Questions de communication

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  • Cécile Dolbeau-Bandin, Un robot contre Alzheimer. Approche sociologique de l’usage du robot PARO dans un service de gériatrie
    https://journals.openedition.org/questionsdecommunication/30686

    Ce petit livre se propose, à travers une étude de cas, de mettre en lumière les différentes problématiques posées par la mise à disposition des robots dans les services de santé. L’approche est certes essentiellement sociologique mais de nombreux chercheurs en sciences sociales y trouveront au moins un nœud d’intérêt relatif à leurs préoccupations. Il s’agit pour Cécile Dolbeau-Bandin de rendre compte d’observations de terrain réalisées en service gériatrique après l’introduction du robot PARO dans le parcours de soins. Le robot social PARO (de personal robot), dont l’apparence imite les traits d’un phoque, pèse un peu plus de deux kilos et ne se déplace pas. Il est donc destiné à être posé ou porté et a la capacité d’interagir avec le malade grâce à divers capteurs sensoriels. Ses réactions sont limitées : le robot ne parle pas mais il est capable de produire divers sons, il grogne, cligne des yeux, agite ses nageoires et tremble par exemple. L’auteure cherche ainsi à comprendre s’il existe un bénéfice pour les parties impliquées dans le soin : le malade d’Alzheimer, le personnel médical et la famille ; et si oui, comment l’expliquer. De ce point de vue, C. Dolbeau-Bandin conserve tout au long de cet ouvrage souvent écrit à la première personne une position des plus objectives, aussi manifestée par une déclaration d’absence de conflit d’intérêt.

    Surpris par les compétences somme toute limitées du robot, le lecteur ne cesse de s’interroger sur la pertinence du dispositif et de se demander si, au final, cela fonctionne. C’est justement là que l’approche sociologique de C. Dolbeau-Bandin prend tout son sens : richement illustré de témoignages et d’anecdotes issues de l’expérience du terrain, son raisonnement ne dévie jamais d’une saine prudence. L’auteure prend le soin de tempérer le propos du fabricant comme des premiers retours enthousiastes du personnel médical : oui, le robot facilite le contact, mais surtout parce qu’il initie des discussions à son propos. Oui, le robot permet parfois de réduire les thérapies médicamenteuses mais au cas par cas et il faudra juger avec le temps sur des cohortes plus importantes et des groupes témoins. Oui, le PARO peut faire gagner du temps au personnel, mais celui-ci le reperd aussitôt en formation, entretien, supervision, recharge, et l’autonomie de la batterie baisse avec le temps.

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  • Cécile Dolbeau-Bandin, Un robot contre Alzheimer. Approche sociologique de l’usage du robot PARO dans un service de gériatrie
    https://journals.openedition.org/questionsdecommunication/30686

    Ce petit livre se propose, à travers une étude de cas, de mettre en lumière les différentes problématiques posées par la mise à disposition des robots dans les services de santé. L’approche est certes essentiellement sociologique mais de nombreux chercheurs en sciences sociales y trouveront au moins un nœud d’intérêt relatif à leurs préoccupations. Il s’agit pour Cécile Dolbeau-Bandin de rendre compte d’observations de terrain réalisées en service gériatrique après l’introduction du robot PARO dans le parcours de soins. Le robot social PARO (de personal robot), dont l’apparence imite les traits d’un phoque, pèse un peu plus de deux kilos et ne se déplace pas. Il est donc destiné à être posé ou porté et a la capacité d’interagir avec le malade grâce à divers capteurs sensoriels. Ses réactions sont limitées : le robot ne parle pas mais il est capable de produire divers sons, il grogne, cligne des yeux, agite ses nageoires et tremble par exemple. L’auteure cherche ainsi à comprendre s’il existe un bénéfice pour les parties impliquées dans le soin : le malade d’Alzheimer, le personnel médical et la famille ; et si oui, comment l’expliquer. De ce point de vue, C. Dolbeau-Bandin conserve tout au long de cet ouvrage souvent écrit à la première personne une position des plus objectives, aussi manifestée par une déclaration d’absence de conflit d’intérêt.

    2Pour le profane, l’ouvrage vaut tout d’abord par la clarté de la première partie intitulée « Vous avez dit robots ? » qui brosse un tableau remarquable de la robotique en général, notamment une typologie des robots pour mieux classer par la suite le PARO. L’auteure n’y élude aucune question et n’hésite pas, outre les problèmes juridiques, économiques et éthiques mieux connus, à évoquer la question de la consommation énergétique et de l’empreinte écologique des robots. On apprend aussi qu’un certain relativisme culturel entoure aussi la conception et l’utilisation des robots. En somme, cette première partie se présente comme une synthèse à l’usage de l’enseignant comme du chercheur.

    3Dans la seconde partie, on entre dans le vif du sujet et, dès lors, il n’est plus question que du PARO, dont les propriétés sont ensuite déclinées sous la forme de questions qui correspondent chacune à une partie. Classé dans la catégorie des robots sociaux ou émotionnels, le PARO est certifié comme robot thérapeutique. L’auteure dresse alors l’historique des robots à visée thérapeutique et rappelle que ceux-ci sont souvent utilisés pour réduire le stress et l’anxiété, ce qui, on le sait, est fréquent chez les malades d’Alzheimer. Ce robot, en tant qu’objet dit transitionnel (ou de médiation), permet de diminuer le réflexe de repli sur soi, comme le feraient des animaux domestiques sans les inconvénients évidents de la présence de ces derniers dans un service gériatrique.

    4Mais le PARO est naturellement source de complications lui aussi. Au-delà de son autonomie réduite, de son entretien, etc., il exige une acceptation de toutes les parties : du point de vue du personnel soignant tout d’abord, cela nécessite une formation certes courte mais dont le préalable est un minimum de motivation et de bonne volonté. Du point de vue des malades, le PARO doit bien sûr être accepté, c’est même la condition première : un rejet de leur part et l’affaire est entendue. Enfin, les familles elles-mêmes ont leur mot à dire : un refus, parfois même étonnamment violent, n’est pas à exclure.

    5Surpris par les compétences somme toute limitées du robot, le lecteur ne cesse de s’interroger sur la pertinence du dispositif et de se demander si, au final, cela fonctionne. C’est justement là que l’approche sociologique de C. Dolbeau-Bandin prend tout son sens : richement illustré de témoignages et d’anecdotes issues de l’expérience du terrain, son raisonnement ne dévie jamais d’une saine prudence. L’auteure prend le soin de tempérer le propos du fabricant comme des premiers retours enthousiastes du personnel médical : oui, le robot facilite le contact, mais surtout parce qu’il initie des discussions à son propos. Oui, le robot permet parfois de réduire les thérapies médicamenteuses mais au cas par cas et il faudra juger avec le temps sur des cohortes plus importantes et des groupes témoins. Oui, le PARO peut faire gagner du temps au personnel, mais celui-ci le reperd aussitôt en formation, entretien, supervision, recharge, et l’autonomie de la batterie baisse avec le temps.

    6Par ailleurs, l’auteure rappelle que le PARO ne doit pas être humanisé et doit rester, aux yeux de tous, un robot, un « robjet » qui n’a pas de droits au sens propre. Or l’intégration des robots thérapeutiques en gériatrie est, comme on le découvre ici, déjà le présent mais encore plus l’avenir. À ce titre, les enjeux, éthiques notamment, doivent être précisés sans attendre et l’hôpital devrait se préparer ; cependant, à la lecture de cet ouvrage, on se demande bien comment les fonds publics pourraient permettre de financer un tel équipement à grande échelle : un PARO coûte plus de 10 000 euros et nécessite un entretien. De plus, il ne remplace jamais un soignant. Or, sans financement, un tel débat est presque nul et non avenu. L’auteure en est toutefois parfaitement consciente et cela ne saurait le lui être reproché. En revanche, on regrettera que la maladie d’Alzheimer elle-même, bien décrite dans l’introduction, disparaisse peu à peu dans cet ouvrage au profit du seul robot. Le chapitre VI, intitulé « PARO, peux-tu m’aider à me rappeler ce moment ? », semblait promettre un examen minutieux des processus d’oubli que le robot pourrait contrer, mais il tient en cinq petites pages et la question reste lettre morte. De même, le langage non verbal du PARO, qui aurait pu intéresser le linguiste, n’est pas analysé du tout : on ne saisit donc pas quelles interactions sont possibles avec le malade. Qui plus est, on ne sait pas comment le PARO fonctionne vraiment, quels algorithmes l’animent. Le fabricant ne livre que peu de pistes et l’auteure, si elle en sait plus, n’en dit rien. On l’aura compris, l’approche est ici sociologique, mais des développements inspirés d’autres sciences sociales auraient été plus que bienvenus.

    7Il ne s’agit pas de retirer à ce petit livre l’intérêt qu’il mérite, loin de là. D’abord, l’auteure remplit les objectifs fixés en introduction, adoptant un ton pondéré et une prudence bienvenue. Le lecteur se voit confronté, à travers un cas précis, à un questionnement plus large sur la place des différents types de robots dans nos sociétés. Ici, c’est d’un seul robot, de type social, dans un service de gériatrie dont il est question. Mais l’enjeu est bien plus large et renvoie tout un chacun à ce questionnement ultime : s’il apparaît indispensable et inéluctable de cohabiter avec des robots, quelle relation voulons-nous bâtir avec eux ? C. Dolbeau-Bandin répond de manière ferme et son expérience du terrain semble la conforter dans sa position de se concentrer sur l’humain, qui doit se constituer en « consommateur vigilant », quand bien même les robots sociaux brouilleraient-ils les pistes. Il convient dès à présent de mettre des garde-fous pour conserver la main sur le robot-objet, depuis la conception algorithmique jusqu’à son utilisation et l’exploitation des données qu’il enregistre. Qui plus est, dans le domaine le plus sensible qui soit, celui de la santé.
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    References
    Bibliographical reference

    Christophe Cusimano, “Cécile Dolbeau-Bandin, Un robot contre Alzheimer. Approche sociologique de l’usage du robot PARO dans un service de gériatrie”, Questions de communication, 42 | 2022, 588-590.
    Electronic reference

    Christophe Cusimano, “Cécile Dolbeau-Bandin, Un robot contre Alzheimer. Approche sociologique de l’usage du robot PARO dans un service de gériatrie”, Questions de communication [Online], 42 | 2022, Online since 01 February 2023, connection on 27 March 2023. URL : http://journals.openedition.org/questionsdecommunication/30686 ; DOI : https://doi.org/10.4000/questionsdecommunication.30686
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    About the author
    Christophe Cusimano

    Université Masaryk, Institut de langues et littératures romanes, CZ-601 77 Brno, République tchèque

    #Cécile_Dolbeau_Bandin #Paro #Alzheimer

  • David Forest, Abécédaire de la société de surveillance
    http://journals.openedition.org/questionsdecommunication/273

    Spécialiste des technologies de l’information et docteur en science politique, David Forest propose un ouvrage qui s’inscrit dans l’actualité politique et numérique. Test adn, biométrie, puces rfid, vidéosurveillance, fichiers de police, géolocalisation sont autant d’exemples permettant de décrire les caractéristiques de ce que l’auteur appelle « la société de surveillance » (p. 3). Inévitablement, la lecture de cet ouvrage suscite une prise de conscience vis-à-vis d’une société obsédée par le contrôle et qui n’a de cesse de développer des dispositifs de surveillance tout en maintenant soigneusement le verrouillage du débat public, et en accordant implicitement une confiance inquiétante aux systèmes d’information. On y découvre les aspects les plus sombres du paradigme « techno-sécuritaire » qui s’étend via la globalisation numérique, au détriment d’un anonymat devenu obsolète et communément considéré comme illégitime, voire illicite (p. 14). La société de surveillance y est souvent décrite « comme l’envers diabolique d’une société de l’information » (p. 3) qui, pour justifier son existence, « évoque une menace omniprésente, tout à la fois proche et lointaine, impalpable et incarnée dans la panoplie jamais exhaustive d’un attirail sécuritaire sans cesse perfectionné » (p. 3).

  • C’est les Oscar ! L’armée du shitshole country est trop trop fière de son « partenariat » avec son industrie du cinéma :
    https://twitter.com/deptofdefense/status/970461390283587585

    It’s #Oscars90 Sunday and did you know the #DoD works with #Hollywood to ensure the #military is correctly portrayed in films? Find out how these partnerships work:
    https://go.usa.gov/xneSX .

    (Insérer ici une remarque acide sur ces horribles médias contrôlés par le régime russe qui imposent leur propagande au monde entier.)