« Facebook est désormais un puissant outil d’influence vendu au plus offrant »

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  • Cambridge Analytica : Facebook au coeur d’un nouveau scandale
    https://www.latribune.fr/technos-medias/cambridge-analytica-facebook-au-coeur-d-un-nouveau-scandale-772455.html

    Comment Cambridge Analytica a eu accès aux données de Facebook ?

    C’est le point crucial de l’affaire. Le cabinet d’analyse aurait eu accès aux données personnelles de 50 millions d’utilisateurs Facebook - soit environ un tiers de membres actifs du réseau social en Amérique du Nord et près d’un quart des électeurs américains, précise The Observer. L’entreprise serait passée par un intermédiaire : un certain Aleksandr Kogan.

    Ce chercheur américain, d’origine russe, a développé une application baptisée « thisisyourdigitallife ». Lors de son téléchargement, les utilisateurs concédaient un droit d’accès à leurs données personnelles Facebook.

    "Environ 270.000 personnes ont téléchargé l’application, chiffre Facebook dans un communiqué de presse publié vendredi dernier. En faisant cela, ils donnent leur consentement à Kogan pour avoir accès à des informations comme leur ville d’origine, les contenus "likés"

    Ce n’est pas tout. L’application pouvait également avoir accès aux « amis » des utilisateurs l’ayant téléchargée. En 2014, Kogan aurait transmis ces informations au cabinet Cambridge Analytica, selon les enquêtes du NYT et The Observer. Si l’accès aux données était légal pour le chercheur, leur transmission à un tiers constitue une violation des règles d’utilisation de Facebook.

    « En 2015, nous avons appris que le Dr. Aleksandr Kogan nous avait menti », se défend le réseau social dans son communiqué de presse. Une façon pour Facebook de se dédouaner sur l’usage détourné des données personnelles de ses utilisateurs. « Les gens ont connaissance de fournir ces informations. Aucun système n’a été infiltré, aucun mot de passe ou données sensibles n’ont été volées ou piratées », poursuit Facebook.

    Pourquoi la polémique embarrasse-t-elle Facebook ?

    L’affaire est gênante à plusieurs niveaux. Premièrement, elle touche le cœur même de l’activité de Facebook : la collecte de données - et l’usage potentiellement détourné qui peut en être fait.

    « On est en train d’ouvrir le couvercle de la boîte noire des pratiques de Facebook en matière de données, et le tableau n’est pas joli à voir », souligne auprès de Reuters Frank Pasquale, professeur de droit à l’Université du Maryland et spécialiste de l’utilisation des données par les géants d’Internet.

    Deuxièmement, Facebook se retrouve sous le coup de pressions politiques tous azimuts. Aux États-Unis, plusieurs sénateurs souhaitent entendre les justifications devant le Congrès de Mark Zuckerberg, président et co-fondateur de Facebook. "C’est une brèche énorme sur laquelle il convient d’enquêter. Il est clair que ces plates-formes ne savent pas s’autodiscipliner", a twitté la sénatrice démocrate Amy Klobuchar. Même son de cloche en Europe. Le président du Parlement européen, Antonio Tajani, dénonçait lundi une « une violation inacceptable du droit à la vie privée de nos citoyens ». La commissaire européenne à la Justice, Vera Jourova, prévoit quant à elle d’aborder le sujet avec le réseau social et des responsables du gouvernement américain lors de sa vite aux États-Unis, cette semaine. Sur Internet, une campagne #DeleteFacebook (en français, supprime Facebook) a été lancée.