Politique | L’Opinion

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  • BHL, l’increvable mercenaire du PAF – Politique | L’Opinion
    https://www.lopinion.fr/edition/politique/bhl-l-increvable-mercenaire-paf-13971

    Au hasard d’une navigation je découvre que Bernard-Henry Lévy #BHL ® est président du Conseil de surveillance d’#Arte depuis juillet 1993. Mais peut-être que je découvre la lune...

  • La vacance de monsieur Hulot

    Nicolas Hulot : « Je prends la décision de quitter le gouvernement »
    https://www.franceinter.fr/emissions/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-28-aout-2018

    Nicolas Hulot a annoncé ce mardi sa décision de quitter le gouvernement, un an après son arrivée au ministère de la Transition écologique et solidaire.

    https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/15273-28.08.2018-ITEMA_21786479-8.mp3

    Nicolas Voisin a dit :

    Ce 28 aout 2018, pour la première fois, un ministre a fait le procès du libéralisme, avoué que les lobbys gouvernent, constaté que la société (nous) s’en accommode, dénoncé ce que nous savons tous : ce modèle est un suicide. Puis il démissionna.

    Il faut écouter intégralement cette interview, ne pas se contenter d’extraits et encore moins des commentaires.
    Et ce n’est pas un fan de Hulot qui vous le recommande, loin s’en faut...

    • J’ai hésité à l’écrire, mais ce matin en rentrant de l’école sur la route le long du fjord, j’ai arrêté la voiture (électique je précise...) pour écouter ; j’étais sur le cul.

      Je ne suis pas fan du monsieur, mais je dois avouer que j’étais impressionné d’entendre un ministre d’état - pour la première fois - faire une déclaration, répondre aux questions d’une manière aussi puissante que minimaliste. Pas un mot de trop, un vocabulaire choisi pour en même temps rester dans les clous et en même temps dénoncer d’une manière assez violente et assez claire l’imposture macroniste (et rien que pour ça, chapeau). J’étais à des millions d’annés lumière de penser que la critique la plus radicale de la partition du pouvoir politique qui est en train de se jouer en France en ce moment allait venir de l’intérieur, du coeur même du pouvoir. Ça faisait aussi quelques années lumières que je n’avais pas entendu un responsable politique parler aussi vrai et aussi sincèrement. Pour un fois, je n’avais pas l’impression d’être ni dans la société du spectacle, ni dans la grossière langue de bois (hier, il y avait un lobbyiste à Élysée...). À côté de cette intervention, celle de Benjamin Griveaux qui réagissait sur une autre chaine était totalement minable, absolument effarente. Quelle langue les macroniens ont-ils inventé... Elles et ils parlent toutes et tous de la même façon, mais plus le temps va, plus on se rend compte que leurs narrations et leurs discours sont - outre d’une crapuleuse imposture - d’un vide sidéral.

    • @aude_v Je suis d’accord avec ce que tu dis sur l’absence de réflexion éco-sociale de Hulot, mais on ne peut pas dire que ça soit nouveau. Hulot, c’est pas Gorz... Ça a même toujours été ce qui l’empêchaît d’être crédible (pour moi en tout cas) : le côté « la nature les ptits zoiseaux » sans aucune pensée sociale sur la question. En plus, finalement, il a toujours revendiqué cette position.

    • Il y a des bouts de l’interview, ils sont tout de même épatants. Les pistes qu’il trace sont autrement plus ambitieuses que ce qu’on nous a relayé (les pailles « bientôt » interdites). Mais sans convenir qu’il a collaboré avec des malfaisants, il exonère ceux qui n’affaiblissent le politique que quand ça les arrange, et il fait comme s’il n’y avait personne derrière l’écologie (ce en quoi il n’a qu’à moitié tort).

      Démission surprise de Nicolas Hulot : le verbatim de son interview
      https://www.ouest-france.fr/politique/nicolas-hulot/demission-surprise-de-nicolas-hulot-le-verbatim-de-son-interview-593947

      Nicolas Hulot : Oui. Non, mais attendez… Je le redis ici : j’ai une profonde admiration pour Emmanuel Macron. Et pour Edouard Philippe. Et ce n’est pas, croyez-moi, pour atténuer l’effet de la décision de ce matin. Mais sur les sujets que je porte, on n’a pas la même grille de lecture. On n’a pas compris que c’est le modèle dominant qui est la cause. Est-ce qu’on le remet en cause ?

      Léa Salamé : Vous voulez dire le libéralisme ?

      Nicolas Hulot : Oui, oui. Mais je l’avais dit dès le départ, je me suis moi-même largement prononcé sur des traités comme le CETA et on va en avoir une floppée d’autres […] Mais attendez, moi, je ne critique personne. J’espère que mon départ provoquera une profonde introspection de notre société sur la réalité du monde. Sur le fait que l’Europe ne gagnera que si l’Afrique gagne. Est-ce que nous nous sommes mis en situation de passer un contrat d’avenir avec l’Afrique ? La réponse est non. Où est passée la taxe sur les transactions financières ? […] Le nucléaire, cette folie inutile. Economiquement, techniquement dans lequel on s’entête. C’est autant de sujets sur lesquels je n’ai pas réussi à convaincre, j’en prends ma part de responsabilité. Et je pense que ce que les gens attendent d’un ministre, c’est que s’il n’est pas à la hauteur, s’il n’arrive pas à ses fins. Et bien, il doit en tirer des leçons. Je les tire ce matin […]

      Pour ce qui est de la responsabilité française, j’invite parfois les observateurs qui critiquent, notamment les écologistes patentés, à comparer aussi avec les autres pays. La France est plutôt leader dans ce domaine là. Mais ce n’est pas suffisant. Ce n’est pas une raison pour nous en accommoder. Nous n’y arriverons que si le gouvernement dans son ensemble a la même impulsion, la même ambition, la même feuille de route, la même vision. Moi, je ne peux pas passer mon temps dans des querelles avec Stéphane Travert. C’est pas l’idée que je m’étais fait. Je suis rentré dans un esprit de coopération, pas de confrontation. Je ne dis pas que rien n’a été fait […] sur le glyphosate, contrairement à ce que dit Yannick Jadot, la France a été en pointe et elle a montré le chemin.

      Léa Salamé : Rappelez-nous quels sont les acquis, les petits pas que vous avez réussi à faire ?

      Nicolas Hulot : On a changé de tropisme sur les pesticides, on est rentré dans une dynamique qui va nous permettre de se séparer d’un certain nombre de molécules. On a programmé la sortie des hydrocarbures. C’est quand même des choses qui sont essentielles et importantes. J’espérais qu’on allait mettre le climat et la biodiversité dans l’article 1 de la constitution. Mais même là nos sénateurs ou l’opposition sur un truc qui n’est pas quand même une révolution culturelle, simplement par posture politicienne, étaient prêts à s’y opposer. Tant que nous serons dans ces affrontements perpétuels, alors que l’humanité a emprunté un chemin tragique… Je crois qu’au moins on peut m’accorder des convictions. Mais un homme, une femme, quel qu’il soit, même s’il a des convictions, s’il est isolé dans un gouvernement, s’il est isolé dans la société… Si vous regardez tout l’été, les résistances anti-éoliennes. Alors ok, on ne veut pas d’éoliennes, on ne veut pas de centrales nucléaires, on ne veut pas de centrales thermiques… Comment on fait si on additionne tous les refus. Et puis ceux qui critiquent, à tort ou à raison, qu’est-ce qu’ils proposent ? […]

      (...)

      Quand on se réjouit - ça va vous paraître anecdotique - de voir sortir de Saint-Nazaire un porte-conteneurs qui va porter 50 000 conteneurs. Superbe performance technologique. Est-ce bon pour la planète ? La réponse est non. C’est sur toutes ces incohérences, ces contradictions. Et puis, dans cette équation impossible […] est-ce qu’on essaie un peu d’être disruptif, d’investir dans la transition écologique. Les investissements qui permettent de réduire nos dépenses énergétiques qui ne sont pas des dépenses mais des investissements. Est-ce qu’on s’est autorisé à essayer de sortir un peu de l’orthodoxie économique et financière ? Est-ce que la finance de spéculation qui spécule sur les biens communs on l’a véritablement remise en cause ?

      On va me dire mais en un an, on ne peut pas tout faire. Certainement, sauf qu’il y a une telle urgence. On me dit mais prends ton temps. Sois patient. Mais ça fait 30 ans qu’on est patient. Ça fait 30 ans qu’on laisse les phénomènes se dérouler et qu’ils sont en train de nous échapper. On me dit : fixe-toi deux-trois priorités. Mais tout est prioritaire ! Les sujets de santé-environnement qui viennent nous exploser à la figure dont on va se rendre compte qu’ils ont des conséquences…

      Léa Salamé : L’économie est aussi prioritaire. Quand on est ministre, on sait qu’il y a des arbitrages à faire. D’un côté, il y a une urgence économique et de l’autre, une urgence écologique et que parfois, elle est contradictoire.

      Nicolas Hulot : On peut essayer de choisir dans l’économie ce qui participe à la solution. Y aussi des grandes opportunités dans la transition écologique, énergétique. Vous avez même la possibilité de passer dans un modèle agricole qui soit intensif en emplois et non en pesticides […] C’est cette vision d’ensemble.

    • En fait, je crois que j’ai voulu interprèter entre les lignes. Je suis assez d’accord avec vous, le personnage est loin d’être parfait, je formule les même critiques que Aude et les autres (autocentrisme, inneficacité des actions), et il fait partie de la société du spectacle, de l’écologie spectacle, mais dans sa narration d’hier, il y a pris une position assez claire. Il ne pouvait pas faire autrement que de rester poli avec Macron et sa clique de crapules (j’admire Macron et Philippe, je ne veux pas gêner l’action du gouvernement, etc...) mais il faut comprendre les sens réle de ces déclarations, lire ce qu’il y a derrière les mots : ici, rien, ces « statements » n’ont aucun poids face au reste de son discours, et c’est ça que jai trouvé exceptionnel. Même s’il feint de tresser des lauriers au pouvoir macroniste, l’essentiel de ce qu’il dit est puissamment un dénonciation et une expression assez concrète du système Macron : en direct et venant d’un ministre d’état lui même, je crois n’avoir jamais vu ça. Pour le reste, ça ne dédouane pas Hulot de la manière dont il agit (spectacle), ce n’est pas mieux ni moins bien qu’Arthus Bertrand ou similaires (enfin si, un peu mieux parce qu’Arthus Bertrand, ça pu vraiment la merde).

      Je n’ai aucun doute sur la capacité des macronistes à récuperer et absorber l’événement de la manière la plus subtile, ils sont champions du monde dans ce domaine. C4est en effet triste, mais la seule chose dont je me réjouisse, c’est que cet événement va rester dans la mémoire et contribue à fragmenter encore plus à faire craqueler et discréditer le système Macron.

    • L’électrochoc est de taille, notamment pour Emmanuel Macron qui perd sa pastille verte. Poliment mais de facto, avec un réquisitoire implacable, Nicolas Hulot a renvoyé le Président comme le gouvernement dans le vieux monde, celui qui ne sait pas embrasser le temps long et qui se moule dans les exigences dogmatiques des traités européens, celui qui pense croissance à tout prix et impose des cures de régime toujours plus sévères pour les comptes publics. Dans cet univers, l’écologie ne se paie que de mots, de bonnes intentions communicationnelles qui sombrent dans les méandres de la règle d’or et de la rapacité du capital.

      Grosse perte pour Macron

      À sa façon, Nicolas Hulot a sanctionné le gouvernement pour son incapacité à sortir d’un imaginaire pré-réchauffement climatique et des mécanismes de la décision publique dictés par l’urgence et sous contrainte des lobbys. Glyphosate, pesticides, nucléaire… Les reculs se suivent et se ressemblent. Hulot a pointé du doigt l’austérité et le libéralisme économique comme des freins majeurs pour mener une politique écologiste.

      « On se fixe des objectifs mais on n’en n’a pas les moyens parce qu’avec les contraintes budgétaires, on sait très bien à l’avance que les objectifs qu’on se fixe on ne pourra pas les réaliser », a-t-il simplement expliqué, dévoilant même que des plans sont présentés comme nouveaux alors qu’ils ne sont que réorganisation de budgets existants – par exemple, la rénovation énergétique du logement. Les traités de libre-échange, comme le Ceta, contredisent également la marche écologique, a-t-il également affirmé. En effet.

      Ce lien entre cause environnementale et normes néolibérales, Nicolas Hulot l’avait pourtant démontré dans son film Le syndrome du Titanic en 2009. On pourra s’étonner qu’il n’en ait pas tiré davantage de conséquences en acceptant d’entrer dans un gouvernement qui n’a jamais caché sa foi dans la loi du marché. Hulot a tenu à mener cette expérience et la conclusion sonne comme un désaveu pour une orientation politique clairement incompatible avec le combat vital contre les émissions de gaz à effet de serre, la destruction de la biodiversité, la folie consumériste. Hulot espérait sans doute constituer un rempart écologiste en macronie mais il s’est trouvé esseulé face à un mur. Comme s’il avait découvert à ses dépens que le gouvernement épousait la normalité d’un modèle plus soucieux des intérêts du capital que de la planète. « Le modèle dominant » est en cause et il n’est pas remis en cause, a-t-il amèrement regretté. À raison.

      Impossible politique écologiste

      La vision sans profondeur temporelle de ce gouvernement comme des précédents, comme de l’Union européenne, est clairement dénoncée par Nicolas Hulot. L’ancien présentateur d’Ushaïa et fondateur de la FNH a, dans cette interview, écorché la façon dont la politique se fabrique. Le défi écologique ne semble pas pouvoir entrer dans les clous de notre régime, les piles de dossiers traités toujours dans l’urgence répondent au temps court, à d’autres exigences. Les cercles du pouvoir politique sont trop interconnectés avec des groupes aux intérêts financiers contraires aux nécessités environnementales.

      Nicolas Hulot a également formulé cet aveu qui interroge la présence des personnalités de la société civile dans le monde politique institutionnel : « Peut-être n’ai-je pas les codes ». Peut-être faut-il surtout changer les codes. Mais nous n’y sommes pas. Et la situation « tragique » dans laquelle nous nous trouvons sur le plan environnemental avance à pas pressés. Nicolas Hulot a eu le mérite de la poser sur la grande table publique, sans détour, avec tout le poids de sa popularité dans notre pays et de sa sincérité ce matin. Les raisons de l’échec sont structurelles nous dit Hulot. Alors il faut modifier du sol au plafond notre système démocratique, social, économique. En un mot, faire grandir et gagner la force politique qui porte ces ruptures.
      Clémentine Autain

      http://www.regards.fr/politique/article/demission-de-hulot-macron-perd-sa-pastille-verte#comments

    • J’ai écouté, dans le lien fourni au début, l’intégralité de l’entretien ; c’est un #grand_moment_de_radio

      À l’écoute, j’ai l’impression qu’en fait, il prend sa décision en parlant. Au tout début, à plusieurs reprises, on se dit «  il fait partie du gouvernement  ». Puis arrive le moment de «  l’examen de conscience  », où il passe en revue les «  choix  » qu’il a eus à faire — la série de questions auxquelles la réponse est invariablement " non " (décidément, le glyphosate, ça passe pas, le nucléaire on touche à rien et on laisse tourner les centrales, etc.), et, là, il se rend compte qu’il est en train de brûler ses vaisseaux. C’est le sommet de son émotion et c’est qu’il prend sa décision. Comme indiqué ultérieurement par L. Salamé, il n’était pas dans cet esprit avant l’interview. C’est en s’entendant qu’il se convainc. D’où la force du moment.

      Après, on passe plutôt dans un exercice de damage control, où il ressort les arguments rationnels qu’il a dû ressasser un bon nombre de fois depuis plus d’un an et où, surtout, il essaye de pas trop fâcher ses «  nouveaux amis  » du gentil gouvernement. Dont il est d’ailleurs plutôt facile de finalement ne leur reprocher que le #on_s'occupera_de_gérer_le_long_terme_quand_on_aura_fini_de_gérer_le_court_terme … prenant sur lui de n’avoir pas su impulser le changement nécessaire.

      Et c’est là que je me rappelle son métier d’origine : animateur télé qui descendait de son survol en ULM pour débarquer sur un plateau préparé par son équipe, mettre les pieds devant le feu de camp et titiller les émotions, la sienne, celle des participants et celle des spectateurs devant tant de grandiose beauté de la nature… Il sait toujours faire ça vraiment très bien et il nous (en tous cas, moi) embarque avec lui et lui-même avec.

      Sur le fond, je suis assez d’accord avec l’opinion d’@aude_v

      Pour finir, en écrivant ça, ça me fait penser à Sabine Paturel. Mais je ne voudrais pas troller…
      https://www.youtube.com/watch?v=gD7trwyPGKA

    • Nicolas Hulot ou l’histoire du « lobbyiste lobbyé » – Politique | L’Opinion
      https://www.lopinion.fr/edition/politique/nicolas-hulot-l-histoire-lobbyiste-lobbye-160311

      Hulot ou la double méprise : il n’était probablement pas à sa place dans un ministère, vacillant à chaque arbitrage défavorable. Et pas à sa place dans ce gouvernement, lui qui confesse désormais ouvertement qu’il voulait « changer de modèle économique ». Jusqu’à preuve du contraire, ça n’a jamais été la ligne du chef de l’Etat.

      Un point de vue de l’autre bord…

    • « Il n’était probablement pas à sa place dans un ministère, vacillant ... »

      «  L’équipe Macron commence le dénigrement ( bashing) de Nicolas Hulot. Des barbares . [Nicolas Beytout, à sa façon en est un également ! ] Et ça va s’amplifier. La suite sera glauque. Les Benalla de la communication présidentielle sont au travail .... »

    • Je ferais bien un recueil de citations de #Gorz_André en vis-à-vis du Verbatim. Il en sortirait à coup sûr ceci : un penseur de l’écologie politique qui sur le fond mouche un phénomène médiatique, qui sur ce plan réussit sa démission. Mais pour le reste... Il dénonce grave en s’excusant et en appelant au sursaut citoyen que son gouvernement écrase la où il existe. Et soucieux de garder de bonnes relations avec ceux qui représentent cette societe qu’il semble critiquer tout en admirant ses chantres. La vision de l’un et l’incohérence de l’autre...
      Par contre, ne négligeons pas de tenter de ramasser les quelques fruits de cette démission médiatique !

    • Il dénonce grave en s’excusant et en appelant au sursaut citoyen que son gouvernement écrase la où il existe .

      Tout à fait.

      J’ai l’habitude, mais ça me chagrine à chaque fois quand je lis que « personne ne propose de vraies solutions ». Le programme « L’avenir en commun » propose un nombre de choses allant dans le sens que vous décrivez, tous, là. Et plusieurs fois ces jours-ci, j’entends dire « aucun politique ne tient ce langage ». Quand il faudrait plutôt dire « aucun média de masse ne s’intéresse à ces problématiques et n’interroge les politiques sur ces problématiques en y passant le temps nécessaire ».

      Le Hulot, on ne nous en a parlé que pour les pailles en plastique... mais à côté de cela, il réfléchissait visiblement sur l’agriculture intensive en main d’œuvre (par exemple) et sur quelques autres sujets... Exactement comme « le politique peut tout s’il le veut bien », « le comité de rédaction peut parler de tout s’il le veut bien » lui aussi... ce qui permettrait d’avoir une vision plus complète de la réalité.

    • Dix ONG interpellent Macron : la démission de Hulot est « une invitation à changer de cap »

      Dans une tribune publiée jeudi, ces ONG rappellent à Emmanuel Macron que l’action en faveur de l’environnement « n’est plus une option mais une urgence ».

      Une démission, « symptôme d’une immense incompréhension ». La démission de Nicolas Hulot « est une invitation à changer de cap tout en osant rompre avec la facilité des Trente glorieuses et ’cinquante’ gaspilleuses » et « invite à un sursaut », écrivent ces ONG. Emmanuel Macron « aurait tort de mésestimer le symbole que représente cette démission surprise » qui est « le symptôme d’une immense incompréhension », conseillent-elles en observant que « la transition écologique n’est ni une promenade de santé ni un supplément d’âme pour politiciens sans imagination ».

      « L’action n’est plus une option ». « Face aux conservatismes qui s’expriment à tous les niveaux de l’Etat, la démission de Nicolas Hulot appelle un sursaut » et « nul doute (...) qu’Emmanuel Macron devra faire sien l’aphorisme de Pierre Mendès-France ’gouverner c’est choisir’ », insistent les signataires. « Face aux menaces climatiques, militaires et l’effondrement des écosystèmes, l’action n’est plus une option mais une nécessité, une urgence, une éthique », pressent ces ONG

      Le « en même temps » ne fonctionne pas, selon ces ONG. Selon elles, « la volonté d’Emmanuel Macron de ménager la chèvre écologique et le chou productiviste n’a pas contribué à créer la condition d’une politique écologique lisible et cohérente ». « En matière écologique, nous ne pouvons plus soutenir l’agriculture biologique et ’en même temps’ le glyphosate, la sobriété énergétique et ’en même temps’ le nucléaire, une redynamisation des centre-villes et ’en même temps’ (le mégacomplexe) Europacity et l’artificialisation des terres agricoles, la nécessaire préservation de la biodiversité et ’en même temps’ la baisse du prix du permis de chasse, la mise en oeuvre de la COP21 et ’en même temps’ la multiplication des projets autoroutiers, les fermes-usines et ’en même temps’ une agriculture paysanne, le libéralisme et ’en même temps’ l’écologie », énumèrent-elles.

      Les ONG signataires de la tribune : la Fondation pour la nature et l’Homme, Agir pour l’environnement, France nature environnement, Générations futures, les Amis de la Terre, Réseau sortir du nucléaire, Action des citoyens pour le désarmement nucléaire, Association pour la protection des animaux sauvages, Virage énergies et Société nationale de protection de la nature.

  • Automobile : les moteurs à essence bannis à Paris d’ici 2030, annonce Anne Hidalgo
    https://www.lopinion.fr/edition/politique/automobile-moteurs-a-essence-bannis-a-paris-d-ici-2030-annonce-anne-135777

    Anne Hidalgo a déclaré la guerre aux automobiles dans la capitale. L’édile socialiste a annoncé il y a déjà de cela plusieurs mois qu’à l’horizon …

  • « Emmanuel Macron est capable d’audace et de transgression » ; une "révolution énergétique a commencé sous l’impulsion de Nicolas Hulot", nous dit une tribune d’Edgar Morin (Sociologue et philosophe), LE MONDE | 21.02.2018

    Chacun possède une dualité, voire une multiplicité intérieure, mais certains personnages historiques sont remarquables par une dualité politique étonnante. Ainsi de Gaulle, à la fois rebelle et rassembleur national pendant la guerre, porté au pouvoir par l’Algérie française et renversant ses géniteurs putschistes pour reconnaître l’Algérie algérienne, politiquement rénovateur et socialement conservateur durant sa présidence.

    Pour comprendre Macron, je partirais d’un fait de vie privée qui traduit un choix de vie audacieux et une capacité de transgression extraordinaire : contre vents et marées et plutôt contre les obstacles des milieux conformistes bourgeois de province, il épouse sa professeure de lycée plus âgée que lui et déjà mère de deux enfants, et il assume cette transgression ouvertement tout au long de sa carrière.

    QUAND IL SE LANCE DANS L’AVENTURE PRÉSIDENTIELLE, IL TRANSGRESSE TOUTES LES RÈGLES DU JEU APPAREMMENT INAMOVIBLES DE L’ADOUBEMENT PAR UN PARTI
    Quand il se lance dans l’aventure présidentielle, il transgresse toutes les règles du jeu apparemment inamovibles de l’adoubement par un parti et il part aventureusement, créant de toutes pièces un rassemblement dynamique d’éléments captés dans les partis, qui s’en disloquent, ce qui, évidemment dans des circonstances favorables, le conduit à la présidence de la République. On peut dire qu’il y a du Bonaparte, du Boulanger, du de Gaulle dans cela, mais la différence est qu’il n’y a au départ aucun prestige ni gloire militaire, mais un jeune civil audacieux.

    Par ailleurs, une autre étonnante dualité réside dans le fait d’être un intellectuel littérairement et philosophiquement cultivé et un homme qui fait carrière aux antipodes de la philosophie, dans la banque et la finance.

    Hulot ou l’antagonisme au gouvernement

    D’où une autre dualité. Il remet à l’actualité le souci du grand destin de la France, se hausse au niveau de l’intérêt national supérieur, mais, en même temps, sa pensée politico-économique demeure totalement conforme au néolibéralisme et plus encore à la vulgate technocratique économique régnante dans les classes dirigeantes, comme chez ses prédécesseurs, fondée sur la compétitivité, les économies budgétaires, les faveurs aux entrepreneurs et les restrictions aux salariés, et respectant comme évident le pouvoir financier. Et lui-même a plusieurs fois affirmé sa conviction que la richesse nationale vient principalement des riches.

    Les cabinets ministériels sont truffés plus que jamais de jeunes technocrates qui ne voient le réel qu’à travers les chiffres. On arrive même à une contradiction entre sa pensée humaniste affirmée et le comportement concret du ministre de l’intérieur, des instances policières et judiciaires à l’égard des réfugiés.

    SUR NOTRE-DAME-DES-LANDES, IL NE SE RALLIE PAS À LA CONCEPTION DES ZADISTES, MAIS IL TRANSGRESSE LA VISION TECHNO-ÉCONOMIQUE DOMINANTE
    Enfin, Emmanuel Macron a instauré de lui-même, sinon une contradiction, du moins un antagonisme, au sein de son gouvernement, non tant en mêlant ministres issus de la gauche et de la droite, mais en y installant à une place noble [ministre de la transition écologique] Nicolas Hulot, symbole des problèmes écologiques devenus vitaux et d’une nouvelle politique.

    Cela dit, deux actes macroniens témoignent d’un début de transgression de la vulgate techno-économique. Le premier est la riposte à la décision du président Trump de renoncer à l’accord international sur le réchauffement climatique, dans le discours où s’énonce pour la première fois une pensée planétaire, « Make our planet great again ». Le second est dans le renoncement à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes où s’étaient cristallisées et radicalisées deux conceptions de la société. Il ne se rallie certes pas à la conception des zadistes, mais il transgresse, dans ce cas symbolique, la vision techno-économique dominante dont il était le promoteur.

    Une autre pensée économico-politique

    Va-t-il évoluer et passer de la transgression au renoncement, du renoncement à l’adoption d’une autre pensée économico-politique ? Cette autre pensée a déjà été formulée. C’est celle d’une grande politique de salut public, dont la révolution énergétique (qui a commencé sous l’impulsion de Nicolas Hulot) serait un premier élément, et comporterait une grande politique des villes visant à dépolluer et déstresser la vie urbaine, une grande politique des campagnes faisant régresser l’agriculture et l’élevage industrialisés, ravageurs des terres, dont les produits standardisés sont insipides et insanes, au profit de l’agriculture fermière, raisonnée, et bio.

    Lire aussi : Petite philosophie du macronisme

    L’une et l’autre politique auront besoin de main-d’œuvre, fourniraient du travail, feraient régresser le chômage, l’une et l’autre auraient un apport décisif à la santé publique et susciteraient d’énormes réductions dans les dépenses de pharmacie, de médecine, des hôpitaux.

    Enfin, ces deux volets politiques auraient besoin d’être complétés par un grand projet de solidarité qui oriente le service national annoncé des jeunes en service national de solidarité, qui opère la création dans tout le tissu urbain français des maisons de solidarité, qui effectue prêts ou subventions favorisant et stimulant toutes entreprises ayant un caractère d’entraide de secours et de solidarité.

    La transgression peut être une progression

    La promotion conjointe de responsabilité et de solidarité seraient elles-mêmes favorisées par une réforme profonde de l’éducation dont est capable le ministre en exercice, Jean-Michel Blanquer, qui enseignerait le mieux-vivre. C’est bien là la nouvelle voie qui permettrait à M. Macron de réaliser son aspiration profonde, qui est d’inscrire sa marque historique dans le destin national et d’infléchir le destin planétaire. C’est à cette ultime transgression, qui serait alors une grande progression, que le convient les forces vives du pays.

    Emmanuel Macron ira-t-il soit progressivement, soit par conversion rapide, vers un grand destin national, lequel est inséparable d’une grande politique, pas seulement extérieure, mais intérieure ? Autrement, il n’y aura pas de grande présidence. Au moment de conclure, une voix me dit que j’ai aussi mon double « je » :
    « Cet espoir est-il crédible ? N’est-il pas déjà trop installé dans son credo techno-économique ? N’a-t-il pas acquis définitivement le culte de la réussite et le dédain pour les laissés-pour-compte ?
    – Peut-être, je ne sais pas… Mais je sais qu’il est capable d’audace et de transgression. »

    Après Emmanuel Carrère et François Dosse (j’ai du en louper), une autre présentation du énième président des riches en intellectuel "complexe", de quoi raffermir un anti intellectualisme déjà bien présent dans l’hexagone.

    #com' #présidentialisme #carpettes

    • Emmanuel Macron : « Paradoxalement, ce qui me rend optimiste, c’est que l’histoire en Europe redevient tragique »

      Le président de la République, qui polit son image intellectuelle, a accordé un entretien à « La Nouvelle Revue française », dans lequel il revient sur la littérature et l’exercice du pouvoir. Extraits.

      LE MONDE | 27.04.2018 à 12h02
      Y a-t-il encore dans la politique quelque chose de « romanesque » ? C’est la question que pose La NRF dans son 630e numéro, à paraître au mois de mai. Pour tenter de répondre à cette question, le rédacteur en chef, Michel Crépu, et l’avocat et écrivain Alexandre Duval-Stalla ont confronté le chef de l’Etat, Emmanuel Macron, à son propre rapport à la littérature.

      Dans quelle mesure votre pratique de la littérature joue-t-elle avec votre travail de président de la République, concrètement, à travers vos contacts avec les dirigeants du monde entier ?

      Emmanuel Macron : Cela dépend des situations. Pour moi, le premier apport de la littérature est de m’avoir transmis certaines choses avant même que je les connaisse. J’ai connu les odeurs des fleurs d’abord chez Colette ou Giono avant de les respirer moi-même… Ma grand-mère m’a initié au premier Giono, celui de Regain et de Colline, au merveilleux Giraudoux que plus personne ne lit aujourd’hui, à Colette énormément. Ensuite, au cours de l’adolescence, il y a eu Gide et Camus. Proust et Céline sont venus après. Un livre comme Les Nourritures terrestres a été très important pour moi, en même temps que j’étais touché aussi par Camus. D’un côté, Gide l’intellectuel devenu sensuel, et de l’autre côté, Camus arrivant de la Méditerranée, avec son côté brut, minéral, devenant intellectuel engagé. Il y eut aussi René Char, pour la poésie.
      Ce que je veux dire, c’est que tout cela construit un cadre sensible et intellectuel qui demeure et qui influence le regard qu’on porte sur le monde. J’ai fait beaucoup de philosophie, mais c’est surtout la littérature qui m’a structuré, à la fois pour les « grands personnages » et le sens du détail. On se souvient de la phrase de Stendhal : « Au séminaire, il est une façon de manger un œuf à la coque qui annonce les progrès faits dans la vie dévote. » Cette façon d’esquisser à grands traits la fresque historique tout en étant capable soudain de ces détails minutieux qui disent tout de la grande aventure, voilà la littérature.
      Et les personnes ?

      Cela dépend. Avec un homme comme Vladimir Poutine, l’art, la musique, la littérature, l’histoire ont une résonance forte. Je l’ai constaté à Versailles récemment à travers la figure de Pierre le Grand. Angela Merkel est plus « scientifique » que littéraire dans son approche des choses, mais la musique a pour elle une grande importance. En Afrique, avec certains dirigeants ou dans certains cercles, cela joue un vrai rôle, car l’ombre de Senghor est toujours là et la francophonie nous questionne sur notre rapport avec le langage, donc avec les œuvres qui en sont faites.
      Mais en fait, l’aspect le plus décisif est le rapport aux Français. Il y a toujours deux choses au sein du pays, deux dimensions qui ne se confondent pas : l’exercice du pouvoir et l’incarnation du pays. Ces deux dimensions entrent en tension lorsque il n’y a pas une histoire, un drame, le sentiment pour la société d’une destinée qui se joue. Les Français sont malheureux quand la politique se réduit au technique, voire devient politicarde. Ils aiment qu’il y ait une histoire. J’en suis la preuve vivante ! Je suis très lucide sur le fait que ce sont les Français et eux seuls qui m’ont « fait » et non un parti politique.
      Du point de vue du système politique traditionnel, je suis une aberration. Si la politique se résumait à cette sorte de chimie qui fait son œuvre comme si de rien n’était, je ne serais pas là. En réalité, je ne suis que l’émanation du goût du peuple français pour le romanesque : cela ne se résume pas en formules, mais c’est bien cela le cœur de l’aventure politique. En somme, on est toujours l’instrument de quelque chose qui vous dépasse.
      Avez-vous ressenti cela au moment des funérailles de Johnny, qui incarnait symboliquement quasiment Victor Hugo, descendu de l’Arc de triomphe au Panthéon devant des millions de Parisiens ? Cela aurait amusé Jean d’Ormesson !

      Johnny, c’est encore autre chose que Jean d’Ormesson, où entrait la dimension d’hommage officiel. Johnny Hallyday, je le connaissais et je connais des admirateurs ; je savais qu’ils ne voulaient pas d’un discours. J’ai passé une nuit à l’écrire en sachant parfaitement que ce discours ne servirait à rien, que les gens n’en voulaient pas et surtout pas d’un discours du président de la République !
      Alors pourquoi ?

      Cela fait des décennies que le pouvoir politique est sorti de l’émotion populaire. Il faut considérer cela : l’émotion populaire se moque des discours. Le jour des obsèques, je savais très bien que la foule qui était là n’était pas acquise. Elle n’attendait pas un discours officiel. Elle était dans l’émotion brute du moment. C’est cette émotion que j’ai partagée avec la foule. Rien d’autre. Les gens ne vous reconnaissent comme un des leurs que si vous prouvez que vous êtes capable de partager leur émotion. Que vous ne les prenez pas de haut. Je ne sais pas si j’y suis arrivé, mais beaucoup sont venus me remercier pour ce que j’avais dit à ce moment-là. Encore une fois, il ne faut jamais oublier que vous représentez à la fois le pouvoir et la nation, ce sont deux choses qui vont de pair mais que l’on ne peut confondre. Cette dualité est constitutive de ma fonction.
      (…)
      Les intellectuels français éprouvent toujours à l’endroit du pouvoir une méfiance instinctive qui est tout à fait absente chez le Mauriac du « Bloc-notes » – il y a au contraire une jubilation à se confronter à la réalité politique…

      J’assume totalement la « verticalité » du pouvoir, qui croise l’horizontalité de l’action politique. J’assume les choix qui sont faits, et je hais l’exercice consistant à expliquer les leviers d’une décision : il y a un temps pour la délibération, un temps pour la décision, ils ne peuvent se confondre. Cela n’a rien à voir avec l’autoritarisme, car j’assume aussi de ne pas décider trop vite, de réfléchir, comme en ce moment sur les questions religieuses, par exemple. Il faut que les choses circulent. Que la société les mûrisse pour son compte. Mais il faut aussi faire attention à ce que le délibératif ne devienne pas de l’indéterminé. Le délibératif est une phase transitoire, il n’est pas le préalable au nihilisme.
      On a beaucoup accusé Mai 68 d’être à la source d’un mode d’indifférenciation…

      Mai 68 a été, voici cinquante ans, un moment de confrontation avec le pouvoir. Cela correspond à un instant historique qui avait ses fondements et son actualité alors. Aujourd’hui, nous vivons quelque chose de très différent dans le rapport entre la société et le pouvoir. Mai 68, ce fut un moment. Il est passé. Nous sommes dans une autre configuration.
      Quel est l’enjeu, aujourd’hui ? Quelle est la confrontation ?

      Le grand enjeu, c’est de sortir de l’insignifiance. Nous vivons depuis trente ans une forme de postmodernisme mal digéré. L’enjeu, c’est de retrouver la possibilité de construire, en assumant la part parfois univoque, unilatérale de toute décision.
      Qu’est-ce qui vous rend optimiste, si tel est bien le cas ? Et pessimiste ?

      Rien n’incite tant au pessimisme que le nihilisme qui partout menace, et qui conduit au cynisme, à l’absence de tout désir et de toute ambition. Paradoxalement, ce qui me rend optimiste, c’est que l’histoire que nous vivons en Europe redevient tragique. L’Europe ne sera plus protégée comme elle l’a été depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Ce vieux continent de petits-bourgeois se sentant à l’abri dans le confort matériel entre dans une nouvelle aventure où le tragique s’invite. Notre paysage familier est en train de changer profondément sous l’effet de phénomènes multiples, implacables, radicaux. Il y a beaucoup à réinventer. Et dans cette aventure, nous pouvons renouer avec un souffle plus profond, dont la littérature ne saurait être absente.
      Propos recueillis par Michel Crépu et Alexandre Duval-Stalla

      « Politique et littérature, l’énigme Macron »
      Pour l’écrivain et rédacteur en chef de « La Nouvelle Revue française », Michel Crépu, la vie politique et la littérature vont de pair en France. Et c’est pour connaître le rapport qu’entretient le président Emmanuel Macron avec les lettres que « La NRF » l’a interrogé.

      LE MONDE | 27.04.2018 à 12h02 | Par Michel Crépu (écrivain, rédacteur en chef de « La Nouvelle Revue française »)

      Tribune. En Amérique, le président jure sur la Bible, en France il pose devant la bibliothèque. Les reliures pourpres sont là, personne ne les lit jamais, mais il est essentiel qu’elles soient dans le champ visuel. Que l’on sache que l’esprit des lettres imprègne invisiblement la conscience du nouvel élu. Pour la photo officielle, l’actuel président Macron a joué d’une certaine ambiguïté, en laissant traîner sur le guéridon quelques Pléiades à peine identifiables. C’était une façon désinvolte de ne pas insister sans oublier l’existence des grands auteurs.
      En France, pour ce qui est de la politique et de la littérature, les choses sont allées de pair, de Joinville au général de Gaulle, dans une relation d’intimité complice, jusqu’à ce que le lien se défasse, faute de personnel. François Mitterrand, nous le savons maintenant grâce à la publication de sa correspondance avec Anne Pingeot, a gardé la littérature pour l’amour plus que pour la politique. Ses successeurs n’ont pas fait montre, de leur côté, d’ambitions particulières. En un sens, cela valait mieux.
      Chirac n’y pensait tout bonnement pas, Sarkozy par foucades débridées, Giscard au retour de la chasse, Hollande préférant la lecture du journal. Il faut remonter à Pompidou avant Jésus-Christ pour entendre Eluard à l’Elysée. Et Macron ? C’est le travail d’une revue de chercher à le savoir. D’où cet entretien, qui paraît aujourd’hui dans La NRF de mai 2018, cinquante ans après les événements fameux.
      On ne jure pas sur la Bible mais on fait un peu son Montaigne
      Du temps, pas si éloigné, où le principe d’une conversation avec le pouvoir était voué sur-le-champ aux gémonies, une telle chose était impensable. L’histoire politique de La NRF, riche en bouleversements idéologiques, montre pourtant combien, de Gide et Rivière à Paulhan, la politique a fait l’objet d’un intérêt passionné. L’époque des années 1930 se cherchait un centre de gravité, La NRF y joua sa partie. On touche là au vif de ce que représente aujourd’hui une revue telle que La NRF, avec beaucoup d’autres : arriver à nommer son temps, les figures et les idées qui l’animent. Ainsi, dans ce même numéro, un journal de bord de tournage par l’acteur Melvil Poupaud, voisine-t-il avec les perplexités présidentielles sur la future destinée romanesque du continent européen.
      Le roman a-t-il encore ses chances dans la politique mondiale ? Que signifie faire du cinéma ? Sans faire la prophétesse de malheur ni la bonimenteuse de paradis, La NRF choisit de voyager avec ces questions. Car l’espace d’une revue sert précisément à cela : voyager avec certaines questions qui valent mieux que d’autres. On ne jure pas sur la Bible mais on fait un peu son Montaigne : c’est mieux que vivre sous l’hypnose du mage Houellebecq. Dévider la bobine sans s’obséder d’avoir le dernier mot. « Nonchalant » de lui comme Montaigne l’était de sa propre mort. Après tout, la politique n’est-elle pas un autre nom du réel ? C’est aussi bien le cas de la littérature, expérience délicieuse et douloureuse à la fois de la contradiction illimitée.

      Intello en carton qui, par exemple, confond langue et langage.

      https://seenthis.net/messages/598516

      Le philosophe et le président
      FRANÇOIS DOSSE
      http://www.editions-stock.fr/livres/essais-documents/le-philosophe-et-le-president-9782234084483

      François Dosse : « La métaphore de la cordée permet à Emmanuel Macron de définir une forme originale de libéralisme »
      https://www.lopinion.fr/edition/politique/francois-dosse-metaphore-cordee-permet-a-emmanuel-macron-definir-forme-1362