Racisme, harcèlement sexuel : les rumeurs qui entachent l’image des Beaux-Arts

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    ENQUÊTE - L’école est secouée depuis quelques mois par des étudiants, qui dénoncent des dérives xénophobes et sexistes. La plupart des élèves peinent à prendre position et la direction dénonce des « rumeurs ».

    Sous un ciel de printemps ce lundi, les étudiants confinés dans leurs ateliers peinaient à trier le vrai du faux dans les deux affaires qui éclaboussent l’institution parisienne.

    ■La première, concerne une série de sept plaintes déposées depuis septembre contre une responsable du nettoyage de la société Organet pour harcèlement moral à caractère raciste sur ses employés.
    ■La seconde, une pétition lancée en octobre par cinq étudiants pour libérer la parole sur le harcèlement sexuel, pétition qui a ressurgi dans une enquête du Monde parue hier. Dans les deux cas, les étudiants et certains professeurs des syndicats SNAC-FSU et Sud-Culture reprochent à la direction de l’école sa passivité. Celle-ci se défend en jugeant que ces sujets, lourds, ne peuvent pas être jugés sur des bruits de couloirs.
    Le membre de la sécurité est parti en congé maladie

    Rapportés par Streetpress après un signalement d’étudiants de l’école, les propos à caractère raciste concernent une salariée d’Organet, société de nettoyage privée et externe à l’école. Celle-ci insultait et traitait très violemment son personnel majoritairement immigré et a été écartée par Organet depuis la parution de l’article. Mais les étudiants et certains professeurs soupçonnent un membre de la sécurité de l’école -sans preuve tangible jusqu’à aujourd’hui-d’avoir fait perdurer un climat de tension xénophobe au sein de cette entreprise de nettoyage. D’après nos informations, un groupe de cinq élèves a rencontré directement la ministre de la Culture Françoise Nyssen vendredi dans son bureau pour évoquer ce sujet et demander la démission de ce salarié. Ce même jour, des étudiants ont distribué 7000 tracts d’une rare violence à l’encontre de cet employé. Interrogé par le Figaro, Jean-Marc Bustamante, directeur de l’école, a confié que ce salarié a quitté l’école pour deux mois de congé maladie.

    « Un ancien militaire ultraprovocateur qui s’habille en parka de l’armée » Djabril et Camille, étudiants

    Djabril Boukhanayssi et Camille Correas font partie de ce groupe d’élèves qui s’est constitué contre les dérives racistes dans les locaux. Installés dans un atelier entre des jambes de papier mâché et des tiges de bois clair, ils dépeignent le caractère du salarié qu’ils incriminent : « Un ancien militaire ultraprovocateur qui s’habille en parka de l’armée et s’affiche régulièrement avec des fleurs de lys ».

    Les étudiants ont distribué 7000 tracts vendredi.

    « Certes, admet volontiers Jean-Marc Bustamante, mais c’est un censeur. Cet homme est ici pour interdire entre autres de fumer ou boire dans les locaux. Forcément, il est difficile de faire respecter l’ordre dans un lieu symbolique des revendications libertaires, mais il n’y a aucun cas avéré de geste inapproprié de sa part ». Et Françoise Nyssen l’a rappelé aux étudiants vendredi, aucun de ces éléments ne constitue de faute grave.

    Jean-Marc Bustamante raconte qu’il existe toutefois un cas avéré. Un jour, ce même individu a traité de « sale pute » un professeur, devant ses élèves, « lors d’un excès de colère typique de cet individu ». Cette femme avait immédiatement exigé des excuses publiques devant le corps enseignant et les élèves.

    « Il est très compliqué de faire la différence entre des cas avérés de harcèlement et les excès des étudiants en arts prompts à hurler pour à peu sur tout ».Romane, étudiante

    L’autre sujet qui bruisse dans l’école, c’est celui de cette pétition contre le harcèlement sexuel mise en ligne il y a quatre mois et exhumée par Le Monde hier matin. Devant l’iconique palais des études, la plupart des étudiants avouent pourtant ne jamais avoir constaté de remarques ou d’actes déplacés dans leurs « ateliers », ces petites salles où se réunissent une vingtaine d’élèves et leur enseignant. En 2013, un rapport du Sénat évoquait pourtant « la banalisation des comportements sexistes dans les écoles d’art » liée notamment à des rendez-vous récurrents en tête à tête avec le « chef d’atelier ».
    « Nous sommes toujours suffisamment nombreux dans les salles, estime aujourd’hui Laure*, étudiante en troisième année. Il est très rare d’être seul avec un enseignant ». Romane*, elle aussi étudiante en troisième année n’a « jamais entendu parler d’actes de harcèlement autour d’[elle] », même si « certains profs font plus facilement passer des filles au tableau ». Selon la jeune fille, comme pour une dizaine d’autres interrogées ce jour, « il est très compliqué de faire la différence entre des cas avérés de harcèlement et les excès des étudiants en arts prompts à hurler pour à peu sur tout ».

    Personne ne veut d’une réforme des ateliers parfois évoquée pour limiter la proximité entre élèves et professeur.

    Anne Rochette, sculptrice, professeur et membre du syndicat Sud-Culture affirme pourtant que certains ateliers fonctionnaient encore il y a peu « comme des harems », où les jeunes femmes sont « dans un rapport de séduction avec leur chef d’atelier ». « En 25 ans, j’ai eu connaissance d’une douzaine de cas de jeunes filles qui ont changé d’enseignant pour des problèmes liés au harcèlement », explique-t-elle. La plupart des témoignages convergent vers le même professeur, qui d’après nos informations a déjà été mis à pied pour six mois il y a une quinzaine d’années pour des cas similaires. À l’époque, une main courante avait été déposée.
    20 témoignages anonymes sont déjà arrivés sur la plateforme

    Jean-Marc Bustamante, a pris la tête des beaux-arts il y a trois ans, se dit « sans voix » face à ces accusations. Selon lui, « il n’y a rien d’autre que des rumeurs dans cette affaire de harcèlement ». Cinq mois après la pétition, il n’y a toujours aucune plainte, mais « des rumeurs sur 4 ou 5 professeurs », précise-t-il. De son côté, Lila*, l’une des signataires de la pétition, assure que 20 témoignages anonymes sont déjà arrivés sur la plate-forme mise en ligne à cet effet. La jeune fille dit avoir été victime elle-même de mains sur la cuisse ou de caresses sur les hanches de la part d’un professeur.
    Une charte de l’égalité hommes femmes sera remise à la ministre de la Culture

    Au sein de l’école, personne ne veut d’une réforme structurelle des ateliers parfois évoquée pour limiter la proximité entre élèves et professeurs. Selon son directeur, « c’est un système formidable car l’art ne s’enseigne pas mais se transmet ». Selon Anne Rochette, « l’école est une institution fragile, justement parce qu’elle fonctionne différemment des autres. C’est un lieu magnifique avec ce système d’atelier qui n’existe plus ailleurs : un mélange de liberté totale et d’enseignement plus traditionnel ».

    Depuis le mois de juillet, l’école assure avoir mis en place un système d’écoute anonyme pour lutter contre le harcèlement avec l’association Clasches. Une réunion d’informations le 16 mars avec cette association avait été proposée à tous les élèves, et « seuls 25 ont répondu présents », précise le directeur. L’établissement a également rédigé une charte de l’égalité hommes femmes qui sera remise mercredi 28 mars en mains propres à la ministre de la Culture Françoise Nyssen par Jean-Marc Bustamante.

    On retrouve #AF avec le misogyne raciste qui se balade avec ses fleurs de lys pour traiter une prof de sale pute, ce qui n’est pas un problème pour Bustamante. Bustamante qui a été promu directeur de cette école après avoir tenu des propos misogynes dans son catalogue d’artiste. Dans mon passage éclaire dans cette école, j’ai souvenir qu’il était proche et ami des pires prof de l’école ; celui qui se ventait de choisir ses étudiantes sur les seuls critères physiques, et celui qui interdisait son cours « aux connasses du MLF et ceux qui parlent une langue de métèque ».

    voire aussi ; https://seenthis.net/messages/586025

    • Le sexisme et le harcèlement aux Beaux-Arts de Paris mis en lumière par Le Monde

      Sexisme, misogynie, harcèlement sexuel... la société commence à prendre conscience de ce que vivent les femmes. Le Monde enquête sur un mouvement de lutte à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris.

      http://www.madmoizelle.com/beaux-arts-paris-sexisme-902959

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      10 avril 2018
      Brèves Harcèlement aux Beaux-Arts de Paris

      Après une pétition lancée par cinq de ses élèves (trois filles et deux garçons), qui a recueilli plus de 800 signatures en quelques jours, l’École des Beaux Arts de Paris s’est enfin attaquée à la banalisation du harcèlement sexuel. Le texte réclamait des avertissements, une sensibilisation et une structure d’écoute.

      Gestes déplacés, insultes sexistes, humiliations, six professeurs ont été régulièrement cités pour leur attitude envers les élèves. Une session d’information sur le harcèlement a donc réuni les étudiant.e.s, professeur.e.s et personnels de la prestigieuse école et un document en ligne permet désormais aux élèves de témoigner anonymement.

      https://www.50-50magazine.fr/2018/04/10/harcelement-aux-beaux-arts-de-paris