• #Andrea_Dworkin parle de la liberté d’expression, de l’hétérosexualité, des productions « érotiques » et de son travail d’écriture

    https://tradfem.wordpress.com/2018/03/11/andrea-dworkin-parle-de-la-liberte-dexpression-de-lheterosexualit

    Elisabeth Braeman : Le thème principal de Letters from a War Zone – Writings 1976-1989 est que les femmes n’ont pas de liberté d’expression. Que voulez-vous dire exactement par là ?

    Andrea Dworkin : Eh bien, je pense que ce qui nous empêche de prendre la parole fonctionne à plusieurs niveaux. Il y a le niveau superficiel qui concerne ce qu’il nous faut afficher pour accéder aux médias grand public ; il s’agit d’une conformité complète et totale, pas seulement au plan stylistique, mais en termes de contenu. Vous devez dire ce qui correspond à leur représentation du monde, à ce qu’ils veulent entendre. Si vous ne le faites pas, vous ne pourrez pas publier ; on vous rendra la vie impossible. Cela est vrai partout, pour n’importe quelle personne politique. Mais cela fonctionne d’une manière beaucoup plus impitoyable pour les féministes parce que les hommes considèrent l’analyse féministe comme une contestation sexuelle et l’éprouvent de cette façon : ils ont donc une réaction viscérale et vengeresse envers les formes d’« expression » qu’ils détestent. Ils vivent, selon moi, beaucoup d’écrits féministes radicaux comme s’il s’agissait d’une véritable agression sexuelle à leur endroit ; et comme la plupart d’entre eux ne savent pas ce qu’est une agression sexuelle, ils ont le privilège de réagir de façon aussi exagérée.

    Ensuite, à un niveau plus profond, l’une des choses que j’ai apprises au cours des quinze dernières années, c’est à quel point les femmes sont réduites au silence par des agressions sexuelles. La simple expérience d’être agressée, que ce soit en tant qu’enfant ou en tant qu’adulte, a un impact incroyable sur toute votre façon de percevoir le monde qui vous entoure, de sorte que ou bien vous ne pensez pas pouvoir parler parce que vous avez peur des représailles, ou bien vous n’avez pas suffisamment confiance en votre expérience de la réalité pour oser parler – cela arrive à beaucoup de victimes d’inceste. Ou on vous empêche physiquement de parler – les femmes battues par leur conjoint n’ont aucune liberté de parole. Donc, cela fonctionne à ce niveau.

    Traduction : #Tradfem
    Version originale : https://rancom.wordpress.com/2011/12/30/andrea-dworkin-interview


    #féminisme_radical #activisme #mobilisations #écriture #pornographie #violences_masculines