Parc Kalliste, un château dans le désert

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  • Parc Kalliste, un château dans le désert | Emilien Bernard
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    Le décor est impressionnant, comme tiré d’un film. Mais les neuf tours du parc Kalliste, plantées à flanc de coteau au nord de Marseille, sont bien réelles. Tout comme le grand bâtiment baroque qu’elles encerclent. C’est ici que de jeunes professionnels du secteur médical ont décidé d’implanter leur projet, le Château en santé. Source : CQFD

    • Cette obsession de l’#accueil s’inscrit dans la raison d’être du Château en santé, qui privilégie une approche sociale de la médecine, basée sur le soin, loin de l’abattage ou des prescriptions à outrance. Certains des membres du projet ont ainsi participé au collectif Massilia Santé System, fondé en 2009, qui s’interroge sur l’éthique de la médecine moderne, dénonçant le lobbying pharmaceutique et les pratiques déshumanisées où le soignant est avant tout fournisseur d’ordonnances.

      « On refuse le modèle des consultations formatées de quinze minutes, avec prescription automatique de médicaments », explique Julien, autre généraliste. Et Ségolène de développer : « L’idée est de transformer le rapport au soin. Une consultation doit pouvoir s’étirer en longueur. On se retrouve d’ailleurs souvent à parler d’autre chose que de problèmes de santé, à évoquer le quotidien des patients. Évidemment, cela pose des questions. Jusqu’où on va ? Sachant que toutes les consultations ne peuvent pas durer une heure trente, avec la présence de traducteurs. Il y a un équilibre à trouver. »

      En première ligne, cette obsession : redonner aux habitants du quartier un certain pouvoir en matière de santé. Le médecin n’est ici pas envisagé comme un spécialiste imposant un traitement d’en haut en se focalisant sur des symptômes, mais plutôt comme un interlocuteur prenant en compte les conditions sociales des patients : travail, pauvreté, cadre de vie, etc. Une approche mettant en avant l’idée de « santé communautaire », ancrée dans un territoire et des luttes. Sur le long terme, l’idée est d’encourager les patients à fonder des groupes d’auto-support (de femmes, de migrants, etc.). Et à pallier collectivement l’absence de structures étatiques. Une forme d’éducation populaire, qui renvoie au fonctionnement du Château en santé. Car ici, tout est discuté, sans position hiérarchique figée. Pas de chef de clinique à l’horizon, simplement des collègues qui réfléchissent à l’amélioration d’un projet ambitieux [3].

      Et ça marche. Les habitants du quartier semblent ainsi unanimes : ce que font « ces petits jeunes » (appellation récurrente) est très bien, l’amorce de quelque chose. Ils ne sont d’ailleurs pas les seuls à lutter contre le désert. Juste à côté du château, un jardin partagé est en train de voir le jour, avec le soutien de plusieurs associations. Lors d’un récent barbecue en plein air organisé par les mains vertes, l’ambiance était à la reconquête. Ça causait écoles alternatives, initiatives militantes, reprise en main des espaces laissés à l’abandon. Avec pour parfait leitmotiv, ce commentaire asséné par un participant aux agapes, la bouche pleine de merguez : « De loin, on nous regarde comme un territoire à l’abandon, une zone de non-droit. Mais les gens ici sont pareils que partout : ils veulent vivre dans un cadre sympathique. Et on est prêts à se retrousser les manches pour y parvenir. »

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