Le coming-out d’Emmanuel Macron | Le Média

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  • Le coming-out d’Emmanuel Macron
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    La présence du président de la République à la conférence des évêques hier, par delà le contenu de l’adresse, s’inscrit dans une séquence de communication politique. Elle permet au caméléon, ni de droite ni de gauche, d’afficher clairement ses couleurs.

    A l’attention de qui le président de la République française s’est-il exprimé hier, longuement, à la conférence des évêques ? Après la réforme de l’islam lancée en février, le dîner du CRIF en mars, Emmanuel Macron poursuit sa reconnaissance des communautés religieuses, lui le garant de la neutralité de l’Etat laïque qui ne reconnait, ni ne subventionne aucun culte.

    Un discours au cours duquel il a repris la rhétorique chère à Nicolas Sarkozy sur les racines chrétiennes de l’Europe. Pour lui, nul besoin de l’inscrire dans la constitution, car « l’évidence historique se passe parfois de tels symboles ». A partir de là, la suite n’est que développement de la centralité de l’Eglise dans le village républicain français. Pour faire face aux défis de l’époque contemporaine et à la nécessité de donner à l’action politique un cap, celui de l’homme, « il n’est pas possible d’avancer sur cette voie sans croiser le chemin du catholicisme », selon Emmanuel Macron. Les croyants de toute autre foi apprécieront. La suite de l’adresse est du même acabit.

    Opération séduction

    L’intervention présidentielle au collège des Bernardins est une opération de séduction au sens premier. « Se ducere », conduire à soi en latin, est sans doute le fil rouge de ce discours, mais au-delà, de la séquence de communication débutée dans la nuit de lundi à mardi avec l’intervention militaire de 2500 gendarmes pour expulser une centaine de tisserands d’un autre possible qu’on appelle les zadistes. Au nom du prétendu rétablissement de l’Etat de droit ? Pour séduire quels promoteurs de la fermeté ?

    Ces derniers jours encore, l’évacuation violente des étudiants mobilisés dans les universités par les CRS est une autre opération de séduction. Au nom de la lutte contre la chienlit ? Et pour séduire quels amateurs de l’ordre ?

    L’entretien programmé jeudi à 13 heures en direct dans le journal télévisé de Jean Pierre Pernaut participe de la même stratégie de communication. Le journal de la France rurale, du folklore et de l’animateur qui dénonce l’installation d’un centre d’hébergement de réfugiés, près de son hameau cossu des Yvelines. En s’adressant aux Français qui regardent l’édition de la mi-journée de TF1, le président s’exprimera symboliquement depuis la place du village, au pied du clocher, pourrait-on dire. Pour séduire quelle France ?

    Ni de gauche ni de gauche

    Ainsi, après un positionnement ouvertement droitier sur les questions sociales dès les premières semaines de son quinquennat, le président ni de gauche ni de droite achève de se révéler. Ordonnances pour défaire le code du travail, généralisation de la sélection à l’université avec la loi Vidal, réforme du baccalauréat par le ministre de l’Education préféré de la droite, refonte de l’assurance chômage instaurant la fin probable du paritarisme et la reprise en main de l’Etat et enfin la grande braderie des joyaux de l’Etat (Française des Jeux, SNCF, barrages hydroélectriques, etc.) au bénéfice du privé, les choix de la politique économique et sociale du gouvernement Philippe laissaient déjà peu de place au doute. Quels électeurs, quels partis applaudissent ces choix ?

    Finalement, hier, le discours présidentiel d’Emmanuel Macron à la conférence des évêques n’est qu’un élément supplémentaire dans cette opération de séduction. Une opération de séduction qui se distingue de l’ambiguë campagne, ni de droite, ni de gauche, qui l’a porté au pouvoir par sa clarté. Emmanuel Macron tombe le masque et montre son visage à ceux qu’il veut mener à lui, séduire. Hier, devant les huiles de l’Eglise, Emmanuel Macron a fait son coming-out droitier.

    #séduction #coming-out_droitier #diversion