Work hard, have fun, make history. Amazon et la contre-révolution logistique : un regard depuis l’Italie

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  • Work hard, have fun, make history. Amazon et la contre-révolution logistique : un regard depuis l’Italie
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    C’est à partir des années 1960 que la logistique se constitue sous la forme qu’on lui connaît aujourd’hui. La « révolution logistique » à l’origine de cette dynamique, qui est bien plus à comprendre comme une « contre-révolution », un préalable indispensable à l’instauration du régime néolibéral, représentait alors un investissement stratégique sur la désagrégation de la grande usine. Avec une myriade de travailleurs toujours plus mécanisés et écrasés sous son poids - réduits à des « tapis roulants » - la logistique dicte aujourd’hui le rythme de la circulation mondiale.
     
    Lors de la dernière décennie, une nouvelle vague de conflictualité a cependant fait tache d’huile dans ce secteur. Ce texte - après une analyse du rôle crucial joué par Amazon - revient précisément sur les mobilisations en Italie. Proposant une lecture des conflits passés et à venir, il souligne la nécessité de mener - en parallèle des enquêtes « à chaud », lors de moments de conflits - des « enquêtes à froid », dans le but de construire une « logistique des luttes » qui puisse œuvrer à des connexions politiques à travers l’usine globale.

    #logistique #enquête_militante

    • On peut donc soutenir que la fortune accumulée d’Amazon a été bâtie sur l’exploitation toujours plus intensive du travail, davantage que sur l’automatisation et l’innovation de façade qui rendent l’entreprise emblématique du moment actuel. L’énorme flux de marchandises charrié par Amazon circule grâce au travail d’une myriade de travailleurs mécanisés et écrasés sous son poids, réduits à des tapis roulants. Pour s’en faire une idée, nous reportons les paroles d’un travailleur employé dans un entrepôt d’Amazon à Rovigo (Italie) :

      Nous avons un contrat de 39h par semaine et nous sommes payés 960€ nets par mois. Pour moi c’est une misère, mais vraiment une misère […] Nous recevons un salaire qui n’est pas adapté aux postes que nous occupons à l’intérieur de la filière productive. [..] Il s’agit d’un travail massacrant, ce n’est pas juste de le payer ainsi. Et si on pense à combien de fric ils se font, eux, avec quelques clicks sur un ordi pour quelques ordres, c’est scandaleux… […] Le travail est physique, stressant, t’as jamais la certitude des horaires, de ce que tu feras, parce qu’il y a des pics de travail… Toujours des heures sup’, souvent le samedi et le dimanche. On peut aussi refuser, mais après on est mal vus par les contremaitres. Il vaut mieux baisser la tête et dire : « Ok, je viens ; ok je fais des heures sup’ ; ok, ça va, je suis là ». […] Nous n’avons pas la certitude des horaires, ils nous sont toujours communiqués la veille pour le lendemain. […] Ils décident de manière totalement arbitraire quand tu travailles. Et c’est une chose que je ne supporte plus, c’est inconcevable pour moi, mais c’est ainsi. […] On vit toujours dans l’angoisse, il n’y a jamais de certitude, tu ne peux pas organiser ta vie au-delà du travail .