J’ai commencé deux recensions d’articles de 2005 à 2017, sur le thème de la fin_du_monde, la…

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  • Êtes-vous éco-anxieux ?
    Claude Gauvreau, Actualités UQAM, le 4 novembre 2019
    https://www.actualites.uqam.ca/2019/etes-vous-eco-anxieux

    Plusieurs études montrent que les jeunes sont plus touchés et se sentent davantage concernés par les enjeux environnementaux que les générations précédentes. « Les jeunes sont les personnes les plus sensibilisées en ce moment parce que c’est leur avenir qui est en jeu, indique la chercheuse. Ils sont aussi plus susceptibles de faire de l’éco-anxiété. Les changements climatiques incitent même certains d’entre eux à remettre en question leurs ambitions et leurs rêves. »

    #éco-anxiété #solastologie

    On l’ajoute à la troisième compilation :
    https://seenthis.net/messages/680147

    #effondrement #collapsologie #catastrophe #fin_du_monde #it_has_begun #Anthropocène #capitalocène

  • Tom Thomas : l’écologie du sapeur Camember (Albatroz, 1992)
    http://www.demystification.fr/les-livres-de-tom-thomas-2/lecologie-du-sapeur-camember

    Ce mouvement a eu le mérite de contribuer puissamment à mettre en lumière le constat des dégâts. Mais nous verrons qu’il en reste à une analyse superficielle de leurs origines et ne peut donc pas envisager les solutions adéquates. Nous verrons que le rôle des Verts actuels est surtout d’aiguillonner le capitalisme pour qu’il prenne mieux en compte qu’il ne le fait spontanément la reproduction de ses conditions d’existence et de développement. Cela au nom de la science et de l’intérêt général promus au rang de boussoles, ou plutôt de nouveaux fétiches, de l’humanité.

    On l’ajoute à la troisième compilation :
    https://seenthis.net/messages/680147

    #effondrement #collapsologie #catastrophe #fin_du_monde #it_has_begun #Anthropocène #capitalocène

  • Simplismes de l’écologie catastrophiste, vraiment ? | AOC media - Analyse Opinion Critique
    https://aoc.media/opinion/2019/11/26/simplismes-de-lecologie-catastrophiste-vraiment

    Simplismes de l’écologie catastrophiste, vraiment ?

    Par Fabrice Flipo
    Philosophe

    Dans une Opinion publiée récemment dans les colonnes d’AOC, le philosophe et théoricien du « catastrophisme éclairé » Jean-Pierre Dupuy réagissait à la popularité croissante de la collapsologie en en dénonçant les « simplismes ». Le philosophe Fabrice Flipo lui répond.

    Jean-Pierre Dupuy a récemment publié un article dans AOC qui a surpris, sur la forme comme sur le fond. Sur la forme, les mots envers les « collapsologues » sont durs : le « sobriquet » dont ils s’affublent est « horrible », les ventes de leurs livres « médiocres » et « militants » sont en partie suspendues à des « ficelles du marketing » dont « certaines sont franchement déplaisantes », leur vision est « caricaturale ».

    Sur le fond, alors qu’en effet les travaux du philosophe sont fréquemment convoqués par les collapsologues, Jean-Pierre Dupuy se désolidarise vigoureusement de ce compagnonnage, arguant d’un « flou conceptuel » « beaucoup plus grave » que le fait de se référer à ses ouvrages ou donner dans le spectaculaire, les auteurs collapsologues ayant beaucoup lu mais « pas forcément aux bonnes sources », et n’ayant « pas bien compris ».

    Avouons notre malaise, à la lecture de cet article. Jean-Pierre Dupuy admet que les collapsologues « attirent l’attention générale sur des problèmes considérables que les optimistes béats et le marais des indifférents qui forment encore la majorité de la population française balaient trop facilement sous le tapis ». Mais les approximations conceptuelles des « militants » sont jugées « (plus) graves », malgré tout.

    Le propos peut quand même étonner : Dupuy ne met pas en doute la perspective d’un effondrement, et l’on sait de longue date qu’il la prend au sérieux. Le philosophe affirmait ainsi en 2007 dans Esprit que « Oui, notre monde va droit à la catastrophe, j’en ai l’intime conviction […] Mon cœur se serre lorsque je pense à l’avenir de mes enfants et de leurs propres enfants, qui ne sont pas encore nés ». On aurait pu s’attendre à ce que le premier geste soit de saluer la bonne nouvelle d’une prise de conscience élargie de l’enjeu, qui restait jusque-là confinée à des cercles très étroits. Mais non, si Jean-Pierre Dupuy prend la plume, c’est surtout pour mettre en cause la dimension conceptuelle.

    Remarquons toutefois que la posture n’est pas nouvelle : Pour un catastrophisme éclairé, dont Jean-Pierre Dupuy convient qu’il avait été suscité par les effets d’une posture catastrophiste que l’auteur avait adoptée lors d’une communication au Commissariat Général au Plan (« qui fit son effet »[1]), soulignait également une urgence d’ordre conceptuelle, ce qui indique que la prise de position n’est pas simplement un mouvement d’humeur.

    La discussion qui s’engage avec ou plutôt contre les collapsologues puise immédiatement dans le parcours personnel de l’auteur, qui est très spécifique, et a relativement peu en commun avec ses interlocuteurs. Le texte contient beaucoup d’implicites, à notre sens, ce qui nous a poussé à réagir, il est vrai quelque peu aidé ou poussé en ce sens par une sollicitation de Jean Gadrey.

    Jean-Pierre Dupuy engage en effet sans tarder dans son article la définition d’un système complexe, renvoyant implicitement à ses travaux sur les années 1960 et 1970 autour de la naissance de la cybernétique et des sciences cognitives. La complexité favorise-t-elle la stabilité des systèmes ou est-ce le contraire ? S’en suit une longue discussion expliquant que les systèmes complexes peuvent aussi être résilients, ce que l’on admet volontiers, mais là n’est pas le propos, nous semble-t-il : il est que Jean-Pierre Dupuy lui-même ne s’embarrassait pas de telles précautions quelques années avant, ainsi dans la citation relevée dans Esprit, ci-dessus, évoquant son « intime conviction ».

    Quel est le but, finalement, de cette argumentation qui tend à montrer finalement qu’en matière de catastrophe, rien n’est sûr ? Si rien n’est sûr, alors, si les systèmes complexes sont résilients, pourquoi s’en faire ? On ne comprend pas bien.

    De leur côté, que font les « militants », finalement, sinon reprendre l’argumentation du « coeur qui se serre » et de « l’intime conviction » ? Ils ne font pas un long exposé sur les systèmes complexes, ce n’est pas leur propos, leurs livres ne sont pas un manuel sur le sujet, ni ne cherchent à mener cette « discussion ardue » qui serait un préalable ; discussion ardue au terme de laquelle le grand public aura été perdu en cours de route, se révélant donc contre-productive (au sens usuel, et non au sens d’Illich, que Dupuy connaît bien).

    A quoi sert alors de relever soigneusement les variations de diagnostic des collapsologues, savoir si la catastrophe est « probable », « possible » etc. L’intime conviction et « le coeur qui se serre » ne suffisent-ils pas ? Pourquoi tant d’acrimonie ?

    Ce que Dupuy reproche aux collapsologues est de trop insister sur la question de la certitude de la catastrophe, et pas assez sur le fait qu’elle n’est qu’une possibilité parmi d’autres.

    Proposons une réponse, dont nous verrons peut-être à une éventuelle réaction de Jean-Pierre Dupuy si elle est juste. Une première explication est qu’en effet les collapsologues mésinterprètent le catastrophisme éclairé, du moins en apparence, et qu’ils semblent en effet tomber dans les travers critiqués par Dupuy, dans la mesure où le catastrophisme éclairé se construit en réalité contre le catastrophisme, et non pas en sa faveur.

    Le catastrophisme consiste à agiter la venue d’une catastrophe. Jean-Pierre Dupuy cherche à substituer une alternative, éclairée. Celle-ci consiste à se placer d’un point de vue extérieur à un système complexe (le nôtre, internet, les écosystèmes etc. comme évoqué dans l’article d’AOC), pour en jauger l’évolution, c’est-à-dire le destin. De là seulement il est possible de tirer une « intime conviction » : la trajectoire de notre système est pour le moins catastrophique.

    À partir de là, il est possible d’agir différemment, pour que cette trajectoire ne se produise pas. Le temps du catastrophisme éclairé est le futur antérieur. Sa tonalité n’est pas celle de l’émotion. Il se place dans l’avenir éloigné et regarde comme un passé ce qui est notre avenir proche. C’est une déclinaison du scénario du pire, proposé par Hans Jonas, et plus généralement des exercices classiques de scénarisation, comme il en existe de nombreux depuis le rapport du Club de Rome. Le GIEC en a produit beaucoup, tout comme le Rapport du Millénaire sur les Ecosystèmes.

    Ce que Dupuy reproche aux collapsologues est de trop insister sur la question de la certitude de la catastrophe, et pas assez sur le fait qu’elle n’est qu’une possibilité, dépendante de la persistance d’un système particulier, parmi d’autres possibles. Les collapsologues ne sont pas assez « métaphysiques » ; ils restent dans la physique d’un système. Dupuy, lui, insistait bien, dans son ouvrage : le catastrophisme éclairé consiste à croire à la certitude de la catastrophe dans un destin possible (p.13), parmi d’autres, pas simplement de croire à la catastrophe. La différence est essentielle : la catastrophe ne se produit que si on entreprend telle ou telle action. Dans ce cas, et uniquement dans ce cas, la catastrophe doit être tenue pour certaine.

    On dira : mais comment une certitude peut-elle être simplement possible ? C’est la question que pose par exemple Jean Gadrey. L’explication est relativement simple, mais la démonstration n’est pas si facile à faire. La certitude ne concerne qu’une trajectoire possible du système, pas toutes les trajectoires ; elle ne concerne que la trajectoire d’un système, pas celle de tous les systèmes. La certitude n’est que potentielle, pas actuelle.

    C’est une « attitude philosophique » (p.81) qui se rapproche presque de la théorie des jeux, dans laquelle Jean-Pierre Dupuy puise beaucoup, dans Pour un catastrophisme éclairé. Elle implique la capacité à se projeter dans plusieurs avenirs possibles, qui sont autant de jeux possibles. Les acteurs, s’ils acceptent de prendre au sérieux les conséquences catastrophiques possibles d’un jeu donné, dans lequel ils sont pris, voient alors l’intérêt d’un autre jeu, c’est-à-dire d’une autre action. La certitude est donc hypothétique, dans la mesure où elle est liée à un jeu ou système parmi d’autres, et non au seul jeu ou système possible, raison pour laquelle elle peut être écartée, comme un destin funeste que l’on dépasse, en l’ayant évité. Il s’agit de « prévoir l’avenir pour le changer » (p.161), parce que l’avenir est pluriel, comme les jeux ou les systèmes.

    Ce qui manque est l’imagination : arriver à imaginer à la fois de manière assez concrète le système actuel et ses déterminants, et un autre système, avec d’autres déterminants.

    Jean-Pierre Dupuy donne en outre une dimension positive à la catastrophe : sa force négative est mobilisatrice – pour changer de jeu. Il fait le parallèle avec la dissuasion nucléaire, problème sur lequel il a également travaillé : ce qui force les acteurs à ne pas se détruire mutuellement, c’est la certitude de pouvoir le faire, la certitude de la catastrophe : ce n’est pas la catastrophe elle-même, qui ne se produit pas et, dans ce raisonnement, ne se produit jamais. À ce titre Dupuy est sans doute aux antipodes d’un Gunther Anders (L’obsolescence de l’homme, Éditions de l’Encyclopédie des Nuisances, 2002), pour qui l’existence de la bombe implique la certitude d’une catastrophe, raison pour laquelle nombreux seront ceux qui n’accepteront pas le parallèle opéré par Dupuy – mais c’est un autre débat.

    La relecture du Catastrophisme éclairé montre cependant que l’ouvrage n’est pas toujours très clair, dans la mesure où il procède souvent par l’implicite en matière de systémique ou de théorie des jeux, un peu comme dans l’article. L’argumentation de Dupuy a en outre une faiblesse, à notre sens : elle ne va pas jusqu’au bout, à plusieurs titres, et c’est là aussi, et peut-être surtout, que des désaccords possibles existent avec les collapsologues.

    Une première limite consiste à observer que les sondages semblent indiquer que le grand public (au sens sondagier) est relativement convaincu de la catastrophe, et depuis longtemps (au moins 2006, date du début des sondages), en matière de changement climatique[2]. L’obstacle n’est peut-être pas que « l’impossible » soit considéré comme « incertain », en réalité, au sens où nous considérerions que la catastrophe est impossible ; obstacle que nous devrions surmonter, pour accepter sa possibilité, puis examiner sa certitude. La possibilité d’une trajectoire catastrophique du système actuel est tout à fait acceptée.

    Le sondage indique par contre que le grand public ne sait pas réellement où sont les émissions de GES ni quelles sont les solutions pour les réduire. Ce qui manque, c’est donc la figuration concrète du système, tel qu’il est, et encore plus la figuration d’un autre système possible, à tous les niveaux de gouvernement du quotidien, ce qui permettrait à la fois de relier les émissions à un système et de se placer du point de vue d’un autre système possible.

    C’est peut-être là qu’est le problème en réalité : non pas admettre comme une possibilité voire une certitude que le système actuel comporte une trajectoire catastrophique, mais, pour actionner une posture de catastrophisme éclairé conséquente, le faire depuis un autre système qui, lui, ne mènerait pas à une issue catastrophique. Ce qui manque est l’imagination : arriver à imaginer à la fois de manière assez concrète le système actuel et ses déterminants, et un autre système, avec d’autres déterminants. Autrement dit la métaphysique de Jean-Pierre Dupuy reste largement désincarnée, comme le sont d’ailleurs les analyses systémiques, en règle générale. Elles n’imaginent pas : elles fonctionnent, ce qui est bien différent.

    L’imagination est ce qui rendrait possible le catastrophisme éclairé. Le parallèle de la dissuasion nucléaire le montre, tout en soulignant les faiblesses : il est en effet très facile d’imaginer un monde sans attaque nucléaire massive. C’est depuis ce monde, et même en son nom, que l’on peut mettre en échec le déclenchement des armes. Mais que serait le monde sans gaz à effet de serre ? Voilà qui est plus difficile, et souligne le rôle de l’imagination.

    Les collapsologues semblent en tirer les conséquences pratiques. Ils mettent en avant la question des récits et en effet l’imagination prend la forme du récit, de manière privilégiée. Ce n’est pas un hasard s’il est question de « l’événement anthropocène », et de l’enjeu de construire des récits alternatifs. Des récits au futur antérieur, certes, mais vivants. L’obstacle est moins de ne pas parvenir à se situer dans l’avenir pour concevoir la catastrophe que de se défaire des récits qui structurent l’espace public, dont il est difficile de déroger, en pratique, tant leur maintien et leur contrôle est l’œuvre de toutes les attentions de la part des vendeurs de solutions (les grandes entreprises) et des faiseurs d’agenda.

    Les travaux de James C. Scott sur l’existence d’un texte public peuvent être convoqués dans cette perspective : l’auteur montre que les dominés tiennent en l’absence des dominants un discours bien différent, tel que celui qui éclate avec les Gilets Jaunes. Jean-Pierre Dupuy ne développe pas ces aspects, il ne pointe pas la difficulté. Se placer dans l’avenir ne suffit donc pas : il faut aussi se placer hors du système, et donc dans un autre système, qui soit suffisamment imaginé, et de manière suffisamment répandue, pour acquérir de la certitude.

    L’enjeu est moins de rendre l’impossible certain (sous-titre du Catastrophisme éclairé) que d’abattre les murs de l’inimaginable, du TINA, pour faire en sorte qu’un autre système soit conçu non seulement comme possible, mais comme certain (dans la même logique que celle de l’évitement « éclairé » de la catastrophe). La célèbre sentence de Zizek, suivant laquelle la fin du monde est plus facile à imaginer que la fin du capitalisme, va tout à fait dans ce sens : la fin du monde est finalement relativement facile à imaginer, et c’est même peut-être pour cette raison que les collapsologues ont du succès.

    Les collapsologues peuvent donc aussi être vus comme ceux qui vont compléter la démonstration de Jean-Pierre Dupuy, la prolonger, y compris dans le grand nombre, et non la trahir.

    Mais comment imaginer la fin du capitalisme, du système ou du jeu en place ? Là est la jambe manquante du catastrophisme éclairé. Qu’un autre système soit accessible de manière certaine (à la manière de la certitude de la catastrophe) est le point « métaphysique » à partir duquel le catastrophisme éclairé peut s’organiser et se mettre en œuvre. Sans cela, il reste une analyse peu opérante. Or les collapsologues travaillent aussi à cet imaginaire, à cet autre monde possible, avec bien d’autres : c’est rendre justice à leur positionnement que de le souligner.

    Ils remettent en quelque sorte le catastrophisme éclairé sur ses pieds. Les collapsologues peuvent donc aussi être vus comme ceux qui vont compléter la démonstration de Jean-Pierre Dupuy, la prolonger, y compris dans le grand nombre (politique), et non la trahir. Ils sont également la partie minoritaire, dominée, qui se heurte à un discours dominant. Cette question de la domination est également absente du Catastrophisme éclairé.

    La question est alors de savoir qui porte cet autre système, de manière crédible ? Où est le sujet de l’histoire porteur d’une perspective nouvelle, à l’instar du prolétariat d’autrefois ? Sans un tel sujet, sans un tel récit, le catastrophisme éclairé restera une posture « philosophique », en effet, c’est-à-dire, ici, individuelle. Chacun pourra bien se voir aller vers la catastrophe, mais sans rien pouvoir entreprendre sinon des actions très locales, qui n’ont guère de chances de changer le système. Les collapsologues lisent peut-être mal, mais le texte n’est pas si clair qu’il le prétend.

    Mais cette perspective d’un nouveau récit qui serait repris par le plus grand nombre est peut-être une autre raison pour laquelle les collapsologues s’attirent les foudres de Jean-Pierre Dupuy. Le philosophe est un grand lecteur de René Girard, théoricien de la foule mimétique. Pour résumer brièvement, Girard fait reposer l’hominisation sur l’émergence d’une rivalité mimétique potentiellement sans limites, engendrant la violence ; celle-ci trouve sa solution dans la désignation relativement arbitraire d’un bouc émissaire, dont le sacrifice unit et apaise le groupe, qui retrouve la paix.

    L’ordre social est donc toujours plus ou moins guetté par ce phénomène, qui porte également le nom d’envie[3]. Jean-Pierre Dupuy focalise d’ailleurs ses critiques sur les dimensions émotionnelles du débat (le marketing, le succès etc.), et nous comprenons maintenant un peu mieux pourquoi. Dans Pour un catastrophisme éclairé également, il estimait que Jonas était dans l’erreur, en réduisant le problème à celui d’un poids insuffisant accordé à la perspective de la catastrophe, dont la teneur est émotionnelle (p.200).

    Le lien avec le mimétisme est assez clair. Celui-ci ne se déclenche que par l’émotion. Les collapsologues, qui procèdent de l’émotion et non de la raison, en voulant donner toujours plus de réalité à la catastrophe, amorcent le mécanisme mimétique. Devant le Mal commun, chacun va accuser les autres, et c’est déjà un peu le cas, entre les riches qui accusent les pauvres et les pauvres qui accusent les riches. Cette rivalité mimétique risque de déboucher sur un bouc émissaire, en plus de provoquer la catastrophe écologique. La posture rationaliste du catastrophisme éclairé veut éviter cela.

    Les collapsologues lisent peut-être mal, mais les thèses de Jean-Pierre Dupuy ne sont pas si limpides.

    Le problème est qu’il entre assez largement en contradiction avec la solution que Jean-Pierre Dupuy propose dans Libéralisme et justice sociale. Il soutient dans ce livre que le libéralisme est le régime qui refuse l’envie, et refuse de sacrifier l’individu à un Tout (p.43), quel qu’il soit. Le philosophe s’appuie sur une lecture de Rawls qui emprunte également largement à Louis Dumont ; mais pour aller au plus court dans cet article retenons que Jean-Pierre Dupuy met en avant trois modèles de justice sociale (p.192-194) : le modèle conservateur (jugé « disparu »), le modèle de l’individualisme méritant, et enfin le modèle « critique » et « démystificateur », incarné par Bourdieu, jugé n’opérer que « négativement », dans une attitude « nihiliste » (p.193).

    Le livre se conclut sur les vertus du marché entendu comme « bonne réciprocité » (p.309) pour contenir les phénomènes mimétiques. Jean-Pierre Dupuy est tendu contre l’apparition de foules « et donc » de chefs. Le marché contient la contagion et la panique, dans les deux sens du mot « contenir » : la panique est là mais elle est endiguée. Cette perspective de la panique, liée à l’émotion, n’est-elle pas, dans le fond, ce qui inquiète Jean-Pierre Dupuy, avec la collapsologie, comme elle l’inquiétait chez Jonas ? C’est probable.

    Cependant cette critique des « critiques » et la défense du marché ne s’empêche-t-elle pas dans le même temps d’envisager un autre système ? Rien ne serait concevable sans le marché, ou plus exactement sans un ordre qui empêche le social de sombrer dans l’anarchie, toujours menaçante. Le problème est que le marché libéral va croissant, et non décroissant (au sens du PIB). Le marché libéral est donc précisément le système qui mène à la catastrophe. Refuser toute autre perspective que le marché, tout en exhortant à sortir du système, au nom des Lumières (qui éclairent), est contradictoire, ou du moins inachevé. De là peut-être certaines « erreurs de lecture » des collapsologues, dont on rappellera de nouveau qu’ils ne sont pas des philosophes, et qu’ils n’ont donc pas le « background » de Jean-Pierre Dupuy.

    Refuser toute fusion sartrienne, toute « effervescence » durkheimienne, n’est-ce pas finalement refuser toute alternative, et donc toute mise en œuvre concrète du catastrophisme éclairé ? Les collapsologues lisent peut-être mal, mais les thèses de Jean-Pierre Dupuy ne sont pas si limpides, à nouveau. D’autant que la vision girardienne est contestée, tout comme la thèse sur les foules. L’écologisme propose depuis longtemps une vision très différente des foules, très éloignée de la vision girardienne, au travers notamment des travaux de Serge Moscovici.

    Il est probable également que ce soit cette conception-là qui soit au fondement des analyses collapsologiques, et non René Girard. Il est probable également que leur analyse de Bourdieu et des thèses « critiques » en matière de justice sociale ne leur paraissent ni si faciles à écarter, ni si « nihilistes » que Jean-Pierre Dupuy l’affirme.

    Les faits démontrent cependant que Jean-Pierre Dupuy n’a peut-être pas tout à fait tort. Il est frappant en effet de constater que le mouvement Extinction Rebellion se revendique non pas de Marx mais de l’écopsychologue Joanna Macy, également spécialiste du bouddhisme. Celle-ci tient des propos assez surprenants : selon elle, il n’y a pas d’ennemis, « nous sommes tous concernés », l’enjeu est d’abord spirituel, dans une relation à soi. Cela ne revient-il pas à endiguer le risque de bouc émissaire, mais en sortant du marché ? C’est une lecture possible, qui accrédite à la fois la lecture de Jean-Pierre Dupuy tout en réfutant l’unicité de sa solution (le marché).

    En effet l’approche de Macy est très différente du rationalisme de Jean-Pierre Dupuy : elle parle plutôt de rituels et de travail sur soi, dimensions qui ont toujours été présentes dans le mouvement écologiste, du reste. Macy est connue dans les communautés de type Findhorn depuis des décennies. Elle réactive l’ambiguïté du concept de « religion », entre religion civile et recours au surnaturel – car elle n’invoque aucun surnaturel. C’est également un point que nous avions souligné dans nos travaux.

    Et s’il s’agissait précisément d’une domestication de l’imagination et de l’ordre collectif ? La construction d’un autre système, reposant donc sur d’autres normes que celles du calcul libéral ? Un autre système qui ne serait pas « religieux » pour autant ? Macy évoque « un travail qui relie » avec le vivant, une sorte de travail non-libéral, qui a des accents de catastrophisme éclairé, quand elle affirme par exemple que « si un monde vivable doit exister pour ceux qui nous suivront, ce sera parce que nous aurons réussi à opérer la transition entre la société de croissance industrielle et une société qui soutient la vie. Quand ils se retourneront sur ce moment historique, ils verront, peut-être plus clairement que nous maintenant, à quel point il était révolutionnaire… » [4]. C’est la question d’un fondement anti-utilitariste du social que Marcel Mauss a posée depuis déjà bien longtemps, et qu’il conviendrait de creuser davantage.

    Bref, plutôt que de verser dans l’invective, il est de bonnes questions à poser, si l’on veut avancer…

    [1]Pour un catastrophisme éclairé, Seuil, 2002, p. 9

    [2]https://www.ademe.fr/representations-sociales-changement-climatique-19-eme-vague, notamment la p.15 : 60 % de la population estime que « Les conditions de vie deviendront extrêmement pénibles à cause des dérèglements climatiques » et à peu près autant pensent que « Il faudra modifier de façon importante nos modes de vie pour empêcher l’augmentation changement climatique »

    [3]Le sous-titre du livre que Jean-Pierre Dupuy consacre au libéralisme et à la justice sociale est : le sacrifice et l’envie (1992). Jean-Pierre Dupuy, Libéralisme et justice sociale, Hachette, 1992.

    [4] Soigner l’esprit, guérir la Terre, Introduction à l’écopsychologie, Labor et Fides, 2015, p. 23-24.

    #collapsologie #Jean-Pierre_Dupuy #Fabrice_Flipo
    Je poste maintenant pour lire plus tard.
    @sinehebdo @rastapopoulos @tranbert

    • C’est un texte très intéressant. La question que je me pose, c’est : est-ce que le collapsologisme encourage à agir pour éviter la catastrophe ? Si oui, très bien. Sinon...

      Comme je disais dans le com du texte de Dupuy
      https://seenthis.net/messages/807237

      J’ai une amie de 50 ans, militante écolo depuis la fac [et par ailleurs amie de Flipo], qui m’a dit que son impression, c’est que les gens ne voulaient pas s’engager dans des démarches écolos parce qu’ils niaient l’importance du truc et que maintenant avec les collapso ils ne s’engagent toujours pas parce que de toute façon « on ne peut plus rien faire ». On est passé d’un refus d’agir à un autre, toujours super bien justifié.

      Les écolos ont toujours eu une meilleure réception que les autres radicaux : ce qu’ils disent n’est pas tout à fait faux et en plus tout le monde est touché, sauf à pouvoir se payer le voyage vers Mars. Mais même quand une majorité de personnes sait qu’il faut changer (ici Flipo cite le chiffre de l’Ademe de 60 %), il ne se passe rien politiquement parce que d’une les perspectives politiques sont bouchées par le gouvernement représentatif et les élites économiques qu’il sert et parce que de deux ça n’invite pas à d’autre action d’individuelle ou semi-collective, les alternatives écolos. S’affronter à la fuite en avant productiviste qui sert les besoins capitalistes, c’est comme dit l’autre, moins facile à imaginer que la fin du monde.

  • Les Suisses voteront pour sauver leurs #glaciers

    La température monte et les langues de glace alpines fondent. Pour enrayer l’inexorable, une initiative « de sauvetage » a abouti. La population confirmera-t-elle son changement de cap écologiste ?


    https://www.letemps.ch/suisse/suisses-voteront-sauver-leurs-glaciers
    #initiative #votation #Suisse #sauvetage

  • Hopepunk and Solarpunk: On Climate Narratives That Go Beyond the Apocalypse | Literary Hub

    https://lithub.com/hopepunk-and-solarpunk-on-climate-narratives-that-go-beyond-the-apocalypse

    The narratives we construct, the stories we tell ourselves must acknowledge that, while there’s a scientific consensus that the atmosphere is warming due to our fossil fuel emissions, many aspects and extents of climate change remain uncertain. Writing non-apocalyptic climate change narratives can make room, intellectually and emotionally, for our failures to act sooner. Some things will be lost; much already has been.

    I hear the following more often than I would like from some of my fellow educators: “My students can’t or won’t discuss climate change. They’re too privileged/preoccupied with their phones/just not interested.”

    Of course these young people—these adolescents, these Gen Z college-goers—don’t want to discuss this with us. We are literally (literally) asking them to confront their own mortality.

    Despite the incredible groundswell we are now witnessing around the youth-led climate movement—the school strikes, the UN protests, the anger and the vision of children and teenagers like Greta Thunberg—many of my students hear the words we have 18 months to tackle climate change or it will be too late and they think that in 18 months they are going to die. Maybe this thought is what inspires them to join the youth climate movements or Extinction Rebellion; or more crucially, maybe this is the thought that paralyzes them, anesthetizes them, and keeps them away and keeps them asleep.

    #utopie #environnement #ville_écologique #urban_matter #narrations

  • L’#effondrement a commencé. Il est politique

    Alors que des #révoltes éclatent aux quatre coins du monde, gouverner aujourd’hui s’apparente de plus en plus à mener une guerre ouverte ou larvée contre les soulèvements des peuples et des êtres vivants, pour maintenir coûte que coûte un ordre de plus en plus discrédité. L’anthropologue #Alain_Bertho revient ici pour Terrestres sur cette « #crise_de_la_gouvernementalité » et sur la longue séquence de révoltes apparentées qui en sont à l’origine.


    https://www.terrestres.org/2019/11/22/leffondrement-a-commence-il-est-politique
    #effondrement_politique #collapsologie #résistance #luttes #maintien_de_l'ordre #gouvernementalité #soulèvements

    Une #liste :

    Deux décennies de soulèvements :

    2001 : 19-20 décembre soulèvement en Argentine contre le FMI, la dette et l’austérité. « Que se vayan todos »16
    2005 : 27 octobre-17 novembre : émeutes en France après la mort de deux jeunes, Zyed et Bouna.
    2006 : Mars : mobilisation et blocages contre le Contrat Première Embauche en France.
    2008 : émeutes contre la vie chère au Burkina Faso, au Cameroun, au Mozambique (février), au Sénégal (mars), au Bangladesh, en Côte d’Ivoire, en Égypte, à Haïti (avril), en Somalie (mai).
    Du 6 au 31 décembre : émeutes en Grèce après la mort d’Alexis Grigoropoulos tué par la police.
    Mars : émeutes au Tibet Chinois.
    2009 : 13 juin jusqu’à fin juillet : soulèvement en Iran après la victoire annoncée de Mahmoud Ahmadinejad à l’élection présidentielle.
    Janvier-mars : grève générale contre la vie chère aux Antilles françaises.
    Juillet : soulèvement Ouïghours dans le Xinjiang (Chine)
    2011 : année du « printemps arabe » : soulèvements en Tunisie, en Égypte, en Libye, au Yémen, en Syrie, au Bahreïn, en Algérie, en Jordanie, au Maroc.
    15 mai : lancement du mouvement des Indignés en Espagne.
    Juin : manifestation et émeutes contre la réforme constitutionnelle au Sénégal.
    6-11 août : émeutes en Angleterre (Londres, Birmingham, Leeds, Liverpool, Bristol, Salford, Manchester et Nottingham) après la mort de Mark Duggan, tué par la police.
    Octobre : lancement d’Occupy Wall Street.
    Septembre : début de la révolte contre la corruption de Wukan (Guangdong) en Chine.
    2012 : « Printemps érable » : mobilisation étudiante au Québec.
    Janvier mars : révolte contre la corruption de la ville de Wukan (Guangdong) en Chine.
    Février-avril : révolte contre les projets hydroélectriques en Patagonie (Aysen).
    2012- 2015 : montée exponentielle des attentats djihadistes dans le monde.
    2013 : Mai-juin : occupation de la place Taksim à Istanbul et affrontements dans toutes les villes du pays.
    21 novembre : début de l’occupation de la place Maidan à Kiev.
    Juin-juillet : mobilisation contre le prix du bus puis contre la corruption au Brésil.
    2014 : Janvier- février : occupation de la place Maidan à Kiev.
    Mai à juillet : manifestations et émeutes contre le Mundial à Rio de Janeiro, Recife, São Paulo, Guarulhos, Brasília, Belo Horizonte, Salvador de Bahia, Fortaleza, Curitiba.
    Novembre décembre : mouvement des Ombrelles à Hong Kong.
    Août : émeutes à Ferguson après la mort de Michael Brown, tué par la police.
    Octobre : soulèvement au Burkina Faso contre la réforme constitutionnelle et le cinquième mandat de Blaise Compaoré.
    2015 : Avril : émeutes à Baltimore après la mort de Freddie Gray, tué par la police.
    2016 : Mai : affrontements lors de la mobilisation contre la loi Travail en France. Nuit debout.
    Émeutes contre la pénurie au Venezuela.
    2017 : Janvier : 69 émeutes au Mexique en raison du prix du carburant.
    Avril à juin : 109 pillages et émeutes au Venezuela contre la pénurie et le régime.
    2018 : Janvier : 26 émeutes en Tunisie liées à la vie chère.
    Janvier : 32 pillages et émeutes au Venezuela contre la pénurie.
    Avril-mai : résistance de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes
    Mai-septembre : violente mobilisation contre Ortega au Nicaragua.
    Juillet : violentes manifestations contre la corruption en Irak.
    Novembre-décembre : soulèvement des Gilets Jaunes et mobilisation lycéenne.

    Quelques #statistiques et #chiffres :

    ping @simplicissimus @visionscarto @karine4

  • https://www.terrestres.org/2019/11/22/leffondrement-a-commence-il-est-politique

    “Il semble clair aujourd’hui que cette séquence est liée à la #mondialisation numérique et financière et à ses trois logiques socio-politiques dominantes : l’accentuation considérable des #inégalités, la financiarisation des dispositifs de gouvernance qui alimente la corruption des élites et la mise en # des systèmes politiques, notamment de #représentation. Ce dernier point est essentiel. Faute de système de médiation, toutes les souffrances, tensions sociales et conflits deviennent potentiellement explosifs. C’est pourquoi les situations d’émeutes et d’affrontements sont si diverses dans le monde alors que leurs modalités pratiques et leurs répertoires se ressemblent tant. L’accentuation des inégalités et la visibilité croissante de la corruption complètent le tableau et sapent de façon irrémédiable la #légitimité d’#Etats qui n’ont plus que la violence pour tenter de se faire respecter15. Par-delà la multiplication des explosions locales de #colère, le début du siècle a été marqué par des # auxquels la mise en perspective donne rétrospectivement un sens historique (cf. ci-dessous).“

  • Neige en Drôme Ardèche : « Personne ne se rend compte » de l’ampleur de la #crise
    https://www.francebleu.fr/infos/meteo/neige-en-drome-ardeche-personne-ne-se-rend-compte-de-l-ampleur-du-phenome

    Et en dehors de Drôme Ardèche et des zones concernées par ces lourdes chutes de neige, personne ne saisit l’ampleur du phénomène et de ses conséquences regrette la maire de la Motte-de-Galaure : « Non seulement personne ne se rend compte, mais le peu qui se rendent compte se moquent du peu de neige qu’on a eu et se demandent pourquoi on est dans cet état là après 10 cm ou 20 cm de neige. Et ça, c’est agaçant aussi pour nous. Mais il faut le remettre dans sa globalité. On est obligé de parler de #dérèglement climatique. Pourquoi on n’a pas eu de gel et tout à coup, on a 10 cm de neige sur des arbres qui n’ont pas perdu leurs feuilles, qui ont subi une sécheresse exceptionnelle et qui ont craqué comme ça ? Il y a tout cela aussi dont on ne prend pas la dimension. »

  • Et si la fin du monde était une bonne nouvelle ?
    https://www.courrierinternational.com/article/climat-et-si-la-fin-du-monde-etait-une-bonne-nouvelle

    Tout juste dix ans plus tard, ces raisonnements paraissent antédiluviens. Deux barrières mentales identifiées par cette étude demeurent néanmoins des obstacles à l’action : la première concerne nos habitudes, la seconde le sentiment d’impuissance. “Les habitudes quasi automatiques sont extrêmement résistantes au changement, notait l’étude. Les gens pensent aussi que leur action est trop limitée pour faire une quelconque différence, et ils choisissent de ne rien faire.”

    Une observation que reprend Wallace-Wells dans son livre : “La posture intellectuelle de l’impuissance semble particulièrement nous convenir.” Alors que le doute et le déni autour du dérèglement climatique ont reculé, ils ont été remplacés par des sentiments – tout aussi paralysants – comme la panique, l’angoisse et la résignation.

  • Wind Speeds Are Increasing Worldwide in Boost for Renewables - Bloomberg
    https://www.bloomberg.com/news/articles/2019-11-18/wind-speeds-are-increasing-worldwide-in-boost-for-renewables


    Photographer: Luke Sharrett/Bloomberg

    The world is getting windier at the same time that developers are installing more turbines to generate electricity from breezes.

    Average wind speeds rose about 7% since 2010 in northern mid-latitude regions, reversing a trend of slowing winds in the decades prior, according to a group of researchers from institutions including Princeton University. The findings, published Monday in Nature Climate Change, forecast that wind farms will produce significantly more energy than anticipated as a result of the shift in the coming years.
    […]
    The study for Nature said the previous slowdown in wind speeds was explained by physical disruptions to wind from cities and vegetation. The research found the phenomena was actually due to shifts in circulation patterns of the oceans and atmosphere.

    Those shifts take decades to happen and so the resulting increased wind speeds should continue for at least another decade.

  • ’Climategate’: When sceptics tricked the public - BBC News
    https://www.bbc.com/news/av/science-environment-50396797/climategate-did-a-hacking-scandal-slow-down-action-for-climate-change

    How did a hacking scandal impact climate science? - BBC News
    https://www.bbc.com/news/video_and_audio/headlines/50396797/climategate-did-a-hacking-scandal-slow-down-action-for-climate-change

    Ten years ago, hackers stole thousands of emails from the University of East Anglia’s Climate Research Unit. The scandal, known as ’Climategate’, rocked the scientific world.

    Now, for the first time, all the key players recount the events and what really happened.

    The hacked emails resulted in a battle between the scientists and their critics over climate science and data transparency, which led to a media storm, a criminal investigation, multiple inquiries and death threats

    #climat #manipulations

  • La jet-set des escrologistes, par Nicolas Casaux
    https://www.facebook.com/nicolas.casaux/posts/10156947033822523

    Dans le monde anglophone (et parfois aussi dans le monde francophone, pour certains, dont le travail est traduit en français) : George Monbiot, Naomi Klein, Bill McKibben. Dans le monde francophone : Nicolas Hulot, Cyril Dion, Aurélien Barrau, Yann Arthus-Bertrand, Isabelle Delannoy, Maxime De Rostolan. Il y en a d’autres.

    Habitués des #médias de masse, ils tiennent des #discours qui, malgré quelques différences ou nuances, forment une même et unique perspective, correspondant à la définition grand public de l’écologisme.

    Ladite perspective s’appuie sur une évaluation très partielle de la situation. Sur le plan écologique, elle tend à réduire les nombreux aspects de la #catastrophe en cours à un problème de taux de #carbone dans l’atmosphère (réchauffement climatique), et de « ressources naturelles » que la civilisation (industrielle) doit — condition sine qua non de sa perpétuation, leur ambition principale — s’efforcer de mieux gérer. Que les autres êtres vivants, les autres espèces et les communautés biotiques qu’elles forment possèdent une valeur intrinsèque, ne se réduisent pas à de simples « ressources », est rarement évoqué.

    Sur le plan social, lorsqu’ils soulignent des problèmes, nos #escrologistes pointent du doigt les #inégalités économiques ou le chômage. Certains vont jusqu’à dire du mal du capitalisme, mais ne critiquent en réalité que certains excès du système économique dominant. D’autres fois, ils dénoncent, plus honnêtement, quelque « #capitalisme dérégulé » ou « débridé » (Naomi Klein dans "Tout peut changer"). Mais ils ne parlent que très rarement, voire pas du tout, des injustices fondamentales que constituent la #propriété privée, la division hiérarchique du travail, le #travail en tant que concept capitaliste, des rapports de #domination qu’implique une organisation technique de la #société — la bureaucratie, l’État. Ils n’expliquent jamais, ou très rarement et très timidement, sans rien en tirer, qu’à l’instar de l’État en tant que forme d’organisation sociale, les régimes électoraux modernes n’ont rien de démocratique, qu’ils relèvent plutôt de l’#aristocratie élective, et que leur fonctionnement est clairement verrouillé, garanti et gardé par divers mécanismes coercitifs, y compris par la #violence physique.

    Ils se contentent d’en appeler à une sorte de nouvelle révolution verte, au moyen d’un new deal vert (Green New Deal) qu’agenceraient les gouvernants. Car aux yeux de nos escrologistes, il s’agit toujours de compter, pour sauver la situation — pardon, la #civilisation, mais aussi la planète, prétendument, puisqu’il est possible et souhaitable, d’après eux, de tout avoir — sur les dirigeants étatiques ou d’entreprise. New deal vert censé permettre de créer des tas d’emplois verts, au sein d’entreprises vertes, dirigées par des patrons verts — une exploitation verte, une #servitude verte —, de donner forme à une civilisation industrielle verte dotée de commodités technologiques vertes, smartphones verts, voitures vertes, etc., alimentés par des énergies vertes, et ainsi de suite (on parle désormais, de plus en plus, d’énergies "non-carbonées" plutôt que d’énergies "vertes", ce qui permet, à l’aide d’un autre #mensonge, de faire rentrer le #nucléaire dans le lot ; partout, vous pouvez remplacer "vert" par "non-carboné" ou "zéro carbone", ou "carboneutre", l’absurdité est la même).

    Au bout du compte, leur #réformisme à la noix vise uniquement à repeindre en vert le désastre en cours : repeindre en vert les oppressions, les dominations, les injustices. À faire croire qu’il est possible de rendre verte, durable, la civilisation technologique moderne — une rassurance dont on comprend aisément pourquoi elle est la bienvenue dans les médias de masse, pourquoi elle plait à tous ceux dont c’est la principale ambition. Un mensonge grossier : rien de ce qu’ils qualifient de vert ne l’est réellement. Une promesse creuse et, au point où nous en sommes rendus, criminelle. Affirmer, en 2019, comme le fait Aurélien Barrau dans son livre de promotion de l’écologie, pardon, de l’#escrologie, que ce qu’il faut, c’est "que nous nous engagions solennellement à ne plus élire quiconque ne mettrait pas en œuvre des mesures fermes" (pour tout repeindre en vert), "que les citoyens n’envisagent même plus de choisir pour représentant quiconque ne s’engagerait pas" (à tout repeindre en vert), zut alors.

    On peut croire à tout ça. C’est très con, mais on peut y croire. Surtout lorsqu’on fait partie des puissants, de ceux qui tirent leur épingle du désastre actuel — mais pas seulement, puisque, conditionnement aidant (c’est à ça que servent nos escrologistes) c’est même la religion dominante.

    Mais comment font certains pour continuer à dire que nous voulons tous la même chose, que nous devrions cesser de critiquer ces #éco-charlatans parce que nous voulons comme eux au bout du compte, que nous sommes tous pareils, etc. ?!

    #greenwashing

  • Climate change pushing up levels of methylmercury in fish – Harvard Gazette
    https://news.harvard.edu/gazette/story/2019/08/climate-change-pushing-up-levels-of-methylmercury-in-fish

    The researchers found that while regulation of mercury emissions has successfully reduced methylmercury levels in fish, spiking temperatures are driving those levels back up and will play a major role in the methylmercury levels of marine life in the future.

    The research is published in Nature.

    #poissons #methylmercure #climat #santé

  • « L’effondrement de la vie sous nos latitudes reste largement sous le radar médiatique »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/11/09/l-effondrement-de-la-vie-sous-nos-latitudes-reste-largement-sous-le-radar-me

    Par Stéphane Foucart

    Chronique. La probabilité est forte que l’information la plus importante de la semaine écoulée vous ait échappé. On cherche en vain sa trace dans la conversation publique : elle en est complètement absente. Et pour cause, en France, à peu près aucun média, ni audiovisuel, ni imprimé, ni électronique, n’en a rendu compte (à l’exception du Monde). Elle a pourtant été publiée dans l’édition du 31 octobre de la revue Nature, la plus prestigieuse des revues scientifiques, mais l’attention médiatique était alors, semble-t-il, ailleurs.

    La revue britannique publiait ce jour-là l’étude la plus ambitieuse et la plus précise conduite à ce jour sur le déclin des insectes (et des arthropodes en général) ; elle montre, au-delà du doute raisonnable, que le crash en cours des populations d’invertébrés terrestres est plus rapide encore que les estimations publiées jusqu’à présent. Ses résultats sont à vous glacer le sang.

    Tout désigne les pratiques agricoles, notamment le recours systématique et prophylactique à la chimie de synthèse. Les travaux de M. Weisser et ses collègues indiquent la même direction, le déclin de la vie dans les prairies, notamment, étant « d’autant plus sévère qu’elles sont insérées au cœur de zones agricoles », écrivent les chercheurs.

    En France, de rares données non encore publiées indiquent que l’effondrement des arthropodes est d’ampleur similaire à ce qui se produit en Allemagne. Et, en France comme ailleurs, toute la faune insectivore s’effondre à une vitesse vertigineuse. Les oiseaux des champs ont perdu près d’un tiers de leur effectif en quinze ans, les chauves-souris disparaissent plus vite encore, avec un déclin de 30 % en une décennie, et les amphibiens ne se portent pas beaucoup mieux.

    Pendant que vie disparaît de nos paysages, les semi-vérités et les éléments de langage distillés par les communicants de l’agro-industrie font diversion, ils sculptent et orientent la conversation publique avec une efficacité qui force l’admiration. Agriculture intensive ? Il faut plutôt parler d’« agriculture de précision », expression inlassablement ressassée, destinée à bâtir de la confusion en abolissant le sens des mots — la « précision » invoquée ici étant plutôt celle du tapis de bombe.

    La critique du modèle agricole dominant ? Il s’agit en réalité d’« agribashing », mot-valise inventé par les propagandistes de l’agro-industrie qui, après quelques mois d’incubation sur les réseaux sociaux, a fini dans la bouche du ministre de l’agriculture lui-même. Le but recherché est là encore la confusion : parler d’« agribashing », c’est assimiler la stigmatisation injuste des agriculteurs à la critique du système qui les a paupérisés, menace leur santé et celles de leurs voisins et qui compromet leur avenir en détruisant la biodiversité.

    #Effondrement #Insectes #Perturbateurs_endocriniens #Pesticides #Agriculture

  • L’importance de six milliards de vies humaines – Le #climat aujourd’hui et demain
    https://blogs.letemps.ch/dorota-retelska/2019/10/25/limportance-de-six-milliards-de-vies-humaines

    Il y a quelques dizaines d’années, nos autorités ont décidé de ne pas éviter totalement le réchauffement et de privilégier la croissance économique. Maintenant, nous en subirons les conséquences.

    Ont -ils pensé que cela n’arrivera qu’aux autres, très loin ou très tard ?

    Ont -ils alors délibérément décidé la mort de populations entières des pays tropicaux ? A +2°C, certains pays courent de très grands risques, il fera en moyenne 4°C de plus sur la plupart des continents (selon le rapport du GIEC 1,5°C), mais les vagues de chaleur culmineront plus haut.

    L’#extrême-droite nie-t-elle sciemment le problème du climat en espérant éliminer les populations des pays chauds de la surface de la Terre ?