Centre des travailleurs et travailleuses immigrants / Immigrant Workers Centre (CTI-IWC)

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  • Canada : Des travailleurs agricoles du Honduras se réfugient dans une église Le Devoir - Sarah R. Champagne
    - 9 Avril 2018

    https://www.ledevoir.com/societe/524760/travailleurs-agricoles-sept-honduriens-refugies-dans-une-eglise

    Sept travailleurs migrants agricoles du #Honduras se sont réfugiés dans une église de Granby. Ils ont tous quitté entre la mi-janvier et la mi-mars l’entreprise d’attrapage de #volailles Équipe Sarrazin et dénoncent les conditions de travail, des atteintes à leur dignité, des lésions professionnelles et des heures de transport non payées.
    Ils espèrent pouvoir rester au #Canada pour obtenir justice devant leur employeur, qu’ils accusent de les avoir poussés à partir, une version démentie par le propriétaire, Yves Sarrazin.
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    Les travailleurs dénoncent plutôt une industrie où le #travail est extrêmement difficile et faiblement rémunéré. Le travail consiste à attraper jusqu’à plusieurs dizaines de milliers de #poulets par quart de travail, dans des poulaillers appartenant à divers producteurs, et à les mettre dans des cages qui serviront au transport jusqu’à l’abattoir.

    « C’est notre dignité qui souffre », raconte Ronny Asael Miranda. En novembre dernier, il a commencé à vomir et à avoir des vertiges durant un quart de travail de nuit. Le rapport fourni à la CNESST indique qu’il a souffert d’une « infection à campylobacter », une inflammation analogue à la #gastro-entérite causée par le contact avec des volailles.
    Il reproche à son employeur de ne pas avoir fourni de vêtements de protection, ni harnais pour certaines tâches en hauteur, ni gants, ni masque.
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    Ever Alexis Mendoza Mateo a aussi arrêté le travail durant un mois à cause de sévères maux de dos, une douleur lombaire qui irradiait dans sa jambe droite, décrit-il. En arrêt de travail à partir du 4 décembre, il a ensuite repris le 9 janvier. Près d’un mois plus tard, en février, il a demandé à son chef d’équipe une journée de congé, « pour calmer la douleur qui était revenue ». La journée même, « à quatre heures de l’après-midi, la secrétaire m’a dit que Michel avait pris la décision de me renvoyer dans mon pays et elle m’a envoyé le billet d’avion. C’est là que j’ai décidé de partir de mon côté », relate-t-il, en présentant le message vocal laissé par celle-ci.
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    Rémunération
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    Le prix est établi à 3,60 $ pour 1000 poulets et augmente en fonction de la grosseur des volailles. Le travail s’effectue souvent de nuit, quand les #volatiles sont engourdis par l’obscurité. « Doit pouvoir soulever un poids pouvant aller jusqu’à 15 kilos par main, travail répétitif », indique une offre d’emploi actuellement affichée en ligne par l’Équipe Sarrazin.

    Ainsi, pour 30 000 poulets attrapés en une nuit de six heures et demie, selon son bulletin de #salaire du début janvier, M. Mendoza Mateo a par exemple reçu 108,27 $.

    Pour en arriver à la cadence demandée, il faut faire sept fois par minute ce même mouvement : attraper 5 poulets dans chaque main, 10 au total, et les mettre dans les cages en destination de l’abattoir.
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    Rappelons que les permis de travail temporaire en milieu agricole sont rattachés à un seul employeur. En quittant cet employeur, les travailleurs se retrouvent sans visa de travail et, rapidement, sans statut au Canada.

    Exposés à des persécutions au Honduras et vu la grave crise politique qui s’y déroule, les sept travailleurs réfugiés dans l’église ont aussi déposé des demandes d’asile pour des motifs individuels, indique leur avocate, Me Susan Ramirez. Ces demandes sont présentement en traitement.

    #Canada #Agriculture #esclavage #abattoirs #élevage #alimentation #agro-industrie #viande #agroalimentaire #agrobusiness #civilisation

    • #Canada : Un syndicat de travailleurs agricoles révoqué après désistement des migrants Le Devoir : Lia Lévesque - La Presse canadienne - 13 Avril 2018

      https://www.ledevoir.com/societe/525112/un-syndicat-de-travailleurs-agricoles-revoque-apres-desistement-des-migran

      Le Tribunal administratif du travail a dû révoquer l’accréditation d’un syndicat de #travailleurs_agricoles, après que tous les travailleurs migrants eurent signé une lettre disant ne plus vouloir être syndiqués. C’est l’employeur qui avait déposé la requête pour faire révoquer le syndicat, en leur nom.

      La section locale 501 du syndicat des Travailleurs unis de l’alimentation et du commerce, affilié à la FTQ, avait contesté la requête, affirmant qu’il y avait eu ingérence de l’employeur, Les serres Sagami, et que les lettres n’avaient donc pas été signées de façon libre et volontaire.


      Dans sa décision, le Tribunal s’étonne du fait que ces travailleurs guatémaltèques affirmaient ne plus vouloir du syndicat, notamment parce qu’il leur en coûtait 40 $ par mois, alors qu’ils étaient représentés par une avocate devant le tribunal.

      « Il est étonnant que les salariés démissionnaires, qui ont entrepris les procédures de révocation dans cette affaire, ignorent le montant des honoraires professionnels qu’ils auront à débourser et qu’aucun état de compte ne leur ait été transmis », écrit la juge administrative Irène Zaïkoff.

      Elle a aussi souligné que le témoignage de ces travailleurs devant le tribunal avait été « parfois difficile à suivre, hésitant et comporte des contradictions », qu’ils étaient « à l’évidence intimidés d’être appelés à témoigner ».

      De plus, elle a noté que les travailleurs guatémaltèques avaient joué au soccer, le 4 février en soirée, le jour même de leur désistement collectif du syndicat.

      Le syndicat y voyait « une récompense de la part de l’employeur » pour avoir signé une lettre de désistement — qu’on appelle en droit du travail une lettre de démission du syndicat.

      Pas de preuve
      Malgré cela, le tribunal juge que même s’il fallait conclure que l’employeur a appuyé les travailleurs qui se sont désistés, cela ne fait pas pour autant la preuve qu’il est intervenu avant les démissions et a influencé leur décision.

      Malgré tout, le tribunal a cru les travailleurs, qui ont témoigné du fait qu’ils voulaient se désister parce qu’ils payaient trop d’impôt, que les cotisations syndicales coûtaient 40 $ par mois et qu’ils étaient mécontents du syndicat. Ils ont aussi témoigné du fait qu’il n’y avait pas eu ingérence de la part de l’employeur.