Essai sur les légendes pieuses du Moyen-Age, ou, Examen de ce qu’elles ... - Alfred Maury

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    Ne serait-ce pas par une confusion amenée aussi par l’idée diabolique que le peuple rattachait sans cesse au serpent, qu’on aura transformé en image de damnés d’anciennes figures dont l’origine semble être tout égyptienne.Je veux parler de ces figures offrant des femmes tétées, sucées dans leurs parties les plus secrètes, par des reptiles, de ces représentations de personnages dévorés par des serpents qui les enlacent et les déchiquetent. Ce sujet n’est pas rare dans les monuments du moyen-âge. A l’abbaye de Moissac, on voit la figure d’une femme tétée par des #crapauds, sucée dans ses parties naturelles ; près d’elle, est un homme de la bouche duquel s’échappe un crapaud, et qui porte un diable sur ses épaules’. Aux églises de Montmorillon*, de Saint-Jouin, à Saint-Hilaire de Melle, à Saint-Jacques de Ratisbonne*, on voit dans des bas-reliefs, des femmes tétées par des serpents qu’elles tiennent ordinairement par le cou, à la hauteur de leur sein.Al’église Saint-Sauveur de Dinan,on remarque, sur les basreliefs du portail, une femme tétée par des crapauds et tourmentée par des serpents ; un animal à quatre pattes lui ronge le crâne.Au portail de gauche de la même église, un homme à cornes de bœuf est tiré par deux crocodiles fantastiques. Dans un ancien bâtiment à Beverley, dans l’Yorkshire4, sur un

    1 A. Le Noir, Hist. des Arts en France, pl. 24, en donnant le bas-relief de Moissac, a fort judicieusement remarqué que ce sujet semble avoir inspiré Cazotte, dans ces vers :

    Sur ses épaules déchirées,
    Les démons frappaient à coups redoublés,
    Les fouets dont leurs mains sont armées
    Sont des serpents les plus envenimés ;
    Il veut crier, Un crapaud du gosier
    Lui sort avec clameur.
    Hélas, ma bonne, hélas ! que j’ai grand’peur.

    Le crapaud et la grenouille étaient des animaux consacrés au démon et qui en servaient souvent de personnifications. Saint Jean dit qu’il vit sortir de la gueule du dragon, trois esprits impurs semblables à des grenouilles. † XVI, 13. Milton compare, dans son Paradis Perdu, Satan à un crapaud :

    – - - - - - - - Him there found
    Squat like a toad.
    B. IV, v, 8o.