« Titanic nucléaire » : la première centrale flottante a quitté la Russie
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La première centrale nucléaire flottante du monde, exploitée par le géant russe Rosatom, a quitté le port de Saint-Pétersbourg, samedi. Sous l’œil des écologistes inquiets pour l’Arctique.
Elle s’appelle L’Akademik Lomonosov et c’est la première centrale nucléaire flottante du monde. Cette innovation exploitée par le géant Rosatom, contrôlé par l’État russe, a quitté le port de Saint-Péterbourg, samedi.
Direction Mourmansk, où elle sera chargée en combustible et testée. En 2019, elle devrait être remorquée jusqu’à Pevek son emplacement définitif, situé à 5 000 km de là, pas très loin de l’Alaska.
Les riverains de la mer Baltique ont vu partir cette usine avec soulagement. Greenpeace l’a baptisée « Titanic nucléaire » ; la Norvège s’y oppose depuis 2013. En juillet, elle a obtenu que les deux réacteurs nucléaires KLT-40 ne soient alimentés en uranium qu’après avoir franchi ses 83 000 km de côtes.
À Saint-Péterbourg, ce fut aussi le soulagement pour les cinq millions d’habitants, dont beaucoup ont signé la pétition relayée par l’écologiste Alexander Nikitin, de la fondation Bellona. Cet ancien officier russe est aussi inquiet pour l’environnement fragile de l’Arctique.
Il rappelle que les fonds marins de la baie de Chazhma, près de Vladivostok, dans le Pacifique, sont toujours contaminés après le ravitaillement d’un sous-marin nucléaire qui a mal tourné, en 1985 : « L’explosion a aussi tué dix personnes et n’a été révélée qu’en 1993 ».
Alexei Likhachev, le patron de Rosatom, se veut rassurant. On n’est plus à l’époque soviétique. Il ne faut pas faire fuir la quinzaine de pays déjà intéressés, tels la Chine, l’Algérie, l’Indonésie…
« Ces centrales flottantes sont dangereuses, insiste Jan Haverkamp, expert nucléaire de Greenpeace pour l’Europe centrale et orientale. Elles ont une coque à fond plat, pas de propulsion et seront basées dans des eaux peu profondes, ce qui les rend particulièrement vulnérables aux tsunamis et aux cyclones. »