7 gennaio alle ore 11.00
      Appuntamento al parcheggio di via Nazionale a Claviere.
      Con abbigliamento adeguato per una camminata sulla neve.

      Le frontiere non esistono in natura,
      sono un sistema di controllo.
      Non proteggono le persone, le mettono una contro l’altra.
      Non favoriscono l’incontro, ma generano rancore.
      Le frontiere non dividono un mondo da un altro,
      c’è un solo mondo e le frontiere lo stanno lacerando!

      L’indifferenza è complicità!

      Per Info: +39 3485542295

      (In caso di maltempo l’iniziativa si farà la domenica successiva)


      https://rbe.it/2017/12/28/camminata-7-gennaio

    • ON Y VA’ - alcune storie dalla Val di Susa di confine

      Alcune interviste fatte tra le montagne della Valle di Susa. Dove da mesi moltissime persone che vogliono oltrepassare il confine verso la Francia sono costrette a farlo rischiando la vita.

      https://www.facebook.com/briserlesfeontieres/videos/1537002486391870
      #vidéo #témoignages #parcours_migratoires #itinéraire_migratoire
      Une personne dit avoir essayé déjà une fois d’aller en France (il a remonté l’Italie depuis #Crotone), mais avoir été renvoyée. Renvoyée à #Taranto, puis à #Roccasecca
      #migrerrance

    • Bilan des états généraux pour les migrants : entre inquiétudes et espoirs

      Entre tables ronde et chaîne humaine au col de l’Échelle, le week-end consacré aux migrants et aux migrations a rassemblé beaucoup de monde, près de 1000 personnes au total dont plus de 300 dans la neige et le froid du col de l’Échelle. Une conférence de presse, ouverte au public, a conclu ces deux journées. Le bilan par #Marie_Dorléans, du mouvement citoyen Tous Migrants.

      https://vimeo.com/247766714?ref=tw-share

    • #solidarité_montagnarde à #Névache... une chanson :

      La fin de la #chanson :

      "Et pourtant, là-bas, là-haut
      là où vient de se passer mais où tout se passe
      comme souvent dans des interstices du monde
      dans les Alpes
      des hommes et des femmes ont arrêté ce tran-tran quotidien
      à Névache, à La Roya
      des enfants qui passaient, sans chaussettes
      allant de nulle part à nulle part sans destin
      sans espoir
      on leur a ouvert, le meilleur de Névache
      solidarité montagnarde, ça s’appelle
      c’est beau comme mot.
      Il a dit : « Bhein, vous êtes là, bhein restez dormir »
      Pas militant, pas combattant
      juste quotidien
      le quotidien qui change tout.
      C’est là-bas, c’est à Névache
      au-dessus du Briançonnais
      Allez-y, ça a l’air bien."

      https://twitter.com/laRadioNova/status/932499508767977472

      sur youtube :
      https://www.youtube.com/watch?v=-JraQ2DiVYI

    • Capolinea Bardonecchia?

      Reportage dalla frontiera tra Italia e Francia, dove i migranti sono bloccati a causa del regolamento di Dublino e dove la popolazione si sta attivando per fornire loro un aiuto.

      Le Alpi occidentali sono uno storico luogo di passaggio. Senza scomodare Annibale e i suoi elefanti più di duemila anni fa, si può dire che il “confine naturale” rappresentato dalle montagne sia stato più spesso motivo di unione che di separazione tra gli abitanti dei due versanti.

      Eppure, per le migrazioni contemporanee le montagne sono più simili a un muro. Da Ventimiglia a Como, sono ritornate le frontiere tra l’Italia e la Francia, almeno per i migranti. Non fa eccezione Bardonecchia, il comune più occidentale d’Italia, diventato nell’ultimo anno un luogo di transito sempre più rilevante.

      In estate, passare da Bardonecchia a Nevache attraverso il Colle della Scala non è né difficile né lungo, e da lì procedere poi verso Briançon e via via in direzione delle città più grandi, ma durante l’inverno tutto si complica: il colle, infatti, rimane chiuso per tutta la stagione a causa delle condizioni meteo. Nonostante questo, in questi primi mesi freddi il transito di richiedenti asilo attraverso Bardonecchia non si è azzerato, ma al contrario i numeri sono decisamente superiori rispetto allo scorso anno. Di conseguenza, anche gli incidenti dovuti alle difficoltà del clima sono in aumento.

      Mentre per il sindaco di Oulx «i migranti nelle stazioni non sono affatto un problema», è chiaro che la situazione non può che essere provvisoria, né può essere trattata soltanto come una questione di ordine pubblico. Alla base di tutto, rimane l’inefficienza del regolamento di Dublino, che affida la competenza dell’esame della richiesta d’asilo al Paese di primo ingresso, incentivando quindi tutti gli altri, Francia compresa, a chiudere le proprie frontiere e a rimandare indietro chiunque riesca ad attraversarle.

      http://riforma.it/it/articolo/2017/12/15/capolinea-bardonecchia

      Citations:
      Marta (militante Briser les frontières), à partir de la minute 0’35:

      «Il passaggio per la Francia qui dalla Val di Susa è iniziato ad essere utilizzato dopo la chiusura della frontiera di Ventimiglia. Dopo la militarizzazione di quel passaggio lì, le persone si sono informate e si sono spinte fino a questo passaggio del Colle della Scala e del Monginevro. Abbiamo notizie di alcuni passaggi già l’inverno scorso che però non riusciamo molto a quantificare perché erano ancora abbatanza discreti. E poi dall’estate scorsa abbiamo notizia di 40-50 arrivi al giorno e altrettanti passaggi durante la giornata sui sentieri.»

      Voix off:
      «Il territorio ha risposto con una rete di accoglienza spontanea che fornisce supporti di diverso genere.»

      Marta: «La rete è nata da un’esigenza di singole persone che si sono avvicinate a questo punto di frontiera, che hanno verificato che le condizioni dei ragazzi che arrivavano erano sicuramente difficili, per cui abbiamo deciso di organizzarci in rete per avere una possibilità maggiore di dare un supporto. Abbiamo iniziato ad operare più formalmente da un paio di mesi. Le cose che sono state fino adesso è una presenza più o meno costante in stazione a Bardonecchia e poi portiamo su i vestiti. Cerchiamo di risolvere quelle che sono le prime esigenze e distribuire cibo, tè caldo, ecc.»

      Voix off:
      «Recentemente ha fatto notizia la chiusura della stazioni ferroviarie che ha portato anche all’intervento del prefetto di Torino per farle riaprire»

      Marta: «Loro l’hanno giustificata con una ragione di sicurezza e ordine pubblico nelle stazioni, cosa che non è giustificata perché non ci sono mai stati problemi di ordine pubblico. Dopo questa notizia, sia le amministrazioni sia diverse persone hanno fatto pressione perché si riaprissero le sale d’attesa. E alla fine, con l’intervento del prefetto, sono state riaperte, anche se in realtà sono aperte soltanto di giorno. Di notte, la sala di Bardonecchia chiude alle 21 e quella di Oulx continua a chiudere alle 22h30, cosa che in teoria non dovrebbe succedere perché è una stazione internazionale».

      #Diego_Cantonati, responsabile Soccorso Alpino Guardia di Finanza di Bardonecchia autour des tentatives de dissuasion de faire la traversée (à partir min 2’50):

      «E’ una domanda che ci poniamo anche noi, quella di lanciare un messaggio in modo da fargli capire che è pericoloso fare quello che vogliono fare. Purtroppo non riusciamo a convincerli. Ci sono diverse associazioni che danno appoggio a questi migranti, probabilmente sono quelle più influenti sulle loro scelte, dovrebbero incidere e far capire che in determinate condizioni corrono dei rischi veramente troppo elevati e rischiano anche proprio di morire»

      Marta (min. 3’32):

      «Loro hanno già attraversato delle situazione estremamente difficili per cui la neve non li spaventa più di tanto, la descrizione dei possibili problemi di ipotermia e addirittura i racconti di persone che già hanno subito amputazioni dei piedi... nonostante questi racconti loro ci dicono che un tentativo lo devono fare perché è la loro unica possibilità.»

      #Simone_Bobbio, addetto stampa Soccorso Alpino e Speleologico Piemontese (min. 4’51):

      "E’ una differenza quantitativa, dei numeri. A livello qualitativo, si porta soccorso a chi ne ha bisogno, indipendentemente da chi sia. E’ per questo che spesso nei rapporti di intervento non compare il fatto che sia stato portato soccorso a un migrante piuttosto che a un turista, perché si soccorre la persona e basta. A livello comunicativo c’è un certo tipo di remora a comunicare tutti questi interventi anche per un poco il timore che possono essere strumentalizzati. Perché c’è il rischio che qualcuno inizia chiedere... la classica domanda è: ’Chi paga per questo intervento?’. Quindi cerchiamo di affrontarli con una certa cautela.

      #Gianfranco_Schiavone, vice-président ASGI sur le cadre juridique:

      «Il pilastro su cui si regge politicamente l’attuale regolamento Dublino 3 e anche le sue versioni precedenti è il vincolo che lega il richiedente asilo al primo paese dell’Europa nel quale mette piede, perché lì si radica la competenza delle domande. E quello che avviene è che le persone che cercano di evitare in tutti i modi questa situazione è di trasferirsi in maniera irregolare in un altro paese nel quale vogliono andare.»

      Intervista a #Cristina_Alpe del Soccorso Alpino di Bardonecchia

      La sede di Bardonecchia del #Corpo_Nazionale_Soccorso_Alpino_e_Speleologico ha avviato nelle ultime ore tre operazioni di ricerca per altrettanti gruppi di migranti che tentavano di valicare verso la Francia, nonostante l’abbigliamento inadatto e le condizioni meteo avverse.

      –-> citation:

      Cristina Alpe: Questi interventi si verificano già da alcuni mesi, diciamo che è dalla primavera/estate che continuiamo ad avere chiamate di soccorso. In realtà il grosso problema si è rivelato adesso, con il maltempo e la neve, perché i valichi verso la Francia non sono praticabili né a piedi né in auto. Adesso gli interventi sono aumentati e queste persone hanno veramente bisogno di aiuto. Nella giornata di ieri (10.12.2017), tra ieri e stamattina, ci sono stati 2-3 interventi. Uno con esito positivo verso le 5h20 di questa mattina, in collaborazione con il Pelotone de la gendarmerie francese (PGHM), che ci ha contattati per due migranti che erano verso il Colle della Scala, su territorio francese, però su versante italiano. E una nostra squadra mista con il Soccorso Alpino della finanza sono riusciti a recuperarli verso le 6h45. Non avevano scarpe adatte, uno aveva addirittura perso le scarpe, comunque sono stati recuperati e riportati a Bardonecchia. Negli altri due interventi, le ricerche nella nottata sono state sospese, anche perché immediatamente dopo le 18h pare che ci sia stata una chiamata di queste persone che avevano chiesto soccorso che erano in salvo a fondovalle in Francia e quindi non avevano più bisogno. La cosa che mi viene da dire è che comunque quando chiamano, le notizie sono sempre un po’ sommarie, un po’ vaghe e quindi è sempre difficile riuscire a localizzare e dare il giusto aiuto a queste persone.
      Giornalista: chi chiama?
      Cristina Alpe: In queste ultime chiamate ci è parso di capire che fossero i migranti stessi, nel senso che comunque hanno un telefono e in alcuni casi poi dopo la chiamata riusciamo anche a contattarli, poi bisogna vedere se non è qualcuno che li lascia lì. Questo non lo sappiamo, nel senso che a volte ci chiamano, lasciano un numero di telefono e poi provi a richiamare e non risponde più nessuno. Altre volte invece ti rispondono di nuovo e quindi la localizzazione è più facile. Dipende un po’ da dove riescono a chiamare, a volte aggancia la cella italiana, a volte aggancia la cella francese. Comunque se sono su Bardonecchia, in linea di massima sono su territorio francese, perché sul territorio italiano il posto è un po’ meno pericoloso, perché dove inizia la salita verso il Colle della Scala poi è già territorio francese dove è più pericoloso.
      Giornalista: non si tratta di emergenza singola, ma...
      Cristina Alpe: E’ un problema allargato. Infatti credo che in questi giorni si muoveranno altre forze in campo, prefettura e comune, perché comunque se nell’estate è una cosa gestibile perché la maggior parte di quelli che cerca di svalicare riesce, in questo periodo qua assolutamente no. Son pochi quelli che riescono a passare di là. Oltretutto con il brutto tempo così. Il Colle della Scala d’inverno è impraticabile, soprattutto con calzature non adatte, poco vestiti. Infatti ci sono anche operazioni della Croce Rossa, ci sono altre associazioni di volontariato che si stanno muovendo per dare assistenza a queste persone.

      https://rbe.it/2017/12/11/intervista-cristina-alpe-del-soccorso-alpino-bardonecchia

    • Bardonecchia. Cattolici e protestanti insieme per i profughi a piedi sulle Alpi

      Parrocchie cattoliche, comunità protestanti, associazioni, volontari del soccorso alpino italiano e francese, da settimane cercano di portare al riparo i migranti che si avventurano verso la Francia.

      L’ecumenismo dei ramponi e del vin brulée a duemila metri di quota è una questione di vita o di morte. Parrocchie cattoliche, comunità protestanti, associazioni, volontari del soccorso alpino italiano e francese, da settimane affrontano dai due versanti delle Alpi il grande freddo, cercando di portare al caldo i migranti che si avventurano verso la Francia.

      Sono i profughi che tentano di aprire nuove piste lungo la novella Via Francigena della speranza. Equipaggiati come peggio non si dovrebbe, affrontano i sentieri più impervi affondando le gambe dentro a una coltre da loro mai vista prima. Scarpe da ginnastica ai piedi, pantaloni di cotone leggero, giacche a vento buone a malapena per affrontare il mare in bonaccia. Guardano i costoni sperando di trovare dall’altra parte la discesa verso la valle transalpina. Invece no, dopo un tornante ce n’è un altro che risale.

      Le mobilitazioni delle oltre 430 associazioni coinvolte negli “Stati Generali delle migrazioni in Francia” e dei valligiani sul versante italiano non si fermano. Gente di montagna che non ha bisogno di teologismi per sapere cos’è l’ecumenismo della solidarietà. Riforma, lo storico organo di informazione delle chiese evangeliche battiste, metodiste e valdesi in Italia, segue in tempo reale l’evolversi della “rotta bianca”, rilanciando i messaggi della Chiesa cattolica francese, e specialmente del Secourse Catholique, la Caritas di Francia che insieme a “Entraide Protestante”, la diaconia delle chiese riformate francesi, hanno protestato per iscritto con il presidente Macron, denunciando «tutte le storture del sistema di accoglienza francese e con la volontà di denunciare - spiega Riforma - l’ulteriore inasprimento di controlli e modalità di espulsione che le nuove leggi su immigrazione e sicurezza stanno delineando».

      «Attenzione, pericolo di morte», recitano in arabo, francese e inglese alcuni cartelli a Bardonecchia e a Oulx, i comuni da cui i migranti partono per la traversata. Loro guardano, e passano oltre. «La montagna è pericolosa d’inverno. Si rischia il congelamento a causa del freddo estremo - si legge -. Ci si potrebbe perdere e morire per sfinimento. Per favore non tentate, potrebbe esserci un metro e mezzo di neve». L’hanno vista neanche sul Kilimangiaro, e dopo essere sopravvissuti agli aguzzini libici e ai marosi del Mediterraneo, non hanno paura di quello che non conoscono. Alcuni cascano nella trappola di improvvisati contrabbandieri di uomini.

      Il 30 novembre un ventenne originario del Kosovo è stato fermato dagli agenti del commissariato di Bardonecchia, sul confine tra Italia e Francia. Alla guida di una Lancia Ypsilon, l’uomo era diretto Oltralpe con a bordo quattro connazionali tra i 18 e i 30 anni. Il passeur è stato arrestato per favoreggiamento dell’immigrazione clandestina, mentre gli altri quattro kosovari sono stati espulsi. Con gli africani, «la situazione migranti a Bardonecchia - afferma Luca Giaj Arcota, presidente del Soccorso alpino piemontese - ha raggiunto il livello d’emergenza. Negli ultimi mesi la nostra stazione locale, insieme alla Guardia di Finanza è stata chiamata in numerosi interventi per migranti dispersi o infortunati. Queste persone tentano di passare il confine nonostante le condizioni proibitive e il lavoro di dissuasione che la nostra e altre associazioni porta avanti. Non possiamo impedire loro di affrontare i sentieri innevati, ma è necessario prevenire altre partenze prima di incidenti più gravi». Neanche il maltempo li ferma. Figurarsi un cartello. La neve non però, è tutto più complicato.

      Perché un nero, da quelle parti, non è un turista in cerca di emozioni tra le vette. Molti tra quelli intercettati dalla Gendarmerie e rispediti in Italia, si nascondono prima di poter essere aiutati. Sfuggire agli agenti tra Bardonecchia e Briançon è ora quasi impossibile, così tentano la strada del Monginevro. Due giorni fa ne hanno salvati una decina. Si erano perduti tra i pendii. Hanno accettato una bevanda calda e vestiti asciutti. Poi sono ripartiti, sognando finalmente la discesa e qualcuno che gli dica che ce l’hanno fatta: «Bienvenue en France».

      https://www.avvenire.it/attualita/pagine/lecumenismo-solidale-lungo-la-rotta-bianca

    • Nella neve e nel ghiaccio la marcia dei migranti attraverso le Alpi

      In tre mesi almeno in duemila hanno passato il confine tra Italia e Francia. Spesso sono minori non accompagnati e si ritrovano spaesati in mezzo al freddo. Una rete di montanari volontari li aiuta anche se poi la polizia francese li rispedisce indietro.

      A decine ci provano ogni settimana, quando la temperatura scende a meno venti. Dall’Italia alla Francia. Senza equipaggiamento e nel bianco abbagliante. Senza nemmeno un paio di stivali. Ma l’anno scorso, come in questo nuovo anno, si mettono in cammino verso una nuova vita (https://www.aljazeera.com/videos/2018/1/1/migrants-in-europe-desperate-journeys-across-mountains). Al gelo, affondando i piedi nel ghiaccio che copre quasi tutto, a quasi duemila metri d’altezza, lungo il passo alpino che separa il suolo francese da quello italiano: i migranti sono in marcia (https://www.thetimes.co.uk/article/barefoot-migrants-die-trying-to-cross-alps-in-deepest-winter-zpvb82nrr).

      Da Ventimiglia al Brennero, poi le Alpi: la prima città da raggiungere nella terra francese è Briançon, dove è stato aperto un rifugio per la notte. I locali, che sanno quanto pericolose siano le loro montagne, hanno deciso di aiutarli e raccontano che la maggior parte dei profughi in arrivo sono minori non accompagnati, che tentano di raggiungere suolo francese. La rete dei volontari conta 1300 persone dei villaggi circostanti: dal bucato al sostegno giuridico, dalle ronde per i dispersi a chi distribuisce cibo, in mille sulle Alpi tendono la mano (www.meltingpot.org/Sulle-Alpi-francesi-i-montanari-che-salvano-i-migranti-dal.html#.WkqawSOh2fU).

      Quando cala dall’alto, la guardano per la prima volta nella loro vita: gli africani vedono lassù per la prima volta la neve. Dalla caldissima Africa, i rifugiati affrontano temperature gelate. Accendono il fuoco di notte, si dividono il cibo. Sperano. Ricordano i Paesi d’origine: Mali, Guinea, Costa d’Avorio. Dormono e all’alba, un passo dopo l’altro, continuano ad andare verso nord.

      In tre mesi in millecinquecento almeno, quasi duemila rifugiati ce l’hanno fatta, ma il percorso è arduo, quasi impossibile senza preparazione e abiti caldi, di cui i migranti sono sforniti. Gli alpini che pattugliano la zona dicono di aver paura di trovare i cadaveri in primavera, quando la neve si scioglierà. Alberto Rabino, a capo degli alpini di Bardonecchia, dice di aver ricevuto decine di chiamate dai migranti negli ultimi giorni. Si perdono nei boschi, nella neve, nel buio e quando i soccorritori arrivano li trovano in condizioni pericolosissime, a volte senza nemmeno le scarpe, a volte gravemente feriti. Joel Pruvot fa il volontario nel rifugio e anche lui racconta di aver trovato rifugiati senza scarpe nella neve: “gli africani non hanno idea di quanto sia pericolosa la montagna”.

      Quando riescono a scampare alla morte per congelamento, a volte si imbattono nella polizia francese che li rispedisce indietro. Vicino a Bardonecchia, mentre il 2017 diventava 2018, un gruppo di migranti ha tentato di arrivare a Col de l’Echelle. Lì l’altezza sfiora i duemila metri. Erano in sei ed erano arrivati in Italia a luglio. Quasi tutti, come la maggior parte dei migranti che hanno la forza di compiere il percorso, erano minorenni. Tutti con negli occhi un sogno: una nuova vita oltre le Alpi.

      https://left.it/2018/01/02/nella-neve-e-nel-ghiaccio-la-marcia-dei-migranti-attraverso-le-alpi

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      Migrants in Europe: Desperate journeys across mountains

      Over the last three months, at least 1500 migrants have embarked on a dangerous journey over the Alps, crossing from Italy into France, defying freezing temperatures and heavy snow.

      Over the last three months, at least 1500 migrants have embarked on a dangerous journey over the Alps, crossing from Italy into France, defying freezing temperatures and heavy snow.

      Rescuers in the Alps say they’re concerned about the number of refugees and migrants trying to cross the snow-covered mountains of Europe.

      Half of those making the journey are thought to be children or teenagers.

      https://www.aljazeera.com/videos/2018/1/1/migrants-in-europe-desperate-journeys-across-mountains

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      Barefoot migrants die trying to cross Alps in deepest winter

      Rescue workers say they expect to discover the bodies of African migrants who have died crossing the Alps when the snows melt in the spring.

      Dozens try to cross the border between Italy and France every week, some barefoot, despite heavy snow and temperatures as low as minus 20C. One African man died last week when he fell from the clifftop cabin where he had been sheltering onto the A8 motorway at Roquebrune-Cap-Martin on the French side of the border.

      (#paywall)

      https://www.thetimes.co.uk/article/barefoot-migrants-die-trying-to-cross-alps-in-deepest-winter-zpvb82nrr

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      Sulle Alpi francesi: i montanari che salvano i migranti dal gelo
      >> di Luisa Nannipieri - Radio Popolare, 18 dicembre 2017

      Più di un metro di neve fresca e polverosa, temperature che scendono fino a – 20°C e raffiche potenti che spazzano la montagna sotto al limpido cielo invernale. Siamo a 1.700 metri d’altezza, vicino al Col de l’échelle, piccolo passo alpino che separa la Francia dall’Italia. A meno di 10 chilometri da qui, c’è già chi scia sulle piste di Bardonecchia, in val di Susa. Questa è, ormai da più di un anno, la nuova strada dei migranti che vogliono lasciare l’Italia.

      Bloccati a Ventimiglia e al Brennero, arrivano in treno fino a Bardonecchia o Oulx e si incamminano sulle montagne a piccoli gruppi per raggiungere Briançon. Come cartina, un cellulare che spesso non prende; ai piedi, se va bene, delle scarpe da ginnastica di tela e delle calze. Per evitare le pattuglie di gendarmi lungo la strada, non esitano a lasciare i sentieri battuti, finendo per perdersi o ferirsi anche gravemente. Dall’inizio dell’anno sono passate più di 1.500 persone, soprattutto uomini originari del Mali, della Guinea e della Costa d’Avorio. Moltissimi sono minorenni. E la neve non basta a scoraggiarli: ogni giorno arriva una decina di persone in valle, nonostante il gelo e il rischio di valanghe sul versante italiano.

      Per far fronte alla situazione, in mancanza di una risposta che non sia la militarizzazione della frontiera da parte dello Stato francese, i montanari hanno creato una rete di solidarietà che coinvolge più di 1.300 persone in tutta la regione di Briançon. Non tutti sono favorevoli ai migranti ma nessuno riesce a rimanere indifferente, figurarsi abbandonare qualcuno sui monti conoscendo i rischi che si corrono. Cosi’ c’è chi li accoglie, chi li cura, chi li aiuta a fare il bucato, chi offre sostegno giuridico e chi organizza, ogni sera, ronde per cercare i dispersi in montagna. Alcuni hanno dato i loro numeri di cellulare e ricevono spesso richieste d’aiuto da ragazzi che non sanno minimamente orientarsi sulle Alpi. E tutti si chiedono non se, ma quanti corpi verranno ritrovati questa primavera, al disgelo.

      Domenica scorsa, dalla valle francese della Clarée sono saliti in 250: valligiani, guide alpine, qualche giornalista e qualche personaggio noto hanno formato una cordata solidale per denunciare una situazione sempre più pericolosa e il silenzio dello Stato. Sarebbe dovuta essere una semplice azione dimostrativa ma si è trasformata in un’operazione di salvataggio. Un giovane della Guinea Conakry è stato ritrovato in un canalone di valanga senza scarpe. Aveva iniziato a salire verso il passo dell’Echelle alle 5 del mattino. Ecco il video:


      https://twitter.com/la_regledor/status/941699971828604928

      https://www.meltingpot.org/2017/12/sulle-alpi-francesi-i-montanari-che-salvano-i-migranti-dal-gelo

    • Bardonecchia, migrante in fuga verso la Francia sommerso da un metro e mezzo di neve: salvato in extremis

      Tragedia sfiorata. Recuperato dal soccorso alpino francese avvisato dalla moglie che con i due figli lo attendeva a Briancon. Attivisti francesi aiuteranno i migranti costreuendo un igloo di protezione.

      Un Capodanno di solidarietà in cima al Colle della Scala dopo l’ennesimo salvataggio di un migrante in ipotermia sopra Bardonecchia. Sua moglie e i suoi figli, di 2 anni e di 5 mesi, erano riusciti a raggiungere la Francia senza problemi, mentre lui stava finendo assiderato nella neve dell’alta Valsusa. Un cittadino ghanese è stato salvato dal soccorso alpino francese mentre si trovava sotto un metro e mezzo di neve sul Colle della Scala al confine con l’Italia. Per lui, uno dei tanti migranti che da mesi tenta l’attraversata dalle Alpi, è stato provvidenziale proprio l’intervento della moglie con cui si erano dati appuntamento a Briançon, ma che non vedendolo arrivare ha dato l’allarme. La donna infatti era stata accolta da una coppia di attivisti francesi dopo essere arrivata in autobus passando dal Monginevro e riuscendo a eludere i controlli della gendarmerie, ma suo marito ha scelto la via più difficile ma anche quella considerata meno battuta dai migranti l’ascesa a piedi dal Colle della Scala. «Non lo vedeva arrivare e l’angoscia saliva anche perché era in corso una copiosa nevicata» raccontato gli attivisti di Tous migrant. Dopo ore di ricerche i soccorritori sono riusciti a individuare l’uomo e portarlo al sicuro con un elicottero. All’ospedale è arrivato in ipotermia e dopo le cure ha potuto riabbracciare la sua famiglia.

      Quella di questa notte è solo l’ultima tragedia sfiorata tra Bardonecchia e Nevache e anche per questo oggi un gruppo di attivisti francesi ha raggiunto il colle della Scala per portare aiuto ai migranti che anche nella notte di Capodanno tenteranno, sempre senza vestiti ed equipaggiamento adatto, l’ascesa. «Saliremo tutti insieme al Col de l’Echelle e costruiremo degli igloo necessari per accogliere chi verrà con noi - racconta Yann Borgnet, uno degli organizzatori - Questa sera prepariamo una grande zuppa e passiamo la serata lì. L’idea di un’azione del genere è per discutere di come i governi stanno gestendo le migrazioni, ma anche essere lì per aiutare i migranti in pericolo. Domani, se il tempo lo permette, è possibile che i più motivati ??facciano un viaggio di ritorno a Bardonecchia con gli sci, per fare al contrario il percorso dei migranti e mostrare a tutti quanto è dura la loro strada».

      https://torino.repubblica.it/cronaca/2017/12/31/news/bardonecchia_migrante_in_fuga_verso_la_francia_sommerso_da_un_metr

    • Valsusa, un’altra tragica frontiera dell’Europa dei muri

      Nel silenzio complice della stampa mainstream, un’altra drammatica situazione sta colpendo la popolazione migrante che attraversa il nostro paese. Un’attivista valsusina ci racconta gli ultimi mesi alla frontiera di Bardonecchia.

      Ci puoi raccontare cosa sta succedendo ai migranti alla frontiera di Bardonecchia?

      Da tempo ormai, vista la situazione a Ventimiglia con la frontiera sempre più sigillata, molti migranti arrivano in treno a Bardonecchia e attraversano il confine con la Francia a piedi passando per le montagne. Bardonecchia è una località transfrontaliera a 1312 metri di altezza. Con l’arrivo dell’inverno i migranti hanno iniziato ad avere grosse difficoltà con le temperature, con gravi problemi di assideramento durante le notti all’aperto.

      Era già accaduto in passato?

      Da sempre la Valle è stata un luogo di passaggio di migranti, lo ricordo fin da piccola anche per esperienze vissute in prima persona. Nell’ultimo anno questo fenomeno è sicuramente aumentato. Con l’inverno, e con la necessità di rifugiarsi in luoghi caldi, sta diventando evidente un fenomeno prima più invisibile.

      Cosa stanno facendo le autorità?

      Il primo provvedimento preso è stato chiudere le stazioni di Bardonecchia e poi di Oulx per impedire a chi migra di rifugiarsi nelle sale di attesa. Per un certo periodo hanno addirittura tolto il servizio di apertura anche di giorno, e quindi paradossalmente chiunque attendesse un treno doveva farlo al freddo.

      Dal lato francese l’arrivo dei migranti è monitorato da droni, motoslitte, pattuglie della gendarmerie e vengono riportati subito a Bardonecchia.

      Molte di queste persone hanno un permesso di soggiorno temporaneo in Italia e una volta riportati oltreconfine vengono lasciati a loro stessi.

      Il comune si è disinteressato così come le altre istituzioni fino a quando hanno iniziato ad avere pressioni più consistenti.

      Gli enti locali stanno intervenendo e prestando servizi di emergenza o è tutto gestito dalle forze dell’ordine?

      Per un lungo periodo le pressioni della società civile non sono servite a nulla.

      L’ong Rainbow for Africa ha poi iniziato ad avere delle interlocuzioni, ed è riuscita a far aprire una piccola stanzetta di 20 metri quadri nell’edificio della stazione, solo durante gli orari notturni. In principio questa stanzetta era gestita dalla polizia. Nel frattempo l’ong ha ottenuto le chiavi e la possibilità di mettere a disposizione personale medico e paramedico negli spazi del soccorso alpino adiacente. Il personale presta soccorso quando arrivano migranti che hanno sintomi da congelamento. Caritas e Croce Rossa hanno fornito servizi parziali.

      Cosa significa il supporto del movimento NOTAV a questa situazione?

      Se volevano una dimostrazione in più che il movimento NOTAV non è un movimento nimby, eccola pronta. Di sicuro la lotta contro il TAV ha permesso di diventare una comunità che cura il territorio e coltiva valori quali l’antirazzismo e l’accoglienza.

      Poi c’è da dire che far parte del movimento ha permesso di crescere a livello di organizzazione interna e per prestare soccorso ai migranti questo è stato fondamentale.

      Se poi vogliamo fare connessioni con il discorso TAV, è stato pubblicato da poco il comunicato ufficiale della posizione dei NO TAV in solidarietà nei confronti della questione migranti, poiché vengono spesi miliardi per far passare merci e persone bianche con i soldi attraverso le frontiere, mentre i migranti rimangono intrappolati. Una dimostrazione in più del fatto che le frontiere sono aperte o chiuse solo in virtù di interessi politici ed economici.

      La resistenza al TAV ha permesso contaminazioni viste le tante altre esperienze che sono state raccontate da chi è passato in Valle, queste hanno permesso di comprendere di più anche la questione migrazioni.

      La rete che si è formata è stata chiamata “Briser les frontières” (sbriciolare le frontiere), ha organizzato una prima serata benefit con 200 persone a mangiare per sostenere l’acquisto di cibo e beni di prima necessità, raccolte abiti invernali.

      È un grosso impegno, siamo una quarantina di attivisti pronti ad intervenire, ma molti di più disponibili ad aiutare, la risposta in Valle è stata più che buona.

      Quali difficoltà avete incontrato in questa esperienza?

      Sulla questione i francesi sono più avanti di noi, sono riusciti ad aprire una casa di accoglienza e altre attività di supporto, come ronde nei sentieri. Addirittura la casa l’hanno ottenuta dal comune di Briançon, che si è in un certo modo opposto alle leggi attuali che obbligano a rimandare in Italia i migranti.

      A Bardonecchia all’inizio non è stato facile a livello relazionale creare l’approccio giusto con i migranti, trovare una lingua comune è fondamentale.

      Da mesi ogni sera il soccorso alpino esce alla ricerca di dispersi nella montagna. Non c’è ancora stato il morto, ma un ragazzo ha avuto i piedi amputati per congelamento. Molti ragazzi, bruciati da esperienze del passato, hanno difficoltà a fidarsi ed accettare l’aiuto da parte della rete, anche solo prendere un paio di calzettoni asciutti o un piatto di minestra calda.

      La collaborazione da parte della Valle che appoggia la lotta al TAV è buona, in tanti hanno offerto sostegno e appoggio logistico.

      Noi diamo tutte le informazioni utili per conoscere la situazione della montagna, poi sono loro che decidono cosa fare. Sono arrivati anche minorenni e contrariamente a quello che dicono le leggi internazionali, vengono riportati in Italia a Bardonecchia dalla Gendarmerie.

      In molti dicono “piuttosto che vivere qui senza prospettive tento la libertà”, poi capiscono che la Francia non è il paradiso, e alcuni poi ritornano in Italia.

      I prossimi appuntamenti?

      Per denunciare quello che sta accadendo abbiamo deciso di organizzare una marcia transfrontaliera da Claviere a Montgenèvre il 7 gennaio, per ribadire che le frontiere non esistono in natura, ma sono un sistema di controllo. Non proteggono le persone, le mettono una contro l’altra, non favoriscono l’incontro ma generano rancore. Le frontiere non dividono un mondo da un altro, c’è un solo mondo e le frontiere lo stanno lacerando.

      https://www.dinamopress.it/news/bardonecchia-unaltra-tragica-frontiera-delleuropa-dei-muri

    • «Non abbiamo paura della neve». Con i migranti lungo la rotta alpina

      Siamo a stati Bardonecchia, l’ultima città italiana al confine con la Francia, in Alta #Valsusa. Da dove partono decine di migranti ogni giorno alla ricerca di una nuova vita.

      Camminare nella neve è difficile, servono forza e allenamento fisico. Se non sei abituato e ben equipaggiato ti butta giù. Soprattutto se sei a tremila metri d’altezza. Perché la montagna è come il mare: se non la conosci, non ti perdona.

      Samba, gambe esili, il mare lo ha conosciuto attraversandolo a 15 anni su un barcone. È appena arrivato alla stazione ferroviaria di Bardonecchia, in Piemonte. Qui parte la «rotta alpina» attraversata dai migranti**, l’ultimo miglio che li separa dalla Francia e dal Nord Europa, dove le temperature scendono anche fino ai 15 gradi sotto lo zero, e dove si rischiano assideramento e ipotermia.

      L’obiettivo è superare le Alpi. Ci provano in media 30 persone al giorno, secondo quanto riferisce il Soccorso Alpino, 900 al mese. C’è chi ha tentato di farlo camminando lungo i binari della ferrovia, ma alcuni tratti sono troppo stretti per permettere a un uomo e al treno di passare entrambi. Alcuni hanno perso la vita.

      È la neve, con il rischio di precipitare giù, che bisogna affrontare. Raggiungere Nevache, il primo piccolo centro abitato francese dopo il confine, trovare un rifugio e rimettersi in forze. Poi di nuovo in marcia verso la seconda città sulla strada, la più popolata, Briancon. E se la gendarmeria non li intercetta, proseguire verso i centri principali.

      Samba indossa un paio di jeans, un piumino, sulle spalle uno zainetto semi vuoto. È originario del Sudan, ma gli ultimi mesi li ha trascorsi in una prigione in Libia, lì dove le Ong spesso non riescono a entrare. Racconta di mani e piedi legati, botte e compagni trascinati per strada. «Poi una mattina ci hanno portato su una barca - ricorda - non sapevamo niente di dove stessimo andando e solo dopo diverse ore una nave ci ha rintracciati. Ci hanno detto che saremmo sbarcati in Italia». In Libia Samba era insieme a suo fratello, ma è stato separato da lui in prigione. Da quel giorno non si sono più parlati.

      Anche se i volontari che accolgono i migranti a Bardonecchia ripetono che è molto pericoloso tentare di raggiungere la Francia a piedi, lui è determinato a riuscirci. Si prova un paio di scarpe da trekking portate da una volontaria. Sono troppo grandi, forse, come i jeans che indossa, le gambe sembrano stuzzicadenti. «Vorrei giocare a calcio - confessa - e in Francia ho un amico che potrebbe aiutarmi a farlo. Voglio arrivare lì e rimettermi in contatto con la mia famiglia per aiutarli».

      Alla stazione di Bardonecchia ci sono una decina di migranti ogni giorno. Arrivano da Uganda, Mali, Sudan, ma c’è anche un ragazzo egiziano, Hamza. Lui aveva già raggiunto Lione, ma la polizia lo ha intercettato e riportato indietro. Accade anche mentre parliamo con Samba, davanti alla stazione si ferma un camioncino della gendarmeria francese, si apre lo sportello e un ragazzo con una sacca di pelle esce con il viso cupo. È albanese, lo hanno riportato da Briancon.

      Quando iniziano a cadere i primi fiocchi di neve, l’aria diventa tagliente. Fernanda, responsabile dell’associazione Il Pulmino verde, che ogni sera assiste con pasti caldi e vestiti i migranti che sostano alla stazione, apre la sala d’aspetto messa a loro disposizione per trascorrere la notte al caldo.

      Samba la neve non l’aveva mai vista. «È la prima volta che mi trovo faccia a faccia con lei. Sapevo com’era solo grazie alle foto. Sembra bella ma è troppo gelida. Per me è un problema perché mi impedisce di partire». Arrivano altri indumenti dai volontari, Samba trova una tuta da sci della sua taglia, la indossa, ci mette sopra anche il piumino, poi una sciarpa di lana rosa e un cappello di lana bordeaux.

      «In Africa non esiste il freddo», racconta Ahmed, 17 anni, arrivato da un giorno, un paio di Converse ai piedi. «Non sono abituato a questa temperatura. Qui è tutto un problema». È questa l’unica parola italiana che conosce, «problema, problema» ripete, buttando la testa all’indietro. Ahmed è minorenne, non è riuscito a ottenere i documenti nei tempi che sperava, anche lui è stato rinchiuso in una prigione in Libia. «Tutti i giorni ci picchiavano e venivano a chiederci se avevamo soldi per uscire. Io non ne avevo e sono scappato facendo zig zag. Non trovo altre parole per spiegare come ci sono riuscito. Zig zag rende l’idea?». Poi la barca, l’arrivo in Sicilia e l’autobus verso Nord. Fino qui, in Alta Valsusa.

      «La mia famiglia è in Sudan, in Francia ho degli amici. Aspetto un segnale dal cielo per andarmene da qui». Ahmed è salito sul treno diretto in Francia per tre volte. La polizia lo ha sempre bloccato e riportato indietro. Con i suoi occhi grandi e spalancati nel vuoto, Ahmad racconta di essere stanco di vivere come un fuggiasco. Vorrebbe un po’ di normalità, una vita semplice. Una ragazza gli offre un tè caldo e una sigaretta, le accetta entrambe ma da come appoggia la sigaretta alla bocca si vede che non ha mai fumato.

      Aspira, inizia a tossire poi scoppia a ridere. C’è lo spazio di distrarsi per un secondo tra le mura gelide della stazione.

      Quando torniamo alla stazione di Bardonecchia è mattina presto, la neve continua a cadere copiosa. Samba guarda le previsioni meteo nel suo cellulare, Ahmad non c’è più. «È partito», spiega Mohammed, 32 anni, il più grande del gruppo. «Non voleva stare qui, ha tentato il destino. Se nevica così forte tornerà indietro. Io non mi muovo, aspetto domani, dovrebbe esserci il sole». Mohammed è originario della Guinea e spera di raggiungere la Francia per riunirsi a sua sorella. Non la vede da due anni, vorrebbe conoscere il suo nipotino appena nato. «Non so se resterò in Francia ma voglio arrivarci anche se significa mettere in pericolo la mia vita. L’ho già fatto attraversando il deserto e il mare. Ho vissuto qui un anno, non trovo lavoro».

      Insieme a Samba c’è un nuovo ragazzo, è arrivato nella notte. «Ho sedici anni e sono partito dalla Costa d’Avorio. È la terza volta che tento di passare il confine. Con l’aiuto di Dio, questa sarà l’ultima». Sulle pareti che circondano la stazione, i volontari dell’associazione Il Pulmino Blu e della Croce Rossa Italiana hanno appeso diversi volantini in tutte le lingue.

      «Non partite a piedi, pericolo di vita», si legge accanto al numero telefonico dei soccorsi. Ma chi è arrivato qui, nell’ultima città sul suolo italiano, non ha intenzione di fermarsi. Il gelo e la neve fanno paura ma non abbastanza.

      «Quando li vedi partire è impressionante», racconta Carlo Florindi, presidente della Croce Rossa di Bardonecchia. «S’incamminano dalla stazione, in fila indiana con i loro zainetti e lo stradario. Arrivano al Colle della Scala e lì inizia la salita non asfaltata, su un sentiero battuto solo dalle loro orme che si stringe e diventa largo appena sessanta centimetri».

      Nelle ultime settimane diversi migranti sono stati soccorsi con i piedi quasi congelati, altri sono stati raggiunti dal soccorso alpino ma hanno scelto di continuare la scalata verso la Francia. «Salgono fino a duemila metri, attraverso un valico chiuso d’inverno proprio perché è pericoloso, a rischio caduta massi. Lì la neve è fresca e si sprofonda».

      Prima della seconda guerra mondiale il tragitto percorso dai migranti era italiano. Erano i nostri parenti a percorrerlo per raggiungere la Francia e tentare la fortuna. Il movimento dei popoli non si è mai fermato e ora, a solcare lo stesso sentiero impervio, sono uomini nati soprattutto in Nord Africa. Sono arrivati fino a qui, dove i migranti sembravano «un problema» appartenente solo al Sud del Mondo. «Nessuno immaginava di vederli in mezzo alla neve», sospira una signora al bar.

      «Bardonecchia nel 1947 era un paese di passeurs», racconta Florindi. «Per molti era un secondo stipendio. La notte li facevano dormire nelle stalle e all’alba li portavano a destinazione».

      E i primi passeurs sono tornati. C’è già qualcuno che cerca di cavalcare la disperazione di chi è disposto a tutto per arrivare in Francia e in cambio di denaro offre un passaggio. «Ma spesso non li porta nemmeno a destinazione, si ferma prima e li lascia per strada, dicendo che sono quasi arrivati ma non è così», racconta Fernanda.

      La storia si ripete davvero, gli eventi lo raccontano da sempre. «Noi gli facciamo anche vedere le foto di chi è finito in ospedale quasi assiderato, a un ragazzo hanno amputato una gamba poco tempo fa. Ma loro sono decisi a tentare la traversata».

      Si sentono senza alternative e rinchiusi in una bolla in cui il tempo sembra non curarsi di loro e delle loro vite.

      «I ragazzi giovani che incontro ogni giorno - continua Mohammed, il più grande - sono molto più arrabbiati dei loro padri migranti. Loro vogliono vivere, vogliono avere una possibilità e fanno di tutto per prendersela». Anche se vette così alte e innevate non le hanno mai viste, ma restare senza nemmeno un sogno da realizzare fa più paura della morte.

      È così che si chiude il 2017 europeo, l’anno in cui le Ong che prestavano soccorso in mare sono state messe sotto accusa e l’Italia ha stretto accordi con la Libia. Qui a Bardonecchia gli abitanti dicono che «gli stranieri a loro non danno fastidio. Fino a quando si comportano bene. Fino a quando non diventano troppi».

      https://www.vanityfair.it/news/approfondimenti/2017/12/28/migranti-bardonecchia-rotta-alpina

    • Briançon : le Collectif Citoyen de Névache adresse une lettre ouverte au chef de l’État

      Au lendemain des États généraux de la migration qui se sont tenus à Briançon les 16 et 17 décembre, le Collectif Citoyen de Névache adresse une lettre à Monsieur Emmanuel Macron, président de la République :

      "À Névache, dans les Hautes-Alpes, la neige tombe depuis plusieurs jours, la Lombarde est parfois brutale ! Les températures nocturnes passent maintenant entre 10 et 15 degrés sous zéro, mais les migrants venant d’Italie continuent d’arriver... Jeunes, souvent mineurs, ils tentent le passage du Col de l’Échelle (1 700 m) pour rejoindre ensuite Briançon ; 20 km à pieds si aucun automobiliste ne veut ou ne peut les prendre en charge. À moins qu’un fourgon de gendarmerie ne les intercepte pour les reconduire à la frontière, de jour comme de nuit, sans tenir compte de la réglementation concernant les mineurs isolés ou les demandeurs d’asile. Ils ont des ordres, disent-ils ! Des ordres pour ne pas respecter la réglementation ? Ces migrants, d’Afrique subsaharienne et le plus souvent francophones, sont pourtant prêts à tout pour rejoindre notre pays et y rester pour reconstruire dignement leur vie en travaillant. Nous devrions en être fiers. Dans les conditions actuelles, nous les accueillons comme des terroristes en leur appliquant une législation antiterroriste qui n’a pas été faite pour eux ! La lecture du code Schengen des frontières est, à cet égard, très claire. Vous avez, nous dit-on, découvert récemment, à la suite d’un reportage de CNN, l’horreur des marchés aux esclaves de Tripoli. Quelques contacts directs avec les Névachais ou les Briançonnais vous en auraient appris bien davantage, depuis deux ans au moins. Ancien officier formé à Saint ?Cyr, je m’interroge sur ce que pouvaient bien faire nos services de renseignement !? Pourtant, mais vous n’avez pas abordé cette question en nous parlant des marchés de Tripoli, l’Union Européenne (dont l’Italie et la France) paît les gardes ?côtes libyens pour récupérer en mer un maximum de migrants et les renvoyer en Libye ; où ils les revendent peut ?être, une deuxième fois ?

      L’Union Européenne et notre pays (qui revendiquent leurs racines chrétiennes quand cela les arrange) contribuent ainsi au bon fonctionnement d’un commerce que l’on croyait à jamais disparu. Bilan de ce long voyage : lorsqu’il parvient sur notre territoire, un migrant a souvent perdu le tiers de ses compagnons de route entre le Sahara, la Libye, la Mer Méditerranée et la France. Aujourd’hui, l’hôpital de Briançon en ampute certains qui ont « pris froid » dans la montagne au péril de leur vie. Devons nous attendre des morts pour que nos institutions réagissent humainement ?
      On comprend que, pensant arriver dans la commune de Névache au terme d’un voyage qui aura souvent duré deux ans, rien ne les empêchera de s’engager dans la traversée du col de l’Échelle, quelles que soient les conditions. Pour nous, Névachais, l’impératif humanitaire s’impose même si les forces de l’ordre s’efforcent de nous en dissuader. Il faut les retrouver si possible, les recevoir, les remettre en forme, les soigner puis les conduire à Briançon où ils pourront commencer à traiter leurs problèmes administratifs avec les associations en charge de ces questions.

      Au cours du mois de décembre, nous avons dû, à six reprises au moins, faire appel au « Secours en Montagne » pour leur éviter la mort, non sans éviter gelures et traumatisme divers. Pas encore de morts reconnus, mais cela viendra, Monsieur le Président. Et tout cela avec des bénévoles non seulement sans aide de l’État mais au contraire sous la menace des forces de maintien de l’ordre. À vouloir faire oeuvre humanitaire, nous Névachais et Briançonnais, sommes traités comme des délinquants ! On nous interdit de prendre un Africain en stop, quelles que soit la température et l’heure !
      Briançon : le Collectif Citoyen de Névache adresse une lettre ouverte au chef de l’État - 2

      Depuis quand l’automobiliste devrait-il refuser un passager au seul vu de sa couleur ? Dans la Clarée, Monsieur le Président, nous refusons l’apartheid ! Quelles que soient les menaces, nous ne pouvons refuser l’action humanitaire, à commencer par le secours à personnes en danger, lorsque les pouvoirs publics abandonnent cette mission. Les ordres reçus ne sont pas de pratiquer une action dignement humaine mais de renvoyer en Italie un maximum de migrants au mépris de leurs droits. Où est la solidarité européenne, Monsieur le Président ?

      Monsieur le Président, je sais que nous ne sommes pas les seuls français dans cette situation. Vous vous trouvez dans une position qui durera aussi longtemps que l’on ne prendra pas le mal à ses sources, réchauffement climatique, sous développement de nos anciennes « colonies » et autres. Vous savez vendre des avions, pour tuer ! Pouvez-vous prendre en considération la misère de ces migrants, comme le Pape François y invite nos contemporains ?

      Les Névachais et les Briançonnais, respectueux de la loi, sont prêts à travailler avec les services de l’État pour trouver des solutions, à condition que l’État accepte de les entendre, ce qui n’a pas encore été le cas, et de les entendre sans vouloir en faire des auxiliaires de police ! Nous pourrons alors retrouver la fierté de nos cimes et redonner à notre pays l’honneur qu’il est en train de perdre et que nous perdons tous avec lui.

      Souvenons-nous de ces milliers d’Africains morts pour la France au cours des deux dernières guerres mondiales. Ce sont leurs petits-enfants que nous devrions laisser mourir dans la neige ? Pour l’ancien Saint-Cyrien que je suis, dont la promotion porte le nom d’un colonel Géorgien mort au combat, de telles perspectives sont insupportables, Monsieur le Président. Nous comptons encore sur vous mais le temps presse."

      Bernard Ligier - citoyen de Névache

      http://www.laprovence.com/article/societe/4774520/briancon-le-collectif-citoyen-de-nevache-adresse-une-lettre-ouverte-au-c

    • Histoires de frontières #1, sur Radio Canut

      Mardi 9 janvier à 20h, Radio Canut (102.2FM à Lyon ou en streaming n’importe où ailleurs) diffuse deux documentaires sur les parcours des migrantEs dans les Alpes, la militarisation des frontières, mais aussi sur les luttes et solidarités en cours.

      Deux reportages de 30min chacun sont au programme :

      Un entretien réalisé fin décembre au squat Chez Marcel à Briançon qui permet de revenir sur l’aventure de ce lieu d’accueil, la situation à la frontière italienne dans les Hautes-Alpes mais aussi sur les enjeux et les perspectives des luttes actuelles.

      Un montage de différentes interventions lors de la soirée de soutien et d’information qui a eu lieu à Lyon le 14 décembre dernier. Prise de paroles de migrants et témoignages sur la situation à Ventimiglia (Italie), Briançon et Lyon.

      En direct, mardi 9 janvier à 20h sur Radio Canut (102.2FM en région lyonnaise ou en streaming via ce lien de n’importe où ailleurs).

      Les deux reportages seront ensuite disponibles en podcast sur les sites suivants :
      https://blogs.radiocanut.org/sav
      http://www.internationale-utopiste.org

      https://rebellyon.info/HISTOIRES-DE-FRONTIERES-1-sur-Radio-Canut-18562

    • Da Bardonecchia a Briançon, in viaggio con i migranti sulle Alpi

      Un fischio, poi il rumore dei freni: da uno degli ultimi treni in arrivo da Oulx scende Mohammed Traoré, 17 anni, guineano. Si guarda intorno, non c’è molta gente sulla banchina, i lampioni spargono un velo di luce nell’aria densa di umidità, il freddo entra nella giacca grigia che il ragazzo ha dimenticato di abbottonare.

      Un fischio, poi il rumore dei freni: da uno degli ultimi treni in arrivo da Oulx scende Mohammed Traoré, 17 anni, guineano. Si guarda intorno, non c’è molta gente sulla banchina, i lampioni spargono un velo di luce nell’aria densa di umidità, il freddo entra nella giacca grigia che il ragazzo ha dimenticato di abbottonare.

      Il grande cartello blu con la scritta bianca indica il nome della stazione: Bardonecchia. La cittadina piemontese a 1.312 metri d’altitudine gli è stata indicata da alcuni amici in una chat su Whatsapp. Da qui parte la rotta alpina, un sentiero che arriva in Francia dopo sei ore di cammino attraverso il valico del colle della Scala. Traoré annuisce: è arrivato.

      Con le prime luci del giorno proverà ad attraversare le Alpi, nonostante la neve. È il suo secondo tentativo di superare il confine: il giorno precedente ha già provato in treno, ma alla stazione di Modane è stato fermato dalla gendarmeria francese, tenuto qualche ora in un commissariato e poi accompagnato sul treno per l’Italia insieme ad altri cinque ragazzi.

      Pericolo
      Alle nove di sera ci sono undici gradi sottozero. Traoré non ha mai visto la neve in vita sua ed è proprio come se l’era immaginata: una distesa bianca sulla strada che scricchiola sotto i piedi. Il ragazzo, arrivato in Italia dalla Libia a luglio del 2017, ha le gambe sottili e muscolose, e saltella sulle scale del sottopassaggio della piccola stazione ferroviaria per cacciare i brividi. “Pericolo”, c’è scritto in inglese, francese, arabo e tigrino su un cartello nella bacheca della stazione, in cui si spiega che attraversare le Alpi nel pieno dell’inverno può costare la vita.

      A quest’ora la sala d’attesa è chiusa, a causa di un’ordinanza del sindaco e delle ferrovie dello stato del 1 febbraio 2017. I migranti arrivati qui per tentare di attraversare le Alpi aspettano che i volontari dell’associazione Rainbow for Africa aprano il piccolo locale accanto alla stazione: due stanze e un bagno nell’ex dogana, rimessi a posto dal Soccorso alpino.

      Il rifugio notturno non si può aprire prima delle 23, sempre per volere dell’amministrazione locale. Il sindaco teme che offrire servizi strutturati ai migranti possa rappresentare un fattore di attrazione, un pull factor. La stessa accusa era stata rivolta alle organizzazioni non governative (ong) che fanno operazioni di soccorso nel Mediterraneo centrale durante l’estate scorsa. E nel 2017 è stata usata in molte città italiane – da Roma a Ventimiglia – per criminalizzare chi offre pasti caldi, coperte e assistenza ai migranti in transito che dormono per strada.

      Nonostante tutto a Bardonecchia ogni sera, quando chiude la sala d’attesa della stazione, una decina di richiedenti asilo si rifugia nel sottopassaggio, aspettando di entrare nel ricovero notturno. Ad assisterli arrivano a turno dalla val di Susa e da Torino i volontari che si sono riuniti nella rete Briser les frontières, “sbriciolare le frontiere”. Portano bevande calde, pasti, vestiti, scarponi, giacche a vento, guanti. “Il nostro compito principale è informare le persone dei rischi a cui vanno incontro”, spiega Daniele Brait, attivista di Bussoleno. “Se uno guarda una cartina sembra che la distanza tra l’Italia e la Francia sia molto piccola, mentre in realtà in questa stagione andare in montagna senza equipaggiamento potrebbe significare non arrivare mai”.

      Molti volontari sono anche attivisti No Tav e spiegano che la battaglia contro l’alta velocità ha molto in comune con quella per la libertà di movimento delle persone. “I No Tav vogliono evitare che le montagne siano devastate per far passare un treno merci, in un sistema che permette alle merci di passare liberamente e lo impedisce alle persone”, afferma Brait.

      Dal Mediterraneo alle Alpi
      I volontari distribuiscono un piatto di lenticchie, del tè e alcuni indumenti. Mohammed Traoré prende una sciarpa e due cappelli. “Aquarius”, esclama quando mi vede. È come se fosse una parola magica. È il nome della nave di Sos Méditerranée e Msf che lo ha soccorso al largo della Libia e su cui ci siamo incontrati. Mi abbraccia. Ricorda il buio della notte quando era sul gommone, la paura di morire e la stanchezza che spossa dopo ore di navigazione sotto al sole. Mentre guardiamo le foto sul cellulare, ricorda i corpi stesi senza forze sul ponte della nave francese. Ricorda la gioia di aver visto le luci di “Pojallò”, del porto di Pozzallo, dal ponte dell’Aquarius per una notte intera prima dell’attracco, di aver pensato di essere finalmente arrivato in Europa.

      “Io credevo che l’Italia fosse l’Europa, non pensavo che ci sarebbero stati tanti problemi né che ogni paese europeo fosse così diverso”. Dopo lo sbarco, Traoré è stato trasferito in un centro d’accoglienza a Cesena. Ma la risposta alla richiesta d’asilo non è arrivata. “Non ha funzionato, è stato il destino”, dice con una certa dolcezza. Per questo è scappato ed è finito a dormire per strada, quindi ha deciso di attraversare la frontiera.

      Alcuni amici, già arrivati a Tolosa, gli hanno suggerito il percorso. “Non ha senso per me rimanere in Italia anche se non è facile prendere la strada della montagna in pieno inverno”, dice in un francese lento e scandito. “Attraversare il deserto e il mar Mediterraneo è stato difficile, ma attraversare le montagne con tutta questa neve lo sarà ancora di più. Rischieremo di nuovo la vita, ma non abbiamo scelta”. Traoré non ha aspettative: “Potrò parlare il francese, che è la mia lingua. Tutto qui. Nessuna illusione”.

      A partire dalla fine di novembre, nonostante la neve e il freddo, il Soccorso alpino di Bardonecchia ha registrato il passaggio di migliaia di migranti dal valico del colle della Scala. “Abbiamo ricevuto molte chiamate, soprattutto di notte, e abbiamo trovato persone smarrite nei sentieri, alcune senza scarpe, tutte intirizzite e mal equipaggiate”, spiega Alberto Rabino, vicecapostazione del Soccorso alpino di Bardonecchia. Il 20 dicembre il Soccorso alpino è intervenuto in aiuto di sei migranti che erano rimasti bloccati nella neve: “Gli portiamo coperte termiche, indumenti caldi, ma una volta che si sono ripresi chiedono di continuare il percorso pur sapendo che dall’altra parte li aspetta la gendarmeria francese”.

      I respinti
      La notte Mohammed Traoré la passa steso a terra avvolto in un sacco a pelo rosso nel rifugio notturno del Soccorso alpino di Bardonecchia insieme ad altri – Adam, Aboubakr, Souleiman – con cui ha deciso di partire. Sono quasi tutti originari dell’Africa francofona, soprattutto della Guinea e della Costa d’Avorio. Carlino Dall’Orto, un medico di Vicenza di 69 anni, volontario di Rainbow for Africa, tenta inutilmente di convincerli che mettersi in cammino potrebbe essere pericoloso. “Arrivano a Bardonecchia con abiti non idonei al freddo e alla montagna, ma sono molto determinati”. Dall’Orto ha viaggiato per molti anni in diversi paesi dell’Africa e si rivolge ai ragazzi della stazione con un atteggiamento paterno cercando di convincerli a non partire.

      Il pomeriggio spesso arriva un pulmino bianco della gendarmeria francese, racconta Dall’Orto, si ferma davanti alla stazione e scarica i migranti irregolari fermati alla frontiera. A essere rimandati indietro dalla Francia non sono solo quelli che attraversano il valico alpino senza documenti, ma anche alcuni immigrati che risiedono in Italia e in Francia da molti anni e che non hanno tutti i documenti in regola dal punto di vista amministrativo. “C’è stato un ragazzo albanese giorni fa che aveva un problema con un visto e lo hanno riportato indietro”, dice Dall’Orto. Li costringono a scendere dal pullman o dal treno e li riportano a Bardonecchia o a Oulx alle ore più disparate del giorno e della notte.

      “Negli ultimi quindici giorni di dicembre dalla stazione di Bardonecchia sono passati circa cento migranti”, spiga Emanuel Garavello, operatore della diaconia valdese, che insieme ad altri colleghi ha aperto nelle ultime settimane una specie di sportello legale mobile. Il dato preoccupante, spiega Garavello, “è che molti fuggono dall’accoglienza molto prima di aver ricevuto una risposta alla domanda d’asilo. Decidono di lasciare i centri senza sapere che perderanno il diritto di starci e senza conoscere le opportunità di cui potrebbero beneficiare”. Da Bardonecchia, inoltre, passano tantissimi minorenni che non conoscono affatto i loro diritti e la loro situazione giuridica in Italia.

      La diaconia valdese, insieme all’Associazione studi giuridici sull’immigrazione (Asgi), ha deciso di monitorare la situazione dei minori che transitano dalle Alpi e denunciare le violazioni quotidiane compiute dalla polizia francese, che li respinge alla frontiera nonostante abbia l’obbligo, soprattutto nel caso dei minori, di garantire loro protezione. “La polizia francese non fa alcuna distinzione tra adulti o minori, violando le norme internazionali”, spiega Elena Rozzi, avvocata dell’Asgi. “C’è stato un caso eclatante qualche mese fa: un ragazzino di 13 anni è stato abbandonato dalla polizia in piena notte, sotto la neve, subito dopo la frontiera. Per fortuna è stato trovato da una persona che passava in macchina”, racconta Rozzi.

      La traversata
      Mohammed Traoré apre gli occhi alle sette, nella stanza c’è un calore denso di corpi, un odore forte di aria consumata. Salta fuori dal sacco a pelo e comincia a vestirsi con cura: tre paia di pantaloni uno sopra all’altro, buste di plastica intorno ai piedi per evitare che la neve arrivi sulla pelle. Non ha scarponi, solo scarpe da ginnastica di pelle grigia. I volontari gli hanno regalato una giacca a vento. Con Adam, un ragazzo originario della Costa d’Avorio che vive in Italia da molti anni, riempie uno zainetto di biscotti e di bottigliette d’acqua.

      Poi fa colazione con gli altri, alcuni non se la sentono di partire subito, alla fine il gruppo accoglie un paio di ragazzi che sono appena arrivati alla stazione: prendono viale della Vittoria e poi la strada provinciale 216 che sale per quattro chilometri verso il pian del Colle, la località da cui parte il sentiero per la Francia. In fila indiana marciano sul bordo della strada tra gruppi di turisti con gli sci in mano che vanno verso gli impianti di risalita. Con andatura spedita passano davanti al villaggio olimpico costruito per i giochi invernali del 2006, poi attraversano le baite graziose della frazione di Les Arnauds. Ci vuole circa un’ora per raggiungere Melezet e poi il pian del Colle, dove parte una pista da sci di fondo che conduce al bivio per il Col de l’échelle, il colle della Scala, a 1.762 metri.

      Soffia un vento gelido, molto umido, ma è una bella giornata senza nuvole. I ragazzi si riposano dopo la prima ora di cammino alla base del sentiero, mangiano qualche biscotto, poi riprendono la camminata, piegati sulla salita, un passo avanti all’altro. Di fatto hanno già attraversato la frontiera, sono in territorio francese, ma in questo versante della montagna la polizia francese non si spinge. Si lasciano sulla destra una costruzione imponente e una diga, dopo qualche centinaia di metri c’è il primo bivio, la tentazione è di proseguire sulla pista da sci battuta, ma il sentiero da percorrere è quello fuori pista che svolta a sinistra.

      C’è un’indicazione per Briançon e Névache, qualcuno con il pennarello ci ha scritto sopra “Fight the borders, No Tav”. Comincia la parte più difficile della traversata: la neve è alta, in alcuni punti arriva a un metro. I piedi affondano e a un certo punto ci si ritrova immersi fino alle ginocchia. Sono tre ore lunghissime, i ragazzi sono concentrati, rimangono in silenzio mentre marciano sui tornanti. Aboubakr vuole scattare una foto ma gli altri gli dicono di muoversi. D’estate si sale in auto sulla strada asfaltata, mentre d’inverno la neve avvolge il paesaggio e nasconde tutto sotto due metri di neve. Il rischio è che dopo una nevicata si stacchino delle valanghe dalla cima, hanno detto quelli del Soccorso alpino.

      Quando mancano pochi metri al valico, Mohammed Traoré affonda nella neve. È preso dal panico, s’immobilizza, pensa che non ce la farà, che perderà l’uso dei piedi. Non li sente più per il freddo. I compagni si fermano, lo aiutano a rialzarsi, manca poco, gli dicono. Lo vedono sui navigatori dei cellulari che la destinazione è a pochi metri, c’è ancora da attraversare un paio di tunnel scavati nella roccia e poi comincerà la discesa nella valle della Clarée. Traoré si rialza, prova a concentrarsi su domani, sul futuro. “Pensavo che non ce l’avrei fatta”, dirà il giorno dopo, una volta arrivato. In effetti, come avevano detto i compagni, dopo i due tunnel è cominciata la discesa.

      Appena il tempo di riprendere fiato che arriva il timore d’incontrare la polizia. Adam è il più grande e anche il più lucido, ricorda agli altri ragazzi che si fermeranno al primo rifugio e aspetteranno che scenda il buio. Sono passate le 14, ma anche 14 chilometri e più di 500 metri di dislivello in mezzo alla neve. I passi s’incrociano per la stanchezza, ma i muscoli continuano ad andare. Mohammed Traoré ha una strana sensazione di calore. Nella prima casetta sulla strada ci sono dei ragazzi della valle, dei solidali, bénévoles si definiscono. Li invitano a entrare e a mangiare qualcosa. Sono abituati a incontri come questo. Scaldano il sugo su una macchina del gas. C’è un odore di pomodoro e umidità nel rifugio. I ragazzi aspetteranno che scenda il buio, più di due ore dopo, per riprendere la strada verso Névache.

      Briançon come Lampedusa
      Nevica quando Traoré e i suoi cinque compagni di viaggio arrivano a Briançon a bordo di una monovolume guidata da una coppia di turisti francesi. Sono stati intercettati sulla strada dai due, che hanno deciso di dargli un passaggio nonostante il rischio di essere incriminati per favoreggiamento dell’immigrazione clandestina. Briançon dista venti chilometri da Névache, trenta minuti in macchina, e sono numerosi i valligiani che, oltre ad aprire le case ai migranti in transito, hanno cominciato a offrire passaggi fino alla città dove, da luglio del 2017, è stato aperto un centro di accoglienza nella vecchia caserma abbandonata del soccorso alpino.

      C’è un metro e mezzo di neve sul viale che porta all’ingresso, una decorazione di Natale è ancora appesa sulla porta di legno, sulla parete esterna un murale mostra una mano colorata che stringe in un pugno del filo spinato. È Adam il primo a entrare, poi gli altri. Una grande cucina si apre alla loro vista, intorno a un tavolo, alcuni ragazzi stanno mangiando un’insalata di avocado e pomodori, accompagnata da zuppa di fagioli e riso. Le pareti sono piene di bigliettini scritti dagli ospiti. “L’Italia e la Francia sono due cuori con uno stesso polmone: l’Italia mi salvato dal mare, la Francia mi dà la speranza di vivere”, ha scritto Mamadouba, un ragazzo della Guinea. Su un altro foglio sono riportati alcuni articoli della costituzione francese.

      I volontari si spostano da una stanza all’altra portando da mangiare. Nel centro di accoglienza autorganizzato ci sarebbe posto per 16 persone, ma in certi giorni nell’ex caserma hanno dormito anche settanta persone. Ora ce ne sono una quarantina. Alcuni si fermano poche ore, il tempo di mangiare, scaldarsi, altri qualche giorno. “Dipende dai soldi che hanno, alcuni partono subito. Altri vorrebbero restare più tempo, ma non possiamo ospitarli per più di un paio di giorni”, spiega Joel Pruvot, un maestro in pensione che fa il volontario nel centro, “perché a Briançon non c’è la prefettura e quindi non si può chiedere asilo”. Il posto più vicino per presentare la domanda è Gap, a novanta chilometri.

      Dall’inizio del 2017 sono passati dal centro di transito circa duemila migranti, nel cinquanta per cento dei casi minorenni. La maggior parte è originaria della Guinea e della Costa d’Avorio. Sono quasi tutti maschi, anche se ora nel centro ci sono due donne. Una è arrivata in autobus dal valico del Monginevro con i due figli e dorme su un materasso nella sala da pranzo del centro, per evitare la promiscuità con i maschi.

      “Nel migliore dei casi i migranti arrivano disidratati e stanchi, spesso presentano sintomi di assideramento”, racconta Pruvot. Briançon sembra l’unico posto in Europa in cui è ancora valido il motto: “Refugees welcome”, l’atmosfera è molto simile a quella di Lampedusa o di Lesbo all’inizio dell’ultima ondata migratoria. L’80 per cento degli abitanti della città è coinvolto nell’assistenza dei migranti, 51 volontari lavorano nel centro, i medici dell’ospedale passano ogni giorno per visitare i ragazzi, i negozi e i ristoranti donano frutta, verdura e altre cose da mangiare, alcune famiglie stanno ospitando i migranti in casa e le guide alpine pattugliano la montagna per assicurarsi che i migranti non si perdano.

      La regola della montagna dice che tutte le persone in pericolo devono essere messe in salvo

      Il sindaco di Briançon, Gérard Fromm, ha appoggiato fin dall’inizio le attività dei volontari e ha concesso l’uso gratuito dell’ex caserma quando a metà dell’estate i volontari accoglievano i migranti in una tendopoli allestita in un parcheggio. “Questa è una cittadina di montagna e la regola della montagna dice che tutte le persone in pericolo devono essere messe in salvo. Ecco perché tutti gli abitanti di Briançon sono coinvolti in questa impresa”, spiega Pruvot.

      In fondo, ammette, “stiamo facendo un lavoro che dovrebbe fare lo stato: impedire che ci siano degli incidenti in montagna, che ci siano dei morti”. Mentre parliamo, viene raggiunto da una telefonata. Dalla stazione di Bardonecchia avvertono che un minorenne del Sudan è partito da solo nel pomeriggio, vogliono assicurarsi che sia arrivato. Pruvot si alza e va a chiedere ad Ali, uno dei volontari, se nella lista dei nuovi arrivati risulti il nome del sudanese. C’è trambusto, Ali dice che dovrebbe essere arrivato in un altro centro insieme a due ragazzi, ma è meglio chiamare per essere sicuri. In cucina migranti e volontari giocano con Roland, uno dei due bambini del centro: è del Ghana e parla solo inglese come la madre Veronik. Ma gioca con tutti.

      Intanto Mohmmed Traoré si è seduto sulla panca in cucina e mangia un mandarino. “Sono un sopravvissuto”, dice. “Sono sopravvissuto al deserto e ho visto morire molte persone, sono sopravvissuto alle prigioni libiche e anche lì ho visto molte persone che non ce l’hanno fatta. Sono riuscito a sopravvivere alla traversata del Mediterraneo e ora anche alla neve delle Alpi. Ma ho come l’impressione che il viaggio non sia ancora finito”. È partito a quindici anni da Kankan, in Guinea, ha attraversato sette paesi e due continenti, si è lasciato alle spalle confini, pericoli e sofferenze. Ma ancora non sa che cosa lo aspetta e quale città finirà per chiamare casa.

      https://www.internazionale.it/reportage/annalisa-camilli/2018/01/09/bardonecchia-briancon-alpi-migranti

    • Une cordée solidaire au lieu d’une frontière

      La frontière n’a pas de pouvoir. La frontière ne tue pas. La frontière, en soi, n’existe pas. Toute frontière est le fruit de l’esprit d’hommes et de femmes qui ont le pouvoir de décider si elle est une ligne de contact, d’échange, de partage, ou un lieu de crispation, de frottement, de crise.

      https://www.lacite.info/hublot/cordee-solidaire-vs-frontiere

    • Col de l’Echelle : une quarantaine de bénévoles convoqués pour « délit de solidarité »

      « Une démission de l’Etat, contraire à ses valeurs républicaines, à laquelle répond un formidable élan de solidarité citoyenne » : c’est ainsi qu’Eric Piolle, le maire de Grenoble, résume la situation depuis le col de l’Échelle, où il s’est rendu mardi et mercredi, accompagné d’autres élus locaux parmi lesquels le sénateur de l’Isère, Guillaume Gontard. Ce col des Hautes-Alpes est considéré comme le passage à ciel ouvert le plus bas des Alpes occidentales (1762 mètres d’altitude). Depuis quelques semaines, il fait la Une de l’actualité en raison de la hausse importante des migrants qui l’empruntent, et par le fort mouvement de soutien qui se manifeste face à la situation – à l’image de la cordée solidaire du 17 décembre dernier.

      Sur le terrain, le collectif Tous Migrants a recensé plus de 1500 passages depuis le 1er septembre 2017 au sein de la structure d’hébergement d’urgence qu’il a ouvert à Briançon fin juillet. « 416 arrivées en septembre 2017, 445 en octobre, 335 en novembre et 231 en décembre », détaille Michel Rousseau, l’un des membres fondateurs de ce mouvement lancé en septembre 2015 et structuré en association depuis le 1er janvier 2017. Un chiffre qui ne prend pas en compte tous ceux qui sont interpellés par les forces de l’ordre au cours de leur tentative, ni ceux qui ne s’arrêtent pas au centre d’hébergement.

      « Il faut être un athlète pour entreprendre un tel parcours »

      Sans reconnaissance légale, celui-ci est installé dans une ancienne caserne de CRS de secours en montagne, établissement mis à disposition par la communauté de commune. Il témoigne des besoins grandissants en matière d’accueil : « Les passages quotidiens ont commencé en novembre 2016, mais depuis mai 2017, on voit arriver 10 à 30 personnes par jour », poursuit Michel Rousseau. Ces chiffres et cette tendance d’ensemble sont ainsi confirmés par la préfecture des Hautes-Alpes, contactée par Bastamag : « En 2017, près de 1900 étrangers en situation irrégulière ont fait l’objet d’une non-admission à la frontière franco-italienne dans les Hautes-Alpes. En 2016, 315 personnes étaient concernées par ce type de mesure. C’est depuis l’été 2017 que la pression à la frontière est devenue plus intense. On peut légitimement penser que les franchissements irréguliers de la frontière en 2017 sont supérieurs à 1900, dans la mesure où nous ne pouvons comptabiliser que les personnes interpellées, et pas celles qui réussissent à passer en France. »

      Après la vallée de la Roya et Vintimille au sud, le col de l’Échelle, qui permet de rejoindre Névache et la vallée de la Clarée en France depuis l’Italie, serait donc devenu le nouveau point chaud de la « crise migratoire » européenne. Sans que cela ne corresponde pour autant à un véritable déplacement des flux vers le nord : « Ceux qui tentent le passage ici ne sont pas représentatifs de la population de migrants en général, explique Michel Rousseau, qui en dresse le portrait détaillé. C’est une population jeune, de sexe masculin, principalement francophone – une majorité de Guinéens, notamment. Il faut de toute façon être un athlète pour entreprendre un tel parcours ».

      300 personnes évacuées vers les urgences à cause du froid

      Avec l’arrivée de l’hiver, les images nocturnes de ces migrants en sandales dans la neige ont fait le tour du monde, symboles des conditions extrêmes dans lesquelles sont entreprises ces traversées. Pour l’heure, aucun décès n’a été constaté sur place, « un petit miracle ». Mais ce sont plus de 300 personnes qui ont été évacuées vers les urgences de l’hôpital à leur arrivée à Briançon, selon les chiffres communiqués par Tous Migrants. Deux personnes ont du être amputées l’année dernière, victimes d’hypothermie, tandis que deux autres ont été grièvement blessés suite à une chute dans le ravin en tentant d’échapper à un contrôle policier, en août 2017.

      Car dans le même temps, les forces de police ont renforcé localement leur dispositif. Police au frontière, gendarmes et militaires sont présents sur place : « Il y a au moins 150 personnes mobilisées », estime Michel Rousseau, qui évoque sans détour une véritable « chasse aux migrants » depuis le printemps 2017. « Les effectifs locaux de la PAF à Montgenèvre et de la brigade de gendarmerie de Briançon positionnés à la frontière sont appuyés ponctuellement par des renforts de gendarmerie (une quinzaine actuellement) » indique ainsi le service de communication de la préfecture des Hautes-Alpes.

      « Le président Macron doit cesser d’avoir peur »

      Arrêtés dans leur expédition, les migrants interpellés seraient la plupart du temps remis en liberté un peu plus loin, côté italien. Une logique absurde : « Qui peut donc penser qu’ils vont rester dans le village italien alors qu’ils sont francophones et qu’ils ont traversé des milliers de kilomètres pour arriver là ? », pointe Eric Piolle, qui exhorte Emmanuel Macron « à adopter un regard humaniste et pragmatique car les exilés sont là. Le président doit cesser d’avoir peur : les murs ne seront jamais assez haut pour arrêter les hommes qui veulent vivre ».

      Quand ce ne sont pas les journalistes qui sont visés, les bénévoles locaux, engagés notamment dans les maraudes de soutien, sont les autres victimes de ces contrôles : une quarantaine de personnes aurait ainsi déjà été convoquée au titre de l’article L. 622-1 du code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile, qui sanctionne l’aide à l’entrée, à la circulation et au séjour irréguliers d’un étranger en France – ce que l’on appelle plus communément le « délit de solidarité ». « Les bénévoles qui aident ne sont pas des délinquants, ce sont des héros » défend Eric Piolle. Une situation qui ne fait que confirmer le tour de vis anti-migratoire des politiques françaises en la matière, condamnées ce week-end pour « complicité de crime contre l’humanité » par le Tribunal permanent des peuples.

      https://www.bastamag.net/Col-de-l-Echelle-une-quarantaine-de-benevoles-convoques-pour-delit-de
      #délit_de_solidarité

    • #Val_Susa, No border in marcia sulla neve: “Migranti rischiano la vita qui sulle montagne, ospitalità è nostro dovere”

      Attivisti no borders italiani e francesi insieme, circa mille persone domenica 14 gennaio hanno marciato sulla neve, attraversando il confine italo-francese di Claviere. Un corteo che ha percorso la stessa strada dei migranti, organizzato per protestare contro la militarizzazione delle frontiere. Quella alpina, nonostante il gelo e il rischio di morire assiderati, è una rotta sempre più battuta da coloro che cercano di arrivare in Francia, soprattutto dopo la chiusura dei confini a Ventimiglia. “I migranti continuano ad arrivare rischiando la loro vita sulle montagne – raccontano gli attivisti della rete solidale Briser la frontier – e questo è il risultato delle politiche di chiusura delle frontiere a Ventimiglia e negli altri confini”

      https://www.ilfattoquotidiano.it/2018/01/14/val-susa-no-border-in-marcia-sulla-neve-migranti-rischiano-la-vita-qui-sulle-montagne-ospitalita-e-nostro-dovere/4092370

    • #Migrants risk death crossing #Alps to reach #France

      It took Abdullhai (below) almost three years to get from his home in Guinea to a rocky, snow-covered Alpine mountain pass in the dead of winter, for what he hopes will be the final stage of his journey into France.

      The terrain is steep and dangerous and he and a group of five other migrants face risks ranging from losing their footing on steep drops, being struck by falling rocks or succumbing to the -9C (15°F) temperatures in clothing ill-suited to the terrain.


      https://widerimage.reuters.com/story/migrants-risk-death-crossing-alps-to-reach-france

    • Italy: March supporting migrants who make deadly Alps crossing

      Italian pro-migration activist group #Briser_les_frontières marched on the French-Italian mountain border near Claviere and Moginevro on Sunday to protest migration laws at borders preventing the sanctuary of refugees. The activists carried pro-migration banners as they travelled between the two mountains in a similar route which asylum seekers have been known to cross to get between countries often at great risk. Italian and French mountain police blocked their paths however for most of the protest, but activists eventually reached their destination by staying close to the ski slopes. Briser Les frontieres solidarity network member Daniele Brait explained: “In recent months there have been many attempts to cross the border into the Alps that seem to have become the new Mediterranean. People who have managed to survive the sea today risk their lives in these mountains.” Migrants are known to regularly attempt to traverse the Colle della Scala (Cole de l’Echelle in French) in freezing temperatures some 1800 metres above sea level between Italy and France, resulting in the death of many. SOT, Nicoletta Dosio, No-Tav movement spokesperson (Italian): “The motivations that bring us here today is to express solidarity and to reiterate that the World with the borders is a world that does not serve and we don’t want.” SOT, Nicoletta Dosio, No-Tav movement spokesperson (Italian): “This Europe, which is the Europe of Maastricht, is a fortress that exploits the countries of the South of the world with the war and does not allow the poor of the Earth, who have become poor because of this exploitation, to cross its borders.” SOT, Daniele Brait, Briser Les frontieres solidarity network member (Italian): “In recent months there have been many attempts to cross the border into the Alps that seem to have become the new Mediterranean. People who have managed to survive the sea today risk their lives in these mountains.” SOT, Daniele Brait, Briser Les frontieres solidarity network member (Italian): "One of the rules of the mountain, as well as one of the rules of the sea, is that people who need help, a warm place, a blanket, a jacket, even just something like a hot dish, are not abandoned.” SOT, Briser les frontieres Activist (Italian): “Italy has always done business with Libya where there are detention centers that are lager.” SOT, Briser les frontieres Activist (Italian): “It finances them with the excuse of fighting terrorism and managing migration flows. In these camps people are tortured and women raped.”

      https://www.youtube.com/watch?v=zxELo_bJG4c&feature=share

    • Quando non esisteranno più frontiere, nessuno morirà per attraversarle. Aggiornamenti dalla route des Alpes

      Domenica 14 gennaio la rete di solidarietà Briser les frontières (abbattere le frontiere) ha indetto una camminata lungo la frontiera con la Francia contro i confini e per la libera circolazione delle persone.

      Alla chiamata hanno risposto circa un migliaio di persone provenienti dalla Val Susa - le immancabili bandiere No Tav, stavolta insieme a quelle No Border, sventolavano tra la folla -, da Torino e dalla Francia. Una valle in cui la rete Briser les frontières non può fare a meno di sottolineare l’ipocrisia di politiche che mentre distruggono l’ambiente per far muovere liberamente merci e turisti lungo le linee ad Alta Velocità “chiudono tutti gli spazi a coloro che non gli rendono il giusto profitto, preparando il terreno di quello che rischiano di far diventare l’ennesimo cimitero a cielo aperto”, scrivono su un volantino.


      http://www.meltingpot.org/Quando-non-esisteranno-piu-frontiere-nessuno-morira-per.html

    • Autres montagnes, toujours froid et neige qui mettent les réfugiés en danger... mais là, c’est au #Liban :

      Des réfugiés, piégés par la neige, meurent de froid

      Une dizaine de réfugiés syriens — dont des femmes et des enfants — ont péri dans les montagnes libanaises enneigées.

      https://www.lematin.ch/monde/refugies-pieges-neige-meurent-froid/story/21301145

      Un ami syrien a posté sur FB cette photographie, apparemment de la famille dont parle l’article ci-dessus.

      Son commentaire :

      Cette famille syrienne est morte congelée aux frontière syro-libanaises, par l’interdiction des milices de Hozballah, ceux qu’ils échappent les bombardements les frontières les congèlent

      Le commentaire en arabe d’une autre personne, à l’origine du post sur FB :
      ماتوا بردا وألما في جبال لبنان الشرقية بالقرب من بلدة الصويري

      ...
      يارب إرحم السوريين فقد ضاقت بهم الدنيا وتسكرت أمامهم السبل .
      أردوا الدخول عبر الجبال تهريبا هربا من الموت
      فكان الموت إنتظارهم.

      La dernière partie de la citation en arabe devrait dire, si google translate fait bien son boulot :

      Ils voulaient entrer dans les montagnes pour échapper à la mort et la mort les attendait.

      Selon une brève recherche google pour essayer de trouver l’origine de l’image, voici ce qui semblerait être la première fois que cette image a été mise sur internet :
      http://www.mansheet.net/Akhbar-Aalmyh/1478462/%D9%85%D8%AC%D8%B2%D8%B1%D8%A9-%D9%84%D9%84%D8%A7%D8%AC%D8%A6%D9%8A%D9%86-

      Syria conflict : 15 refugees found frozen to death

      Fifteen Syrian refugees - some of them children - have been found frozen to death while trying to cross the mountainous border into Lebanon.

      http://www.bbc.com/news/world-middle-east-42758532

      Suite au commentaire de @ninachani, j’ai enlevé les images, que j’ai décidé tout de même de laisser sur seenthis, mais sur en faisant un billet à part :
      https://seenthis.net/messages/667555

    • Pierre, accompagnateur en montagne : « Nous ne sommes pas des passeurs »

      A la différence des guides de haute montagne, qui encadrent l’alpinisme, l’escalade ou le ski, l’activité des accompagnateurs en montagne se concentre sur la randonnée pédestre en été et en raquette l’hiver. Ils transmettent des connaissances sur le milieu montagnard, la faune, la flore, le patrimoine et l’histoire des territoires parcourus. Pierre, qui a préféré conserver l’anonymat, est accompagnateur en montagne depuis une dizaine d’années dans le Sud-Est de la France et habite dans le Briançonnais, dans le département des Hautes-Alpes. Il explique comment s’organise l’aide aux migrants qui traversent, au péril de leur vie, les cols de l’Echelle ou de Montgenèvre pour rallier la France.


      https://www.alternatives-economiques.fr/pierre-accompagnateur-montagne-ne-sommes-passeurs/00082620

    • Puntata 87 | #Briser_les_frontiers

      Domenica 14 gennaio Briser les frontiers, una marcia popolare sulla neve, si è portata al confine Italia Francia per accendere i riflettori su una frontiera (mobile per le merci ma sempre più ostica per gli umani) che racconta le nuove rotte migranti e l’inutilità del concetto stesso di confine.


      http://amonte.info/picchi-di-frequenza/puntata-87-briser-les-frontiers

    • Montagnes, migrants en péril

      Entretien depuis le Bus Cartouche à Genève avec Cristina Del Biaggio, maîtresse de conférence à l’Université de Grenoble et géographe spécialiste des questions de migration et des frontières.

      Le col de l’Échelle dans les Haute-Alpes, théâtre tragique du passage de personnes migrantes. Le froid implacable et le manque d’équipement à l’origine d’un drame humain dont on ne mesure pas encore l’étendue...

      http://audioblog.arteradio.com/post/3082548/montagnes__migrants_en_peril

    • Bardonecchia, le nouveau mur où échouent les espoirs des migrants

      « On n’a rien à perdre. Sans travail et sans argent, nous sommes prêts à prendre tous les risques pour parvenir à franchir cette frontière », assure un jeune Guinéen qui préfère ne pas donner son nom.


      https://www.courrierinternational.com/depeche/bardonecchia-le-nouveau-mur-ou-echouent-les-espoirs-des-migra

    • Dodging Death Along the Alpine Migrant Passage

      Along the dangerous Alpine route from Italy to France, Annalisa Camilli of Internazionale meets young migrants desperate to reach northern Europe, and the local volunteers trying to make sure their villages are not another deadly stop on the migration trail.


      https://www.newsdeeply.com/refugees/articles/2018/01/25/dodging-death-along-the-alpine-migrant-passage

    • Quand il s’agit d’une alpiniste française en difficulté dans l’Himalaya, des « secours hors normes » sont mis en place pour lui venir en aide, nous dit Ledauphine.com. Fort heureusement d’ailleurs.

      Mais s’il agit des personnes à la peau noire à la recherche d’un refuge en danger sur le Col de l’Echelle, alors là, ce ne sont pas les « secours mis en place » qui sont « hors norme », mais les forces de police, qui, au lieu de les secourir, les refoulent en Italie.

      Selon la nationalité, l’humanité n’a pas droit au même traitement.

    • GRAND FORMAT. Briançonnais, ce sont eux, les premiers de cordée solidaire !

      Plus d’un millier de Briançonnais se sont mobilisés pour parer aux urgences des migrants qui arrivaient à leurs portes dans les pires conditions. Une chaîne exceptionnelle portée par la fraternité. Rencontre avec ceux qui donnent sens à la dignité.

      https://www.humanite.fr/grand-format-brianconnais-ce-sont-eux-les-premiers-de-cordee-solidaire-6498

      signalé par @vanderling sur seenthis : https://seenthis.net/messages/665922

    • Nevica ancora sulla rotta di montagna

      Nevica ancora, sul passo del Colle della Scala, sulla rotta da Bardonecchia a Briançon, e su quella nuova che si è aperta sulla pista da sci di Claviere. I giovani migranti affrontano il cammino in scarpe da ginnastica tentando di arrivare in Francia. Lorenzo Sassi ed Emanuele Amighetti hanno passato un po’ di tempo con loro - e con gli abitanti del posto che si adoperano per aiutarli in armonia con la legge della montagna.

      Il Colle della Scala, a 1.762 metri di altezza, è il passaggio più basso delle Alpi occidentali. Da lì passa la cosiddetta “nuova rotta dei migranti” che va da Bardonecchia a Briançon. La stampa francese e quella locale italiana avevano già cominciato a parlarne sul finire dell’estate scorsa. Con l’arrivo dell’inverno, e il conseguente aumento dei rischi, l’attenzione si è riaccesa. La tratta di cui si è parlato parte da Melzet, una frazione di Bardonecchia che ospita anche un impianto sciistico, e arriva a Nevache, primo paesino oltre il confine. Tempo di percorrenza stimato: sei ore.

      Finché è rimasto aperto il passaggio di confine a Ventimiglia, che serviva da valvola di sfogo e canale di redistribuzione dei migranti, la tratta di Bardonecchia non ha impensierito nessuno. Il problema è arrivato dopo. Una volta blindata la frontiera a Ventimiglia, i migranti hanno fatto dietrofront fino a Torino. Da lì, una volta saputo di questo passo tra le montagne che conduce in Francia con relativa facilità, sono confluiti in massa verso l’agglomerato urbano che si frappone fra il Colle della Scala, il confine e, ovviamente, la Francia. Le città coinvolte sono cinque: Bardonecchia, che è la città di riferimento per tutti i giovani migranti perché lì si trova il centro di accoglienza gestito da Rainbow4Africa; Oulx, cittadina a circa 15 minuti da Bardonecchia, usata dai migranti come appoggio per evitare i controlli della polizia nelle città cardine; Clavière, cioè l’ultima località italiana prima del confine; Nevache, primo villaggio oltre la dogana; e infine Briançon, l’Eden sognato dai migranti, ovvero la città in cui la paura svanisce. Lì si è già ben lontani dal confine, al sicuro – in teoria.
      Sul versante italiano

      Per via dell’insistente via vai di giornalisti, fotografi e videomaker che ha in parte scombussolato l’ordine urbano di Bardonecchia e dintorni, gli abitanti sono un po’ restii a parlare, almeno all’inizio. A irrigidire gli animi è anche il freddo: le temperature arrivano fino a 10 sottozero e si vive intorno ai 1700 metri di altezza, dove tira un vento che congela anche lo stomaco.

      Colle della Scala è una vecchia mulattiera, quindi un facile passo di montagna che in estate viene battuto da famiglie e amatori, non solo da montanari esperti. A complicare le cose, tuttavia, è il clima. Nei giorni che hanno preceduto il nostro arrivo, una tormenta ha scaricato dai tre ai cinque metri di neve su strade, case e, ovviamente, il sentiero del Colle. L’impresa era già difficile per un migrante che camminasse in scarpe da ginnastica su un sentiero di montagna a gennaio, ma l’arrivo della bufera ha peggiorato le cose.

      A pochi passi dall’inizio del sentiero c’è una baita che offre rifugio a sciatori stanchi, passeggiatori occasionali e abitanti del posto. Il gestore della baita mi racconta che è ormai un anno e mezzo che ogni giorno vede passare davanti alle finestre del locale dieci o venti migranti. Tra di loro anche donne e bambini – “ma finché era estate, sai, non era un problema. La strada è relativamente facile. Il problema si pone ora, con tutta questa neve. È impossibile proseguire oltre i primi 500 metri”. Mi racconta di un ragazzo che, un paio di mesi fa, con delle semplici scarpe da corsa, si è fatto il Colle in solitaria: “è arrivato in Francia, ce l’ha fatta, però una volta arrivato gli hanno amputato i piedi”. L’ispettore capo di Bardonecchia Nigro Fulvio conferma la storia. Il ragazzo oggi vive a Briançon, in una delle case messe a disposizione dall’amministrazione comunale.

      Qui è anche molto difficile tentare un soccorso. Molti migranti tentano comunque il valico senza conoscere la natura volubile della montagna e le sue asperità, e spesso senza un abbigliamento adeguato. I più fortunati arrivano in Francia, altri vengono fermati dalla “gendarmerie” francese; molti, invece, rimangono intrappolati tra i boschi e la neve dopo aver smarrito il sentiero. Per la comunità locale e per il sindaco, Francesco Avato, il timore più grande – che giorno dopo giorno diventa certezza – è che, con l’arrivo della primavera, la neve sciolta riconsegni i corpi dei dispersi.
      Il lavoro dei volontari

      A Bardonecchia vengono accolti tutti i migranti che arrivano da Torino, che provano a passare il Colle e poi vengono rispediti indietro dalla polizia francese. All’inizio incontro soltanto i volontari di Rainbow4Africa che da tempo si occupano insieme alla Croce Rossa di dare aiuto ai migranti: un pasto caldo, assistenza medica (ogni notte un dottore volontario dell’associazione resta a vegliare il dormitorio) e assistenza legale – cioè altri volontari come Maurizio Cossa dell’Associazione Asgi. Il compito di Maurizio – e degli avvocati che, come lui, offrono questo tipo di prestazioni gratuite – non è tanto quello di riuscire a sbloccare procedimenti legali, quanto piuttosto quello di chiarire ai giovani migranti la loro “situazione legale”, perché molti di loro non sanno perché non possono andare in Francia, non sanno perché vogliono andarci e, il più delle volte, non sanno che, andando in Francia di nascosto, rischiano di perdere quei pochi diritti conquistati in Italia. Diritti che, per quanto scarni, restano comunque diritti.
      Il centro di Bardonecchia funziona a pieno regime, ospitando in media una ventina di ragazzi al giorno. Per ordinanza comunale, però, apre soltanto alle 22:30 – così da accogliere i migranti per la notte e rifocillarli – per poi chiudere i battenti all’alba, subito dopo la colazione, intorno alle 7:30. Al centro troviamo Marina Morello, dottoressa in pensione e volontaria di Rainbow4Africa. Mi racconta subito che qui c’è stata una risposta corale da parte di tutta la comunità locale. Tutti vogliono dare una mano e tutti, nei modi più vari, contribuiscono a fare in modo che i migranti si sentano il più possibile a loro agio.

      Al centro i migranti ricevono cibo, acqua e, nel caso in cui comunichino di voler partire per le montagne, viene dato loro l’equipaggiamento appropriato. Tutti i vestiti, gli scarponcini, le sciarpe e i guanti arrivano al centro direttamente dalle case di volontari, per lo più del posto.

      Arriva l’ultimo treno: non scende nessuno. Per stanotte è andata bene, non c’è nessuno da convincere a non fare pazzie.
      Dov’è la Francia?

      Sul versante francese, il contraltare di Bardonecchia e Rainbow4Africa è Briançon, dove si trova il centro d’accoglienza Tous Migrants. Dopo non poca diffidenza davanti all’ennesimo “journaliste italien” che temono sia un poliziotto sotto copertura, mi fanno fare un giro all’interno. La scena è meravigliosa: circa 30 ragazzi che, insieme ai volontari della piccola cittadina francese, cucinano come se fossero in una brigata di un ristorante stellato. Al piano di sopra ci sono i letti, al piano di sotto lo stanzone coi vestiti, la sala da pranzo, una stanza per giocare a dama o Mah Jong, e un ufficio. I volontari di Tous Migrants offrono assistenza, e all’occorrenza spiegano ai ragazzi come raggiungere le città dove sanno di potersi ricongiungere con amici o parenti. Stando a quanto mi dicono i volontari, sembra che da luglio 2017 a fine gennaio 2018 siano arrivati a Briançon più di 2 mila migranti. Il sostegno del sindaco e degli abitanti nei confronti di Tous Migrants è molto forte. Ed è probabilmente per questo che, come mi dice il sindaco di Bardonecchia, “il sindaco di Briançon non è ben visto dal governo centrale”.

      La seconda sera che passo a a Bardonecchia c’è il caos. Si sono riversati alla stazione tutti i migranti che non erano arrivati nei giorni precedenti per via di un grosso blocco della polizia a Torino. Tra questi c’è un gruppetto che soprannominiamo i Big4, che non ha ben chiara in testa la situazione. Per dare un’idea del loro smarrimento, scendono dal treno, si accendono una sigaretta nella stazione e chiosano: dov’è la Francia? Non hanno idea di cosa fare, dove andare, solo un obbiettivo: la Francia. E l’obbiettivo è completamente sfasato rispetto al calcolo dei rischi, delle perdite o delle prospettive.

      Probabilmente dal Colle, qualche tempo fa, passò anche Annibale con i suoi elefanti. Il che rende più facile capire la caparbietà di alcuni dei ragazzi che si trovano al centro di accoglienza di Bardonecchia. Non è soltanto che ormai hanno visto il deserto, l’hanno attraversato e poi si sono fatti traghettare su un gommone nel Mediterraneo da un tizio senza scrupoli che ha pure chiesto loro dei soldi, e quindi pensano, cosa vuoi che sia la neve – che fra l’altro molti di loro vedono per la prima volta. È anche che, alla fine, non hanno più nulla da perdere. Uno dei ragazzi che ho conosciuto ed è riuscito ad arrivare in Francia, stava tentando quella tratta da due anni. Due anni in cui si è consumato spirito e corpo. Qui si finisce con l’impazzire, perché in Italia molti vengono rimpallati tra un ufficio e l’altro della burocrazia e la Francia, d’altra parte, sembra deriderli: per un verso vicinissima, a portata di mano, eppure così distante da sembrare irraggiungibile.
      Le ronde solidali

      Molti giovani vengono dissuasi dall’inerpicarsi sul Colle. Nel frattempo, però, è andata creandosi un’altra tratta. Parte da Claviere, e segue la pista da sci da fondo che attraversa il confine. Qui il problema non è il rischio, visto che la tratta si trova tutta in piano, ma la più alta probabilità di essere avvistati dalla “gendarmerie”.

      Molte persone del luogo, per aiutare i ragazzi, fanno ronde notte e giorno, così da recuperare chi si perde – o chi riesce a passare il confine – prima che lo faccia la polizia. Una di queste ronde si chiama “Briser les Frontières”: un gruppo di volontari italiani e francesi che, oltre a offrire pasti caldi, vestiti e rifugio, hanno creato una fitta rete cooperativa per recuperare i migranti dispersi. La bussola che orienta il loro lavoro è una legge della montagna – così simile a quella del mare – per la quale è necessario aiutare chiunque si trovi in difficoltà. Molto vicini al movimento No Tav, di recente hanno organizzato una marcia che ripercorre la tratta dei migranti, in segno di protesta e rappresentazione. Per loro non esistono confini, e infatti se la prendono con il Ministro dell’Interno Minniti per aver permesso la creazione dei durissimi campi di detenzione in Libia.

      Nel frattempo la “Paf”, la polizia di frontiera – oltre a fermare e poi rimandare indietro chiunque provi a valicare il confine senza i documenti necessari – ha seminato paura pattugliando la zona tra Bardonecchia e Oulx per fermare i migranti ancor prima che raggiungano il confine.

      Dopo vari tentennamenti, anche i Big4 provano a passare. Li incontro il giorno dopo dall’altra parte, al centro Tous Migrants. Sono al settimo cielo. Intanto il sindaco di Bardonecchia ospita una commissione dell’Alto Commissariato Onu per i Rifugiati. La domanda è cosa succederà adesso.


      http://openmigration.org/analisi/nevica-ancora-sulla-rotta-di-montagna

    • Une réflexion sur la #montagne, vue dans le cadre de l’expo/atelier « Drawing on the move » :


      Ici plus d’info sur l’atelier :
      http://blog.modop.org/post/2018/02/Atelier-participatif-Drawing-experience-on-the-move

      C’est le témoignage d’un réfugié, qui a transité par la vallée de #La_Roya (et non pas Briançon).
      Les témoignages ont été récoltées par Morgane et Mathilde chez #Cédric_Herrou

      Je transcris ici le texte d’Alex :

      « J’aime cette photo car j’ai vécu tellement d’histoires dans cette montagne : par exemple j’avais faim, j’avais soif, j’étais fatigué. C’est pour cela qu’il est important pour moi de me souvenir de l’histoire de ma vie. La police m’a aussi arrêté dans cette montagne. Je ne peux donc pas oublier cette montagne ».

    • Les citoyens passeurs au secours des migrants

      De plus en plus de migrants tentent de quitter l’Italie en franchissant les Alpes. Une des voies les plus employées se trouve en France dans une station de ski proche de Briançon. Redoutant de voir ces migrants mourir de froid dans leur périple, des citoyens leur viennent en aide au risque de finir en prison.

      https://www.rts.ch/play/tv/mise-au-point/video/les-citoyens-passeurs-au-secours-des-migrants?id=9345564&startTime=7.951655&stat

      Je transcris ici les mots prononcés par la représentante du gouvernement de la préfecture de Gap :
      « Moi je considère que c’est de l’incitation. Aider un étranger en situation irrégulière à traverser une frontière c’est illégal »
      Journaliste : « Pour vous c’est des incitateurs ou des passeurs ? »
      "C’est la même chose. Il y a une différence entre les passeurs rémunérés et les passeurs qui font cela pas pour une motivation financière. Mais l’accueil crée un #appel_d'air. Moi, je ne peux pas jeter la pierre à quelqu’un qui va voir passer sous ses fenêtres un étranger en situation irrégulière alors qu’il fait froid, alors qu’il fait nuit et que la personne soit accueillie quelques heures. Je ne peux pas leur jeter la pierre, mais tout comportement de ce type-là, a fortiori si c’est un comportement réfléchi, structuré et organisé, et c’est le cas par bien de structures associatives du briançonnais, crée une incitation, bien évidemment"

    • Le foto dei migranti tra la neve a Bardonecchia

      Il fotografo #Piero_Cruciatti ha passato due giorni nella stazione sciistica affollata di ragazzi che provano a raggiungere la Francia.

      Nell’ultimo periodo si è parlato molto di una nuova via che i migranti provano a percorrere per attraversare il confine tra Italia e Francia. La strada in questione è quella che passa per il Colle della Scala, raggiungibile dall’Italia passando per Bardonecchia, in Piemonte. Il percorso è fattibile in condizioni climatiche favorevoli, ma il freddo e la neve del periodo invernale stanno rendendo molto difficile e pericolosa la traversata: l’argomento è stato trattato da Diego Bianchi, in arte Zoro, in un servizio trasmesso durante la puntata del suo programma Propaganda Live. Sul posto è andato anche Piero Cruciatti, un fotografo freelance che tra il 12 e il 14 gennaio ha realizzato un servizio per l’agenzia fotografica AFP e ha poi raccontato la sua esperienza sul loro blog.

      Il punto di partenza della traversata è Bardonecchia, una piccola città che è anche una stazione sciistica. Cruciatti ci è arrivato partendo da Torino, sperando di incontrare i migranti già lungo il percorso di avvicinamento alla città; invece non ha visto nessuno fino a che non si è fatta sera. A quel punto la stazione dei treni diventa un punto di raccolta e di riferimento: la sala centrale resta aperta fino alle 21, che è l’orario di partenza e arrivo degli ultimi treni. Dopo una pausa di due ore, apre un’altra saletta riscaldata, all’interno della quale i migranti possono passare la notte: lì ci sono parecchi volontari che operano nella ONG “Rainbow for Africa”, che mettono a disposizione cibo, attrezzature per la traversata, ma anche supporto medico, consulenza legale e le loro conoscenze come membri del gruppo di soccorso alpino.

      I ragazzi che ha incrociato Cruciatti avevano tra i 20 e i 25 anni, tutti provenienti dall’Africa francofona: conoscere la lingua è una delle ragioni che li spinge a lasciare l’Italia e spostarsi verso la Francia, dove spesso hanno parenti o amici. I tentativi di traversata iniziano solitamente di prima mattina, quando Bardonecchia comincia ad affollarsi di sciatori: una delle cose che ha notato Cruciatti è lo stridente confronto tra l’abbigliamento tecnico di chi si trova lì per fare sport e quello molto poco adatto dei migranti.

      Nei giorni in cui è stato sul posto, il fotografo ha seguito due gruppi: il primo ha interrotto la traversata molto presto, dopo aver visto le brutte condizioni della strada. Un secondo, formato da due ragazzi della Costa d’Avorio, ha provato a proseguire per un’altra via, che attraversa la Valle Stretta e arriva al Monte Thabor: oltre c’è la Francia, ma per scalarlo bisogna essere alpinisti esperti. I ragazzi questa cosa non la sanno, né sono consci di molti altri pericoli che potrebbero incontrare in montagna in questo periodo. Una slavina lungo il percorso alternativo ha interrotto anche la traversata di questo secondo gruppo.

      Lungo il tragitto di ritorno a Bardonecchia si incontrano altre persone e degli alpinisti di Grenoble che, racconta Cruciatti, sono stati molto gentili con i migranti: hanno dato loro del cibo e dell’acqua e li hanno informati della pericolosità di ciò a cui stavano andando incontro.

      Difficilmente i migranti riescono ad arrivare in Francia; quando succede è molto comune che vengano intercettati dalla polizia francese e riportati a Bardonecchia. Per questo, racconta Cruciatti, tra i ragazzi c’è molto malumore. La comunità intorno a loro ha però reagito positivamente, con compassione e umanità. Il fotografo ha anche incontrato un uomo che gestisce un rifugio in Valle Stretta. L’uomo ha raccontato di aver sentito persone urlare nella notte e, uscendo per prestare soccorso, ha trovato ragazzi in mezzo alla montagna che cercavano di attraversare il confine di notte per aumentare le loro possibilità di riuscita. Il titolare del rifugio li ha portati nella sua struttura, perché, ha detto a Cruciatti, non poteva fare altro. Al tempo stesso però si chiede quanto a lungo potrà andare avanti questo sistema e quanto per lui sarà difficile intervenire in questo modo senza danneggiare la sua attività.

      https://www.ilpost.it/2018/01/25/migranti-bardonecchia-foto

    • Rescuing Migrants Fleeing Through the Frozen Alps

      Vincent Gasquet is a pizza chef who owns a tiny shop in the French Alps.

      At night, he is one of about 80 volunteers who search mountain passes for migrants trying to hike from Italy to France.

      The migrants attempt to cross each night through sub-zero temperatures. Some wear only light jackets and sneakers, and one man recently lost his feet to frostbite.

      “If the Alps become a graveyard, I’ll be ashamed of myself for the rest of my life,” Mr. Gasquet said.

      The migrants often head for #Montgenèvre, a ski town nestled against the border. France offers them more work and a chance at a better life.

      One night, Mr. Gasquet got a call from a group that had crossed into Montgenèvre. They got his number through word of mouth.

      To evade border police checkpoints, the migrants follow paths through the forest, often at night, when it is easy to get lost.

      “Ninety percent of them have never seen snow in their lives,” he said. “Some of them say, ‘We’ve seen it on TV,’ but on the TV, you don’t feel the cold.”

      He drove to find them.

      The work is risky. Helping anybody enter or travel in France without valid paperwork is technically illegal.

      When he reached Montgenèvre, four young men from eastern Africa were shivering behind a snow bank, while another stood in the street. He hurried them into his car and drove them to a shelter.

      It would have been a perilous walk after hours in the snow.

      On another night, Mr. Gasquet and other volunteers set out by car and on foot.

      They spotted a group walking through the snow and hurried them into the car and to a shelter called Le Refuge.

      Here, the new arrivals can get warm, have a hot meal and change into dry clothes.

      “It’s not my place to say whether or not I want migrants in my country. That’s a job for the politicians,” Mr. Gasquet said.

      “All I know is that I don’t want people dying in front of my door.”

      https://www.nytimes.com/interactive/2018/02/22/world/europe/alpine-rescue.html?action=click&module=Top%20Stories&pgtype=Homepage

    • Ivorian migrant mourns ‘four lost years’ on road to Europe

      Soumahoro ploughed on, moving up through Italy, sleeping seven to a tent in the middle of winter.

      Eventually he heard that west Africans like him were heading to France through the Echelle pass in the Alps — perilous, at 1,762 metres (5,780 feet), but with no border crossing.

      He entered France in January 2017, taking two days to cross the mountain.

      With the help of local volunteers, he has finally been accepted onto a training course as a carer while still waiting for his asylum claim to be processed.

      But his days are lonely and full of uncertainty.

      “I don’t have a fixed place where I can stay, I go from family to family,” he said.

      “You ask yourself what you’re doing here. You tell yourself you’re good for nothing. A man’s life shouldn’t be about staying put and doing nothing; you want to feel useful.

      “You want to feel like you’re contributing something positive to society.”


      https://www.capitalfm.co.ke/news/2018/03/ivorian-migrant-mourns-four-lost-years-road-europe

    • A la frontière franco-italienne, migrants et bénévoles piégés par des #passeurs

      « Par ici, venez ! ». Les nerfs à vif, transis dans la nuit glaciale, cinq migrants africains trébuchent dans la neige, puis s’agrippent aux mains tendues de bénévoles venus les secourir.

      Abandonnés par leur passeur depuis des heures côté italien des Alpes, ils ont finalement réussi à pied à travers la montagne leur entrée clandestine en France, à quelques dizaines de mètres seulement du poste de la police aux frontières (PAF).

      Il est 22h00 près du col de Montgenèvre, et leurs baskets et jeans sont dérisoires face aux -10 degrés de cet enfer blanc. L’atmosphère est électrique : depuis fin 2015, les contrôles aux frontières sont rétablis. Une patrouille de la PAF peut débarquer et briser l’ultime étape de leur long exil jalonné de drames dans le désert africain, en Libye, en Méditerranée...

      Des membres de l’association « Tous migrants », qui gère bénévolement le « Refuge solidaire », seul lieu d’accueil dans la ville proche de Briançon (est), sont eux aussi inquiets. « Est-ce que vous êtes venus avec des passeurs ? Combien avez-vous payé ? », lance l’un d’eux à un migrant. Les discussions s’échauffent au sein du petit groupe de Guinéens, Ivoiriens et Maliens.

      Bénévole de 19 ans, Elie vient de passer des heures à chercher ces jeunes en arpentant une piste de ski frontalière. « Je suis né ici, j’imagine bien ce que peuvent vivre des gens pas équipés, qui ne connaissent pas... », explique-t-il à l’AFP. « On ne peut pas rester les bras croisés dans son canapé (...) C’est pas grand-chose, on les réchauffe, on leur donne à manger et à boire, des vêtements chauds ».
      Le business des passeurs

      Mais depuis février, l’aide des bénévoles est compliquée par un nouveau phénomène : le business de plus en plus florissant de passeurs sévissant dans la gare de Turin (Italie). Selon les témoignages de migrants, ces passeurs sont francophones et originaires d’Afrique de l’Ouest.

      Aux migrants vulnérables arrivant du sud de l’Italie, ils facturent 100 à 350 euros le trajet en train entre les villes de Turin et Oulx et le ticket de bus entre Oulx et la commune italienne de Clavière, à quelques kilomètres de la frontière. Des trajets coûtant en réalité moins de 10 euros...

      Ils leur font miroiter un passage jusqu’en France mais les abandonnent à Clavière - y compris des femmes et des bébés - et appellent des bénévoles en se faisant passer pour des migrants. Puis ils s’éclipsent en Italie, leur bénéfice en poche.

      Steeve (prénom modifié), Camerounais de 26 ans, parti « s’aventurer » (migrer) avec son fils d’à peine 8 ans, est sous le choc. Il a accepté de témoigner malgré l’humiliation de s’être fait dépouillé de 250 euros, gagnés « en travaillant dans la cueillette des fruits en Sicile ».

      « A la gare de Turin, les +frères black+ sont nombreux, tu leur fais confiance aveuglément ; ils disent : +on a des amis de l’autre côté, y’a une voiture immatriculée en France qui viendra te chercher et t’amènera à Paris pour 300 euros+ ».

      Mais Steeve, son fils et une vingtaine d’autres ont été lâchés deux jours plus tôt un soir par leur passeur à Clavière, sans aucune idée de là où ils étaient. Pendant quatre heures, « ne sentant plus leurs pieds », ils ont supplié « l’ami français » de venir les chercher.
      Numéros de téléphone vendus

      Philippe Wyon, l’un des responsables bénévoles du « Refuge », s’insurge contre « l’instrumentalisation intolérable » par ces passeurs des bénévoles, qui risquent de se mettre dans l’illégalité. Les passeurs « se sont procurés nos numéros de téléphone et les revendent aux migrants ; on se retrouve piégés alors que notre mission, c’est de porter secours à des gens qui sont en danger en montagne, mais sûrement pas de faire le taxi pour des passeurs ».

      Les bénévoles ont donc pris la difficile décision de ne plus répondre au téléphone, et de faire des maraudes ponctuelles. Des affichettes mettant en garde les migrants contre cette arnaque ont été distribuées par les bénévoles à la gare de Turin. En 2017, 30 passeurs ont été interpellés, contre 6 en 2016, selon la PAF.

      Il est 23H00 sur le col de Montgenèvre, et les bénévoles apprennent qu’au moins une vingtaine d’autres migrants sont en train d’arriver... Au bord de l’épuisement, un jeune Ivoirien n’arrive plus à avancer et dit ne plus sentir ses doigts.

      « C’est des gamins, ils sont gelés, on les descend ! », tranche un bénévole cinquantenaire.

      Durant la quarantaine de minutes de route en lacets jusqu’à Briançon, Abdoul, adolescent malien au regard habité, ne cesse de trembler. Cela fait quatre nuits qu’il n’a pas dormi et a erré en tentant à plusieurs reprises de passer la frontière. « Où on va ? On doit aller à la Croix-Rouge ! », crie-t-il.

      Arrivés au « Refuge », les migrants, méfiants, s’asseoient autour d’une table. « C’est très important que vous nous disiez si vous avez payé ou pas. Ce que font les passeurs, ça nous met en danger et ça met en danger vos camarades », explique un bénévole.

      Un jeune Guinéen, ses pieds dans une bassine d’eau chaude, finit par avouer avoir payé 200 euros pour se retrouver côté italien de la frontière.

      A minuit, l’atmosphère s’apaise. Plat chaud, paroles réconfortantes, brosses à dent et serviettes sont distribuées à ces migrants africains. Abdoul esquisse même un sourire. Cette nuit là, il sera rejoint par une dizaine d’autres jeunes épuisés et déboussolés.


      https://www.courrierinternational.com/depeche/la-frontiere-franco-italienne-migrants-et-benevoles-pieges-pa

      autre lien :
      https://www.lepoint.fr/monde/a-la-frontiere-franco-italienne-migrants-et-benevoles-pieges-par-des-passeur

    • Secourir les migrants sur la route des Alpes

      Depuis que deux jeunes Maliens ont dû être amputés des pieds et des mains à la suite de la périlleuse traversée du col de l’Échelle, dans les Hautes-Alpes, les équipes de volontaires issus des villages alentour se relayent, bravant les forces de l’ordre, pour porter secours aux migrants et leur offrir un refuge.

      https://www.arte.tv/fr/videos/079473-004-A/arte-regards

      Témoignage d’un habitant, Philippe Zanetti, dans le film :

      « On prend le #risque, mais le risque est plus petit que la vie de ces gens. Une vie humaine ça n’a pas de prix, je pense. C’est ma conviction »

      Dans les Alpes, ça a toujours existé les passeurs. Pendant la guerre, et avant. L’état d’esprit c’est : porter secours.

      L’Europe se doit de les protéger, mais les pourchasse.

      Commentaire de la journaliste :

      « En montagne, l’entraide est une tradition, explique Philippe. Une conviction que semblent partager ici toutes les communes de la zone frontalière alpine »

      #entraide #maraudes

      On explique que le maire de Briançon fait partie d’un mouvement qui s’appelle La #frontière_solidaire.

      Un des refuges de montagne (ici au Col de l’Echelle) que les bénévoles approvisionnent pour les migrants :

    • Vu sur FB (publié par Laurent Grossmann)

      Chasse aux migrants à Briançon

      Messieurs Gérard Collomb et Emmanuel Macron, vous pouvez être fière de votre police des frontières. En effet, ils exécutent à merveille vos ordres à la frontière de #Montgenèvre, sur la route de Briançon. Avant-hier soir, j’ai assisté à cette incroyable #chasse_à_l'homme. Des migrants venus d’Italie se faisaient littéralement courser par des gendarmes. Je me souviens avoir joué aux gendarmes et aux voleurs quand j’étais petit mais j’étais loin d’imaginer qu’en faite c’est au gendarmes et aux migrants que notre police joue aujourd’hui. Donc j’ai vu de mes yeux, des personnes pas équipée pour la montagne, arriver en France. Et je dois dire que l’accueil est digne, digne du #Far_West. Pourquoi faites vous ça ? Quel est chez vous cette étincelle qui vous anime pour dire à des hommes de chasser d’autres hommes, alors qu’ils sont en #danger, danger de mort, danger de gelures. Car dans cette vallée des migrants ont perdu des mains et des pieds et ce printemps ont découvrira sûrement des cadavres. Mais ça, j’ai bien l’impression que ça ne vous choque pas. La petite cerise sur le gâteau c’est que votre police demande aux citoyens « avez-vous vu des migrants ? ». Ces citoyens ont demandé :" mais comment on les reconnaît". Et ils nous ont répondu logiquement :" ba en général ils sont noirs". J’ai été interloqué par cette réponse si évidente. Mais je me suis demandé pourquoi ils n’ont pas fouillé la ville et arrêté tous les noirs...ils auraient pu en arrêter encore plus.
      Bon sinon, sachez que ceux qui ont finalement réussi à passé sont bien au chaud aujourd’hui, et reprennent des forces avant de repartir sur la route de l’exil. Et ceux qui ont été redéposé en Italie, sont aussi bien arrivés, malgré le froid et l’épuisement. Donc vos efforts sont vains. Sachez aussi que grâce à des secours citoyens, plusieurs femmes et un homme handicapé ont pu éviter cette course poursuite infernale avec vos forces de l’ordre. Et que grâce à eux aussi, ils retrouvent le sourire et de l’espoir, et ça, ça n’a pas de prix !

      #couleur_de_peau #Noirs #délit_de_faciès

      https://www.facebook.com/elsassnight/posts/10215831087467814

      Ce texte était accompagné de cette image :

    • Pour les jeunes perdus de Guinée et Côte d’Ivoire, des mois d’odyssée jusqu’aux Alpes (signé AFP)

      « J’essaie de reprendre mes forces », souffle Jacques, jeune migrant guinéen, les yeux rougis et un pâle sourire creusant ses pommettes émaciées de survivant. Il a derrière lui des mois d’odyssée, avec d’autres Guinéens et Ivoiriens, dont le nombre explose dans les Alpes françaises.
      A 16 ans, il vient de frôler la mort en gravissant pendant deux jours le col de l’Echelle (Alpes) pour arracher son entrée en France dans des conditions dantesques. « Il y avait beaucoup de neige et à un certain moment, je ne savais plus si j’étais parmi les morts ou les vivants », raconte-t-il à l’AFP depuis le matelas où il se repose au « Refuge solidaire », centre d’accueil associatif à Briançon (est), à la frontière italienne.

      Parti avec d’autres à l’assaut de ce col, Jacques s’est perdu, a dormi dans une grotte... Un périple entamé en 2017 à travers le Mali, l’Algérie, la Libye, l’Italie.

      Depuis un an, la région des Hautes-Alpes connaît une augmentation exponentielle d’arrivées de jeunes de Guinée (Conakry) et de Côte d’Ivoire (pourtant première puissance économique d’Afrique de l’Ouest). Ces nationalités arrivent loin devant celles des autres migrants, très majoritairement ouest-africains.

      Selon la préfecture des Hautes-Alpes, 315 personnes en situation irrégulière ont été refoulées vers l’Italie en 2016, contre 1.900 en 2017, en majorité des Guinéens et des Ivoiriens.

      Entre juillet 2017 et février 2018, près de 3.000 migrants sont passés par le « Refuge » ; parmi eux, au moins 1.185 Guinéens (dont 793 se déclarant mineurs) et 481 Ivoiriens (dont 209 se déclarant mineurs).

      – Les raisons d’un départ -

      Parmi les raisons de départ figurent chômage et les conditions de vie très précaires de ces jeunes, des ressources captées par les élites de ces pays, les défaillances de l’enseignement public, « inadéquat » avec le marché de l’emploi, des situations familiales inextricables (enfants nés hors mariage marginalisés, compétition au sein des familles polygames), et les pressions de familles pour envoyer un enfant débrouillard « s’aventurer » (émigrer).

      « L’accès à l’emploi est extrêmement réduit en Guinée, même pour ceux qui sont diplômés (...) Pour l’essentiel, les investissements sont faits dans le secteur minier, pour la bauxite notamment », selon le sociologue guinéen Bano Barry, interrogé à Conakry.

      « Personne ne vient investir parce que le pays est instable » politiquement, note-t-il, référence aux plus de 50 ans de régimes autoritaires. Nombre de Guinéens ont émigré dans les pays de la région, mais ces derniers ont désormais du mal à employer leur propre jeunesse.

      Sia, Ivoirien de 35 ans, se repose au « Refuge » : « Regardez le nombre de jeunes Ivoiriens qui +sortent+ », lance-t-il avec colère. « Avant, quand tu voyais un Ivoirien en France, il étudiait et puis il retournait dans son pays. Aujourd’hui, ce n’est plus +bourse d’études+, c’est les zodiacs sur la mer ! ». « On nous dit qu’il y a plus de guerre, qu’il y a la richesse du cacao, que ça va, mais c’est pas vrai ! », lance-t-il.

      – Désinformation -

      Mais la désinformation règne parmi ces migrants sur les énormes difficultés qui les attendent en France : le péril des reconduites à la frontière, les parcours du combattant pour obtenir les statuts de mineurs isolés ou de demandeurs d’asile, voire la vie à la rue.

      Nés hors mariage et sans plus d’attaches familiales à Conakry, Cellou et Abou (prénoms modifiés) en ont fait l’expérience. Echoués en 2016 et 2017 à Briançon, ils se disent mineurs mais leur minorité n’a pas été reconnue. Ils attendent l’examen de leur recours, toujours hantés par leur voyage.

      Cellou raconte qu’il a failli être vendu comme esclave en Libye, puis emprisonné et frappé à Zabrata, où il a été témoin d’exactions des « Asma boys » (gangs armés libyens) contre les migrants. Il souffre d’insomnies. « Je suis venu pour étudier et faire une formation dans la cuisine, j’aime ça trop », confie-t-il.

      Depuis des mois, c’est grâce à la solidarité de Briançonnais qu’ils sont logés, nourris, formés au français. Ce soir là, pour se remettre d’un cours intense « sur les pourcentages », ils taquinent leur « Vieux » (un bénévole), pestent contre le froid et se cuisinent des spaghettis tomates-piments.

      « Cette attente est difficile mais j’ai pas le choix ; retourner en Guinée, ça veut dire retourner à la rue », confie Abou. « Quand il se passe des choses là-bas, le plus souvent, c’est les jeunes qu’on tue ».

      Une douzaine de personnes - dont plusieurs mineurs - y ont été tuées dans des violences après des élections locales en février. Le 26 février, Conakry a été transformée en « ville morte » à l’appel des enseignants, en grève depuis deux semaines.

      – ’Appel d’air’ -

      Alors à l’heure des réseaux sociaux, nombre sont attirés par les messages de « ceux qui sont partis ». Pour le sociologue Bano Barry, les arrivées de Guinéens à Briançon sont le résultat d’un « appel d’air, un mimétisme ». « Les candidats au départ à Conakry savent que d’autres sont passés par là, qu’ils pourront s’appuyer sur quelqu’un qui pourra leur servir de guide ».

      Mais le drame, « c’est que les images de leurs difficultés en France ne sont jamais véhiculées ». Et même si certains confient leur galère, les candidats au départ les accusent de ne pas vouloir partager leur « réussite »...

      M. Barry cite le cas d’un de ses anciens étudiants. « Il ne le dira jamais à ses proches, pour ne pas être humilié ; je l’ai revu dans la famille qui l’héberge à Paris : sa chambre, c’est un matelas dans un placard à manteaux ».

      Ibrahim, migrant guinéen de 22 ans, veut dire aux parents « de ne pas encourager leurs enfants à venir ici ». Le destin a été cruel : il a fait une chute de 40 mètres au col de l’Echelle en août 2017, après avoir pris peur en voyant des gendarmes. Hémiplégique, le corps et la parole martyrisés, Ibrahim arpente avec un déambulateur un centre médical de Briançon. « Ce voyage, cette montagne, c’est trop dangereux ».

      https://www.lexpress.fr/actualites/1/societe/pour-les-jeunes-perdus-de-guinee-et-cote-d-ivoire-des-mois-d-odyssee-jusqu-

    • Migrants : « Jamais le gouvernement actuel n’a été aussi loin dans le mépris des droits humains »

      TRIBUNE. « L’accueil qu’on leur réserve est le dossier critique de notre temps », estime l’historien #Patrick_Boucheron.

      C’est le moment. Le moment où tout peut se jouer d’un destin collectif. Le moment où mille victoires de détail risquent d’être, d’un coup, submergées par la faillite morale d’une nation. N’imaginez pas de vastes chambardements, des trahisons spectaculaires, des infamies de grand style : non, il suffirait que nous continuions ainsi, pas à pas, suivant la pente de la mesquine indifférence aux malheurs des hommes, toujours plus prompts à considérer pour nul ce qui n’est pas strictement nous-mêmes, ne voyant plus rien des dangers véritables du monde à force de le confondre avec la vision rétrécie et hargneuse qu’en donnent les idéologues.

      Cette pente implacable qui nous éloigne imperceptiblement de nous-mêmes, rien ne la dessine plus nettement aujourd’hui que l’indignité de l’Etat dans la gestion – prenons-le au mot – de ce qu’il est convenu d’appeler la crise des migrants. Quels que soient ses préférences politiques ou ses choix moraux, il n’est pas un seul professionnel de cette question qui ne partage ce déplorable constat : alors qu’on continue de nous bercer de discours humanistes, le gouvernement actuel n’a jamais été aussi loin dans le mépris des droits humains et dans l’ignorance des situations concrètes, lorsqu’il refuse de porter secours à ceux qui souffrent tout en s’en prenant à ceux qui leur viennent en aide.

      Ce n’est pas d’hier que nous la dévalons, cette pente. Combien en a-t-il fallu de renoncements à nos valeurs et à nos espérances, mais aussi, beaucoup plus prosaïquement, à l’intelligence des choses du monde pour que nous parvenions à une telle situation ? Car aux pouvoirs injustes on ne doit jamais opposer la beauté des principes mais la vérité des pratiques. Il ne s’agit pas seulement de dire que le tri entre les migrants économiques et les demandeurs d’asile est immoral, il s’agit de rappeler qu’il ne correspond à rien dans la réalité. Tout, dans les changements politiques, économiques et environnementaux du monde d’aujourd’hui, vient contredire cette dichotomie sommaire, et ce n’est pas à force de l’asséner qu’elle finira pas devenir vraie.
      Le dossier critique de notre temps

      S’il est une pente fatale, c’est bien celle qui, au nom d’une politique prétendument réaliste, nous éloigne de la réalité de ce que nous sommes. La réalité : la France est, historiquement, un pays d’immigration, c’est là sa force et sa grandeur, et ceux qui depuis des décennies parlent d’une France repliée sur ses frontières et menacée par des hordes d’envahisseurs discourent d’un pays qui n’existe pas. La réalité : les migrants seront de plus en plus nombreux, on doit les accueillir, c’est un devoir et c’est une chance. La réalité : partout on le fait, plus qu’on ne le dit, plus qu’on ne le croit, car la France n’est étriquée et moisie que dans l’esprit de certains de ses dirigeants qui, à force de n’écouter que les polémistes les plus bruyants ou les manieurs de sondages les plus subtils, ont fini par ne plus rien comprendre de ce qui l’animait vraiment.

      Car regardez, si vous voulez vous en convaincre, les cartes que dressent en temps réel les associations qui s’occupent aujourd’hui de défendre les migrants, et de les défendre parfois contre l’Etat qui devrait les protéger. Vous y verrez s’étoiler les bonnes volontés, les initiatives, les solidarités, et cette constellation d’engagements fait une image plutôt ressemblante de la France d’aujourd’hui. C’est en son nom qu’on doit agir désormais, si l’on refuse d’acquiescer au récit de nos défaites, si l’on croit encore possible de ne pas se laisser vaincre par la honte et le découragement.

      Aussi, si l’un d’entre vous a l’oreille du président de la République, et s’il estime qu’on a plus de chances de l’émouvoir en évoquant sa fortune au regard de l’histoire que l’infortune des plus démunis, qu’il lui dise ceci : c’est le moment. Le moment où, grisé par ses succès, il risque de tout perdre. Car l’histoire est aussi cruelle que la mémoire est sélective : elle ne se souviendra que de cela. Il est bien d’autres problèmes politiques sans doute que celui des migrants, mais l’accueil qu’on leur réserve est le dossier critique de notre temps. S’y décide, et pour longtemps, ce que nous voulons être, s’y prépare, et de manière profonde et durable, notre futur dans l’Europe et dans le monde.
      Une contradiction hurlante

      Nombreux ont été ceux qui, moins parce qu’ils adhéraient à son discours que parce qu’ils y trouvaient l’occasion de faire un pari raisonnable sur l’avenir, attendaient du président de la République qu’il aille, sur ce sujet au moins, à contre-pente d’une histoire désespérante. Car celle-ci s’autorisait d’une vision fondamentalement pessimiste de la société française, incapable d’entrain, de jeunesse et d’audace. Le pays serait plus fort s’il était plus libre et plus ouvert, s’il larguait les amarres du vieux monde, s’il cessait de se complaire dans ses rancœurs recuites.

      Ils n’ont pas rêvé : cela a été dit. Et c’est encore dit aujourd’hui, sur un ton plus enjoué, presque insolent, quand des hommes, des femmes et des enfants, venus de l’autre rive de la Méditerranée, piétinent dans la neige. La France, si fière et conquérante à nouveau, serait en même temps ce pays trop faible, trop craintif et trop vieux pour leur offrir l’hospitalité à laquelle ils ont droit ? Un destin politique ne peut survivre longtemps à une contradiction aussi hurlante.

      On nous parle de concorde, de fraternité et de grandeur nationale. On nous parle de ressaisissement et de renaissance française. On nous parle même d’engagement, d’héroïsme et de courage. Mais ne sont-ils pas courageux ceux qui risquent tout pour échapper à la misère et la mort ? Et comment penser qu’un pays ne s’enrichirait pas d’une telle énergie ? Pour l’avoir compris, des hommes et des femmes s’engagent aujourd’hui à les accueillir dignement. Ne sont-ce pas eux qui agissent fraternellement et donnent sens à l’idée de concorde ? Le moment est venu de prouver à la jeunesse de ce pays que nos principes ne sont pas des vains mots. Le moment est venu de comprendre que la première des valeurs est celle de la vérité elle-même, et qu’on ne peut longtemps gouverner dans le mensonge, le déni ou l’ignorance des réalités. Le moment est venu ; peut-être ne reviendra-t-il pas.

      https://www.nouvelobs.com/monde/migrants/20180110.OBS0436/migrants-jamais-le-gouvernement-actuel-n-a-ete-aussi-loin-dans-le-mepris-

    • Bardonecchia, le Lampedusa de la montagne

      Dans les Alpes italiennes, Bardonecchia, à quelques kilomètres de la frontière, devient un nouveau point de passage pour les migrants qui veulent entrer en France. Ils ont bravé les traversées d’un désert et de la Méditerranée, alors le franchissement d’un col ne les effraie pas. Julie Pietri rentre de Bardonecchia.

      https://www.franceinter.fr/emissions/profession-reporter/profession-reporter-25-fevrier-2018

    • Migrants : les maraudeurs sauvent une maman enceinte dans la tourmente du Montgenèvre. Le petit garçon voit le jour à l’hôpital de Briançon

      La situation déjà compliquée devient intenable pour ne pas dire insoutenable à la frontière franco-italienne des Hautes-Alpes et ce, quel que soit le point de vue que l’on puisse avoir sur le problème des migrants. C’est en tout cas ce qui apparaît selon ce témoignage que nous avons reçu sachant que les autorités auront à priori une version différente des faits.

      Ce samedi soir, les maraudeurs sont comme presque tous les soirs au pied des pistes de la station près de la douane. C’est la que chaque nuit les migrants essayent de passer la frontière. C’est alors que les bénévoles du Refuge Solidaire tombent sur une famille : le père, la mère et deux enfants de 2 et 4 ans en pleine tourmente. Ils apprennent alors que la maman est enceinte de 8 mois et demi et décident de l’évacuer tout de suite sur l’hôpital de Briançon.

      Ils tombent alors sur un contrôle des douanes à la Vachette mis en place pour arrêter les passeurs comme une trentaine l’ont été en 2017. Mais la maman va accoucher. Après discussion, ce sont les pompiers qui viennent évacuer la maman vers l’hôpital de Briançon et le reste de la famille est ramené en Italie.

      Quelques heures plus tard, la maman donne naissance à un petit garçon et, selon les bénévoles, c’est sur l’insistance du corps médical que les policiers vont rechercher la famille en Italie qui est finalement réunie en pleine nuit à Briançon. Du côté des autorités, on précise que le reste de la famille n’a pas fait l’objet d’une reconduite à la frontière.

      Un témoignage bouleversant et glaçant comme l’écrit Joël Pruvost qui l’a adressé.

      Ce dernier invite à un rassemblement ce mercredi à 9h devant la PAF de Montgenèvre pour soutenir le bénévole convoqué par la Police.

      Le témoignage :

      Pour ou contre les migrants, c’est inhumain ce qu’il arrive à la frontière.

      Témoignage glaçant, on atteint le sommet de l’abjection au col de Montgenèvre
      Une maraude ordinaire comme il s’en passe tous les jours depuis le début
      de l’hiver.
      Au pied de l’obélisque, une famille de réfugiés marche dans le froid. La
      mère est enceinte. Elle est accompagnée de son mari et de ses deux enfants
      (2 et 4 ans). Ils viennent tout juste de traverser la frontière, les
      valises dans une main, les enfants dans l’autre, à travers la tempête.
      Nous sommes 2 maraudeurs à les trouver, à les trouver là, désemparés,
      frigorifiés. La mère est complètement sous le choc, épuisée, elle ne peut
      plus mettre un pied devant l’autre. Nos thermos de thé chaud et nos
      couvertures ne suffisent en rien à faire face à la situation de détresse
      dans laquelle ils se trouvent. En discutant, on apprend que la maman est
      enceinte de 8 mois et demi. C’est l’alarme, je décide de prendre notre
      véhicule pour l’ emmener au plus vite à l’hôpital. Dans la voiture, tout
      se déclenche. Arrivés au niveau de la Vachette(à 4 km de Briançon), elle se
      tord dans tous les sens sur le siège avant. Les contractions sont bien là…
      c’est l’urgence. J’accélère à tout berzingue. C’est la panique à bord.
      Lancé à 90 km/h, j’arrive à l’entrée de Briançon...et là, barrage de
      douane.
      Il est 22h. « Bon sang, c’est pas possible, merde les flics ! ». Herse
      au milieu de la route, ils sont une dizaine à nous arrêter. Commence
      alors un long contrôle de police. "Qu’est ce que vous faites là ? Qui
      sont les gens dans la voiture ? Présentez-nous vos papiers ? Ou est-ce
      que vous avez trouvé ces migrants ? Vous savez qu’ils sont en situation
      irrégulière !? Vous êtes en infraction !!!"… Un truc devenu habituel
      dans le Briançonnais. Je les presse de me laisser l’emmener à l’hôpital
      dans l’urgence la plus totale. Refus ! Une douanière me lance tout
      d’abord « Comment vous savez qu’elle est enceinte de 8 mois et demi ? »
      puis elle me stipule que je n’ai jamais accouché, et que par conséquence
      je suis incapable de juger l’urgence ou non de la situation. Cela
      m’exaspère, je lui rétorque que je suis pisteur secouriste et que je
      suis à même d’évaluer une situation d’urgence. Rien à faire, la voiture
      ne redécollera pas. Ils finissent par appeler les pompiers. Ces derniers
      mettent plus d’une heure à arriver. On est à 500 mètres de l’hôpital. La
      maman continue de se tordre sur le siège passager, les enfants pleurent
      sur la banquette arrière. J’en peux plus. Un situation absurde de plus.
      Il est 23h passées, les pompiers sont là... ils emmènent après plus d’une
      heure de supplice la maman à l’hosto. Les enfants, le père et moi-même
      sommes conduits au poste de police de Briançon à quelques centaines de
      mètres de là. Fouille du véhicule, de mes affaires personnelles, contrôle
      de mon identité, questions diverses et variées, on me remet une
      convocation pour mercredi prochain à la PAF de Montgenèvre. C’est à ce
      moment-là qu’on m’explique que les douaniers étaient là pour arrêter des
      passeurs. Le père et les deux petits sont quant à eux expulsés vers
      l’Italie. Pendant ce temps-là , le premier bébé des maraudes vient de
      naître à Briançon. C’est un petit garçon, né par césarienne. Séparé de
      son père et de ses frères, l’hôpital somme la PAF de les faire revenir
      pour être au côté de la maman. Les flics finissent par obtempérer. Dans
      la nuit, la famille est à nouveau réunie.

      La capacité des douaniers à évaluer une situation de détresse nous
      laisse perplexe et confirme l’incapacité de l’État à comprendre le drame
      qui se trame à nos maudites frontières.
      Quandtà nous, cela nous renforce dans la légitimité et la nécessité de
      continuer à marauder... toutes les nuits.*

      Rendez-vous mercredi 14 mars à 9h à la PAF de Montgenèvre pour soutenir le
      camarade maraudeur convoqué.

      Pas un jour en tout cas ou presque sans qu’on ne frôle le drame à la frontière franco-italienne. Ce vendredi, un migrant a été sauvé par les secouristes en montagne alors qu’il tentait en plein hiver de rejoindre la France par le col de l’Echelle pourtant énormément enneigé.

      Et c’est le moment que choisit le Front National pour s’insurger et cibler Aurélie Poyau, conseillère départementale et adjointe au maire de Briançon.

      Le responsable départemental l’accuse d’avoir volontairement fait passer des migrants (le communiqué du FN ci dessous).

      Par ailleurs, une manifestation aura lieu mardi au sujet du centre d’hébergement de Veynes (communiqué ci-dessous).

      Le communiqué de Patrick Deroin du FN

      Ce jeudi, à Montgenèvre, deux militants du Front National distribuaient des tracts, dénonçant les méfaits de l’immigration massive pour les Français.

      S’apercevant de cela, une voiture s’arrête, deux personnes hystériques en sortent, abreuvant d’injures nos militants surpris par un déferlement si soudain de haine. Le conducteur, un homme, s’avance menaçant, alors que la femme exhibe une carte, qu’elle brandit comme un laissez-passer supposé la mettre au-dessus des lois. Qu’elle n’est pas la surprise d’y découvrir le nom d’Aurélie Poyau, maire adjointe de Briançon et conseillère départementale représentant La France Insoumise. Elle ajoute qu’elle a aidé 4 migrants à franchir la frontière dans la nuit du 7 au 8 mars ; par le col de Montgenèvre.

      Madame Poyau, à l’instar des élus de son parti, ne peut supporter que l’on puisse ne pas penser comme elle et voudrait interdire à ses adversaires le simple droit de s’exprimer. Les médias commencent à relever les dérives mélenchonistes nationales, on ne s’attendait pas à voir ses affidés pratiquer la même terreur intellectuelle dans notre département.

      Messieurs Jean-Marie Bernard et Gérard Fromm vont être informés des agissements de leur élue.

      Le communiqué relatif au centre de Veynes

      Depuis le 9 septembre 2017, le Centre d’Hébergement d’Urgence de Mineurs exilés (CHUM) de Veynes a accueilli plus d’une centaine de jeunes arrivant de la frontière italienne, car ni le Conseil Départemental ni l’État n’ont eu la volonté de mettre en place des dispositifs d’hébergement suffisants, pourtant de leur responsabilité ! Face à ces lamentables moyens institutionnels, ce lieu occupé et autogéré veut montrer qu’un accueil digne et réactif est possible.

      Le 13 mars aura lieu à Gap, le procès d’expulsion du CHUM : ce lieu autogéré, organisé par des gens qui demandent à minima que les institutions respectent la loi, et qui proposent beaucoup mieux qu’elles. Ce procès, c’est la seule réponse officielle de l’État face à nos dénonciations, et l’on voit que pour protéger ses remparts, le rouage est huilé : huissiers, traitement des demandes d’expulsion, dans ce sens cela fonctionne bien ! Fait de bric et de broc, le CHUM est un lieu de vie, de passage, d’échange, d’entraide qui répond à l’urgence constante et à un besoin criant d’humanité.

      Au quotidien, écœuré par cette triste politique, le CHUM est rythmé de récups, de dons, de permanences médicales, d’accompagnements juridiques, de moments de partage, de visites prévues ou spontanées qui font du bien. Il continue à vivre, malgré nos grosses cernes qui nous empêchent d’oublier cette triste réalité.

      MOBILISONS NOUS POUR DÉFENDRE CE LIEU D’ACCUEIL SOLIDAIRE ET CONTINUONS À DÉNONCER LA POLITIQUE ANTI-MIGRATOIRE DE L’ÉTAT FRANÇAIS !!!!

      RDV le 13 mars 9h30 devant le tribunal de Gap pour un petit déjeuner déterminé, avant le début du procès d’expulsion prévu à 10h30
      Prises de paroles et discussions autour de la sale politique d’accueil des exilé-e-s par l’État français. Focus particulier sur les très difficiles prises en charge des soins et de la scolarisation des mineurs exilés dans les Hautes-Alpes
      Et à midi : cantine collective devant le parvis du Conseil Départemental pour lui rappeler ses obligations d’accueil digne des mineurs exilés

      Les élections législatives en Italie dimanche dernier et la montée du populisme ont relancé le débat sur les migrants dont le passage en Italie serait à l’origine

      de la montée des populismes. Dans notre région, l’afflux de migrants s’est un peu ralenti à la faveur de l’hiver et de la fermeture du col de l’Echelle.

      Pour autant, quasiment chaque nuit, certains essayent toujours de rejoindre la France via le col puis les pistes de Montgenèvre. Ce sont des passeurs mal intentionnés qui leur proposent cette solution en gare de Turin non sans les délester de leur argent. Comble de tout, ils donnent, pour contact en France, le numéro des bénévoles de Briançon qui ne sont là que pour éviter des drames. Résultat, Elie, l’un d’entre eux, a décidé comme beaucoup d’autres de ne plus répondre au téléphone pour ne pas faire le jeu des passeurs. ils continuent cependant bien sûr à porter secours et à accueillir ceux qui sont passés au refuge solidaire à Briançon.

      Regardez ce reportage édifiant de Paul Gypteau de l’AFP.

      Retour en arrière :

      On a de nouveau frôlé le drame cet hier dans la vallée de la Clarée. Un migrant a failli perdre la vie alors qu’il essayait de franchir la frontière franco-italienne malgré l’épaisse couche de neige et au moment même ou plus de 300 personnes réalisaient une cordée symbolique pour démontrer leur solidarité avec les migrants et mettre en valeur l’engagement de dizaines de bénévoles qui vont secourir ou qui accueillent chez eux ces migrants qui prennent des risques énormes en tentant de passer la frontière en plein hiver. Preuve, s’il le fallait, de l’utilité de ces maraudes et de cette assistance des montagnards auprès des migrants : au moment même où se déroulait cette "cordée" , l’un des accompagnateurs est intervenu en urgence ce dimanche sur le versant nord du col de l’Echelle. Il a littéralement sauvé la vie à Moussa, Guinéen de 22 ans, un migrant qui était en détresse, gelé et à bout de forces alors qu’il essayait de passer le col en pleine neige et dans des températures glaciales comme on les connaît en ce moment. Ce sont les secouristes du PGHM qui sont ensuite intervenus pour héliporter Moussa sur l’hôpital de Briançon.

      Une vie de plus sauvée par les montagnards et les secouristes mais qui fait suite à des accidents devenus presque quotidiens : pieds ou mains gelés, hypothermie ou plus grave comme on l’a vu les pieds amputés comme ceux de Mamadou ou des accidents graves comme ce migrant toujours paralysé après avoir sauté dans le vide au col de l’Échelle par peur des gendarmes au mois d’août dernier.

      Au moment même de ce sauvetage, plus de 300 personnes s’étaient retrouvées comme prévu à Névache, sur le chemin du col de l’Échelle, pour former des cordées solidaires avec les migrants, et s’étaient engagées dans la neige sur le chemin du col, encadrées par des professionnels de la montagne. Au-delà de l’esprit de solidarité des montagnards, il s’agissait plus largement de célébrer la journée internationale des migrants.

      Les images de l’intervention :

      En savoir plus sur https://www.dici.fr/actu/2018/03/11/migrants-maraudeurs-sauvent-une-maman-enceinte-tourmente-montgenevre-petit-garc

      https://www.dici.fr/sites/dici.fr/files/styles/homepage_une_big/public/2018/03/11/1116445-capturedecran2017-12-18a082756.png?itok=FD2UCW_B

      https://www.dici.fr/actu/2018/03/11/migrants-maraudeurs-sauvent-une-maman-enceinte-tourmente-montgenevre-petit-garc

      Avec ce commentaire de Olivier Clochard via la newsletter de Migreurop :

      À Briançon (France), à la frontière franco-italienne, des bénévoles du Refuge Solidaire sauvent une famille dont la maman est sur le point d’accoucher. Mais quelques instants plus tard, la douane et la PAF séparent la famille avant que l’hôpital somme la PAF de les réunir.
      Ainsi des agents des autorités françaises se plaisent à faire subir de véritables supplices à des personnes étrangères, il faut que ces personnes répondent de leurs actes ainsi que celles et ceux qui les ordonnent.

    • Sauvetage d’une migrante enceinte dans les Alpes : « Si on n’avait pas été là, la maman et son bébé seraient morts »

      #Benoît_Ducos est pisteur-secouriste en montagne et bénévole au Refuge solidaire. Depuis décembre, il participe à des maraudes pour sauver les migrants qui franchissent la frontière franco-italienne dans les massifs des Alpes malgré la neige et le froid. Il a raconté à InfoMigrants le sauvetage d’une jeune femme enceinte de 8 mois et demi et de sa famille.

      "Samedi 10 mars, vers 20 heures, je marchais avec un autre bénévole du Refuge solidaire à Montgenèvre, comme tous les jours depuis le début de l’hiver, pour secourir des migrants qui franchissent la frontière franco-italienne à pieds.

      Nous sommes tombés sur un groupe de six personnes : une jeune femme enceinte, deux petits enfants de deux et quatre ans, le papa et deux autres personnes que la petite famille, originaire du Nigeria, avait rencontrées en Italie.

      Tous venaient de Turin, ils étaient descendus à la gare d’Oulx, puis avaient rejoint en bus Claviere, le dernier village italien avant la frontière. De là, ils ont trouvé un chemin pour passer la frontière sans se faire repérer.

      À cet endroit-là, nous sommes à 1 900 mètres d’altitude, c’est complètement enneigé et il y a de gros risques d’avalanches. Les deux personnes portaient la maman qui ne pouvait plus mettre un pied devant l’autre, le papa, lui, portait les deux petits.

      « Est-ce que les gens qui sont avec vous ont des papiers ? »

      On leur a donné des vêtements et de nouvelles chaussures parce qu’ils avaient les pieds trempés. On les a réchauffés avec des boissons chaudes, on leur a donné de la nourriture. On a discuté un peu avec eux pour leur expliquer ce qu’on faisait.

      Mais on voyait que la maman allait de plus en plus mal. On a posé des questions sur sa grossesse et on s’est dit qu’il fallait qu’on descende le plus vite possible vers Briançon parce que la pauvre dame semblait sur le point d’accoucher. Sur le chemin de l’hôpital, elle souffrait tellement que j’ai accéléré. On est alors tombés sur un barrage.

      Les policiers nous ont posé les questions habituelles : ’Qu’est-ce que vous transportez ? Est-ce que les gens qui sont avec vous ont des papiers ?’ J’ai dit que ces personnes étaient dans le froid, en situation difficile, que je les avais prises en stop pour les mettre à l’abri à Briançon et que dans le groupe il y a avait une femme enceinte qui avait besoin de soins de toute urgence.

      Les policiers m’ont répondu que, étant un homme, je n’étais pas en mesure de savoir si la dame était à deux doigts d’accoucher alors qu’elle se tordait de douleur sur le siège passager à cause des contractions. Nous avons attendu une heure qu’ils se décident à appeler les pompiers. Ces derniers ont emmené la dame à l’hôpital de Briançon, à 500 mètres de là où nous nous trouvions.

      « Si on n’avait pas été là, la maman et son bébé y seraient passés »

      Elle a donné naissance à un petit garçon par césarienne. Cela aurait été un drame si elle avait dû accoucher dans la neige ou dans la voiture.

      Alors que la dame était emmenée à l’hôpital, le père, les enfants et moi avons été emmenés au poste. J’ai été auditionné 5 minutes et convoqué à une audition libre à la police aux frontières (PAF) mercredi matin. On m’a rappelé que j’étais en infraction parce que je transportais des personnes qui étaient en situation irrégulière. Moi j’ai dit que j’avais juste porté assistance à des personnes en danger. On sait bien que si on n’avait pas été là, la maman et son bébé y seraient passés.

      Pendant que la dame était à l’hôpital, le père et les enfants ont été renvoyés en Italie. Sommée par l’hôpital de les faire revenir pour être auprès de la jeune mère, la PAF a obtempéré. Ils ont alors été placés par le 115 à Gap, à plus de 100 kilomètres de Briançon. Ça non plus, ce n’est pas très humain."

      http://www.infomigrants.net/fr/post/8027/sauvetage-d-une-migrante-enceinte-dans-les-alpes-si-on-n-avait-pas-ete

    • Migrants : un secouriste poursuivi pour avoir secouru une réfugiée sur le point d’accoucher

      « J’ai l’esprit tranquille. Si je ne l’avais pas fait... » : pour ce délit de solidarité, #Benoît_Ducos risque jusqu’à 5 ans de prison.

      Ce mercredi 14 mars, Benoît Ducos, pisteur-secouriste dans le Briançonnais (Hautes-Alpes), à la lisière de la frontière franco-italienne, est convoqué par la police aux frontières (PAF). Il doit s’expliquer sur les circonstances qui lui ont valu d’être interpellé dans la nuit de samedi au dimanche 11 mars. Son délit : avoir embarqué dans son véhicule une famille de quatre personnes sans papiers, dont deux enfants de 2 et 4 ans ainsi qu’une femme enceinte de huit mois et demi prise de contractions, pour les emmener à l’hôpital de Briançon.

      Le fait divers n’aurait pas franchi les limites de la sous-préfecture s’il n’avait pas été dénoncé par un membre de l’association Refuges solidaires qui vient en aide aux migrants qui tentent, souvent dans la neige et au péril de leur vie, de franchir à pied la frontière alpine depuis l’Italie.

      « Le premier bébé des maraudes »

      Le témoignage de Benoît Ducos recueilli par Joël Pruvot livre un regard glaçant sur le « délit de solidarité » qui s’est déroulé ce week-end. Samedi soir, la maraude de deux bénévoles de l’association leur fait croiser le chemin d’une famille de réfugiés au col de Montgenèvre.

      « La mère est enceinte. Elle est accompagnée de son mari et de ses deux enfants (2 et 4 ans). Ils viennent tout juste de traverser la frontière, les valises dans une main, les enfants dans l’autre, à travers la tempête. La mère est complètement sous le choc, épuisée, elle ne peut plus mettre un pied devant l’autre », raconte Benoît Ducos qui va prendre la décision d’emmener la famille à l’hôpital. Dans la voiture, il raconte les contractions, la panique qui s’installe.

      À quatre kilomètres de Briançon, aux alentours de 22h selon le témoignage du secouriste, la voiture doit s’arrêter à un barrage douanier. Immobilisés, les passagers vont réclamer le droit de conduire la mère à l’hôpital, mais se heurtent au refus des agents. Joint par Le HuffPost, Benoît Ducos se remémore « les interminables questions d’usage », les « tergiversations des douaniers » soucieux d’appliquer la procédure tandis que « la mère se tord de douleurs à l’arrière de son véhicule ».

      Toujours selon le bénévole, les pompiers n’arriveront qu’à 23h sur les lieux. La mère accouchera finalement d’un petit garçon à l’hôpital, par césarienne. « Le premier bébé des maraudes », écrit Benoît Ducos, qui finira au poste. Quant au père et aux deux enfants, le secouriste assure que c’est à la demande de l’hôpital qu’ils ne seront pas reconduits en Italie, mais ramenés auprès de la mère.

      « On a frôlé la catastrophe »

      Relayée et dénoncée par l’ancienne ministre écologiste Cécile Duflot, cette version des faits comme sa chronologie sont contestées par la préfecture des Hautes-Alpes. « L’action de l’État a été irréprochable et ses agents ne sauraient être mis en cause alors qu’ils ont agi avec humanité, et dans le respect des Lois de la République », a-t-elle répondu via un communiqué diffusé sur Twitter.

      https://twitter.com/CecileDuflot/status/973145444032401408

      À en croire les représentants de l’État, il se serait déroulé moins de trente minutes entre l’arrêt du véhicule par les six personnels de la brigade de surveillance intérieure et l’arrivée de la mère à l’hôpital de Briançon, bien avant 23h. « Moi, à 23h04, j’étais encore arrêté sur le parking avec la mère à l’arrière. Mon téléphone en témoigne : j’ai adressé un message à mon fils », jure Benoît Ducos.

      Au-delà des divergences sur le déroulé de la soirée, le secouriste ne revient toujours pas « de ces douaniers qui restent impassibles face à la souffrance de cette femme. » S’il ne les met pas en cause personnellement, Benoît Ducos accuse en revanche un système légal en décalage criant avec la gravité de la crise humanitaire qui se déroule sur le territoire français. « La migration, ce n’est pas une croisière en quête d’exotisme. Les douaniers appliquent des consignes sans réfléchir, ce qui fait qu’on aboutit à ce sommet d’absurdité ».

      5 ans de prison et 30.000 euros d’amende

      Les exemples de ce type ne sont pas légion. Ils ne sont toutefois pas exceptionnels à la frontière franco-italienne qui court des Hautes-Alpes aux Alpes-Maritimes. Les associations qui viennent en aide aux migrants dénoncent des « poursuites de migrants en moto-neige », des « reconduites à la frontière de femmes enceintes en pleine nuit », en plus des risques parfois mortels encourus par les réfugiés qui cherchent à accéder au territoire français.

      En février, Amnesty International estimait à 27.000 le nombre de réfugiés et migrants renvoyés en Italie entre janvier et juillet, « y compris des mineurs non accompagnés », sans respecter leur droit de demander l’asile en France.

      Une situation dénoncée par les associations Tous Migrants (qui a lancé une pétition de soutien) et La Cimade qui ont interpellé Emmanuel Macron et le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb sur « la mise en danger de la vie d’un nouveau né et de sa mère par l’acharnement des contrôles de police ». Dans un communiqué le parti Europe-Écologie Les Verts voit dans cette affaire « l’insupportable grand écart devenu la marque de fabrique du président de la République, entre beaux discours humanistes et répression inhumaine ».

      Une proposition de loi communiste et écologiste propose par ailleurs de supprimer le « délit de solidarité » en modifiant la législation pour ne réprimer que l’aide au passage à but lucratif. Le texte devrait être examiné en mai.

      En attendant, Benoît Ducos s’expose théoriquement à la peine dévolue aux passeurs, à savoir un maximum de 30.000 euros d’amende et de 5 ans d’emprisonnement. « Moi, j’ai l’esprit tranquille. Si je ne l’avais pas fait... », confie-t-il. Un rassemblement de soutien est prévu ce mercredi à 9h devant les locaux de la police aux frontières de Montgenèvre.

      https://www.huffingtonpost.fr/2018/03/13/migrants-un-secouriste-poursuivi-pour-avoir-secouru-une-refugiee-sur-

    • Conférence : Migrations dans les Hautes-Alpes

      Une conférence de #Sarah_Mekdjian qui répond à la question, comment on en est arrivé là ?


      –-> Sarah : « la frontière est bien plus complexe et bien plus épaisse que la ligne ! Pour ce camarade afghan la frontière a commencé en Afghanistan et elle se poursuit aujourd’hui dans la ville de Grenoble. »

      http://lalongueurdelachaine.org/conference-migrations-dans-les-hautes-alpes

    • Briancon : à la frontière franco italienne, les douaniers contrôlent même les naissances

      Le Gisti reproduit ci-dessous le récit, édifiant, d’un maraudeur Briançonnais racontant comment une opération de secours à une femme sur le point d’accoucher et frigorifiée a été interrompue pendant plusieurs heures par les douanes. Ou comment, les services douaniers font primer l’obsession du contrôle des frontières sur les réflexes humanitaires les plus élémentaires.

      La situation décrite n’a rien d’inédit. Depuis des mois, les contrôles policiers à la frontière franco-italienne et particulièrement dans le Briançonnais sont menés en violation des droits fondamentaux des personnes. Lors d’une mission sur place et d’entretiens avec les citoyens solidaires des migrants, le Gisti a constaté une banalisation des pratiques illégales mettant en danger les exilé.e.s qui tentent de passer les cols au péril de leur vie.

      Le Gisti réaffirme son soutien aux exilé.e.s et aux militants engagés à leur côté à Briançon et tout au long de la frontière italienne. Il s’attachera à dénoncer les pratiques qui font primer le contrôle des frontières sur l’obligation de porter secours aux personnes en danger.
      14 mars 2018

      Une maraude ordinaire comme il s’en passe tous les jours depuis le début de l’hiver.

      Au pied de l’obélisque, une famille de réfugiés marche dans le froid. La mère est enceinte. Elle est accompagnée de son mari et de ses deux enfants (2 et 4 ans). Ils viennent tout juste de traverser la frontière, les valises dans une main, les enfants dans l’autre, à travers la tempête.

      Nous sommes 2 maraudeurs à les trouver, à les trouver là, désemparés, frigorifiés. La mère est complètement sous le choc, épuisée, elle ne peut plus mettre un pied devant l’autre. Nos thermos de thé chaud et nos couvertures ne suffisent en rien à faire face à la situation de détresse dans laquelle ils se trouvent. En discutant, on apprend que la maman est enceinte de 8 mois et demi. C’est l’alarme, je décide de prendre notre véhicule pour l’ emmener au plus vite à l’hôpital. Dans la voiture, tout se déclenche. Arrivés au niveau de la Vachette (à 4km de Briançon), elle se tord dans tous les sens sur le siège avant. Les contractions sont bien là… c’est l’urgence. J’accélère à tout berzingue. C’est la panique à bord.

      Lancé à 90 km/h, j’ arrive à l’entrée de Briançon... et là, barrage de douane. Il est 22h. « Bon sang, c’est pas possible, merde les flics ! ». Herse au milieu de la route, ils sont une dizaine à nous arrêter. Commence alors un long contrôle de police. « Qu’est ce que vous faites là ? Qui sont les gens dans la voiture ? Présentez nous vos papiers ? Ou est ce que vous avez trouvé ces migrants ? Vous savez qu’ils sont en situation irrégulière !? Vous êtes en infraction !!! »… Un truc devenu habituel dans le briançonnais. Je les presse de me laisser l’emmener à l’hôpital dans l’urgence la plus totale. Refus !

      Une douanière me lance tout d’abord « comment vous savez qu’elle est enceinte de 8 mois et demi ? » puis elle me stipule que je n’ai jamais accouché, et que par conséquence je suis incapable de juger l’urgence ou non de la situation. Cela m’exaspère, je lui rétorque que je suis pisteur secouriste et que je suis à même d’évaluer une situation d’urgence. Rien à faire, la voiture ne redécollera pas. Ils finissent par appeler les pompiers. Ces derniers mettent plus d’une heure à arriver. On est à 500 mètres de l’hôpital. La maman continue de se tordre sur le siège passager, les enfants pleurent sur la banquette arrière. J’en peux plus. Une situation absurde de plus.

      Il est 23h passés, les pompiers sont là...ils emmènent après plus d’une heure de supplice la maman à l’hosto. Les enfants, le père et moi-même sommes conduits au poste de police de Briançon à quelques centaines de mètres de là. Fouille du véhicule, de mes affaires personnelles, contrôle de mon identité, questions diverses et variés, on me remet une convocation pour mercredi prochain à la PAF de Montgenèvre. C’est à ce moment-là qu’on m’explique que les douaniers étaient-là pour arrêter des passeurs. Le père et les deux petits sont quant à eux expulsés vers l’Italie. Pendant ce temps-là , le premier bébé des maraudes vient de naître à Briançon. C’est un petit garçon, naît par césarienne. Séparé de son père et de ses frères, l’hôpital somme la PAF de les faire revenir pour être au côté de la maman. Les flics finissent par obtempérer. Dans la nuit, la famille est à nouveau réunit.

      La capacité des douaniers à évaluer une situation de détresse nous laisse perplexe et confirme l’incapacité de l’État à comprendre le drame qui se trame à nos maudites frontières.

      Quand à nous, cela nous renforce dans la légitimité et la nécessité de continuer à marauder... toutes les nuits.

      http://www.gisti.org/spip.php?article5878

    • Message de @sinehebdo

      Et celui ci aussi :

      Convoqué par la police après avoir sauvé du froid une femme enceinte et deux enfants
      Basta, le 13 mars 2018
      https://seenthis.net/messages/676118

      Tout ceci rappelle ce qu’on voit dans le documentaire d’Arte que j’ai enfin eu le temps de regarder, et qui n’est vraiment pas mal. Je suppose d’ailleurs que ce sont les mêmes « acteurs » :

      Secourir les migrants sur la route des Alpes
      ARTE Regards, le 5 mars 2018
      https://www.arte.tv/fr/videos/079473-004-A/arte-regards

    • Convoqué par la police après avoir sauvé du froid une femme enceinte et deux enfants

      Le week-end dernier, lors d’une maraude dans les Alpes, à la recherche de migrants perdus dans le froid de l’hiver, un citoyen a secouru une famille transie et épuisée. Il a donné aux deux jeunes enfants de 2 et 4 ans et à leurs parents de quoi se réchauffer. Puis, comprenant que la femme est enceinte de 8 mois et demi, il décide de l’emmener à l’hôpital. Arrêté en chemin par les douaniers, il se voit reprocher de transporter des personnes en situation irrégulières et il est sommé de se présenter à la Police aux frontières le mercredi 14 mars à 9h. Un rassemblement de soutien aura lieu ce même jour. Témoignage.

      https://www.bastamag.net/Convoque-par-la-Police-apres-avoir-sauve-du-froid-une-femme-enceinte-et-de

    • Respinta confine incinta, muore migrante

      Incinta di poche settimane e con un grave linfoma, è stata respinta alla frontiera di Bardonecchia dalle autorità francesi e, dopo il parto cesareo, è morta all’ospedale Sant’Anna di Torino. B.S., nigeriana di 31 anni, era stata soccorsa dai volontari di Rainbow4Africa. «Le autorità francesi sembrano avere dimenticato l’umanità», dice all’ANSA Paolo Narcisi, presidente dell’associazione che da dicembre ha aiutato un migliaio di migranti. La nascita del bimbo, appena 700 grammi, è stata un miracolo dei medici del Sant’Anna ed è gara di solidarietà per aiutarlo.
      Secondo Narcisi, respingere alla frontiera una donna incinta e malata «è un atto grave che va contro tutte le convenzioni internazionali e al buon senso come criminalizzare chi soccorre». E’ dei giorni scorsi la notizia di una guida alpina francese che rischia una condanna fino a cinque per avere soccorso una migrante incinta.

      http://www.ansa.it/sito/notizie/topnews/2018/03/23/respinta-confine-incinta-muore-migrante_486c0338-4600-4d9c-9325-521e8094817f.ht

    • Message de @colporteur

      Destinity stava cercando di raggiungere la Francia perché era malata, sapeva che forse non ce l’avrebbe fatta e voleva che il suo bambino avesse qualcuno accanto dopo al nascita. Con lei, la notte del 9 febbraio quando, al settimo mese di gravidanza, ha tentato la traversata del Colle della Scala c’era il marito, nigeriano anche lui, richiedente asilo. La gendarmeria francese li ha intercettati e riportati in Italia. «Li hanno lasciati davanti alla saletta di Bardonecchia senza nemmeno bussare alla dottaressa che era di turno all’interno», racconta Paolo Narcisi, presidente dell’associazione Rainbow4 Africa che dall’inizio dell’inverno ha assistito almeno un migliaio di migranti a Bardonecchia.
      #gendarmerie #non_assistance_à_personne_en_danger #homicide_involontaire #impunité

    • Polémique autour d’une migrante enceinte et malade reconduite à la frontière

      Beauty, une Nigériane de 31 ans, avait été déposée à la frontière avec l’Italie en pleine nuit par les gendarmes français. Elle est morte un mois plus tard à Turin.

      Une information judiciaire a été ouverte samedi 24 mars à Turin après la mort d’une migrante nigériane enceinte et malade qui avait tenté en vain de gagner la France avec son mari, rapportent la presse et des associations italiennes.

      Beauty, 31 ans, est morte la semaine dernière dans un hôpital de Turin. Son bébé, né par césarienne juste avant, est un grand prématuré mais se porte plutôt bien, selon les médecins.

      La jeune femme et son mari vivaient près de Naples. Quand Beauty a réalisé qu’elle souffrait d’un lymphome, elle a souhaité finir sa grossesse auprès de sa sœur en France, mais les gendarmes français ont bloqué le couple à la frontière le 9 février.

      Déposée devant la gare

      Alors que Beauty était enceinte de 6 mois et peinait à respirer à cause du lymphome, les gendarmes l’ont juste déposée en pleine nuit devant la gare de Bardonnèche, selon Rainbow4Africa. « Les courriers traitent mieux leurs paquets », a dénoncé Paolo Narcisi, un responsable de cette association qui participe à l’aide aux migrants du côté italien des Alpes.

      Le mari a ensuite précisé à des médias italiens que c’est lui qui avait été bloqué à la frontière, et que Beauty, autorisée à entrer en France, avait choisi de rester avec lui. Hospitalisée à Rivoli, au pied du Val de Suse, puis dans un service spécialisé à Turin, elle n’a survécu que quelques semaines.
      Précédent

      Son bébé, Israël, né le 15 mars à 29 semaines de grossesse, pesait alors 700 grammes. En une semaine, passée essentiellement sur le ventre de son père, il a atteint près de 1 kg, selon les services médicaux.

      L’histoire est largement reprise dans les médias italiens, qui rappellent les déboires en France d’un bénévole convoqué après avoir porté assistance à une famille nigériane, dont une femme enceinte.

      Selon ce bénévole, Benoît Ducros, les douaniers français ont tardé à appeler les pompiers pour aider la femme et ont aussi envisagé un temps de renvoyer le père et deux enfants de 2 et 5 ans en Italie.

      http://www.lemonde.fr/societe/article/2018/03/25/polemique-autour-d-une-migrante-enceinte-et-malade-reconduite-a-la-frontiere

    • Clavières (05) : Communiqué-invitation du squat de l’église de Clavières

      Les passages clandestins d’exilé·es sont de plus en plus difficiles au col de Montgenèvre, près de Briançon : les migrant·e·s venant d’Italie arrivent plus nombreu·ses que cet hiver, et ne peuvent passer rapidement la frontière française. Jeudi soir, onze d’entre elleux, dont quatre femmes et trois enfants, ont passé la nuit dans la salle paroissiale, sous l’église de Clavières, située à deux kilomètres de la frontière française.

      Illes ont été rejoint par une quarantaine d’autres vendredi, et une quinzaine samedi, ce qui aurait pu créer une situation humanitaire dramatique. Environ vingt personnes vivant des deux côtés des Alpes les soutiennent, sans appartenir aux associations d’aide aux migrant·e·s habituelles qui ont été beaucoup citées par les médias à propos de Briançon depuis décembre. Une vingtaine d’exilé·es ont décidé de passer en France à pied dans la journée, par leurs propres moyens.

      L’État italien, resté passif cet hiver, a envoyé la police antiémeute contrôler ces passages en fin d’après-midi.

      Deuxième communiqué de Chez Jésus

      Vous recevez ce communiqué en raison de la situation préoccupante sur la frontière briançonnaise.

      Depuis jeudi, nous occupons une salle à l’église de Clavières. À la frontière la situation s’est complexifiée ces dernières semaines. Le flux de personnes arrivant à la frontière est toujours plus important et les actions de solidarité mises en œuvre ces derniers mois ne sont plus suffisantes. Pour cela, nous ressentons encore plus le besoin de soulever le réel problème qu’est la frontière. Nous avons aussi occupé ces locaux de l’église car la nécessité d’avoir des temps et des espaces pour s’organiser et parler avec les personnes, arrivant chaque jour par dizaines pour traverser cette frontière, se fait de plus en plus sentir.

      Dans le même temps, cette occupation ne veut pas invoquer une intervention des pouvoirs publics qui pourraient nous donner une réponse partielle d’accueil que la plupart de ces personnes fuient.

      Nous préférons nous organiser en auto-gestion. Nous ne voulons pas « gérer » des personnes. Au contraire, nous voulons chercher la complicité avec celles et ceux qui se battent pour leur propre liberté de mouvement, à l’inverse du système d’accueil que nous connaissons qui ne fait rien d’autre que de légitimer le dispositif au frontière.

      Nous vous invitons toutes et tous à nous rejoindre pour un repas partagé. Rendez-vous demain dimanche 25 mars chez Jésus (sous l’église de Clavières) à partir de midi.

      C’est cool si vous pouvez apportez votre repas, des couvertures, des gants, des écharpes, etc.

      [Publié le 25 mars 2018 sur Indymedia Grenoble : https://grenoble.indymedia.org/2018-03-25-Communique-invitation-de-squat-de]


      https://fr.squat.net/2018/03/25/clavieres-05-communique-invitation-du-squat-de-leglise-de-clavieres

    • Emotion après la mort d’une migrante enceinte en Italie

      #Beauty, 31 ans, est morte la semaine dernière dans un hôpital de Turin. Son bébé, né par césarienne juste avant, est un grand prématuré mais se porte plutôt bien selon les médecins.

      La jeune femme et son mari vivaient près de Naples. Quand Beauty a réalisé qu’elle souffrait d’un lymphome, elle a souhaité finir sa grossesse auprès de sa sœur en France, mais les gendarmes français ont bloqué le couple à la frontière le 9 février.

      https://www.voaafrique.com/a/emotion--apres-la-mort-d-une-migrante-enceinte-en-italie/4314540.html

    • Torino, migrante incinta respinta alla frontiera di Bardonecchia muore dopo il parto. Salvo il bimbo: pesa 700 grammi

      La donna, 31 anni, era affetta anche da un grave linfoma. Ong: «Francesi hanno dimenticato l’umanità». Gara di solidarietà per salvare il bambino, ricoverato nella Terapia Neonatale del Sant’Anna

      È stata respinta alla frontiera di Bardonecchia, nonostante fosse incinta di poche settimane e affetta da un grave linfoma. I militari francesi non le hanno permesso di entrare in Francia e lei, una migrante nigeriana di 31 anni, soccorsa dai volontari di Rainbow4Africa, è morta all’ospedale Sant’Anna di Torino dopo il parto cesareo.

      “Le autorità francesi sembrano avere dimenticato l’umanità“, dice Paolo Narcisi, presidente dell’associazione che da dicembre ha aiutato un migliaio di migranti. Salvo il suo bimbo, che al momento della nascita pesava 700 grammi. Il fatto che sia in vita è considerato “un miracolo” dai medici.

      La nigeriana è stata ricoverata un mese a Torino, seguita dall’Ostetricia e Ginecologia diretta dalla professoressa Tullia Todros e dall’ematologia ospedaliera delle Molinette diretta dal dottor Umberto Vitolo. È stata tenuta in vita il più possibile, per consentirle di portare avanti la gravidanza. Il neonato è ora ricoverato nella Terapia Neonatale del Sant’Anna, diretta dalla professoressa Enrica Bertino, assistito dal padre, anche lui respinto alla frontiera.

      “I corrieri trattano meglio i loro pacchi”, continua Narcisi, secondo cui respingere alla frontiera una donna incinta e malata “è un atto grave – dice ai microfoni del Tg3 – che va contro tutte le convenzioni internazionali e al buon senso, proprio come criminalizzare chi soccorre”.

      La notizia si aggiunge a quella della guida alpina francese che rischia una condanna fino a cinque per avere soccorso un’altra migrante incinta. “Tutto questo è indice di una paura strisciante, ma non bisogna avere paura”, aggiunge il presidente di Rainbow4Africa, che ha lanciato la campagna Facebook ‘Soccorrere non è un crimine’.

      https://www.ilfattoquotidiano.it/2018/03/23/torino-migrante-incinta-respinta-alla-frontiera-di-bardonecchia-muore-dopo-il-parto-salvo-il-bimbo-pesa-700-grammi/4247449

    • Une enquête ouverte après la mort d’une migrante enceinte et malade reconduite à la frontière

      Beauty, 31 ans, a tenté en vain de gagner la France avec son mari, mais les gendarmes ont bloqué le couple à la frontière. Elle est morte dans un hôpital de Turin, après avoir accouché.
      Une migrante nigériane, enceinte et malade, qui avait tenté en vain de gagner la France avec son mari est morte la semaine dernière dans un hôpital de Turin. Son bébé, né par césarienne juste avant, est un grand prématuré mais se porte plutôt bien selon les médecins. Une information judiciaire a été ouverte à Turin samedi.
      La jeune femme, prénommée Beauty, et son mari vivaient près de Naples. Quand Beauty a réalisé qu’elle souffrait d’un lymphome, elle a souhaité finir sa grossesse auprès de sa sœur en France, mais les gendarmes français ont bloqué le couple à la frontière le 9 février. Alors que Beauty était enceinte de 6 mois et peinait à respirer à cause du lymphome, les gendarmes l’ont juste déposée en pleine nuit devant la gare de Bardonecchia, selon l’association Rainbow4Africa. « Les courriers traitent mieux leurs paquets », a dénoncé Paolo Narcisi, un responsable de cette association qui participe à l’aide aux migrants du côté italien des Alpes.

      Le mari a ensuite précisé à des médias italiens que c’est lui qui avait été bloqué à la frontière, et que Beauty, autorisée à entrer en France, avait choisi de rester avec lui. Hospitalisée à Rivoli, au pied du Val du Suze, puis dans un service spécialisé à Turin, elle n’a survécu que quelques semaines. Son bébé Israël, né le 15 mars à 29 semaines de grossesse, pesait alors 700 grammes. En une semaine, passée essentiellement sur le ventre de son père, il a atteint près de 1 kg, selon les services médicaux.

      L’histoire est largement reprise dans les médias italiens, qui rappellent les déboires en France d’un bénévole convoqué après avoir porté assistance à une famille nigériane, dont une femme enceinte. Selon ce bénévole, Benoît Ducos, les douaniers français ont tardé à appeler les pompiers pour aider la femme et ont aussi envisagé un temps de renvoyer le père et deux enfants de 2 et 5 ans en Italie.

      http://www.liberation.fr/planete/2018/03/25/une-enquete-ouverte-apres-la-mort-d-une-migrante-enceinte-et-malade-recon

    • CHEZ JESUS

      da giovedì abbiamo occupato alcuni spazi pertinenti alla chiesa di Claviere.
      Alla frontiera la situazione in queste ultime settimane si è complicata. Il flusso di persone che arriva al confine è sempre più forte e le pratiche di solidarietà diretta messe in atto in questi mesi non sono più sufficienti. Per questo sentiamo sempre di più la volontà di sollevare il vero problema, che è la frontiera, con forza maggiore.
      Abbiamo occupato i locali sottostanti la chiesa anche perché si è resa sempre più evidente la necessità di avere tempi e spazi per organizzarci e parlare con le persone che a decine ormai ogni giorno cercano di attraversare questo confine.
      Al tempo stesso questa occupazione non vuole invocare un intervento da parte delle istituzioni che potrebbero darci una risposta con la solita impalcatura dell’accoglienza dalla quale la maggior parte delle persone con cui ci stiamo confrontando fugge.
      Preferiamo organizzarci in modo autogestito. Noi non vogliamo “gestire” delle persone; al contrario del sistema di accoglienza che conosciamo, che non fa altro che legittimare il dispositivo frontiera, vogliamo cercare complicità con chi si batte in prima persona per la propria libertà di movimento.

      Invitiamo tutt* i/le solidali a raggiungerci per un pranzo condiviso.
      Appuntamento domani, domenica 25 marzo, Chez Jesus (sotto la chiesa di Claviere) da mezzogiorno.
      Graditi cibo (già pronto), coperte, scarponi, indumenti caldi (guanti e sciarpe etc).


      Vu sur FB, le 25.03.2018 :
      https://www.facebook.com/briserlesfeontieres/photos/a.1522408807851238.1073741828.1522389147853204/1635042483254536/?type=3&theater

    • L’incontro tra il prefetto e i sindaci della #Valsusa sul problema dei migranti

      ”Un presidio mobile a Oulx con mediatori culturali che nell’area della stazione cercherà di intercettare i profughi per dissuaderli da proseguire il cammino verso il confine”

      «Al più presto un presidio mobile anche a Oulx, con mediatori culturali che nell’area della stazione cercherà di intercettare i profughi per dissuaderli da proseguire il cammino verso il confine. L’occupazione di Claviere non sarà interrotta, ma a condizione che non si verifichino tensioni tra gli attivisti, i residenti e i turisti». I sindaci dell’alta Valsusa, Francesco Avato per Bardonecchia, Paolo De Marchis di Oulx e Franco Capra di Claviere, sono appena scesi in piazza Castello dopo l’incontro con il prefetto di Torino, Renato Saccone.

      Tema al centro del tavolo di questa mattina, martedì 27 marzo, il flusso di migranti che raggiungono le stazioni ferroviarie delle città montane per tentare di superare, a piedi, le frontiere con la Francia. Un’emergenza prima di tutto umanitaria, a cui si aggiunge la preoccupazione per le possibili tensioni con gli attivisti dei centri sociali e del movimento Briser le frontieres, che da giovedì scorso ha occupato i locali della parrocchia sotto la chiesa di Claviere.

      «La cosa più importante, adesso, è far comprendere ai cittadini stranieri in viaggio verso la Francia che il sistema italiano, malgrado le possibili criticità, è decisamente più accogliente di quello francese. È quindi inutile affrontare i pericoli dei sentieri, avendo quasi la certezza di essere fermati dalla Gendarmerie e riportati a valle».

      http://www.lastampa.it/2018/03/27/cronaca/lincontro-tra-il-prefetto-e-i-sindaci-della-valsusa-sui-migranti-by0wQeX1qoThPHbngAnPgO/pagina.html

    • Migranti, l’irruzione a Bardonecchia diventa un caso politico. «Non siamo la toilette di Macron». Farnesina chiede spiegazioni

      Il ministero degli Esteri invia una richiesta formale a governo francese e all’Ambasciata di Francia. Tutte le forze politiche chjiedono un intervento del governo con Parigi.
      Dal Pd a Fratelli d’Italia l’irruzione degli agenti francesi nel centro migranti di Bardonecchia suscita sdegno e rabbia e assume sempre di più le caratteristiche di un incidente internazionale. La Farnesina fa sapere di aver chiesto «spiegazioni al governo francese e all’Ambasciata di Francia in Italia, attendiamo risposte chiare prima di intraprendere qualsiasi eventuale azione». Intanto i volontari i
      Rainbow4Africa , dopo l’irruzione degli agenti della Dogana francese nei loro locali di Bardonecchia, dicono:. «Adesso è il momento di tornare a fare il nostro lavoro di medici, infermieri, mediatori, avvocati»


      https://www.youtube.com/watch?v=4Jv1pmMN7BI

      http://torino.repubblica.it/cronaca/2018/03/31/news/coro_di_proteste_contro_l_irruzione_dei_francesi_non_siamo_la_toil

    • Bardonecchia – L’Italia si è ristretta

      Sono tanti i punti di domanda, resta il fatto che le frontiere italiane non pare si siano ristrette.

      Appurato che la polizia francese, agenti della dogana per la precisione, è arrivata armata fino a Bardonecchia e che avrebbe potuto farlo solo previo accordo dei colleghi italiani. Appurato che le forze dell’ordine italiane sia alla frontiera francese sia a quella austriaca hanno già lamentato invasioni di campo.

      Appurato che abbiamo visto quanto siano state collaborative le autorità francesi sulla questione dei migranti a Ventimiglia e che gli europei in generale hanno lasciato la nostra penisola arrangiarsi. Tutto ciò appurato sarebbe interessante sapere chi ha dato l’ordine di spingersi sino alla stazione di Bardonecchia e se hanno avvisato il commissariato del posto. Se ciò non è stato fatto significa che l’Italia lascia entrare uomini armati nel proprio territorio come se nulla fosse?

      Se il commissariato di Bardonecchia è stato avvisato, la polizia francese poteva entrare in territorio italiano armata. Ma il blitz dei francesi che hanno fatto irruzione in una saletta della stazione di Bardonecchia, dove opera la Ong Rainbow 4 Africa, per un’operazione “antidroga” su un nigeriano intimandogli di urinare per un controllo rivelatosi negativo pare che non fosse autorizzato. Restiamo nel condizionale. Se la polizia francese ha agito senza autorizzazione per quale ragione non è stata posta in stato di fermo? Vogliamo dire che l’Italia è tenuta in così “alta” considerazione che ognuno fa quel che vuole sul nostro territorio? L’estate scorsa gli austriaci avevano messo i blindati alla frontiera del Brennero per poi tirarli indietro di 800 metri. Forse si sono accorti che eravamo ad un pelo dalla dichiarazione di guerra? L’unica a non accorgersene è stata l’Italia?

      Le forze dell’ordine straniere vanno e vengono dal nostro territorio? Le operazioni si fanno in comune e semmai nel quadro dell’antiterrorismo. Ha qualcosa di surreale questa ricerca del nigeriano drogato…

      I media francesi tacciono, ad eccezione di FranceInfo che riporta che l’Italia sostiene… Non “sostiene” nulla. I fatti sono quelli.

      In attesa di sapere, se mai si saprà, chi ha avuto la felice idea di dare l’ordine ai poliziotti francesi di fare irruzione a 20 chilometri da Modane, perché si spera che non fossero in gita oltrefrontiera, e perché le autorità italiane non li abbiano fermati, cerchiamo di non fare ulteriori figuracce e di imporre all’Europa un atteggiamento molto ma molto più rispettoso nei confronti degli Stati membri in materia di migranti e di smetterla di vederci come una sottoappendice del continente europeo. Questo atteggiamento non giova al futuro dell’Europa al quale il Presidente Macron sembra tenere tanto!

      http://www.lavalledeitempli.net/2018/03/31/bardonecchia-litalia-si-ristretta

    • Snow may hide dead migrants on Alps route

      Mountain guides in the Italian Alps are warning that when the snow melts there this spring they may find bodies of migrants who have been attempting to make the treacherous land crossing from Italy into France.
      The tightening of border controls between France and Italy in recent years has prompted some migrants — often teenagers — to abandon coastal routes, in favor of a perilous two-kilometer trek through the southern Alps, the same slopes visited by skiers enjoying winter vacations.

      https://edition.cnn.com/2018/01/18/europe/alps-migrants-border-crossing-intl/index.html

    • #Beauty, 31 ans, enceinte, morte à Turin sur la route de la France

      C’est une histoire que vous avez peut-être lue dans la presse ces derniers jours, celle de la mort tragique d’une jeune femme nigériane, Beauty. Notre journaliste Julie Pietri l’avait rencontrée à Bardonecchia, dans le cadre d’un reportage. Elle raconte ici son histoire et pourquoi il est important de ne pas l’oublier.

      https://www.franceinter.fr/societe/beauty-31-ans-enceinte-et-morte-a-turin-sur-la-route-de-la-france

    • Migranti, la rotta alpina che passa da Bardonecchia: un viaggio duro e pericoloso

      Negli ultimi mesi, sulla rotta alpina che passa da Bardonecchia, sono transitati oltre duemila migranti: un viaggio duro e pericoloso in cui si arriva a camminare anche fino a quasi duemila metri. Non tutti ce la fanno: come la giovane nigeriana morta subito dopo aver dato alla luce il proprio bambino. Angela Caponnetto

      http://www.rainews.it/dl/rainews/media/sulla-rotta-alpina-che-passa-da-Bardonecchia-sono-transitati-oltre-duemila-m

    • Bardonecchia, i doganieri francesi fanno irruzione nella sede dei medici che difendono i migranti

      Non era mai accaduto ed è verosimile che diventi un caso diplomatico l’irruzione di cinque uomini della dogana francese, questa sera (30 marzo) intorno alle 19, nella base di «Freedom Mountain» a Bardonecchia, dove medici e infermieri dell’associazione Rainbow for Africa con mediatori culturali del Comune, pagati con fondi del ministero dell’Interno, assistono i migranti che mettono a rischio la loro vita nel tentativo di passare oltreconfine.

      http://www.lastampa.it/2018/03/30/cronaca/bardonecchia-i-doganieri-francesi-fanno-irruzione-nella-sede-dei-medici-che-difendono-i-migranti-V3CrBDNZMNfxgJHchjYdvJ/pagina.html

      Commentaire de #Andrea_Segre sur FB:

      Se noi riteniamo giusto mandare i nostri soldati in Libia, Tunisia, Niger per fermare i migranti, perché ci dovremmo stupire se i francesi fanno lo stesso mandando i loro nel nostro territorio? Sono stato personalmente a Bardonecchia e ho visto con i miei occhi i poliziotti francesi portare migranti nel territorio italiano senza alcuna autorizzazione, spesso con auto bianche senza alcun simbolo e senza curarsi minimamente delle condizioni dei migranti stessi o della presenza di operatori italiani pronti ad accoglierli. Arrivano, li scaricano e non si occupano delle conseguenze. Unico scopo è tenerli fuori, farli rimanere a casa..."nostra"! Oggi hanno anche deciso di fare irruzione in uno spazio di accoglienza allestito da Comune e associazioni. Il sindaco, Francesco Avato, ha giustamente protestato con fermezza. Il Ministero degli Interni per ora tace. E forse dovrà continuare a farlo se vuole che i francesi ci aiutino ad agire nello stesso modo in Africa sul nostro confine sud. Una volta che la la spirale securitaria prende il via le linee di confine diventano sempre più strette. Preferiamo aspettare che blocchino anche la nostra libertà di movimento prima di accorgercene e reagire?

    • France-Italie. “Macron l’envahisseur” : pourquoi la presse italienne est-elle en colère ?

      Le 30 mars, des douaniers français ont fait irruption du côté italien de la frontière, dans un local réservé à l’accueil des migrants. La France défend la légalité de l’opération ; les journaux italiens, eux, dénoncent une “violation de la souveraineté nationale” et tirent à boulet rouge sur le cynisme français.


      https://www.courrierinternational.com/article/france-italie-macron-lenvahisseur-pourquoi-la-presse-italienn

    • Des douaniers français poursuivent un migrant en Italie, l’incident devient diplomatique

      Vendredi 30 mars, les douaniers français sont intervenus sans ménagement dans un local d’une ONG en territoire italien. L’incident provoque l’indignation en Italie et tend les relations diplomatiques franco-italiennes.

      L’incident est passé assez inaperçu en France, mais fait les gros titres en Italie. L’intervention, vendredi 30 mars, d’une patrouille de douaniers français à Bardonecchia, sur le versant italien des Alpes, pour contraindre à un contrôle urinaire un migrant soupçonné de trafic de drogue a provoqué de vives réactions en Italie.

      Que s’est-il passé ? L’édition turinoise de La Repubblica tente d’établir les faits connus. Vers 21 heures, vendredi soir, la douane française intercepte dans le train Paris-Milan un jeune Nigérian qui possède un billet valable pour Naples. À la station frontière italienne de Bardonecchia, ils font descendre le jeune homme qu’ils soupçonnent apparemment de trafic de drogue pour le soumettre à un test urinaire. Pour réaliser ce test, les douaniers français ont utilisé le local de l’ONG turinoise Rainbow4Africa.

      Ce local, prêté par la mairie de Bardonecchia, est utilisé pour venir en aide aux migrants qui tentent de passer la frontière française par le col de l’Échelle et qui sont repoussés. Il est réservé aux personnels de l’ONG, aux médecins et aux responsables locaux. Selon les responsables de l’ONG sur place, les douaniers français seraient entrés armés, auraient fait preuve de brutalité, intimidant les personnes présentes pour parvenir à leurs fins. Le test d’urine a finalement été effectué et s’est révélé négatif. Le Nigérian a été libéré. Mais l’intervention musclée de la douane française a choqué bien au-delà de la commune piémontaise.

      L’affaire a pris une tournure diplomatique sérieuse. Comme le rapporte Il Fatto Quotidiano, l’ambassadeur de France à Rome, Christian Masset, a été convoqué, samedi 31 mars, par le ministère des affaires étrangères italien. Une convocation qui n’a pas, loin de là, apaisé les esprits. Le directeur général italien pour l’UE, Giuseppe Buccino Grimaldi, a « fermement protesté sur la conduite des agents français » et a jugé leur comportement « inacceptable ». La Farnesina, le Quai d’Orsay italien, s’est émue de l’absence d’explications de la partie française et indique que l’incident aura des conséquences sur le « fonctionnement concret (…) de la collaboration frontalière ».

      Côté français, on a tenté de désamorcer timidement la crise. Le ministre de l’action et des comptes publics, Gérald Darmanin, ministre de tutelle des douanes, s’est fendu d’un tweet dans la langue de Dante pour expliquer que l’intervention des agents français s’était effectuée dans le cadre d’un accord sur le contrôle transfrontalier de 1990 et que les douaniers avaient demandé et obtenu le droit d’utiliser le local de l’ONG Rainbow4Africa à Bardonecchia. Cette réponse n’est pas « satisfaisante » pour la Farnesina, qui indique, toujours selon Il Fatto Quotidiano, que les douaniers français savaient qu’ils ne pouvaient pas utiliser le local de la gare piémontaise. Le journal italien évoque un mail des douaniers français daté du 13 mars envoyé à RFI qui, précisément, se lamente de ne pouvoir occuper ce local « occupé par d’autres gens ». Rome réfléchirait désormais à interdire toute incursion française sur son territoire.

      L’affaire n’en reste cependant pas au niveau diplomatique. La Stampa, quotidien piémontais, annonce que le parquet de Turin vient d’ouvrir ce 1er avril une enquête contre X, dans l’attente de connaître l’identité des fonctionnaires français impliqués, pour « abus de pouvoir, violence privée et violation de domicile », le délit de « perquisition illégale » serait également en cours d’évaluation par le parquet. Cette enquête fait suite à une information envoyée par le commissariat de Bardonecchia. Selon celui-ci, les témoignages sont sans appel : les douaniers français sont entrés dans le local armés et sans demander la permission. Lorsqu’un membre de l’ONG a tenté de s’interposer par la parole en demandant du respect, on lui a intimé l’ordre de se taire.

      Cette affaire délie les langues dans une région qui est devenue un passage important des migrants. Dans un reportage sur place, La Stampa, rend compte de multiples témoignages sur les pratiques des douaniers français. Moussa, membre de l’ONG Raimbow4Africa, affirme que les Français « font ce qu’ils veulent, dans les trains et à la frontière (…), ils agissent comme s’ils étaient les patrons, très durement, avec très peu d’humanité ». Le journaliste italien constate effectivement qu’à Bardonecchia, la douane et les gendarmes français contrôlent tout le monde, migrants et Italiens. « Ils opèrent en territoire italien de façon indépendante, dans une sorte d’activité extraterritoriale en pleine autonomie, sans l’appui des autorités italiennes qui serait pourtant nécessaire selon le droit international », résume La Stampa.

      En attendant, l’incident a déclenché une vague de protestations. Les éditorialistes n’ont pas de mots assez durs contre la France et Emmanuel Macron. La Repubblica parle ainsi de « principes violés » et dénonce le « vrai visage » de la France qui serait apparu dans cette affaire. L’éditorialiste du quotidien de centre gauche estime que l’Italie est ravalée par son voisin au rang de « province méridionale d’une forteresse assiégée ». Dans le Corriere della Sera, Massimo Nava, élargit le propos et souligne que « Emmanuel Macron ne sort pas de la logique nationale, que ce soit sur les migrants, sur les chantiers navals ou sur les opérations militaires ». Celui qui devait incarner l’avenir de l’Europe déçoit, selon l’éditorialiste : « L’impression que donne Macron, c’est que plus qu’à des projets ambitieux, il est en train de penser avant tout aux prochaines élections. »

      Sur le plan politique, tous les partis italiens ont dénoncé l’attitude française, de la gauche radicale à l’extrême droite, comme le souligne le Huffington Post Italia. À gauche, Nicola Fratoianni, du parti Liberi e Uguali ( qui se situe à gauche du parti démocrate), parle d’un « acte de guerre contre ceux qui pratiquent la solidarité ». Même Enrico Letta, Europhile convaincu, ancien président du conseil et professeur à Sciences-Po Paris, a dénoncé dans un tweet « l’énième erreur sur les migrants ». Et de conclure : « Ensuite, on s’étonne du résultat des élections italiennes. » De son côté, le vainqueur des élections politiques du 4 avril, le Mouvement 5 Étoiles, soupçonné selon le quotidien libéral Il Foglio, de vouloir s’allier après les élections européennes à Emmanuel Macron, a publié un communiqué demandant des « clarifications » à la France et soutenant l’attitude de la Farnesina.

      Mais la réaction la plus vive est venue de Matteo Salvini, le leader de la Ligue, ce mouvement d’extrême droite qui est l’autre grand vainqueur des élections du 4 mars et donné dans les derniers sondages en deuxième position avec près de 25 % des intentions de vote. « Plutôt que d’expulser des diplomates russes, il faut éloigner les diplomates français », a-t-il déclaré.

      Cet incident traduit également une dégradation générale des relations franco-italiennes non seulement sur le plan des migrants, mais aussi des relations économiques. On se souvient que la nationalisation temporaire des chantiers de l’Atlantique pour obtenir des garanties de la société publique italienne qui rachetait le groupe à l’été 2017 avait suscité beaucoup d’indignations en Italie.

      https://www.mediapart.fr/journal/international/010418/des-douaniers-francais-poursuivent-un-migrant-en-italie-l-incident-devient

    • La Francia agisca nel rispetto dei diritti fondamentali delle persone e delle norme internazionali, europee e nazionali

      In seguito alla richiesta di spiegazioni da parte del Governo italiano, le autorità francesi hanno affermato che i controlli effettuati dagli agenti della Dogana francese nei locali della stazione di Bardonecchia in cui operano i medici di Rainbow4Africa e i mediatori culturali del Comune si sarebbero svolti nel rispetto della normativa vigente.

      Le norme europee e gli accordi tra Italia e Francia, intervenuti nel corso degli anni per disciplinare la cooperazione transfrontaliera in materia di polizia e dogana così come le operazioni congiunte di polizia, prevedono che gli agenti francesi possano operare sul territorio italiano, nelle zone di frontiera, ma stabiliscono determinate procedure e specifici limiti e condizioni, che nella vicenda svoltasi venerdì sera sono state palesemente violate.

      https://www.asgi.it/ingresso-soggiorno/bardonecchia-francia-violazioni-parere-asgi

    • Chez Jésus à Clavière, frontière franco-italienne
      Des nouvelles de Clavières, à la frontière franco-italienne

      Message émis par un habitant du squat de migrant·e·s Chez Marcel à Briançon, présent sur le squat de #Clavière dès le premier jour.

      Bonjour !

      Depuis jeudi 22 mars, la salle paroissiale de l’église de Clavières est occupée au bénéfice des exilé·e·s qui veulent entrer en France. L’ouverture de la salle est d’abord une action directe de mise à l’abri de personnes arrivées par le bus de vingt heures, et qui ne pouvaient arriver en France la nuit même. C’est la cinquième ou sixième fois depuis cet hiver que des migrant·e·s sont ainsi mis à l’abri provisoirement, avec à chaque fois une fermeture de la salle par le curé de la paroisse. Cette fois, la salle est restée occupée et rebaptisée #Chez_Jésus : le mouvement de soutien aux exilé·e·s sort ainsi du strict humanitaire et dispose d’un lieu pour changer ses modes d’action et politiser sa lutte, mettre en accusation le système de la frontière et ceux qui contribuent et qui profitent de ce système inhumain, des passeurs aux politiques en passant par les entreprises de sécurité et les flics de tous poils, et ceux qui se taisent et s’enkystent dans l’humanitaire, collaborant par leur silence au système de la frontière.

      Après la forte présence policière du week-end du 24-25 mars (DIGOS, carabinieri, police, police anti-émeute côté italien ; gendarmerie, PAF, police nationale et PSIG côté français), le #squat s’installe de manière un peu plus pérenne. L’aménagement intérieur s’améliore et rend le lieu plus agréable et plus fonctionnel, les risques d’expulsion (de la part de l’Église, propriétaire du lieu, et de la préfecture) s’apaisent, reste la mairie qui paie la facture d’électricité et veut envoyer un contrôle d’hygiène. Restent aussi de nombreux soutiens individuels, à Briançon et au Val-de-Suse. Reste encore la division des mouvements, en France et en Italie : que ce soit Tous Migrants à Briançon ou le réseau Briser les frontières en Italie, et même le mouvement No-Tav, les organisations les plus proches et les plus concernées se désolidarisent toutes officiellement de cette occupation (on trouve même le qualificatif de « sabotage » à propos de ce lieu).

      Pourtant, c’est bien là que les exilé·e·s quittent la route pour trouver un chemin qui leur permettra de rejoindre la France. C’est bien là que les exilé·es peuvent prendre un peu de repos, des forces, des conseils, un temps de réflexion... et ainsi envisager une traversée moins dangereuse. C’est aussi là qu’illes peuvent revenir s’illes sont refoulé·e·s par la police, et s’abriter la journée avant de tenter un nouveau passage. C’est donc une nouvelle façon de fonctionner sur la frontière, pour les personnes de la maraude comme pour les exilé·e·s. Elle présente l’avantage de permettre aux personnes qui franchissent le col de se réapproprier la façon dont elles souhaitent ou peuvent entreprendre la fin de leur parcours vers la France, sans l’espèce de fonctionnement en « agence de voyage » de la maraude qui leur est parfois vendu et qui semblait chargée d’aller systématiquement et immédiatement les mettre à l’abri. Cette idée d’autonomisation nous semble un concept riche de sens, mais pas seulement à nous. Quelque chose d’inquantifiable et d’immatériel nous le confirme, ce sont, chaque matin après la traversée, les sourires et l’énergie des gens arrivés à pied, comparés à ceux transportés en voiture il y a une semaine.

      Le lieu offre aussi une opportunité de contrer le système des passeurs, et donc d’atteindre la frontière dans un de ses maillons. L’existence de ce lieu, si l’information circule bien en Italie, permet aux migrant·e·s d’esquiver le paiement de 200 à 300 € à un passeur qui ne fait de toute façon pas le travail, se reposant sur les maraudeurs dont la présence systématique assurait aux passeurs de faire entrer leurs clients en France facilement et sans risque. La frontière crée les passeurs, mais les passeurs justifient la présence policière et la répression des individus solidaires des migrants.

      Nous invitons donc tous ceux qui le souhaitent à venir prendre un café à la salle paroissiale de l’église de Clavière (à deux kilomètres de la frontière française) pour voir ce qui s’y passe et éventuellement donner un coup de main, sachant que la première façon d’aider est d’en parler autour de soi.

      Mise à jour du 01 avril 2018

      Les deux dernières nuits ont été plus agitées à la frontière, marquées par un renforcement des rondes de police : patrouilles, pick-up, voitures banalisées. Logiquement, on a vu une reprise des arrestations de cell-eux qui essaient de passer sans les bons papiers.

      Un groupe de six personnes a été bloqué vendredi soir à la sortie de Montgenèvre par la police française. Refoulés en Italie, ils ont tenté la traversée à nouveau samedi soir, de même que dix autres candidats. Ces derniers ont été surpris à Montgenèvre et refoulés, quant aux premiers, c’est aux Alberts (à mi-chemin de Briançon) qu’ils ont été interpellés. La scène dont ils témoignent est la suivante : à 3 heures du matin environ, ils ont été surpris et arrêtés sur la route. Le groupe au complet a pris la fuite soudainement, dont les deux voyageurs déjà montés à bord du véhicule de patrouille. L’un d’entre eux est tombé à travers la glace d’un petit plan d’eau et a pu être secouru ; il se repose actuellement.

      L’euphorie consécutive à la consolidation de l’occupation de Clavière après deux semaines retombe quelque peu. Preuve est faite une nouvelle fois de la mise en danger persistante par les « autorités ». Par l’action de sa police aux frontières, la France réitère ses entraves manifestes à la liberté de circulation et en particulier au droit de se rendre à la préfecture la plus proche pour y effectuer une demande d’asile.

      Un dernier point, non moins marquant, d’après le témoignage d’un candidat à la traversée, bloqué la nuit dernière : lors de l’interpellation, face à son refus premier d’obtempérer à l’ordre de monter dans la voiture, l’agent de la PAF a porté la main à son arme (sans la dégainer) et réitéré son ordre. Comment faire autrement que se soumettre au rapport de force et accepter d’être renvoyé ? Que penser d’un geste aussi suggestif dans la menace ?

      A Montgenèvre comme partout ailleurs, la police joue son rôle de cadenas contre les libertés. Encore une fois, interrogeons, exposons et refusons de subir son action.

      Solidarité avec qui souhaite circuler de part et d’autre des frontières.

      https://grenoble.indymedia.org/2018-04-02-Chez-Jesus-a-Clavieres-frontiere

    • Criminalizzazione della solidarietà, diritto di fuga, città solidali

      Lo spazio-frontiera italo-francese

      In un contesto segnato da una criminalizzazione della solidarietà senza precedenti, in Italia come altrove in Europa e nelle sue vicinanze si assiste a un’escalation inquietante degli episodi di razzismo istituzionale e di strada. Gli interventi arbitrari delle forze di polizia e delle guardie di frontiera si moltiplicano in nome della lotta congiunta al terrorismo e alle migrazioni “irregolari”. Ultima in ordine di tempo, ma sicuramente al primo posto per l’intensità della scossa diplomatica che ha prodotto, è la vicenda dell’irruzione armata da parte di cinque agenti della dogana francese all’interno dei locali della stazione ferroviaria di Bardonecchia per effettuare un test delle urine a un ragazzo nigeriano che viaggiava regolarmente da Parigi verso Napoli. In questo caso, il cittadino nigeriano è stato fermato e sottoposto a un controllo anti-droga sotto pressione di agenti francesi armati esclusivamente sulla base di un racial profiling (identificazione razziale) che di fatto regola le pratiche di controllo sui treni che attraversano i confini nazionali. Quello avvenuto a Bardonecchia è un attacco che va situato all’interno della serie di atti di intimidazione da parte delle forze dell’ordine contro chi si sta mobilitando in sostegno dei migranti bloccati o respinti alle frontiere.
      A pochi chilometri da Bardonecchia, al confine italo-francese, dal 24 marzo una stanza interna alla chiesa di Claviere è occupata da migranti e attivisti che dichiarano: “Il problema non è la neve, non sono le montagne; il problema è la frontiera”. Gli occupanti si oppongono al registro dell’emergenza, ribadendo che a causare le morti al confine franco-italiano non sono le condizioni meteo, ma è l’esistenza stessa del confine e il suo attuale funzionamento. In quest’ottica, costruire percorsi solidali significa rifiutare il vocabolario della “gestione” dei migranti e, al contrario, significa aprire spazi comuni di lotta e di permanenza – dicono gli occupanti di Claviere.
      Da Catania a Calais, così come da Melilla a Edirne, le nostre speranze sono alimentate da un variegato movimento di solidarietà ai migranti che comprende gruppi cattolici, singoli cittadini, militanti NoBorder e guide alpine Guides sans Frontieres nelle Alpi francesi. L’eterogeneità di esperienze e pratiche di solidarietà rappresenta la vera ricchezza del movimento a sostegno dei migranti. Tale movimento è animato da gruppi organizzati così come da cittadini che autonomamente decidono di mobilitarsi per reagire alla criminalizzazione della solidarietà. Tra questi ultimi, il caso che più di altri ha richiamato l’attenzione dell’opinione pubblica è stato quello di Cedric Herrou, contadino francese della Val Roia, al confine italiano-francese, accusato nel 2016 di aver aiutato a superare la frontiera italiana e aver offerto ospitalità a un gruppo di migranti. È stata poi la volta del ricercatore francese Pierre-Alain Mannoni, accusato di aver soccorso tre donne eritree.
      Secondo il “Codice di Entrata e Soggiorno degli Stranieri e del Diritto di Asilo” (CESEDA), chi viene accusato di aver “facilitato o tentato di facilitare l’ingresso, la circolazione o il soggiorno irregolare di uno straniero” è punibile dalle autorità francesi con multe che ammontano fino a 30 mila euro, nonché con la reclusione in carcere di due anni. Insieme a Mannoni e Herrou, decine di cittadini e cittadine sono stati (o sono tutt’ora) sotto processo per aver fornito cibo e ospitalità ai migranti. Tali accuse fanno leva su leggi nazionali che richiamano la Direttiva europea del 2002 sul “Favoreggiamento dell’ingresso, del transito e del soggiorno illegali”. In alcune località, come Calais, il formarsi di infrastrutture autonome di solidarietà e sostegno materiale ai migranti ha fatto venire alla luce contrasti fino ad allora rimasti sotto traccia tra i diversi livelli istituzionali: amministrazioni locali contro magistratura, governo nazionale contro procure.
      La “guerra delle docce”, vale a dire la vertenza messa in campo da gruppi spontanei e associazioni locali per la fornitura di servizi igienici ai migranti di passaggio a Calais, è divenuta una vera e propria icona del movimento di solidarietà con i migranti che tentano di attraversare il confine italo-francese. Alla politica europea di criminalizzazione della solidarietà e sospensione dei diritti negli spazi di emergenza umanitaria si risponde dunque con la moltiplicazione delle iniziative spontanee e organizzate, individuali e collettive, di solidarietà attiva.

      http://www.euronomade.info/?p=10506

    • Crossed boundaries? Migrants and police on the French-Italian border

      An eyewitness account and analysis of what it means for French customs officials to force a Nigerian man to urinate in Italy.

      The strengthening of migration controls at the internal frontiers of Europe is not a smooth affair. Far from only trying to gain control over migrant crossings, EU member states are reshaping border policies to project sovereign power and support state prerogatives, such as anti-terrorism. This work has included the implementation of bilateral agreements between national police forces, as well as measures aimed at intimidating solidarity networks that support migrants. The forced entry into a room of the Bardonecchia railway station, located a few kilometres inside Italy, and the diplomatic row that followed glaringly shows the political stakes that are behind inter-state border cooperation.

      I was there, conducting interviews with the NGO Rainbow for Africa for my research project on migrant solidarity networks, when the police burst in. It is a small room that Rainbow for Africa uses, with the authorisation of the municipality of Bardonecchia, to host migrants at night as they try to cross into France. The French customs officers arrived around 8 pm. They had guns and Tasers, and they were holding a Nigerian citizen that they arrested on the train. Their right to enter, they said, was based on a bilateral agreement signed with the Italians in the sixties.

      They had guns and Tasers, and they were holding a Nigerian citizen that they arrested on the train.

      A cultural-linguistic mediator of the Italian NGO, a non-white person, tried to dissuade them. “No weapons here”, he said. “Nobody is authorised to do arbitrary anti-drugs tests in this room”. One of the customs officers shouted “shut up, this is none of your business”, and proceeded with the Nigerian gentleman towards the toilet, at the back of the room. The Nigerian citizen was travelling from Paris to Naples, with a regular train ticket and a permit to stay in Italy, and he could not understand what the French officers were shouting. They spoke in French only.

      He tested negative so they released him, throwing his stuff on the floor and leaving before the Italian police arrived. A diplomatic crisis has since erupted. The Italian Home Office demanded an explanation from the French ambassador to Rome, who cited a bilateral trans-border agreement signed with Italy in 1990 according to which "French customs officers are allowed to intervene in the Italian territory”. Italy replied that the room can no longer be used by the French, as it is now reserved for hosting migrants. Moreover, as the Italian Association of Juridical Studies (ASGI) explains, the bilateral agreements between France and Italy establish that “the French police can act in the Italian territory but on the basis of specific and detailed conditions […] and always through a collaboration with the Italian police”. Therefore, the arbitrary stop and search of the Nigerian citizen, and a forced urine test on the basis of racial profiling (a black man spotted by the French police on a high speed train), also reveal the broader political stakes that go beyond migration.
      Sovereignty over what?

      What does this event tell us? How should it be analysed in light of the current French-Italian border police cooperation? The day after the event, Italian politicians claimed the need to regain control over national frontiers. “We should kick the French diplomats out of Italy”, declared Matteo Salvini, the leader of the populist right party the League. His and others’ reactions put national sovereignty at the forefront, shifting the whole debate from the arbitrary intervention made on the migrant to the French armed intrusion on Italy.

      Trans-border police cooperation between the two countries has a long history, including the 1997 Chambery agreement that establishes rules for police cooperation. Most recently, on 15 March, the prefectures of Turin and Gap signed a new, bilateral trans-border agreement aimed at controlling migration movements and arresting suspected terrorists. Political tension at the border has visibly increased over the past three years, in particular due to two main political issues: France’s suspension of Schengen in May 2015, and the increasing number of migrants risking their lives to evade French border controls by crossing through the Alps.

      “You should not dare crossing here. Crossing the Alps it is too dangerous now. With this amount of snow, you will die for sure”, an Italian policeman told four Somali migrants who arrived in Bardonecchia by regional train from Turin. “If you want to be alive tomorrow, don’t try to cross. And also, if you manage now, the French will take you back here, in Italy”. In part a well-intended warning, in part an illustration of the deterrence tactics being deployed along the border, these words demonstrate the different attitudes on the two sides of the borders.

      The Italians have little interest in tracking the migrants nor in blocking them – it’s the French who incessantly patrol the frontier.

      The Italians have little interest in tracking the migrants nor in blocking them – it’s the French who incessantly patrol the frontier and actively push migrants back into Italy when they find them. For this reason both local NGOs and the Italian police try to discourage migrants from crossing. They know that the chance of dying is very high, and those who succeed initially are very likely sent back. When migrants are detected by the French police, they are returned by van to the town of Bardonecchia and dropped in the main square next to the rail station.

      “Sometimes they give a paper to the migrants, some other they do not officially register the push-back”, an activist of the NoTav movement said. “Migrants know that it is extremely hard to cross. Only about 10% manage to reach France at the first attempt, the others try again and again. For their part, the police counts on the fact that, also due to the extreme weather conditions and the difficulty of crossing high mountains, migrants are exhausted after few attempts and give up, claiming asylum in Italy.”
      "The problem is not the snow, the problem is the border”

      Behind the struggle over border cooperation and national sovereignty, the question of the implementation of the Dublin Regulation comes to the fore. Both states try not to take in potential asylum seekers, with France actively confining migrants in Italy. These repeated pushbacks have severe impacts on the migrants, who are forced to repeatedly undertake the same journey and to constantly divert their routes.

      Furthermore, when French customs officers pushed their way past the NGO workers in the Bardonecchia train station they not only intimidated them, but also – I would ague – sent a message to all migrant solidarity networks that are mobilised in the Susa Valley. Alongside Rainbow for Africa, which is authorised by the municipality to manage this temporary medical clinic and hosting space, activists and citizens in the village of Claviere are running a solidarity space without the support of local authorities.

      Claviere, which is located just two kilometres from the French border, is the other main crossing point for the migrants. Unlike in Bardonecchia, the municipality did not open any space for them, and therefore a group of citizens decided on 24 March to occupy a room inside the church. The priest took position against the occupation, but in the end the local authorities could not evict the people inside, due to the extra-territorial status of the church. Moreover, the occupation has received quite a lot of support from many citizens in the area and beyond.

      The mountains are not the problem, the snow is not an emergency. The problem is the border.

      The occupied church is not merely a place for the migrants to stay and rest before trying to cross to France. Its existence as a place of solidarity is an active challenge to the state logics of “managing migration”. In the face of the repeated pushback operations at the border and the risky journeys that migrants undertake on the Alps, the occupants of the church refuse the humanitarian emergency discourse that considers migrants as desperate people to save from the snow. As one said, “the mountains are not the problem, the snow is not an emergency. The problem is the border, that forces these migrants to cross from here and in these conditions”.

      The French-Italian frontier is marked by border cooperation activities as well as disputes over arbitrary police interventions, yet at the same time it is a place of growing trans-border solidarity infrastructures. These are under attack due to their support of migrants’ struggles for movement, support which goes beyond the humanitarian gesture of giving something to the migrants. Against inter-state police cooperation, and beyond disputes over border sovereignty, trans-border cooperation is multiplying as citizens defy their own governments to become “criminals of solidarity”.

      https://www.opendemocracy.net/beyondslavery/martina-tazzioli/crossed-boundaries-migrants-and-police-on-french-italian-border

    • Raid at NGO on the French-Italian border puts France and Italy at odds

      On 30 March 2018, French border guards raided the NGO Rainbow for Africa, which operates at the train station of the Italian city of Bardonecchia at the Alpine border with France. The guards, who were armed, entered the NGO facility, forced a migrant to take a urine test and intimidated doctors, cultural mediators and lawyers. The NGO provides social, health and legal support to migrants and asylum applicants at the border.

      The French authorities claimed that the border guards suspected one of the passengers, a Nigerian national resident in Italy, of carrying drugs and proceeded with “asking his consent” to provide a urine sample, using the facility at the Bardonecchia station for that purpose. The authorities put forward that the procedure respected the guidelines laid down in 1990 regarding National Joint Border Control Facilities. The French Minister for Public Accounts called the incident a “misunderstanding”.

      The Mayor of Bardonecchia, Francesco Avato, said the French had no right to enter the facility, which he said the city operates as a “neutral” space to try to persuade migrants not to make the dangerous Alpine crossing into France.

      A day after the incident, the French ambassador in Italy, Christian Masset, was summoned over what Rome termed “a serious act considered outside the scope of cooperation between states sharing a border”. The Italian Foreign Ministry added that the two countries will address the issue further at a meeting in Turin on April 16.

      On 1 April 2018, the public prosecutor’s office in Turin opened an inquiry into the incident and will assess whether there has been an abuse of power, domestic violence, trespassing, and, if there are grounds for it, also illegal search from the part of the French border guards.

      The president of ASGI, an Italian NGO that provides legal assistance at Bardonecchia station and is a member of ECRE , stated that the incident was “a very serious violation not only of that human rights system (…) but also a violation of the basic principles of human dignity, intolerable towards people who come to seek international protection”. The Mayor of Bardonecchia reiterated his support to the work carried out by NGOs and categorically stated: “The project won’t stop; our goal is to continue to work so that our town doesn’t become a new Ventimiglia”.

      As stated in the ECRE/AIDA Updated Country Report on France, to circumvent the controls set up in Menton, migratory routes have shifted towards riskier journeys through the Alps, with police checks and unlawful summary returns being frequently documented.

      https://www.ecre.org/raid-at-ngo-on-the-french-italian-border-puts-france-and-italy-at-odds

    • Vu sur twitter, le 08.04.2018 :
      https://twitter.com/LouisMRImbert/status/982529486494359552
      #Collomb #Gérard_Collomb #fake_news #Alternative_facts

      Source :

      Mais elle a accepté de le retravailler pour la séance. M. Collomb a fait une distinction entre ceux qui aident « occasionnellement » les migrants et une « catégorie extrêmement dangereuse de personnes totalement irresponsables (…) qui appellent à la suppression des frontières ».

      « On a incité des migrants à franchir un certain nombre de cols [dans les Alpes] pour venir en France : s’il n’y avait pas eu la gendarmerie de haute montagne, on aurait eu des morts », a-t-il dit.

      http://www.lemonde.fr/politique/article/2018/04/06/apres-28-heures-de-debats-et-l-etude-de-850-amendements-le-projet-de-loi-asi

    • Je suis passée il y a quelques jours, en rentrant de Grenoble depuis la Suisse italienne, à Claviere... J’y suis restée uniquement quelques minutes pour leur laisser un peu d’argent.
      Panneau à l’entrée de l’église :

      Une des choses qui m’a frappée c’est l’#invisibilité des exilés dans ce petit village.
      Le grand portail de l’église est fermée, ce n’est pas l’espace supérieur de l’église qui est occupée, mais la #crypte. On y entre par une petite porte latérale.
      Un seul exilé était dehors, assis sur une pierre. La seule personne noire que j’ai vu dans Claviere.
      Claviere qui était pleine de skieurs, de randonneurs, qui s’amusaient comme si de rien n’était...

      A Claviere comme à Côme, et comme déjà vu sur des plages en Méditerranée, #migrants et #touristes entrent en collision dans des endroits presque improbables :

      À Côme, les taxis ne se battent pas pour conduire des Somaliens ou des Érythréens. Ils recherchent plutôt les « autres » étrangers : les touristes aisés. Migrants et touristes ne se croisent pratiquement jamais, mais en raison des fermetures successives des routes migratoires et des points de passage dans l’espace Schengen, les premiers voyageant du Sud vers le Nord, avec pour tout bagage des sacs en plastique, croisent les seconds qui débarquent avec leurs lourdes valises sur le chemin de l’hôtel. Les migrants, eux, ne possèdent qu’une simple couverture, au mieux une tente. La plupart dorment à la belle étoile dans le parc.


      https://visionscarto.net/touristes-et-migrants-collision-a-come

      Ou ce que @reka a appelé, dans son billet sur la Méditerranée, « croisements touristiques et migratoires »

      Commentaire de cette carte :

      –->

      Elle montre en particulier que des centaines de milliers de personnes migrantes se déplaçant dans le sens sud-nord croisent quelques centaines de milliers de touristes qui eux, se déplacent dans le sens inverse nord-sud. Sans jamais les voir. Ou presque. Il y a de temps en temps des collisions, comme celle, immortalisée par le photographe espagnol Antonio Rodriguez en 2006 sur une plage des îles Canaries. Une jeune vacancière réconforte un migrant d’origine africaine arrivé épuisé à la nage après le naufrage de son embarcation. Petit crash de deux mondes qui n’auraient jamais dû se rencontrer.


      https://visionscarto.net/la-mediterranee-plus-loin

      Et mon commentaire de la même carte dans un article publié dans @vivre (2016) :

      Dans le même temps, les touristes débarquent sans problèmes sur cette même plage pour visiter le pays et s’amuser. Un « petit clash entre deux mondes qui n’auraient jamais dû se rencontrer », commente le cartographe et géographe Philippe Rekacewicz, qui illustre ces points de frictions avec la carte « Au voisinage touristique de l’Europe, la guerre, les réfugiés et les migrants »

      https://asile.ch/2016/12/13/regard-dune-geographe-murs-frontieres-fantasme-controle-migratoire

      #visibilité

    • Info urgentes, de la part de Tous Migrants, message reçu par email le 09.04.2018 :

      En réponse à l’appel d’urgence de Refuges Solidaires, la gare est occupée par depuis dimanche soir par des bénévoles et des exilées
      Cette occupation permet de mettre à l’abri dans l’urgence une cinquantaine de personnes que le Refuge ne peut accueillir faute de place. La paroisse et des citoyens accueillent également plusieurs familles avec enfants.
      Merci d’avance pour le soutien que chacune et chacun pourra apporter, ne serait-ce que par votre présence quand vous pouvez, à toute heure du jour et de la nuit.
      N’hésitez pas à apporter de la nourriture préparée, des couvertures.
      C’est aussi le moment de renforcer ou soulager les équipes de refuges Solidaires surchargées.

      En accord avec les responsables du Refuge, nous avons réactivé notre SOS pour que les associations nationales nous aident et pèsent de tous leur poids pour que l’Etat prenne ses responsabilités dans le respect des droits fondamentaux des personnes. Dans l’immédiat, l’ouverture d’un autre lieu à taille humaine un peu en aval de Briançon permettrait de poursuivre l’engagement citoyen en impliquant d’autres collectivités locales. L’idée est que ce genre d’initiatives se multiplient pour que la France d’en-bas tout en entière renoue avec ses valeurs de fraternité, ce qui finira par obliger ceux qui nous gouvernent à changer de politique.

    • Evacuation de la gare de Briançon.
      Message de TousMigrants sur twitter (10.04.2018) :

      #Évacuation de la gare sncf #briancon occupée par une cinquantaine de #CRS ce soir. Migrants à l’abri. Sans violence mais par la force. Quand la #prefete05 s’ouvrira t elle au dialogue avec les associations ? Et maintenant, on fait quoi ?...50 personnes ce soir à #Clavière....


      https://twitter.com/MigrantsTous/status/983808511292428288

    • A la frontière, les nouveau-nés pèsent 700 grammes

      La mort d’une femme nigériane après qu’elle eut tenté de passer la frontière italo-française indigne autant dans la presse que sur les réseaux

      Des hommes, une frontière, des tragédies. Les faits remontent au mois de février. Beauty a 31 ans et vient du Nigeria. Enceinte, elle vit avec son mari, Destiny, 33 ans, près de Naples. Lorsqu’elle réalise qu’elle souffre d’un lymphome, elle décide de poursuivre sa grossesse en France où réside sa sœur. Elle s’engage donc sur la route que suivent de plus en plus de migrants, celle qui passe par Turin et traverse les Hautes-Alpes par les cols pour aboutir à Briançon.

      Cette route, Le Temps l’avait déjà évoquée au mois de novembre, lors d’un reportage au col de l’Echelle, à 1762 mètres, alors que – malgré les premières neiges de l’hiver qui venaient de se déposer – le flux migratoire ne faisait que s’accentuer. Depuis 2016, la région subit une pression migratoire croissante. Certains exilés parviennent sains et saufs en France et d’autres sont refoulés en Italie. Difficile de connaître les critères qui président à l’expulsion ou au laissez-passer.

      Le 9 février, alors qu’ils traversaient la frontière, Beauty et son mari sont arrêtés par les gendarmes. Elle est enceinte de six mois, et peine à respirer. Selon l’ONG italienne Rainbow4Africa ils auraient été déposés en pleine nuit devant la gare de Bardonecchia, du côté italien.
      Bébé prématuré

      La semaine passée, Beauty est décédée, dans un hôpital à Turin. Son bébé, Israël, né prématurément, ne pesait à sa naissance que 700 grammes. Sur le ventre de son père depuis une semaine, il en aurait déjà pris 200 autres, et les médecins se disent confiants quant à son avenir.

      Le drame ne laisse personne indifférent. Selon la presse et les associations italiennes, une information judiciaire a été ouverte à Turin ce samedi. La région transfrontalière vit ce que ses habitants décrivent comme un drame humanitaire. Et des civils s’organisent pour éviter que des accidents ne surviennent dans leurs montagnes. Mais, le nombre de passages augmentant, la pression sur ces bénévoles humanitaires s’accentue. Ils se savent surveillés par les autorités, et certaines mises en garde à vue ont été rapportées.
      Secouriste appréhendé

      La dernière en date est celle de Benoît Ducos. Le 10 mars, le militant avait porté assistance à un groupe de migrants dont faisait partie une femme enceinte soumise à des contractions. En chemin vers l’hôpital de Briançon, l’homme est arrêté par un contrôle de douane qui retarde la prise en charge de la future mère. Selon les propos du Français relayés par Le Monde, il a été question d’expulser vers l’Italie le père et les deux enfants, avant que les forces de l’ordre ne se ravisent et ne les conduisent au chevet de la mère, qui les réclamait. Une enquête est en cours afin de définir le rôle précis du secouriste.

      Déjà, cet incident avait été « celui de trop ». A la frontière, sur le col de Montgenèvre, des manifestants dénonçaient une oppression inhumaine et répétaient les slogans « Protégeons les humains, pas les frontières » ou « France, pleure ! Ton humanité a foutu le camp ». Sur les réseaux, l’indignation n’est plus contenue.
      Un Etat aveugle

      Le décès de Beauty vient s’ajouter au tableau des tragédies. Sur le Net, certains internautes ont honte. « La France est morte ! » s’exclame l’un d’eux, regrettant le manque d’humanité des autorités de l’Hexagone. « La peur de l’« invasion » étrangère aveugle l’Etat et lui fait oublier les fondements de notre République », s’indigne un autre sur Twitter.

      Les mêmes commentaires apparaissent sur les réseaux italiens. Toutefois, le témoignage du mari de Beauty, diffusé sur le site de La Repubblica, apporte de l’eau au moulin des récalcitrants aux arrivées de migrants, des deux côtés de la frontière. Le veuf précise que lui seul avait été interdit de territoire français. Son épouse, autorisée, quant à elle, à entrer en France, aurait choisi de rester avec lui en Italie.

      Sur la page Facebook de Libération, un lecteur soudain relativise : « Elle a fait cela de son plein gré. Pas la peine de culpabiliser la France. » Son message a été effacé dans l’après-midi.

      https://www.letemps.ch/opinions/frontiere-nouveaunes-pesent-700-grammes

    • [Hautes-Alpes] Occupation de l’ancienne école du Prorel (Briançon) : venez nombreux !

      Cette nuit, une salle de l’ancienne école du Prorel a été réquisitionnée pour y accueillir des personnes exilées arrivant d’Italie. Ceci en réponse à l’expulsion de la gare du 10 avril, qui fut seulement une manière de rendre invisible la situation à Briançon en déplaçant le problème ailleurs. Il n’y a pas de réelles solutions proposées, tous les espaces d’accueil sont saturés. Actuellement, une soixantaine de personnes dorment au Refuge Solidaire, et à Clavière vingt à cinquante personnes arrivent quotidiennement.

      Rappelons que les exilé-es arrivent pour la plupart de Libye, où l’esclavage et la torture sont omniprésent, avant de traverser la Méditerranée dans des embarcations « de fortune » puis de rejoindre les campos d’Italie souvent gérés par la mafia. En France, Collomb et Macron leur promettent l’invisibilité dans les PRAHDA (Programme d’Accueil et d’Hébergement des Demandeurs d’Asile) et l’enfermement dans des CRA (Centres de Rétention Administrative).

      Il est temps de se questionner sur la « politique d’accueil digne et responsable » de l’Etat, considérant les personnes en exil comme une menace, ou au mieux des victimes. Jamais comme des êtres humains. Il est temps de refuser les logiques de tri et d’enfermement. En réaction à cette politique dissuasive par « l’horreur » quotidienne et silencieuse, la réappropriation d’espaces communs est nécessaire. Nous avons toutes et tous besoin de lieux vivants, ouverts, en interaction avec la population. Des lieux où les gens peuvent témoigner de leur réalité respective. Des lieux où nous pouvons commencer à imaginer du commun (ou du être ensemble) et faire l’expérience d’un partage concret.

      Lundi 16 Avril, sera examinée en première lecture à l’assemblée, la « monstrueuse » loi « Asile et Immigration » . Nous devons refuser la logique de criminalisation et de pénalisation qui accentue la déshumanisation. Des appels sur tout le territoire ont été lancé pour des mobilisations afin d’ exprimer et de rendre visible notre refus catégorique et notre détermination d’empêcher l’émergence d’une telle loi et des idées qu’elle véhicule.

      L’occupation d’un lieu fait partie de cette mobilisation.

      Solidarité inconditionnelle avec toutes les personnes matraquées par l’Etat !

      https://grenoble.indymedia.org/2018-04-12-Occupation-de-l-ancienne-ecole-du

    • Dans le rapport du HCR #desperate_journeys, mention est faite sur la frontière sud-alpine...
      https://data2.unhcr.org/en/documents/download/63039

      Déjà dans cette carte on voit apparaître des points jaunes le long de la frontière sud-alpine, il s’agit de personnes mortes aux frontières :


      #mourir_aux_frontières #morts #cartographie #visualisation
      Pour l’instant, pas de points jaunes vers Bardonnecchia et Briançon...

      Et puis, dans le rapport, il y a aussi quelques références à cela :

      Improved registration upon arrival and increased controls at land borders in northern Italy have contributed to the majority of sea arrivals registering their asylum applications in Italy and remaining in the country, however, some still tried to move on irregularly in 2017. At the border between France and Italy, there have been reports that many persons, including unaccompanied children, have been summarily returned from France. 10 At least 16 refugees and migrants died along the route between the Italian border town of Ventimiglia and Nice between September 2016 and the end of 2017 with most being hit by vehicles or trains or else electrocuted while trying to cross the border hiding on a train. As a result of the difficulties of crossing the border near Ventimiglia, some refugees and migrants have started to take an even more dangerous route through the Alps from near Bardonecchia.

      (pp.9-10)

    • Claviere - Il rifugio #Chez_Jesus per migranti in transito: «qua nessuna è straniero»

      Il rifugio autogestito Chez Jesus si trova a Claviere in Alta Val di Susa, a ridosso della frontiera franco-italiana del Monginevro: da sabato 24 marzo i locali sottostanti la piccola chiesa sono stati occupati dalla rete solidale che da mesi agisce per dare sostegno ai migranti che cercano di oltrepassare il confine.

      «Questo luogo - scrivono gli attivisti - ha visto passare centinaia di persone di decine di nazionalità diverse, tutte in cammino verso la Francia ed il resto d’Europa, ognuno ed ognuna con il proprio valido motivo per partire, ognuna ed ognuno con una giusta voglia di arrivare.
      Sono stati occupati i locali sottostanti la chiesa di Claviere perchè questi passaggi di montagna sono stati resi pericolosi dalla presenza arrogante della polizia di frontiera ed i passaggi di montagna pericolosi hanno bisogno almeno di un bivacco in cui riprendere fiato. Ma anche perché si è resa sempre più evidente la necessità di avere tempi e spazi per conoscersi, condividere le proprie esperienze ed organizzarsi.
      A Chez Jesus ogni giorno passano decine di persone con cui vengono fatte assemblee in tre lingue diverse, organizzate iniziative, condivisi pranzi, cene, chiacchiere e risate.
      Durante queste ore passate assieme abbiamo potuto conoscere al meglio la
      situazione dei centri di accoglienza, da cui la maggior parte delle persone di passaggio fugge. Abbiamo conosciuto le logiche di ricatto e di infantilizzazione che avvengono al loro interno ed è per questo che è nata l’esigenza di aprire uno spazio autogestito. Un luogo in cui, se pur per poche ore, non c’è bisogno di possedere dei documenti o di compilare dei dannati questionari. Un luogo in cui non si cataloga ed esclude nessuno e nessuna. Un luogo in cui ognuno ed ognuna è pienamente responsabile di se e della cura del luogo che lo circonda».

      Gli attivisti Chez Jesus ogni domenica condividono un pranzo nella piazza
      antistante la chiesa di Claviere. «Solidali, migranti e gente di passaggio; un pranzo all’aperto per rompere l’invisibilizzazione di tanta gente costretta ad attraversare di notte, a piedi e nella neve questa frontiera attraversabile senza problemi solo per i turisti e per le merci».

      Dalla pagina facebook del rifugio autogestito lanciano un appello: «questo posto vive con le energie di tutte e di tutti, dunque l’invito è a passare, fermarsi e contribuire. Servono cibo, scarponi, guanti, giacconi e soprattutto contributi pratici, idee e voglia di organizzarsi insieme».

      Per contattarli: rifugioautogestito@inventati.org


      http://www.meltingpot.org/Claviere-Il-rifugio-Chez-Jesus-per-migranti-in-transito-qua.html

    • Point de vue : La communauté alpine ne doit pas oublier les réfugiés !

      Pendant que la SUERA s’efforce de réunir les régions alpines, des migrantes et des migrants meurent aux frontières des pays alpins. Francesco Pastorelli, directeur de CIPRA Italie, s’interroge : qu’est devenue l’Europe hospitalière, solidaire et tolérante ?

      Une jeune nigériane est morte dans un hôpital de Turin après avoir mis son enfant au monde. Les policiers qui l’avaient arrêtée de nuit alors qu’elle traversait dans la neige le Col de l’Échelle entre l’Italie et la France avec d’autres migrants l’ont ramenée en Italie et laissée seule dans le froid à la gare de Bardonecchia/I.

      Un guide de montagne français encourt jusqu’à cinq ans de prison pour avoir aidé une migrante enceinte de huit mois au poste frontière de Montgenève. À Bardonecchia, des policiers ont pris d’assaut un centre d’accueil pour les réfugiés. Les incidents de ce type se multiplient aux frontières alpines.

      Pendant que les régions alpines travaillent à unifier les Alpes dans le cadre de la Stratégie de l’Union européenne pour la région alpine (SUERA), les États ferment leurs frontières. Où est resté l’esprit solidaire de l’Union européenne ? Pouvons-nous continuer à travailler sur l’environnement, le paysage, le trafic et le tourisme dans le cadre de la Convention alpine pendant que des personnes risquent leur vie dans le froid et la neige des cols alpins après avoir bravé les dangers de la traversée du désert et des mers ? Trouver des solutions aux problèmes de l’immigration n’est pas simple, et il ne s’agit pas ici de décider de la répartition des réfugiés, de leur accueil ou de leur expulsion. Mais nous ne devons pas accepter que des gens qui fuient la guerre et la famine se heurtent à des murs et à des fils barbelés dans les Alpes, dans cette Europe prospère, qu’on ne les aide pas dans leur dénuement et que ceux qui les aident soient menacés de procès et de peines de prison. En même temps, les petites communes des zones frontalières ne doivent pas être laissées seules face à ce problème.

      Des organisations humanitaires et des initiatives locales s’engagent heureusement pour les réfugiés, comme à Briançon en France ou à Bardonecchia en Italie. Les petites communes de montagne font elles aussi ce qu’elles peuvent pour aider, à l’exemple d’Ostana, qui accueille avec ses 80 habitants six réfugiés du Pakistan.

      Les organisations alpines comme la CIPRA ou le Réseau de communes « Alliance dans les Alpes » sont conscientes de l’importance d’une société bien intégrée, pluraliste et multiculturelle dans les Alpes et s’engagent dans ce sens. Nous ne devons toutefois pas nous limiter à mettre en route des projets de coopération sur les thèmes sociétaux. Il faut ouvrir les yeux des institutions internationales qui assistent avec passivité et indifférence à ces événements dramatiques aux frontières, et montrer que les manifestations d’ouverture et d’accueil sont souvent en réalité contrecarrées par la peur et le rejet de l’autre.

      L’histoire des populations alpines est marquée par les migrations. Des générations entières de montagnards ont quitté autrefois leur pays pour fuir la misère et chercher leur subsistance dans les plaines, les villes industrielles, dans d’autres pays ou sur d’autres continents. Beaucoup sont revenus après avoir fait fortune, riches en expériences, en compétences et en contacts, et ont ainsi contribué au développement de leurs pays. Nous pouvons apprendre de leur histoire pour relever les défis d’aujourd’hui.

      http://www.cipra.org/fr/nouveautes/la-communaute-alpine-ne-doit-pas-oublier-les-refugies

    • « Mesdames, Messieurs les députés : abolissez le #délit_de_solidarité ! »

      Accusé d’avoir porté secours à une nigériane enceinte – qui accouchera d’un petit Daniel cette nuit là – , #Benoît_Ducos fut convoqué par la police aux frontières le 13 mars dernier. À mi-chemin entre la beauté et le drame, récit d’une nuit invraisemblable.

      10 mars au soir, aux alentours de 21h20. Près de l’obélisque du village de #Montgenèvre, nous apercevons un groupe de réfugiés, pétrifiés de froid. Nous nous approchons d’eux pour engager la conversation. Le groupe est constitué d’une famille – avec deux enfants de un an et demi et cinq ans – accompagnée de deux autres exilés croisés en chemin. Lorsque nous les rencontrons, ils sont fatigués et apeurés. Ils ne savent ni à qui ils ont à faire, ni où ils sont. Rapidement, nous les rassurons sur nos intentions en leur expliquant qui nous sommes.

      Marcella, enceinte, se tord de douleurs

      Je constate qu’ils restent méfiants. De nos jours, le voyageur n’ose plus venir frapper à la porte de quiconque. Il se cache, se sent traqué. Se méfie de tout. De tous. La moindre personne rencontrée est une menace potentielle. La police rôde et n’est jamais loin.

      En discutant, nous apprenons que Marcella – la maman – est enceinte de 8 mois et demi et qu’elle a dû se faire porter jusqu’ici. Sous le choc, épuisée, elle ne peut plus mettre un pied devant l’autre. Nos thermos de thé chaud et nos couvertures ne suffisent pas à faire face à leur détresse.

      21h50. C’est l’alarme, Marcella ne va pas bien. Nous sommes face à une situation très délicate. Il faut agir vite. Je décide de prendre mon véhicule pour l’emmener à l’hôpital de Briançon. Chaque minute va être précieuse. Une fois dans la voiture, tout se déclenche. Quand nous arrivons au niveau de #la_Vachette – à 4 kilomètres de Briançon –, elle se tord dans tous les sens sur le siège avant. Elle souffre. Les contractions sont là, elle hurle de douleur. J’accélère. Courage #Marcella, nous sommes tout proches…

      22h10. À l’entrée de Briançon – au champ de Mars – je suis arrêté par un barrage de douane. J’enrage. Nous sommes à 500 mètres de l’hôpital, dans une situation d’urgence absolue. Ils sont une dizaine à orchestrer le contrôle de police et à dérouler la litanie des questions habituelles, parfaitement inappropriées et malvenues en la circonstance. « Qu’est-ce que vous faites là ? Qui sont les gens dans la voiture ? Présentez nous vos papiers ? Où est-ce que vous avez trouvé ces migrants ? Vous savez qu’ils sont en situation irrégulière ? Vous êtes en infraction ! ».

      Bloqués par le barrage de douane

      J’insiste pour qu’ils me laissent emmener Marcella à l’hôpital en leur expliquant qu’elle est en danger. Les douaniers m’opposent un refus catégorique. Inspirée, l’une d’entre eux me lance « mais comment savez-vous qu’elle est enceinte de 8 mois et demi ? » avant d’enchaîner « et puis, quelles compétences avez-vous pour vous permettre de juger du degré d’urgence de la situation ? », « Vous n’êtes pas une femme, vous ne savez pas ce que c’est ». J’ai beau lui rétorquer que je suis pisteur secouriste, que j’ai quelques notions de secourisme me permettant d’être à même d’évaluer une situation d’urgence, elle ne m’écoute pas. Rien à faire, la voiture ne repartira pas.

      Autour de la voiture, ça rigole franchement. Marcella continue de serrer les dents, son mari essayant de l’aider comme il peut. Pas un regard, pas un mot, pas le moindre petit geste d’attention de la part des douaniers. La maman continue de se tordre sur le siège passager, les enfants pleurent sur la banquette arrière. J’essaye de garder mon calme. Cette situation me révolte.

      Les douaniers finissent par appeler le procureur pour savoir ce qu’ils doivent faire. Longs moments de flottements. Finalement, ils prennent la décision d’appeler l’Officier de Police Judiciaire (OPJ) de permanence à la Police aux Frontières qui arrivera quelques minutes plus tard.

      23h15. Marcella se plie de douleur. Les pompiers arrivent et séparent la famille : la maman est emmenée à l’hopital tandis que les enfants et le papa restent avec moi. Ils se mettent à pleurer, car ils ne comprennent pas ce qu’il se passe.

      Le « premier bébé des maraudes » est né

      Nous sommes conduits dans la foulée au poste de police de Briançon, tels des criminels, escortés par la voiture de l’#OPJ à l’avant et un fourgon de la douane à l’arrière. Après la fouille de mon véhicule et de mes affaires personnelles, le contrôle de mon identité, et une série de questions diverses, on me remet une convocation en audition libre pour le mercredi 14 mars à 9h à la Police aux Frontières (PAF) de Montgenèvre. C’est à ce moment-là que les douaniers m’expliquent qu’ils étaient là pour arrêter des passeurs ! Vingt minutes plus tard, je quitte le poste de police. Il est près de minuit. Le lendemain matin, j’apprendrai par l’hôpital la tentative d’expulsion – vers l’Italie – du papa et des enfants pendant que Marcella était sur le point d’accoucher. L’hôpital a donc dû insister auprès de la PAF pour qu’ils reviennent dans les plus brefs délais. Celle-ci a fini par obtempérer, et dans la nuit la famille a été réunie.

      Le premier « bébé des maraudes » est donc né à Briançon le 11 mars 2018. C’est un petit garçon, né par césarienne. Il s’appelle Daniel, comme son papa.

      Le 11 mars au soir, le papa et les enfants sont placés par le 115 à Gap, à 100 kilomètres de Briançon, sans moyens de communication avec Marcella. De mon côté, il m’a été impossible d’obtenir leur adresse : au 115 on me dit que des instructions ont été données pour ne pas communiquer cette information – hautement sensible !

      Le 12 mars, une soixantaine de militants s’est rendue devant le 115 de Gap pour manifester. Au bout d’une heure et demie de bras de fer, ils ont fini par obtenir l’adresse du papa et des enfants. Des militants lui rendront visite pour être sûrs que tout va bien, puis le ramèneront à Briançon. La capacité des douaniers à évaluer une situation de détresse et celle de l’administration à faire preuve d’humanité me laissent encore perplexe.

      Comment peut-on, à ce point, perdre toute capacité de discernement ? À quel déni d’humanité peut conduire l’application bête et méchante des lois et des instructions ? Comment peut-on oser ne pas regarder avec compassion, ne pas daigner aider celui qui endure une souffrance de plus dans son difficile périple jusqu’à nous ?

      Convocation de la Police aux frontières

      14 mars. Devant les bâtiments de la PAF qui m’a convoqué ce jour-là, nous organisons une manifestation dans le but de dénoncer ce qui se passe sur cette frontière. À l’occasion, une personne a très justement rappelé, comment, pendant la dernière guerre, une résistante travaillant à la Préfecture de Paris fabriquait des faux papiers pour les juifs en danger dans l’intention de leur éviter la déportation, considérant que parfois, « désobéir, c’est se couvrir d’honneur »...

      J’ose espérer que ce témoignage aura fait réfléchir les forces de « l’ordre » présentes en nombre ce jour-là. Je ne souhaite pas que le geste accompli par devoir le 10 mars au soir soit célébré. Tous les jours des militants solidaires prennent des risques et osent se porter au devant des migrants. Dans l’ombre, ils accomplissent aussi des gestes remarquables qui ont tout autant de valeur à mes yeux. Les maraudes ne sont que la partie émergée d’un réseau de solidarité envers les exilés mobilisant un grand nombre de personnes.

      À ce jour, nous avons été une quarantaine d’individus convoqués à la PAF, inquiétés en raison du « transport de personnes en situation irrégulière » ainsi que pour avoir « facilité le maintien irrégulier sur le territoire français de personnes étrangères ». Aujourd’hui ce délit, qui avait été créé à l’origine pour lutter contre ceux qui font du business avec l’immigration clandestine, porte un nom, le délit de solidarité.

      Il sert à intimider et à décourager ceux qui ont choisi simplement de rendre service, de porter secours, mais cela ne marche pas : « On ne peut rien contre la volonté d’un homme ».

      Pour moi – comme pour beaucoup d’autres qui chaque jour prennent des risques – aller à la rencontre de ces exilés, leur donner à manger, à boire, les couvrir, leur donner des vêtements chauds, leur proposer un abri pour la nuit, leur parler, les écouter, quelle que soit leur nationalité, leur couleur de peau et leur situation, est un devoir, un geste d’humanité, un acte de fraternité. Moi qui suis un professionnel de la montagne, je fais le lien avec la formation que j’ai reçue et dans laquelle il est dit que l’initiative de secours aux personnes en danger en montagne est une obligation surpassant tous les autres textes de loi. N’importe quel montagnard aguerri vous le dira : en montagne on n’abandonne jamais quelqu’un en difficulté.

      Criminalisation de la solidarité

      Pour tous ces exilés, comme le dit Jean-Marie Gustave Le Clézio, la migration n’a rien d’une croisière en quête d’exotisme ou de sensations fortes. Ces gens sont des #fugitifs et ils ne se retrouvent pas ici – à franchir des cols au péril de leur vie – par hasard. Il faut savoir par où ils sont passés, quels sacrifices ils ont faits, les dangers auxquels ils ont fait face, les violences qu’ils ont subies pour marcher jusqu’à nous, jusqu’à ce pays qui fait briller leurs yeux et qu’ils veulent atteindre coûte que coûte.

      Quel soulagement d’ailleurs pour eux lorsqu’on leur dit « vous êtes arrivés » même si, au fond de nous, nous désespérons des obstacles qui les attendent encore ici.

      Je ne peux pas croire que ces gens vêtus de leurs habits de pays chauds franchissant nos montagnes en hiver, après avoir traversé déserts et mer, au risque de perdre leur vie, aient eu le « choix ». Je crois que leur exil est un déchirement, puisqu’ils ont dû abandonner tout ce qui leur est cher, leur famille, leur amis, tout ce qu’ils possédaient…

      L’objectif des #maraudes est d’aider ces personnes en détresse, harassées par des années de voyage, apeurées, fuyant les dangers auxquels elles sont exposées dans leur pays et dont les droits élémentaires sont bafoués. Elles méritent bien notre admiration et notre respect, elles méritent qu’on les regarde, qu’on les considère. Pour toutes ces raisons, je souhaite qu’on en finisse avec cette criminalisation des actes de solidarité et d’humanité. Si comme d’autres, je suis amené à me plonger dans la nuit pour distribuer à manger, donner des vêtements, mettre à l’abri des personnes qui veulent demander la protection de la France, c’est aussi parce que l’État faillit à des devoirs.

      La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme nous dit pourtant que tout homme a le droit de quitter librement son pays et de choisir avec la même liberté le pays dans lequel il souhaite vivre. Nous ne sommes que des « veilleurs, des passeurs, des colporteurs d’humanité ». Tous nous aurons besoin un jour ou l’autre que quelqu’un nous tende la main et nous nous rappellerons combien ce moment aura été fondateur pour nous. Les rencontres qui ont lieu dans nos montagnes contribuent aussi à nous forger, à faire de nous ce que nous sommes. Les sourires de ces exilés dans le froid de la nuit sont inestimables.

      Les accueillir parce qu’ils « frappent à notre porte » est quelque chose de finalement on ne peut plus simple, modeste et humain, quelque chose que nous ne pouvons pas ne pas faire. Je pense que cela devrait être un devoir plus qu’un choix. Il est grand temps qu’une #immunité_humanitaire soit enfin accordée aux associations et citoyens dont les actions sont guidées par la seule volonté d’aider, de porter assistance et d’offrir un accueil digne et respectueux aux exilés, de défendre et protéger leurs droits auxquels porte atteinte chaque jour l’État français. Pour mettre la République en conformité avec les valeurs qu’elle proclame, Mesdames, Messieurs les députés : abolissez le délit de solidarité !


      https://www.nouveau-magazine-litteraire.com/idees/benoit-ducos-abolissez-le-delit-de-solidarite

      Je mets en exergue ici la question de la #montagne et des #montagnards :

      Pour moi – comme pour beaucoup d’autres qui chaque jour prennent des risques – aller à la rencontre de ces exilés, leur donner à manger, à boire, les couvrir, leur donner des vêtements chauds, leur proposer un abri pour la nuit, leur parler, les écouter, quelle que soit leur nationalité, leur couleur de peau et leur situation, est un devoir, un geste d’humanité, un acte de fraternité. Moi qui suis un professionnel de la montagne, je fais le lien avec la formation que j’ai reçue et dans laquelle il est dit que l’initiative de secours aux personnes en danger en montagne est une obligation surpassant tous les autres textes de loi. N’importe quel montagnard aguerri vous le dira : en montagne on n’abandonne jamais quelqu’un en difficulté.

      Et pour @sinehebdo, peut-être un nouveau #mot, #fugitifs :

      Pour tous ces exilés, comme le dit Jean-Marie Gustave Le Clézio, la migration n’a rien d’une croisière en quête d’exotisme ou de sensations fortes. Ces gens sont des #fugitifs et ils ne se retrouvent pas ici – à franchir des cols au péril de leur vie – par hasard. Il faut savoir par où ils sont passés, quels sacrifices ils ont faits, les dangers auxquels ils ont fait face, les violences qu’ils ont subies pour marcher jusqu’à nous, jusqu’à ce pays qui fait briller leurs yeux et qu’ils veulent atteindre coûte que coûte.

    • Chroniques de frontières alpines – 1 / Réprimer les solidarités : La stratégie de la peur

      Depuis 2015, dans le cadre de la « lutte anti-terroriste » menée par l’Etat français, on a assisté à une intensification de la répression policière et juridique vis-à-vis des citoyen·nes solidaires avec les étranger·es, notamment aux zones frontalières. L’inculpation, entre juillet 2015 et janvier 2017, de 9 citoyen·nes des Alpes Maritimes, a vu ressusciter les débats autour du poussiéreux « délit de solidarité », institué en 1938 (dans un climat dont chacun·e devine qu’il était particulièrement xénophobe…)

      Le dossier en ligne du Gisti sur le délit de solidarité montre comment les évolutions progressives du droit sont devenues de plus en plus floues de sorte qu’il n’ait plus vocation à réprimer les trafics et réseaux mafieux à la frontière, mais à englober dans le champ des répressions les pratiques d’aide gratuite et solidaires vis-à-vis des étrangers. Cette évolution est le fruit d’une représentation de continuité entre l’immigration clandestine et le terrorisme : ainsi, dès 1996, l’aide au séjour irrégulier est intégrée parmi les infractions à visée potentiellement terroriste. Depuis les années 2000, on assiste à une extension des immunités (notamment pour « motifs humanitaires ») mais aussi, simultanément, à une aggravation des sanctions et de la répression des citoyen·nes solidaires avec les étranger·es sans-papiers.

      Tout un arsenal législatif a ainsi vocation à limiter les activités bénévoles de citoyen·nes solidaires : l’ « aide à l’entrée et au séjour irréguliers », punis de 5 ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende, mais aussi les « délits d’outrage, d’injure et de diffamation ou de violences à agent publics », utilisés selon le Gisti pour » défendre l’administration et la police contre les critiques dont leurs pratiques font l’objet ». A ces motifs s’ajoutent des pratiques plus sournoises de dissuasion, qui procèdent de la même volonté politique : « Il s’agit de priver l’étranger en situation irrégulière en France de toute forme de soutien : amical, politique ou juridique mais aussi, au-delà, de signifier à la population en général et aux militant·es en particulier qu’on ne peut s’opposer impunément à la politique gouvernementale quelles que soient la détresse humaine et les horreurs qui lui sont inhérentes. »

      Outre le choquant paradoxe de l’expression « délit de solidarité », la défense juridique lors des procès des citoyen·nes de la Roya remet en cause les pratiques de l’Etat : que fait-il du droit international qui consacre le droit pour chacun « de participer à des activités pacifiques pour lutter contre les violations des droits de l’homme et des libertés fondamentales » ? Que fait-il de l’injonction d’assistance à personne en danger, surtout en contexte de montagne ?

      Le positionnement politique des citoyen·nes inculpé·es, qui assument leur solidarité avec les sans-papiers, va encore plus loin : si les personnes mettent leur vie en péril en passant par des chemins dangereux, c’est parce qu’elles se cachent de la police, et ont peur d’être arrêtées. En tant que personnes vulnérables en montagne, c’est à la gendarmerie de haute montagne de leur porter secours ; en tant que demandeuses d’asile (pour la quasi-totalité d’entre elles), ou mineures (pour la moitié d’entre elles) ces personnes devraient être prises en charge par la police, puis par la préfecture, dans une logique de protection prévue par le droit français. Ce sont les pratiques illégales par la police de refoulement aux frontières qui (re)mettent en danger les personnes migrantes (souvent abandonnées en montagne dans un froid extrême après leur arrestation).

      Le délinquant, le criminel, c’est l’Etat, objectent donc les collectifs de soutien, qui ne respecte ni les traités internationaux, ni les lois, ni aucune des valeurs d’asile de fraternité de la République. Dans les Alpes-Maritimes, l’heure est donc à la mobilisation collective, juridique et politique aux côtés de ces « délinquant·es solidaires » pour les soutenir dans leur procès et montrer que la société civile n’adhère pas au discours qui fait d’elles et eux des criminel·les.

      Qu’en est-il dans les Hautes-Alpes ? La route qui s’est ouverte progressivement au cours de l’année 2017 en fait, depuis plus de six mois, un des principaux passages vers la France. Dans le Briançonnais, les mêmes événements se sont enchaînés, rapidement, qu’à Menton et dans la Roya : augmentation brutale du nombre de personnes traversant la région pour entrer en France, organisation citoyenne pour faire face à une situation humanitaire d’urgence, militarisation de la frontière grâce à des équipements et des renforts policiers, répression des personnes clandestines… Et prise en étau des bénévoles solidaires au coeur de ce dispositif de répression, lequel vise avant tout les personnes étrangères, mais également tous les gens qui leur viennent en aide.

      L’association Tous Migrants estime que depuis le printemps 2017, entre 40 et 50 personnes ont été arrêtées et convoquées à la PAF, principalement pour délit d’ »Aide à la circulation, à l’entrée ou au séjour de personnes en situation irrégulière ». On peut estimer que plus du double ont été interpelé-es par des agents de police ou de gendarmerie dans l’exercice d’un acte de solidarité. On compte également au moins 5 gardes-à-vue. Benoît Ducos, un de nos camarades dont le nom a été relayé par les médias pour être venu en aide à une femme nigérianne enceinte, est à la fois menacé d’un procès, et sollicité par de grandes ONG italiennes pour recevoir des prix pour son « héroïsme »… Cela résume aussi bien le contexte absurde et paradoxal (et ironique) dans lequel nous oeuvrons.

      Jusqu’à maintenant, dans les Hautes-Alpes, les convocations sont restées sans suite ; mais comme les événements de la Roya sont un sombre présage pour leur futur proche, les nombreux·ses citoyen·nes solidaires du Briançonnais sont plongé·es dans l’anxiété. La répression, à défaut d’être judicaire, est policière ; et elle prend parfois des formes plus détournées encore : pressions morales, psychologiques, financières… A Briançon et dans la vallée de la Clarée, tout se joue encore sur le terrain, dans l’informel, dans les interactions directes avec les officiers de police et gendarmerie, ou les agents de l’Etat. Leur caractère aléatoire, mouvant, complexe, entraîne une invisibilisation de cette répression par l’Etat des activités solidaires.

      Les témoignages recueillis ci-dessous évoquent différentes manières grâce auxquelles l’Etat développe sa stratégie d’intimidation des personnes solidaires dans le Briançonnais. Un recueil de ces témoignages et une mise en commun des expériences individuelles sont indispensables pour dénoncer ces phénomènes qui ne sont pas isolés, mais s’inscrivent au contraire dans une politique calculée de l’Etat français à travers une stratégie de la peur.

      La méthode atmosphérique : création d’un climat de tension

      Le nombre relatif d’arrestations n’évacue pas le contact au quotidien, pour les habitant·es du Briançonnais et particulièrement celles et ceux de la vallée de la Clarée, avec une présence policière lourde et un contrôle incessant, particulièrement féroce durant la période de la fin de l’été à début décembre 2017. A la gendarmerie locale, la douane, la Police de l’Air et des Frontières, le PSIG, la Police et Gendarmerie de Haute-Montagne initialement présents, se sont ajoutés les renforts venus de la région entière, dont des groupe d’interventions spécialisés comme la Brigade Anti-Criminelle, les CRS, des renforts de la vallée de la Roya, et même les sentinelles de l’armée.

      Les habitant·es et touristes témoignent des barrages quotidiens sur la route qui imposaient parfois quatre contrôles par jour aux personnes désirant descendre dans la vallée. Barrages, brigades mobiles, postes de surveillance, les renforts policiers de toute la région ne se sont pas contentés de sillonner les cols ou les routes durant cette période, mais aussi d’installer leur présence au coeur des bourgs de Névache, Val-des-Prés, de Briançon, de sorte à ce qu’aucun jour, et aucune nuit, ne se passe sans avoir le sentiment d’être surveillé·e par la police. Deux habitants de Névache décrivent la présence dans le centre du village de voitures de police avec leurs phares à 4h du matin, au pied de tous les d’immeubles. « On se fait du cinéma », conclut l’un d’entre eux, conséquence logique du fait que le petit village semble s’être transformé durant cette période en décor de cinéma.

      Au même moment, les hélicoptères sillonnent régulièrement le ciel. « Le pire c’est l’hélico, c’est vraiment un sentiment d’oppression. Quand ils font des rondes, on sait que ce n’est pas pour le sauvetage, mais pour la surveillance », dénonce une habitante de Névache.

      Plus bas à Briançon, un Refuge a ouvert cet été pour permettre aux personnes migrantes de s’abriter après leur difficile traversée de la montagne. Bien que les sans papiers puissent être arrêté·es partout dans la ville, le Refuge a bénéficié d’une sorte d’immunité humanitaire. Malgré tout, pendant l’été et l’automne 2017, les rondes régulières des véhicules de gendarmerie devant le Refuge semblent menacer sa sécurité : « Ils roulent à une vitesse d’escargot, 20km/h, on se sent observés : t’es toujours suspect… J’ai pensé à d’autres pays où les gens sont sous surveillance et je me suis dit « on connaît ça ici ». On devient nous mêmes suspects« , confie une bénévole. Ces rondes s’ajoutent aux gendarmes en civil postés sur le parking devant le Refuge, et à la présence certifiée des renseignements généraux sur la même place. Cela renforce la croyance chez les bénévoles qu’ils et elles sont tou·te·s repéré·es, fiché·es, leurs voitures enregistrées.

      Alors que je recueille le témoignage de l’une de ces bénévoles, assises au soleil sur cette place, elle coupe son récit pour dire : « Et tu peux m’expliquer pourquoi il y a une voiture de police qui est plantée à côté de nous depuis 8 minutes ? ». Au moment où je tourne la tête, la voiture de gendarmes démarre. Cette pression est discrète, mais elle développe chez tous les volontaires des réflexes anxieux, d’auto-surveillance de leurs faits et gestes. Cela fait dire à une vieille dame bénévole « Ah, c’est encore la Gestapo ».

      Cette stratégie est développée aussi lors d’événements collectifs plus militants : « A chaque fois qu’on a fait des manifs à la PAF, ils nous ont photographiés, ainsi que les bagnoles… »

      Côté italien, les montées à la frontière de la police et des gendarmes ne concernent pas les migrant-es mais bien les militant·es. Dès le premier jour de l’occupation, une montée massive de la police (polizia, carabinieri, police politiques, voitures civiles) vers le lieu a ancré cette action dans un contexte de confrontation. Des voitures postées en observation devant le lieu que nous occupons, des tentatives régulières par des hommes en civil ou en uniforme discret (la police politique) d’entrer dans le lieu, suffisent à poser le climat. Interpellations sans justification, juste parce qu’on a un véhicule français, prise d’identité. Pour les personnes qui arrivent depuis la vallée par le bus, que nous accueillons dans le lieu en tentant de les mettre en sécurité, cette surveillance menaçante fait s’écrouler tout ce que nous avons mis en place en termes d’accueil. Alors que la police a tenté de rentrer dans le lieu, et que nous n’avons pas eu le temps de barricader, j’ai dû crier à des sans-papiers que nous accueillions depuis la veille de se cacher vite, pour ne pas qu’ils les trouvent : comment prétendre essayer de créer un climat de sécurité, dans ces conditions ?

      Les touristes qui ont fréquenté la région à la fin de l’été manifestent de manière unanime un choc vis-à-vis de cette présence policière démentielle et apparemment injustifiée. « Pendant l’automne, la vallée ressemblait plus à une scène de guerre qu’à une région touristique », s’accordent de nombreux·ses habitant·es. « On a senti un moment d’occupation. Quand ils sont partis, on a enfin pu respirer. »
      La tactique du « cow-boy » : courses-poursuites et mise en scène d’arrestations

      La stratégie favorite dans le Briançonnais est ainsi celle de l’intimidation. Celle-ci possède une dimension spectaculaire, au sens propre du terme : comme si la vallée était un théâtre, où après avoir planté un décor de guerre, des acteurs jouent aux opérations militaires de grande envergure.

      Les course-poursuites ont vocation à produire cet effet impressionnant. Une femme du Refuge raconte qu’en septembre, alors que la police surveillait constamment la gare de Briançon, empêchant le départ des migrant-es vers le reste de la France, des bénévoles avaient organisé un petit convoi pour descendre une dizaine de personnes vers la gare suivante, à l’Argentière, afin qu’elles puissent prendre leur train vers Paris. « On attendait dans l’herbe à côté de la gare, tranquillement, quand la police est arrivée : il a fallu se précipiter, en rampant, dans les voitures. On s’est précipités vers la gare suivante, Saint-Crepin, à toute vitesse. Là on attend, on surveille la gare. Pendant ce temps les jeunes sont dans la voiture et attendent que le train arrive. Quand il arrive on leur dit de courir. Ils montent dans le train, et direct après, horreur, on voit arriver la police ! Ils ont tous été arrêtés à Gap. »

      Une autre femme, habitante de la Clarée, raconte : « J’allais au boulot à quatre heure du matin, et il y a un gars qui m’appelle, qui venait de descendre l’Echelle et d’arriver dans la vallée. Je l’ai pris en voiture pour l’aider à descendre et il y en avait plein d’autres qui marchaient sur le bord de la route, ils couraient au milieu des voitures, dévalaient la pente. Alors je les ai emmenés aussi.

      Les gendarmes à Val-des-Prés en avaient déjà arrêté une vingtaine. Moi je les ai vus, et j’ai eu peur : j’ai accéléré. Ils m’ont poursuivie. Au village suivant, je me suis arrêtée « Sortez, courez ! », je leur ai dit. Les gendarmes nous ont tous poursuivis, un seul gars a réussi à s’évader, se cacher dans un jardin. J’étais prise au piège dans mon propre village. J’ai eu une sacrée frayeur ! »

      Comme beaucoup d’autres, cette femme n’a pas été re-convoquée par la suite, malgré son arrestation : les interventions musclées sur le terrain, confirment les bénévoles, ne comportent pas pour l’instant de suites judiciaires, elles se suffisent à elles-mêmes pour impressionner les citoyen-nes solidaires.

      La dimension dissuasive de ces course-poursuites est plus évidente encore quand elles concernent des gens qui ne transportent pas de migrant·es, mais qui se contentent de leur parler. Moi-même, alors que je me contentais d’observer, j’ai été prise en chasse par une voiture de police… qui n’avait rien d’autre à me reprocher que de rouler les phares éteints.

      L’intimidation se joue aussi dans la mise en scène de l’arrestation. Le ton de la voix, la manière d’interpeler, font partie du jeu de scène. On me raconte, à chaque contrôle du véhicule, les phares de voiture et lampes en pleine figure pour éblouir, les arrestations à grands cris, contrôles d’identité, fouille du véhicule – même quand il n’y a rien à signaler.

      Un militant raconte son arrestation récente : les armes braquées sur lui, une ouverture à coups de pieds de la portière de la voiture, les personnes agrippées brutalement, menottées avant d’être conduites à la gendarmerie. Un autre homme arrêté au col de l’Echelle alors qu’il transportait une femme enceinte et sa famille a fait l’objet d’une arrestation brutale : ses voisins racontent que les gendarmes lui ont esquinté les bras, et qu’il a eu très mal par la suite.

      Enfin, pour certaines personnes arrêtées, la violence verbale grossière est utilisée pour forcer la peur. Une militante me raconte : « J’ai une copine qui a été arrêtée à la PAF alors qu’elle emmenait des mineurs se signaler, à la demande de la gendarmerie. Elle a été cuisinée, a raconté qu’elle avait aidé les gens à prendre leurs billets de train. La personne qui l’interrogeait lui a tenu des propos odieux, sexistes, racistes, machistes, et des gestes obscènes. Pendant un mois, elle a arrêté ses activités bénévoles. Elle ne veut pas témoigner, elle est très intimidée. »

      Enfin, le cas le plus grave recensé à la frontière a été une violence physique contre un manifestant, en mai 2017, renversé par un véhicule de police alors qu’il était venu soutenir avec une trentaine d’autres citoyen·nes solidaires des réfugié·es et une travailleuse sociales qui avaient été arrêté·es par la PAF. Voici le témoignage relayé par la presse de la victime de cette violence : « Une voiture de police part sur les chapeaux de roues (…) à son bord 2 ou 3 réfugiés, direction le poste de police en Italie. (…). Spontanément, une dizaine d’entre nous décident de se mettre au milieu de la route et de mettre nos simples corps comme barrière naturelle à l’expulsion. Le chauffard essaye de forcer le passage en faisant vrombir le moteur, et en avançant pare-choc contre tibias. L’une d’entre nous tombe devant