L’art de la caricature - Entre caricature et anticipation, la Parisienne définie par Albert Robida (1848-1926)

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  • L’art de la caricature - Entre caricature et anticipation, la Parisienne définie par Albert Robida (1848-1926) - Presses universitaires de Paris Nanterre
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    « La Parisienne d’après-demain » est une figure originale à laquelle Albert Robida donne naissance par le texte et l’image dans les pages du Vingtième Siècle1, récit utopique publié en 1883, souvent annexé à la science-fiction car se déroulant en 1952, c’est-à-dire dans un futur distant de soixante-dix ans de la date de publication. Dans cet ouvrage, paru chez Georges Decaux, petit éditeur parisien spécialiste des revues illustrées, Robida s’appuie sur une caricature de la société des années 1880 pour présenter l’organisation de la Ville lumière en 1952, modernisée, agrandie et transformée, devenue une capitale tentaculaire qui s’étend jusqu’à Rouen, où s’affairent de nombreux habitants, notamment la Parisienne, figure aussi incontournable qu’emblématique. Un prospectus destiné à la promotion du Vingtième Siècle décrit les rôles sociaux qui s’offrent à la jeune protagoniste qui, « ayant obtenu tous ses droits politiques, est électrice et éligible [peut prétendre aux titres de] notaresse, doctoresse, pharmacienne, avocate » et se trouve admise « à toutes les fonctions publiques2 ». Sous couvert d’anticipation, Robida déploie dans ce livre une mise en scène des désirs et des craintes de ses contemporains face à l’avenir et, notamment, face aux changements dans la structure de la société qui se profilent au tournant du siècle.

    2Le portrait de la Parisienne, femme émancipée au centre de ces mutations urbaines et sociales, apparaît sur les couvertures des éditions du Vingtième Siècle qui se succèdent entre 1883 et 1900. Pour chaque édition, Robida conçoit une nouvelle composition et, chaque fois, un changement de parti pris l’amène à présenter « La Parisienne d’après-demain » sous un angle différent.

    • J’aime beaucoup « notaresse » à l’instar de « mairesse » en usage jusque dans les années 1980, signe d’un temps où il fallait marquer la féminisation (transgressive) de la fonction . Aujourd’hui on dit « la maire » et « la notaire » tout simplement et ça me semble un signe positif, à peine perceptible certes, mais néanmoins significatif d’une évolution de fond.
      Robida apparait visionnaire sur le statut des femmes ; étonnamment l’anticipation semble plus difficile sur le plan vestimentaire : il ne semble pas avoir imaginé que par exemple, femmes et hommes sortiraient « têtes nues » (sans chapeaux) ! A moins que ce ne soit qu’une concession faite à son lectorat pour permettre l’identification.
      La dernière illustration, me laisse imaginer qu’il avait aussi anticipé la domination de la femme sur le porc, mais ça ... peut-être encore 70 ans après 1953 ?

    • « Robida apparait visionnaire sur le statut des femmes » Ah bon ? Il m’apparait plutot comme un misogyne assez classique.

      Les planches qui se moquent des femmes notaires, avocates, medecines sont commune à l’époque. Si les suffixes en -esses" sont abandonnées en français c’est parceque le féminin est marqué de ridicule. On a le meme problème avec « écrivaine » qui sois disant sonne comme « vaine » alors que « écrivain » c’est tout aussi « vain » mais personne ne fait cette rime, on la reserve au féminin. Du coup dire « la maire » je trouve moin bien que « la mairesse » car ca efface le féminin ne le laissant que dans l’article.

      La dernière planche m’a fait pensé à balance ton porc aussi sauf qu’elle ne balance pas mais monte dessus (domine comme tu dit) et le porte (les premier·es porteur·euses du cortège sont des femmes sur le dessin). J’imagine plutot Catherine Deneuve et ses amies Millet, Sastre ect par rapport à ce dessin. Mais je voie pas trop où les « la fâme » dominent les porcs en 2018, avec 15% de salair en moins, et un harcelement sexuel contre elles généralisé et normalisé. D’autre part la pornographie ne permet pas à « la fâme » de dominé. Les prostituées actrices ne deviennent ni riches ni puissantes et la violence contre les femmes augmentent, en particulier chez les jeunes. Par exemple en ce moment j’ai lu que c’est la mode des étranglements de femmes, la dernière lubie du porno et de ses amateurs.