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  • « L’adoption de la loi Duplomb constitue un moment de rupture démocratique inédit »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/07/13/l-adoption-de-la-loi-duplomb-constitue-un-moment-de-rupture-democratique-ine

    Sans cheveux ni sourcils, le visage émacié, encore marqué par l’épreuve de la maladie et de son traitement, une femme assistait de l’un des balcons du Palais-Bourbon, mardi 8 juillet, au vote solennel de la proposition de loi du sénateur Laurent Duplomb (Les Républicains, Haute-Loire), « visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur ». Fleur Breteau, la quarantaine, fondatrice du collectif Cancer Colère, était invitée par des élus de gauche à assister au vote, aux côtés d’autres membres de la société civile. A l’adoption du texte, par les députés de l’arc bleu-brun et leurs supplétifs du parti présidentiel, sous les applaudissements victorieux, Fleur Breteau a crié : « Vous êtes les alliés du cancer et nous le ferons savoir ! »

    En réponse, ainsi que l’ont rapporté des journalistes présents, des rires ont traversé l’Hémicycle. Voici ce qu’une majorité de la représentation nationale avait à opposer, ce jour-là, au désarroi et à l’indignation de cette jeune femme et, à travers elle, à l’inquiétude de la société civile et de l’ensemble des communautés scientifiques concernées : une hilarité désinvolte, un cynisme méprisant, un virilisme de vestiaire.

    Le cri de Fleur Breteau ne se comprend pas si l’on se contente de dire pour quoi les députés ont voté. Il faut surtout expliquer contre qui ils ont voté. Ils ont, bien sûr, voté contre tout ce que la France compte d’associations de défense de l’environnement, mais ce n’est pas très étonnant. Ils ont surtout voté contre vingt-deux sociétés savantes médicales, contre la Ligue contre le #cancer, contre les administrateurs et les personnels de l’Agence nationale de sécurité sanitaire, contre le troisième syndicat agricole de France, contre la Fondation pour la recherche médicale, contre vingt mutuelles, groupes mutualistes ainsi que la Fédération des mutuelles de France, représentant plusieurs millions d’assurés, contre le Conseil scientifique du CNRS, contre la Fédération des régies d’#eau potable, contre des centaines de médecins et de chercheurs qui ont signé intuitu personae des tribunes et des lettres ouvertes.

    [...]

    Les faits ont été considérés comme accessoires, la réalité du monde physique soluble dans les intérêts particuliers d’une petite minorité d’exploitants. Aucun débat n’a ainsi été possible, ni à l’extérieur ni à l’intérieur de l’Hémicycle. Au reste, que répondre à Laurent Duplomb lorsqu’il prétend que les haies s’étendent, alors que le rythme de leur disparition (plus de 23 000 kilomètres par an) a doublé depuis 2017 ? Que répondre lorsqu’il assure que le changement climatique est plutôt bénéfique pour sa région ?

    https://archive.ph/boriq

    la privatisation de la politique est d’« intérêt général public majeur »

    #agriculture #FNSEA #écologie #pesticides #megabassines #élevages_hors-sol #loi_Duplomb

  • « Les événements climatiques extrêmes ne sont plus des risques marginaux, et le secteur bancaire tarde à en prendre la mesure »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/07/07/les-evenements-climatiques-extremes-ne-sont-plus-des-risques-marginaux-et-le

    Depuis plusieurs années, les compagnies d’assurances alertent : les événements climatiques extrêmes ne sont plus des risques marginaux, mais Ils constituent désormais une donnée structurelle, incontournable, aux impacts systémiques. La hausse continue des sinistres – inondations, incendies, tempêtes – pousse certaines à réduire ou à cesser leurs activités dans les zones les plus vulnérables, comme la Californie ou la Floride. Le secteur bancaire, lui, tarde à prendre la pleine mesure de ce basculement. Si les assureurs encaissent les chocs, les banques pourraient en propager les effets.

  • La pauvreté et les inégalités au plus haut depuis trente ans
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2025/07/07/la-pauvrete-et-les-inegalites-au-plus-haut-depuis-trente-ans_6619650_3224.ht


    L’entrée du centre d’accueil de jour et de mise à l’abri du Secours islamique France, à Massy (Essone), le 4 juillet 2025. SAMUEL GRATACAP POUR « LE MONDE »

    L’Insee a publié, lundi 7 juillet, ses données pour l’année 2023 : le taux de pauvreté atteint 15,4 %, son plus haut niveau depuis le début du décompte en 1996. L’écart entre les 20 % plus riches et les 20 % plus pauvres s’est creusé, proche de celui du début des années 1970.

    Six cent cinquante mille personnes ont basculé dans la pauvreté en l’espace d’une année (...)

    Comment expliquer ces constats ? « Le niveau de vie, soutenu par une conjoncture favorable de l’emploi, a augmenté plus vite que l’inflation, sauf pour les plus modestes », résume M. Duée. Le niveau de vie médian a atteint 2 150 euros mensuels pour une personne seule, une hausse plus forte (5,9 %), que l’inflation ( + 4,9 % en moyenne annuelle), soit une augmentation en euros constants de 0,9 %. Mais les évolutions à chaque extrémité du spectre des revenus ont été très différentes : le niveau de vie des 10 % les plus riches a progressé de 2,1 % en euros constants, « porté par les rendements des produits financiers », souligne M. Duée. Tandis que les 30 % d’habitants les plus modestes ont connu une baisse de leur niveau de vie, particulièrement marquée pour les 10 % les plus pauvres (− 0,9 % en euros constants).

    https://archive.ph/AyYnT

    edit Alternatives économiques https://archive.ph/6uMTR

    #pauvreté #taux_de_pauvreté #inflation

  • « Peut-on être “allié” des Etats-Unis sur le plan militaire et ennemi dans une guerre idéologique et économique ? »
    https://archive.ph/2025.07.07-112416/https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/07/07/peut-on-etre-allie-des-etats-unis-sur-le-plan-militaire-et-ennemi-dans-une-g

    Ainsi l’effort financier des Européens profite-t-il pour une grande part aux « Big Five », Lockheed Martin, RTX, General Dynamics, Boeing et Northrop Grumman.

  • Écrans éducatifs et sciences cognitives : comment la big tech investit l’école
    https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/secrets-d-info/secrets-d-info-du-samedi-14-juin-2025-7569333

    Alors que, selon de nombreux experts, les #écrans constituent un problème de santé publique majeur, l’industrie du numérique bénéficie de subventions publiques importantes et développe des partenariats avec la recherche pour faire rentrer les écrans à l’#école.

    #grégoire_borst #franck_ramus #csen #Microsoft #start-up #numérique #enfants #sciences_cognitives

    • Christophe Cailleaux et Amélie Hart, enseignants : « Le ministère de l’éducation nationale s’émeut de la “catastrophe” du numérique tout en l’entretenant »
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/07/02/christophe-cailleaux-et-amelie-hart-enseignants-le-ministere-de-l-education-

      Dès les premiers mois de son ministère, [Blanquer] annonce une interdiction des téléphones portables à l’école et au collège, afin de « protéger [les] élèves de la dispersion occasionnée par les écrans et les téléphones » – de fait, l’usage des téléphones portables n’est pas interdit, mais encadré. Quelques mois plus tard, il crée, au sein du ministère, le 110 bis, un « lab » conçu pour que des marchands d’écrans viennent faire la démonstration de leurs outils numériques. Il annoncera par la suite que l’« éducation de demain » se fera avec des robots et des casques de réalité virtuelle.

      Depuis, cette communication contradictoire n’a jamais cessé, qu’elle s’adresse aux personnels, aux élèves ou aux familles. Gabriel Attal, en janvier 2024, s’émeut de la « catastrophe éducative et sanitaire en puissance » des écrans, tout en ayant annoncé, un mois plus tôt, la généralisation des #IA dans la scolarité. Plus récemment, Elisabeth Borne appelle à « se déconnecter des espaces numériques de travail [ENT] et de Pronote, en veillant à ce que, sur une période qui, à défaut serait 20 heures-7 heures, il n’y ait plus d’actualisation ».

      Or, qui, depuis au moins le plan Informatique pour tous, de Laurent Fabius, en 1985, a organisé d’en haut la numérisation ? Qui a imposé le passage obligatoire par des logiciels pour gérer absences, emplois du temps, cahiers de textes, notes, communication entre école et famille ? Qui a rendu le système scolaire et tous ses acteurs dépendants d’outils comme Pronote ? C’est précisément l’institution qui feint aujourd’hui de vouloir une « pause numérique ».

      #edtech

  • « La fusion idéologique entre la droite américaine et le monde des médias ne commence pas avec Donald Trump, mais il l’a accélérée »

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/07/03/la-fusion-ideologique-entre-la-droite-americaine-et-le-monde-des-medias-ne-c

    Dans une tribune au « Monde », l’universitaire Marlène Laruelle explique comment, depuis les radios des années Reagan jusqu’aux algorithmes d’aujourd’hui, la droite radicale a méthodiquement développé un écosystème médiatique diversifié.

    • Tout ne commence pas avec l’arrivée sur la scène politique de Donald Trump, loin de là. La conquête médiatique de la droite trouve ses racines dans la #radio : dans les années 1970-1980, la bande AM, alors largement sous-utilisée et peu soumise à des restrictions de contenu, devient la plateforme d’expression préférée des conservateurs américains.

      L’incarnation en sera Rush #Limbaugh et son Rush Limbaugh Show, à la longévité impressionnante : lancé en 1984, le talk-show continua jusqu’au décès de son hôte, en 2021. Ces émissions sont un succès d’audience qui contribueront à la victoire de Ronald Reagan en 1980 et 1984, puis à celle de George W. Bush en 2000 et 2004 – ce à quoi il faut ajouter, à la même époque, l’explosion de la mode des #télévangélistes [prédicateur qui anime des émissions religieuses à la télévision], qui dominent bon nombre de chaînes de radio et de télévision locales.

      C’est aussi durant cette période que Ronald Reagan, en 1985, offre la citoyenneté américaine au magnat Rupert #Murdoch, d’origine australienne, afin qu’il puisse accéder au marché médiatique américain, avec pour mission de le faire passer à droite. Le milliardaire reproduit aux Etats-Unis ses méthodes à succès, déjà appliquées en Australie et au Royaume-Uni. Il lance en 1996 #Fox News, qui va révolutionner la droite américaine et ses méthodes de communication.

    • Ce triomphe médiatique de la droite américaine repose sur deux principes stratégiques essentiels. Elle a d’abord pensé les médias comme un écosystème complet. Ces podcasts sont présents sur toutes les plateformes (YouTube, Rumble, Twitch, Kick, Spotify, Facebook, Instagram, TikTok) et sous tous les formats (visuel, audio, écrit, versions longues ou courtes, pour lecteurs cultivés ou pour lecteurs peu politisés, etc.).

      Les versions modérées pour le grand public, comme Fox News, sont complétées par des sous-écosystèmes plus radicaux, par exemple sur Rumble, le concurrent de YouTube, largement financé par le magnat Peter Thiel, qui n’a que peu de restrictions de contenu, ou One America News, plus ouvertement à l’extrême droite.

      Ensuite, l’idéologie passe avant tout par la culture : par-delà les podcasts ouvertement politiques, la droite américaine a su s’associer à des figures venues de cette sphère et tire parti des jeunes générations de créateurs et d’influenceurs. Les podcasts humoristiques, culturels, sportifs, centrés sur les tendances et les modes de vie, sont ceux qui gagnent les plus grandes audiences et peuvent constituer de formidables vecteurs politiques, comme le montre la mode des « trad wifes » – ces influenceuses défendant une féminité « traditionnelle ».

      The Daily Wire, cocréé par Ben Shapiro, est, quant à lui, devenu une holding produisant des films et du contenu pour enfants – le tout grâce aux subsides et financements des frères Dan and Farris Wilks, qui ont fait fortune dans la fracturation hydraulique au Texas. A cela s’ajoute encore le phénomène « Godlywood » : ces productions cinématographiques et en streaming chrétiennes évangéliques connaissent une forte croissance. La droite américaine a lu et applique la théorie du marxiste Antonio Gramsci (1891-1937) : la culture est devenue le centre de la bataille politique.

  • Sebastian Roché, politiste : « L’idée d’une violence croissante de la rue à laquelle les policiers ne feraient que répondre est un leurre »

    Coauteur d’une étude consacrée aux manifestations contre les retraites de 2010 et de 2023, le directeur de recherche au CNRS observe qu’une « escalade de la violence » s’est produite du côté des forces de l’ordre. Il en rend compte dans un entretien au « Monde ».

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/06/30/sebastian-roche-politiste-l-idee-d-une-violence-croissante-de-la-rue-a-laque

    #violences-policières #france #répression-policière

  • « L’offensive de Donald Trump contre le droit du sol sert à asseoir son autorité en mettant en question la citoyenneté de tous les Américains »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/06/27/l-offensive-de-donald-trump-contre-le-droit-du-sol-sert-a-asseoir-son-autori

    « L’offensive de Donald Trump contre le droit du sol sert à asseoir son autorité en mettant en question la citoyenneté de tous les Américains »
    Tribune Amanda Frost
    « Le droit du sol. Celui-là, il est important », a commenté Donald Trump en signant un décret visant à supprimer le droit du sol aux Etats-Unis. Sur ce point, au moins, tous les Américains peuvent se mettre d’accord. Si le droit du sol a déjà été remis en cause maintes fois depuis que la nation américaine existe, les motivations du président pour le faire sont inédites. Par le passé, l’objectif principal était d’exclure et d’expulser les immigrés défavorisés. Aujourd’hui, le gouvernement instrumentalise ce droit non seulement pour chasser ceux qu’il considère indésirables, mais aussi pour contrôler ceux qui restent.
    En 2025, les Etats-Unis font partie de la trentaine de pays qui accordent automatiquement leur nationalité à presque tous les enfants nés sur leur territoire. Certains pays d’Europe n’ont jamais adopté le droit du sol, ou l’ont abandonné au cours des dernières décennies. L’administration Trump souhaite ajouter les Etats-Unis à cette longue liste. Toutefois, le droit du sol est une composante essentielle de l’identité américaine. Par de nombreux aspects, son histoire est l’histoire de l’Amérique.
    Déjà, au moment de leur fondation, la question de la citoyenneté tiraille les Etats-Unis – un sujet sensible dans un pays composé de tribus autochtones, d’immigrés originaires de l’Europe, ainsi que de leurs descendants, et, pour 20 %, de populations réduites en esclavage. Dans un arrêt tristement célèbre rendu en 1857 dans l’affaire Dred Scott v. Sandford, la Cour suprême statuait ainsi qu’aucune personne noire, qu’elle soit esclave ou libre, ne pourrait jamais être citoyenne des Etats-Unis. Cette décision contribua à précipiter la guerre de Sécession. A la fin de celle-ci, l’esclavage fut aboli, mais savoir qui pouvait prétendre à la nationalité américaine restait encore à déterminer.
    En 1868, l’arrêt Dred Scott fut annulé et avec lui le système de castes qu’il avait créé par la ratification du 14e amendement de la Constitution, dont la première phrase dispose : « Toute personne née ou naturalisée aux Etats-Unis, et soumise à leur juridiction, est citoyenne des Etats-Unis et de l’Etat dans lequel elle réside. »
    Cet amendement accorda le droit du sol à tout un chacun, y compris aux anciens esclaves et aux enfants d’immigrés. Quelques catégories discrètes « ne relevant pas de la juridiction » des Etats-Unis en raison de leur situation juridique, par exemple les enfants de diplomates ou les personnes nées membres de tribus autochtones, constituèrent les seules exceptions à cette nouvelle disposition. Le sénateur Jacob Howard, à l’origine de cette formulation, estimait ainsi avoir « réglé la grande question de la nationalité et ôté tout doute quant aux personnes qui sont citoyennes des Etats-Unis et celles qui ne le sont pas ».
    Il s’était cependant un peu trop avancé. La nation a depuis sans cesse débattu pour déterminer qui pouvait prétendre être américain de naissance. A la fin du XIXe siècle, le gouvernement a contesté en vain la citoyenneté des enfants d’immigrés chinois. Pendant la seconde guerre mondiale, les Etats-Unis ont emprisonné les enfants d’Américains d’origine japonaise, en invoquant une loyauté partagée entre les deux camps – avant de leur présenter des excuses pour le préjudice subi plusieurs décennies après. Tout au long du XXe siècle, le Congrès a proposé des lois et des modifications de la Constitution visant à mettre fin au droit du sol universel, sans qu’aucune soit adoptée.
    Donald Trump a remis ce sinistre débat au goût du jour. Son décret priverait de citoyenneté les enfants d’immigrés sans papiers ou dont le statut légal est temporaire, y compris ceux travaillant depuis plusieurs années aux Etats-Unis ou détenteurs d’un visa étudiant. Le gouvernement affirme que ces groupes de population manquent de « loyauté » envers les Etats-Unis et que leurs enfants sont donc concernés par l’exception du 14e amendement pour les personnes qui ne sont pas « soumises » à leur « juridiction ». Il ferait ainsi porter les fautes des parents à leurs enfants, en considérant que les enfants de personnes ayant enfreint la loi ne méritent pas la nationalité américaine. Ce sont les mêmes arguments – souvent avec les mêmes mots – que ceux qu’a utilisés le gouvernement sans succès au XIXe siècle. L’objectif, comme à l’époque, est d’expulser et d’exclure les enfants des immigrés défavorisés.
    Toutefois, l’offensive de Donald Trump contre le droit du sol sert également un nouveau dessein : asseoir son autorité en remettant en question la citoyenneté de tous les Américains. Jusqu’à présent, la justice a bloqué l’application de son décret. S’il devait entrer en vigueur, toute personne vivant aux Etats-Unis aurait à prouver son ascendance avant de pouvoir transmettre sa nationalité à ses enfants, si le gouvernement le lui demande. Les infractions à la législation en matière d’immigration commises par un lointain ancêtre pourraient faire de tous ses descendants des « étrangers en situation irrégulière » soumis aux politiques migratoires du gouvernement. Or, pour de nombreuses familles, ne serait-ce que se procurer les documents prouvant leur ascendance auprès de l’administration serait incroyablement compliqué.
    C’est précisément ce que cherche le gouvernement Trump. Dès les premiers mois de son mandat, le président a brandi la législation sur l’immigration comme une menace : il a fait arrêter et détenir des étudiants étrangers pour le simple exercice de leur droit à la liberté d’expression et de manifestation protégé par la Constitution, expulsé des ressortissants vénézuéliens portant des tatouages « suspects » et puni l’université Harvard en interdisant à ses étudiants étrangers d’entrer sur le territoire des Etats-Unis. Le résultat, prévisible, a été d’instiller la peur parmi les personnes immigrées, leurs familles et les institutions (établissements scolaires, lieux de travail…) qui dépendent d’elles.
    Si Donald Trump parvient à précariser la citoyenneté de tous les Américains en mettant fin au droit du sol, son administration pourrait exercer un contrôle accru sur la population. Dans un monde où le président définit la citoyenneté, les Américains n’ont pas plus de droits que les sans-papiers – c’est-à-dire presque aucun.

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#politiquemigratoire#droitdusol#expulsion#citoyennete#droit#sante

  • Migrations : « La seule manière de construire des politiques publiques justes et efficaces est de s’appuyer sur la recherche »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/06/26/migrations-la-seule-maniere-de-construire-des-politiques-publiques-justes-et

    Migrations : « La seule manière de construire des politiques publiques justes et efficaces est de s’appuyer sur la recherche »
    Marie-Caroline Saglio-Yatzimirsky Anthropologue
    « Choose Europe for Science » : au moment où Donald Trump s’attaque à la recherche et à l’université, l’appel lancé début mai par le président Emmanuel Macron, à la Sorbonne, semble clair. Face aux défis démocratiques, économiques, climatiques et démographiques, l’Europe et la France doivent accueillir une recherche d’excellence internationale, y compris venue des Etats-Unis. D’ailleurs, les chefs d’entreprise, présents lors de cet événement, ont bien saisi l’intérêt de cet appel et témoigné de l’importance stratégique de la recherche, d’où qu’elle vienne.
    Car face à un taux de natalité historiquement bas, un PIB [produit intérieur brut] par habitant qui décroche par rapport à celui des Etats-Unis et une exposition particulièrement forte aux conséquences du changement climatique, l’Europe doit réagir, avec l’appui du monde de la recherche. L’annonce d’une enveloppe de 100 millions d’euros pour attirer les talents venus des Etats-Unis soulève toutefois bien des questions, structurantes et de plus long terme.
    D’abord parce qu’elle intervient juste après l’annonce de la baisse de près de 1 milliard d’euros du budget consacré à l’enseignement supérieur et de la recherche en France, dont 100 millions pour le seul CNRS. Dans un contexte où l’Etat se désengage du financement de la recherche indépendante sur des sujets cruciaux, parmi lesquels celui des migrations, comment l’initiative d’attirer des chercheurs américains – aujourd’hui eux-mêmes entravés dans leur pays – pourrait-elle être perçue comme autre chose qu’un geste politique ? Plutôt que de multiplier les annonces, il est urgent d’accorder à la recherche sur les migrations les moyens réels dont elle a besoin pour éclairer nos choix collectifs et renforcer notre avenir démocratique.
    Ensuite, parce qu’elle interroge sur l’attractivité de notre pays pour les étrangers, et sur notre capacité à les faire participer à la création de richesse. Car, quoi qu’en disent certains, la France n’est pas – ou n’est plus – le pays dont rêvent les migrants. N’oublions pas que l’une des forces des Etats-Unis, avant la présidence Trump, a été d’attirer les talents du monde entier. C’est une dynamique que la France peine à reproduire.
    Comment attirer les chercheurs internationaux, qu’ils viennent des Etats-Unis ou du Sud global, si nous ne leur offrons pas des conditions de travail dignes ? Et comment valoriser ces talents si nous ne savons pas retenir les étudiants étrangers que nous formons dans notre pays ? En outre, s’il faut savoir attirer la recherche, il faut également continuer à la protéger. On le sait, la menace qui pèse sur les scientifiques s’étend dans de nombreux pays, et, en ce sens, les programmes Pause d’accueil des chercheurs et artistes en danger et Universités en exil [Uxil campus Condorcet] devraient être renforcés.
    Les migrations sont au cœur des grandes mutations de nos sociétés. Qu’elles soient qualifiées ou non, elles contribuent au maintien de notre modèle social, à l’innovation et à notre compétitivité économique. Trop souvent réduites à des slogans politiques ou à des instruments de clivage électoral, elles mériteraient d’être abordées avec rigueur et lucidité. C’est pourquoi il est urgent de s’appuyer, comme le font d’autres pays en Europe, sur une recherche rigoureuse, qui donnera au législateur et aux dirigeants politiques les clés pour mieux appréhender les migrations et leurs conséquences.
    Car la seule manière de construire des politiques publiques justes et efficaces, c’est de s’appuyer sur des données solides, des enquêtes rigoureuses, des analyses étayées. Ce qui suppose un soutien fort à une recherche indépendante, capable de nourrir le débat démocratique et d’éclairer les décisions économiques.
    Alors que l’Institut Convergences Migrations, un consortium rassemblant huit grandes institutions françaises (CNRS, Inserm, INED, IRD, université Paris-I, EHESS, Collège de France, EPHE), accueille, début juillet, un millier de chercheurs internationaux (réseau International Migration Research Network, Imiscoe) sur le campus Condorcet, un constat s’impose : les travaux de nos économistes, démographes, géographes, historiens, épidémiologistes, cliniciens, sociologues et politistes sur les mobilités, le travail, l’accès aux droits, la santé, les politiques linguistiques ou encore la naturalisation, sont indispensables pour comprendre les transformations actuelles de nos sociétés.
    En tant que chercheurs travaillant sur les questions migratoires, nous avons fait un choix de responsabilité : refuser que la recherche devienne un outil politique. Les migrations, lorsqu’elles sont bien comprises et bien accompagnées, sont un levier de développement, d’innovation et de vivre-ensemble. Alors, donnons à la science la faculté d’explorer, d’analyser, d’éclairer. N’était-ce pas, au fond, monsieur le Président, le message de votre discours à la Sorbonne ?

    #Covid-19#migrant#migration#france#recherche#politiquemigratoire#sante#droit

  • « Le livre de Nicolas Demorand sur sa bipolarité est un plaidoyer pour la psychiatrie publique », Laure Westphal (Psychologue)
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/06/24/le-livre-de-nicolas-demorand-sur-sa-bipolarite-est-un-plaidoyer-pour-la-psyc

    (...) Environ 20 % des patients bipolaires non traités décéderaient par suicide. L’espérance de vie de personnes souffrant d’affections psychiques serait réduite de 15 ans par rapport aux autres. Ainsi « soigner les patients sans soigner l’hôpital [reste] de la folie », pour paraphraser [le psychiatre et psychanalyste] Jean Oury (1924-2014).

    Pour établir un diagnostic et prescrire, il faut être formé. Des internes apprennent désormais leur métier « sur le tas », dans des services en sous-effectif, accablés de charges administratives. Découragés de s’y épanouir, les médecins et les infirmiers se détournent du secteur psychiatrique.

    (...) En France, des durées d’hospitalisation écourtées et des déserts psychiatriques laissent des malades en état d’incurie seuls chez eux, dans la rue, ou dans des familles démunies.

    En 40 ans, 60 % des lits ont été fermés. Le virage ambulatoire s’est fait avec des moyens réduits. Les listes d’attente y sont au mieux de plusieurs mois, les entretiens écourtés et espacés. En libéral, les généralistes sont trop consultés pour des pathologies psychiatriques. De manière similaire, le dispositif Mon soutien psy est inapte à traiter des patients aux affections graves, nécessitant mieux que des prises en charge multiples chez des professionnels sursollicités et peu concertés.

    https://archive.ph/wZ0u5

    #psychiatrie #secteur #hôpital #ambulatoire

  • En direct, Iran-Israël : Israël annonce avoir accepté la proposition américaine de « cessez-le-feu bilatéral » avec l’Iran
    https://www.lemonde.fr/international/live/2025/06/24/en-direct-iran-israel-trump-assure-avoir-obtenu-un-cessez-le-feu-total-des-t

    « Israël remercie le président [Donald] Trump et les Etats-Unis pour leur soutien en matière de défense et leur participation à l’élimination de la menace nucléaire iranienne », peut-on lire dans le communiqué du gouvernement cité par le journal israélien Haaretz. « A la lumière de la réalisation des objectifs de l’opération, et en pleine coordination avec le président Trump, Israël a accepté la proposition du président pour un cessez-le-feu bilatéral. »

    Dans ce communiqué, le gouvernement israélien annonce avoir atteint « tous les objectifs » de sa guerre avec l’Iran. « Israël a éliminé la double menace existentielle : nucléaire et balistique », mais « réagira avec force à toute violation du cessez-le-feu », ajoute le texte, publié peu après l’annonce par Donald Trump de l’entrée en vigueur de ce cessez-le-feu.

    On devrait donc en savoir un peu plus sur l’étendue des dégâts en Israël (et en Iran). Avec l’ouverture de l’aéroport Ben Gourion, on aura un bon indicateur de l’état d’esprit général

  • V2 sur mes souvenirs
    https://www.youtube.com/watch?v=4eIwS0_mCvk

    Les Etats-Unis déploient des bombardiers B-2
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/06/21/les-etats-unis-deploient-des-bombardiers-b-2-donald-trump-reunit-un-conseil-

    #fête_de_la_musique

    edit

    Frappes des Etats-Unis visant trois sites nucléaires
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/06/22/iran-ce-qu-il-faut-savoir-sur-les-frappes-des-etats-unis-visant-trois-sites-

    « Rappelez-vous qu’il reste de nombreuses cibles, celle de ce soir était de loin la plus difficile de toutes (…). Mais si la paix n’est pas rapidement atteinte, nous viserons ces autres cibles avec précision, rapidité et compétence. (...) God bless the Middle east »

    Fordo n’est pas Berlin
    https://seenthis.net/messages/1122410

    • "God bless Middle East"

      Foucauld Giuliani, philosophe : « Trump substitue à Dieu “son” propre dieu, un dieu qui appelle à la guerre et la soutient »
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/06/23/foucauld-giuliani-philosophe-trump-substitue-a-dieu-son-propre-dieu-un-dieu-

      « Je tiens à remercier tout le monde et, en particulier, Dieu, je tiens à dire que nous t’aimons, Dieu, et que nous aimons notre formidable armée. Protégez-les. Que Dieu bénisse le Moyen-Orient. Que Dieu bénisse Israël et que Dieu bénisse l’Amérique. »

      [...]

      Trump essaye ici d’embarquer « tout le monde » – « Dieu » compris – dans son entreprise guerrière. Chacun étant remercié pour cette dernière, chacun se sent concerné et compromis avec elle. Universalisation factice de l’acte de guerre et de sa responsabilité, feinte de l’unanimité politico-militaire. Le pouvoir aime le langage de l’unité. Ainsi peut-il donner l’illusion d’être l’expression de la société dans sa totalité. Cela renforce également sa légitimité : s’il parle au nom de tous, sa force s’enrichit symboliquement de la force de tous.

      #Dieu #blasphème #idolâtrie

      https://archive.ph/EVcvQ

  • MaPrimeRénov’ : anatomie d’un pillage de l’Etat | Les Echos
    https://www.lesechos.fr/industrie-services/immobilier-btp/maprimerenov-anatomie-dun-pillage-detat-2171415

    Quand tu veux faire appel à l’IA pour surveiller et contrôler la population tu n’as qu’à mettre en place un dispositif foireux d’aides publics et dire ensuite qu’il y a de la fraude.

    Le sujet des données suppose toutefois de trouver une solution compatible avec le RGPD, le règlement général de protection des données. Enfin, comme pour la chasse à la fraude fiscale, les espoirs se tournent vers l’IA, qui permettra de détecter beaucoup plus facilement les incohérences dans les demandes de subventions.

    « La suspension prévue cet été va en tout cas nous permettre d’assainir le secteur », assure Martin Lagane, de l’Anah. Pour rendre les rénovations d’ampleur moins alléchantes pour les fraudeurs et éviter un afflux de dossiers, l’exécutif prévoit par ailleurs de revoir les conditions de l’aide.

    Ma propre expérience de matrucrenov aura duré 6 mois pour cette bouffonnerie de prime rénov me menant à un architecte qui m’a tout simplement conseillé d’hypothéquer. Mais si tu suffisamment de fric, que tu aimes les travaux mal faits parce que personne n’est formé, nourrir les assurances qui font les décennales de ces mêmes personnes non formées, le PVC sur les fenêtres, le plastique sous le toit, fonce.

    • On a quand même rétabli de quoi faire tourner le BTP, ouf !

      [Un lobbying perdant] « Le gouvernement porte préjudice aux structures de terrain qui œuvrent en faveur d’une rénovation énergétique performante accessible à tous », Delphine Mugnier (Experte de la transition énergétique )

      https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/06/18/le-gouvernement-porte-prejudice-aux-structures-de-terrain-qui-uvrent-en-fave

      Après une suspension du dispositif #MaPrimeRénov’ en raison d’un encombrement de la demande et d’une multiplication des fraudes, le gouvernement vient d’annoncer une réouverture du dispositif uniquement pour les travaux en monogeste. Ce redémarrage partiel excluant les rénovations énergétiques globales, pourtant seul levier réellement efficace pour améliorer la performance énergétique des logements, est un abandon des ménages en situation de précarité énergétique et des objectifs environnementaux.

      Contrairement aux gestes isolés, les rénovations performantes, traitant plusieurs postes en une seule intervention coordonnée, permettent des économies d’énergie durables, allégeant les factures énergétiques des ménages sur le long terme, d’améliorer significativement le confort thermique, en hiver comme en été, et la valeur des logements, ainsi que de réduire massivement les émissions de gaz à effet de serre, ce qui est indispensable pour respecter les objectifs de la stratégie nationale bas-carbone.

      https://archive.ph/Xm06E

      Derrière la pause de MaPrimeRénov’, un coup d’arrêt à la rénovation énergétique, observe finement la préposée du journal
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/06/17/derriere-la-pause-de-maprimerenov-un-coup-d-arret-a-la-renovation-energetiqu
      https://archive.ph/pdZz4

      MaPrimeRénov’ : « Le manque, et non les excès, de moyens humains de contrôle est à l’origine de la hausse des délais et des fraudes »
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/06/16/maprimerenov-le-manque-et-non-les-exces-de-moyens-humains-de-controle-est-a-

      L’annonce de la suspension de MaPrimeRénov’ est un nouvel épisode de ce retournement des responsabilités : l’excès de bureaucratie et de normes est souvent mis en avant pour expliquer les trop longs délais d’instruction et la multiplication des dossiers frauduleux, qui seraient à l’origine de cette suspension. Or, c’est à l’inverse le déficit de moyens humains pour instruire ces aides, combiné au choix d’une libéralisation de l’accompagnement des ménages, qui explique cet engorgement.

      En effet, de nouvelles aides ont été mises en place, début 2024, pour multiplier rapidement par trois à quatre les rénovations d’ampleur de maisons. La dynamique prévue par les expériences locales ayant proposé des aides renforcées similaires est au rendez-vous, mais les moyens humains pour instruire ces projets de travaux supplémentaires n’ont étrangement pas été engagés par l’Etat.

      De plus, le choix d’ouvrir l’accompagnement des ménages pour ces travaux complexes à des structures qui ne sont pas déjà partenaires de l’Etat et des collectivités locales a, sans surprise, attiré de nombreux fraudeurs. Car, sans contrôle indépendant des entreprises de travaux, les fraudes augmentent d’autant plus que les taux de subventions sont élevés, comme observé lors des débuts du photovoltaïque, et plus récemment avec les combles et chaudières « à 1 euro » ou, à une autre échelle, avec le Superbonus italien. Cette multiplication des dossiers frauduleux nécessitant des contrôles plus approfondis avant d’engager les subventions, les délais d’instruction s’étendent encore davantage.

      https://archive.ph/qFR44

      #BTP #écologie_capitaliste #logement

    • MaPrimeRénov’ : comment l’Etat a fragilisé le dispositif en changeant les règles et en réduisant son budget
      https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/06/25/maprimerenov-comment-l-etat-a-fragilise-le-dispositif-en-changeant-les-regle


      https://archive.ph/MBqGS

      En 2025, un nouveau type de fraude voit le jour. Elle s’est développée à l’occasion d’une réforme des aides, qui oblige les candidats à la rénovation globale à avoir recours à un tiers de confiance, appelé « Mon accompagnateur Rénov’ » (MAR). Parmi les 1 600 MAR agréés par l’Etat, une centaine de ces structures sont aujourd’hui suspectées d’avoir déposé 16 000 dossiers douteux (devis survitaminés, usurpations d’identité, audits énergétiques manipulés, collusions avec des entreprises de travaux).

      Ces arguments pour justifier la suspension de MaPrimeRénov’ peinent toutefois à convaincre. « La fraude, c’est le sujet qu’on nous ressert tout le temps pour tuer le dispositif, s’agace un proche du gouvernement. La vérité est qu’on a fermé le guichet MaPrimeRénov’ pour des raisons budgétaires. » De fait, le ministère du logement n’avait pas demandé la mise sur pause de la machine à rénover les logements. Il a été mis devant le fait accompli par Bercy, qui, obnubilé par l’atteinte des objectifs de réduction du déficit public, a repris la main sur un programme jugé trop coûteux.

      [...]

      Dans un premier temps, le budget suit. La rénovation globale est encouragée et Mon accompagnateur Rénov’ devient obligatoire pour les dossiers les plus importants à compter du 1er janvier 2024. Mais de MAR, il n’y en a pas. Ou si peu. « Je fais tout ce qu’on me dit, je forme mes salariés à l’étanchéité à l’air, à la migration de la vapeur d’eau dans les parois, et, derrière, ça ne suit pas », déplore Matthias Marsollier, charpentier et spécialiste de l’isolation biosourcée, à Chalonnes-sur-Loire (Maine-et-Loire), contraint, faute de MAR, de suspendre la moitié de son activité.

      « Il n’y a vraiment aucune solution, à part patienter »
      La filière ne suit pas, elle tarde à se structurer. Les artisans labellisés « reconnu garant de l’environnement » (RGE), incontournables pour bénéficier des aides publiques, ne sont pas assez nombreux, et les organisations professionnelles préfèrent, à la rénovation d’ampleur, les monogestes, qui sont plus rentables et ne bousculent pas les habitudes de travail.

  • Le pluriversel, pour un « monde fait d’une multitude de mondes » (22 décembre 2021)
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/12/22/le-pluriversel-pour-un-monde-fait-d-une-multitude-de-mondes_6106954_3232.htm

    Le terme apparaît sous la plume de William James (1842-1910), philosophe empiriste américain (et frère de Henry), dans un texte intitulé A Pluralistic Universe (1909). Selon James, le point de vue pluraliste admet qu’il n’y aura peut-être jamais de réalité globale, qu’il y a toujours quelque chose qui échappe à notre connaissance, quelque chose de « non encore considéré ». Ainsi, le #plurivers ressemble « plus à une république fédérale qu’à un empire ou un royaume ».

    https://archive.ph/jhsRo

  • Itai Ater et Yossi Spiegel, universitaires israéliens : « Nous ne sommes pas notre gouvernement »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/06/19/itai-ater-et-yossi-spiegel-universitaires-israeliens-nous-ne-sommes-pas-notr

    Les appels à boycotter les universitaires israéliens se multiplient. S’ils peuvent en comprendre les motifs, deux professeurs d’économie à Tel-Aviv rappellent, dans une tribune au « Monde », que l’université était en première ligne de l’opposition au gouvernement Nétanyahou avant la guerre, et le reste plus que jamais.

    Tribune pathétique mais terriblement révélatrice de deux universitaires israéliens alors que se multiplient les appels à cesser les coopérations universitaires ainsi qu’à suspendre l’accord avec l’Union européenne qui permet à des universités israéliennes de bénéficier de montants très importants, qui alimentent directement de nombreuses entreprises du secteur de la défense, et en fait impliquées dans la colonisation et le génocide (cf. https://agencemediapalestine.fr/blog/2025/06/17/en-plein-genocide-lunion-europeenne-continue-de-financer-israel ainsi que https://orientxxi.info/lu-vu-entendu/israel-les-universites-maillon-essentiel-de-l-entreprise-coloniale,8312).
    Dans cette tribune, les deux chercheurs mettent en avant leur opposition au gouvernement Netanyahu, leur défense de la démocratie (opposition à la réforme de la Cour suprème), ainsi que leur volonté d’arrêter la guerre pour permettre le retour des captifs, comme disent-ils 70% de la population. Mais ce texte n’utilise jamais les mots Palestine, Palestiniens ou Cisjordanie. Les massacres en cours sont euphémisés par l’expression "les images horribles de Gaza qui apparaissent dans les médias" qui laisse ouverte l’interprétation que ces images ne sont qu’une fabrication sans lien avec la réalité. Nulle part ils ne condamnent les massacres d’enfants et de civils, ni ne dénoncent la destruction des hopitaux, des écoles et des université, ni la famine organisée, etc. Ils ne comprennent pas où est vraiment le problème : le génocide, le nettoyage ethnique et l’apartheid, le refus de co-exister avec le peuple palestinien en reconnaissant les droits politiques de ce dernier. En fait, l’article les décrit comme seuls, victimes d’un sentiment anti-israélien croissant qui semble n’avoir aucune cause, tandis que ces bons militants de la démocratie affrontent de leurs mains nues un gouvernement autoritaire menaçant les libertés académiques. Nous, Européens, devrions les remercier pour cela et les soutenir, d’abord au niveau du porte-monnaie. Eh bien, je pense que cela montre à quel point il est justifié de poursuivre le boycott académique et de faire pression sur l’Union européenne pour remettre en cause l’accord d’association avec Israël, qui va au-delà des coopérations universitaires et doit toucher évidemment les armes mais aussi faire cesser les facilités aux échanges commerciaux.

  • Hellfest 2025 : bienvenue à ceux qui aiment buter du PD
    https://unidivers.fr/hellfest-crime-homosexuel

    Il y a des enfers qu’on choisit. Et d’autres qu’on impose. Quand le #Hellfest 2025 programme Bård « Faust » Eithun, batteur du groupe Emperor, le festival ne rend pas hommage à l’esprit de révolte, ni à la liberté d’expression. Il banalise un #meurtre_homophobe. Il valide l’effacement d’une victime. Il transforme une scène en tribune, une batterie en pierre tombale.

    Un meurtre, 37 coups de couteau, et pas une once de remords

    Petit rappel des faits. En 1992, à Lillehammer, en Norvège, Bård « Faust » Eithun poignarde à mort un homme, Magne Andreassen, dont la singularité était de préférer partager ses sentiments et ses nuits avec une personne du même sexe. Trente-sept coups de couteau. À l’époque, le jeune homme de 18 ans est déjà une figure de la scène #black_metal naissante. Celui qui aurait pu aussi bien se surnommer Voldemort était proche du groupe Emperor, dont l’un des musiciens a été condamné à de l’emprisonnement pour incendie d’églises tandis que le chanteur du groupe en a toujours fait l’apologie.

    Bård G. Eithun dit Faust purge neuf ans et demi de prison sur les quatorze prononcés. Depuis sa libération, il remonte régulièrement sur scène avec le groupe Emperor, sans jamais avoir exprimé publiquement de remord ni participé à un quelconque travail de mémoire ou de réparation. Et pourtant, après un première programmation en 2014, il est de nouveau programmé au Hellfest cette année. Comme la fois précédente. Tranquillement. Comme si de rien n’était. Comme si son histoire n’était qu’une parenthèse marginale, un folklore noir au service du storytelling extrême.

    La transgression à géométrie variable

    Dans un monde où la moindre maladresse s’échange contre des torrents de dénonciation, comment expliquer ce silence autour d’un acte aussi radicalement violent  ? Faudrait-il rappeler que si Bård « Faust » Eithun avait tué un policier ou une célébrité, son retour sur scène aurait été impossible  ? Mais tuer un homosexuel dans un parc la nuit… est-ce encore considéré comme un fait suffisamment grave pour empêcher de taper sur des fûts, dix puis vingt ans plus tard, dans un champ de Loire-Atlantique  ?

    la suite... par Nicolas Roberti sur Unidivers.fr

  • « Une hausse de la TVA peut être utile pour combler les déficits publics et financer notre modèle social », Guillaume Duval

    Depuis sa mise en place, en 1954, la #TVA est l’invention française qui s’est le plus exportée au XXe siècle – même si elle n’a rien rapporté au pays, parce qu’elle n’était pas brevetée. Elle a pourtant mauvaise réputation, en particulier à gauche. On lui reproche d’être injuste : elle toucherait davantage les pauvres qui consomment l’essentiel de leurs revenus que les riches, qui en épargnent une part significative. Mais ce jugement résulte d’une mauvaise compréhension du mécanisme à l’œuvre : la TVA ne taxe pas les revenus quand ils sont reçus mais quand ils sont dépensés.

    Les riches ne dépensent certes pas tous leurs revenus tout de suite comme les pauvres, mais quand ils achètent un yacht, un jet privé, une Ferrari, une robe haute couture ou un tour du monde, ils paient de la TVA. Et s’ils meurent avec leur cassette sans avoir dépensé leur épargne d’une façon ou d’une autre, cela signifie que les revenus correspondants n’auront eu, en réalité, aucune utilité pour eux. La TVA n’est certes pas un impôt progressif (même si les taux différenciés lui confèrent une certaine progressivité), mais c’est un impôt proportionnel perçu quand les revenus sont dépensés.

    En ce qui concerne en particulier la protection sociale, le grand avantage de la TVA, c’est qu’elle permet de faire contribuer à son financement les produits importés sans peser pour autant sur les prix des produits exportés, contrairement aux cotisations sociales traditionnelles, qui pénalisent les exportations sans mettre à contribution les importations. Pour un pays comme la France, qui est affecté, en plus d’un déficit public énorme, d’un déficit extérieur chronique, c’est un avantage non négligeable.
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/06/17/une-hausse-de-la-tva-peut-etre-utile-pour-combler-les-deficits-publics-et-fi

    https://archive.ph/m03hH

    #fiscalité

  • « L’extrême droite aux Etats-Unis est imprégnée d’un millénarisme apocalyptique, nourri par la crise environnementale »


    Un homme prie devant Donald Trump, lors d’une « journée nationale de prière » organisée à la Maison blanche, à Washington (Etats-Unis), le 1ᵉʳ mai 2025. JIM WATSON/AFP

    Les deux essayistes [Naomi Klein et Astra Taylor] parlent d’un « fascisme de la fin des temps », une sorte d’eschatologie qui prospère sur l’idée que, sous l’effet de la dérive climatique, de l’effondrement des écosystèmes et des troubles qui ne manqueront pas d’en résulter, la fin du monde tel que nous le connaissons est inéluctable. Si inéluctable qu’il est vain de tenter d’éviter cette issue : il faut s’y préparer et en hâter la survenue. Pour – enfin ! – passer à autre chose.

    « Survivalisme monstrueux »

    « Le fascisme de la fin des temps est un fatalisme sombre et festif, écrivent les deux autrices, l’ultime refuge de ceux qui trouvent plus facile de célébrer la destruction du monde plutôt que d’imaginer vivre privés de leur suprématie. » L’#extrême_droite américaine est imprégnée d’un millénarisme apocalyptique, nourri par la crise environnementale et trahi par un sécessionnisme radical, exposent Naomi Klein et Astra Taylor. Les projets de cités-Etats pour milliardaires, ou la multiplication des immenses bunkers de luxe ultra-sécurisés (un business en plein essor, selon le Wall Street Journal), conçus pour permettre à leurs occupants de continuer à vivre confortablement dans un monde en proie au chaos, en sont les signes saillants.

    [...]

    Dans un livre déjà ancien (La Planète des hommes. Réenchanter le risque, 2014), le sociologue adoré des médias Gérald Bronner concluait sans rire sur la perspective d’un « exode » vers une autre planète. « En quittant la Terre, il deviendrait évident que nous sommes humains avant d’être terriens, écrivait-il. C’est là un rappel essentiel car l’idéologie précautionniste, en nous proposant un rapport empreint de sentimentalité à la planète qui a vu notre naissance, a tendance à rendre indissociable notre destin du sien. » Un bien beau projet, mais qui exigerait de faire le tri entre « humains » et « Terriens » – entre ceux qui vivront et les autres.
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/06/15/l-extreme-droite-americaine-est-impregnee-d-un-millenarisme-apocalyptique-no

    https://archive.ph/XZsHp

    #écologie #technosolutionnisme

  • Gouvernement Bayrou : plus de la moitié des ministres sont millionnaires, selon leur déclaration de patrimoine
    https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2025/06/12/gouvernement-bayrou-plus-de-la-moitie-des-ministres-sont-millionnaires-selon

    La tendance ne fait que s’accentuer depuis 2017 : sous la présidence d’Emmanuel Macron, les ministres sont de plus en plus riches. Le gouvernement actuel compte 22 millionnaires sur 36 membres, d’après leurs déclarations d’intérêts et de patrimoine, rendues publiques, mardi 10 juin, par la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP). Par comparaison, en 2022, 19 millionnaires figuraient dans le gouvernement d’Elisabeth Borne, qui comptait quatre membres supplémentaires.

    Les ministres de François Bayrou se placent quasiment tous parmi les 5 % des Français avec les revenus les plus importants, selon les données de la World Inequality Database.

    https://archive.ph/wiFfm

    Pour et par les #riches.
    #propriétaires de l’entreprise France.

  • Sylvie Laurent, historienne : « La Californie n’est pas l’épouvantail de la droite radicale américaine : elle en est le creuset »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/06/10/a-los-angeles-la-confrontation-entre-deux-amerique-est-une-fable-du-pouvoir_

    C’est de cette Californie de la réaction, celle qui veut détruire l’Etat social et l’extension des droits et des libertés aux femmes et aux minorités raciales et sexuelles, que vient l’homme qui, depuis 2016, souffle à l’oreille de Donald Trump : Stephen Miller, originaire de Santa Monica, pourfend dès ses jeunes années les « immigrationnistes » et devient l’éminence grise de Trump sur le « péril » migratoire lors de son premier mandat. Le « Muslim Ban » (l’interdiction de la venue sur le sol américain de ressortissants de sept pays musulmans) ou la séparation des enfants de leurs parents illégaux à la frontière avec le Mexique sont ses initiatives. Il est de nouveau à l’origine de la loi sur l’immigration aujourd’hui et partisan d’une posture contre-insurrectionnelle vis-à-vis des sans-papiers et de leurs protecteurs, à commencer par ceux de sa Californie natale.

    Ce qui se joue ici, c’est donc la Californie contre elle-même. Grâce à elle, les méthodes de surveillance, de traque et d’arrestation arbitraires des migrants voient leur efficacité décupler. En effet, dans la continuité de leur symbiose avec le complexe militaro-industriel qui fit la fortune de la région et la leur, les entreprises de la tech sont les sous-traitants zélés de la police des frontières et de celle de l’immigration (ICE), contre laquelle les gens de Los Angeles se sont élevés.

    Appareillage pour la déportation d’étrangers

    Google, Amazon, Palantir, la compagnie d’intelligence artificielle Babel Street, mais aussi Microsoft ont passé ces dernières années des contrats lucratifs avec les services policiers du pays afin de mettre leurs capacités à collecter et à traiter les données personnelles au service de la chasse aux migrants. La compagnie Anduril a vendu des drones de détection de présence humaine à l’agence fédérale chargée de la frontière avec le Mexique ; Palantir, la compagnie du doctrinaire d’extrême droite Peter Thiel, fournit l’ensemble de l’appareillage logistique permettant la déportation d’étrangers, ainsi que leur surveillance et leur localisation biométrique, où qu’ils soient dans le monde.

    La Silicon Valley a historiquement accompagné l’appareil punitif et militaire de l’Etat américain, tout en présentant au monde la promesse d’une émancipation numérique. Ce que prolonge sa symbiose avec le président réactionnaire du jour, qui, comme Reagan, réprime les contestations et calomnie les campus, dénonce les assistés et réduit la fiscalité des possédants, duplique la guerre froide et ses avatars sur le sol national et en prend prétexte pour persécuter les minoritaires.

    Dans son roman Coulez mes larmes, dit le policier, l’écrivain Philip K. Dick imaginait en 1974 que le Californien Richard Nixon, grâce à un système de surveillance numérique, imposait un Etat totalitaire et obligeait les dissidents à vivre sous terre. Aujourd’hui plus qu’hier, cette dystopie approche de la réalité : les données personnelles de dizaines de millions d’Américains qu’Elon Musk a rassemblées avant de quitter le DOGE serviront sans doute à quelque opération commerciale. Mais elles seront aussi l’arme par excellence de détection et de persécution des indésirables. Le projet de l’extrême droite américaine dispose aujourd’hui d’une technocratie algorithmique dévouée et inédite dans l’histoire du pays. Cette alliance matricielle entre la Californie et Washington vaut bien une réconciliation : alors qu’on le disait irrémédiablement fâché, Elon Musk a salué l’envoi des blindés à Los Angeles.

    Sylvie Laurent est historienne et américaniste, maîtresse de conférences à Sciences Po. Elle vient de faire paraître « La Contre-Révolution californienne », Le Seuil, « Libelle », 72 pages, 5,50 euros.

    https://archive.ph/oKYlB

    Stephen Miller, l’idéologue en chef de la Maison Blanche

    A 39 ans, le chef adjoint de l’administration s’est imposé comme l’un des conseillers les plus influents du président américain. Pourfendeur du « wokisme » et partisan d’un renforcement du pouvoir exécutif, cet orateur redoutable a pour ambition de purger la société des migrants illégaux, qu’il déshumanise et associe à des criminels.

    https://archive.ph/zlG19