La plainte pour trois viols contre l’entraîneur de Créteil avait été oubliée

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    La plainte pour trois viols visant Giscard Samba, l’emblématique entraîneur d’athlétisme de l’US Créteil, a été oubliée pendant neuf mois au commissariat de la ville-préfecture du Val-de-Marne. Peut-être serait-elle encore aujourd’hui dans un placard si une fonctionnaire de la direction régionale de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale n’avait pas dénoncé ces mêmes faits au parquet de Créteil le 19 mars.

    Ce dernier a saisi dans la foulée le SDPJ 94 (Service de police judiciaire du Val-de-Marne), qui mène depuis cette enquête pour « viol, agression sexuelle et harcèlement sexuel ». Mais d’ores et déjà, cet oubli de neuf mois fait tousser dans les rangs de la police. La hiérarchie de la fonctionnaire qui a pris la plainte ne décolère pas, et le parquet, qui ne souhaite pas s’exprimer le sujet, aurait demandé des explications.

    Un couac qui passe d’autant plus mal alors que nous révélions il y a quelques jours dans nos colonnes qu’au niveau national, 91 % des plaignants pour des violences sexuelles constataient une mauvaise prise en charge.

    Le 19 juin, Carole*, une sprinteuse de 21 ans, vient déposer plainte au commissariat de Créteil contre son ancien coach Giscard Samba qu’elle accuse de trois viols. Selon le courrier de la Jeunesse et des Sports, les faits auraient eu lieu entre « avril et juillet 2016 ». Première grosse erreur dans cette prise de plainte, à aucun moment le parquet de Créteil n’est avisé. C’est pourtant la règle à chaque crime dénoncé.

    La fonctionnaire aurait également annexé au procès-verbal des notes de la plaignante, ce qui est interdit. La policière a ensuite, comme le veut la procédure, invité la plaignante à se rendre à l’unité médico-judiciaire. La sprinteuse a bien été examinée, mais personne n’est venu chercher les résultats avant que l’enquête soit confiée à la police judiciaire.

    « La plainte n’a pas été mise de côté parce qu’elle dérangeait, clarifie un policier. C’est juste une grosse boulette de la collègue. La plaignante évoque des faits graves et qui auraient été réitérés. Et je ne parle même pas du cadre singulier et des personnalités impliquées. Evidemment que cette affaire aurait dû remonter. »
    « Viols par sidération »

    « C’est un gros couac, il n’y a aucun doute là-dessus, ajoute un enquêteur. Mais les faits de viol ne sont pas toujours clairs et leur qualification est parfois difficile à établir. » Selon nos informations, les faits reprochés à Giscard Samba s’apparenteraient à des « viols par sidération » dans la mesure où la plaignante, pétrifiée, ne serait pas parvenue à manifester son non-consentement.

    Le coach d’athlétisme de l’US Créteil, suspendu par son club à titre conservatoire, est également mis à l’index par d’autres athlètes comme Cassandra Leborgne, qui l’accusent de comportements déplacés. Dans une interview dans l’Equipe ce dimanche, le technicien désigné entraîneur de l’année en 2013 assure que Carole et lui ont été « très proches », mais qu’il ne l’avait « jamais violée », « ni contrainte ni obligée ».

    « La plainte n’a pas été mise de côté parce qu’elle dérangeait, clarifie un policier. » C’est juste que la police s’en tape des viols.