« Ce ne sera pas leur procès, mais celui d’une instruction menée uniquement à charge et pour couvrir les manœuvres illégales de certains membres de la DGSI », déclare l’avocat Jérémie Assous, qui défend sept des huit prévenus (dont Julien Coupat). « C’est d’abord le procès de personnes, avant d’être celui de l’antiterrorisme », nuance sa consœur Marie Dosé, qui défend Yildune Lévy. Malgré leurs différences de vues, les défenseurs du prétendu « groupe de Tarnac » plaideront tous la relaxe.
Me Assous a, voilà quelques jours, remis au tribunal des conclusions de 178 pages (dont Mediapart a pris connaissance), dans lesquelles il souligne l’absence de preuves dans le dossier, tout en décortiquant les erreurs et les imprécisions des services enquêteurs. Il pilonne notamment le fameux procès-verbal D 104, censé prouver la présence à Dhuisy de Julien Coupat et Yildune Lévy pendant la nuit du 7 ou 8 novembre 2018, qui est truffé d’incohérences, la surveillance policière du couple semblant avoir été effectuée à distance, et par moments reconstituée a posteriori pour les besoins de la cause.
Son mémoire ironise également sur l’apparition « opportune », dans l’enquête, d’un manchon permettant d’assembler les tubes en PVC repêchés par des plongeurs dans la Marne, entre février et avril 2010, à Trilport (Seine-et-Marne), près du lieu où Julien Coupat aurait endommagé une caténaire avec un fer à béton, cette nuit-là. Sans manchon, ces tubes ne s’assemblent pas et n’ont donc pu servir à déposer un crochet en fer à béton, comme le soutient l’accusation. Or, ni les procès-verbaux des plongées, ni les deux premières expertises judiciaires des tubes ne mentionnent l’existence de ce manchon miraculeux, qui semble plus neuf que les tubes et ne surgit que dans une troisième expertise, en décembre 2010, soulève l’avocat.