• Le philosophe Dominique Lestel tente l’ouverture de l’espace des possibles sur le sujet du véganisme.

    Plutôt qu’être végane, c’est-à-dire être un mammifère qui refuse de manger de la viande, ne devrait-on pas sortir de l’humain et devenir un agent qui ne fait plus aucun mal à aucun être vivant ? L’ambition du végane apparaît limitée ; être post-végane est plus satisfaisant, en transformant l’humain en une espèce d’organisme qui tiendrait à la fois du mammifère (quand même) et du végétal. Qui pourrait penser comme un mammifère et se nourrir comme une plante sans tuer aucun autre être vivant, en consommant uniquement des sels minéraux, de l’eau et de lumière solaire. Devenir une espèce d’ange sensuel immergé dans la chlorophylle. Ce qui ne pouvait apparaître qu’absurde il n’y a pas encore si longtemps, acquiert aujourd’hui une pertinence accrue avec le développement des technologies émergentes – nanotechnologies, biotechnologies et technologies de l’information et de la cognition. Des artistes se sont déjà engagés dans cette direction comme Eduardo Kac avec son « plantimal » ou l’installation « Myconnect », en 2016, au cours de laquelle trois artistes slovènes se sont connectés à un champignon. L’avenir de l’humain n’a aucune raison de prendre la forme d’un super-primate. Il pourrait se transformer plutôt en une espèce de Riftia pachyptila – des vers géants dépourvus de bouches et d’intestins dont la seule source nutritionnelle est l’énergie produite par des bactéries symbiotiques qui métabolisent l’hydrogène sulfite des fluides géothermaux.

    #vegan #omnivore #alimentation #moral

    https://aoc.media/opinion/2018/03/22/suis-mammifere-omnivore