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  • L’état du monde (1), les maux | Le Devoir
    https://www.ledevoir.com/opinion/idees/806976/etat-monde-1-maux

    1. Un redoutable pouvoir prend forme depuis une vingtaine d’années avec les avancées d’un capitalisme mondialisé de plus en plus agressif. De nouveaux empires tentaculaires, arrogants, peuvent désormais tenir tête à des États très puissants et installer des sociétés entières dans la dépendance.

    2. La montée des réseaux sociaux, et plus largement l’éclatement du monde des communications, a supprimé ce qui était l’apanage des médias nationaux et régionaux, des médias de proximité qui fonctionnaient à l’intérieur de normes qu’on ne violait pas impunément. Comme dans l’économie, le nouvel univers médiatique a instauré le règne de géants qui n’ont guère de comptes à rendre, obéissant à la logique du profit et de l’exploitation. On sait ce qui en a résulté : un mépris de l’éthique, une infantilisation des publics et une manipulation des contenus axés sur le divertissement, une commercialisation à outrance de la violence et de la sexualité qui prend beaucoup les jeunes pour cible. Une troublante conception de la liberté s’est installée — Elon Musk qui défend le droit aux propos haineux sur sa plateforme ? 

    3. Aux #États-Unis, la NASA a perdu le monopole de l’exploration spatiale au profit de richissimes aventuriers comme Jeff Bezos, Elon Musk, Richard Branson et d’autres, qui ont trouvé là un nouveau terrain de jeu. L’#espace se transforme en une nouvelle frontière ouverte sans contrôle à l’exploitation et à la concurrence — c’est le nouveau Far West. On apprend qu’il est maintenant encombré de près de 11 000 satellites commerciaux qui viennent grossir une masse de débris. Résultat : le risque de collision avec des vaisseaux spatiaux suscite l’inquiétude ; les astrophysiciens peinent désormais à communiquer avec les télescopes pour conduire leurs observations. Nous sommes revenus au laisser-faire, au #chaos qui ont marqué la conquête (et la destruction) du « Nouveau Monde ».

    4. Pour diverses raisons, les #démocraties sont en déclin. Les analystes constatent une augmentation des gouvernances autoritaires, sinon dictatoriales. Parallèlement, et pour d’autres raisons, plusieurs États occidentaux se tournent vers une droite radicale, intolérante et raciste

    5. Les pressions grandissantes de l’#immigration jouent dans le même sens. Dans un nombre croissant de sociétés, l’immigrant passe mal. C’est d’autant plus troublant que, sous le double effet de la désertification et de la hausse des eaux des océans, les démographes entrevoient un immense déferlement de déplacés ou de réfugiés qui vont inévitablement se diriger vers l’ouest. Comment y seront-ils reçus ? Ce qu’on peut déjà voir laisse présager le pire (les #horreurs qui se déroulent en Libye, par exemple, avec la surprenante #complicité de l’Union européenne). 

    6. Chez les puissants qui devraient être au front de la bataille pour l’#environnement, que voit-on ? Trop souvent de l’inaction, du trompe-l’oeil, des engagements non tenus, de la mauvaise foi, et parfois un incroyable cynisme : la COP28, aux Émirats arabes unis, présidée par un propriétaire pétrolier ; l’Azerbaïdjan, autre État pétrolier, hôte de la COP29 (2024).

    7. Il n’existe guère plus d’autorités dont la voix pourrait encourager la modération (je n’ose pas dire : la sagesse). L’Organisation des Nations unies (#ONU) est devenue dysfonctionnelle (l’Afghanistan, ancien membre du Comité des droits de l’homme ; l’Iran, admis en 2021 au sein de la Commission de la condition de la femme…). On sait aussi que l’organisme est rongé par la #corruption et infecté par une fourmilière de lobbyistes. Personne ne paraît prendre au sérieux les sommations de son secrétaire général. On ne parlera pas des #États-Unis, qui se sont longtemps posés en #gendarme de la planète grâce à un #militarisme bien-pensant et qui ont perdu leur #crédibilité.

    8. Autre particularité du monde présent : les grands témoins, les phares qu’étaient Gandhi, Simone Weil, Hannah Arendt, Martin Luther King n’ont pas été remplacés. 

    9. Le trumpisme, qui a commencé à métastaser, se nourrit de tous les dérapages, de toutes les perfidies, de toutes les démissions et frustrations, de toutes les angoisses aussi. Qui aurait cru que le Canada, qui s’était beaucoup dépensé pour se draper dans un voile de discipline et de vertu, risquerait maintenant la #contagion ?

    10. Pour être exhaustif, il faudrait encore ajouter la résurgence de grands blocs et la menace qu’ils font peser sur la paix, les nombreux axes de #terrorisme, la banalisation de la #violence, la dissémination des #armes nucléaires, le racisme persistant, la discrimination envers les femmes et les enfants, des #religions qui s’affolent, la présence envahissante de la #misère et de l’errance au milieu de la surconsommation…

    Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a dit cette semaine : « Le monde entre dans une ère de chaos. » Il a précisé : trop de « colère », trop de « haine ». Le Conseil de sécurité « est paralysé ».

    Je me relis et je trouve que ce portrait est bien noir (il est vrai que je suis en train de relire Le pianiste). Et je m’interroge : est-ce que j’exagère ? N’y aurait-il pas des raisons d’espérer ? Et surtout, comment préparer les jeunes à un avenir qui semble à ce point compromis ?

  • Le grand-papi nazi de Chrystia Freeland Jean-François Nadeau - Le Devoir

    « Il ne faut pas dix minutes, aux archives publiques, à Edmonton, pour obtenir le dossier de Mykhailo Chomiak, le grand-père de la vice-première ministre canadienne, Chrystia Freeland. Il est impossible de nier, devant les photographies et les documents, que cet homme était, en Ukraine, un nationaliste ethnique lié aux nazis », affirme Peter McFarlane au bout du fil.

    Journaliste et éditeur, McFarlane vient de faire paraître Family Ties , une histoire des ultranationalistes ukrainiens réfugiés au Canada après la Seconde Guerre mondiale. Le livre est publié à Toronto chez James Lorimer & Co, une maison bien établie.

    Alors quoi ? Nazi un jour, nazi toujours ? Pourquoi ce livre ? Pour faire le jeu du discours poutinesque qui voudrait faire de tous les Ukrainiens, au Canada comme ailleurs, d’hier comme aujourd’hui, des suppôts du nazisme ? « Pas du tout », dit-il doucement.


    Au moment où Chrystia Freeland niait le fait que son grand-père était lié, durant la Seconde Guerre mondiale, à un courant nazi en son pays, Peter McFarlane se trouvait en Ukraine. Il y réalisait des entrevues au sujet d’un système de corruption lié au commerce international du blé. Il a cru bon de faire un pas de côté, piqué par la curiosité, histoire de vérifier ces faits allégués. Il a investigué en journaliste, dit-il, sur la base d’un principe simple et éprouvé : ne rien avoir contre la vérité.

    Le journaliste le dit et l’écrit : « personne en société n’est responsable de ce que son grand-père a pu faire ou penser », considère Peter McFarlane. Mais nier les faits, c’est offenser la vérité. Or, c’est bien ce qui s’est produit. Un porte-parole de Chrystia Freeland, dans la foulée d’allégations du Globe and Mail, avait même avancé que les faits à l’encontre de ce grand-père étaient forgés de toutes pièces.

    Considérez pourtant ceci : Mykhailo Chomiak, le grand-papi de la vice-première ministre, fut l’éditeur de Krakivski Visti , un journal farouchement nazi. Dans cet imprimé, on exaltait la politique hitlérienne et son programme d’extermination des Juifs. Chomiak avait été placé là à dessein.

    Dans les papiers de Chomiak, montre McFarlane, se trouve même copie d’une lettre dans laquelle il écrit aux autorités nazies à propos du « juif Dr Finkelstein ».
    L’appartement de ce dernier a été saisi afin d’être « aryanisé ». Chomiak demandait la permission aux autorités de s’approprier ses meubles, tout en sollicitant un remboursement pour les dépenses occasionnées par le « nettoyage » de l’appartement. Après la guerre, Chomiak continuera d’exposer de crapuleuses perspectives antisémites.

    Si Mme Freeland avait tout bonnement admis le passé ignoble de son grand-père, ne serait-ce que par la voix d’un quelconque porte-parole, le dossier aurait été vite fermé, sauf pour des esprits volontiers bornés et malveillants.

    Au lieu de cela, comme l’explique Peter McFarlane, ses défenseurs et elles se sont entêtés. Pour eux, il ne s’agissait que de diffamation, d’un salissage du passé voué à entacher le présent. Faudrait-il, selon cette perspective, en venir à considérer qu’il faut volontiers maquiller le passé pour que le présent nous apparaisse plus satisfaisant ?

    Tout cela « est complexe », dit Peter McFarlane. Au Canada, d’anciens sympathisants nazis sortis d’Ukraine ont joué des rôles importants dans la société civile sans être inquiétés. Selon le journaliste, un triste nationalisme ethnique, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, s’est trouvé conservé bien au chaud dans le creuset d’associations d’immigrants ukrainiens. L’oncle même de Chrystia Freeland a écrit un livre là-dessus. « Ce n’est tout de même pas une observation critique qui vient des Russes de Poutine », note McFarlane, « mais de la famille même de la vice-première ministre ! »

    Il apparaît d’ailleurs, dans la foulée, que Chrystia Freeland a longtemps défendu un nationalisme ukrainien tout à fait en phase avec le discours de ces associations.

    Avant de devenir chef du Parti libéral du Canada, Michael Ignatieff avait publié Blood and Belonging , un livre controversé, en raison de ses conclusions parfois trop carrées. Il se trouve tout de même là-dedans une entrevue avec Chrystia Freeland, alors âgée de 26 ans. Un passage que McFarlane n’a pas manqué de relever : « il est courant que les Ukrainiens canadiens se considèrent comme les vrais Ukrainiens, ceux qui ont gardé la foi, alors que, parmi les Ukrainiens eux-mêmes, la contrainte et le fatalisme du système communiste s’insinuaient dans leurs os. » Pour elle, quand les Canadiens ukrainiens rentrent là-bas, « chez eux », ils s’attendent à trouver un peuple « fervent nationaliste et religieux », mais « trouvent à la place des âmes soviétiques flegmatiques, ironiques, sobres et fatalistes ». Et Freeland d’affirmer à Ignatieff que « l’indépendance nécessite un nouveau type humain ». Rien de moins.

    Pour McFarlane, il ne fait aucun doute que le nationalisme qui émerge en Ukraine après l’effondrement du bloc soviétique puise dans les ferments conservés en dormance au Canada pour être ravivés dans le champ politique consécutif à l’effondrement de l’URSS. Le livre de McFarlane est dévastateur à force de montrer, preuves à l’appui, comment d’anciens soldats SS ont pu se fondre dans la société canadienne en toute impunité. Certains ont même été honorés par un imposant monument de granit dans un cimetière d’Oakville, en Ontario. Ce monument a été retiré en mars 2024.

    Ignorer l’eau trouble dans laquelle les racines du nationalisme ukrainien ont trempé est l’un des facteurs qui permettent d’expliquer comment Yaroslav Hunka, un ancien soldat SS, a pu être ovationné en septembre 2023 au parlement canadien, devenu alors, pour un moment, la risée sur la scène internationale.

    Les idées, bien sûr, ne sont pas transmissibles sexuellement. Le nazisme — pas plus que tous les autres « ismes » — n’est pas lié au sang. Sinon, comment expliquer que tant de jeunes esprits, à peine sortis de la puberté, trouvent aujourd’hui, dans pareille idéologie putride, de quoi se gargariser du fait d’exister ?

    Reste qu’un chat doit être appelé un chat. Il n’y a pas de raison de nier des faits patents, exposés aussi clairement par McFarlane. Car c’est bien là le danger : dans une époque où des figures comme Donald Trump prospèrent en réécrivant l’histoire à leur guise, le mensonge devient une arme politique.

    #Canada #ukraine #nazisme #histoire #nazisme

    Source : https://www.ledevoir.com/opinion/chroniques/823872/chronique-grand-papi-nazi ?

    • Gaza : les méthodes de guerre d’Israël « correspondent aux caractéristiques d’un génocide », selon un comité de l’ONU
      Publié le : 14/11/2024 - 22:11 Par : RFI avec AFP
      https://www.rfi.fr/fr/moyen-orient/20241114-gaza-les-m%C3%A9thodes-de-guerre-d-isra%C3%ABl-correspondent-aux-caract

      Les méthodes de guerre employées par Israël dans la bande de Gaza « correspondent aux caractéristiques d’un génocide », affirme jeudi 14 novembre un Comité spécial de l’ONU chargé d’enquêter sur les pratiques israéliennes. Le comité met en exergue les « pertes civiles massives et les conditions imposées aux Palestiniens sur place mettant leur vie en danger intentionnellement », dans un rapport qui doit être présenté lundi à l’Assemblée générale de l’ONU à New York. Créé en 1968 par l’Assemblée générale de l’ONU, ce comité est chargé d’enquêter sur les pratiques israéliennes affectant les droits humains dans les Territoires palestiniens occupés.

      Israël « utilise la famine comme méthode de guerre »
      « À travers son siège de Gaza, son obstruction de l’aide humanitaire, ses attaques ciblées et en tuant des civils et des travailleurs humanitaires, malgré les appels répétés de l’ONU, les ordonnances contraignantes de la Cour internationale de justice et les résolutions du Conseil de sécurité, Israël cause intentionnellement la mort, la famine et des blessures graves », indique le comité dans un communiqué. 
      Israël « utilise la famine comme méthode de guerre et inflige une punition collective à la population palestinienne », ajoute le comité.
      « En détruisant les systèmes vitaux d’approvisionnement en eau, d’assainissement et d’alimentation, et en contaminant l’environnement, Israël a créé un mélange mortel de crises qui infligeront de graves préjudices aux générations à venir », dénonce le comité. (...)

  • Une voiture électrique a explosé dans le garage d’un particulier en France : comment l’expliquer ?

    Selon les pompiers, la batterie en lithium aurait surchauffé, provoquant un rapide départ de flamme.
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    Selon les pompiers, l’explosion a été provoquée par un emballement thermique de la batterie au lithium du véhicule. Un phénomène qui peut ensuite engendrer un feu très long, très difficile à éteindre. "Une voiture électrique, quand elle brûle, fournit 15 fois plus d’énergie que ce qui lui sert à avancer, ça monte très vite en température. Et pour l’éteindre, c’est difficile, sachant que la voiture électrique fournit du gaz inflammable et de l’oxygène, de les arrêter", détaille un expert.
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    Source : https://www.lalibre.be/international/europe/2024/09/24/une-voiture-electrique-a-explose-dans-le-garage-dun-particulier-en-france-co

    Des batteries au lithium ont pris feu au port de Montréal

    Un conteneur rempli de batteries au lithium a pris feu lundi après-midi au port de Montréal. Le Service de sécurité incendie de Montréal (SIM), qui est « en collaboration et en assistance » avec le Port et le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), affirme qu’il n’y a aucun blessé.

    Source : https://www.ledevoir.com/societe/820427/batteries-lithium-ont-pris-feu-port-montreal

    #Voiture_électrique batterie lithium

  • « Les Québécois au volant. La révolution de l’automobilisme dans la région de Québec » : un historien remonte aux sources de la « dépendance à l’auto » qui règne chez nous | Le Devoir
    https://www.ledevoir.com/lire/819923/vehicules-moteur-ont-gagne-bataille-mobilite

    « Les véhicules à moteur ont gagné la bataille de la mobilité au Québec », affirme le chercheur français, qui a passé trois ans à Québec pour ses recherches. Sa thèse porte sur la capitale en raison de la proximité des sources documentaires, mais il précise que ses conclusions valent pour le Québec et pour l’Occident. À l’exception de l’Europe, où les transports collectifs ont fait leur nid depuis des décennies.

  • Ce que Gaza nous dit sur l’état du droit international humanitaire | Le Devoir
    https://www.ledevoir.com/opinion/idees/818007/ce-gaza-nous-dit-etat-droit-international-humanitaire

    Mais c’est Gaza qui offre l’exemple le plus dramatique de la restriction de l’aide humanitaire. En représailles à l’attaque perpétrée par le Hamas, Israël a établi un blocus presque complet sur la bande de Gaza. Faut-il rappeler qu’un embargo existait déjà depuis 2007, restreignant considérablement le passage aux organisations humanitaires ? Ce contrôle a d’ailleurs été sévèrement critiqué par les Nations unies.

    L’armée israélienne pousse encore plus loin la violation du droit international en freinant délibérément l’arrivée de l’aide alimentaire, affamant au passage toute la population civile, soit plus de 2,3 millions de personnes. C’est ce qui a notamment poussé la Cour pénale internationale à conclure qu’Israël commet un crime contre l’humanité.

  • La police tire à balles réelles sur les manifestants au Bangladesh, l’armée est déployée | Le Devoir
    https://www.ledevoir.com/monde/asie/816854/police-tire-balles-reelles-manifestants-bangladesh

    Les manifestations étudiantes au Bangladesh ont conduit aux pires violences que le pays ait connues, désormais focalisées sur une remise en cause du régime autocratique de la première ministre Sheikh Hasina, estiment des experts.

    Les manifestations, quasi quotidiennes depuis début juillet, avaient au départ pour unique revendication une réforme des règles de recrutement dans la fonction publique, qui selon de nombreuses voix favorisent les candidats pro-gouvernement.

    Mais avec le durcissement de la réaction de la police, qui a tiré à balles réelles samedi dans la capitale Dacca, c’est désormais la fin du mandat de Mme Hasina que réclament les dizaines de milliers de jeunes Bangladais.

  • L’histoire selon ChatGPT | Le Devoir
    https://www.ledevoir.com/societe/le-devoir-de/807380/devoir-education-histoire-selon-chatgpt

    Si ces écarts ont pu faire sourire les étudiants, ils ont cependant trouvé moins drôle que les élans d’inventivité non contrôlés de ChatGPT, ou « hallucinations », comme les désigne le jargon de l’IA par un anthropomorphisme abusif, s’étendent aux références bibliographiques.

    L’étudiant qui travaillait sur le physicien Louis Néel avait peiné à collecter des sources pour documenter son travail. Il fut donc surpris de constater que la biographie produite par ChatGPT renvoyait à plusieurs ouvrages universitaires qu’il avait été incapable de trouver, avant d’être encore plus étonné de découvrir que ces références étaient en fait inventées de toutes pièces.

    Une étudiante ayant choisi d’explorer la carrière du médecin Ignace Philippe Semmelweis a non seulement découvert que ChatGPT lui avait suggéré des références inexistantes, bien qu’elles parussent à première vue plausibles, mais que même les vraies références qu’il avait fournies ne mentionnaient Semmelweis que de façon anecdotique.

    Fait intéressant : un des ouvrages mentionnés par ChatGPT était même considéré comme une référence de qualité médiocre par les historiens sérieux du médecin austro-hongrois. Deuxième constat, méthodologique cette fois, l’agent conversationnel était non seulement susceptible d’enrichir l’historiographie d’oeuvres imaginaires, mais même lorsqu’il proposait des références réelles, la qualité de sa revue de littérature pouvait s’avérer faible et peu pertinente.

    D’un point de vue pédagogique, j’aurais pu exploiter ces références bibliographiques inventées pour expliquer aux étudiants la « mécanique » derrière le fonctionnement de ChatGPT. Ses « hallucinations » ne sont pas uniquement dues, comme on l’entend souvent, au fait que les données sur lesquelles il a été entraîné (en gros, le contenu d’Internet jusqu’en 2021) contiennent elles-mêmes des erreurs factuelles ou des informations contradictoires et biaisées, puisque les références erronées qu’il produit n’existent tout simplement pas sur Internet.

    Ces « hallucinations » sont en réalité indissociables de l’outil lui-même, qui reste un très puissant générateur de textes… probabilistes, formant des phrases à partir de la probabilité que des mots apparaissent dans des phrases et des contextes similaires. Autrement dit, ni intelligent ni créatif, ChatGPT est un algorithme qui s’appuie sur des méthodes statistiques de calcul de probabilités et une quantité massive de données d’apprentissage pour générer le texte ayant les chances les plus élevées de répondre « correctement » à une question qui lui est posée.

    Même s’il était entraîné sur un corpus de données « parfaites », la probabilité qu’il génère des erreurs ne serait pas nulle. ChatGPT répond donc en termes probabilistes et non en fonction de critères de vérité ; son « intelligence » n’est par conséquent qu’apparente, comme l’est celle de tous les algorithmes.

    • Comme je l’écrivais hier, il y a pleins de métiers de production de documents où cet à peu près est suffisant, aussi bon, voire meilleur, que ce que l’humain produit. Les boites à consultants, qui ne vendent que du vent pour justifier des fulgurances crétines de décideurs en recherche d’auto-légitimation vont s’en satisfaire.
      https://seenthis.net/messages/1054953#message1055021

      Comme d’habitude, on commence collectivement à mettre les mêmes mots au même moment sur ce que représente cette innovation, pas si crétine dans l’absolu, mais utilisée par les toujours mêmes crétins malveillants.

    • On peut voir la question sous l’angle du contrôle du document produit par l’outil ; dans un certain nombre de cas, tchatgépété va probablement (sic) produire un à peu près relativement voire très correct, qu’il faut nécessairement corriger, à la marge (ou pas), pour en faire un « vrai » document, relu et validé par de la cervelle moite. Dans la plupart des cas, la phase de validation/correction est peu coûteuse et l’outil a effectivement aidé, globalement, en raccourcissant le temps de recherche et de production du « gros » du document. Dans les cas où la production de la machine est trop foireuse, selon le degré d’honnêteté intellectuelle de l’opérateur humain, soit c’est « bien tenté, mais non merci, je ne valide pas » et il faut refaire, soit c’est « oh, ça ira bien, vu les destinataires du document... ».

      Dans les cas où l’opérateur humain ne voit pas que le document produit par la machine est un subtil ramassis de mensonges sans autre consistence que formelle (= il ne résulte d’aucun raisonnement), alors il n’a que ce qu’il mérite :-) Il faudrait simplement évaluer la probabilité de « vrai faux » et décider si on prend le risque, selon les domaines.

  • Levons-nous ensemble pour Rafah | Le Devoir
    https://www.ledevoir.com/opinion/idees/812764/idees-levons-nous-ensemble-rafah

    Ce qui se passe cette semaine dans la bande de Gaza, même si c’est noyé dans le paysage désormais habituel de cette guerre, n’est vraiment pas banal. La semaine dernière, le Hamas a accepté la proposition de cessez-le-feu proposée par l’Égypte et le Qatar. Pas Israël. Le jour même, les forces armées israéliennes sont plutôt entrées dans la ville de Rafah. Elles ont aussitôt bloqué le seul point d’entrée et de sortie de la bande de Gaza pour l’assistance humanitaire. Un immense mouvement de population, qui ne représente toutefois qu’une fraction des personnes s’étant réfugiées à Rafah depuis des mois, s’est alors mis en branle pour la fuir. Même s’il n’y a littéralement nulle part où aller.

    Gaza polarise. « C’est délicat », « c’est complexe », on n’ose pas. Mais il faut aujourd’hui avoir le courage. Il ne s’agit pas ici d’être pro-Israël ou pro-Palestine et de camper sur nos positions respectives. Celles et ceux qui survivent actuellement à Gaza, ceux et celles qui sont morts aussi, sont des personnes, des êtres humains.

    Nous avons décidé, comme humanité, notamment par le biais du droit international, que de tels massacres n’étaient pas permis, que la famine comme arme de guerre était inadmissible, que la destruction de tout et de toutes n’était pas un moyen légal de se faire la guerre, que personne, pas même un État souverain, ne pouvait vider et raser un territoire. Nous nous sommes mordu les doigts pour les massacres coloniaux, l’Holocauste, le génocide au Rwanda. Nous nous sommes levés pour dénoncer la torture à Guantánamo et les crimes de guerre en Syrie et en Ukraine.

    Ce qui se passe à Gaza, et la façon dont ça se passe depuis des mois, n’est pas acceptable. Nonobstant le Hamas, nonobstant les attaques du 7 octobre : parce que ce n’est pas comme ça qu’on fait la justice ni la paix. Même les guerres ont des règles, même les États doivent les respecter, et les humains restent des humains, dont la vie et la dignité doivent être protégées. Levons-nous, élevons notre humanité pour l’affirmer ensemble, au-delà des divisions politiques. Soyons les vigiles que nous nous devons d’être, ayons aujourd’hui le courage de regarder Gaza, ses enfants, ses femmes et ses hommes, et d’affirmer bien haut que ce n’est pas la tournure que nous voulons donner à l’histoire.

  • Quand le CO₂ devient-il dangereux pour la #santé ? | août 2023
    https://www.ledevoir.com/societe/sante/796329/quand-le-co-devient-il-dangereux-pour-la-sante

    Une étude [de 2012] de la revue scientifique Environmental Health Perspectives a comparé la performance cognitive de participants exposés à différentes concentrations ambiantes de #CO2. Les tests ont d’abord été effectués dans une pièce bien ventilée où la concentration en dioxyde de carbone était de 600 ppm. Ensuite, les participants ont refait les mêmes exercices dans des pièces où le CO2 ambiant était à 1000 ppm, puis encore une fois dans une pièce à 2500 ppm.

    À 1000 ppm, les performances cognitives se sont significativement détériorées pour six des neuf exercices. À 2500 ppm, la diminution de la performance est dite « substantielle » dans sept des neuf activités. Les exercices évaluant la capacité d’initiative et l’élaboration de stratégies de base ont atteint un niveau jugé « dysfonctionnel ». Bref, à partir de 1000 ppm, les aptitudes cognitives s’amoindrissent.

    Pour donner une idée de l’exposition au CO2 dans la vie quotidienne, au Québec, en février 2022, 22 % des salles de classe étudiées par le gouvernement québécois affichaient une concentration moyenne de CO2 qui se situait entre 1000 et 1500 ppm, et 3,5 % des classes recensées dépassaient le seuil des 1500 ppm.

    #ventilation #air

    • Mon bureau est autour de 520-600 ppm. La VMC, c’est la vie. Pour les particules en suspension, j’ai souvent mieux que dehors.
      Par contre, si je ferme la porte du bureau (la VMC est dans le bloc sanitaire central), en moins de 20 min, ça part au-dessus de 1 200 ppm.

      Bien sûr, une bonne ventilation, c’est aussi moins d’humidité. Dehors, on est à 80%, dedans c’est 47%. Là aussi, pas de moisissures, pas d’inconfort, du linge propre et frais qui sèche en moins d’une journée.

      Avant, notre intérieur dégueulasse était froid et humide, j’avais les VS encombrées à l’année, un raynaud assez handicapant dont je n’arrivais pas à me débarrasser, etc.

      Quand on a cherché un nouveau logement en 2020… ben merci le covid qui m’a sensibilisée à la qualité de l’air intérieur.

      Tous les trucs retapissés de frais avec les ventilations bouchées « pour éviter les courants d’air », c’est parti direct à la benne.

      Et là, on est juste globalement en meilleur santé.

  • Les femmes sont-elles si dangereuses ? | Le Devoir
    https://www.ledevoir.com/opinion/chroniques/811752/chronique-femmes-sont-elles-si-dangereuses

    Devant la Cour suprême mercredi dernier, les arguments de l’État de l’Idaho n’ont pas fait dans la subtilité : le corps des femmes est quantité négligeable et le fait qu’elles puissent perdre la vie est un risque acceptable.

    La section 18-622 du code de l’Idaho prévoit une interdiction totale des interruptions de grossesse, une catégorie de crime (felony) équivalente au meurtre pour ceux qui y procéderaient, des sanctions criminelles élevées applicables à toute personne impliquée (patient, praticien, facilitateur). L’exception prévue — le cas où la vie de la mère est en danger — a mené à des dérives où des personnes en situation d’urgence n’ont pas été traitées tant que leur pronostic vital n’était pas engagé. Comme dans le cas d’une grossesse ectopique (donc non viable) et traitable au départ, avec à la clé des dommages conséquents et évitables.

    À quel point la mort doit-elle être imminente, a demandé un médecin, « pour que l’on se décide enfin à intervenir » ?

    Car la décision Dobbs annulant le décret Roe v. Wade n’en finit pas de rebondir. Elle redessine la géographie de la santé aux États-Unis en traçant les contours de véritables déserts gynécologiques. Elle permet la criminalisation de l’avortement, poussant littéralement des femmes à fuir leur État pour sauver leur vie. Elle redéfinit la pratique médicale alors qu’un vent de peur souffle sur le système de santé : les soins varient d’un État à l’autre, d’un hôpital à l’autre, d’une classe sociale à l’autre, d’une couleur à l’autre ; ils ne sont plus assurés sur une base factuelle et scientifique. Elle a des impacts en gynécologie, en soins périnataux, en pharmacologie, lorsque l’on nie l’accès à l’avortement à une enfant qui a été violée, lorsque l’on refuse des médicaments à une personne atteinte d’une maladie auto-immune au motif qu’ils sont aussi utilisés pour interrompre des grossesses. Elle a des impacts en oncologie, si l’on doit attendre qu’un cancer se généralise et atteigne un stade létal pour procéder à une interruption (que l’on savait nécessaire depuis le début) de la grossesse. Elle a un impact en obstétrique : pour éviter les apparences d’un avortement, par exemple, des médecins ont opté pour la césarienne plutôt qu’un curetage à la suite d’une fausse couche.
    [ …]
    Des femmes libres, actives et politisées sont donc une menace claire pour des illibéralismes et des autoritarismes drapés dans le populisme : leur effacement est par conséquent une stratégie politique efficace.

  • La Fondation David Suzuki lance la campagne Partage ta pelouse | Le Devoir
    https://www.ledevoir.com/environnement/810694/biodiversite-gazon-maudit

    La Fondation demande qu’on repense globalement le rapport symbolique de la société aux herbes vertes engraissées chimiquement, entretenues mécaniquement. Un guide diffusé gratuitement enseigne à prendre soin d’une pelouse avec moins de ressources (notamment en eau) et à transformer une zone herbacée à l’ancienne pour en faire un espace plus riche écologiquement.

  • Du Donbass à la Crimée | Les abeilles grises
    https://www.en-attendant-nadeau.fr/2022/03/30/donbass-crimee-kourkov

    C’est une entreprise vertigineuse que de lire l’ample roman d’Andreï Kourkov, Les abeilles grises, tout en suivant les événements qui se déroulent dans son pays, l’Ukraine. Deux parallèles : l’une qui s’appellerait la fiction, l’autre la réalité, pour tenter de vaincre une autre « irréalité », celle poussée par le Kremlin et sa langue orwellienne.

    Kourkov a choisi la fiction, qui permet de rester à égale distance des deux lignes d’affrontement et surtout d’approcher le conflit à hauteur d’homme. Chez son « héros », tout respire la modestie : Sergueïtch est un petit homme, citoyen ordinaire et dernier habitant d’une petite localité, la Mala Starogradivka, où il réside avec son ami/ennemi, Pachka. L’un habite rue Lénine, l’autre rue Chevtchenko, deux pancartes qui vont être interverties pour mieux correspondre à leurs affinités respectives. On est en 2014, au début du conflit dans le Donbass, et la vie d’avant est tenace comme les bouffées d’égoïsme et les vieilles rancunes. Comment se protéger ou planquer ses modestes provisions ? Ces moments où l’on se dit encore, quand une vitre explose dans le voisinage : « qu’importe, ce n’est pas la mienne », où l’on se demande à quoi bon « faire le premier pas » vers l’ami/ennemi auquel on n’adresse plus la parole. Mais un cadavre, qui gît au loin, intrigue, même s’il n’est pas « des nôtres ».

    Ces interstices entre paix et guerre ne vont pas tarder à voler en éclats ; ces moments suspendus réduisent peu à peu à l’essentiel sentiments, gestes, décisions. Et, au sein de cet essentiel, figurent les abeilles de Sergueïtch. Elles représentent son vivant à lui, il leur témoigne attachement, respect, soin, compréhension. Il leur faut un peu de chaleur et des fleurs pour produire ce précieux nectar doré qui pourra ensuite être échangé contre l’eau ou un peu de nourriture. Mais les voilà soudainement effrayées par le bruit des obus qui éclatent alentour, puis prisonnières de ces ruches, dont une sera prise « par les autorités » pour de vagues raisons sanitaires, tandis que les autres deviendront grises comme la zone du même nom.

    Dans ce parallèle entre le récit du conflit et celui de Kourkov, se glissent mille coïncidences, depuis les échanges par SMS qui se résument à une question liminaire : « vivant ? » et une réponse : « Vivant. » Seule change une ponctuation qui devient existentielle. Les transpositions se font sans même qu’on s’en aperçoive : ce n’est plus seulement le Donbass, mais tout le pays qui est entré dans la bataille que mène en minuscule l’homme et sa ruche. Sa guerre, c’est la nôtre...

    • « Paix sur la terre aux hommes de bonne volonté. » Sergueïtch, un retraité silicosé vivant dans un village abandonné de la zone grise, entre l’armée ukrainienne et les forces séparatistes, est cet homme de bonne volonté. Son existence est malmenée par la guerre, évoquée comme un souvenir traumatisant et une menace latente. Canonnades, snipers et mines forment l’horizon des deux seuls habitants, Sergueïtch et son ennemi d’enfance, Pachka. Leur rapprochement progressif dans l’adversité, sur fond d’hiver mordant, est le premier signe d’une fraternité humaine toujours possible. Peu de morts dans ce roman, mais chaque cadavre porte le destin de sa communauté, tandis que beaucoup d’autres signes parlent de la discorde et de l’enrôlement dans la violence. Dès lors, comment vivre ? Les réponses apportées à cette question révèlent toute la puissance du romancier, toujours ami des âmes candides. Son héros est apiculteur et le soin de ses abeilles règle toute sa vie, faite de miel et de cendres. Pour les défendre, il entame l’été venu un périple avec ses ruches, franchissant les postes-frontières dans sa guimbarde. Commence alors une pastorale qui raconte la communion avec la nature, les rituels de campement et deux rencontres avec des femmes de paix. L’auteur excelle à dépeindre le bonheur comme routine et la routine comme bonheur, le dénuement comme ascétisme. Souvenirs et rêves amplifient les accords grinçants ou harmonieux de ces journées et de ces nuits suspendues au poêle et à la bouilloire. Mais les heures de félicité sont toujours rattrapées par les événements, comme si la vie était une trêve.

      https://www.revue-etudes.com/critiques-de-livres/les-abeilles-grises-de-andrei-kourkov/24233

    • « Les abeilles grises » : Andreï Kourkov et l’apiculteur du Donbass
      https://www.ledevoir.com/lire/690888/fiction-les-abeilles-grises-andrei-kourkov-et-l-apiculteur-du-donbass ?

      À Mala Starogradivka, un minuscule village coincé dans la « zone grise » qui sépare l’Ukraine du Donbass occupé par les séparatistes prorusses, il n’y a plus âme qui vive. La guerre qui y fait rage depuis 2014 a fait fuir tout lemonde. Tout le monde, hormis deux « ennemis d’enfance » qui se regardent en chiens de faïence depuis trois ans.

      Tous les deux ont presque 50 ans. D’un côté, il y a Pachka, un retraité précoce et solitaire qui croit qu’après « la guerre tout redeviendra beau. Comme avant. » De l’autre, Sergueïtch, dont la femme et la fille ont pris la direction de la ville depuis quelques années.

      Ancien mineur atteint de silicose, Sergueïtch, le protagoniste — terriblement attachant — du nouveau roman d’Andreï Kourkov, Les abeilles grises, est un apiculteur sans malice qui vivote en s’accrochant à ses bouteilles de ratafia et à ses ruches : c’est tout ce qui lui reste. Lui chez qui la guerre avait fait naître « une certaine incompréhension ainsi qu’une brusque indifférence à tout ce qui l’entourait ».

      À travers de lentes péripéties, à coups de solidarités et de petits verres de vodka, l’immobilisme et la méfiance mutuelle vont faire place chez les deux hommes à un début de complicité, alimenté par la débrouille et un sentiment commun d’impuissance face aux événements.

      Mais nourri aussi par la peur. « La peur, c’est chose invisible, ténue, multiforme. Comme un virus ou une bactérie. » La peur qui flotte dans l’eau qu’ils boivent et dans l’air qu’ils respirent. La peur nourrie à heure fixe par les camps russe et ukrainien qui s’envoient, par-dessus la tête de ces deux irréductibles, des roquettes à travers cette frontière molle changée en ligne de front.

      Andreï Kourkov, né en 1961 à Leningrad, en Union soviétique, est assurément le plus connu des écrivains ukrainiens. S’il vit depuis sa petite enfance à Kiev, en Ukraine, il écrit en russe et revendique avec fierté, et depuis longtemps, son appartenance « politique » à la culture ukrainienne.

      Dans Le pingouin (Liana Levi, 2000), son premier roman, un journaliste au chômage cohabitait avec un manchot après la faillite du zoo de Kiev. Avec son humour en biais et sa poésie, il y faisait un tableau sans concession de l’ex-Union soviétique, livrée à la corruption et au crime organisé. Un sillon fertile qu’il finira par creuser dans plusieurs de ses romans.

      Son nouveau roman, Les abeilles grises, fait bien sûr écho au présent. Mais, fidèle à son habitude, le romancier porte sur toutes choses son regard ironique. Tout est gris, ici, un peu flouté, dépourvu aussi bien de noir et de blanc que de couleurs. Même l’humour noir de Kourkov se charge d’une langueur un peu triste. Son théâtre de l’absurde prend ainsi des airs sombrement réalistes.

      Voulant emmener ses abeilles au calme, loin du bruit des bombes, l’apiculteur entame un road tripinvolontaire, zigzaguant au volant de sa vieille Lada « Jigouli », et nous entraînera des grises étendues de son Donetsk jusqu’à la Crimée tatare ensoleillée, occupée — et corrompue — par les forces russes. Une fois encore, Kourkov déploie sa belle humanité et distribue les clins d’œil moqueurs.

      Comme lorsque dans cette boutique de Crimée, une femme dit à Sergueïtch qu’on se trouve en « sainte terre russe ». Du bout des lèvres, l’apiculteur émet un doute, laisse entendre que les choses dans l’Histoire peuvent s’être passées de mille façons, mais se fait répondre de façon aveugle : « Les choses se sont passées comme Poutine l’a dit […]. Poutine ne me ment pas. »

    • https://www.musanostra.com/abeilles-grises-andrei-kourkov
      https://youtu.be/MVWdcWcQkG0

      De l’abstrait au concret

      Le lecteur alors pardonnera aisément au style ses défauts, sa simplicité apparente, tant l’œuvre gagne en authenticité. Le roman déroule son fil par le truchement de cette vision du monde bien spécifique, profondément pure. Celle d’un homme pratique, décrivant les choses abstraites de manière concrète : « le silence ici était comme une énorme bouteille en verre épais » (p. 85). « le soleil se mit à jouer des rayons comme on joue des muscles » (p. 143). Ou encore, magnifique : « le ciel brillait d’étoiles, un mince croissant de lune se dessinait au milieu d’elles, telle une serpe plantée dans la voûte nocturne » (p. 235), qu’il transpose en métaphore filée à la p. 348 : « le noir océan céleste, où baignaient les étoiles et la lune ».

      Nous sommes ainsi en présence d’un personnage imprégnant l’écriture de sa totale osmose avec la nature. Ainsi la comparaison « cinq jours passèrent, tous identiques, tels des corbeaux », est tout de suite analysée dans son processus créateur par la prise de distance de l’auteur sur sa propre œuvre. La comparaison est souvent considérée comme moins poétique que la métaphore (également présente du reste, flirtant avec l’animalisation. Sergueïtch s’assimilant par exemple à une « abeille égarée dans une ruche étrangère » p. 303 lors des funérailles d’Athem). Mais elle est plus en adéquation avec un apiculteur ancré sur la terre, dans la réalité.
      Un modus vivendi

      Ainsi, en dépit d’un pessimisme latent et d’une fin dont on ne sait bien la fin — rien ne nous sera dit sur l’avenir de plusieurs personnages secondaires mais attachants. S’il est une réponse tout aussi implicite au mal décrit, elle se niche dans des mots que nous pouvons emprunter à Baudelaire : « s’enivrer de vin (nous penserions plutôt ici à la vodka !), de poésie et de vertu ». Car « boire c’est son âme réjouir » selon Pachka (p. 135).

      Danser tel le facteur Pistontchik, constamment ivre et qui demandait aux villageois de danser pour leur distribuer leur courrier (p. 137). Vivre poétiquement, au sein de l’espace le plus poétique qui soit —la nature— pour transcender les aléas d’une réalité maussade. Et promouvoir, enfin, un modus vivendi fondé sur la communion au monde, aux autres, et à soi-même, vertueux, doué de virtù. Une seule règle sans doute à cela : « il faut juste de la patience… » (p. 294)

  • Le « jeu risqué » dorénavant recommandé par les pédiatres canadiens | Le Devoir
    https://www.ledevoir.com/societe/sante/805934/sante-publique-jeu-risque-dorenavant-recommande-pediatres

    La Société canadienne de pédiatrie vient d’émettre de nouvelles directives en faveur du « jeu risqué ». Elle encourage les enfants à grimper dans les arbres, à faire du vélo à grande vitesse, à se chamailler, à jouer à proximité du feu ou de l’eau ainsi qu’à explorer les aires de jeu, les quartiers ou les bois sans la supervision d’un adulte ou avec une supervision limitée. Elle estime que les avantages du « jeu risqué » surpassent les risques de blessures.

    • C’est marrant, y 0 mention du genre.
      Le jeu risqué, c’est un peu la chasse gardé des garçons.
      Je faisais ce genre de trucs et paf : « Oh, le garçon manqué ! ».

      En plus, c’est différent d’avoir ce genre d’activité de manière exploratoire (ce qui était beaucoup mon cas) plutôt que de manière compétitive (ce qui était beaucoup le cas des garçons), dans une perspective de hiérarchisation et de mise en place de dominations.

  • « La ruée minière au XXIe siècle » : le #mensonge de la #transition_énergétique

    La transition énergétique telle qu’elle est promue par les entreprises, les institutions et les gouvernements partout dans le monde repose sur l’extraction d’une quantité abyssale de #métaux. C’est ce paradoxe que décortique la journaliste et philosophe #Celia_Izoard dans son essai intitulé La ruée minière au XXIe siècle, qui paraît cette semaine au Québec aux Éditions de la rue Dorion.

    « Pour régler le plus important problème écologique de tous les temps, on a recours à l’industrie la plus polluante que l’on connaisse », résume l’autrice en visioconférence avec Le Devoir depuis son domicile, situé en pleine campagne dans le sud-ouest de la France.

    Cette dernière examine depuis plusieurs années les impacts sociaux et écologiques des nouvelles technologies. Elle a notamment publié un livre sur la vie des ouvriers de l’entreprise chinoise Foxconn, le plus grand fabricant de produits électroniques au monde. Ironiquement, nos outils numériques font défaut au cours de l’entrevue, si bien que nous devons poursuivre la discussion par le biais d’une bonne vieille ligne téléphonique résidentielle.

    Les métaux ont beau être de plus en plus présents dans les objets qui nous entourent, dont les multiples écrans, l’industrie minière fait très peu partie de l’imaginaire collectif actuel, explique Mme Izoard d’un ton posé et réfléchi. « Je croise tous les jours des gens qui me disent : “Ah bon, je ne savais pas que notre système reposait encore sur la #mine.” Ça me conforte dans l’idée que c’était utile de faire cette enquête. Notre système n’a jamais autant reposé sur l’#extraction_minière qu’aujourd’hui. »

    L’extraction de métaux a déjà doublé en vingt ans et elle n’est pas en voie de s’amenuiser, puisque les #énergies dites renouvelables, des #batteries pour #voitures_électriques aux panneaux solaires en passant par les éoliennes, en dépendent. Elle est susceptible d’augmenter de cinq à dix fois d’ici à 2050, selon une évaluation de l’Agence internationale de l’énergie.

    « Électrifier le parc automobile français nécessiterait toute la production annuelle de #cobalt dans le monde et deux fois plus que la production annuelle de #lithium dans le monde. Donc soit cette transition prendra beaucoup trop longtemps et ne freinera pas le réchauffement climatique, soit elle se fera dans la plus grande violence et une destruction incroyable », rapporte l’autrice.

    On bascule d’une forme d’extraction, du pétrole, à une autre, des métaux. « Cela n’a pas plus de sens que d’essayer de venir à bout de la toxicomanie remplaçant une addiction par une autre », juge-t-elle.

    Une justification officielle

    Les pouvoirs publics ne semblent pas y voir de problème. Ils font largement la promotion de cette #ruée_minière, promettant le développement de « #mines_responsables ». La #transition est la nouvelle excuse pour justifier pratiquement tous les #projets_miniers. « Une mine de cuivre est devenue miraculeusement une mine pour la transition », souligne Mme Izoard. Pourtant, le #cuivre sert à de multiples usages au-delà de l’#électrification, comme l’électronique, l’aérospatiale et l’armement.

    C’est dans ce contexte que la journaliste est partie à la recherche de mines responsables. Elle s’est documentée, elle a visité des sites d’exploitation, elle a consulté des experts de ce secteur d’activité et elle a rencontré des travailleurs, tout cela en #France, au #Maroc, au #Suriname et en #Espagne.

    Malgré les engagements publics et les certifications de plusieurs #entreprises_minières envers des pratiques durables et les droits de la personne, Celia Izoard n’a pas trouvé ce qu’elle cherchait. Au cours de cette quête, elle a publié une enquête pour le média Reporterre au sujet d’une mine marocaine mise en avant par les constructeurs automobiles #BMW et #Renault comme étant du « #cobalt_responsable ». Or, il s’est avéré que cette mine empoisonne les sols à l’#arsenic, dessèche la #nappe_phréatique et cause des maladies aux travailleurs.

    « La #mine_industrielle est un modèle qui est voué à avoir des impacts catastrophiques à moyen et long terme. Ce n’est pas parce que ces entreprises sont méchantes et malhonnêtes, mais parce qu’il y a des contraintes physiques dans cette activité. Elle nécessite énormément d’#eau et d’énergie, elle occupe beaucoup d’espace et elle déforeste. »

    #Boues_toxiques et pluies d’oies sauvages

    Dans son livre, Mme Izoard décrit de nombreux ravages et risques environnementaux qui sont matière à donner froid dans le dos. Les premières pages sont notamment consacrées au phénomène du #Berkeley_Pit, une ancienne mine de cuivre devenue un lac acide causant la mort de milliers d’oies sauvages.

    « Rappelons-nous la rupture de digue de résidus de la mine de cuivre et d’or de #Mount_Polley en 2014, lors de laquelle 17 millions de mètres cubes d’eau chargée en #métaux_toxiques ont irréversiblement contaminé de très grandes superficies et des ressources en eau d’une valeur inestimable, a-t-elle souligné au sujet de cette catastrophe canadienne. Or, des bassins de résidus de même type, il y en a 172 rien qu’en #Colombie-Britannique, et les boues toxiques qui y sont stockées représentent l’équivalent d’un million de piscines olympiques. Malheureusement, avec le chaos climatique, les risques de rupture accidentelle de ces barrages sont décuplés. » Elle considère d’ailleurs que le Canada est « au coeur de la tourmente extractiviste ».

    Les gouvernements du #Québec et du #Canada soutiennent généralement que le développement minier sur leur territoire respectera des #normes_environnementales plus strictes, en plus d’utiliser de l’énergie plus propre. Cet argument justifierait-il l’implantation de nouvelles mines ? Non, estime Mme Izoard.

    « Aucun État puissant industriellement ne relocalise sa #production_minière ni ne s’engage à cesser d’importer des métaux. Ce qui est en train de se passer, c’est que les besoins en métaux explosent dans tous les domaines et que les entreprises minières et les États se sont mis d’accord pour créer des mines partout où il est possible d’en créer. Ce n’est pas parce qu’on accepte une mine dans sa région qu’il n’y aura pas de mine pour la même substance à l’autre bout du monde. » Il est peu probable, par exemple, que des batteries produites au Québec s’affranchissent totalement des métaux importés.

    Pour une #décroissance_minérale

    Celia Izoard estime plutôt qu’une grande partie des mines du monde devraient fermer, puisqu’elles sont situées dans des zones menacées par la sécheresse. Nous n’aurions alors pas d’autre choix que de nous engager dans une désescalade de la consommation de métaux, « une remise en cause radicale de la manière dont on vit ». Selon cette vision, il faudrait contraindre l’ensemble du secteur industriel à se limiter, tout comme on lui demande de réduire ses émissions de GES. Les métaux devraient être réservés aux usages alors déterminés comme étant essentiels. Les immenses centres de données, les avions, les VUS électriques et les canettes d’aluminium sont-ils nécessaires à la vie humaine ?

    « Il faut arrêter de se laisser intimider par le #déterminisme_technologique, soit l’idée que le #progrès suit cette direction et qu’on ne peut rien changer. Ce sont des choix idéologiques et politiques très précis avec du financement public très important. Il faut cesser de penser que les technologies sont inéluctablement déployées et qu’on ne peut pas revenir en arrière. »

    https://www.ledevoir.com/lire/806617/coup-essai-mensonge-transition-energetique
    #mines #extractivisme #terres_rares #pollution

  • Canada : Des organismes spécialisés en environnement versent des salaires étonnants Pierre Saint-Arnaud - La Presse canadienne

    Un minuscule groupe de dirigeants d’organismes oeuvrant dans les secteurs de l’environnement, de la conservation et de la protection des animaux empoche une rémunération équivalente et dans certains cas beaucoup plus élevée que celle de l’ensemble des premiers ministres provinciaux.

    Une analyse exhaustive de quelque 1477 déclarations T3010 remises à l’Agence du revenu du Canada (ARC) pour les années 2022 et 2023 réalisée entre juin 2022 et décembre 2023 par La Presse canadienne montre que les dirigeants de 17 des organismes vérifiés ont reçu une rémunération dans la fourchette de 200 000 $ à 250 000 $ et parfois beaucoup plus (1).
    . . . . . . .

    Au premier rang de ce recensement, on retrouve Canards illimités Canada, basé au Manitoba. Sa déclaration 2023 indique que deux personnes y gagnent « plus de 350 000 $ », trois autres empochent de 250 000 $ à 300 000 $ et quatre reçoivent une rémunération de 200 000 $ à 250 000 $. L’organisme embauche 565 employés à temps plein et partiel. Les gouvernements ont versé un peu plus de 27 millions $ à Canards illimités en 2022-23 et le quart de ses revenus de 140 millions $ provient de dons.

    Sa porte-parole, Janine Massey, explique que « Canards Illimités Canada est la plus grande organisation de conservation de la nature au Canada […]
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    La suite : https://www.ledevoir.com/environnement/804746/organismes-specialises-environnement-conservation-versent-salaires-etonnan

    #ong #environnement #animaux #rémunération #enrichissement #corruption #piquer_dans_la_caisse #vol #nantis #fondations #nature #bienfaisance #écosystème de la #haute-bourgeoisie #travail #SCPA

  • Effacer la Palestine | Le Devoir
    https://www.ledevoir.com/opinion/chroniques/804266/chronique-effacer-palestine

    Très beau texte d’Aurélie Lanctot de Montréal.

    Depuis 2014, la murale surplombe l’intersection des avenues du Parc et des Pins, près du centre-ville de Montréal, à cet endroit précis où, lorsqu’on dévale l’avenue du Parc vers le sud, on a l’impression d’atterrir comme un oiseau au pied du mont Royal.

    Il s’agit d’un immense drapeau palestinien sur lequel on peut lire, en lettres blanches, l’inscription « Palestine libre », peinte sur le mur extérieur du bâtiment appartenant à Alternatives, un organisme ayant pour mission de soutenir les mouvements sociaux, ici et à travers le monde.

    Dans la nuit de vendredi à samedi, la fresque a été recouverte d’un graffiti véhiculant un message anti-Hamas (« Fuck Hamas ») et un appel à la libération des otages israéliens détenus depuis le 7 octobre. Les couleurs palestiniennes ont entièrement disparu derrière la peinture bleue opaque ; un effacement, au sens littéral.

    Il y a deux semaines déjà, la barrière menant au toit permettant d’accéder au mur avait été sabotée. Le coup d’éclat, vraisemblablement, avait été planifié. On a aussitôt saisi les policiers de l’affaire — dans le contexte actuel, la plainte n’a pas été prise à la légère.

    Personne ne s’est par ailleurs opposé à ce que la murale soit repeinte. Grâce aux efforts des gens d’Alternatives et des militants du Palestinian Youth Movement, venus prêter main-forte sous la pluie battante du début de semaine, puis dans le froid mordant, en quelques jours, le mur avait retrouvé ses couleurs palestiniennes.

    N’empêche, l’épisode est lourd de sens. Au téléphone, Yasmina Moudda, directrice générale d’Alternatives, me dit qu’il s’agit selon elle de plus qu’un simple acte de vandalisme. Ce geste est une « conséquence déplorable du climat délétère qui règne depuis le 7 octobre, visant à intimider le mouvement de solidarité avec la Palestine et à réduire au silence toute critique à l’égard d’Israël ».

    En 2014, lorsque la murale a été peinte pour la première fois, c’était aussi en temps d’hostilités entre Israël et le Hamas. Des semaines de bombardements intenses avaient fait plus de 1500 morts à Gaza (moins d’une vingtaine du côté israélien). Le choix d’Alternatives d’afficher sa solidarité avec une Palestine libre n’avait pourtant pas fait de remous, me dit Yasmina Moudda. Les temps ont changé, et les drapeaux et symboles palestiniens sont de plus en plus accueillis avec suspicion, quand ils ne sont pas carrément frappés par la censure.

    Depuis près d’une décennie, donc, ce symbole de solidarité avec la Palestine trône sur l’avenue du Parc — à un jet de pierre, d’ailleurs, du célèbre portrait géant de Leonard Cohen, peint sur les flancs d’un édifice de la rue Crescent. À vol d’oiseau, à peine deux kilomètres séparent ces deux murales incarnant des héritages culturels qui cohabitent depuis toujours dans la métropole, et que l’on tente aujourd’hui de présenter comme fondamentalement antagonistes.

    La murale d’Alternatives est aussi, en fin de compte, le seul symbole palestinien visible dans l’espace public montréalais. Je passe devant presque tous les jours en me rendant au travail, et je l’ai toujours interprétée non seulement comme un symbole de la présence arabe dans la ville, mais aussi comme un clin d’oeil aux luttes de libération bien de chez nous.

    Nos nationalistes de salon ne le disent plus très fort aujourd’hui — ont-ils renié cet héritage ? —, mais il fut un temps où la conscience (dé) coloniale au Québec ordonnait les solidarités à l’international : avec l’Afrique, avec l’Amérique latine et, bien sûr, avec la Palestine. Il y a tout ça, dans cette murale, le passé et le présent des luttes contre l’occupation coloniale, la mixité culturelle montréalaise, la participation directe des citoyens à l’écriture de la trame urbaine…

    Samedi soir, le graffiti pro-israélien avait été recouvert d’une couche de peinture blanche pour préparer la restauration de la murale. Je me suis plantée au coin de la rue pour contempler le mur dénudé, le coeur serré. Il y avait, dans cet effacement momentané, l’écho troublant de l’effacement littéral des Palestiniens piégés dans Gaza, bombardés avec férocité depuis plus de 75 jours.

    Plus de 20 000 personnes sont mortes à Gaza depuis le 7 octobre, apprenait-on mercredi, selon les chiffres fournis par le gouvernement du Hamas, dont au moins 8000 enfants. Si l’on inclut les personnes présumées mortes ensevelies sous les décombres, le bilan s’élèverait plutôt à plus de 26 000 personnes, selon l’organisme Euro-Med Human Rights Monitor. À cela s’ajoutent plus de 50 000 blessés, qui tentent de guérir dans des conditions sanitaires effroyables.

    La faim, la soif, le froid, la propagation des maladies, la peur constante : la catastrophe humanitaire que l’on prédisait dès le premier jour de la riposte israélienne contre le Hamas s’aggrave d’heure en heure, surpassant même les scénarios les plus glauques. Le Programme alimentaire mondial des Nations unies estime que l’ensemble des Gazaouis est soumis à une « insécurité alimentaire aiguë », le quart souffrant d’« une faim extrême ». Les hôpitaux ont été réduits en ruine. On soigne les blessés parmi les décombres.

    Alors que les appels fermes au cessez-le-feu permanent tardent, les images qui nous parviennent sont chaque jour plus insoutenables. Des bambins recouverts de sang et de poussière tremblants sur une civière, l’air hagard. Des adolescents aux jambes arrachées, des pères qui hurlent de douleur en découvrant le visage de leur enfant sous un linceul. J’avais l’impression de voir tout cela projeté sur la peinture blanche fraîchement posée.

    Je me suis aussi demandé si, dans le contexte de censure et de crispation actuel, la murale aurait pu être peinte pour une première fois. Je redoute la réponse. Pour lors, il y aura, toujours et tant qu’il le faudra, ce message affiché aux portes du centre-ville : « Palestine libre ».

    #Palestine

  • Après la guerre Israël-Hamas, la honte nous survivra | Le Devoir
    https://www.ledevoir.com/opinion/chroniques/801239/chronique-apres-guerre-honte-nous-survivra

    « Une fois de plus, un génocide se déploie sous nos yeux et l’organisation que nous servons est incapable de l’arrêter », écrivait Craig Mokhiber, ex-directeur du bureau new-yorkais du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, dans sa lettre de démission adressée au haut-commissaire Volker Türk.

    Dans sa lettre de quatre pages, il ne ménage aucun mot, attribuant sans détour une complicité à l’Europe et aux puissances occidentales, qu’il dépeint à la fois comme architectes et complices du « projet ethnonationaliste » et du « colonialisme d’occupation » infligés brutalement à la Palestine depuis 75 ans.

    « Non seulement ces gouvernements ne remplissent pas leur obligation “d’assurer le respect” des principes des Conventions de Genève, mais ils arment activement l’assaut en cours en offrant un soutien économique et stratégique et en accordant une caution diplomatique et politique aux atrocités perpétrées par Israël », écrit Mokhiber. Il déplore ensuite l’impotence du droit international, ainsi que la mollesse des Nations unies quant au maintien d’une approche fondée sur leurs propres principes dans ce dossier.

    La lettre n’a pas fait grand bruit, à part sur les réseaux sociaux. Des mots trop lourds de sens (pourtant utilisés délibérément, en prenant appui sur des éléments factuels), en opposition frontale avec la posture prudente et consensuelle de la diplomatie internationale. Tellement que les médias n’ont pas semblé savoir quoi faire de cette patate chaude. Parmi les grands médias anglophones, seul The Guardian s’est aventuré à écrire un papier. Une entrevue sur Al Jazeera. Un mot dans The Independent. Un article atterré sur Fox News. Et un torrent de critiques, d’insultes et d’alertes à l’antisémitisme sur les réseaux sociaux.

    Aux Nations unies, on s’est contenté de confirmer, par l’entremise d’un attaché de presse, que Mokhiber prenait bel et bien sa retraite et qu’il s’était exprimé en son nom personnel. Le cycle des nouvelles a poursuivi sa course.

    C’était le 28 octobre, alors que Gaza s’apprêtait à être coupée de toute communication avec le reste du monde, pour être bombardée par les forces armées israéliennes dans le noir complet.

    La fin de semaine dernière, les échos de Gaza arrivaient au compte-gouttes grâce à des journalistes coincés dans l’enclave, eux-mêmes livrés à la mort. Au hasard d’une connexion rétablie, d’une carte SIM empruntée, des images des dommages causés par les raids de la nuit étaient déversées sur les réseaux sociaux.

    Elles sont impossibles à oublier : des enfants qui crient, à moitié ensevelis dans les décombres ; des gens assommés et ensanglantés affalés dans les couloirs des hôpitaux, qui ne fournissent plus ; des corps sans vie que l’on tient devant l’objectif de la caméra, comme pour prouver qu’il y a là de l’humanité, que ce sont de vrais enfants, de vraies personnes qui meurent sous les bombes. Cette obligation d’exhiber la chair sans vie est un surplus de violence insupportable.

    Depuis le 7 octobre, on rapporte, dans les territoires occupés de la Cisjordanie, une intensification des gestes de violence perpétrés par des colons à l’endroit des Palestiniens. Dans les prisons de l’armée israélienne aussi, les traitements dégradants, inhumains et cruels se multiplient. L’assaut meurtrier du Hamas, les vies israéliennes fauchées, est inexcusable. Mais de toute évidence, la riposte est un prétexte pour décomplexer une volonté d’extermination fomentée depuis longtemps.

    Plus de 3600 enfants palestiniens ont été tués depuis le 7 octobre, selon le décompte fait par le ministère de la Santé gazaoui, qui est sous le contrôle du Hamas. L’enclave s’est transformée en « tombeau pour les enfants et en enfer pour tous les autres », déclarait l’UNICEF cette semaine, s’inquiétant aussi du sort des enfants déplacés en Israël. Le comité des Nations unies pour les droits de l’enfant s’est dit alarmé par les violations « graves » des droits des enfants à Gaza.

    Deux fois en 24 heures, le camp de réfugiés de Jabaliya a été bombardé. Mercredi, du bout des lèvres, l’ONU s’est exprimée sur ces frappes successives : « Nous nous inquiétons sérieusement que ces attaques disproportionnées puissent représenter un crime de guerre. » Avant d’ajouter jeudi que « le peuple palestinien court un grave risque de génocide ». Et l’aide humanitaire ne remplit pas le centième des besoins à Gaza : les gens y sont privés d’eau, d’électricité, de nourriture — ce qui constitue, à sa face même, un crime de guerre.

    Justin Trudeau, joignant sa voix à celle d’un gouvernement italien qui ne nie pas son héritage fasciste, a réitéré cette semaine son soutien inconditionnel à Israël, tout en demandant poliment une trêve humanitaire temporaire.

    L’État israélien ne bronche pas, et pourquoi le ferait-il ? Tout est énoncé dans son discours. L’animalisation et la déshumanisation des Palestiniens, les appels théologiques à la destruction vengeresse lancés par Benjamin Nétanyahou, l’adéquation entre les civils palestiniens et le Hamas pour mieux justifier un assaut indifférencié : tout cela n’est pas un programme caché, c’est ce qu’Israël claironne devant les caméras du monde entier.

    On énonce une intention claire et, malgré tout, la diplomatie internationale louvoie, se défile, voit de l’ambivalence dans un discours qui n’en suggère aucune. La dissonance cognitive est affolante ; le refus de qualifier comme tel ce qu’Israël dit pourtant faire est d’une absurdité qui avale notre humanité.

    Si l’on en doutait jadis, on le sait désormais : il n’y a pas de limites à ce que les alliés occidentaux d’Israël cautionneront. Les puissances impérialistes occidentales, les architectes du colonialisme d’occupation génocidaire, n’ont pas les mots pour condamner aujourd’hui ce qu’ils ont fait hier. Cette honte nous survivra.

    Chroniqueuse spécialisée dans les enjeux de justice environnementale, Aurélie Lanctôt est doctorante en droit à l’Université McGill.

  • Proposition de loi visant à interdire l’usage de l’#écriture_inclusive
    Rapport n° 67 (2023-2024), déposé le 25 octobre 2023

    AVANT-PROPOS

    I. ÉCRITURE « INCLUSIVE » OU NOVLANGUE EXCLUANTE ?
    A. DES PRATIQUES QUI SE DÉVELOPPENT RAPIDEMENT
    1. Qu’est-ce que l’écriture dite « inclusive » ?
    2. Un phénomène loin d’être marginal
    B. UNE DÉMARCHE QUI SOULÈVE DE NOMBREUSES DIFFICULTÉS
    1. Une écriture non neutre
    2. Une contrainte importante sur une langue déjà menacée
    3. Une menace pour l’intelligibilité et l’accessibilité des textes
    II. UNE PROPOSITION DE LOI NÉCESSAIRE POUR DISSIPER DES INCERTITUDES JURIDIQUES
    A. DES INCERTITUDES JURIDIQUES
    1. Quelques grands principes et deux circulaires
    2. Une jurisprudence hésitante
    B. UNE PROPOSITION DE LOI POUR CLARIFIER LE DROIT
    C. LA POSITION DE LA COMMISSION

    EXAMEN DES ARTICLES

    Article 1er

    Interdiction de l’usage de l’écriture dite inclusive dès lors que le droit exige l’utilisation du français
    Article 2

    Conditions d’application et d’entrée en vigueur de la loi
    Intitulé de la proposition de loi

    EXAMEN EN COMMISSION
    LISTE DES PERSONNES ENTENDUES
    RÈGLES RELATIVES À L’APPLICATION DE L’ARTICLE 45
    DE LA CONSTITUTION ET DE L’ARTICLE 44 BIS
    DU RÈGLEMENT DU SÉNAT (« CAVALIERS »)
    LA LOI EN CONSTRUCTION
    https://www.senat.fr/rap

    /l23-067/l23-067.html
    #France #interdiction #loi #novlangue #langue #menace #intelligibilité #accessibilité #incertitudes_juridiques #jurisprudence #circulaires #proposition_de_loi

    • 中性语言 - 维基百科,自由的百科全书
      https://zh.m.wikipedia.org/wiki/%E4%B8%AD%E6%80%A7%E8%AF%AD%E8%A8%80

      Trop compliqué:e pour moi. Désormais je contournerai le problème en ne m"exprimant plus qu’en chinois, qui ne connait pas le problème de no lamgues.

      Le chinois est une langue super simple qui ne connais ni genre, ni temps ni conjugaison ou déclinaison. Il n’y a mėme pas de singulier ou pluriel. Tu dis simplemen « il y en a plusieurs » avec un seul « mot » (们) qui établit son contexte par sa position. Si tu veux dire expressément qu’il n’y a qu’un seul spécimen de quelque chose ( 一个 x ) tu le dis simplement. S’il est important de savoir s’il s’agit de quelque chose de féminin (女)ou masculin (男), tu fais pareil. Tu ne mentionne expressément que les qualités exceptionnelles, tout le reste est contexte.

      Les juristes ont raison sur un point : il est très difficile voire impossible de formuler des textes de droit en chinois qui ne comportent pas ambiguité. On est confronté en chinois à un nombre d’éléments de grammaire très réduit au profit de la syntaxe. Chaque idéogramme correspond à un nombre élevé de significations différents et parfois contradictoires. Cette particularité fait que le chinois ancient dépasse en complexité le grec antique.

      On peut sans doute affirmer que nos grammaires ont une grande influence sur notre logique, notre manière de penser. Nos batailles liguistiques n’existeraient pas, si nous avions appris à parler et penser d’une manière plus libre, peut-être plus chinoise ;-)

      Voici ce que dit wikipedia en chinois à propos de l’écriture inclusive.

      Un langage neutre signifie éviter l’utilisation d’un langage qui est préjugé contre un sexe ou un genre particulier. En anglais, certaines personnes préconisent d’utiliser des noms non sexistes pour désigner des personnes ou des professions [1] et d’arrêter d’utiliser des mots à connotation masculine. Par exemple, le mot hôtesse de l’air est un titre de poste spécifique au sexe, et le mot neutre correspondant devrait être agent de bord. En chinois , certains caractères chinois à connotation positive et négative auront le mot « 女 » comme radical .Un langage neutre signifie éviter l’utilisation d’un langage qui est préjugé contre un sexe ou un genre particulier. En anglais, certaines personnes préconisent d’utiliser des noms non sexistes pour désigner des personnes ou des professions et d’arrêter d’utiliser des mots à connotation masculine. Par exemple, le mot hôtesse de l’air est un titre de poste spécifique au sexe, et le mot neutre correspondant devrait être agent de bord . En chinois , certains caractères chinois à connotation positive et négative auront le mot « 女 » comme radical .

      Attention, traduction Google

    • Suggérer l’utilisation du kotava comme langue de communication dans l’administration :

      Les substantifs et les pronoms sont invariables ; il n’existe aucun système de déclinaison. Il n’y a pas non plus de genre. Si l’on souhaite insister sur le sexe d’une personne ou d’un animal il est possible d’utiliser les suffixes dérivationnels -ye (pour les êtres vivants de sexe masculin) et -ya (pour les êtres vivant de sexe féminin).

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Kotava

    • Guerre d’usure contre l’écriture inclusive… et l’#égaconditionnalité

      Les #conservateurs, en mal de notoriété, épuisent les féministes avec un énième texte contre l’écriture inclusive. Ce texte veut interdire cette écriture à celles et ceux qui reçoivent des fonds publics. #Anti-égaconditionnalité !

      Quelques jours après l’échec du Rassemblement National (RN), Les Républicains (LR) réussissent à imposer un #débat_parlementaire pour interdire l’écriture inclusive ! Le 12 octobre dernier, le RN avait inscrit un texte dans sa « niche » parlementaire à l’#Assemblée_nationale. Mais il avait fini par le retirer avant de se voir opposer un rejet. Des députés LR qui s’étaient alliés à lui, puis rétractés, réservaient sans doute leurs forces pour soutenir leurs collègues du Sénat.
      Car mercredi 25 octobre, les sénateur.trice.s de la Commission de la culture, de l’éducation et de la communication du Sénat ont adopté une proposition de loi voulant « protéger la langue française  » de ses « #dérives  ». Une proposition qui sera examinée le 30 octobre.

      Le bruit des conservateurs, la fatigue des féministes

      Une #grosse_fatigue a alors gagné le mouvement féministe sur les réseaux sociaux. Impossible de compter le nombre de proposition de lois, de circulaires, de textes outragés, de déclarations solennelles s’attaquant à l’#égalité dans le #langage. Vouloir restaurer la #domination_masculine dans la #langue_française permet aux conservateurs de se faire mousser à bon compte auprès de leur électorat. Et pendant qu’ils occupent le devant de la scène sous les ors de la République, les féministes s’épuisent à démontrer la #justesse de leur combat avec beaucoup moins de moyens pour se faire entendre.

      Le #rouleau_compresseur est en marche. La proposition de la commission sénatoriale, qui avait été déposée par « Le sénateur » -c’est ainsi qu’elle se présente- LR #Pascale_Gruny en janvier 2022, a peu de chance d’aboutir dans sa totalité à une loi tant elle est excessive. Mais elle permet une nouvelle fois de sédimenter le discours conservateur dans l’opinion. Un discours attaché à ce que « le masculin l’emporte ».

      Pascale Gruny a eu les honneurs de l’émission « Les grandes gueules » sur RMC . Elle a pu nier le poids du #symbole : « Que le masculin l’emporte sur le féminin, c’est simplement une règle de grammaire, cela ne veut pas dire que les hommes sont supérieurs aux femmes, c’est ridicule » a-t-elle asséné. « Le but c’est de l’interdire dans les contrats, les publications de la vie privée pour que cela ne s’utilise plus. Et je veux aussi que cela disparaisse de l’#université comme à Sciences-po où c’est obligatoire je crois. »

      Le texte proposé veut très largement bannir l’écriture inclusive « dans tous les cas où le législateur exige un document en français », comme les modes d’emploi, les contrats de travail ou autres règlements intérieurs d’entreprises, mais aussi les actes juridiques. « Tous ces documents seraient alors considérés comme irrecevables ou nuls » s’ils utilisent l’écriture inclusive, dite aussi #écriture_épicène.
      Ces conservateurs ne se sont toujours pas remis de l’approbation, par le Tribunal de Paris en mars dernier, d’inscrire l’écriture inclusive dans le marbre de plaques commémoratives (lire ici).

      Pas de #subvention si le masculin ne l’emporte pas

      Le texte de Pascale Gruny fait même de l’anti-égaconditionnalité en interdisant l’écriture inclusive aux « publications, revues et communications diffusées en France et qui émanent d’une personne morale de droit public, d’une personne privée exerçant une mission de service public ou d’une personne privée bénéficiant d’une subvention publique ». Les journaux qui reçoivent des subventions publiques devraient être concernés ?…

      Rappelons que l’égaconditionnalité des finances publiques revendiquée par les féministes consiste à s’assurer que les #fonds_publics distribués ne servent pas à financer des activités qui creusent les inégalités entre femmes et hommes… Ici on parlerait de patriarcatconditionnalité…

      C’est aussi un combat qui épuise les féministes.

      https://www.lesnouvellesnews.fr/guerre-dusure-contre-lecriture-inclusive-et-legaconditionnalite

      #épuisement #féminisme

    • Pour une fois je me permets d’avoir une opinion alors que d’habitude j’essaie de me tenir aux choses que je sais et de me taire ou de poser de questions par rapports aux autres sujets.

      Ne perdons pas trop de temps avec des discussions inutiles. Si le langage et l’écriture appelés inclusifs deviennent assez populaires parce qu’ils correspondent à une pratique partagée par assez de monde, si cette relative nouveauté est plus qu’un dada des intellectuels, si le peuple adopte ces formes d’expression, aucun décret n’arrêtera leur avancée.

      Je suis content d’avoir été en mesure d’apprendre un français approximatif, assez bon pour me faire comprendre et je ne verrai plus le jour du triomphe ou de la défaite de telle ou telle forme de français. Ces processus durent longtemps.

      Alors je préfère investir un peu de mon temps pour améliorer mes compétences en chinois. Cette langue me promet la même chose qui m’a fait prendre la décision d’apprendre le français. Avec l’apprentissage d’une nouvelle langue on découvre le monde sous d’autres angles, on adopte de nouvelles façons de raisonner et d’agir, on développe une personnalité supplémentaire, on n’est plus jamais seul. Parfois je me demande, ce que ferait mon caractère chinois à ma place quand ma personnalité allemande, française ou états-unienne me fait prendre une décision.

      Ma pratique des langues que je maîtrise changera au rythme auquel je les utiliserai. Je continuerai alors de le mentionner quand le sexe d’une personne a une importance et une signification, si c’est nécessaire pour dire ce que j’ai à dire. Pour le reste je me tiens aux règles qu’on m’a enseignées et aux habitudes que j’ai prises.

      Je comprends la peur de l’invisibilité et le besoin de la combattre parce que je passe une grande partie de ma vie à donner une voix aux personnes qui sont comme moi rendus invisibles par le pouvoir en place, par les mécanismes inscrits dans nos sociétés et par la méchanceté et le dédain des imbéciles. Chaque langue connaît des manières de s’attaquer à ce défi.

      Je suis curieux comment l’écriture et le langage inclusif cohabiteront ou pas avec cette multitude de formes d’expression chères à celles et ceux qui en sont maîtresses et maîtres et les considèrent comme les leurs.

      #écriture_inclusive #français #chinois #dialectes #patois #allemand

    • #mecsplications sur l’inclusivité et détournement de ce qui est préoccupant dans ce post.

      Les langues sont vivantes et tout gouvernement/état qui cherche à imposer aux populations de contrôler leurs expressions du langage tend au totalitarisme. #police_du_langage

      A contrario, l’écriture inclusive est un signe qui déplait aux conservateurs et aux fascistes parce qu’elle est manifestation politique du vivre ensemble, du soin à marquer que les inégalités de genre ne sont plus acceptables et de la résistance vivante à une langue moribonde, celle du patriarcat. Une petite révolution à la barbe des tenants du pouvoir et tout cela uniquement par le langage cela appelle des lois et de la répression.

      Quelle mauvais blague.

      Les rétrogrades de Toulouse ne s’y sont pas trompés, ils ont carrément interdit l’usage de l’écriture inclusive. 23/06/2021
      https://www.ladepeche.fr/2021/06/22/toulouse-pas-decriture-inclusive-au-capitole-9624088.php

      #féminisme #écriture_inclusive

    • #militantisme #langues_vivantes #langue_écrite #langue_parlée

      Et justement : les passions tristes des forces réactionnaires :

      «  Il existe d’autres moyens d’inclure le féminin dans la langue française  », expose la conseillère municipale d’opposition qui juge «  intéressant de réfléchir à ces questions sans passion.  »

      Qu’iels aillent bien tou·tes se faire cuire le cul, ces administrateurs·rices du cheptel humain :-))

    • Mais la française est vraiment horrible, il faut absolument la interdire avant qu’elle ne se diffuse partout, elle va nous falloir rapidement accepter l’écriture inclusive ou toute la morale patriarcale de notre chère Jeanne Jack Rousselle va se retrouver à la ruisselle. Pensez donc à cette genre de traduction

      « Toute l’éducation des hommes doit être relative à les femmes. Leur plaire, leur être utiles, se faire aimer et honorer d’elles, les élever jeunes, les soigner grandes, les conseiller, les consoler, leur rendre la vie agréable et douce : voilà les devoirs des hommes dans toutes les temps, et ce qu’on doit leur apprendre dès l’enfance. »

    • La Monde ne sait pas ce qu’est la pointe médiane, et utilise des pointes de ponctuation (et en les doublant) pour dénoncer la usage qu’elle méconnait. C’est quand même savoureuse.

      sénateur.rice.s

      c’est pourtant simple la pointe médiane c’est à la milieu, comme ça

      sénatrice·s

      la texte législative de ces andouilles qui n’ont rien à asticoter dans leur cervelle a donc été adoptée par la sénate cette nuit

      https://www.lemonde.fr/politique/article/2023/10/31/ecriture-inclusive-le-senat-adopte-un-texte-interdisant-la-pratique-dans-tou

      #les_crétins_du_palais_du_luxembourg

    • C’est difficile de suivre cette débat avec la novlangue employée par les député·es ; par exemple j’ai cherché la terme de wokisme dans la dictionnaire et je n’ai rien trouvée. Et sinon pour pointer une contradiction, elle me semble qu’il y a déjà une loi AllGood qui vise à défendre l’immutabilité éternelle de la française — mais que la startup nachioune n’en a pas grand chose à faire.

    • la enjeu est de montrer que la culture française est sage et docile ( Au-delà de Versailles et de St Cloud c’est la jungle ) et que grâce à macron et toutes celleux accrocs à ses jolies mollettes de roitelet la langue française constitue une socle immuable. (ici j’adore l’aspect sable mouvant de la langue, tu crois que tu la maitrises qu’elle t’appartient enfermé dans les dogmes coloniaux des institutions et hop, nique ta novlangue)

      Iels ont donc si peur que la langue française soit vivante et évolue, je trouve ça juste extraordinaire d’en arriver à légiférer pour un point médian. Enchainez ce point médian tout de suite et jetez le au cachot ! Oui maitre·sse.

    • Le « François » dans tous ses états ...
      #château-Macron (du gros qui fait tache)
      https://seenthis.net/messages/1023508#message1023947

      #tataouinage (?) #québecois
      https://fr.wiktionary.org/wiki/tataouiner
      (Et donc rien à voir avec Tataouine, ville de Tunisie passée dans le langage populaire pour évoquer un endroit perdu au bout du monde)
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Tataouine
      En arabe,
      تطاوين
      se prononce un peu comme Tatooine qui est une planète-désert de l’univers de fiction Star Wars.
      Il n’y a pas de hasard, enfin, si, peut-être, un peu quand même ...

  • Disappointment as US vetoes UNSC resolution calling for humanitarian pause
    Kristen Saloomey

    Israel-Hamas war live: Biden in Israel, anger over Gaza hospital attack
    18 Oct 2023 | Israel-Palestine conflict News | Al Jazeera
    https://www.aljazeera.com/news/liveblog/2023/10/17/israel-hamas-war-live-anger-after-israeli-strike-kills-500-in-hospital

    16:58 GMT
    Disappointment as US vetoes UNSC resolution calling for humanitarian pause
    Kristen Saloomey

    Reporting from UN headquarters in New York

    The explanation the US gave was that the draft resolution did not mention strongly enough, did not mention at all, Israel’s right to defend itself. That was a non-starter for the US.

    But after days of negotiations, the US alone voted against this resolution. There were two abstentions: Russia and the United Kingdom.

    Many countries expressed disappointment that they could not compromise and come up with a resolution, disappointment that they could not come together and make a statement to de-escalate the situation there and allow aid in.

    Many also said that it would undermine the Security Council in the long-run, not being able to come to an agreement on such an important matter of peace and security.

    10:03 GMT

    Heavy Israeli bombardment continues in Gaza as Biden arrives in Israel

    By Hani Abu Isheba, Khan Younis, Gaza

    There are heavy bombardments still going on across the Gaza Strip despite what happened last night.

    Last night’s attack on the hospital, which left at least 500 people dead, has not stopped Israel from continuing its bombardment of the enclave.

    A short while ago, a residential building in Khan Younis was targeted. It was completely destroyed with seven people pronounced dead on the scene. Forty others were seriously injured.

    Most of those that were killed were evacuees from different parts of Gaza.
    Smoke rises following an Israeli airstrike in the Gaza

    37m ago (09:45 GMT)

    Fuel situation at Gaza hospitals critical
    Safwat Kahlout
    Reporting from the Gaza Strip

    The fuel situation in the Gaza Strip is critical. The health ministry is desperate to source fuel for the hospitals and has issued alerts requesting anyone with even a litre of fuel to get in touch.

    A litre of fuel could save lives in Gaza.

    Al-Shifa Hospital has already been forced to close some of its departments due to lack of fuel for its emergency generators. Other hospitals have informed us that they will be forced to shut down in the coming hours.

    Some hospitals in the north had to close in the first days of Israel’s bombardments because it was not safe to remain open after receiving Israeli warnings.

    1h ago (09:03 GMT)

    Attack on hospital ‘the most advertised crime in history’

    Earlier we posted a testimony by surgeon Ghassan Abu Sitta, who was working in al-Ahli Arab Hospital when it was attacked on Tuesday evening.

    He has just posted a new comment on Facebook:

    “We now know that the number of killed exceeds 500. This number will increase as I saw many dismembered bodies and parts of bodies as I carried the last patient into the ambulance past the courtyard.

    “This was the most advertised crime in history. It was a massacre by appointment. The Israeli government has been openly saying it was going to target hospitals for the last week and the world just stood by and did nothing.

    “The number of children who were killed exceeds 50 per cent. I saw a body of a toddler who was missing a head … this morning the bombing continued.”

    2h ago (08:31 GMT)

    El-Sisi says Israel can host Palestinian refugees in Negev desert

    More from el-Sisi’s news conference in Cairo where he suggested that Israel can move Palestinians affected by the war to the Negev desert instead of requesting Egypt to host them.

    “There is the Negev desert in Israel. The Palestinians can be moved to Negev desert until they [Israel] do what they wish to do with the military operatives in the Gaza Strip before returning [the Palestinians] back,” the president said in the media address alongside visiting German Chancellor Olaf Scholz.

    “If the Palestinians are transferred to Egypt, the military operation initiated by Israel may last for years and years to come. In this case, Egypt will continue to bear the consequences and Sinai will be a base for operations against Israel and in this case, Egypt will be labelled as a base for terrorists,” he said.

    “The acts by Israel cutting power, water, electricity is a means to forcibly transfer Palestinians to the Sinai Peninsula, which we totally reject.”