Croyances et dictons populaires de la vallée pu Ngu6n-Sơn (fin)

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  • Croyances et dictons populaires de la vallée pu Ngu6n-Sơn (fin) - Persée
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    Le #crapaud dit un jour au tigre : « Veux-tu lutter avec moi à la course ? — Cha châ ! tu n’y penses pas ! — Essayons, je parie que je te surpasserai. — .l’y consens. » Le crapaud saisit le bout de la queue du tigre au moment où celui-ci parlait. Après avoir traversé montagnes et vallées, fourrés et clairières, le tigre s’arrêta et se retourna pour voir si le crapaud le suivait. Mais le mouvement de sa queue provoqué parle brusque arrêt, avait projeté le crapaud quelques pas en avant du tigre : « Je suis ici devant toi, pourquoi me cherches-tu en arrière ? » Le tigre, tout étonné, demanda un peu de répit pour aller se rafraîchir au lorrent voisin. Là il rencontra la tortue qui lui dit : « Qu’a donc mon frère aîné qu’il est si altéré ? — Vraiment j’ai grand soif, mais je suis surtout bien ému parce qui m’est arrivé : figure-toi que le crapaud m’a dépassé à la course. — Ce n’est pas étonnant, il avait atlrappé le bout de ta queue et tu l’as fait sauter devant toi en t’arrêtant. Si tu veux lui jouer un tour, attache une grosse pierre à ta queue, il ne pourra plus s’y suspendre et tu arriveras avant lui. » Le tigre suivit le bon conseil qu’on lui donnait. Le crapaud ne put pas saisir le bout de la queue du tigre, mais comme celui-ci traversait le torrent, la pierre l’entraîna au fond et il se noya.

    Gomme on le voit, dans toutes les histoires où figure le tigre, il joue toujours le vilain rôle : c’est lui qui est ou battu ou mystifié.

    Dans une longue histoire qui se rattache au proverbe : « Le crapaud pousse trois cris et il est entendu du ciel, à combien plus forte raison les hommes (*) », on voit une partie de cette fable de la lutte du crapaud et du tigre. Plusieurs animaux, entre autres le tigre et le crapaud, discutaient pour savoir qui irait porter aux génies du ciel les doléances des habitants de la terre, affligés par une longue sécheresse. On résolut de mettre à l’épreuve la force de chacun : celui qui franchirait le premier un torrent qui était près de là, serait chargé de cette délicate mission. Le tigre l’aurait emporté, si le crapaud n’avait eu soin de saisir le bout de sa queue. L’effort que fit le tigre en sautant et le brusque mouvement delà queue projetèrent le crapaud bien loin en avant du tigre : le crapaud fut déclaré vainqueur et chargé d’aller à la demeure des génies. Il eut d’ailleurs assez d’éloquence pour se faire écouter : à peine eut-il poussé trois « •ris que les génies firent tomber l’eau en abondance.

    (’) Concóc kêu ba tiêng, câng than trài ; laiàng chi nga-ô-i la ’.