C’est un puissant antidote qui prend la forme d’un petit spray blanc. Il suffit d’une ou deux pulvérisations dans le nez pour qu’une victime d’une overdose aux opiacés revienne à elle. En quelques secondes, sa substance miraculeuse va bloquer l’action de la morphine, de la codéine ou de l’héroïne dans son cerveau et en supprimer les effets. Mais voilà aujourd’hui, à cause d’un problème sur son prix, le Nalscue n’est toujours pas commercialisé en pharmacie et reste seulement disponible à l’hôpital ou dans les centres de soin. Pire, sa fabrication va être stoppée après 2020.
« Ce médicament, il nous le faut », clame une dizaine d’associations qui interpellent les autorités dans une lettre, envoyée aujourd’hui, comme nous le dévoilons. Aides, Fédération Addiction, Médecins du monde et les autres demandent ainsi à être auditionnées dans les prochains jours par le comité qui fixe le prix des médicaments. Ils ne veulent pas laisser ce remède tomber aux oubliettes.
« Le nombre d’overdoses est en train d’augmenter »
« C’est inadmissible ! Pourquoi ce spray n’est-il pas accessible alors que le nombre d’overdoses est en train d’augmenter ? s’indigne Hélène Delaquaize, vice-présidente de France Patients Experts Addictions. On a une chance de sauver des vies et on ne le fait pas ». En plus des surdoses à l’héroïne, de plus en plus de victimes sont Monsieur et Madame tout le monde qui souffrent d’une douleur au dos, aux dents et deviennent accros à ses comprimés à base d’opium au fort potentiel addictif. Ainsi sur les 400 morts d’overdoses par an, la moitié est liée à la prise d’antalgique de plus en plus prescrits dans l’Hexagone. Un véritable problème de santé publique.
Évidemment, la situation française est loin d’être comparable à celle des États-Unis qui enterrent 130 morts par jour. « Mais cette crise américaine pourrait arriver chez nous, prévient Adeline Toullier, représentante chez Aides. Ce spray devrait être distribué aux personnes dépendantes, à leurs proches, aux pompiers et à toutes les personnes qui prennent des médicaments à base d’opioïdes. Même sans être dépendant, il est toujours possible de se tromper de dosage ». Un autre traitement miracle va lui rester disponible mais sous forme intramusculaire, plus complexe à manier. « Ce n’est pas évident, il faut savoir remplir une seringue, c’est un acte technique, poursuit Adeline Toullier. On a besoin, en plus, du Nalscue ! On veut que les négociations avec le labo et l’État aboutissent ».
Contactée, la direction générale de la santé renvoie la balle à l’industriel : « Il appartient au laboratoire de faire une proposition tarifaire permettant une prise en charge de Nalscue dans le respect des règles de fixation des prix ». Et assure que les associations de patients pourront être auditionnées à leur demande. Quant au laboratoire Indivior, il confirme le clap de fin, cet antidote ne sera plus fabriqué.