Urbanisme temporaire / Informalité, migrations et « urbanisme temporaire » : Urbanités

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  • Urbanisme temporaire / Informalité, migrations et « urbanisme temporaire »

    Ce dossier souhaite discuter des reconfigurations de l’action publique en ville aux prises avec l’informalité, dans le contexte spécifique des #politiques_migratoires contemporaines française et européenne. Depuis plusieurs années, en Europe, le long des routes migratoires, des villes deviennent des étapes où vivent et survivent des centaines, parfois des milliers de migrants1 dans la rue ou dans des campements informels. Cette présence entraîne des déclarations et des actions des pouvoirs municipaux, d’acteurs associatifs et de collectifs citoyens, au-delà des seules stratégies étatiques (Furri, 2017).

    Le corpus d’articles prend appui sur des recherches conduites sur des centres et des camps d’hébergement formels et informels, et plus largement sur la question de l’#accueil des migrants. Il étudie le déploiement de dispositifs dérogatoires ou de contournements au droit commun de l’#urbanisme, les jeux d’acteurs s’y articulant, les registres de justification qui les sous-tendent et leur politisation. Partant de la problématique de l’#hébergement et du #logement, nous souhaitons dépasser la lecture en termes de « crise » et « d’urgence » et réfléchir à l’influence structurante de pratiques informelles sur les reconfigurations de l’action publique en ville (Aguilera, 2012), y compris lorsqu’elle se présente comme temporaire. Dans quelle mesure l’#exception – temporaire – au droit de l’urbanisme est-elle une réponse – récurrente – aux situations de #marginalité et de #marginalisation de populations en situation précaire ? Cette notion d’exception parcourt l’ensemble du dossier. Elle est d’abord appréhendée sur le plan juridique comme suspension temporaire de règles d’urbanisme. Celle-ci permet l’implantation de #camps qui deviennent l’incarnation spatiale et temporelle de l’exception. Sous cet angle, dans quelle mesure le modèle du camp devient-il « une forme susceptible d’intégrer l’espace urbain ou périurbain » (Loiseau et al., 2016) et quelles place et reconnaissance donne-t-il à ses habitants au sein de la société urbaine (Alexandre, 2016) ? De façon plus large, la notion d’exception permet d’interpréter les reconfigurations de l’action publique à l’égard de l’informalité, et d’examiner les controverses morales et politiques qui sont posées.

    Ce faisant, ce dossier souhaite s’inscrire dans un contexte académique appelant à « provincialiser » les études urbaines qualifiées d’occidentalo-centrés (Robinson 2006, 2014 ; Roy, 2009, 2011, 2016). La démarche revient ici à intégrer des questionnements et notions forgés au Sud, depuis l’informalité (Schindler, 2014), dans des recherches menées dans des villes du Nord (Paris, Grande-Synthe, Athènes, Berlin). L’optique est de dépasser la distinction Nord-Sud et de discuter des contextes et des facteurs explicatifs des reconfigurations d’une action publique urbaine (Jacquot, Morelle, 2018).

    L’étude des camps et des logiques d’#enfermement, du Sud au Nord dans le contexte des politiques migratoires européennes (1ère partie), permet d’analyser et de comprendre les logiques d’action de l’État (2ème partie). Toutefois, en considérant les camps comme un dispositif urbain (3ème partie), il s’agit de discuter des #politiques_urbaines menées par des pouvoirs locaux, au-delà ou en contestation de l’État : en effet la ville peut apparaître à la fois comme lieu d’accueil, échelle d’action et acteur (Babels, 2018). Il convient de saisir les motifs de ces actions, entre émergence politique d’une #hospitalité différenciée bien que précaire et gestion humanitaire de l’urgence, appuyées par diverses initiatives qui reposent la question de l’exception au prisme de l’urbanisme (4ème partie). Le rapport au camp s’inscrit aussi dans des configurations plus larges, où interviennent des associations et les migrants eux-mêmes, déployant diverses pratiques d’appropriation des espaces urbains (5ème partie). Ces configurations portent des formes #alternatives permettant de repenser des politiques de l’hospitalité. Au-delà, ces inscriptions de camps dans la ville, sous la forme de l’exception et du temporaire, permettent d’interroger les modalités d’une action urbaine dérégulée, érigeant en modèle la gestion par le temporaire de diverses informalités (6ème partie).


    http://www.revue-urbanites.fr/informalite-migrations-et-urbanisme-temporaire
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