• Une « marche solidaire » aux migrants partira fin avril de Vintimille pour Calais
    http://www.lemonde.fr/societe/article/2018/04/24/une-marche-solidaire-aux-migrants-partira-fin-avril-de-vintimille-pour-calai

    Elle part aujourd’hui

    De Vintimille à Calais, 1 400 kilomètres et soixante étapes. Une « #marche citoyenne et solidaire » s’élancera le 30 avril de la frontière franco-italienne pour rejoindre la frontière franco-britannique, afin de plaider « pour un véritable accueil, contre le blocage des frontières et contre le délit de solidarité », a annoncé, mardi 24 avril, François Guennoc, président de L’Auberge des migrants.

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    #marche_solidaire #migration #solidarité #asile #immigration

  • Education à la sexualité : « De “ça”, on ne parle pas… à moins d’être mariée ! » (Le Monde)
    http://www.lemonde.fr/societe/article/2018/04/25/education-a-la-sexualite-de-ca-on-ne-parle-pas-a-moins-d-etre-mariee_5290298

    Dans les collèges et les lycées, des séances avec conseillers familiaux et infirmières scolaires tentent de casser les stéréotypes sexistes et de lever les nombreux tabous.

    #éducation #secondaire #éducation_sexuelle #éducation_à_la_sexualité #sexisme #stéréotypes_de_genre

  • Vincent Bolloré placé en garde à vue dans l’affaire des concessions portuaires en Afrique
    http://www.lemonde.fr/societe/article/2018/04/24/ports-africains-vincent-bollore-en-garde-a-vue_5289749_3224.html

    J’entends le rire de quelques journalistes

    Selon les informations du Monde, le milliardaire breton a été placé en garde à vue dans le cadre d’une information judiciaire ouverte notamment pour « #corruption d’agents publics étrangers » et portant sur les conditions d’obtention en 2010 de deux des seize terminaux à conteneurs opérés par le groupe Bolloré sur le continent africain, l’un à Lomé, au Togo, l’autre à Conakry, en Guinée.

    Les magistrats soupçonnent les dirigeants du groupe d’avoir utilisé leur filiale de communication Havas pour faciliter l’arrivée au pouvoir de dirigeants africains en assurant des missions de conseil et de communication sous-facturées. Et ce, dans un seul objectif : obtenir les concessions portuaires des lucratifs terminaux à conteneurs.

    Plusieurs autres cadres du groupe étaient eux aussi en garde à vue mardi : le directeur général du groupe #Bolloré, Gilles Alix, et Jean-Philippe Dorent, responsable du pôle international de l’agence de communication Havas.

    Selon Challenges, Francis Perez, dirigeant du groupe Pefaco a lui aussi été placé en garde à vue. Proche de M. Dorent, il est à la tête d’une entreprise qui développe des casinos et des hôtels en Afrique et notamment à Lomé. Les enquêteurs cherchent à savoir pour quelle raison il a versé plusieurs centaines de milliers d’euros à M. Dorent. « Un prêt pour une maison », avait-il assuré au Monde en 2016.

  • A l’université de Nice, des masters à 4 000 euros qui passent mal
    http://www.lemonde.fr/societe/article/2018/04/11/a-l-universite-de-nice-des-masters-a-4-000-euros-qui-passent-mal_5283895_322

    Ces diplômes en deux ans ont été mis en place par Frédérique Vidal, la ministre de l’enseignement supérieur, qui a présidé l’université de Nice entre 2012 et 2017. Des étudiants et des professeurs critiquent cette « privatisation ».

    « Etudiants de toutes les facs, unissons-nous », pouvait-on lire mardi 10 avril sur le tableau lors de la dernière assemblée générale du collectif Sauve ta fac 06, qui a voté dans la foulée le #blocage du conseil d’administration de l’université de Nice Sophia-Antipolis. Alors que la mobilisation se poursuit dans une quinzaine d’établissements en France, l’ambiance est de plus en plus tendue sur le campus Valrose.

    « Merde à Vidal et à ses sbires », souffle-t-on dans les rangées d’étudiants présents à l’assemblée générale. Les étudiants protestent contre la réforme de Parcoursup mais aussi (et surtout) contre l’instauration dans leur établissement de nouveaux diplômes à 4 000 euros, remplaçant à partir de la rentrée prochaine trois parcours de masters de biologie dont les tarifs étaient calqués sur ceux en vigueur actuellement, soit 256 euros. Or, ces diplômes – baptisés diplômes d’établissement suivis en deux ans et qui donneront lieu à des équivalences nationales de masters – ont été mis en place par Frédérique Vidal, la ministre de l’enseignement supérieur, qui a présidé cette université entre 2012 et 2017. Une pétition « Non aux masters payants à Nice », a déjà été signée par 1 600 personnes dont 400 enseignants-chercheurs.

    Jean-Marc Gambaudo, président de l’université Côte d’Azur, tente de tempérer : « Les diplômes d’établissement payants dans les universités existent depuis longtemps », même s’il concède leur caractère assez « inédit » en sciences. « On est clairement dans une logique de privatisation puisqu’on transforme une formation qui était publique – et donc quasiment gratuite – en une formation payante », explique Elisabeth Lemaire, directeur de recherche CNRS et membre du collectif Sauve ta fac 06. L’administration n’a cessé de dire qu’il s’agissait ici d’une « expérimentation ».

    Fuite en avant
    La crainte de beaucoup d’élèves et de professeurs est que cela soit, à terme, généralisé par la ministre. « Elle se sert de Nice comme laboratoire pour ensuite étendre cela au niveau national », assène Jérémie, un étudiant faisant partie du collectif mobilisé. « Pas question », répond Jean-Marc Gambaudo. « Nous avons conscience de la mission de l’université. Mais ce n’est pas en attendant l’argent de l’Etat indéfiniment que l’on va être sauvés. » (...)

    #sélection #privatisation #étudiants #luttes

    • Le diplôme d’établissement (DE) est un diplôme délivré par une #université, un grand établissement ou un autre établissement public ou privé à caractère scientifique, culturel ou professionnel. Sa particularité : il n’est pas délivré par le Ministère de l’Enseignement supérieur comme le sont les Licences, Masters et Doctorats.

      Ainsi, l’établissement a le contrôle total sur son cursus : admission, sélection, contrôle des connaissances et compétences, droits d’inscriptions,... Tout cela est géré sans l’intervention de l’Etat. Néanmoins, l’établissement a l’obligation de s’autofinancer, sans être pris en charge financièrement, sauf cas particuliers.

      http://www.studyrama.com/formations/filieres/universite/c-est-quoi-un-diplome-d-etablissement-101201

  • « Enfants de la Creuse » : un rapport pointe la responsabilité de l’Etat
    http://www.lemonde.fr/societe/article/2018/04/10/enfants-de-la-creuse-un-rapport-pointe-la-responsabilite-morale-de-l-etat_52

    C’est une affaire qui est longtemps restée ignorée. Entre 1962 et 1984, 2 015 mineurs réunionnais relevant de l’aide sociale à l’enfance (ASE) ont été « transplantés » en métropole par une société d’Etat, le Bureau des migrations des départements d’outre-mer (Bumidom). Si ces quelque deux mille jeunes ont été répartis dans 83 départements, c’est sous l’appellation des « enfants de la Creuse » que l’affaire a été portée à la connaissance du grand public, ce département en ayant accueilli à lui seul 215.

    Mise en place le 9 février 2016 par George Pau-Langevin, alors ministre des outre-mer, la commission d’information et de recherche historique présidée par le sociologue Philippe Vitale, coauteur en 2004 du premier livre sur le sujet, Tristes tropiques de la Creuse (éditions K’A), a rendu, mardi 10 avril, à l’actuelle titulaire du poste, Annick Girardin, un épais rapport de 690 pages sur cet exil contraint. Celui-ci, même s’il n’exonère pas l’Etat de sa « responsabilité morale », comme l’avait voté l’Assemblée nationale dans une résolution du 18 février 2014, s’applique à resituer cet épisode douloureux dans le contexte historique de l’époque.

    Lire aussi : L’histoire inachevée des enfants volés de La Réunion
    Un département rural dépeuplé

    Pour les auteurs de l’étude, les « enfants de la Creuse », avec leur cortège de souffrances individuelles, sont un révélateur, à la fois, des pratiques et des dysfonctionnements qui caractérisaient alors l’ASE et des migrations ultramarines organisées par l’Etat post-colonial. Près d’un tiers de ces enfants relevant des services sociaux sont arrivés en métropole avant l’âge de 5 ans et près de la moitié entre 5 et 15 ans.

    Pourquoi la Creuse s’est-elle hissée au premier rang des départements d’accueil ? D’abord pour des raisons démographiques. Au milieu des années 1900, ce département rural s’est dépeuplé, le taux de natalité y est faible et la population vieillit. Et pour des raisons circonstancielles. Constatant l’insuffisance de structures adaptées pour accueillir tous les orphelins, enfants abandonnés devenus pupilles, enfants en danger ou placés sur décision du juge des enfants, un directeur du service de la population, Jean Barthe, organise le transfert de mineurs dans un foyer de la Creuse avec l’assentiment de son homologue dans le département. Affecté dans la Creuse en 1966, il y crée un centre d’accueil et de placement des pupilles réunionnais, avec l’autorisation du préfet.

    Une partie de ces mineurs ont un emploi, comme apprentis, employés « à gages » (payés à la tâche) ou en placement agricole. « Certains fermiers ont eu tendance à demander beaucoup, sans doute trop, à des mineurs venus d’ailleurs, qui sont ainsi victimes d’abus et/ou de mauvais traitements », note pudiquement le rapport, qui ajoute que « ces jeunes sont mal armés pour faire face aux souffrances causées par leur immersion dans la société de la France hexagonale ».

    Quel rapport hypocrite ! Parler d’ "abus" est un bel euphémisme pour des viols et violences sexuelles. Je ne voie pas comment on peut être armé pour faire face à des violences pareil, que ca soit en immersion dans la creuse ou ailleurs ! C’est encore une inversion de la culpablitié. Les enfants n’étaient pas armés contre le racisme d’état ! Les paysan y ont été un peu fort, les enfants n’ont pas su se défendre, mais l’état n’est pas raciste. Le racisme d’état ca n’existe pas au pays des droits de l’homme blanc.

    #racisme_d'etat #esclavage #euphémisme #culture_du_viol #racisme

  • Deux ouvriers meurent sur des chantiers à la Défense
    http://www.lemonde.fr/societe/article/2018/04/06/deux-ouvriers-meurent-sur-des-chantiers-a-la-defense_5281469_3224.html

    Deux #ouvriers sont morts accidentellement jeudi sur deux #chantiers dans le quartier d’affaires de la #Défense (Hauts-de-Seine), a-t-on appris vendredi 6 avril, de source policière.

    A Puteaux, un intérimaire de 22 ans, employé par la société Gagne, établie à Cussac-sur-Loire (Haute-Loire), a fait une chute de huit étages, soit « à peu près 25 mètres », et est mort sur le coup, d’après la police. Il a perdu l’équilibre vers 23 h 30 alors qu’il tentait d’enlever une plaque de bois pour la remplacer par une vitre sur le chantier de l’immeuble Window, à la Défense, en travaux depuis 2016.
    Plus tôt dans la journée, à Courbevoie, un ouvrier, âgé de 40 ans, est mort, peu après 10 heures du matin, lorsque la flèche d’une grue pesant 6 tonnes lui est tombée dessus, à la suite d’une erreur de manipulation.

  • Enquête sur les exclus du Grand Paris, Isabelle Rey-Lefebvre, Le Monde 6.04.2018
    http://www.lemonde.fr/societe/article/2018/04/06/enquete-sur-les-exclus-du-grand-paris_5281369_3224.html

    Au nom de la mixité sociale, de nombreux locataires en HLM ou propriétaires modestes vont être expropriés de leur logement pour faire place aux nouveaux quartiers qui seront construits autour des futures stations de métro.

    Ce soir-là, la salle communale du quartier Lallier-Bicêtre, à L’Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne), dans la banlieue sud de Paris, est pleine. Nous sommes le 8 mars et une centaine de locataires de la cité des Dahlias sont venus, inquiets, écouter le maire (UDI-LRM), Vincent Jeanbrun, et leur propriétaire, Immobilière 3F.

    La mauvaise nouvelle est confirmée : leurs trois bâtiments sont voués à la démolition pour faire place à un quartier neuf autour de la future station de métro de la ligne 14. D’ici à 2024, dans le cadre des chantiers engagés pour la construction du « Grand Paris », celle-ci les reliera au centre de Paris en vingt minutes.

    Las ! Ces 200 locataires très modestes n’en profiteront pas. « Cela fait trente ans qu’on attend le métro et on nous chasse. Il est clair que le maire ne veut plus de nous, proteste d’emblée Samia Erhel, 62 ans, interprète pour déficients auditifs, très active dans l’association des résidents des Dahlias. Et comment me retourner avec mes 900 euros de retraite ? » « C’est honteux ! Après cinquante-trois ans passés ici, comment ma femme et moi, qui sommes malades, pourrons-nous nous arracher à ce quartier ? J’en rêve la nuit », demande, révolté, Paul Leroulevillois, 91 ans, autrefois ouvrier chez Rhône-Poulenc, puis pâtissier.

    Un sonore « Ah, voilà le maire » retentit à son arrivée alors qu’il passe serrer la main à tout le monde. Durant plus d’une heure, Olivier Perret, directeur départemental d’Immobilière 3F, le bailleur social propriétaire de la cité, détaille le plan de relogement. « Vous aurez droit à trois offres et nous nous engageons à étudier votre cas pour trouver la meilleure solution dans la commune ou une commune proche. Pourquoi pas, d’ailleurs, près d’un métro ? », suggère-t-il.

    Parmi les vingt-trois familles qui ont déjà accepté une proposition, cinq iront Allée du Stade, loin de tous transports et commerces, dans une tour encore marquée du souvenir d’un terrible incendie survenu en 2005. Quatre adolescentes avaient, dans une puérile histoire de vengeance, mis le feu à une boîte aux lettres. Des émanations toxiques avaient causé la mort de dix-huit personnes.

    Un achat hors de portée

    « Je sais que ce déménagement vous tombe dessus, que vous ne l’avez pas choisi. Mais rester, cela signifie supporter six ans de travaux et de nuisances. Je me suis démené auprès de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine [ANRU] – qui finance la démolition – afin d’obtenir un droit au retour dans le quartier, pour ses habitants, en accession sociale à la propriété ou dans un logement social, au même prix », argumente l’élu.

    Mais cet engagement ne figure précisément ni dans le protocole ni dans la charte de relogement. De plus, seuls 100 logements sociaux à des prix plus élevés seront reconstruits alors que le double est détruit. Quant à acheter un appartement, cela paraît hors de portée pour cette population qui ne compte que 4 % de jeunes ménages.

    Après avoir écouté poliment durant une heure et demie, la salle commence à bouillir. Clara (son prénom a été changé car elle souhaite conserver l’anonymat) se lève, droite comme un i, son sac à main coincé sous le bras : « J’ai 63 ans, je ne veux pas déménager de là où j’ai tous mes souvenirs, tous mes meubles, et ce n’est pas à mon âge que je vais accéder à la propriété », lâche-t-elle. « Pouvons-nous être relogés à Paris ? », interroge une locataire. « Compliqué, répond M. Perret. Nous avons bien sûr du patrimoine à Paris, surtout dans le 19e arrondissement, mais qui tourne très peu. » 3F est pourtant le plus grand et le plus riche bailleur social de France, avec 12 974 appartements rien qu’à Paris, « implantés dans tous les arrondissements (à l’exception du 6e) », précise son site Internet.

    « Vous m’avez proposé un logement à Fresnes, où vous voulez m’expédier pour vivre entre deux autoroutes, c’est loin de mon travail et je n’irai pas, insiste Catherine Bourdet, la quarantaine, employée municipale à Villejuif. Je ne crois pas que cela soit utile de démolir nos immeubles pour le métro. Pourquoi ne pas les réhabiliter, comme cela était prévu dans un premier projet ? »

    Les trois barres de neuf étages auraient certes besoin d’une rénovation sérieuse, comme en a déjà bénéficié un autre immeuble de cette cité, mais qui n’a que cinq étages. « Mais il faut redessiner l’urbanisme, introduire de la mixité sociale et fonctionnelle, des commerces, de l’activité », plaident, ensemble, le maire et le bailleur social.

    « Une façon d’expulser les classes populaires »

    Ainsi, au nom de la mixité sociale, on choisit aussi d’exclure des pauvres. Selon une étude réalisée par l’Atelier parisien d’urbanisme en septembre 2017, ils sont nombreux à être concernés puisque 42 des 68 « quartiers de gare » du Grand Paris – c’est-à-dire dans un rayon de 800 mètres alentour – relèvent de la politique de la ville.

    Trente-sept quartiers sont en renouvellement urbain et seize des vingt-neuf nouvelles gares sont implantées à proximité de grands ensembles dont certains doivent disparaître non pour leur faire la place mais par souci de requalification du territoire. Un constat logique puisque ce réseau est justement réalisé pour désenclaver ces secteurs.

    A Gennevilliers (Hauts-de-Seine), dans le quartier des Agnettes, cinq tours de logements sociaux, aux loyers faibles, étaient vouées à la démolition dans le cadre du renouvellement urbain, alors que la ligne 15 Sud du métro est prévue à l’horizon 2024.

    « Nous nous battons pour ne démolir qu’une seule tour, la plus proche de la voie ferrée. Et nous avons déjà obtenu de l’ANRU que deux soient réhabilitées, le sort des deux autres étant en suspens, défend Patrice Leclerc, maire (PCF) de Gennevilliers. Même si le quartier compte 100 % de logements sociaux, nous avons besoin de HLM à loyer très bas et leurs habitants ont le droit d’avoir une gare au pied de l’immeuble. Cette notion de mixité sociale est, en fait, une façon d’expulser les classes populaires et salariées, or je ne veux pas que ma commune connaisse la même ségrégation que dans les Hauts-de-Seine. »

    La Société du Grand Paris se défend de vouloir expulser ou exproprier quiconque. « Sur les 10 000 lots de terrain que nous devons acquérir, 8 000 sont des droits souterrains, appelés tréfonds, explique Benoît Labat, directeur de la valorisation et du patrimoine. Les 2 000 restants sont surtout des propriétés publiques. Nous voulons éviter au maximum les expropriations qui prennent du temps et coûtent cher, nous préférons passer sous la voirie existante. Nous aurons à exproprier très peu de logements, par exemple un pavillon à Villejuif [au sud de Paris] pour y creuser un puits d’aération, cinquante-sept lots de copropriété à Issy-les-Moulineaux [à l’ouest] ou à Aubervilliers [au nord], dans l’îlot Ferragus, où trente-trois logements sont en discussion. »

    Logements « invendables »

    Samuel Hanryon est l’un de ces trente-trois copropriétaires : « Nous subissons les travaux de la ligne 12, chaque jour, de 6 heures à 22 heures, depuis des années. Nous pensions que ces nuisances seraient balancées par une petite plus-value grâce à l’arrivée du métro au pied de notre immeuble. Aujourd’hui, on nous apprend que la ligne 15 doit, ici, se croiser avec la 12 et que nous devons partir. La société Segat, mandatée par la Société du Grand Paris, nous exproprie. Nous devions, dans un premier temps, partir en juin 2018, mais, avec le report, on ne sait plus, déplore-t-il. On est dans l’incertitude. Nos logements sont invendables et l’indemnité d’expropriation basée sur les prix anciens ne nous permettra pas de nous reloger sur place. » Selon les chiffres des notaires, le mètre carré à Aubervilliers a en effet commencé à grimper de 6,8 % en 2017.

    « Les propriétaires occupants sont mécaniquement les grands perdants de ces projets, reconnaît Me Jean-Louis Peru, avocat spécialiste. L’indemnisation, fixée très en amont et qui participe de l’économie de l’opération, ne tient, par essence, aucun compte d’une plus-value à venir. » La Société du Grand Paris comptabilise bien sûr la valorisation des terrains comme recettes.

    La troisième conséquence du Grand Paris est de favoriser la spéculation immobilière autour de certaines futures gares et d’y attirer un public d’acheteurs aisés, donc d’évincer là encore les plus modestes. Entre 2015 et 2016, dans la petite couronne, les terrains ont, selon l’Observatoire régional du foncier en Ile-de-France, gagné de 8 % à 10 % de valeur et les appartements commercialisés autour des gares se sont, en moyenne, vendus plus cher que les autres : 6 300 euros le m2, contre 6 100 euros.

    Certaines villes jouent la carte de l’accession à la propriété, au détriment du logement social, et font monter les prix, comme c’est le cas à Issy-les-Moulineaux (+ 8,2 %, en 2017) ; ou à Bagneux (+ 6,2 %). « Il y a des hausses de prix liées à la gentrification de ces communes et à la cherté de Paris qui pousse les ménages hors de la capitale », analyse Thierry Lajoie.

    Le directeur général de Grand Paris aménagement est formel : « Nous avons plutôt maîtrisé la spéculation et les prix du foncier. L’objectif du Grand Paris n’est pas d’exclure les pauvres mais, au contraire, de contribuer à la mixité sociale, en particulier dans les quartiers pavillonnaires [qui représentent 10 % des 540 000 logements affectés par le Grand Paris] où elle est faible. Sinon, nous aurons raté notre mission. »

    #Grand_Paris #logement #classes_populaires

    • Sophie Cluzel, secrétaire d’Etat aux personnes handicapées : « Permettre à tous les enfants autistes d’entrer à la maternelle »
      La stratégie nationale pour l’autisme doit être présentée aujourd’hui. Entretien avec Sophie Cluzel, secrétaire d’Etat aux personnes handicapées

      Fortement attendue par les familles et les professionnels, la stratégie nationale pour l’autisme devait être présentée, vendredi 6 avril, par le premier ministre, Edouard Philippe, et Sophie Cluzel, la secrétaire d’Etat aux personnes handicapées.

      Après trois plans autisme depuis 2005, une concertation nationale avait été lancée en juillet 2017 par le président de la République, Emmanuel Macron. Celle-ci a été pilotée par Claire Compagnon, déjà auteure d’un rapport en tant qu’inspectrice générale des affaires sociales.

      Renforcer la recherche et les formations, intervenir précocement auprès des enfants, garantir la scolarisation effective des enfants et des jeunes, favoriser l’inclusion des adultes, soutenir les familles, cette stratégie comporte vingt mesures, résumées dans ces cinq engagements.

      La France est toujours pointée du doigt pour le retard dans le diagnostic et la prise en charge de ces troubles du neurodéveloppement. En quoi cette stratégie nationale diffère-t-elle des politiques précédentes ?

      C’est le fer de lance de la politique du handicap que l’on veut mener pendant ce quinquennat. Les précédents plans autisme concernaient le domaine médico-social ; aujourd’hui l’enjeu est l’implication de tous les ministères, aussi bien la santé que l’éducation nationale, l’emploi, la recherche, la culture, le sport… C’est ainsi que les personnes handicapées seront considérées avant tout comme des personnes, citoyens d’une société inclusive. Pour cela, le budget 2018-2022 sera de 344 millions d’euros, c’est presque deux fois plus que le précédent plan.

      Nous avons étendu la stratégie à tous les troubles neurodéveloppementaux reconnus au niveau international, comme le trouble du déficit de l’attention/hyperactivité (TDAH) ou les déficiences intellectuelles. Cet élargissement était nécessaire pour ne pas passer à côté de certaines situations en matière de repérages, de troubles associés. La prévalence des troubles du spectre autistique est de 1 %, celle des troubles du neurodéveloppement de 5 %.

      Vous évoquez 1 % d’autistes, soit environ 700 000 personnes en France, mais il n’y a pas de recensement. Comment agir sans connaître précisément les besoins ?

      Un pour cent, c’est la prévalence moyenne au niveau international. Il est vrai que la France manque de statistiques fiables, d’abord parce qu’il n’existait pas de système d’information unique des maisons départementales des personnes handicapées (MDPH). Celles-ci sont pourtant des sources de données précieuses pour savoir où sont les personnes, leur prise en charge, leurs besoins, les places disponibles…

      Depuis mon arrivée, j’ai accéléré le déploiement d’un système d’information commun, pour disposer notamment d’un état des lieux d’ici deux ans. Par ailleurs, nous allons lancer un appel d’offres pour constituer une cohorte qui permettra de recueillir des données épidémiologiques, le suivi, l’impact social sur les familles. Plus généralement, le développement de la recherche sur ces troubles est le premier des cinq engagements de cette stratégie.

      L’intervention précoce dans l’accompagnement des troubles autistiques est aussi l’une de vos priorités. Avec quelle organisation ?

      L’objectif est de mettre en place un accompagnement dès les premiers troubles, avec un minimum de reste à charge pour les familles. Dans beaucoup de pays, on n’attend pas que le diagnostic soit stabilisé pour intervenir. C’est la clé pour éviter les pertes de chances et permettre à ces enfants de rentrer à l’école maternelle.

      En France, un goulot d’étranglement s’est créé au niveau des centres ressources autisme (CRA), qui sont devenus des lieux de diagnostic pour toutes les situations alors que leur mission première était d’être un pôle de référence pour les cas complexes.

      De nombreuses personnes sont en capacité d’alerter quand le développement d’un enfant s’écarte de la norme : professionnels de la petite enfance, médecins généralistes, pédiatres… Ils devront aussi savoir écouter l’inquiétude des parents. Ils vont être formés, les généralistes et pédiatres, responsabilisés. Ces praticiens ont les connaissances et des outils comme le carnet de santé, notamment lors des examens obligatoires des 9 et 24 mois, pour s’inquiéter lorsqu’un bébé de quelques mois ne réagit pas à son nom, s’il ne fixe pas l’attention…

      Des plates-formes autisme-TND (troubles du neurodéveloppement) vont être créées pour confirmer l’alerte des professionnels de première ligne, et diriger immédiatement les enfants vers des psychomotriciens, psychologues… L’accompagnement débutera avant même d’avoir un diagnostic précis et un bilan complet.

      Actuellement, beaucoup de ces prises en charge sont assurées par des professionnels libéraux, non remboursés. Nous créons des « forfaits intervention précoce » pour diminuer drastiquement le reste à charge ; 90 millions d’euros y seront consacrés.

      Le nombre d’enfants autistes aujourd’hui scolarisés en France, même s’il a beaucoup augmenté, reste peu élevé, à 45 000, que préconisez-vous ?

      En effet, là où le Royaume-Uni scolarise 70 % des enfants autistes, nous sommes à un petit 40 %, avec des ruptures de parcours. Or, l’école est la clé de l’inclusion sociale. L’obligation de scolarisation à 3 ans s’appliquera à tous, grâce à des modalités d’accueil spécifiques comme les unités d’enseignement maternel, dont le nombre va être triplé.

      Les enseignants seront aussi appuyés par des professionnels formés. Pour cela, nous allons casser les murs, adosser les établissements médico-sociaux aux groupes scolaires et instaurer une vraie coopération entre le monde médico-social et le monde scolaire. La scolarisation de tous peut sembler ambitieuse, mais une prise en charge précoce permet de réduire les troubles du comportement qui sont souvent un frein pour la présence en classe.

      De nombreux rapports ont pointé le manque de structures pour prendre en charge les adultes autistes – 600 000 au total –, qu’est-il envisagé pour les renforcer ?

      De la même façon que l’on veut que les enfants aillent à l’école, l’idée est d’accompagner tous les adultes qui veulent et peuvent sortir des institutions, en facilitant leurs parcours de vie. Ils sont aujourd’hui invisibles avec une prise en charge inadéquate dans trop d’établissements. Une majorité d’entre eux n’a même pas été diagnostiquée et prend beaucoup de médicaments.

      Il faut aussi prouver aux familles qu’on peut circuler en milieu ordinaire, en organisant des parcours, avec des services d’accompagnement, pour l’emploi, l’habitat… et des solutions pour permettre de vivre chez soi. Il existe par exemple des systèmes de colocation. C’est capital car l’autisme est un vecteur d’isolement social.

      Vous vous engagez à soutenir les familles et à reconnaître leur expertise. Comment comptez-vous procéder ?

      Elles doivent vraiment bénéficier d’un soutien. Nous allons mettre en place une plate-forme de répit par département en se fondant sur ce qui fonctionne, comme en Normandie, ou à Lyon métropole. Par ailleurs, les familles sont souvent en déshérence et ne savent pas où s’adresser. Aujourd’hui, l’offre de soins est illisible, on voit même des présentations d’établissements « pour débiles profonds » ! En tant que parent, vous partez en courant. La stratégie comporte plusieurs mesures pour mieux informer et former les aidants. L’expertise parentale doit être mise en valeur. Toute la préparation de cette politique s’est d’ailleurs faite en concertation avec des représentants des familles, et des personnes autistes.

      20 mesures et cinq engagements

      La stratégie nationale comporte 20 mesures, résumées en cinq engagements : renforcer la recherche et les formations, mettre en place des interventions précoces, garantir la scolarisation effective des enfants et des jeunes, favoriser l’inclusion des adultes, soutenir les familles.

      Définition

      D’une grande diversité, l’autisme est un trouble neurodéveloppemental qui peut se manifester entre 1 et 2 ans, selon la Haute Autorité de Santé. Il peut affecter le langage, la sociabilité, le développement moteur et sensoriel.

      Chiffres clés :

      700 000 : estimation du nombre de personnes atteintes d’autisme en France, dont 100 000 enfants (un sur cent)

      4/5 : proportion des garçons dans les troubles autistiques

      446 jours : délai moyen d’attente pour accéder au diagnostic dans un Centre Ressources Autisme (CRA)

      12 000 : nombre d’ élèves autistes à l’école élémentaire

      3 000 euros : reste à charge des familles en moyenne par an.

      0,5 % des autistes travaillent en milieu ordinaire