Manal Issa, candeur nature
Par Julie Brafman — 10 mai 2018 à 20:06
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Dans l’inépuisable série des hasards qui mènent au tapis rouge, cette histoire-là est savoureuse : une élève de l’Institut des sciences et techniques de l’ingénieur à Angers (Istia) est repérée sur Facebook par une réalisatrice insatisfaite des castings. Elle devient actrice, est nommée révélation aux césars, ne s’arrête plus de tourner. « C’était une photo banale, je faisais un câlin à un arbre, rigole Manal Issa. Quand j’ai reçu le message du producteur, je me suis dit "c’est bizarre" et puis "bon, j’essaie". » Comme un clin d’œil, le film était intitulé Peur de rien… Trois ans plus tard, elle est à Cannes pour Mon Tissu préféré de la réalisatrice syrienne Gaya Jiji. Elle campe Nahla (rôle pour lequel elle a pris 12 kilos « en m’empiffrant de chocolat »), une jeune femme syrienne secrète et renfrognée, qui erre entre fantasmes d’ailleurs et désir de rien.
« On pourrait penser que c’est prétentieux mais quand j’ai lu le scénario, je me suis dit qu’il n’y avait que moi pour faire ce rôle. Il est tellement intérieur, tellement différent de ce qu’on voit au cinéma. Nahla n’a de comptes à rendre à personne, elle s’en fout. » Nahla, c’est une moue boudeuse entourée de deux joues rondes, des robes aux couleurs fanées et peu de mots. Manal Issa est l’inverse : fluette et dynamique, rigolote et un peu paumée.