L’épargne des Français placée dans le Livret A pourrait financer les réacteurs de nouvelle génération EPR2 (51,7 milliards) qu’EDF ne peut payer lui-même.
La relance de la construction de réacteurs nucléaires en France nécessitera plus de 50 milliards d’euros, hors coût du crédit. Ici l’EPR de Flamanville, dont la construction dure depuis 17 ans.
Ouest-France André THOMAS. Modifié le 09/02/2023 à 18h43 Publié le 09/02/2023 à 18h30
Tout est né de l’audition, le 10 janvier, à l’Assemblée nationale, d’Eric Lombard, le président de la Caisse des Dépôts, le pôle financier de l’État français (BPIFrance, Banque des Territoires, etc.), qui gère, entre autres, les 500 milliards versés par les Français sur le Livret A et autres livrets d’épargne populaire.
Comment « faire beaucoup plus » ?
Eric Lombard a assuré que la Caisse, déjà actionnaire de parcs éoliens, photovoltaïques et de barrages hydroélectriques, peut "faire beaucoup plus pour financer la transformation de notre appareil de production énergétique »."
Interrogé sur "la nécessité de relancer le nucléaire »," Eric Lombard a répondu : "nous réfléchissons, avec EDF et l’État, sur la façon de structurer son financement. Si le Parlement soutient le plan de développement énergétique, cela pourra se faire »."
Selon notre confrère Les Échos, une source au sein de l’État indique que "le Livret A est une des rares ressources qui permet de déployer des financements à très long terme, cela correspond assez bien au profil du nucléaire »."
Faire baisser le coût des réacteurs
Questionné par Ouest-France, le ministère de l’Économie assure que "plusieurs options de financement sont à l’étude » et que « rien n’est décidé », ce sujet n’étant « pas le plus urgent » dans la relance du nucléaire. Une décision est cependant envisagée pour 2023 selon Eric Lombard."
Les finances et la crédibilité dégradées d’EDF imposent de trouver ailleurs que dans ses caisses les 51,7 à 56,3 milliards prévus (selon aléas et hors coûts financiers) pour les six réacteurs de nouvelle génération EPR 2 qu’Emmanuel Macron veut voir entrer en service entre 2035 et 2043.
Le coût et la durée de construction des réacteurs nucléaires (9 ans en moyenne, au moins 17 pour l’EPR de Flamanville) entraînent des frais financiers si lourds qu’ils pourront faire varier le coût de production du mégawattheure d’un EPR2 de 40 à 100 € selon que le coût du capital sera proche de 1 % ou de 7 %.
Solliciter l’épargne du livret A permettrait de bénéficier d’un crédit bon marché auprès d’un prêteur riche et docile. Reste à voir la réaction des 55 millions de titulaires de livrets A, dont l’image est attachée au financement du logement social et non à celui d’une filière nucléaire controversée.
À l’Union sociale de l’habitat (USH), qui fédère les organismes HLM, on se refuse à tout commentaire.