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  • Mécanique quantique : l’effondrement de la fonction d’onde est-il réel ? | Pour la Science
    https://www.pourlascience.fr/sd/physique-particules/l-effondrement-de-la-fonction-d-onde-est-il-reel-25989.php

    Le passage du monde quantique à celui classique passe par un effondrement de plusieurs états superposés en un seul. Plusieurs modèles tentent d’expliquer ce phénomène par une influence extérieure, mais les derniers tests ne sont guère concluants…

    (...)

    L’essentiel

    Un système quantique, tant qu’il reste autonome, consiste en une superposition de plusieurs états possibles parmi lesquels un seul sera « choisi » par la mesure ou l’observation.

    Ce passage du monde quantique à celui classique est un effondrement de la fonction d’onde définie en 1926, par Erwin Schrödinger.

    Pur artefact mathématique ou effet d’une influence cachée, les physiciens se divisent. Les tenants de la seconde hypothèse ont bâti plusieurs modèles testables, mais les résultats des expériences n’invitent guère à les soutenir.

  • Les variations du champ magnétique enregistrées dans des briques mésopotamiennes | Pour la Science
    https://www.pourlascience.fr/sd/archeologie/les-variations-du-champ-magnetique-enregistrees-dans-des-briques-mesop

    Un des épineux problèmes de l’archéologie est la datation absolue, c’est-à-dire l’attribution à un objet ou à un événement d’un repère temporel précis. Malheureusement, les données utilisées pour cette datation absolue sont parfois peu précises, notamment pour des époques reculées où les textes historiques sont rares ou absents. Ces imprécisions expliquent entre autres la grande marge d’erreur (jusqu’à 150 ans) dans les chronologies des règnes des rois mésopotamiens aux IIIe et IIe millénaires avant notre ère. Le carbone 14 n’est pas d’un grand secours car les méthodes associées ont une précision de 200 ans à cette période et elles ne s’appliquent que sur la matière organique. Pour affiner les datations archéologiques, Matthew Howland, de l’université d’État de Wichita, aux États-Unis, et ses collègues proposent de faire appel à la variation du champ magnétique terrestre.

    Lorsqu’elles se forment, les roches magmatiques contenant des minéraux ferromagnétiques enregistrent la direction et l’intensité du champ magnétique terrestre à leur époque de formation : on parle d’« aimantation thermorémanente ». C’est le cas lors de la cristallisation des roches volcaniques mais aussi… lors de la cuisson des objets en terre cuite ! Les briques en terre cuite sont fabriquées à partir de matériaux argileux contenant des oxydes de fer, qui acquièrent une aimantation thermorémanente quand elles refroidissent dans le four depuis des températures au-dessus de 600 °C. Ces éléments de construction ont été utilisés dans les cités mésopotamiennes dès le Ve millénaire avant notre ère, notamment pour les bâtiments religieux, élitaires ou devant résister à l’érosion. Les noms des rois qui régnaient au moment de la fabrication de ces briques y sont parfois inscrits, ce qui permet souvent de les dater approximativement.

    Parmi plus d’une centaine d’objets en terre cuite, l’équipe de Matthew Howland a sélectionné 32 briques datant de la fin du IIIe au milieu du Ier millénaire avant notre ère, retrouvées sur plusieurs sites archéologiques irakiens. À partir des inscriptions (relatives à douze rois différents) et des mesures de l’aimantation des briques, ils ont précisé la courbe de variation de l’intensité du champ magnétique terrestre en Mésopotamie en fonction du temps, en la calant sur une des chronologies des dynasties mésopotamiennes exploitées par les archéologues. Comme les briques ont changé d’orientation au cours de leur histoire, il était impossible d’en tirer parti pour étudier la direction du champ magnétique terrestre.

    Grâce à cette courbe, les chercheurs ont confirmé que la Mésopotamie, comme d’autres régions du monde au même moment (Europe, Chine…), avait connu une période de forte intensité géomagnétique entre 1050 et 550 avant notre ère, avec des variations très rapides (notamment sous le règne du fameux Nabuchodonosor II, entre 604 et 562 avant notre ère) : l’anomalie du Levant à l’âge du Fer. De plus, la résolution de cette courbe, qu’il faut encore affiner, et l’utilisation des règnes permettraient à l’avenir une plus grande précision (de l’ordre de la décennie) dans la datation de terres cuites archéologiques en y mesurant l’intensité de l’aimantation thermorémanente.

    • La porte d’Ishtar aurait été construite 15 ans après la conquête de Jérusalem par Babylone - Sciences et Avenir
      https://www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/archeologie/le-champ-magnetique-rajeunit-de-15-ans-la-porte-d-ishtar-de-l-ancie

      Pour dater les objets du passé, les archéologues disposent de technologies plus ou moins précises. L’une d’entre elles, encore balbutiante, est l’archéomagnétisme, qui vient de révéler son potentiel sur des briques de terre cuite dans le cadre d’une étude tout juste publiée dans la revue PLoS ONE. En mesurant l’intensité du champ magnétique conservé dans plusieurs briques de la porte d’Ishtar, l’une des portes d’entrée de Babylone, une équipe internationale de chercheurs a réussi à affiner les datations des différentes phases de sa construction.

      On pensait en effet que l’ouvrage, commandé par le roi Nabuchodonosor II – qui régna de 605 à 562 avant notre ère –, avait été réalisé en plusieurs temps, et que son achèvement aurait même pu avoir eu lieu après sa mort. Toutes les briques analysées auraient toutefois été cuites du vivant du souverain, en 569 avant notre ère, ce qui pourrait remettre en cause la signification présumée de l’édifice, censé célébrer la conquête de Jérusalem par Babylone en 586 avant notre ère.

  • Comment le spin fut découvert | Pour la Science
    https://www.pourlascience.fr/sd/physique-particules/comment-le-spin-fut-decouvert-25987.php

    En juin 2023, le physicien et mathématicien Elliott Lieb s’est vu décerner le prestigieux pris Kyoto pour l’ensemble de ses travaux, notamment pour ses contributions au problème de la « stabilité de la matière », que l’on peut résumer ainsi : comment des particules quantiques chargées parviennent-elles à coexister, sans s’effondrer les unes sur les autres, en des objets macroscopiques, ceux que nous manipulons chaque jour ? C’est cette question qui m’a conduit, ce matin de novembre 2018, à la station de métro Bockenheimer Warte, à Francfort, en Allemagne. Là, je rencontre Horst Schmidt-Böcking et d’emblée je sais que je suis au bon endroit, car après les formalités d’usage, ses premiers mots sont « j’aime Otto Stern ».

    L’objectif de mon voyage est de découvrir l’endroit qui, il y a un siècle, a abrité l’un des événements les plus charnières pour la physique quantique naissante. Sans trop savoir ce qu’ils voyaient, le physicien allemand et son collègue Walther Gerlach ont découvert le spin quantique : un mouvement éternel de rotation propre aux particules élémentaires et qui, lorsqu’il est mesuré, n’existe qu’en deux versions – « haut » ou « bas », ou bien « gauche » ou « droit » – sans aucune alternative

  • Les plantes ne souffrent pas en silence | Pour la Science
    https://www.pourlascience.fr/sd/biologie-vegetale/les-plantes-ne-souffrent-pas-en-silence-25119.php

    Voici un constat de plus qui montre à quel point les plantes sont loin d’être passives et inertes contrairement aux idées reçues depuis l’Antiquité. Il y a plusieurs dizaines d’années, les biologistes avaient observé qu’en cas de manque d’eau, des bulles d’air se formaient dans le système vasculaire des plantes où circule la sève et produisaient un phénomène de cavitation. Cette dernière est à l’origine de vibrations acoustiques qu’il est possible d’enregistrer grâce à des micros placés au contact même des plantes. Itzhak Khait, de l’université de Tel-Aviv, en Israël, et ses collègues viennent de montrer que les plantes émettent aussi des sons détectables à distance – des sortes de « clics » très courts à des intervalles apparemment aléatoires – et que ceux-ci renseignent sur l’état physiologique de la plante. En condition de stress (déshydratation ou tige coupée), les plantes produisent entre 30 et 50 clics par heure alors qu’elles sont presque silencieuses en conditions favorables. En outre, les chercheurs sont capables de distinguer les sons émis par différentes espèces et selon les caractéristiques du stress.
    A lire aussi : Les plantes communiquent-elles ?

    Itzhak Khait et ses collègues ont surtout étudié des plants de tabac (Nicotiana tabacum) et de tomate (Solanum lycopersicum). Ils ont d’abord capté pendant une heure les sons entre 20 et 150 kilohertz (kHz) en plaçant des microphones à 10 centimètres de la plante dans des petits caissons acoustiques, sans bruit de fond. Certaines plantes n’avaient pas été arrosées depuis cinq jours, d’autres avaient eu la tige coupée, d’autres enfin avaient été maintenues en bonne santé. Les biologistes ont détecté des sons dans le domaine des ultrasons, entre 20 et 100 kHz, inaudibles pour une oreille humaine (nous entendons jusqu’à environ 16 kHz, mais les chercheurs ont modifié un enregistrement pour le rendre audible par des humains) –, mais perceptibles par certains animaux comme les chauves-souris, les souris ou les papillons de nuit jusqu’à des distances de 3 à 5 mètres. Le volume est comparable à celui d’une conversation humaine.

    Grâce à un premier algorithme d’apprentissage automatique – un SVM ou support vector machine –, les chercheurs ont classé ces sons selon les diverses espèces et les différents stress appliqués aux plantes. Ils ont ensuite reproduit l’expérience sous serre, en présence de bruits de fond comme ceux des climatiseurs et des appareils de maintenance qu’ils ont préalablement enregistrés dans la serre exempte de plantes. À partir de cette base de données de sons (plantes et bruits de fond), ils ont entraîné un second algorithme, un réseau de neurones convolutifs, ou CNN. Résultat : il reste possible d’identifier les sons émis selon les espèces, le type et le niveau de stress qu’elles subissent avec une précision de 84 %.

    En suivant les sons produits par les plantes soumises à une déshydratation pendant plusieurs jours, Itzhak Khait et ses collègues ont constaté que la quantité de sons croît avant même que la plante ne soit déshydratée jusqu’à un maximum après cinq jours sans eau, avant de diminuer quand elle est desséchée. Sans conclure sur l’origine biophysique des sons émis, ils évoquent une forte corrélation entre le nombre de ces derniers et la transpiration de la plante par ses stomates, de petits orifices présents dans les feuilles chargés de réguler les échanges gazeux entre la plante et l’atmosphère. De même, ils supposent qu’une partie de ces sons est due au phénomène de cavitation dans la tige, mais de futurs travaux devront le confirmer. Et si leur étude ne permet pas de conclure que toutes les plantes font du bruit, ils constatent que c’est le cas pour le blé (Triticum aestivum), le maïs (Zea mays), le raisin (Vitis vinifera), un cactus (Mammillaria spinosissima) et un lamier (Lamium amplexicaule).

    « Ce travail expérimental rigoureux a le mérite de soulever de nouvelles questions, constate Adelin Barbacci, chercheur à l’Inrae : quelles sont les causes biologiques, les mécanismes à l’origine de ces sons ? Quelle est la signature spectrale de chaque plante ? Est-ce que les plantes voisines perçoivent ces sons ? Sont-elles capables de les analyser aussi finement que les algorithmes d’apprentissage profond utilisés ici ? Des animaux comme des rongeurs, des chauves-souris, des insectes les entendent-ils et à quoi leur servent ces informations ? » En attendant, les auteurs proposent qu’elles soient exploitées par les agriculteurs ou les horticulteurs pour évaluer le besoin en eau.

  • L’apport inattendu des moines du Moyen Âge à l’étude du volcanisme | Pour la Science
    https://www.pourlascience.fr/sd/geosciences/l-apport-inattendu-des-moines-du-moyen-age-a-l-etude-du-volcanisme-251

    En consignant la couleur précise des éclipses de Lune, des moines des XIIe et XIIIe siècles ont documenté sans le savoir les principales éruptions volcaniques de leur époque.

    “Je regardai quand l’Agneau ouvrit le sixième sceau, et il y eut un grand tremblement de terre. Le soleil devint noir comme un sac de crin, la Lune entière devint comme du sang”, peut-on lire dans l’Apocalypse, le dernier livre du Nouveau Testament de la religion chrétienne. Peut-être est-ce parce que l’astre de la nuit était supposé annoncer la fin des temps que les moines chrétiens ont porté autant d’attention à coucher sur parchemin la description précise de la teinte qu’il prend lors des éclipses de Lune. Ces événements sont provoqués par l’alignement du Soleil, de la Terre et de la Lune (dans cet ordre), ce qui plonge notre satellite dans l’ombre de la planète. La Lune n’est alors éclairée que par des rayons du Soleil diffusant à travers l’atmosphère terrestre, ce qui lui donne dans la majorité des cas une teinte rougeâtre caractéristique, et plus rarement une teinte très sombre qui rend le disque lunaire presque invisible. Ce sont ces derniers cas qui ont intéressé Sébastien Guillet, de l’université de Genève, et ses collègues, qui se sont servis des descriptions des éclipses de Lune par les moines pour dater… des éruptions volcaniques aux XIIe et XIIIe siècles.

    Pour dater les éruptions volcaniques passées, on peut par exemple étudier les dépôts de soufre dans des carottes de glace. On a ainsi identifié une forte activité volcanique entre 1100 et 1300. Mais cette méthode pâtit d’incertitudes de l’ordre de plusieurs années. Il est donc intéressant d’estimer les dates des éruptions par d’autres méthodes indépendantes, ce qui permettrait, en croisant les données, d’obtenir des datations plus précises, nécessaires notamment pour affiner les simulations climatiques sur cette période.

    L’approche de Sébastien Guillet et de ses collègues, inédite, s’appuie sur une mesure indirecte contenue dans les récits d’époque. Les volcans explosifs rejettent parfois de grandes quantités de gaz sulfurés dans l’atmosphère. En se dispersant dans la stratosphère, ces gaz forment des aérosols et voilent en partie les rayons du soleil. Ce voile est particulièrement remarquable lors des éclipses de Lune, car il assombrit très distinctement l’astre, parfois même jusqu’à le faire disparaître.

    Or la teinte que prenait la Lune lors des éclipses est bien documentée dans les chroniques et annales européennes des XIIe et XIIIe siècles. Ainsi, les chercheurs ont retrouvé 51 descriptions précises et datées sur les 64 éclipses visibles en Europe durant cette période. Parmi celles-ci, cinq étaient décrites comme particulièrement sombres.

    En utilisant des données satellites et des simulations numériques indiquant la durée de vie des aérosols volcaniques dans la stratosphère, l’équipe a montré qu’une éclipse de Lune avait plus de chance d’être sombre si elle survenait dans les trois à vingt mois qui suivent une éruption d’ampleur. Les cinq événements décrits par les moines européens sont donc très probablement associés à des éruptions volcaniques les ayant précédées de quelques mois.

    Pour comparer leurs résultats avec les autres méthodes, Sébastien Guillet et ses collègues se sont intéressés aux effets climatiques à court terme de ces éruptions. Les aérosols, en bloquant une partie des rayons du Soleil, sont souvent associés à un été froid dans l’année qui suit une éruption. Or les cernes de croissance des arbres gardent la trace des conditions météorologiques en vigueur durant leur vie. En étudiant les cernes de croissance d’arbres ayant vécu durant les périodes estimées des cinq éruptions, les chercheurs ont en effet remarqué une bonne corrélation entre des refroidissements ponctuels et les éclipses de Lune particulièrement sombres.

    En combinant les estimations provenant des sources manuscrites et des cernes des arbres (ou dendrochronologie), l’équipe a établi une nouvelle datation pour cinq éruptions majeures des XIIe et XIIIe siècles, avec une précision à l’année, voire à la saison près. Parmi ces événements, on compte par exemple une éruption datée entre mai et août 1171, mais aussi la célèbre éruption du Samalas, en Indonésie, qui aurait eu lieu entre le printemps et l’été 1257. Cette éruption, probablement la plus importante de l’ère moderne, était déjà datée avec une certaine précision, mais le travail des chercheurs a permis de valider les estimations par une méthode indépendante.

    Des chercheurs ont avancé l’hypothèse que l’effet combiné des éruptions volcaniques de cette période aurait joué un rôle dans la transition de l’optimum climatique médiéval vers le petit âge glaciaire à la fin du XIIIe siècle. Mais ce scénario ne fait pas consensus au sein de la communauté scientifique. Estimer l’effet des éruptions sur le climat est difficile, car cela dépend fortement des mouvements des masses d’air dans la stratosphère, qui varient eux-mêmes avec les saisons. Savoir à quelle saison les éruptions se sont produites serait donc précieux pour consolider cette hypothèse. Sans le savoir, les moines copistes ont fourni un outil efficace pour aider à modéliser les effets du volcanisme sur le climat et les sociétés du Moyen Âge.

  • Les pieuvres goûtent par le toucher | Pour la Science
    https://www.pourlascience.fr/sd/zoologie/les-pieuvres-goutent-par-le-toucher-25125.php

    Comment les pieuvres perçoivent-elles leur environnement ? Si, comme de nombreux animaux, elles s’appuient sur la vue, une grande part de leur capacité d’orientation repose sur leur sens du toucher, leurs huit tentacules sondant le fond marin jusque dans les moindres crevasses. L’observation de ces céphalopodes avait révélé que le sens du toucher joue un rôle important dans leur stratégie de prédation, mais le mécanisme sous-jacent de sélection des proies demeurait inconnu. Récemment, deux équipes de biologistes, dirigées par Nicholas Bellono, de l’université Harvard, aux États-Unis, ont révélé que des récepteurs sensibles au goût, présents dans les ventouses qui recouvrent les bras des pieuvres, sont impliqués.

    Dans les années 1960, plusieurs études avaient montré que ces centaines de ventouses sont tapissées de cellules sensorielles. Par ailleurs, lorsqu’elles touchent leurs proies, les pieuvres décident parfois de les rejeter. Les biologistes se sont demandé si ce comportement était lié à ces cellules sensorielles. Grâce au séquençage complet du génome de la pieuvre, réalisé en 2015, ils ont identifié dans les ventouses toute une famille de récepteurs qui ne ressemblent pas à ceux que l’on trouve habituellement dans les cellules sensorielles. Ils se rapprochent davantage de certains récepteurs présents dans le système nerveux chez de nombreux animaux, les récepteurs nicotiniques de l’acétylcholine. Ces derniers sont connus pour détecter des neurotransmetteurs – les messagers chimiques chargés de la transmission de l’information entre les neurones – et sont impliqués dans le contrôle de la contraction des muscles. Selon les chercheurs, au cours de l’évolution des pieuvres, ces récepteurs nicotiniques auraient subi des changements structurels qui leur ont conféré une fonction inédite de récepteur sensoriel chimiotactile.

    Afin d’élucider la nature de ces modifications, les biologistes ont réalisé une image de ces récepteurs par cryomicroscopie électronique afin de les comparer à leurs équivalents dans le reste du règne animal. Ils ont ainsi repéré une différence aussi subtile qu’importante au niveau du domaine de liaison du ligand (la région du récepteur à laquelle se lie la molécule qui lui correspond). À la place d’une structure en forme de cage, observée dans les récepteurs classiques, cette région prend ici la forme d’un sillon relativement superficiel. Cela permet à une plus grande variété de molécules de s’y lier – notamment des molécules non solubles dans l’eau (dites « hydrophobes »), comme les résidus graisseux laissés sur les fonds marins par des proies potentielles.

    Comprendre le mécanisme moléculaire responsable du « goût par le toucher » permet d’expliquer certains comportements uniques observés chez la pieuvre, comme leur stratégie de prédation par l’exploration tactile des surfaces. Ces résultats éclairent aussi les différences avec l’approche prédatrice observée chez un animal proche, le calmar. En effet, celui-ci chasse en embuscade, se cachant et saisissant sa proie dans ses tentacules lorsqu’elle passe près de lui. Il utilise pour ce faire des récepteurs sensibles à des molécules sapides amères, parfaitement solubles dans l’eau. Cette approche est impossible pour les pieuvres, dont les récepteurs sont inefficaces en « eaux ouvertes », puisque les molécules qu’ils détectent, par leurs propriétés hydrophobes, ne sont pas solubles et se trouvent plutôt près du fond.

    Pour l’heure, les résultats de Nicholas Bellono et de son équipe indiquent que ce système de goût par le toucher est régi par des stimuli de répulsion : les pieuvres sont particulièrement sensibles à des signaux de « dégoût », rejetant les proies qui les provoquent et dévorant les autres. Mais les chercheurs aimeraient désormais savoir si, parmi ces récepteurs chimiotactiles, certains sont sensibles à des stimuli appétitifs, correspondant à des proies que les pieuvres aimeraient particulièrement manger.

    Les pieuvres sont des organismes modèles idéaux pour comprendre comment l’évolution moléculaire affecte les systèmes sensoriels des animaux et, par extension, leur comportement. Cependant, de façon globale, leurs capacités sensorielles sont encore mal comprises. Il semble par exemple que certains de leurs récepteurs soient capables de détecter des variations de tension électrique, mais l’impact sur leur perception de l’environnement demeure inconnu.

  • La réutilisation des eaux usées, le vrai-faux miracle anti-sécheresse
    https://www.liberation.fr/environnement/la-reutilisation-des-eaux-usees-le-vrai-faux-miracle-anti-secheresse-2023

    L’exécutif y voit un levier pour « trouver des sources alternatives d’eau ». Car aujourd’hui, « on se prive de millions de mètres cubes : [sur] 30 000 stations d’assainissement, seulement 77 permettent d’assainir les eaux usées pour les réutiliser », se désole Christophe Béchu. En France, moins de 1% des eaux usées traitées sont réutilisées, contre 8% en Italie, 14% en Espagne et 85% en Israël. L’Australie, la Californie ou le Texas y ont aussi beaucoup recours, y compris pour la lutte anti-incendies. Et la Namibie et Singapour s’en servent pour produire de l’eau potable. « Les technologies sont matures, on les connaît bien, donc nous pouvons aisément monter à 10% de réutilisation en France d’ici à 2027, soit 500 millions de m³, c’est-à-dire environ 15% des besoins d’irrigation du monde agricole », assure Maximilien Pellegrini, directeur général délégué du groupe Suez et président de la Fédération des entreprises de l’eau. Selon lui, la principale barrière n’est pas sanitaire : « Les Français mangent depuis des décennies des tomates espagnoles irriguées avec de l’eau réutilisée, ça ne pose pas de problème. » Elle n’est pas non plus économique, même si « le traitement additionnel a un coût, qui varie en fonction des technologies utilisées et de la qualité de l’eau voulue ». Elle est plutôt administrative et réglementaire : « Il faut dix ans pour faire démarrer un projet. »

    [...] Alors, a-t-on trouvé le remède miracle à la sécheresse ? Pas si vite. Personne ne le prétend, pas même ses plus fervents partisans. L’idée peut être judicieuse, mais dans certaines situations seulement, au cas par cas et utilisée à bon escient. « Ce n’est pas une solution magique, ça ne génère pas une ressource nouvelle, insiste Régis Taisne, chef du département cycle de l’eau de la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies. C’est de l’eau que l’on va utiliser d’une certaine manière plutôt qu’une autre et ça n’est pertinent que si cela ne prive pas trop le milieu aquatique. » Ainsi, utilisée massivement en amont d’une rivière, par exemple pour l’irrigation de cultures gourmandes en eau, la Reut [réutilisation des eaux usées traitées] peut dépouiller celle-ci du précieux liquide et perturber son fonctionnement écologique mais aussi l’approvisionnement des populations résidant en aval. « Les rejets de la station d’épuration d’Achères, la plus grosse d’Europe située à l’ouest de Paris, c’est la moitié du débit de la Seine en été, illustre Régis Taisne. Si on la prive de ça, à Rouen ou même au Havre, il y aura des soucis. » Pour lui, la pratique pose moins de problèmes sur les côtes, là où les rejets des stations d’épuration finissent dans la mer et où l’eau réutilisée « manquera donc moins au milieu », même si les activités littorales ont aussi besoin d’une certaine quantité d’eau douce, par exemple pour la conchyliculture.

    [...] « Je ne tire pas un trait sur la Reut, mais il faut raisonner au cas par cas, garder en tête qu’un cours d’#eau n’est pas un autre, être extrêmement humbles et nous interroger sur les usages de cette eau, s’ils sont vraiment nécessaires », insiste-t-elle [l’hydrobiologiste Marie Mézière-Fortin]. Cette dernière ne pense pas non plus qu’il faille suivre les exemples italien, espagnol et israélien : « Ils ont utilisé toutes les techniques visant à stocker de l’eau et à l’empêcher d’être sur les territoires. Résultat, ils sont touchés par des #sécheresses monumentales, ils ont gagné vingt ans dans leur “combat” contre la sécheresse mais vont finir par le perdre. » Pour la spécialiste, tout miser sur la #Reut serait donc « de la mal-adaptation suicidaire ».

    La voie à suivre, dit-elle, « c’est une somme de petites choses qui supposent de changer de modèle agricole et d’aménagement du territoire, au-delà d’une seule solution “miracle”. Il n’y a jamais de solution unique. Et chacun peut agir à son niveau ». D’abord, pour économiser l’eau.

    • Quant au #dessalement de l’eau de mer :
      Les encombrants rejets du dessalement
      https://www.pourlascience.fr/sd/environnement/les-encombrants-rejets-du-dessalement-16052.php

      Ils ont ainsi estimé à 95 millions de mètres cubes par jour la quantité d’eau dessalée produite dans le monde, tandis que le volume des #saumures rejetées serait une fois et demie plus important : 142 millions de mètres cubes par jour, chiffre supérieur de 50 % aux estimations précédentes.

      [...] Qu’advient-il des saumures ? Dans la plupart des cas, elles sont rejetées directement en mer, 80 % des unités de dessalement se trouvant à moins de 10 kilomètres de la côte. Or les saumures, plus denses que l’eau de mer, appauvrissent en oxygène les eaux profondes. Cet appauvrissement en oxygène et la forte salinité nuisent aux organismes vivant sur le fond marin. De plus, les saumures contiennent des produits toxiques, utilisés notamment pour réduire les dépôts dans les dispositifs de dessalement.

  • Depuis quand savons-nous compter ? | Pour la Science
    https://www.pourlascience.fr/sd/prehistoire/depuis-quand-savons-nous-compter-24056.php

    l y a quelque 60 000 ans, un Néandertalien s’empare d’un bout de fémur de hyène, puis, s’aidant d’un couteau de pierre, se met à l’entailler. En quelques instants, il pratique neuf entailles assez semblables et plutôt parallèles. Pour signifier quoi ? Francesco d’Errico a son idée. Après avoir étudié de nombreux artefacts préhistoriques, dont un fragment de fémur de hyène mis au jour dans les années 1970 dans la grotte des Pradelles, près d’Angoulême, ce paléoanthropologue de l’université de Bordeaux a acquis la conviction que cet os avait une fonction spécifique. Il propose que les entailles codaient un nombre. Si c’est bien le cas, alors l’Homo sapiens récent, que l’on nomme l’« humain anatomiquement moderne », n’est pas le seul à avoir appris à compter. Néandertal aussi l’aurait fait.

    Francesco d’Errico a fait connaître ses idées en 2018. Il abordait alors le territoire inexploré de l’origine des nombres. « Cette question est restée jusqu’à aujourd’hui une niche relativement vacante dans la recherche scientifique », observe le biologiste évolutionniste Russell Gray, de l’institut Max-Planck d’anthropologie évolutionnaire de Leipzig. De fait, les chercheurs n’ont pas encore abouti à un consensus pour définir ce qu’est un nombre. Lorsqu’en 2017, le cogniticien Rafael Núñez, de l’université de Californie à San Diego s’est demandé si l’évolution avait vraiment doté les humains d’une capacité innée à compter ou seulement à quantifier, il a bien dû d’abord proposer une définition générale du concept de nombre. Il s’est alors arrêté sur celle-ci : est un nombre toute entité discrète (non continue) affectée d’une valeur exacte, que l’on représente à l’aide d’un symbole, par exemple d’un mot ou d’un signe.

    La question de l’origine des nombres intéresse de plus en plus les scientifiques. Outre les préhistoriens, des cogniticiens, anthropologues ou encore psychologues abordent le problème sous divers angles. Certains se penchent notamment sur les systèmes de numération existant au sein des cultures contemporaines, espérant y déceler des indices sur la façon dont ces mécanismes mentaux et physiques permettant de compter et de manipuler des nombres se sont développés. Les préhistoriens, de leur côté, traquent les notations numériques anciennes, tandis que des linguistes étudient l’origine profonde des mots servant à désigner les nombres.

    La question soulève aussi l’intérêt du Conseil européen de la recherche : cet organe créé pour coordonner les efforts de la recherche dans l’Union européenne vient de financer à hauteur de 10 millions d’euros le projet Quanta d’« Étude de l’émergence des compétences humaines en matière de comptage ». Il s’agit d’étudier quand et comment les systèmes de numération sont apparus et se sont répandus au sein de l’humanité, s’ils sont propres aux hommes anatomiquement modernes ou étaient déjà présents chez d’autres humains. Les travaux conduits jusqu’ici ont engendré deux points de vue sur la façon dont les systèmes de numération se sont manifestés au cours de l’évolution.
    Un instinct des nombres ?

    Longtemps les chercheurs ont cru que seuls les humains étaient capables de quantifier. Puis, au xxe siècle, des recherches ont montré que certains animaux le peuvent aussi. Des poissons, des abeilles et des poussins tout juste nés sont par exemple capables d’énumérer des quantités allant jusqu’à 4. D’autres parviennent aussi à discriminer les grandes quantités, pourvu qu’elles soient assez différentes les unes des autres : ils distinguent par exemple un assemblage de 10 objets d’un autre de 20 objets, mais tendront à confondre un assemblage de 20 objets avec un autre en regroupant 21. Les bébés de six mois ont aussi ces capacités, alors qu’ils n’ont été encore que peu exposés au langage et à la culture. Andreas Nieder, un neuroscientifique à l’université de Tübingen, pense que ces observations induisent un sens inné des nombres chez les humains, qui, selon lui, est né de l’avantage adaptatif qu’il représente.

    Rafael Núñez, qui est l’un des directeurs scientifiques du projet Quanta, n’est guère d’accord. Il veut bien admettre que nombre d’animaux ont un sens inné de la quantité, mais pour lui la perception humaine des nombres est bien plus complexe, et ne lui semble pas pouvoir résulter d’une sélection naturelle. Il relève que de nombreux aspects des nombres, à commencer par les sons formant leurs noms ou les symboles écrits pour les signifier, ne peuvent qu’être le produit d’une évolution culturelle – c’est-à-dire d’un processus par lequel les porteurs d’une culture acquièrent des compétences par imitation ou par enseignement, comme c’est le cas pour l’usage d’un outil, par exemple.

    Or s’il existe de nombreuses cultures animales, seules les cultures humaines impliquent des chiffres. Certes, quelques chimpanzés ont appris en captivité à représenter des quantités par des symboles abstraits, mais ni ces primates, ni aucune autre espèce sauvage n’emploient de symboles numériques dans la nature. Rafael Núñez propose donc qu’une distinction devrait être faite entre cognition « quantitative », innée et observée chez les animaux, et « cognition numérique », culturelle et observée seulement chez les humains.

    Tout le monde n’a pas cette position tranchée : Andreas Nieder souligne que les études neurologiques mettent en évidence les grandes similitudes existant dans les traitements neuronaux des quantités chez les humains et chez les non-humains. Pour lui, il serait trompeur de séparer trop les deux comportements, même si les compétences numériques des humains sont bien plus grandes que celles des non-humains. « Aucun animal n’est véritablement capable de représenter des symboles numériques », convient-il.

    L’os de hyène qu’a étudié Francesco d’Errico pourrait aider à saisir la naissance des premières numérations. L’examen des neuf entailles au microscope a révélé que leurs formes, leurs profondeurs et d’autres de leurs caractéristiques sont très semblables, de sorte qu’il semble qu’elles furent toutes réalisées avec la même lame de pierre, toujours tenue de façon identique. Cela suggère qu’un individu les a pratiquées en une fois et en quelques minutes ou heures (à un autre moment, huit autres marques moins profondes furent aussi gravées). Pour Francesco d’Errico, l’individu en question ne cherchait pas à décorer l’os. À titre de comparaison, il a aussi analysé sept incisions pratiquées il y a quelque 40 000 ans dans un os de corbeau dans un habitat néandertalien de Crimée. L’étude statistique met en évidence que ces encoches sont espacées avec une régularité comparable à celle que produisent des volontaires à qui l’on a demandé de pratiquer des entailles régulières sur des os semblables. Cette observation – et le fait que les encoches aient été créées en une fois – amène Francesco d’Errico à considérer qu’elles ont pu servir à retenir une information numérique.

    Une apparition fortuite

    Le chercheur de Bordeaux propose une théorie de l’apparition des systèmes d’énumération, fondée sur l’idée que les humains ont élaboré d’abord fortuitement, puis de façon volontaire des artefacts servant à noter des nombres. Son intuition est liée au fait que l’os de hyène des Pradelles n’est pas la seule découverte de son genre. À Border Cave, en Afrique du Sud, les préhistoriens ont par exemple découvert un péroné de babouin vieux d’environ 42 000 ans, qui est lui aussi marqué d’encoches . De l’examen au microscope de ces 29 encoches on conclut qu’elles furent créées en se servant de quatre outils distincts, ce qui correspondrait à quatre événements de comptage ayant eu lieu à quatre occasions distinctes. Pour Francesco d’Errico, les H. sapiens qui habitaient Border Cave enregistraient aussi des informations numériques sur des os, et il souligne que nombre de gravures abstraites découvertes au cours des vingt dernières années plaident en faveur de l’existence ancienne d’une cognition avancée.

    Dans sa vision, la numération aurait été créée par accident dans le cours des activités culturelles des hominines. C’est ainsi que les paléoanthropologues désignent la lignée d’abord préhumaine, puis humaine, sortie de l’ancêtre commun des humains et des chimpanzés. Lorsqu’ils dépeçaient des carcasses, les hominines incisaient involontairement leurs os, y laissant des marques de découpe, phénomène qui aurait préparé et rendu possible un saut cognitif : ces préhumains se seraient rendu compte qu’il était possible d’inciser certaines surfaces afin d’y créer des figures abstraites – tels celles retrouvées sur un coquillage enfoui à Trinil, en Indonésie, il y a quelque 430 000 ans… Ensuite, un autre saut cognitif se serait produit quand les préhumains commencèrent à donner un sens aux incisions qu’ils pratiquaient, un sens numérique notamment. L’os des Pradelles pourrait être le plus ancien exemple connu de ce type de marquage, avance Francesco d’Errico, qui propose qu’ultérieurement des « exaptations culturelles » – des accrétions de fonctions sur un même trait culturel, ici l’habitude de graver, puis de lire des surfaces – ont conduit à l’invention de 1, 2, 3…, puis des autres chiffres.

    Francesco d’Errico a bien conscience que son scénario a des lacunes. Il ne prédit pas, par exemple, quels déclencheurs culturels ou sociaux ont pu amener les hominines à marquer délibérément des surfaces d’objets naturels afin d’y fixer des informations numériques, à lire plus tard. C’est bien pourquoi il codirige le projet Quanta, conçu pour accumuler le plus de faits possible afin de saisir quels phénomènes sociaux pourraient avoir engendré les systèmes de numération utilisés par l’humanité.

    Rafael Núñez, au sein de ce projet, et d’autres chercheurs qui lui sont extérieurs pensent que les interprétations d’artefacts anciens, tels que l’os des Pradelles, sont très fragiles. Pour montrer pourquoi, Karenleigh Overmann, une archéologue spécialiste de la cognition à l’université du Colorado, évoque le cas des bâtons à message des aborigènes australiens. Ces bois aplatis ou cylindriques portent de nombreuses encoches, dont certaines signifient quelque chose, tandis que la plupart ne signifient rien. L’anthropologue linguistique Piers Kelly, à l’université de Nouvelle-Angleterre, en Australie, qui a étudié les bâtons à message, rejoint Karenleigh Overmann. Il a notamment compris que les incisions observées sur certains d’entre eux sont en réalité une sorte d’aide-mémoire pour que le messager puisse se remémorer les détails à transmettre. « Elles évoquent plutôt l’acte de raconter que celui de décompter », pointe-t-il. Wunyungar, un membre des communautés aborigènes Gooreng Gooreng et Wakka Wakka, rappelle de son côté que les bâtons à message peuvent servir à transmettre des informations de natures diverses : « Certains sont employés pour commercer, d’autres pour transmettre des données relatives à la subsistance, à des outils ou des armes, explique-t-il. D’autres servent à apporter des messages de paix après une guerre. »

    Compter avec les mains

    Karenleigh Overmann a, de son côté, élaboré une théorie de l’émergence préhistorique des systèmes de numération fondée sur une autre approche. Elle a remarqué que des systèmes de numération très divers sont toujours employés aujourd’hui à travers le monde. En 2012, les linguistes Claire Bowern et Jason Zentz, de l’université de Yale à New Haven, aux États-Unis, ont par exemple rapporté que dans 139 langues aborigènes australiennes, les plus grands chiffres utilisés sont 3 ou 4. Dans certaines de ces langues, on utilise en outre des quantificateurs tels « plusieurs » et « beaucoup » pour parler de valeurs élevées. Plus fascinant encore : en Amazonie brésilienne, les chasseurs-cueilleurs Pirahã n’utiliseraient aucun chiffre… Karenleigh Overmann, ainsi que d’autres chercheurs, préviennent : ces capacités limitées de numération ne traduisent pas une déficience intellectuelle des sociétés où on les rencontre. Ces sociétés sont, par contre, intéressantes, car leurs systèmes de comptage frustes pourraient éventuellement donner des indices sur le type de pressions sociales susceptibles de conduire à l’élaboration de techniques numériques plus complexes.

    Dans une étude de 2013, elle a analysé les données anthropographiques de 33 sociétés de chasseurs-cueilleurs actuelles. Elle a découvert que dans les sociétés dotées de systèmes de numération simples – quand les chiffres ne dépassent guère 4 –, on ne possède pas grand-chose, à part quelques armes, outils ou bijoux ; dans les sociétés ayant des systèmes de numération plus élaborés – où les plus grands chiffres utilisés sont bien supérieurs à 4 –, on possède en revanche bien plus de biens. De cette observation, Karenleigh Overmann formule l’hypothèse que les sociétés à systèmes de numération élaborés sont aussi des sociétés ayant accès à la richesse matérielle.

    Or, dans ces sociétés, des indices suggèrent comment les systèmes de numération complexes se sont développés. Karenleigh Overmann a relevé que l’on y emploie souvent des systèmes quinaires (de base 5), décimaux (de base 10) ou vigésimaux (de base 20), donc fondés sur le nombre de doigts sur une main, deux mains ou sur les mains et pieds. Cela induirait que les humains ont d’abord compté sur leurs doigts avant d’élaborer des systèmes numériques. Le stade digital du comptage aurait joué un rôle essentiel, selon Karenleigh Overmann. Une idée qu’elle appuie sur la « théorie de l’engagement matériel » qu’a bâtie il y a une dizaine d’années Lambros Malafouris, de l’université d’Oxford. Selon cette théorie, connue par l’acronyme MET (material engagement theory), l’esprit tend à s’étendre au-delà du cerveau dans le corps, les doigts, puis dans une certaine mesure à l’extérieur dans les objets, par exemple les outils d’une personne. Les idées s’étendent physiquement à l’extérieur du corps, où elles se concrétisent ; ainsi selon la MET, la conceptualisation mentale des nombres inclut les doigts, qui les rendent plus tangibles et par là plus faciles à ajouter ou à soustraire.

    Les sociétés qui ont dépassé le comptage par les doigts l’ont fait, selon Karenleigh Overmann, parce qu’une exigence sociale de comptage s’est imposée. Dans une société où circulent des biens matériels, on a besoin de savoir dénombrer les objets – et bien plus de 4 objets ! – afin d’en maîtriser les parcours. Karenleigh Overmann souligne que la MET implique une autre raison pour laquelle l’existence de biens matériels rend nécessaire l’élaboration de systèmes de numération. Un bâton de comptage est une extension de l’esprit, puisque les encoches aident à fixer des nombres intermédiaires pendant un décompte. Ces aides matérielles auraient joué un rôle crucial dans l’élaboration de moyens de compter jusqu’à de grands nombres.

    Certaines sociétés, dit Karenleigh Overmann, ont fini par se passer des bâtons ou des os à compter. Cela s’est produit en Mésopotamie lorsque l’apparition des villes a induit un bien plus grand besoin de chiffres capables de garder la trace des ressources matérielles et des personnes. Selon certains indices, les Mésopotamiens d’il y a quelque 5500 ans auraient compté à l’aide de petits jetons d’argile.

    Selon la MET, souligne Karenleigh Overmann, ces jetons sont, eux aussi, des extensions de l’esprit, qui favorisent la création de nouvelles techniques numériques. La forme des jetons, par exemple, a notamment fini par représenter des valeurs : 10 petits cônes équivalaient à 1 sphère et 6 sphères à 1 grand cône. Grâce aux grands cônes, équivalant chacun à 60 petits cônes, les Mésopotamiens sont parvenus à manier les milliers avec assez peu de jetons. Cette approche enthousiasme Karim Zahidi, un philosophe de l’université d’Anvers, en Belgique, pour qui la théorie de Karenleigh Overmann, bien qu’incomplète, a le potentiel d’expliquer le développement des systèmes élaborés de numération utilisés par nos contemporains. Andrea Bender, psychologue à l’université de Bergen, en Norvège, qui codirige aussi Quanta, retient son jugement, mais elle estime que, dans le cadre du projet, la compilation et l’analyse de grandes quantités de données relatives aux numérations du monde devraient permettre de vérifier la thèse de Karenleigh Overmann.

    La piste linguistique

    Karenleigh Overmann aussi a conscience que sa théorie ne résout pas toutes les questions, à commencer par celle de la période d’émergence du comptage au sein des sociétés humaines. La linguistique pourrait apporter de l’aide à cet égard : un faisceau d’éléments suggère en effet que l’histoire du vocabulaire numérique pourrait être longue de plusieurs dizaines de milliers d’années. Avec des collègues, Mark Pagel, un biologiste de l’université de Reading, au Royaume-Uni, s’est servi des outils informatiques que l’on emploie en biologie pour étudier l’évolution des espèces, afin d’analyser celle des mots au sein de nombre de familles de langues. Dans cette approche, les mots sont traités comme des entités, qui, telles des espèces, demeurent stables ou sont concurrencées puis remplacées à mesure que les langues se répandent et se diversifient. Le mot anglais water et le mot allemand Wasser sont par exemple apparentés, ce qui en fait des cognats, c’est-à-dire des termes partagés par des langues parentes. Ils dérivent donc d’un mot plus ancien, ce qui fournit un exemple de stabilité. Pour sa part, le mot anglais hand diffère du mot espagnol mano, ce qui montre qu’à un moment dans le passé de ces deux langues apparentées, un mot fut substitué par un autre. L’estimation de la fréquence de ces substitutions sur de longues plages temporelles donne une méthode d’évaluation de l’ancienneté des mots.

    Par cette approche, Mark Pagel et son collègue Andrew Meade ont montré que les mots numériques de faible valeur (« un », « deux », « trois », « quatre », « cinq ») font partie des traits les plus stables des langues parlées. Ils changent si rarement au sein d’une même famille de langues, qu’ils peuvent demeurer stables pendant 10 000 voire 100 000 ans. Selon les chercheurs, ce fut par exemple le cas au sein de la famille des langues indo-européennes, qui regroupe aujourd’hui de nombreuses langues d’Europe et d’Asie du Sud. Cette approche ne suffit pas à prouver que « un », « deux », « trois », « quatre » et « cinq » proviennent de mots apparentés prononcés pour la première fois il y a des dizaines de milliers d’années, mais Mark Pagel estime au moins « concevable » qu’un humain du Paléolithique et qu’un humain moderne se comprendraient s’ils les utilisaient ensemble.

    Le travail de Mark Pagel a ses partisans, dont le codirecteur du projet Quanta qu’est aussi Russell Gray, mais certains spécialistes des langues anciennes contestent ses affirmations. Le linguiste de l’université de Pennsylvanie Don Ringe trouve ainsi douteuse l’idée que les mots désignant les petits chiffres aient pu être stables depuis la préhistoire, et cela quelle qu’ait été leur stabilité pendant les derniers millénaires.

    Tout cela soulève un grand nombre de questions sur le moment et la manière dont les chiffres sont apparus dans la vie des humains. « Ils jouent aujourd’hui un si grand rôle dans tout ce que nous faisons qu’il est difficile de concevoir notre vie sans eux », souligne Russell Gray. Les nombres pourraient avoir acquis leur importance au plus profond de la préhistoire. L’os de babouin entaillé de Border Cave fut usé au point d’en devenir lisse, ce qui suggère que les humains préhistoriques l’ont utilisé de nombreuses années durant. « Clairement, il s’agissait d’un objet important pour la personne qui l’a produit », explique Francesco d’Errico. Ce n’est pas le cas du spécimen des Pradelles. S’il a bien servi à fixer une information numérique, celle-ci n’était pas et ne pouvait pas encore être importante. Francesco d’Errico et ses collègues ont étudié cet os pendant de très longues heures, mais le Néandertalien qui, il y a quelque 600 siècles, l’a gravé, ne s’en est servi que très brièvement avant de le jeter.

  • Origine du Covid-19 : « Sans informations précises sur ce qui se passait dans le laboratoire de Wuhan, on n’avancera pas ! » | Pour la Science
    https://www.pourlascience.fr/sd/epidemiologie/origine-du-covid-19-sans-informations-precises-sur-ce-qui-se-passait-d


    Le SARS-CoV-2, responsable de la pandémie de Covid-19.
    © NIAID

    Depuis fin 2019, le monde est confronté à la pandémie de #Covid-19. On la doit à un coronavirus, le #SARS-CoV-2, dont l’origine reste mal connue malgré les efforts déployés. Plusieurs hypothèses sont en lice, et toutes sont, à ce jour, plausibles, nous explique le virologue Étienne Decroly.

    très intéressante synthèse sur ce que l’on sait et ce que l’on ne sait pas sur l’origine du SARS-CoV-2

    en accès libre
    en version papier dans le numéro de juin de Pour la Science (où il manque la dernière question et sa réponse, ainsi que les deux dernières phrases de la réponse précédente… peut-être d’autres choses ailleurs, mais c’est moins facile à repérer)

    #must_read !

  • Une tombe princière armoricaine découverte en Normandie | Pour la Science
    https://www.pourlascience.fr/sd/archeologie/une-tombe-princiere-armoricaine-decouverte-en-normandie-20586.php


    Les pointes de flèche de type armoricain (sous-type Limbabu, ogivales longues) retrouvées dans la tombe princière de l’âge du Bronze ancien (environ 1 800-1 600 ans avant notre ère) de Giberville.
    © Clément Nicolas

    La culture des Tumulus armoricains, très bien documentée en Bretagne, était aussi présente en Normandie, comme en atteste la découverte faite à Giberville, près de Caen, par une équipe de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) dirigée par Emmanuel Ghesquière. Outre des « fosses de chasse », qui servaient à piéger du gros gibier, datant d’entre le début du Néolithique et l’âge du Bronze final (5 000 et 1 000 ans avant notre ère), ainsi que des enclos et une nécropole de l’âge du Fer, ce sont surtout quatre ensembles funéraires de l’âge du Bronze ancien, dont une remarquable « tombe princière », qui ont retenu l’attention des archéologues.

    Ces sépultures traduisent la forte hiérarchie sociale qui caractérise cette période : alors que la majorité ne contient pas ou peu de mobilier funéraire, la tombe dite « princière », datée de 1 800-1 600 ans avant notre ère, a notamment livré un poignard en bronze de type armoricain, des fragments de parures en ambre, qui caractérisent les tombes de chefs, ainsi que 14 pointes de flèches.


    Le poignard en bronze retrouvé dans la tombe princière de Giberville. De type armoricain (sous-type Longues ou Bourbiac), il présente un décor de deux filets parallèles sur les tranchants.
    © Bruno Bell

  • Covid-19 : des symptômes de la tête jusqu’aux doigts de pied | Pour la Science
    https://www.pourlascience.fr/sd/medecine/covid-19-des-symptomes-de-la-tete-jusquaux-doigts-de-pied-19485.php


    Les symptômes du SARS-CoV-2 se font sentir jusqu’aux doigts de pied.
    © Shutterstock.com/Kojin

    Le virus SARS-CoV-2 qui a infecté des millions de personnes dans le monde entier attaque bien plus que les poumons. Certains des symptômes de la maladie qu’il provoque, le Covid-19, sont assez prévisibles : toux, fièvre, frissons, maux de tête. Mais les effets de l’agent pathogène ne s’arrêtent pas là. Le virus peut causer des problèmes dans presque tous les organes, y compris le cerveau, le cœur, les reins, le système gastro-intestinal et la peau.

    Les médecins ont été surpris par ce qu’ils appellent aujourd’hui l’hypoxie silencieuse : les malades ayant un taux d’oxygène sanguin particulièrement faible ne semblent pourtant pas lutter pour respirer. Ajoutons les « orteils Covid », des gonflements douloureux de la peau des doigts de pied, similaires à des engelures. Dans de rares cas, les enfants, que l’on pensait auparavant relativement épargnés, présentent des symptômes semblables à ceux de la maladie de Kawasaki, qui entraîne une inflammation des vaisseaux sanguins dans tout le corps. Les complications associées à des caillots sanguins, comme des accidents vasculaires cérébraux et des embolies pulmonaires, sont également fréquentes. « Il est intéressant de constater qu’un virus respiratoire peut provoquer une telle diversité de manifestations cliniques », déclare Peter Hotez, de la faculté de médecine Baylor, à Houston, au Texas.
    […]
    Certains des mystérieux symptômes liés au Covid-19 commencent à prendre tout leur sens lorsqu’ils sont considérés comme des manifestations d’un trouble vasculaire. Prenons l’hypoxie silencieuse, un état sur lequel Luciano Gattinoni a attiré l’attention ces dernières semaines. Selon lui, il n’est pas lié aux capacités des poumons, mais plutôt à une altération du flux sanguin dans ces organes.
    […]
    La question de savoir si les problèmes vasculaires associés au Covid-19 sont directement imputables au virus lui-même ou plutôt à la réponse immunitaire de l’organisme reste ouverte. Certaines données suggèrent que le SARS-CoV-2 peut attaquer directement les cellules endothéliales. En avril, Franck Ruschitzka et ses collègues ont révélé la présence de particules virales dans les endothéliums des reins et une accumulation de cellules immunitaires inflammatoires dans les endothéliums de divers organes, dont le rein, le cœur et les poumons. Selon Franck Ruschitzka, la réponse immunitaire du corps, et non le virus lui-même, est l’explication la plus probable de la coagulation excessive. « Ce que nous voyons partout, c’est une inflammation prononcée », ajoute-t-il.

  • La femme qui traquait les coronavirus chez les chauves-souris | Pour la Science
    https://www.pourlascience.fr/sd/biologie/la-femme-qui-traquait-les-coronavirus-chez-les-chauves-souris-19370.ph


    Shi Zhengli libère une chauve-souris frugivore après lui avoir prélevé un échantillon de sang, dans une grotte de la province chinoise du Guangxi, en 2004.
    © Shuyi Zhang

    Malgré ces perturbations, la chasseuse de chauves-souris est déterminée à poursuivre son travail. « Ce que nous avons découvert n’est que la partie émergée de l’iceberg. » [Shi Zhengli de l’institut de virologie de Wuhan] prévoit de diriger un projet chinois d’échantillonnage systématique des virus dans les grottes à chauves-souris, avec une portée bien plus grande que les tentatives précédentes. L’équipe de Peter Daszak [président de l’EcoHealth Alliance, une organisation de recherche à but non lucratif basée à New York qui collabore avec des chercheurs comme Shi Zhengli dans trente pays d’Asie, d’Afrique et du Moyen-Orient pour découvrir de nouveaux virus chez les animaux sauvages] a estimé qu’il reste plus de 5 000 souches de coronavirus à découvrir chez les chauves-souris dans le monde entier.
    « Les coronavirus transmis par les chauves-souris provoqueront d’autres épidémies », déclare Shi Zhengli avec une certitude inquiétante. « Nous devons les trouver avant qu’ils ne nous trouvent. »

  • Pour la Science diffuse régulièrement à ses prospects un mail faisant le point sur l’actualité de Covid-19
    articles librement accessible
    ci-dessous l’édito du numéro 4 du 15/04/2020

    Covid-19 : L’actualité scientifique décryptée #4
    https://mailchi.mp/pourlascience.fr/covid-19-lactualit-scientifique-dcrypte-4417747

    Chères lectrices, chers lecteurs,

    Emmanuel Macron l’a rappelé dans son allocution le lundi 13 avril, pour sortir de l’épidémie, outre les vaccins, il faudra compter avec les traitements : « Toutes les options sont explorées et notre pays est celui qui a engagé le plus d’essais cliniques en Europe. […] Et, croyez-le, nos médecins, nos chercheurs travaillent d’arrache-pied. » De fait, en France, et dans le monde, les scientifiques explorent et défrichent d’innombrables pistes, parfois inédites. Il en est même certaines qui pourraient déboucher sur des composés efficaces contre tous les coronavirus, y compris ceux susceptibles d’émerger demain ou dans les décennies à venir…

    Parmi ces traitements, le plasma des malades guéris, et les anticorps qu’il contient, est l’un des plus prometteurs. Les premières études ont livré des résultats encourageants que des tests cliniques de plus grande ampleur cherchent à confirmer.

    Chaque jour, nous essayons de vous relater les plus prometteurs et les plus solides travaux scientifiques en la matière. Cependant, dans cette couverture du Covid-19, le temps de la recherche et celui des médias entrent en collision et obligent à un surcroît de précautions. Quelques exemples illustrent les écueils et les chausse-trappes qui guettent le journaliste.

    Pour finir, n’oublions pas que l’humain est un animal comme les autres. Il est l’un des maillons d’une chaîne de transmission du SARS-CoV-2 entre plusieurs espèces de mammifères dont certains intermédiaires sont encore mal connus. La pandémie actuelle impose donc de repenser notre place, et notre action, dans le monde vivant.

  • Quand les plantes font des maths | Pour la Science
    https://www.pourlascience.fr/sd/biologie-vegetale/quand-les-plantes-font-des-maths-14370.php

    Des études botaniques, bien que non exhaustives, semblent indiquer que les #phyllotaxies spiralées sont les plus répandues. Et c’est leur étude qui a propagé un parfum d’ésotérisme sur la #phyllotaxie. En effet, on distingue plusieurs spirales dans ces arrangements. La première relie les organes dans l’ordre où ils ont été produits dans le temps, du plus jeune au plus vieux, par exemple. Souvent peu visible, cette spirale génératrice s’enroule longitudinalement autour de la tige, feuille après feuille, comme les marches d’un escalier en colimaçon.

    Lorsque les structures restent compactes (imaginez un escalier en colimaçon très compressé dans le sens de la hauteur !), comme dans une pomme de pin, la proximité visuelle des éléments voisins dessine d’autres spirales, bien visibles cette fois, les unes tournant dans un sens, les autres dans l’autre. Et si l’on compte le nombre de ces spirales, nommées parastiches, dans chaque sens, on trouve dans la grande majorité des plantes deux nombres qui ne doivent rien au hasard, comme le fit remarquer en 1831 le botaniste allemand Alexander Braun. Ce sont deux nombres consécutifs de la #suite_de_Fibonacci. Chaque nombre de cette suite est la somme des deux précédents, en partant de 1 et 1 : 1, 1, 2, 3, 5, 8, 13, 21, 34, 55, 89, …

    Ainsi, une pomme de pin fait en général apparaître 8 spirales dans un sens et 13 dans l’autre, une marguerite 21 spirales dans un sens et 34 dans l’autre, etc.

    #botanique #mathématiques #géométrie

  • Des #contrôles de #police #contreproductifs | Pour la Science
    https://www.pourlascience.fr/sd/sciences-sociales/des-controles-de-police-contreproductifs-14753.php

    Cependant, en pratique, les contrôles et l’usage de la force se révèlent problématiques. En effet, y compris dans les démocraties libérales, ils sont distribués dans la population de manière inégale et souvent, mais pas toujours, #discriminatoire. Or si dans certains pays, comme le Royaume-Uni ou le Canada, l’autorité politique juge urgent de remédier à cette inégalité, dans d’autres, comme la France, le gouvernement refuse de la voir.

    De leur côté, les polices avancent régulièrement, par la voix de leurs responsables ou de leurs représentants syndicaux, que l’inégalité est le prix de l’efficacité, et ainsi que l’injustice faite aux minorités est acceptable moralement puisqu’elle est utile à la tranquillité publique du plus grand nombre. Des organisations de la société civile dénoncent quant à elles tant ces #pratiques, qu’elles jugent discriminatoires, que leurs justifications – sans succès.

    Depuis presque trente ans, des sociologues, criminologues et chercheurs en sciences politiques se sont emparés de cette question afin d’y apporter des réponses rigoureuses. Aujourd’hui, les concepts et méthodes se sont considérablement perfectionnés et affinés, et des résultats clairs se dégagent, documentant les deux enjeux essentiels de ces débats : l’égalité devant les contrôles de police et l’efficacité de ces derniers.

    Certains pays sont en avance sur d’autres : ceux dont l’autorité politique s’est saisie de la question – ou y a été contrainte sous la pression de cas devenus des scandales – et qui ont développé des outils statistiques pour suivre le travail des agents de police, comme les États-Unis, le Canada ou le Royaume-Uni. Dans ces pays, les contrôles de police sont enregistrés et, depuis longtemps, des études approfondies des données statistiques ainsi engrangées mesurent en interne le travail de la police. Cette dernière – ou l’autorité qui l’emploie – commandite aussi des recherches spécifiques sur le terrain.

    La France, en revanche, fait partie de la seconde catégorie, comme l’Allemagne. En France, le contrôle de police ne fait pas l’objet d’un enregistrement (et le groupe ethnique de la personne contrôlée non plus). Sa pratique est donc inconnue des supérieurs hiérarchiques des agents, locaux ou nationaux, y compris le ministre de l’Intérieur. Néanmoins, même dans cette configuration peu favorable à la connaissance, des études indépendantes de la police et de l’autorité politique ont été réalisées et commencent à donner des réponses. Voici un aperçu des principaux travaux menés en France et à l’étranger, dans des environnements institutionnels et économiques comparables.

  • La vie de la fille d’Egtved reconstituée (Age du bronze).

    Tous ces indices permettent de reconstituer le parcours suivant : la fille d’Egtved faisait partie d’une famille de haut rang qui séjournait régulièrement dans le Sud, peut-être près de la Forêt-Noire. Elle revenait de ce lieu quand elle est morte au Danemark. Son histoire est une illustration de plus des réseaux d’échange à longue distance qui existaient entre les élites de l’Âge du bronze.

    Ce qui me fait penser que l’hypothèse d’Emmanuel Guy à propos d’une organisation clanique et hiérarchisée au travers toute l’Europe au paléolithique reste encore à vérifier mais constitue une piste de recherche correcte même si, quand même, son histoire de blasons me laisse perplexe.

    https://www.pourlascience.fr/sd/archeologie/la-vie-de-la-fille-degtved-reconstituee-12099.php

  • #Agriculture_durable : la leçon chinoise | Pour la #Science
    https://www.pourlascience.fr/sd/agronomie/agriculture-durable-la-lecon-chinoise-13172.php

    Une vaste étude portant sur 21 millions de petits paysans chinois apporte la preuve de l’intérêt de transmettre des #conseils_agronomiques simples pour produire plus tout en utilisant moins d’engrais.

    L’objectif était d’évaluer l’efficacité d’une campagne nationale de partage de #pratiques_agronomiques validées scientifiquement auprès de 21 millions de petits producteurs de riz, de maïs et de blé. Les résultats montrent que cette approche a permis d’augmenter les rendements de 11% et de diminuer l’usage des engrais de 15 à 18% en moyenne. Pour les producteurs, cela a représenté un gain de 12,2 milliards de dollars sur 10 ans.

    Les chercheurs ont d’abord recensé les pratiques dans 13 123 exploitations afin de déterminer les conditions de culture optimales selon différentes caractéristiques, comme la zone géographique, les conditions d’ensoleillement ou la pluviométrie. Les variations de rendements en fonction des types de semences utilisés, de la période des semis, de la densité de ceux-ci, de l’usage d’engrais et de l’irrigation ont également été analysées. « Aucun de ces conseils n’est innovant en soi mais ce qui est intéressant, c’est que leur effet sur la productivité et sur l’environnement a été quantifié », précise Bertille Thareau, sociologue, responsable de la chaire Mutations agricoles de l’ESA d’Angers.

    Quelque 1000 scientifiques, 65 000 fonctionnaires agricoles et 14 000 représentants conseils de l’agro-fourniture ont travaillé ensemble pour organiser plus de 14 000 ateliers, 21 000 démonstrations sur site et distribuer 337 000 prospectus. « Là encore, les techniques à l’œuvre sont classiques en sociologie de l’innovation, avec par exemple l’appui sur des agriculteurs "leaders du changement", mais la force de ce travail est de démontrer la nécessité de la mise en place de réseaux », insiste Bertille Thareau.

  • Il n’existe plus de chevaux sauvages | Pour la Science
    https://www.pourlascience.fr/sd/zoologie/il-nexiste-plus-de-chevaux-sauvages-12967.php

    Le cheval de #Przewalski, un cheval archaïque découvert en Mongolie en 1879, passait pour la seule espèce sauvage de cheval encore en vie. Les travaux de Ludovic Orlando, du CNRS et de l’Université Paul Sabatier à Toulouse, viennent de révéler que ce n’est pas le cas : c’est un cheval domestiqué retourné à la vie sauvage. En outre, nos chevaux domestiques actuels ne descendent pas de cette première population chevaline domestiquée connue,.
    La domestication du cheval s’est produite entre le IVe et le IIIe millénaire avant notre ère, durant à l’âge du Cuivre (Chalcolithique). Les plus anciens indices proviennent d’une culture de chasseurs de chevaux présente au nord du Kazakhstan actuel, il y a 5 500 ans : la culture de Botaï.
    […]
    Qu’en ressort-il ? Deux résultats inattendus. Pour commencer, il s’avère que les chevaux de Botaï ne sont pas les ancêtres des chevaux actuels, mais qu’ils sont les ancêtres directs des chevaux de Przewalski. Ainsi, ces chevaux qui passaient pour sauvages ne le sont pas. Ce sont des équidés féraux, c’est-à-dire domestiqués puis retournées à la vie sauvage.
    […]
    Le deuxième résultat inattendu est qu’il va falloir rechercher l’origine de nos chevaux ailleurs que dans la culture de Botaï. En effet, aucun des 22 génomes de chevaux eurasiatiques séquencés par l’équipe de Ludovic Orlando ne s’est avéré apparenté aux chevaux de Botaï. Au moins un autre foyer de domestication a donc existé. Reste à le trouver. En Anatolie, en Asie centrale, mais aussi dans les steppes pontiques, de vastes régions de l’est de l’Ukraine et de la Russie méridionale où les cultures cavalières des Scythes et des Sarmates ont prospéré dans l’Antiquité.

  • L’efficacité de la langue poilue de la chauve-souris | Pour la Science
    https://www.pourlascience.fr/sd/biophysique/lefficacite-de-la-langue-poilue-de-la-chauve-souris-13021.php

    Le glossophage de Pallas (Glossophaga soricina), une chauve-souris d’Amérique du Sud, est réputé pour sa langue qu’il peut étirer démesurément afin de s’abreuver du nectar caché au fond de grandes fleurs. Cette langue est en outre recouverte de petits poils, qui joueraient un rôle dans le captage du nectar. Pour évaluer leur efficacité, Alice Nasto, Pierre-Thomas Brun et Anette Hosoi de l’institut de technologie du Massachusetts, ont conçu un matériau qui reproduit la structure de la langue de la chauve-souris.

    Comme le colibri, le glossophage de Pallas se positionne en vol stationnaire face à une fleur pour s’abreuver de son nectar. La manœuvre dépense beaucoup d’énergie, qu’il convient de compenser par un repas copieux ! En 2011, deux chercheurs avaient montré que le colibri forme un tube avec sa langue pour aspirer le nectar. La chauve-souris semble utiliser une technique différente. Les poils de l’extrémité de sa langue serviraient à piéger un maximum de nectar. En effet, lorsque la langue est au repos, ces poils sont à plat sur la surface. Mais quand la langue atteint son extension maximale, les poils se dressent perpendiculairement à la surface.