#paywall, alors je n’ai pas accès à tout l’article. Tu pourras me confirmer ou infirmer ces remarques :
– Macron inaugure jeudi le Salon du livre en faisant savoir qu’il boycotte le stand de la littérature russe. Et hop vendredi le Monde dégaine un article sur le « soft power » de Poutine que représente ce stand. (Je trouve ça assez magique, personnellement.)
– Chaque année un pays est invité d’honneur du Salon. Je suis curieux de savoir si chaque année on a droit à un article du Monde sur le soft-power que représente cette présence. (Alors que bon, pour à peu près tous les pays, le prestige culturel, notamment celui lié à la littérature, est un des boulots de sa politique étrangère. Qu’on appelle ça soft power ou autre chose.)
– Le thème de l’« offensive russe » par la culture et son prestige sur les milieux intellectuels européens, c’est tout de même un vieux classique de l’immédiate après-guerre : ►https://seenthis.net/messages/326298
Le sujet de l’« offensive russe » par la culture me semble un peu casse-gueule.
– Retour à 2008 : le pays à l’honneur est Israël. Boycott des pays arabes. Le Monde n’évoque pas le « soft power » ni une « offensive israélienne » (tu m’étonnes…) :
▻http://www.lemonde.fr/culture/article/2008/03/04/israel-invite-d-honneur-du-salon-du-livre-de-paris-les-appels-au-boycott-se-
Le gouvernement français, alors, insiste pour séparer nettement la « littérature » de son usage politique par le gouvernement israélien :
Face aux critiques, le ministère des affaires étrangères français a justifié l’invitation faite à Israël et jugé tout boycott « extrêmement regrettable ». Pour le Syndicat national de l’édition (SNE), organisateur du Salon, c’est « la littérature israélienne » qui est invitée et non l’Etat d’Israël en tant que tel. Christine de Mazières, déléguée générale du SNE, rappelle que ce sont trente-neuf écrivains israéliens, dont le Prix Nobel de littérature Amos Oz et David Grossman, qui sont attendus au Salon. Pour elle, il était naturel de braquer le projecteur sur les écrivains de la langue hébraïque, même si ce choix excluait la production littéraire israélienne en langue arabe.
Ailleurs dans le Monde, un oped de Caroline Fourest, qui a évidemment un avis sur la question, vu que Tariq Ramadan… Israël, le boycottage et la raison, par Caroline Fourest
▻http://www.lemonde.fr/idees/article/2008/03/13/israel-le-boycottage-et-la-raison-par-caroline-fourest_1022503_3232.html
D’autre part ceux qui n’agitent la question des droits de l’homme que lorsqu’il s’agit d’Israël ou de régimes menaçant les islamistes. Je pense à Tariq Ramadan. Il voudrait donner des leçons d’antiracisme, mais il a déjà prouvé par le passé qu’il ne savait pas faire la distinction entre un intellectuel juif et un intellectuel sioniste. Chez lui, l’appel au boycottage ne vient pas se substituer au recours guerrier, puisqu’il soutient le Hamas et son action. Il faut sûrement se garder de confondre cette position avec celle d’auteurs arabes ou propalestiniens sincèrement désireux de protester contre la politique d’Israël par la voie pacifique, en préférant le boycott à la violence. Sauf à donner le sentiment que toute protestation est irrecevable dès lors qu’il s’agit d’Israël.
Reste à déterminer la cible. Entendons l’émotion de ceux qui protestent contre la mise à l’honneur d’Israël au moment où la colonisation reprend et où des Gazaouis meurent à petit feu à cause du blocus Israélien, un boycottage autrement plus dramatique. Et laissons aboyer ceux qui boycottent un salon simplement parce qu’il met à l’honneur des écrivains israéliens, critiques ou non envers la politique israélienne.