• Le rêve de ce matin
    S’enfuit le temps
    De me retourner

    Je me lève d’excellente humeur
    Je fais ma valise pour Autun
    Nous partons au collège avec Zoé

    Nous passons sous les fenêtres de la docteure L.
    Et tout mon rêve de cette nuit
    Et sa grande tristesse me reviennent d’un coup !

    Je consulte la docteure L.
    Avec Émile qui va mal
    Il faut le mettre sous camisole

    Le cabinet de la docteure L. qui pleure
    Est une immense baie vitrée
    Constellée de gouttes de pluie

    Papa
    Tu as l’air
    Tout chose ?

    Je viens de me souvenir
    Du rêve de cette nuit
    Et il était très triste

    C’est une consolation de faire route
    Avec Zoé jusqu’au collège
    Après qu’une telle tristesse tombe sur moi

    Open space
    Affaires courantes
    Je tire jusqu’au déjeuner

    Déjeuner avec mon collègue Julien
    Nous avions gardé un meilleur souvenir
    De cette table. Deux cafés en face

    Je remets un peu d’ordre
    Dans mes fichiers d’écriture
    Avant le week-end

    En démarrant l’autoradio
    Libère une voix familière
    Que je ne veux plus entendre

    J’écoute malgré tout
    Comme par souci de vérification
    Rien d’imprévu, au contraire, ronron

    J’ai emporté plein de disques
    L’embarras du choix
    À plus de cent kilomètre-heure

    Ma covoitureuse a annulé hier soir
    J’ai le sentiment d’une conversation fantôme
    Avec une personne dont je ne connais que la vignette

    Je m’arrête prendre passe un café
    Dans une station-service
    Où cinq plus tôt, ce qui me rend triste, un peu

    J’allais écrire un poème
    À propos de mes choix musicaux
    Mais je crois qu’on s’en moque un peu

    D’ailleurs
    Est-ce qu’on ne se moque pas
    Du reste aussi ?

    Et avec cette préoccupation
    Tout en conduisant
    Quand arriverai-je à la fin de Mon Oiseau bleu ?

    La plaine d’Avallon
    Toujours ce moment spécial
    Dont j’ignore tout de la raison

    Après Saulieu
    La route que j’aime tant
    Il faut doux, j’ouvre, j’entrouvre

    Isa
    Rose
    Et moi

    Rose et moi
    Dans le hangar
    Faisons du petit bois

    Il n’y a plus guère qu’à Autun
    Que je manie encore un peu la hache
    Vlan une bûche me revient dans le tibia

    Claudiquant et penaud
    J’apporte le bois à Rose
    Qui fait du feu comme son père

    Trinquant avec Isa et Rose
    Regardant les flammes s’éparpiller
    Par grand vent, je suis incrédule

    Peut-on commencer une journée
    Dans la tristesse, transiter par l’open space
    Et finir en beauté près des flammes ?

    Nous dînons de trois belles truites
    Cuites sur la braise
    Et résistons mal à la palette des fromages

    On rit beaucoup
    Au-dessus des squelettes
    De nos poissons

    Je prépare mon lit avec Isa
    Dans le grand atelier de Martin
    Je vais dormir seul dans une cathédrale !

    Je lis le numéro 2 de Lundi matin papier
    À propos de l’affaire de Tarnac
    Ce serait drôle si ce n’était pas drôle

    Je m’endors
    D’un coup
    Sec !

    #mon_oiseau_bleu