?time_continue=94&v=QPWLp5LKmCA

  • Nawaat – Chants populaires, mémoire vivante de la résistance tunisienne
    https://nawaat.org/portail/2018/03/23/chants-populaires-memoire-vivante-de-la-resistance-tunisienne

    L’Histoire de la lutte tunisienne contre la colonisation française a été déclamée par les poètes, scandée par les chanteurs populaires. Des vers, des refrains ont émaillé la résistance nationale contre les dérives beylicales et ses capitulations face à l’occupant. La colère a grondé sous le règne de Mohamed Sadok Bey, lorsqu’il a signé, le 12 mai 1881, le traité du Bardo plaçant la Tunisie sous protectorat français. Dans son ouvrage intitulé « Poésie populaire et lutte de libération » (1971), l’historien tunisien Mohamed Marzouki a indiqué que le Bey a capitulé face à l’occupation, et a appelé ses sujets à se soumettre aux nouveaux maîtres. Le peuple a considéré cette initiative comme une trahison, favorisant l’éclosion d’autant de chants de rébellion. L’auteur rappelle aussi dans son livre que de nombreuses tribus se sont rebellées, avec à leur tête des combattants pour la liberté, tel Ali Ben Khalifa al-Naffati, l’un des premiers à prendre les armes contre l’occupation française. De leur côté, les poètes populaires se sont illustrés en galvanisant les énergies, et en retraçant le cours des événements, les gravant dans les mémoires en lettres de sang.
    Al-Zaboubiya, rébellion aux accents libertaires

    Al-Zaboubiya est l’un des plus célèbres poèmes populaires écrit contre l’occupation française. Ses vers en arabe dialectal, rédigés dans un langage aussi truculent que fleuri s’en prennent allègrement au pouvoir religieux et politique. Abderrahmane Kéfi, l’auteur du poème, prend des accents anarchistes pour tourner en dérision les idées reçues et les croyances, avec un sens critique particulièrement acéré. Des gardiens de la morale ont tenté de châtrer le langage imagé du poète, en remplaçant le mot zebbi (pénis), par le terme « gharbi » (occidental), éliminant ainsi une composante essentielle du dispositif littéraire utilisé par Kéfi, dans sa rébellion.
    Mais l’auteur ne s’est pas contenté de poésie pour exprimer son rejet de la colonisation. Il a en effet rejoint le Parti communiste en 1922, et a été emprisonné à plusieurs reprises pour avoir refusé de s’engager dans l’armée française. La révolte du poète ne s’est d’ailleurs pas limitée aux frontières de la Tunisie. Abderrahmane Kéfi se rendra en Libye voisine pour prendre part à la lutte contre l’occupant italien. Ce faisant, il aura suivi l’exemple de bon nombre de poètes populaires tunisiens, tel Mohamed Ibn Madhkour, originaire de Tataouine. A cet égard, Mohamed Marzouki affirme dans son ouvrage précédemment mentionné, que la poésie populaire tunisienne s’est penchée sur les événements qui agitaient le monde musulman dans sa globalité. Ainsi, les poètes populaires tunisiens prenaient-ils fait et cause pour la résistance libyenne, tout comme ils s’engageaient en faveur de la lutte contre l’occupant français en Tunisie.

    Parmi les extraits musicaux, ce chant magnifique

    https://www.youtube.com/watch?time_continue=94&v=QPWLp5LKmCA

    #tunisie #communisme_arabe