Le nucléaire français réfléchit à des réacteurs de petite taille - Page 1

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    La filière nucléaire française réfléchit au développement d’une nouvelle gamme de #réacteurs de petite taille mais doit encore réaliser de solides études pour s’assurer de la viabilité du projet, ont indiqué jeudi des dirigeants du secteur.

    La recherche française autour de ces réacteurs, dont la puissance serait de 150 à 170 mégawatts (MW) environ - comparés aux 1.650 MW de l’EPR -, est menée par EDF et le Commissariat à l’énergie atomique (CEA).

    « En France, on a jusqu’à présent toujours privilégié des réacteurs de forte puissance (...), nous croyons vraiment dans la capacité de ces technologies (...) mais il faut aussi réfléchir aux réacteurs de plus petite puissance », a dit Xavier Ursat, directeur des nouveaux projets nucléaires d’EDF, lors d’une convention de la Société française d’énergie nucléaire (SFEN) dédiée à l’innovation.

    Selon la SFEN, des réacteurs de puissance modeste pourraient intéresser des pays ou régions « isolés électriquement » (îles, péninsules) et servir pour d’autres usages tels que le chauffage urbain ou le dessalement d’eau de mer.

    François Gauché, directeur de l’énergie nucléaire au #CEA, a précisé que le développement de réacteurs de petite taille ("Small modular reactor", SMR) faisait pour l’instant l’objet d’une étude de « pré-avant projet » devant permettre d’identifier à la fois des barrières techniques mais aussi des problématiques économiques, une phase qui devrait durer un an et demi.

    « Il y a énormément d’études de marchés sur les SMR (...) et il y a des gens qui ont vraiment pris de l’avance ces dernières années », a-t-il ajouté, soulignant que l’américain NuScale était en phase de validation d’un modèle par les autorités de sûreté.

    « L’étude de marché n’est pas simple. Ce qu’on regarde, ce n’est pas que la technique, il faut absolument regarder le volet économique. »

    Philippe Knoche, président de la SFEN et directeur général d’Orano (ex-Areva), a lui aussi souligné que la France était à la pointe des réacteurs les plus puissants - qui répondent aux besoins des grandes agglomérations d’Europe occidentale -, mais que des pays comme les Etats-Unis avançaient « plus vite » dans leurs réflexions sur des réacteurs de petite taille.

    « Avec la possibilité de fabriquer un maximum de choses en usine - contrairement à des gros réacteurs qui doivent être construits sur site -, il faut anticiper l’économie d’échelle, c’est-à-dire savoir à quel point une série assez longue va permettre d’abaisser les coûts », a-t-il ajouté, précisant qu’une gamme de petites réacteurs pourrait être compétitive à partir de plusieurs dizaines d’unités.

    L’EPR, dont le premier exemplaire doit entrer en service fin 2018 à Flamanville (Manche), est régulièrement critiqué par des observateurs du secteur #nucléaire en raison non seulement de son coût mais aussi de sa puissance, jugée trop importante pour des pays ne disposant pas de réseaux électriques suffisamment robustes pour l’accueillir.