• #Précarité_alimentaire : « Les a priori sur les pauvres représentent un frein politique puissant »

    La crise liée à l’#inflation met en lumière la réalité de millions de personnes qui dépendent de l’#aide_alimentaire. Benjamin Sèze est l’auteur de “Quand bien manger devient un luxe” (Les Éditions de l’Atelier, 2023), une enquête fouillée sur la réalité de la précarité alimentaire en #France. Interview.

    « Ça ne coûte pas plus cher de bien manger », disait la réclame de Casino. Un slogan publicitaire, mais aussi une idée reçue démontée pied à pied dans l’ouvrage de Benjamin Sèze, “Quand bien manger devient un luxe. En finir avec la précarité alimentaire”, (Les Éditions de l’Atelier, 2023) : https://editionsatelier.com/boutique/accueil/372-quand-bien-manger-devient-un-luxe--9782708254114.html

    Alors que l’inflation des #prix de l’#alimentation culmine à plus de 21 % sur deux ans, cette enquête jette une lumière crue sur les millions de personnes qui dépendent de l’aide alimentaire. Mais aussi sur celles qui ne peuvent se nourrir comme elles le souhaiteraient.

    Ce livre invite à changer de regard sur l’aide alimentaire et sur l’accès à une alimentation saine et durable. Il envisage également de véritables #politiques_publiques « pour en finir avec la précarité alimentaire ». Interview.
    Inflation, hausse du nombre de bénéficiaires… Récemment, les Restos du cœur ont tiré la sonnette d’alarme. Doit-on lire cette séquence comme un épiphénomène ou comme le révélateur d’une crise plus profonde ?

    À chaque crise, il y a une montée de la précarité alimentaire. Il y a à la fois une augmentation des ménages concernés qui, du fait d’une baisse des revenus ou d’un accroissement des charges, se retrouvent pris à la gorge. Mais il y a aussi une montée de l’intensité de la précarité pour les ménages qui sont déjà en difficulté. On ne peut pas seulement parler de nouveaux pauvres. Cette crise révèle des situations de précarité existantes qui se sont intensifiées.
    Dans votre ouvrage, vous mettez en exergue le fait que des millions de personnes dépendent de l’aide alimentaire. Un pourcentage en augmentation depuis 15 ans…

    Oui, même depuis 30 ans. Les chiffres peuvent différer, mais, aujourd’hui, on sait qu’on est au moins autour de 5 millions de personnes qui dépendent de l’aide alimentaire.

    Le dernier chiffre sur l’insécurité alimentaire porte le nombre de personnes concernées à 8 millions. On ne parle pas que des personnes qui recourt à l’aide alimentaire, mais aussi des personnes qu’on considère en situation d’insécurité alimentaire par rapport à certains critères.

    À partir de là, on se rend compte que l’aide alimentaire va bien au-delà des personnes les plus marginalisées de notre société. Le public de l’aide alimentaire, c’est un peu monsieur et madame tout le monde. Ce sont les étudiants précaires de la classe moyenne, le travailleur précaire, le chômeur de longue durée, la mère seule, le petit retraité…

    Pour beaucoup de personnes, c’est une aide qui est pérenne depuis plusieurs années et parfois jusqu’à la fin de leur vie. Je pense aux retraités, il y a des femmes qui ont travaillé avec de petits salaires, en temps partiel, et qui se retrouvent avec des pensions d’environ 700 euros.

    Nous sommes complétement sortis de l’objectif initial de l’aide alimentaire qui, dans les années 80, était celui d’une aide d’urgence, ponctuel. Nous sommes arrivés à un système d’approvisionnement parallèle au marché classique pour des millions de personnes en France.
    Est-ce le résultat de choix politiques ?

    C’est la résultante de choix et de non-choix politiques. L’existence de ce système caritatif repose sur quatre grands acteurs que sont les Restos du cœur, la Croix rouge, le Secours populaire et les banques alimentaires.

    Aujourd’hui, l’État se repose sur ce système qui est porté par des acteurs associatifs qui, eux-mêmes, dépendent du bon vouloir des citoyens de donner de l’argent ou de s’engager bénévolement pour pouvoir assurer le fonctionnement de ces structures.

    De ce fait, les gouvernements successifs n’ont entamé aucune réflexion politique sur la lutte contre la précarité alimentaire. L’État se contente de soutenir ces acteurs à coup de millions d’euros.

    Mais c’est aussi la résultante de choix politiques, dans la mesure où depuis sa création, au milieu des années 80, le système d’aide alimentaire a eu d’autres finalités que sa finalité sociale. Dès le début, l’aide alimentaire a servi à écouler les stocks de produits agricoles stockés par les États pour éviter que les prix agricoles ne s’effondrent.

    Avec la politique agricole commune (PAC), on a demandé aux producteurs européens de surproduire avec le risque que les cours des produits agricoles ne s’effondrent en même temps que le revenu des agriculteurs. Pour éviter cela, les États achetaient le surplus.

    La création de ce système d’aide alimentaire a donc été une opportunité d’écouler ces stocks et de faire une politique anti-gaspillage de ces stocks et une politique de maintien des prix agricoles.

    Ensuite, l’aide alimentaire a été détaché de la PAC, mais on l’a remplacée par un autre objectif, celui de la lutte contre le gaspillage de l’industrie agroalimentaire. Depuis la loi “Garot” de 2016, les supermarchés sont obligés de se mettre en lien avec des associations pour distribuer leurs invendus et éviter le gaspillage alimentaire.
    Quelles sont les limites de cette politique ?

    Il permet la non-réflexion sur la surproduction et le gaspillage de l’industrie agroalimentaire. Mais ça pose aussi un certain nombre de problèmes en termes de qualité de l’alimentation et d’adéquation par rapport aux besoins des personnes.

    On sait que l’aide alimentaire est une nourriture essentiellement de mauvaise qualité nutritionnelle. Les maladies liées à une mauvaise alimentation sont surreprésentées parmi le public de l’aide alimentaire.

    Ça pose également un problème de dignité. Comment s’envisage-t-on en tant que citoyen quand, pour remplir un besoin aussi primaire que celui de se nourrir et de nourrir sa famille, on dépend du don des autres, des invendus des supermarchés, donc de ce que les autres n’ont pas voulu acheter ?
    Vous le soulignez dans votre livre, la précarité alimentaire ne concerne pas seulement les personnes qui ont recours à l’aide alimentaire…

    Selon une étude du Crédoc, une personne sur deux se débrouille sans l’aide alimentaire. Aujourd’hui, on se rend compte qu’il y a deux fois plus de personnes en précarité ou en insécurité alimentaire que de personnes qui recourt à l’aide alimentaire.

    Il y a différentes raisons à cela. Certains ne rentrent pas dans les critères pour s’inscrire à la distribution de colis. D’autres ne sont pas informés ou sont trop éloignés des points de distribution. Il y a aussi, plus simplement, des questions de dignité. Un refus de perdre sa liberté, son autonomie dans son alimentation, devoir aller dans un lieu stigmatisant, bénéficier du don des autres pour se nourrir…

    Beaucoup de personnes préfèrent s’en passer et utilisent d’autres stratégies. On va être là dans de la privation, l’aide de proches et le recours à une alimentation à bas coup, souvent de mauvaise qualité.

    Olivier de Schutter (ancien rapporteur pour le droit à l’alimentation, à l’ONU, NDLR) regrette que l’aide alimentaire et l’alimentation low cost servent de substitut à des politiques sociales plus protectrices. L’État se repose sur ces deux piliers. Il y a l’idée que pour les gens qui ont peu de moyens, il existe toute une gamme de produits à bas coût. L’idée que le marché est bien fait.

    Sauf que c’est une illusion. On ne prend pas en compte le fait que des millions de personnes sont contraintes dans leur alimentation. Elles sont obligées d’acheter des produits qui ne correspondent ni à leurs besoins ni à leurs goûts et qui, objectivement, ne sont pas bons pour elles.
    Dans votre livre, vous battez en brèche l’idée qu’il y aurait des « goûts de pauvres ». Récemment, dans les colonnes de Ouest France, Olivia Grégoire, la ministre chargée des PME, du commerce, de l’artisanat et du tourisme, appelle à réintroduire des cours de cuisine à l’école pour lutter contre l’inflation alimentaire. Qu’est-ce que cela vous inspire ?

    La question de l’éducation à une meilleure alimentation n’est pas une mauvaise idée en soi, mais elle le devient quand elle ne concerne que les précaires. Elle est inefficace pour énormément de ménages en situation de précarité alimentaire qui n’ont absolument pas besoin d’être éduqués. Par ailleurs, elle est stigmatisante.

    Depuis 20 ans, les questions sur les pesticides, les OGM, l’obésité infusent dans le débat public. Aujourd’hui, tout le monde est plus ou moins au courant de ce qu’est une alimentation saine et durable et des intérêts d’une telle alimentation.

    Par ailleurs, il y a une étude du Crédoc qui montre que les plus gros consommateurs de produits sucrés sont les CSP+. Sauf qu’ils consomment par ailleurs autre chose. Le problème de la précarité alimentaire, c’est surtout la non-consommation de certains produits comme les fruits et légumes.

    Les a priori sur les pauvres représentent un problème, un frein politique puissant. S’ils sont pauvres, ils sont présumés irresponsables, mauvais gestionnaires et fainéants. À partir de là, ça oriente la réflexion politique. Il s’agira de faire des dons en nature et pas en liquide au risque que les pauvres achètent des écrans plats.

    Les préjugés sur les pauvres, c’est aussi ce qui justifie l’aide alimentaire. À partir du moment où on considère que les pauvres sont responsables de leur situation, on ne se questionne pas sur les raisons de la pauvreté et sur les dysfonctionnements de notre société. On n’a pas de réflexion systémique, on envisage la pauvreté comme une espèce de verrue sur un corps sain, comme une anomalie dans un système qui fonctionne, un monde à part.

    Donc, on n’est pas choqués que pour ces gens-là les règles ne soient pas les mêmes. On n’est pas choqués que ces gens-là doivent dépendre du don des autres pour pouvoir manger. Par contre, on est choqués quand il refuse les produits qui ont atteint la date de péremption. On est choqués quand les associations refusent des lasagnes à la viande de cheval.
    À quoi pourraient ressembler des politiques publiques de lutte contre la précarité alimentaire ?

    Il y a de nombreuses pistes de réflexions. La précarité alimentaire est souvent le produit d’autres formes de précarité. C’est-à-dire que l’alimentation est une variable d’ajustement, comme le chauffage, quand le budget est trop serré.

    Une politique de lutte contre la précarité alimentaire ne vise pas forcément l’alimentation. Ça peut passer par une hausse des minimas sociaux, une augmentation des bas salaires. Ça peut être des politiques publiques de protection sociale qui vont aboutir à améliorer les conditions d’alimentation des ménages.

    À Grande-Synthe, ils ont mis en place Minimum Social Garantie (MSG). Une aide de la commune pour compléter le revenu des ménages qui n’atteignent pas le seuil de pauvreté. Après une évaluation, ils se sont rendu compte que cette augmentation de revenu, pour la plupart, partait dans l’alimentation.

    La stratégie de l’aide financière est intéressante, elle permet de redonner de l’autonomie et de la liberté aux ménages dans leur consommation alimentaire. Lever une première contrainte de l’aide alimentaire qui n’est pas des moindres sur les questions de dignité et puis mettre en adéquation l’alimentation par rapport à ses besoins.

    Il pourrait aussi y avoir une politique incitative sur la structure de l’offre alimentaire. Sur la structure de l’offre des supermarchés, sur les recettes des industriels qui transforment les produits… Sur les questions de santé, il y a des recommandations en fixant des taux minimaux en gras, en sel, en sucre dans les produits. Ce sont seulement des recommandations. Sur la fiscalité, en taxant les produits de trop mauvaises qualités, mais avec le risque de pénaliser les précaires si rien n’est proposé à côté. Avec les aides, on peut favoriser la production de produits sains et durables

    Mais on en est bien loin d’une vraie réflexion politique… Pour le trimestre anti-inflation, le gouvernement n’a même pas réuni un collège de spécialiste de la santé pour déterminer des produits de bases sur lesquels baisser les prix. Le gouvernement à laisser ça au libre choix des enseignes qui ont décrété ces panels selon leurs propres critères. Ça a été plus ou moins rectifié, mais les premiers paniers ne comportaient même pas de fruits et légumes. Par contre, il y avait des sodas et des produits ultra-transformés.

    https://www.bondyblog.fr/opinions/precarite-alimentaire-les-a-priori-sur-les-pauvres-representent-un-frein-p
    #alimentation #préjugés #pauvres #pauvreté

  • Lopmi : « On observe un déploiement de moyens différent de celui réservé à la criminalité organisée » | Héléna Berkaoui
    https://www.bondyblog.fr/opinions/interview/lopmi-on-observe-un-deploiement-de-moyens-qui-nest-pas-le-meme-que-celui-r

    La loi de programmation et d’orientation pour le ministère de l’Intérieur (Lopmi) est en cours d’adoption. Plusieurs dispositions du texte, telles que les amendes délictuelles forfaitaires, sont décriées par les professionnels. Évelyne Sire-Marin de la Ligue des droits de l’homme fait le point sur les dangers de ce texte. Source : Bondy Blog

  • Juppé, mensonges et génocide : retour sur une séquence - Bondy Blog
    https://www.bondyblog.fr/opinions/billet-dhumeur/juppe-mensonges-et-genocide-retour-sur-une-sequence

    Je me rappelle, j’étais assez stressé, j’avais 15 ans à l’époque, bientôt 16. Puis je prends le micro : « Bonjour monsieur Juppé, il y a 21 années de cela vous avez été ministre des affaires étrangères sous le gouvernement Balladur. J’ai ici un livre de Patrick de Saint-Exupéry qui dit que l’opération Turquoise était biaisée dès le début, du fait que le pouvoir politique a envoyé notre armée dans un piège. Le pouvoir politique monsieur Juppé c’était vous à l’époque. Donc comment être sûr que votre politique internationale en tant que président de la République si vous le devenez sera différente de celle en tant que ministre des affaires étrangères ? »

    Alain Juppé répondit en disant : « C’est pour moi un sujet extrêmement sensible et douloureux. Il m’arrive rarement de perdre mon sang froid mais sur ce sujet là ça m’arrive parfois. Parce que je trouve que le procès qui est fait à la France, y compris par l’auteur que vous citez, est scandaleux. Je n’hésite pas à dire que c’est une falsification historique, l’idée que la France aurait été complice du génocide perpétré contre les Tutsi par les Hutu est une falsification historique. L’opération Turquoise a eu pour effet de sauver des centaines de milliers de vies, c’était une opération humanitaire qui ne visait pas à prendre partie d’un côté plutôt que de l’autre mais à protéger les populations. Ne simplifions pas l’histoire et ne faisons pas porter à la France un chapeau qui n’est pas le sien. »

  • [vidéo] Meeting contre les lois séparatisme et sécurité globale
    https://www.bondyblog.fr/opinions/tribune/meeting-en-live-contre-les-lois-separatisme-et-securite-globale

    Live animé par le collectif du 10 Novembre contre l’islamophobie pour évoquer les enjeux des lois contre le séparatisme et pour la sécurité globale. Avec : Me Guez Guez (avocat du CCIF), les représentantes de l’association Lallab, le chercheur Omar Slaouti, Youcef Brakni (membre du collectif Adama), et d’autres personnalités pour mieux comprendre ce qu’il se passe autour de ces deux projets de loi. Durée : 1h50. Source : Bondy Blog

  • Aucune lutte ne réussit dans l’humiliation - Bondy Blog
    https://www.bondyblog.fr/opinions/aucune-lutte-ne-resiste-dans-lhumiliation

    Psychologues, chercheurs∙ses et études sont venu∙es confirmer l’impact des vidéos montrant des violences policières contre nos corps Noirs sur notre psyché : anxiété, dépression, peur de sortir, troubles du sommeil et de l’appétit, sentiment de peur démultiplié lorsqu’en contact avec la police… c’est-à-dire des troubles du stress post-traumatique.

    Alors que beaucoup d’entre nous se retrouvent dans un état de trauma renouvelé, nos collègues de travail n’ont eux, la plupart du temps pas vécu ces meurtres comme des actes de terreur les visant indirectement. Ils n’ont pas été traumatisés. Si ce n’avait pas été pour les propriétés qui ont brûlé, beaucoup en Europe ne savaient en réalité pas ce qu’il se passait et ne s’en seraient pas souvenu. Cela nous pousse soit à internaliser nos peines, soit à nous exposer aux sanctions et aux contrôles lorsque nous parlons. Nous sommes alors jugés peu professionnel∙les.

    Pourtant, dès qu’il s’agit de dénoncer la violence raciale infligée à des personnes Noires, nous nous retrouvons avec des images humiliantes qui circulent (en mer Méditerranée qualifié∙es de migrant∙es, en Libye qualifié∙es d’esclaves, dans les vidéos de violences policières bientôt qualifié∙es de criminel∙les). Son caractère systématique en montre la fonction raciale.
    L’humiliation comme outil de domination raciale

    Les images de lynchages étaient des cartes postales, les images de nos corps de femmes colonisées s’échangeaient entre les colons et en Europe, les films de propagandes coloniaux, les zoos humains, ont largement servi à justifier aux yeux du monde se définissant comme blanc la mission civilisatrice mise en branle. La duplicité de l’ordre racial, qui se réclame d’une supériorité des valeurs morales (humanisme, universalisme, civilisationisme, humanitarisme, féminisme etc.) pour justifier son usage monopolistique de la violence, est construite en grande partie par l’image. Montrer nos corps humiliés fait de nous des corps humiliables.

    Depuis 10 ans, filmer la police dans sa violence est l’un des outils que beaucoup d’entre nous ont utilisé comme protection dans beaucoup de situations. La mort de George Floyd a été filmé par une jeune femme Noire de 19 ans. La mort de Breonna Taylor n’a pas été filmée alors qu’elle se faisait tuer par la police, de plusieurs balles, dans son lit, chez elle, alors qu’elle dormait. Beaucoup de familles de victimes en France aimeraient pouvoir appuyer leur réclamation de justice de vidéos (celles de Lamine Dieng, Zineb Redouane, Wissam El Yamni, Babacar Gueye, Gaye Camara, Ibrahima Bah, Adama Traoré et trop d’autres). Nous savons que ce qui est filmé n’est qu’une portion congrue de la violence qui est exercée contre nos corps et lorsque nous parlons d’instruments de lutte contre les violences policières, nous conseillons toujours de filmer. Filmer est devenu un nouvel instrument nous permettant de rendre visible ce qui avant été caché, avec l’espoir que ces violences étaient perpétuées parce que cachées.

    Puisque nous savons que les images de meurtres par des policiers de personnes Noires sont traumatisantes, il nous faut nous demander : en quoi cela sert-il la lutte ? Et plus centralement, pour celles et ceux d’entre nous, comme moi, qui refusent d’utiliser des instruments nous traumatisant comme stratégies de lutte : comment continuons-nous à nous battre pour la justice et la liberté sans mobiliser des techniques qui nous retraumatisent ? Comment répondons-nous aux actes de terreur à notre encontre ?

    Il nous faut refuser, à la suite d’Audre Lorde, d’utiliser les outils de maître, pour lutter contre les actes de terreurs perpétrés à notre encontre. Alors que pouvons-nous faire ?
    Contrôler l’usage que nous faisons des images de nos corps

    Se préparer à faire le deuil

    Diminuer la présence de la police dans nos vies

    Penser un avenir sans police, ni prison

    Laurence MEYER

    #police #violence #corps_noirs #personnes_racisées #racisme

  • Si vous saviez, vous nous signaleriez ? - Bondy Blog
    https://www.bondyblog.fr/opinions/tribune/si-vous-saviez-vous-nous-signaleriez

    Nous sommes des femmes et des hommes qui pouvons être considérés comme des musulmans pratiquants. Des détenteurs de signaux faibles. Cette pratique peut se traduire de plusieurs manières différentes mais elle a en commun d’être prégnante dans notre quotidien. [...] Nous sommes votre collègue, votre ami, votre supérieur hiérarchique, votre employé, votre voisin. Vous nous croisez en faisant vos courses, dans des réunions de quartier, au sein d’associations, lors de sorties scolaires, dans vos clubs sportifs. Tel est notre quotidien dont nous parlons rarement car ces pratiques, quotidiennes, si elles sont visibles relèvent de l’intime. Des pratiques qui demain, pourraient nous incriminer ?
    La vraie question c’est maintenant que vous le savez, vous nous signaleriez ?

    #signauxfaibles #racisme #islamophobie

    • pris aussi dans la diachronie , coincés dans ce qu’ils sont et démesurément dans ce plus qu’ils invoquent en recours alors que peut etre la comédie a assez duré ! l’histoire aussi laisse des shémas mémoriels ! combien de temps pour les estomper ?

    • elle a en commun d’être prégnante dans notre quotidien. ? pas de problème ! il semble que ce ne soit plus pareil quand elle se met à avoir en commun d’etre prégnante dans notre quotidien

  • [Aujourd’hui c’est la] journée mondiale des réfugiés, pour célébrer l’indigne.

    « ... je ne peux m’empêcher de penser que cette journée décrétée en 2000 par une résolution de l’ONU /.../ amène à une célébration de mauvais goût lorsque l’on constate le durcissement de la politique migratoire en France et partout dans le monde. »

    Plus de 65 millions de personnes vivent loin de chez eux, un réfugié sur deux serait un enfant, un grand nombre de ces personnes vivent dans des pays frontaliers aux leurs et ne pourront jamais parvenir aux portes de l’Europe. En France, l’année dernière, seulement 46 000 personnes ont trouvé protection en France, mineurs isolés compris. Je ne suis pas très bonne en maths, mais je crois qu’on est loin de l’envahissement rabâché par les politiques.

    Barbara Allix, juriste, spécialiste du droit des étrangers, signe l’edito d’un Bondy Blog spécialement consacré au sujet : https://www.bondyblog.fr/opinions/billet-dhumeur/une-journee-mondiale-des-refugies-histoire-de-celebrer-lindigne
    #JournéeMondialeDesRéfugiés #RefugeesDay #RefugeesWelcome

  • Decathlon et le hijab : la France est-elle devenue folle ? | Ilyes Ramdani
    https://www.bondyblog.fr/opinions/decathlon-et-le-hijab-la-france-est-elle-devenue-folle

    Ce mardi 26 février, une polémique nourrie par des responsables politiques de La République en marche et du parti Les Républicains ont amené Decathlon à renoncer à commercialiser un « hijab de running ». Loin d’être anecdotique, cet événement en dit long sur la névrose d’une frange de la société française autour de l’islam et du voile. Source : Bondy Blog

  • Hommage à Brigitte Lainé, l’infatigable conservatrice de notre mémoire
    Bondy Blog - Le 11/11/2018
    https://www.bondyblog.fr/opinions/tribune/hommage-brigitte-laine-linfatigable-conservatrice-de-notre-memoire

    Le 8 novembre 2018, Brigitte Lainé était inhumée dans sa ville, Saint Denis. Une très grande dame, courageuse, nécessaire, férue de vérité et de justice notamment sur le massacre des Algériens du 17 octobre 1961, dont il convient de rappeler l’engagement. Hommage signé de l’historienne Mathilde Larrère.

    #17octobre

  • « L’école publique ne sera jamais l’antichambre du commissariat » - Bondy Blog
    https://www.bondyblog.fr/opinions/tribune/lecole-publique-ne-sera-jamais-lantichambre-du-commissariat

    En mars 2018, le lycée Maurice-Utrillo de Stains (Seine-Saint-Denis) a été le théâtre de scènes de violences inédites : agressions d’un élève au marteau d’un élève sur le parvis, tentatives de règlement de comptes entre jeunes munis de machettes, tournevis...Pour y répondre, les autorités ont décidé de nommer un ancien gendarme comme proviseur adjoint. Hors de question, répondent, déterminé, un collectif d’enseignants qui annoncent une grève à la rentrée.

    #stains #sécurité #militarisation #éducation #quartiers_populaires #seine-saint-denis

  • Mort de Naomi Musenga : « Nier la dimension raciste, c’est passer à côté du fond du problème » - Bondy Blog
    https://www.bondyblog.fr/opinions/tribune/mort-de-naomi-musenga-nier-la-dimension-raciste-cest-passer-a-cote-du-fond

    Une de mes formatrices nous a répété plusieurs fois le même conseil : « Certaines catégories de populations ont tendance à dramatiser, à surjouer. Vous voyez ce que je veux dire, les gens du Sud… Et puis je ne vous parle même pas du Maghreb ! » Voilà, c’était dit. Sur le moment, j’ai été choquée, mais je n’ai rien dit. Personne ne l’a fait, d’ailleurs. J’aurais dû, évidemment, confronter ma formatrice au racisme assumé de sa remarque. Mais cette formation avait lieu pendant notre période d’essai : nous n’étions donc pas formellement engagés, j’avais désespérément besoin de cet emploi pour pouvoir poursuivre mes études et je craignais de perdre ma place en m’opposant frontalement à cette personne en position de supériorité hiérarchique.

  • Mort de Naomi Musenga : « Nier la dimension raciste, c’est passer à côté du fond du problème »
    https://www.bondyblog.fr/opinions/tribune/mort-de-naomi-musenga-nier-la-dimension-raciste-cest-passer-a-cote-du-fond

    Camille a travaillé plusieurs mois dans un centre d’appel d’urgence. Elle a vu les comportements racistes de certains collègues et supérieurs. Elle regrette que les débats actuels sur la mort de Naomi Musenga évitent de parler d’un sujet essentiel : les biais racistes dans la prise en charge des patients. Témoignage. Source : Bondy Blog