Flashback vs Flashball | Se défendre de la police

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  • Puisque l’affaire Benalla / Macron est tout de même un peu lié à la question des violences policières, je vous livre ci dessous une compil que j’avais bouclé vite fait il y a un mois pour un ami sur le sujet. L’idée était de lui pointer quelques articles traitant d’actualités récentes sur ce sujet.

    A la relecture, je vois qu’il n’y a pas grand chose à propos de ce qu’il se passe hors contexte « militant » (cad de répression de « mouvements sociaux », cad par exemple d’histoires surgissant dans la quotidienneté des « quartiers populaires »).

    D’ailleurs quoi de neuf depuis un mois ? Je ne suis pas à jour durant l’été... peut être, du côté de la résistance à la violence policière, l’événement le plus « important » était le triste anniversaire des deux ans de la mort d’Adama Traoré. Nombreux ont été les gens à la marche à Beaumont, non ? Je veux bien quelques articles sur cet événement précis.

    Ainsi que quelques autres qui complètent la liste que je vous livre ci dessous.

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    D’ailleurs une porte d’entrée bien utile sur ce sujet est le bulletin _Résistons Ensemble_

    Bimensuelle, format un A4 plié, depuis 16 ans, c’est un bon outil.

    Dernier numéro :
    http://resistons.lautre.net/spip.php?article584

    Le même en PDF :
    http://resistons.lautre.net/IMG/pdf/re174-juillet-aout-2018.pdf

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    Récapitulatif d’un trimestre de répression des mouvements sociaux en France
    https://www.bastamag.net/Gardes-a-vue-par-centaines-blessures-graves-et-prison-ferme-le-mouvement-s

    Ici, des lycéens embarqués par dizaines et amalgamés à des « bandes violentes ». Là, un manifestant dont le pied est arraché par une grenade. Ailleurs une enquête pour « association de malfaiteurs » contre des activistes antinucléaires, ou encore un délit de solidarité en « bande organisée » pour être venu en aide aux exilés. Depuis le printemps, gardes à vue et peines de prison pleuvent sur les participants aux mouvements sociaux qui agitent la France, de la Zad aux universités, de Bure à Briançon. Alors que le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb vient de réitérer des menaces à peine voilées à l’encontre des futurs manifestants, Basta ! dresse un bilan – non exhaustif – d’un trimestre de répression.

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    https://seenthis.net/messages/702265 En 2014, @bastamag avait sorti un excellent article avec la meilleure base de données sur la question des violences policières en France : Aujourd’hui ils récidivent et améliorent encore leur analyse dans trois articles

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    il semble que le ministre de l’intérieur communique sur un changement de doctrine au sein du Maintien de l’Ordre. Retour sur les expulsions sur la ZAD, sur la gestion de la manif du 1er mai à Paris,

    … Au lien ci dessous, vous trouverez un article (version intégrale) du quotidien Le Monde et d’autres liens approfondissant cette actualité

    https://seenthis.net/messages/700734

    Gérard Collomb défend sa vision du maintien de l’ordre, Julia Pascual, Le Monde

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    https://seenthis.net/messages/695672 « Étude : 3% des personnes blessées par un tir de flashball décèdent ». En fait, l’étude parle des #lanceurs_de_balles_de_défense en général, pas seulement des #flashballs.

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    http://www.liberation.fr/france/2018/06/20/bure-vague-d-interpellations-chez-les-opposants-a-cigeo_1660636

    Bure : vague d’interpellations chez les opposants à Cigéo

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    http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2014/01/18/01016-20140118ARTFIG00351-des-policiers-abusent-des-plaintes-pour-outrage-a

    Des policiers abusent des plaintes pour « outrage à agent »

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    https://seenthis.net/messages/700199

    #Justice de classe militaire...

    Commentaire de la vice-procureure : « Je n’ai pas envie de la pénaliser plus qu’il ne le faut. La seule comparution en correctionnelle pour un militaire de carrière est déjà une sanction »

    Au final le militaire à la retraite a eu un « avertissement » et 1000 euros d’amende pour avoir vendu des mines antipersonnel sur Le Bon Coin, alors qu’il détenait un véritable arsenal chez lui :

    – Trois pains de plastic – Un pistolet automatique – 4296 munitions – 135 chargeurs – 74 grenades ou mines – une carabine – un fusil – des armes de poing

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    [lundimatin est assez bon pour regrouper des infos épars sur des histoires de répression. Ils enquêtent aussi un peu]

    Un manifestant mutilé sur la ZAD
    https://lundi.am/Un-manifestant-mutile-sur-la-ZAD

    https://t.co/YclRuZ36Ov
    Des dizaines de grenades explosives #GLIF4 balancées sur la ZAD ont été fabriquées en 2005, et sont donc périmées depuis 2015... certaines explosent à retardement, d’autres pas du tout... autant de pièges mortels pour les non-avertis... #NDDL

    https://seenthis.net/messages/696821

    "POUR MAXIME, MUTILÉ SUR LA ZAD LE 22 MAI 2018 - LETTRE DE ROBIN, MUTILÉ À BURE LE 15 AOÛT 2017"

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    #Arago - 101 lycéens et grévistes placés 48h en garde à vue https://lundi.am/Arago-101-lyceens-et-grevistes-places-48h-en-garde-a-vue

    Sur le fond c’est 1 application dans Paris intra-muros de ce qui est expérimenté en banlieue : rafles de lycéen·nes pendant mvt social, privation de liberté et d’informat°

    http://cqfd-journal.org/Pas-de-lycee-sans-feu

  • Flashback vs Flashball | Se défendre de la police
    https://collectif8juillet.wordpress.com/2018/05/16/flashback-vs-flashball

    FLASHBACK VS FLASHBALL

    16 mai 2018 · par huitjuillet · dans Uncategorized · Poster un commentaire
    Tribune du collectif 8 juillet. Fin 2016, trois policiers ont été jugés et condamnés par le TGI de Bobigny pour avoir tiré au Flashball et blessé six personnes, dont l’une a perdu un œil, le soir du 8 juillet 2009 à Montreuil. Les policiers ont fait appel. Au premier jour de ce nouveau procès, nous revenons sur « la défense » des policiers et ce qu’elle dit de la violence qu’ils exercent au quotidien. Collectif Huit Juillet.

    Ici deux mondes s’affrontent : les forces de l’ordre et des gens dont la passion est de déstabiliser l’ordre. Franck Liénard, avocat de Patrice Le Gall.

    Il faut imaginer cette salle remplie de policiers armés venus soutenir leurs collègues, ajoutés à d’autres policiers en service que rien ne distingue des précédents, ajoutés à ceux habituellement en charge des procès, ajoutés au peloton de CRS présents à l’extérieur comme à l’intérieur du tribunal, pour mesurer notre sentiment d’insécurité. Mais une fois n’est pas coutume, et à la faveur d’un rapport de force obtenu grâce à de nombreuses interventions publiques, un protocole relativement égalitaire est mis en place. Une moitié de la salle est réservée aux soutiens des victimes, l’autre à ceux des policiers. Alors qu’ils sont en charge de ce protocole, les policiers ne le respecteront évidemment pas et c’est à deux reprises que nous obtiendrons que la salle soit vidée et les soutiens des deux partis strictement recomptés. Ce moment dont chacun aura pu mesurer le caractère exceptionnel est à l’image du combat que mènent les collectifs et les familles contre l’impunité policière. Le corps policier en charge de tous les actes de la procédure est à tout moment susceptible d’exercer des menaces et des pressions, de brouiller les pistes par des procès-verbaux mensongers, des manipulations de preuve, des expertises partisanes et autres chausse-trappes judiciaires… Ce n’est qu’en mettant en lumière les petites combines, magouilles et autres arrangements qui font l’ordinaire de l’impunité policière que les familles arrivent parfois à rompre les solidarités corporatistes et contraindre les magistrats à instruire les dossiers.

    #toctoc suggèrent les #blessés du 8 juillet 2009 actuellement en #procès
    #police #flashball « #armes_non_létales » #justice

    • Eborgné par un Flash-Ball : de la prison avec sursis requise contre les policiers, JÉRÔME HOURDEAUX, Mediapart

      En juillet 2009, la police intervenait pour disperser une manifestation pacifique à Montreuil. Six tirs de Flash-Ball feront six blessés. L’un d’entre eux est énucléé. Alors que les policiers affirmaient avoir eu affaire à un groupe armé, l’enquête avait montré le caractère disproportionné de l’opération.

      C’est le procès du Flash-Ball qui s’est tenu, du mercredi 16 au vendredi 18 mai, devant la cour d’appel de Paris. La justice rejugeait trois policiers accusés d’avoir tiré sur des manifestants à Montreuil en juillet 2009, éborgnant l’un d’entre eux. L’avocate générale a requis à l’encontre des prévenus des peines allant de sept mois à deux ans de prison avec sursis, assorties, selon les cas, d’une à deux années d’interdiction de port d’arme.

      « C’est une arme stupide entre les mains de gens qui ne sont pas formés », s’est indigné Laurent-Franck Liénard, avocat du policier Patrice Le Gall, affirmant en avoir réclamé « l’interdiction à cor et à cri depuis des années ». Me Frédéric Gabet, avocat de Julien Vanderbergh, un autre policier poursuivi, a quant à lui affirmé que l’on faisait peser sur son client « des fautes collectives, des fautes de la hiérarchie ». « Cet outil n’aurait jamais dû être entre leurs mains ». « Comment peut-on laisser une arme d’une telle nature à des policiers ? », a de son côté lancé Me Didier Robiquet, défenseur d’un troisième représentant des forces de l’ordre jugé, Mickaël Gallet. « C’est une arme dont ils ne devraient pas avoir à se servir. »

      Et pour cause. Le 8 juillet 2009, dans le quartier de la Croix-de-Chavaux à Montreuil, en Seine-Saint-Denis, ces trois policiers ont chacun fait usage à deux reprises de leurs Flash-Ball. Les tirs ont fait six blessés, dont un gravement, le réalisateur alors âgé de 34 ans Joachim Gatti, énucléé de l’œil droit.

      Pour ces faits, les policiers ont déjà été condamnés, le 16 décembre 2016, par le tribunal de Bobigny. Patrice Le Gall avait été condamné à 15 mois de prison avec sursis et 18 mois d’interdiction de port d’arme pour avoir tiré sur deux manifestants, dont Joachim Gatti. Mikhaël Gallet avait, lui, écopé de 10 mois de prison avec sursis et 12 mois d’interdiction de port d’arme pour avoir blessé un manifestant à la clavicule, le tribunal n’ayant pas pu établir de lien définitif entre son second tir et un autre blessé. Enfin, Julien Vanderbergh avait été condamné à 7 mois de prison avec sursis pour avoir blessé une manifestante à la jambe, son second tir n’ayant pas pu, là encore, être relié au sixième manifestant blessé.

      Ce jugement avait été rendu après six jours d’audiences marquées par de nombreux incidents entre les soutiens des victimes, rassemblés au sein du Collectif 8 juillet, et ceux des policiers, tous venus en masse. Les audiences avaient été perturbées par des bousculades et quelques altercations.

      Pour ce procès en appel, la tension était encore présente mais beaucoup moins vive. Une demi-heure avant le début de l’audience, une dizaine de policiers en civil attendent devant la salle tandis que les soutiens de victimes attendent à l’extérieur, sur les marches du Palais de justice. À l’ouverture des portes, entre 50 et 70 personnes font la queue, parmi lesquelles pour part égale des soutiens des policiers et des victimes.

      Pour le reste, ce procès en appel n’a réservé que peu de surprises. Accusation et défense sont restées sur les mêmes positions irréconciliables qu’en première instance. Face à des versions diamétralement opposées, l’avocate générale a, dans son réquisitoire, donné une chronologie détaillée de cette journée du 8 juillet 2009. « À l’issue de ces trois jours, avons-nous une vision globale des événements de la journée ? Je pense que oui », a-t-elle estimé.

      Celle-ci avait débuté par l’évacuation, tôt dans la matinée, d’une clinique désaffectée située non loin de la Croix-de-Chavaux, au 42, boulevard Chanzy, occupée par une quinzaine de personnes qui l’avaient transformée en un lieu proposant diverses activités sociales. L’opération se déroule sans encombre, les manifestants n’opposant aucune résistance. Les entrées de l’immeuble sont immédiatement murées et des vigiles privés sont affectés à sa surveillance.

      Dans le courant de l’après-midi, la police apprend que s’organise pour le soir même à la Croix-de-Chavaux un repas festif en soutien aux expulsés. À 18 h 50, un briefing est organisé au commissariat pour organiser la surveillance de l’événement. Celui-ci débute à 19 heures. Une cinquantaine de personnes sont réunies dans une ambiance détendue, sans tension. La police, pointe l’avocate générale, fait alors état d’une « manifestation festive, amicale, conviviale ». À 21 h 15, précise-t-elle, le dispositif de surveillance est même allégé.

      Puis, à 22 h 15, alors qu’une trentaine de policiers sont impliqués dans l’opération, les manifestants tirent en l’air un feu d’artifice et commencent à converger vers la clinique située non loin. Là, ils se trouvent devant une grille fermée et invectivent les gardiens. L’un d’eux va chercher son chien et tient à distance les manifestants qui restent à l’extérieur.

      C’est à ce moment-là que les versions divergent. Les deux vigiles décrivent un groupe de manifestants armés et prêts à en découdre et affirment n’avoir été sauvés que par l’arrivée des policiers. « Je craignais pour ma vie », affirmera l’un d’eux dans sa déposition. À l’arrivée des renforts, les manifestants auraient attaqué les policiers avec des projectiles en avançant vers eux. Une première personne est interpellée et maintenue au sol. Immédiatement, des policiers se placent autour avec des boucliers.

      Patrice Le Gall est le premier des trois accusés à arriver sur les lieux. Il se réfugie derrière les boucliers et tire une première fois, recule et tire une seconde fois. Les deux tirs font deux blessés. Le premier tombe et se relève en criant « ils tirent à la tête ». Le second tir atteint Joachim Gatti qui est immédiatement évacué par des amis et installé en terrasse d’un café en attendant les secours. « La situation est maîtrisée très vite », souligne l’avocate générale. « En 13 minutes », durant lesquelles les six tirs de Flash-Ball seront tirés Croix-de-Chavaux et place du Marché, située à quelques dizaines de mètres.

      Pour justifier la violence de cette intervention, les accusés, et leur hiérarchie, ont constamment affirmé avoir eu affaire à un groupe de manifestants violents et armés, avançant sur les forces de l’ordre pour chercher l’affrontement. Le procès-verbal de synthèse de la soirée faisait ainsi état d’un « attroupement armé » jetant « une pluie de projectiles » sur les forces de l’ordre, d’un rassemblement se transformant en « violences urbaines ».

      Le problème est que cette version a été en grande partie démontée par l’enquête de l’Inspection générale des services (IGS), depuis devenue l’Inspection générale de la police nationale (IGPN). Tout d’abord, les constatations sur les lieux des affrontements n’ont pas permis de retrouver les traces des affrontements rapportés par la police. Aucune trace de pétards, ni de canettes de bière dont les manifestants auraient arrosé les forces de l’ordre. « On ne retrouve rien sur la place. Rien », insiste l’avocate générale. « C’est tout de même étonnant qu’après une situation qu’on nous décrit comme apocalyptique, on n’ait aucun élément matériel. »

      Ensuite, la quinzaine de témoignages de riverains recueillis par l’IGS contredisent totalement la version des policiers. Il n’y avait « pas vu d’individu cagoulé, pas d’individu armé », affirme l’un deux. « Les manifestants ont reculé rapidement », raconte un autre. « Lorsque les manifestants voient que les policiers s’équipent, ils comprennent qu’ils ne pourront pas rester », témoigne un troisième. Encore plus gênant, quatre policiers ont donné des versions totalement contradictoires avec celles de leurs collègues. « À aucun moment, je ne me suis senti menacé », reconnaît ainsi l’un deux. Un autre affirme qu’il n’y a eu « aucun contact physique » entre manifestants et policiers.

      Malgré ces témoignages, les trois accusés n’ont pas fait varier d’un iota leur version des faits. Julien Vanderbergh se tient droit comme un « i » devant les juges à qui il répond avec le vocabulaire et la précision d’un procès-verbal. Le policier se souvient dans le moindre détail de cette journée. À l’époque affecté à la BAC de Rosny-sous-Bois, il prend son service à 19 h 20. Il est en patrouille avec trois autres policiers quand, à 22 heures, il est appelé pour un « renfort collègues » à Montreuil.

      Arrivé sur les lieux, la voiture se trouve « bloquée par l’afflux de manifestants ». Le policier sort alors du véhicule et se dit « immédiatement reconnu par des manifestants capuchés hostiles ». Il aurait également été la cible de jets de projectiles qu’il n’arrive pas à identifier. « Je tire alors sur un manifestant qui jetait des projectiles », raconte Julien Vanderbergh qui voit sa cible tomber, touchée à la jambe. Le policier se décale et est la cible d’une canette qui tombe juste à côté de lui. Il tire sur un autre manifestant qu’il voit lancer un projectile. Puis « cet individu prend la fuite en courant ».

      Confronté aux témoignages qui décrivent des manifestants fuyant devant les policiers dès le premier tir, alors qu’il affirme que ceux-ci avançaient vers les policiers, Julien Vanderbergh se tend. « Ils sont habitués à ce genre d’événement », affirme-t-il. « Qui ça “ils” ? », rebondit immédiatement l’avocate des victimes. « De qui parlez-vous ? » « Des manifestants », tente de se reprendre le policier. Et pourquoi ce second tir de Flash-Ball, alors que les manifestants couraient ? « Si je l’utilise une deuxième fois, c’est qu’ils n’ont pas peur », lâche le policier.

      Les avocats de la défense ont alors tenté de semer le trouve en insistant sur le témoignage des deux vigiles. À les entendre, ce dossier serait même en grande partie montée de toutes pièces par les victimes. Me Didier Robiquet les a ainsi qualifiés de « pseudo-victimes ». « Les six victimes sont six plaignants qui veulent exprimer leur haine et faire condamner la police », a-t-il lancé avant d’accuser : « On a recruté a posteriori des victimes pour correspondre au nombre de tirs. »

      L’avocat de Patrice Le Gall, Me Liénard, a, lui, débuté sa plaidoirie en faisant part de sa compassion pour les victimes. « La blessure de M. Gatti m’est insupportable », a-t-il affirmé avant de tout de suite repartir à l’attaque en donnant à la cour une exemplaire de Paris Match montrant un CRS en flammes après un jet de cocktail Molotov lors d’une manifestation. « La violence est des deux côtés », enchaîne l’avocat, rappelant que 30 policiers sont blessés chaque jour en France.

      Me Liénard a ensuite tenté de semer le trouble dans l’attribution de la blessure de Joachim Gatti au tir de son client en se basant sur le témoignage divergeant d’un serveur de café. Celui-ci avait en effet déclaré qu’un des tirs aurait manqué sa cible pour frapper la vitrine d’un restaurant, remettant ainsi en cause le décompte et brouillant l’attribution de blessures. Pour Me Liénard, ce témoignage peut être la preuve de la présence d’un « quatrième tireur », une « brebis galeuse » parmi les policiers qui aurait dissimulé son geste en rentrant au commissariat. Sa seconde hypothèse est que Joachim Gatti est une « victime collatérale ». Le tir ne l’aurait pas visé, et serait ainsi « légitime », et Joachim Gatti a été « touché au loin ».

      « M. Gatti est considéré comme un dommage collatéral. C’est inacceptable », a de son côté plaidé Irène Terrel, avocate des victimes avant de distribuer à la cour des photographies en couleur de la blessure du jeune homme au lendemain des faits. « M. Gatti a été défiguré », poursuit-elle. « Il était caméraman. L’œil droit, c’est l’œil directeur. Il a dû tout abandonner. » Face aux dénégations des policiers, les deux avocates de la défense ont rappelé les conclusions de l’enquête de l’IGS. « Tous les témoins extérieurs viennent nous dire la même chose que les victimes : “on n’a pas compris, il n’y avait pas de tension, pas de violences” », a souligne Me Terrel. « Est-il conciliable avec la déontologie de bâtir son impunité sur un mensonge ? », a interrogé l’avocate en s’étonnant que des poursuites n’aient pas été engagées pour faux témoignages.

      Me Émilie Bonvarlet est, elle, revenue sur les déclarations de Julien Vanderbergh. « Quand il dit : “Ces individus sont habitués”, ça veut dire quoi ? », a attaqué l’avocate. « Il a tiré sur ce que représentaient ces gens-là, par pour ce qu’ils faisaient », a-t-elle poursuivi. « À l’époque, Michèle Alliot-Marie agitait ce qu’elle appelait l’ultra-gauche. C’est sur eux qu’ils tirent. » Pour Me Bonvarlet, les policiers se sont livrés à une « chasse à l’anarcho ». « M. Vanderbergh nous le confirme. »

      Défense et parties civiles se sont pourtant rejointes sur un point : la dangerosité du Flash-Ball. Lors de son réquisitoire, l’avocate générale a notamment rappelé que pour pouvoir être habilités à utiliser cette arme, les policiers n’avaient besoin que de suivre une formation de six heures. Et aucune formation de mise à niveau n’est prévue. « Les trois policiers présents n’ont jamais eu de stage depuis leur habilitation », a-t-elle souligné. « Il est tout de même étonnant de doter des policiers d’une telle arme sans contrôler cela. » Les avocats ont également souligné le manque de précision du Flash-Ball. « À 10 mètres, si vous visez le thorax, vous touchez l’œil », a ainsi affirmé Me Liénard.

      Cela fait plusieurs années que des voix demandent le retrait de cette arme de la dotation des policiers. Au mois de janvier dernier, le Défenseur des droits avait rendu un rapport sur le maintien de l’ordre à l’occasion duquel le gouvernement lui avait annoncé le retrait progressif du Flash-Ball au sein de la police nationale. Il « devrait totalement disparaître de la dotation dans le courant de l’année 2018 », affirmait le rapport. En revanche, cette arme restera disponible pour les gendarmes. Le rapport estimait « nécessaire » « un retrait du Flash-Ball superpro pour l’ensemble des effectifs de la gendarmerie nationale dans les opérations de maintien de l’ordre ».
      De plus, le Flash-Ball est déjà remplacé par un lanceur de balles de défense très semblable, censé être plus précis : le LBD 40×46. Mais pour le Défenseur des droits, cette arme pose des problèmes identiques, notamment lors d’usages face à une foule de manifestants.

      « Les débats ont été beaucoup plus courts », a regretté Me Émilie Bonvarlet au sortir de la dernière journée d’audience. « Nous avons eu moins de temps pour démonter cette construction d’une forme d’émeute quasi insurrectionnelle. Le mensonge collectif n’a pas été assez souligné. »

      L’avocate regrette également que le parquet n’ait pas requis une interdiction d’exercer. « Du point de vue des victimes, on estimait qu’ils ne devraient plus être policiers. Qu’est-ce qu’on peut espérer comme sanctions administratives ? Malheureusement, pas grand-chose. À Mayotte, un policier condamné pour avoir tiré au Flash-Ball sur un enfant de 9 ans, qui avait perdu un œil, n’a écopé que d’un blâme. »

      Le verdict sera rendu le 21 juin

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    • Étude: 3% des personnes blessées par un tir de flashball décèdent
      https://www.lexpress.fr/actualite/societe/etude-3-des-personnes-blessees-par-un-tir-de-flashball-decedent_1970176.htm

      Parmi les blessés, les dégâts sont aussi considérables. 6% d’entre eux subissent une infirmité permanente, souvent au niveau de la tête, du cou ou du thorax.

      Trois personnes sur cent touchées et blessées par une balle en caoutchouc tirée depuis un flashball décèdent. C’est du moins ce qu’ont conclu des chercheurs américains dans une étude publiée mardi dans la revue médicale britannique BMJ Open.