INTERVIEW - L’économiste, proche d’Emmanuel Macron, est à la tête d’un groupe d’experts chargé de réécrire les programmes de sciences économiques et sociales. Il assure, aux « Echos » vouloir mener des « débats sans tabou et sans a priori ».
Vous allez présider un groupe d’experts pour réécrire les programmes de sciences économiques et sociales. Avec quel objectif ?
On ne va pas faire table rase du passé. Les programmes existent et ils contiennent beaucoup de bonnes choses. Mais il y a, en France, un problème d’inculture économique. Je l’ai ressenti très fortement durant la campagne présidentielle : ce sentiment que nos concitoyens étaient perméables à des raisonnements économiques outrancièrement erronés, sans esprit critique. Il y a un manque d’éducation économique de notre population. Cette inculture concerne jusqu’aux écrivains et autres personnalités de l’intelligentsia qui interviennent régulièrement à la télévision : dès qu’ils parlent d’économie, le propos devient moins pertinent.
Il faut donc former des citoyens du monde qui comprennent les mécanismes économiques de base. Exemples : quelles seraient les conséquences économiques d’une sortie de l’euro ? Quels sont les effets directs et indirects d’une relance budgétaire ? Il faut que les mécanismes de base soient assimilés, comme dans les autres disciplines. Ensuite, on peut critiquer et comprendre pourquoi, par exemple, les marchés sont imparfaits. Mais il faut qu’un socle de base soit maîtrisé. Or, malheureusement, souvent, il ne l’est pas.